Macron : «On est à la mi-temps du quinquennat, c'est maintenant qu'il faut impulser les changements et s'attaquer aux origines des crises» selon Gilles Le Gendre

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Chaque matin de l'été, à 8h15, Alexandre Le Mer en juillet et Lionel Gougelot en août reçoivent une personnalité au centre de l'actualité. Ce mardi, Gilles Le Gendre, député Renaissance de Paris, revient sur le maintient à Matignon d'Élisabeth Borne, de ce que doit faire le Président de la République dans les dernières années de son second mandat et des réformes qu'il doit impulser.
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00:00 heure 5.
00:01 - Sur Europe 1, il est 8h15. Votre invité politique ce matin, Alexandre Lemaire, Gilles Legendre, député Renaissance de Paris.
00:07 - Bonjour Gilles Legendre. - Bonjour Alexandre Lemaire.
00:09 - Un remaniement arrive, on parle plutôt d'ajustement. On sait maintenant
00:14 qu'Elisabeth Borne reste à Matignon. Votre réaction, est-ce que c'est plutôt ouf ou pchit ?
00:19 - C'est bien, c'était le meilleur choix. Madame la Première Ministre a démontré ses compétences, sa résilience, sa loyauté
00:27 envers le Président de la République, donc c'est un bon choix. Mais pour moi, ça n'est pas la question essentielle.
00:32 La question essentielle, c'est ce que doit dire, j'espère rapidement, le Président de la République pour
00:39 expliquer ce qu'il veut faire de ce quinquennat.
00:42 Nous sommes, Alexandre Lemaire, à la mi-temps de ce quinquennat. Cela peut vous surprendre,
00:46 mais en effet, il a déjà un peu plus d'un an derrière lui, et il ne reste qu'un peu plus d'un an devant nous pour impulser
00:53 des vraies transformations. Après les Jeux Olympiques, à la fin de l'année 2024, nous passerons dans une toute autre séquence,
00:59 marquée par les prémices de la campagne présidentielle, et à ce moment-là, il sera très dur d'impulser des vraies transformations.
01:06 Or, très
01:09 urgemment, il importe que le Président nous dise comment il veut réussir ce quinquennat, et comment il veut éviter
01:16 que ce soient les forces extrêmes, radicales, populistes, qui imposent leur loi en
01:23 2027. Tel est l'enjeu politique du moment. Il nous reste très peu de temps pour le décrire et pour le résoudre.
01:29 Alors très peu de temps, "urgemment", dites-vous, Gilles Le Gendre,
01:32 on nous dit avant la fin de la semaine, on sera donc une semaine après le 14 juillet, c'est tard, c'est déjà très tard.
01:38 C'est bien si ça a lieu.
01:40 Nous venons de vivre un an de crise.
01:42 Moi, je n'ai pas été élu député, je n'ai pas soutenu
01:45 Emmanuel Macron pour être celui de la majorité qui gère bien les crises. Oui, le président de la République a bien géré les crises,
01:52 mais maintenant, il faut s'attaquer à leur origine. Entre les Gilets jaunes, entre la crise des retraites, entre les émeutes urbaines,
01:59 il n'y a apparemment rien à voir. Sauf que,
02:02 ces trois crises ont une origine commune, une crise grave de la décision publique,
02:09 qui fait qu'il est de plus en plus difficile
02:12 d'entraîner le pays dans les transformations
02:16 urgentes qu'il doit réussir, au premier rang desquelles, puisque c'est très clairement dans l'actualité, la transition écologique.
02:21 Trois crises, Gilles Le Gendre, vous réagissez comment quand vous entendez l'Elysée annoncer que
02:25 l'objectif des 100 jours a été tenu, que le calme est revenu, nous explique l'Elysée, pour preuve, le 14 juillet a été un succès.
02:32 C'est une réalité.
02:34 Mais ce qui m'importe, c'est pourquoi personne n'a oublié que quelques jours plus tôt, les feux d'artifice, ils n'étaient pas lancés pour le plaisir des yeux.
02:40 Oui, mais c'est vrai que le calme est revenu, il faut en savoir gré au président de la République, à la première ministre, au ministre de
02:46 l'Intérieur, au ministre de la Justice, mais ça n'est pas ça le sujet.
02:49 Le vrai sujet, c'est pourquoi elles se produisent ces crises de manière répétée et de plus en plus fréquente, et je le redis,
02:55 c'est lié à une crise de la décision publique qui a deux aspects.
02:58 Premièrement, les Français ne se retrouvent plus dans la manière dont ils sont gouvernés, et cela vaut pour de nombreuses majorités
03:06 depuis de nombreuses années, et par ailleurs, l'outil public, c'est-à-dire
03:11 l'administration, qui est chargée de transformer les impulsions politiques en résultats, est rouillé, et c'est à ces
03:18 transformations qu'il faut procéder.
03:21 Plus qu'une crise, on est dans une impasse, nous dit Jean-Louis Debré, ex-président du Conseil
03:25 constitutionnel, c'est une impasse.
03:28 Il y a une grande différence entre Jean-Louis Debré et moi-même, en dehors de la notoriété, de l'expérience,
03:32 nous ne boxons pas dans la même catégorie, c'est que lui ne veut pas du bien à Emmanuel Macron.
03:36 Moi, je veux du bien à Emmanuel Macron, je veux du bien à notre majorité, je veux que nous réussissions
03:40 et encore une fois, le temps presse, mais je rejoins
03:44 Jean-Louis Debré sur un point, je n'imagine pas que nous puissions tenir quatre ans
03:50 sans un retour vers le peuple. De ce point de vue là, je rejoins
03:55 la dissolution, la dissolution est aujourd'hui la pire des solutions, et je ne dis pas ça parce que je serais attaché à mon poste de député,
04:02 ça n'est pas le sujet, la dissolution est une voie royale pour Madame Le Pen.
04:07 Madame Le Pen fera un meilleur score au législatif qu'elle n'est capable de le faire au présidentiel.
04:12 C'est donc autour d'un référendum que je pense qu'à un moment ou à un autre, mais ça ce n'est pas à moi de juger...
04:17 - Il y aura des échanges de toute façon, il y aura 2027, Gilles Le Gendre.
04:20 - 2027, oui, mais 2027 c'est déjà très loin.
04:23 Moi, je pense que si le président veut prendre à bras le corps cette crise de la décision publique,
04:28 avoir un bilan institutionnel, nous voudrions qu'en dix ans, nous n'ayons rien fait pour faire souffler, refonder,
04:36 réinventer la démocratie dans notre pays,
04:38 que nous n'ayons pas été capables de changer le mode de scrutin, que nous n'ayons pas été capables de faire respirer les institutions,
04:43 comme nous avions l'ambition de le faire dès 2017, 2018, 2019, sans y parvenir,
04:49 et une réforme aussi profonde de l'organisation territoriale et de l'action publique,
04:54 précisément pour mettre fin à cette crise de la décision publique qui se traduit par une crise démocratique profonde.
05:00 - Ce retour vers le peuple, sous quelle forme, très concrètement ?
05:03 - On peut très bien imaginer que le président considère qu'il faut engager cette transformation
05:08 radicale de l'outil public, et que ces grandes lignes soient soumises par approbation au référendum et au peuple,
05:16 qui lui permettrait de retrouver une légitimité,
05:18 d'acquérir une légitimité, qui lui permettrait d'imposer ces transformations,
05:22 même dans un paysage parlementaire
05:25 extraordinairement éclaté, comme celui que nous connaissons depuis 2022.
05:28 - Il prendrait quelle forme ce référendum ? Vous connaissez le niveau d'abstention ?
05:31 - Il faut regarder... - Ça ne va pas régler le problème de l'abstention, je vous engendre.
05:34 - Alexandre Lemaire, je suis d'accord sur un point, il n'y a pas de solution miracle à la situation que nous connaissons et que nous vivons.
05:41 Mais si nous ne tentons rien, nous sommes absolument certains du résultat.
05:45 - On met quoi dans la feuille de route, justement, pour relancer le quinquennat d'Emmanuel Macron ?
05:51 - Je pense qu'il faut faire respirer les institutions.
05:53 Moi, je suis à titre personnel, car l'ensemble de mon groupe n'est pas forcément sur cette ligne-là,
05:58 pour l'introduction d'une dose de proportionnel.
06:00 Je pense qu'il faut rééquilibrer les pouvoirs entre l'exécutif et le Parlement,
06:04 ce qui suppose que le Parlement change assez radicalement sa manière de travailler.
06:08 Je pense qu'il faut réorganiser les pouvoirs locaux,
06:11 non pas dans une énième réforme de décentralisation,
06:15 mais en concentrant l'ensemble des acteurs publics sur les services réels que nous rendons à nos concitoyens,
06:22 qui aujourd'hui ne sont pas à la hauteur de ce qu'ils coûtent.
06:25 Nous sommes dans un paradoxe formidable.
06:27 Nous avons les dépenses publiques les plus importantes de l'OCDE,
06:31 et nous avons des services publics qui ne cessent de se dégrader,
06:34 au péril des usagers, mais aussi des agents qui le rendent,
06:38 qui trouvent de moins en moins de sens à l'action et au dévouement qu'ils mettent dans ces services.
06:44 - Gilles Lejean de tracer la route, c'est bien, mais avec quelle majorité ?
06:46 On a vu le recours au 49.3, c'est ça qui a mis le feu aux poudres également ?
06:51 - Non, ce qui a mis le feu aux poudres, c'est la réforme des retraites,
06:53 essentiellement, qui était très impopulaire, mais qui était courageuse.
06:56 Quand je dis que le président fait preuve de courage,
06:59 preuve de réactivité, d'agilité, c'est vrai,
07:02 mais c'est l'outil aujourd'hui, ce n'est pas nos politiques qui sont mauvaises.
07:06 Nous avons des domaines sur lesquels nous enregistrons des excellents résultats.
07:09 Je pense notamment à la lutte contre le chômage,
07:11 je pense au retour de la croissance, je pense à l'attractivité du pays.
07:15 Ce sont des actions concrètes, positives,
07:17 mais c'est sur l'outil qu'il faut maintenant travailler.
07:20 - Elisabeth Borne, dont vous saluez le maintien à Matignon ce matin sur Europe 1,
07:24 le gendre avait pour mission d'élargir la majorité,
07:27 le comte n'y est pas, pour pouvoir gouverner.
07:30 - C'était une gageure, ou un espoir, mais ce n'est pas possible d'élargir la majorité.
07:35 Comme ça, en soi, il faut bâtir un projet
07:39 qui permette de rassembler un large spectre autour de lui.
07:42 Il y a des points de convergence.
07:44 Je vous assure que personne, dans la majorité,
07:47 ou dans l'opposition, si elle aspire un jour à prendre le pouvoir,
07:50 ne peut se contenter de cet outil public qui est aujourd'hui à bout de souffle
07:54 et que nous devons réformer.
07:56 - Vous voulez du bien, dites-vous à Emmanuel Macron,
07:58 quel est son problème aujourd'hui ?
07:59 C'est un problème de méthode ou c'est un problème de vision ?
08:02 - Je pense qu'on a mal démarré ce premier quinquennat.
08:06 C'est absolument incontestable, pour un tas de raisons
08:10 qui sont liées à la guerre en Ukraine, qui sont liées à la situation,
08:13 qui sont liées aussi au courage dont a fait preuve le président de la République
08:16 en mettant en début de quinquennat une réforme très impopulaire
08:19 comme la réforme des retraites.
08:21 Mais moi je suis convaincu que le président a la ressource,
08:24 l'inspiration, la vision et le volontarisme
08:27 pour précisément changer cette donne sur l'année opérationnelle qu'il a devant lui.
08:33 C'est ce que je fonde aujourd'hui.
08:35 - Merci à vous Gilles Le Gendre, député Renaissance de Paris.

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