Les Conversations avec François Asselineau : après l’ENA, le monde reste à découvrir (partie 2/4)

  • l’année dernière
C’est à bon droit que François Asselineau fait ici remarquer que, lors de la présidentielle de 2017, il était sans doute, avec François Fillon, le seul candidat doté d’une très large expérience à la fois administrative, internationale et politique : ancien élève d’HEC puis de l’ENA (vice-major de sa promotion), inspecteur des finances. Il relate ici ce que nous pourrions appeler ses années de formation. Après plusieurs missions d’inspection qui le conduisent aussi bien au contrôle d’une banque qu’à celui de services publics, aussi bien dans le Var qu'en Nouvelle-Calédonie, et même la coopération avec le Cambodge dévasté par le communisme, il participe à plusieurs cabinets ministériels (Gérard Longuet, Hervé de Charrette), dirige le cabinet d’un autre membre du gouvernement (Françoise de Panafieu), privilégiant toujours les missions à l’étranger qui lui permettent de rencontrer plusieurs grandes figures de la planète, de l’Empereur du Japon à Carlos Menem, en passant par Nelson Mandela, Norodom Sihanouk, Jens Stoltenberg et bien d’autres dont Jean-Paul II. Rencontres qui lui inspirent d’étonnants développements où son érudition fait merveille - autre originalité dans une classe politique qu’il apprend à connaître...
Transcript
00:00:00 Chers amis qui êtes abonnés ou qui suivez régulièrement les conversations,
00:00:06 je voudrais vous dire une petite chose.
00:00:08 Vous avez tous observé que bien des aspects de la vie contemporaine,
00:00:13 et de ce qu'on appelait autrefois l'art de vivre,
00:00:16 disparaissent les uns après les autres.
00:00:19 En fait, l'art de vivre, c'est innombrable, les arts de la table,
00:00:24 tenir la porte d'une dame quand elle passe d'une pièce à une autre,
00:00:29 ou dans le métro,
00:00:30 faire la conversation, avoir une conversation,
00:00:34 avec ce que ça suppose d'humour,
00:00:37 de liberté de ton,
00:00:40 de second degré, j'ai l'impression quelquefois que le second degré s'évapore aussi,
00:00:45 l'humour s'évapore,
00:00:47 on a l'impression que plus personne ne le comprend,
00:00:49 et que l'art de conversation est résumé, pour beaucoup, à une seule chose,
00:00:55 l'interview.
00:00:57 Alors l'interview, ça vous en avez sur internet, des interviews,
00:01:01 ça ne nous manque pas, c'est très utile certes,
00:01:04 mais les conversations c'est autre chose.
00:01:06 J'invite des amis à parler chez moi
00:01:11 de leur vie,
00:01:15 de ce qui est le plus intéressant d'ailleurs, la manière de voir les choses,
00:01:19 la manière de concevoir l'avenir de la France,
00:01:23 de voir le monde, de comprendre les êtres,
00:01:26 et ça c'est une telle matière que ces conversations-là peuvent durer très longtemps,
00:01:32 des émissions et des émissions et des émissions,
00:01:35 d'une demi-heure, d'une heure, de deux heures,
00:01:38 quand les gens parlent d'eux-mêmes, c'est tout à fait normal, je ne le critique pas,
00:01:41 ça peut durer des jours et des jours, jusqu'à ce que mort s'en suive.
00:01:44 Donc de temps en temps il faut que je coupe,
00:01:47 c'est ce qui me reproche de couper,
00:01:49 d'une part ne se rendre pas compte que si les invités se lui loquaient,
00:01:54 ça n'en finirait plus,
00:01:56 et d'autre part,
00:01:57 une conversation on se coupe, je les coupe,
00:02:02 ils me coupent aussi, beaucoup,
00:02:04 je ne suis pas animateur, je ne suis pas journaliste,
00:02:07 je fais des conversations avec mes amis,
00:02:09 il faut dire que le fil directeur de ces conversations, c'est le plus intéressant, c'est eux-mêmes.
00:02:14 Et donc ces conversations resteront des conversations,
00:02:17 regardez la définition dans le dictionnaire,
00:02:20 c'est un vieillard de vivre à la française,
00:02:22 des conversations à la française, des fameuses dans le monde entier,
00:02:25 et ces conversations resteront donc pour toujours,
00:02:28 si vous le voulez bien, avec vous, des conversations.
00:02:32 Merci beaucoup.
00:02:33 [Musique]
00:02:57 François Asselineau, merci de revenir
00:03:00 pour une seconde conversation.
00:03:03 La première avait été pour moi en tous les cas très instructive,
00:03:08 sur votre enfance, votre jeunesse,
00:03:11 votre rencontre fortuite à Orléans avec Maurice Genevoix.
00:03:17 Quelqu'un m'a demandé si vous aviez lu Maurice Genevoix.
00:03:19 Ah oui, j'ai lu quelques ouvrages,
00:03:21 il y avait des choses qu'il fallait lire, ça c'était...
00:03:24 Et après j'ai lu ce qu'on devait lire
00:03:26 quand on était au lycée
00:03:30 et quand on avait des parents qui voulaient qu'on se conséduite.
00:03:34 Donc j'ai lu les...
00:03:36 Les classiques.
00:03:37 Les classiques, un certain nombre de romans de Balzac, de Stendhal...
00:03:42 Un peu Les Trois Mousquetaires en passant, non ?
00:03:44 Oui, bien sûr.
00:03:45 C'est très éducateur, éducatif.
00:03:47 J'ai beaucoup aimé Les Trois Mousquetaires,
00:03:49 comme j'ai aussi aimé par exemple
00:03:52 Les Thibauts de Roger Martin Dugard,
00:03:54 ça m'avait beaucoup plus non.
00:03:56 Oui c'est long.
00:03:57 Alors premier j'avais adoré,
00:03:58 puis deuxième, trois,
00:03:59 (rires)
00:04:00 enfin j'ai oublié à finir.
00:04:02 Mais j'ai lu des ouvrages qui...
00:04:04 Très sérieux, hein ?
00:04:06 Oui, oui, oui.
00:04:07 Mais j'ai lu, alors je me suis rendu compte de quelque chose,
00:04:09 c'est que c'est bien de lire des ouvrages comme ça,
00:04:11 mais comme je le dis souvent,
00:04:13 on est un peu, c'est le cas de lire,
00:04:15 puisque je parlais de Stendhal,
00:04:16 parfois on est un peu comme Fabrice Delongo à Waterloo.
00:04:19 Voilà, c'est-à-dire que...
00:04:20 On voit pas ce qui se passe.
00:04:21 On passe un peu,
00:04:22 quand on est trop jeune pour lire des ouvrages,
00:04:24 on reste un peu, c'est l'écume des choses.
00:04:27 On ne voit pas la profondeur.
00:04:28 Donc il faut relire maintenant.
00:04:29 Donc il faut relire à la maturité.
00:04:30 Vous avez vu tant, François Asselineau ?
00:04:32 Non, non, non.
00:04:33 Non mais genre j'ai un exemple que je citais,
00:04:35 je sais plus où d'ailleurs,
00:04:36 un livre, vraiment un des plus grands romans,
00:04:38 je pense, qui existe,
00:04:39 enfin il y en a,
00:04:40 c'est moi, un des plus grands romanciers à mon goût,
00:04:43 c'est quand même Dostoyevski,
00:04:45 et donc à la fois les frères Karamazov,
00:04:48 mais plus encore Lidio.
00:04:50 Et Lidio, c'est un livre que j'ai lu,
00:04:55 parce que c'était au programme,
00:04:57 je ne sais plus de quel concours,
00:04:59 il fallait le lire pendant l'été.
00:05:02 Donc c'était, je ne sais pas, j'avais 17 ans,
00:05:04 j'ai eu mon bac à 16 ans et demi,
00:05:07 donc j'étais en prépa en 17 ans,
00:05:09 et j'ai lu Lidio.
00:05:11 J'avais trouvé ça très bien, mais...
00:05:13 Vous vous y êtes identifié au prince...
00:05:15 Au prince Michkin, oui.
00:05:17 Mais surtout ce que j'ai découvert après,
00:05:19 parce qu'on a eu un cours avec un prof de philo,
00:05:22 qui m'a fait comprendre que j'avais rien compris.
00:05:25 J'étais resté à la surface.
00:05:27 Alors que le prince Michkin, c'est une métaphore du Christ.
00:05:30 C'est un philosophe.
00:05:32 Qui arrive du fin fond de la province russe,
00:05:35 et qui arrive dans l'univers extrêmement frelaté
00:05:38 des soirées de Saint-Pétersbourg,
00:05:41 et qui est... Il est très innocent.
00:05:45 Il ne comprend rien.
00:05:47 Mais comme il est innocent,
00:05:49 et dans cet univers très frelaté,
00:05:51 il apparaît comme extraordinairement roué.
00:05:54 Alors qu'en fait, il est innocent.
00:05:56 Et ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup marqué.
00:05:59 Parce que je sais que ça parait un petit peu bébête.
00:06:02 - Allez-y, parce que je vois ce que vous allez dire,
00:06:05 et c'est très bien.
00:06:07 - Oui, parce que je crois que je suis quelqu'un
00:06:10 d'assez innocent, en fait.
00:06:12 Et petit à petit...
00:06:14 - Avec un côté Saint-Jean-Bouchedor,
00:06:16 qui dit ce qu'il faut dire, parce qu'on le voit.
00:06:19 - Et puis j'ai découvert petit à petit
00:06:21 un peu la méchanceté du monde,
00:06:23 la violence.
00:06:25 Et je suis... Vous savez, il y a un auteur que j'aime beaucoup aussi,
00:06:28 c'est Oscar Wilde.
00:06:30 Le Portrait de Dorian Gray,
00:06:32 qui est un livre que tout le monde doit avoir lu.
00:06:35 C'est vraiment une allégorie de la vie, en fait.
00:06:38 Et Oscar Wilde qui disait au fond
00:06:40 « La vie n'est qu'une lente désillusion ».
00:06:42 Et quand j'étais petit, le monde était simple, en fait,
00:06:45 avec mes parents.
00:06:47 - La France était simple.
00:06:49 - Je l'ai dit la première fois, on travaillait bien, on réussissait.
00:06:52 Et puis j'ai découvert, après sortie vice-major de l'ENA,
00:06:55 que c'était moins simple, que c'était plus compliqué
00:06:58 que ce que mes parents m'avaient décrit.
00:07:00 Et qu'on pouvait bien travailler
00:07:02 et ne pas être récompensé.
00:07:04 - Alors vous travaillez si bien,
00:07:06 encadré par vos parents, amoureusement,
00:07:08 je veux dire avec beaucoup d'affection,
00:07:10 et j'ai l'honneur aussi de la survire.
00:07:12 - Vous avez dit ça dans notre première conversation.
00:07:15 Alors, HEC, long séjour au Japon,
00:07:20 qui vous a beaucoup marqué,
00:07:22 dont vous nous avez parlé.
00:07:24 Puis l'ENA,
00:07:26 on passe un peu vite sur l'ENA,
00:07:28 parce que vous êtes sorti vice-major, c'est ça ?
00:07:32 C'est-à-dire numéro 2 dans la botte.
00:07:34 Vous ne choisissez pas le quai d'Orsay,
00:07:36 grand chagrin pour moi, à tous les cas.
00:07:38 Je trouve que vous y étiez un ambassadeur.
00:07:40 Peut-être qu'on ne vous aurait pas laissé aller si loin.
00:07:43 Merveilleux.
00:07:45 Mais l'Inspection des finances,
00:07:47 et là commence une carrière administrative,
00:07:49 on peut dire, mais de haut vol.
00:07:51 Par quoi avez-vous commencé ?
00:07:53 Là, nous sommes dans les années...
00:07:55 - Alors quand on sort l'Inspection des finances,
00:07:59 déjà, ce n'est pas vous que je vais l'expliquer,
00:08:02 mais je l'explique à nos gens qui nous regardent.
00:08:05 Je pense que...
00:08:07 C'est comme ça. Je ne porte pas de jugement de valeur.
00:08:09 Il y a des gens qui trouvent ça très bien,
00:08:11 d'autres qui trouvent ça épouvantable.
00:08:13 Mais il est un fait que, comme l'avait écrit,
00:08:15 sous le pseudonyme de Jacques Mandrin,
00:08:17 de Veneman et Motchan,
00:08:19 dans un livre qui s'appelait L'Anarchie
00:08:21 ou les mandarins de la société bourgeoise,
00:08:23 c'était dans les années 68,
00:08:25 le classement de sorti, c'est un peu le jugement dernier.
00:08:29 C'est-à-dire que pendant ensuite 20, 30, 40 ans de carrière,
00:08:33 il y aura toujours ceux qui sont sortis
00:08:36 dans les premiers, qui auront fondamentalement
00:08:39 une espèce de satisfaction,
00:08:43 une espèce de jubilation,
00:08:45 conquinte essentielle.
00:08:47 Et puis ceux qui, en revanche,
00:08:49 ne sont pas bien sortis
00:08:51 et qui porteront une espèce de chemin de croix.
00:08:54 – Et vous avez dit qu'ils s'en sortent en faisant de la politique.
00:08:56 – Oui, c'est vrai. – C'est tout à fait mon cas.
00:08:58 – C'est vrai. C'est un peu vrai.
00:09:00 – Des cabines ministérielles.
00:09:02 – Donc il faut lutter contre ça, mais il y a un petit peu de ça.
00:09:04 Alors ce que j'ai découvert en sortant de l'inspection...
00:09:08 – Ça c'est une vraie carrière, l'inspection des finances.
00:09:10 – Alors ce que j'ai vraiment découvert, c'est qu'en fait,
00:09:12 c'était quasiment des nouvelles études.
00:09:14 C'est-à-dire qu'il y a 4 années,
00:09:16 il y avait, parce que tout est modifié maintenant,
00:09:18 mais enfin je crois que c'est encore préservé un petit peu,
00:09:21 il y avait ce qu'on appelait la tournée.
00:09:23 C'est-à-dire pendant 4 ans,
00:09:25 il fallait tourner, c'est-à-dire
00:09:27 on avait des missions qui duraient
00:09:29 en règle générale 3 mois.
00:09:31 Donc la première année, on est sous la houlette d'un inspecteur.
00:09:36 Alors on est inspecteur adjoint pendant un an et demi.
00:09:39 Puis on devient inspecteur de 3e classe.
00:09:42 Et au bout de 4 ans, on devient inspecteur de 2e classe.
00:09:45 Puis inspecteur de 1re classe.
00:09:47 Et enfin, aux alentours de 45 ans, inspecteur général des finances.
00:09:52 Donc dans les tournées, on est...
00:09:55 Donc en train de sortir de l'année, on est inspecteur adjoint.
00:09:58 Et on est sous la houlette en général
00:10:01 d'un ou deux inspecteurs de 3e classe,
00:10:06 qui sont en 2e ou 3e année.
00:10:10 Et éventuellement, quelqu'un qui est en 4e année,
00:10:13 qui est ce qu'on appelle le chef de brigade.
00:10:15 Et alors on descend pour aller vérifier.
00:10:17 Moi je me rappelle, la première chose que j'ai faite,
00:10:19 c'est que j'étais là...
00:10:21 Une espèce de bisutage, en fait.
00:10:23 On vous apprend à avoir un seau,
00:10:25 le seau de l'inspection, avec de la cire rouge.
00:10:28 Et on débarque comme ça pour aller vérifier.
00:10:31 C'était un percepteur, pour ce qui me concerne.
00:10:35 J'étais allé dans la brigade qui devait aller vérifier
00:10:38 les services extérieurs du Trésor,
00:10:40 enfin de la comptabilité publique, dans le Var.
00:10:43 Et donc j'étais allé...
00:10:45 Au mois de juin, j'avais débarqué où l'a vendu.
00:10:48 Et alors c'est vraiment...
00:10:50 Ça fait partie de toute une espèce de folklore administratif.
00:10:54 C'est-à-dire qu'entre la sortie de l'ENA
00:10:57 et le début de la mission, il y a une semaine.
00:11:00 Et donc il faut que pendant une semaine,
00:11:03 il faut quand même que vous appreniez
00:11:05 ce que c'est qu'un métier de percepteur
00:11:07 et ce qu'il doit faire.
00:11:09 Donc il a énormément de tâches à faire.
00:11:11 C'est une gageure, quoi.
00:11:13 Et donc il faut... Et on est très, très tremblants,
00:11:15 parce que moi j'avais quoi ?
00:11:17 C'était donc en 85.
00:11:19 J'avais même pas 28 ans, j'avais 27 ans.
00:11:21 — Et il y en avait 5 ans, toute façon.
00:11:23 — Il y avait un percepteur qui avait 58 ou 70 ans,
00:11:25 qui aurait pu être mon père, bon.
00:11:27 Et qui faisait ça depuis 40 ans.
00:11:29 Alors moi, je le pis une semaine.
00:11:31 Et donc on arrive vers 16h,
00:11:33 et on sort la commission d'inspecteur des finances.
00:11:37 — Mais il est prévenu ou pas ?
00:11:39 — Non, bien sûr que non.
00:11:41 C'est un imprevu.
00:11:43 On arrive en général un vendredi soir.
00:11:45 Et alors ce qu'il faut bien comprendre,
00:11:47 c'est que...
00:11:49 Je parle de l'époque.
00:11:51 C'est un petit peu changé.
00:11:53 Mais à l'époque, il y avait des contrôles
00:11:55 de la trésorerie périgénérale.
00:11:57 Donc des services départementaux.
00:11:59 Ça, ils en ont régulièrement.
00:12:01 Donc en revanche,
00:12:03 un inspecteur des finances,
00:12:05 un vrai, celui du corps de l'inspection générale,
00:12:07 créé par le baron Louis en 1815
00:12:09 en se débarquant de Paris,
00:12:11 quand on était le nombre d'inspecteurs de tournée
00:12:13 et le nombre de trésoriers,
00:12:15 ils ont eu une chance
00:12:17 tous les 200 ans d'être vérifiés.
00:12:19 — Catastrophe.
00:12:21 — Donc quand ils voient ça, c'est...
00:12:23 — Tétanisé.
00:12:25 — Tétanisé. Et donc
00:12:27 tous les agents sont absolument terrorisés.
00:12:29 Mais leur terreur n'est l'égale que la terreur
00:12:31 du jeune inspecteur qui se dit
00:12:33 « Mais mon Dieu, est-ce que je vais être au niveau ? »
00:12:35 C'est quelque chose d'absolument hallucinant.
00:12:37 — Ah, c'est pas un bon souvenir.
00:12:39 Non.
00:12:41 — Si. Alors ce qui est...
00:12:43 Enfin, c'est pas un bon souvenir.
00:12:45 On essaye d'être...
00:12:47 Ce qu'il faut savoir, ça, c'est très très important.
00:12:49 Enfin, pas très très important, mais c'est important quand même
00:12:51 par rapport au parti politique que j'ai créé
00:12:53 et à l'esprit que j'ai insufflé
00:12:55 à l'UPR,
00:12:57 c'est que
00:12:59 un inspecteur des finances,
00:13:01 il doit vérifier
00:13:03 le maximum de choses.
00:13:05 Et
00:13:07 ce qu'on appelle la première colonne,
00:13:09 et donc toutes les observations,
00:13:11 c'est-à-dire des critiques, qui sont numérotées,
00:13:13 toutes les observations sont numérotées
00:13:15 et sont placées
00:13:17 dans ce qu'on appelle la première colonne.
00:13:19 Par exemple,
00:13:21 il faut que ce soit sur des échantillons, par exemple,
00:13:23 des délais de paiement.
00:13:25 Donc on fait un échantillonnage.
00:13:27 On va prendre tous les délais de paiement
00:13:29 accordés par la perception
00:13:31 entre le 1er janvier
00:13:33 de l'année N-2
00:13:35 et le 30 juin de l'année N-2.
00:13:37 Donc on se fait sortir ça.
00:13:39 On délimite l'échantillon.
00:13:41 Et puis on regarde là-dedans quels sont les délais de paiement
00:13:43 qui étaient justifiés, ceux qui, vraiment,
00:13:45 sont exagérés. — Et les complaisances.
00:13:47 — Les délais de paiement
00:13:49 de complaisance, en général,
00:13:51 parce qu'il y a le médecin, le membre du retardé
00:13:53 du coin, etc.
00:13:55 — En prenant des solidarités occultes.
00:13:57 — Des solidarités inconnues
00:13:59 du reste des Français.
00:14:01 Et donc on met ça.
00:14:03 Et alors,
00:14:05 ce qui est très important, c'est que
00:14:07 un bon inspecteur des finances
00:14:11 doit faire le maximum d'observations.
00:14:15 S'il ne fait pas d'observations, c'est qu'il ne voit rien.
00:14:17 Donc c'est qu'il n'est pas bon.
00:14:19 Mais
00:14:21 les observations qu'il doit faire
00:14:23 vont être envoyées ensuite à l'agent vérifié
00:14:25 pour qu'il établisse la 2e colonne
00:14:27 et qu'il réponde.
00:14:29 — Et qu'il réponde, oui.
00:14:31 — Et donc on a intérêt à ce que les observations soient justifiées.
00:14:33 Parce que si en 2e colonne,
00:14:35 l'agent... Alors c'est pas seulement vrai du percepteur.
00:14:37 C'est vrai de toutes les missions que l'on fait.
00:14:39 Si en 2e colonne,
00:14:41 l'agent vérifié
00:14:43 montre que l'inspecteur s'est trompé,
00:14:45 ça s'appelle dans le jargon du métier un claquage.
00:14:49 Et si vous faites des rapports
00:14:51 avec un peu trop souvent de claquage,
00:14:53 votre réputation en quelques mois
00:14:55 est faite au service de l'inspection.
00:14:57 Parce que tout ça, évidemment,
00:14:59 dans les deux premières années,
00:15:01 est vérifié par le chef de brigade
00:15:03 et par le chef du service d'inspection des finances.
00:15:05 Et accessoirement par cabinet.
00:15:07 — Voilà. Donc c'est pour ça qu'on est sur des charbons ardents.
00:15:11 Parce qu'il y a des inspecteurs qui ont des bonnes réputations.
00:15:15 Et puis d'autres qui ont des mauvaises réputations
00:15:17 parce qu'ils font trop de claquages
00:15:19 ou parce qu'ils voient pas assez de choses.
00:15:21 Alors le résultat, sa force,
00:15:23 j'ai vraiment perçu ça comme une espèce de...
00:15:25 Je sais pas, de 3e cycle ou de 4e cycle.
00:15:27 J'ai beaucoup de formations.
00:15:29 — Bisuitage, aussi.
00:15:31 — Mais pas seulement. C'est une grande discipline intellectuelle.
00:15:33 — Et je crois que vous avez beaucoup l'État.
00:15:35 — Oui. Mais par exemple...
00:15:37 — Vous avez l'organisation de l'État.
00:15:39 — Oui. Mais ce que je veux dire, c'est...
00:15:41 Par exemple, je fais un... — Très précis.
00:15:43 — J'avance sur ce que je vais dire
00:15:45 sur le parti que j'ai créé.
00:15:47 — Sur l'UPR.
00:15:49 — Ça m'a été reproché pendant la campagne présidentielle de 2017.
00:15:51 On m'a reproché de citer des articles des traités.
00:15:53 — Ah oui. Vous arriviez à la télévision avec des...
00:15:55 — On me l'a reproché. — Et ça, c'est vous, ça.
00:15:57 — Oui, c'est moi. Mais c'est aussi l'inspection des finances.
00:15:59 — Et c'est l'État.
00:16:01 — Oui, c'est l'État. Mais c'est la précision.
00:16:03 — Oui.
00:16:05 — C'est parce que c'est une école d'extrême précision.
00:16:07 Parce que c'est d'ailleurs, je pense,
00:16:09 ce que l'on apporte dans le débat politique.
00:16:11 Et ce que j'essaie de faire...
00:16:13 Et je pense que c'est quand même un peu
00:16:15 la réputation que je me suis taillée.
00:16:17 C'est que quand Asselineau dit quelque chose,
00:16:19 c'est quand même sérieux et sérieux.
00:16:21 — C'est pas une idée.
00:16:23 — C'est pas n'importe quoi. On a énormément de gens,
00:16:25 y compris beaucoup d'adversaires politiques d'ailleurs,
00:16:27 qui me suivent sur Twitter et qui vont regarder
00:16:29 pour voir ce que je dis.
00:16:31 Oui, parce que je vais...
00:16:33 Parce que c'est vraiment ce que pendant 4 ans,
00:16:35 j'ai appris à faire.
00:16:37 Ça, c'est vraiment important.
00:16:39 — Finalement, on apprend plus à ce moment-là qu'à l'ENA.
00:16:41 — Oui. Ah oui. Ah oui, j'ai appris
00:16:43 beaucoup plus de choses à l'inspection pendant les 4 ans qu'à l'ENA.
00:16:45 — Parce que beaucoup de gens font de la politique
00:16:47 sans savoir du tout comment fonctionne l'État.
00:16:49 — Alors que là, effectivement...
00:16:51 C'est pour ça que c'est une école de formation extraordinaire.
00:16:53 — Ça, c'est une de vos forces d'avoir été un haut fonctionnaire de carrière.
00:16:55 — Et d'avoir été... Alors pendant les deux premières années,
00:16:57 on fait les services extérieurs
00:16:59 du ministère des Finances.
00:17:01 Donc la comptabilité publique,
00:17:03 les services fiscaux, etc.
00:17:05 Mais assez rapidement, on a des missions
00:17:07 qui vont dans d'autres ministères.
00:17:09 Par exemple, j'ai fait une mission...
00:17:11 Cette fois-ci, j'étais chef de brigade
00:17:13 à ce qui s'appelait à l'époque la Caisse nationale
00:17:15 des monuments historiques et des sites.
00:17:17 Hôtel de Suelli, il apparaît.
00:17:19 Donc ça, c'était... S'agissant du ministère de la Culture,
00:17:21 on avait découvert... Bon, bref.
00:17:23 Il y avait quand même
00:17:25 beaucoup de ménages qui avaient été faits,
00:17:27 franchement très mal gérés.
00:17:29 Et j'ai fait des recommandations.
00:17:31 On avait fait des recommandations
00:17:33 qui ont été suivies, des faits, 10 ans après,
00:17:35 15 ans après, mais qui ont été suivies, des faits, petit à petit.
00:17:37 — Le rythme de l'État.
00:17:39 — Le rythme de l'État.
00:17:41 Et puis des missions... Il y a une mission...
00:17:43 Il y a vraiment une mission
00:17:45 qui m'a beaucoup,
00:17:47 beaucoup, beaucoup formé et intéressé aussi.
00:17:49 Là, c'était en 3e année.
00:17:51 J'étais seul.
00:17:53 Alors j'étais pas marié encore à l'époque.
00:17:55 Donc j'étais encore...
00:17:57 Enfin j'étais fiancé, comme on dit, mais je n'étais pas marié.
00:17:59 Et...
00:18:01 Michel...
00:18:03 Il y a eu des affaires de la Nouvelle-Calédonie.
00:18:05 Il y avait Michel Roca, qui était...
00:18:07 — Qui était Premier ministre de 88 à 91.
00:18:09 — Voilà. Et donc...
00:18:11 Voilà. Et donc en 80...
00:18:13 En 88.
00:18:15 — Autour de 88.
00:18:17 — Il était allé en Nouvelle-Calédonie
00:18:19 suite aux troubles qu'il y avait eus.
00:18:21 Et il avait décidé
00:18:23 de diligenter une mission
00:18:25 d'inspection des finances en Calédonie,
00:18:27 et notamment sur la question
00:18:29 du problème des terres qui revient...
00:18:31 L'appropriation des terres qui revient
00:18:33 sans arrêt
00:18:35 quand on parle de la Calédonie.
00:18:37 Et donc à l'inspection,
00:18:39 il y a quand même pas énormément de...
00:18:41 Les inspecteurs des finances
00:18:43 pendant la tournée sont quand même peu nombreux.
00:18:45 J'avais la réputation,
00:18:47 excusez-moi de le dire, mais d'être quelqu'un de...
00:18:49 — Pointu. — De pointu, de compétent.
00:18:51 Je m'intéressais aussi à la vie à l'étranger.
00:18:53 — Toujours le bon élève.
00:18:55 — Oui. Tout le monde savait que j'avais été...
00:18:57 Que j'aimais les voyages, que j'avais été au Japon,
00:18:59 que j'avais fait le tour du monde.
00:19:01 — Vous aimiez les dossiers.
00:19:03 — Donc mon chef de service m'a dit
00:19:05 « François, tu vas aller pendant 3 mois en Nouvelle-Calédonie ».
00:19:07 Alors j'ai été flanqué d'un inspecteur général des finances
00:19:09 et d'un inspecteur général des affaires
00:19:11 du ministère de l'Agriculture
00:19:13 qui sont allés installer la mission
00:19:15 à Nouméa. Ils sont restés avec moi 4-5 jours.
00:19:17 On a rencontré
00:19:19 les leaders locaux.
00:19:21 Il y avait Jacques Lafleur à l'époque,
00:19:23 Jean-Marie Djibaou. Ils sont morts tous les deux.
00:19:25 Djibaou a été assassiné.
00:19:27 Jacques Lafleur est mort dans son lit.
00:19:29 Et puis les grands leaders indépendantistes
00:19:31 Yehoué Né, Yehoué Né,
00:19:33 Di Koukéoué qui était au
00:19:35 Haut-Commissariat.
00:19:37 Il y avait aussi comme jeune secrétaire général
00:19:39 du Haut-Commissariat
00:19:43 M. Carinco qui est aujourd'hui
00:19:45 ministre de l'Outre-mer
00:19:47 en fin de carrière.
00:19:49 Et puis au bout d'une semaine,
00:19:51 ils étaient repartis. Et moi, j'étais resté pendant
00:19:53 3 mois. J'étais resté 3 mois à Nouméa
00:19:55 et
00:19:57 aller vérifier une agence.
00:19:59 C'était l'agence pour le développement rural et l'aménagement
00:20:01 foncier. Et aller vérifier
00:20:03 les dossiers. Et d'aller également sur place.
00:20:05 Au bout des 4 ans de tournée
00:20:07 d'inspection,
00:20:09 j'ai fait une...
00:20:11 J'ai été placé en détachement
00:20:13 comme ça se faisait pendant
00:20:15 2 ans au Crédit National.
00:20:17 Pour faire de la banque
00:20:19 d'affaires avec des entreprises.
00:20:21 Puisque j'étais considéré comme
00:20:23 un bon inspecteur,
00:20:25 c'était un poste qui était très convoité
00:20:27 et qui permettait ensuite de partir
00:20:29 dans une banque privée
00:20:31 et de gagner des sommes fabuleuses.
00:20:33 Ce que beaucoup de vos collègues font.
00:20:35 Donc moi, je suis allé... Oui.
00:20:37 J'ai rencontré
00:20:39 des gens dont j'ignorais même l'existence.
00:20:41 En fait, c'était des très grandes
00:20:43 fortunes. J'ai découvert...
00:20:45 Il y avait des gens
00:20:47 qui sont des gens
00:20:49 richissimes en France
00:20:51 qui sont absolument inconnus du grand public.
00:20:53 Je pense par exemple... — Des qui tiennent à le rester.
00:20:55 — Oui. Alors j'avais vu
00:20:57 par exemple
00:20:59 j'avais vu Jean...
00:21:01 M. Lagardelle. J'avais vu
00:21:03 Jean-François... Alors c'était des entreprises
00:21:05 privées et des entreprises publiques.
00:21:07 Donc par exemple, j'avais vu le Floc'Prigent.
00:21:09 J'avais vu Hortoli qui était la tête de Total.
00:21:11 Ça, c'est une entreprise publique.
00:21:13 Mais j'avais vu aussi
00:21:15 Guichat pour Casino.
00:21:17 J'avais vu Lagardère.
00:21:19 J'avais vu Martin Bouygues, etc.
00:21:23 Et puis des gens dont j'ignorais...
00:21:25 Par exemple, les frères Roquette,
00:21:27 qui est une entreprise qui, à l'époque,
00:21:29 championne du Sorbitol,
00:21:31 qui ont des champs de betterave à sucre,
00:21:33 et qui pesait. C'était une entreprise
00:21:35 extraordinairement rentable.
00:21:37 À l'époque, c'est une entreprise familiale.
00:21:39 J'avais eu deux messieurs qui étaient là,
00:21:41 qui ne payaient pas de mine,
00:21:43 mais enfin, leur fortune, à l'époque,
00:21:45 c'était 8 milliards de francs.
00:21:47 — Et ça vous choque, ça ?
00:21:49 — Non, ça ne m'a pas choqué.
00:21:51 Mais je me suis dit...
00:21:53 En fait, faut pas être salarié
00:21:55 pour devenir...
00:21:57 Salarié, c'est la dernière des choses
00:21:59 pour devenir milliardaire.
00:22:01 — Faut faire du football.
00:22:03 — Non, il faut... Si on veut vraiment
00:22:05 jouer le jeu de l'argent,
00:22:07 il faut avoir une entreprise.
00:22:09 Mais c'est pas mon genre.
00:22:11 Moi, je suis pas...
00:22:13 Je sais que ça paraît un peu bête aussi à dire,
00:22:15 mais je suis pas quelqu'un qui est hyper intéressé
00:22:17 par l'argent. Je préfère avoir,
00:22:19 évidemment, un peu d'argent que pas en avoir.
00:22:21 Je vais pas me faire plaindre sur mon sang.
00:22:23 Mais c'est pas pour moi...
00:22:25 C'est pas la valeur cardinale.
00:22:27 Je m'intéresse à plein d'autres choses.
00:22:29 — L'argent rend souvent malheureux, vous savez.
00:22:31 — Oui, alors peut-être.
00:22:33 En tout cas, je ne me suis pas bien senti
00:22:35 pendant 2 ans.
00:22:37 — Oui, parce qu'au bout des 2 ans,
00:22:39 on m'avait proposé d'aller dans la filiale
00:22:41 de la Caisse des dépôts pour les participations
00:22:43 d'une banque d'affaires.
00:22:45 J'avais... Je sais pas. Je vais avoir...
00:22:47 — 30 ans.
00:22:49 — 39.
00:22:51 Donc j'avais 32 ans.
00:22:53 J'avais un salaire qui était très impressionnant.
00:22:55 Mais...
00:22:57 — Vous restez dans la fonction publique.
00:22:59 L'État.
00:23:01 — Mais si vous voulez, je me suis...
00:23:03 Je pense que c'est une règle de vie.
00:23:05 Alors je conseille à toutes les personnes
00:23:07 qui nous écoutent.
00:23:09 J'ai vu trop de gens
00:23:11 qui sont malheureux dans leur vie
00:23:13 parce qu'ils ne font pas ce qu'ils voulaient faire.
00:23:15 — Tiens, c'est ce que je dis.
00:23:17 — Le plus beau cadeau que la vie puisse vous offrir,
00:23:19 outre d'avoir une famille,
00:23:21 des enfants, etc.,
00:23:23 mais le plus beau cadeau que l'on puisse avoir,
00:23:25 c'est d'aller au travail tous les matins
00:23:27 avec la joie au cœur.
00:23:29 Y aller avec des semelles de plomb,
00:23:31 c'est une horreur.
00:23:33 — En sachant qu'on va faire quelque chose qui vous intéresse,
00:23:35 qui est utile, qui donne du sens à votre vie.
00:23:37 — Voilà. Et moi, je sais qu'il y a beaucoup de gens
00:23:39 qui travaillent dans la banque,
00:23:41 qui n'est pas toujours très sévisant.
00:23:43 — C'est à cette période-là que vous vous mariez ?
00:23:45 — Oui, absolument. Alors je me suis à la fois marié
00:23:47 à cette période-là, mais aussi j'ai fait ce choix.
00:23:49 Et je me suis dit...
00:23:51 C'était un choix cornelien,
00:23:53 parce que déjà, j'avais eu ce choix en sortant de l'ENA.
00:23:55 J'étais vice-major.
00:23:57 Je pouvais prendre l'inspection.
00:23:59 Je pouvais sortir à l'inspection.
00:24:01 Et puis je pouvais prendre l'inspection des finances.
00:24:03 Donc j'ai pris l'inspection des finances.
00:24:05 — Vous avez fait l'ENA pour sortir aux affaires étrangères.
00:24:07 — Oui, pour faire l'examen
00:24:09 pour les affaires étrangères.
00:24:11 Et je pouvais prendre l'inspection.
00:24:13 Donc j'ai pris l'inspection, qui était un choix de raison,
00:24:15 mais pas un choix de cœur.
00:24:17 Et je me retrouvais ensuite,
00:24:19 par la force des choses, en fait,
00:24:21 allant dans une banque.
00:24:23 Et finalement, si j'avais accepté
00:24:25 le poste qu'on me proposait,
00:24:27 c'est de démissionner de la fonction publique
00:24:29 et de faire une carrière bancaire.
00:24:31 — C'est ce que je dis. Vous préférez l'État.
00:24:33 — Eh oui ! Parce que je n'avais pas fait ça pour ça.
00:24:35 Je n'avais pas fait ça pour être dans une banque
00:24:37 et gagner des dizaines de millions d'euros.
00:24:39 Il y a un proche qui a fait un calcul
00:24:41 à partir du salaire de quelqu'un
00:24:43 comme Frédéric Oudéa,
00:24:45 qui est un camarade de l'inspection
00:24:47 qui s'est trouvé à la tête de la Société Générale.
00:24:49 Si j'avais eu la même carrière que lui,
00:24:51 j'aurais 58 millions d'euros de plus
00:24:53 si j'avais fait son truc.
00:24:55 Alors ça, c'est important aussi, je pense,
00:24:57 pour les gens qui s'intéressent...
00:24:59 Parce qu'il y a des gens qui disent
00:25:01 « Ouais, il est comme tout le monde.
00:25:03 Il fait de la politique pour avoir du pognon. »
00:25:05 Non ! Non !
00:25:07 Parce que j'avais pas besoin. Au contraire !
00:25:09 Au contraire ! C'est quelque chose
00:25:11 que tous les gens devraient se poser comme question
00:25:13 quand ils votent pour quelqu'un.
00:25:15 « Ce monsieur ou cette dame, pourquoi il fait de la politique ? »
00:25:17 Et s'il en avait pas fait, qu'est-ce qu'il aurait fait à la place ?
00:25:19 Bon. Et moi, je n'ai pas choisi
00:25:21 la voie de l'argent.
00:25:23 Je n'ai pas choisi ce qui me motive, en fait.
00:25:25 C'est vrai.
00:25:27 Et quand j'ai quitté le Crédit National,
00:25:29 à la surprise générale,
00:25:31 parce qu'on me proposait un poste
00:25:33 vraiment mirobolant,
00:25:35 j'ai dit « Non, non, moi je suis devenu
00:25:37 chef de bureau. »
00:25:39 Alors vu de l'extérieur, ça paraît rond de cuir.
00:25:41 — Présent au Trésor, alors ?
00:25:43 — Non, à la Direction des Relations Economiques extérieures.
00:25:45 La DROI, qui a fusionné ensuite avec le Trésor,
00:25:47 et qui s'occupait de commerce extérieur.
00:25:49 C'était un peu chien et chat avec le Trésor.
00:25:51 C'était notamment pour tout ce qui était
00:25:53 les prêts bonifiés, les dons, etc.
00:25:55 Et donc, ce qu'il faut voir,
00:25:57 c'est que dans le CERA,
00:25:59 quand on sort à Bercy,
00:26:01 on est adjoint à un chef de bureau.
00:26:03 Au bout de 4 ans, on devient chef de bureau.
00:26:05 Et moi, je pouvais faire partie
00:26:07 du directoire de Caisse des dépôts
00:26:09 participation à gagner des sommes
00:26:11 mirobolantes.
00:26:13 Et j'ai préféré revenir à Bercy pour être
00:26:15 chef de bureau parce que l'on m'a proposé
00:26:17 – le directeur de la DROI en l'espace
00:26:19 était ravi de voir l'inspecteur des finances –
00:26:21 et il m'a donné le bureau
00:26:23 à ZIOCN.
00:26:25 – Le voilà, le voilà. C'était à la DROI.
00:26:27 Vous étiez à la DROI en 1990-91 ?
00:26:29 – Je suis revenu en 1981-91.
00:26:31 Voilà, 1991, oui.
00:26:33 1991-92.
00:26:35 Ça n'a pas duré très longtemps parce qu'après,
00:26:37 j'ai été appelé en cabinet ministériel.
00:26:39 Mais ça, c'est vraiment important.
00:26:41 C'est-à-dire que je gagnais beaucoup moins.
00:26:43 Mais je n'allais au bureau avec la DROI
00:26:45 parce qu'on parlait de sujets qui m'intéressaient.
00:26:47 – Vous passez à la politique
00:26:49 puisque vous entrez au cabinet du ministre
00:26:51 des Affaires étrangères. – Non !
00:26:53 – En 1995. – Non, non, non.
00:26:55 – Vous avez... – En 1995.
00:26:57 – Vous vous sautez tout de suite au...
00:26:59 – On va pas faire 18 émissions non plus.
00:27:01 On n'a pas fait la moitié de votre vie.
00:27:03 – Oui, mais si on veut dire...
00:27:05 – Alors voulez-vous qu'on fasse une troisième émission ?
00:27:07 – Non, non. Ce que j'ai fait...
00:27:09 – Attendez. Ce que j'ai fait, c'est que...
00:27:11 J'arrive donc. J'ai fait des choses
00:27:13 franchement extraordinaires.
00:27:15 Un exemple. Comme chef du bureau
00:27:17 à la Zéossianie.
00:27:19 On m'a envoyé, tout seul.
00:27:21 Je suis allé à Phnom Penh,
00:27:23 au Cambodge, pour renouer
00:27:25 les dons de l'État français
00:27:27 au Cambodge qui avait été supprimé
00:27:29 après l'arrivée des Khmers rouges.
00:27:31 Donc là, c'était en 1991,
00:27:33 1992.
00:27:35 On m'envoie, moi,
00:27:37 à Phnom Penh,
00:27:39 pour aller expliquer un peu comment ça se passe.
00:27:41 Et ça, c'est... Là aussi,
00:27:43 ça fait partie des grands souvenirs
00:27:45 qui m'ont marqué.
00:27:47 Je suis arrivé à Phnom Penh.
00:27:49 Moi, je sais que j'ai toujours aimé
00:27:51 les questions internationales, à force, sur les conséquences
00:27:53 sur le Zéossianie.
00:27:55 Et donc j'ai vécu,
00:27:57 j'ai suivi au jour le jour,
00:27:59 l'affaire de la chute de Phnom Penh
00:28:01 le 17 avril 1975,
00:28:03 avec le journaliste du Monde de l'époque,
00:28:05 qui s'appelait Patrice de Baire,
00:28:07 et qui avait écrit « Phnom Penh libéré ».
00:28:09 – Des bêtises. – « Phnom Penh libéré ».
00:28:11 Il y a eu 1,5 million de morts.
00:28:13 Il y a eu le quart de la population qui a été auto-génocidée.
00:28:15 – Paul Potte, le grand libérateur.
00:28:17 – Et je suis allé là-bas,
00:28:19 et j'ai des souvenirs vraiment incroyables.
00:28:21 J'arrive à Phnom Penh.
00:28:23 Je suis reçu au ministère des Finances
00:28:25 par le directeur du Trésor,
00:28:27 qui était un type qui avait
00:28:29 35 ans.
00:28:31 Il avait à peine plus âgé que moi.
00:28:33 Il était en short et en sandales.
00:28:39 Il n'avait rien.
00:28:41 Il m'avait montré, il y avait
00:28:43 les vieilles armoires métalliques
00:28:45 des années 30,
00:28:47 fabriquées en France.
00:28:49 – En France, oui.
00:28:51 – Du colonisateur français.
00:28:53 Il m'avait expliqué
00:28:55 qu'il était arrivé
00:28:57 dans tout le ministère,
00:28:59 il n'y avait plus rien.
00:29:01 Tout avait été vidé par les Khmers rouges.
00:29:03 C'était année zéro, franchement.
00:29:07 Imaginez, vous arrivez dans un ministère,
00:29:09 tous les miroirs sont absolument vides.
00:29:11 Le type, il est directeur du Trésor,
00:29:13 il n'a même pas de secrétaire, il est en savate.
00:29:15 Et il me dit « Voilà, je ne sais pas quoi faire ».
00:29:17 – Et qu'avez-vous fait ?
00:29:21 – Je lui ai expliqué comment ça marchait,
00:29:23 comment la France...
00:29:25 Je lui ai expliqué ce que c'était,
00:29:27 que ce soit les prêts bonifiés, mais c'était trop pauvre
00:29:29 pour qu'on fasse des prêts bonifiés,
00:29:31 donc c'était des dons,
00:29:33 que les dons, c'était à 100% pour acheter des produits
00:29:35 de service français.
00:29:37 Tout ça, ça a été ensuite interdit par les Américains
00:29:39 dans le cadre de l'OCDE.
00:29:41 Donc là, je parle d'amende qui n'existe plus.
00:29:43 Mais c'était très précieux pour la France.
00:29:45 – Ils achetaient en France.
00:29:47 – Voilà, c'est-à-dire qu'on faisait des dons,
00:29:49 des prêts bonifiés, mais ça permettait d'assurer
00:29:51 le rayonnement de la France, d'assurer...
00:29:53 – Ça créait des liens pour plus tard.
00:29:55 – Bien sûr. Et donc j'avais expliqué ça.
00:29:57 Et c'était d'un point de vue incroyable.
00:29:59 Et l'ambassadeur de France au Cambodge,
00:30:01 qui était très content de voir quelqu'un
00:30:03 venant de Paris, qui m'avait fait visiter
00:30:05 les grands lieux de Phnom Penh,
00:30:07 la butte de Mme Penn.
00:30:09 Phnom Penh, ça veut dire la butte de Mme Penn.
00:30:11 Une espèce de butte artificielle,
00:30:13 un peu comme la colline de charbon
00:30:15 dans la cité interdite à Pékin.
00:30:17 Et puis...
00:30:19 – Les traces de Pogbock.
00:30:21 – Voilà, le fameux musée de Toulouse-Lagues,
00:30:23 où vous voyez les charniers des...
00:30:25 – Les choses affreuses.
00:30:27 – C'est vraiment... Ça fait partie
00:30:29 de ces missions,
00:30:31 de ces missions,
00:30:33 comment dirais-je,
00:30:35 professionnelles qui vous marquent à vie,
00:30:37 quand même. C'est vraiment très important.
00:30:39 Alors ensuite, arrive 1993.
00:30:41 En 1993,
00:30:43 changement de majorité.
00:30:45 Et mon directeur de la DRUM
00:30:47 me dit
00:30:49 « Est-ce que
00:30:51 vous avez déposé votre dossier
00:30:53 pour aller en cabinet ministériel ? »
00:30:55 Je vous dis, je suis toujours...
00:30:59 – Le prince Moshkin.
00:31:01 – Oui, le prince Moshkin.
00:31:03 Je le regarde avec des yeux ronds.
00:31:05 – Mais il était pas absurde.
00:31:07 – Il dit « Vous avez déposé votre dossier ? »
00:31:09 Je dis « Mais non, pourquoi ? »
00:31:11 Il me dit « Mais enfin bon... »
00:31:13 Il y avait 27 chefs de bureau.
00:31:15 Il me dit « Mais il y en a 26 qui ont déposé un dossier. »
00:31:17 Je dis « Moi je savais pas. Personne m'avait dit
00:31:19 qu'il fallait faire un dossier. »
00:31:21 Il me dit « Attendez,
00:31:23 précipitez-vous, mais etc.
00:31:25 Je vais y en importer moi-même. »
00:31:27 Il me fait un petit dossier.
00:31:29 Il y avait à l'époque un ministre de l'économie,
00:31:31 Edmond Alphandéry,
00:31:33 et un ministre de l'industrie
00:31:35 et du commerce extérieur qui était Gérard Longuet.
00:31:37 Et donc
00:31:39 Jacques Dupont,
00:31:41 qui était le directeur de...
00:31:43 Jacques Dépont, qui était le directeur de l'époque,
00:31:45 me fait faire un petit dossier,
00:31:47 un CV, etc., puis une lettre de motivation.
00:31:49 Mais moi j'étais très content
00:31:51 dans mon truc.
00:31:53 Mais il m'avait dit « Vous n'avez pas
00:31:55 de paterneurs dans le lot. »
00:31:57 Et donc je suis convoqué deux jours après
00:31:59 par le directeur de cabinet
00:32:01 de Gérard Longuet,
00:32:03 qui veut me voir.
00:32:05 Et qui me reçoit.
00:32:07 Ça a été assez bref.
00:32:09 Et qui m'a dit « Écoutez...
00:32:11 - Vendredi ?
00:32:13 - Vous commencez lundi. Vous avez dit vendredi.
00:32:15 - Je ne savais pas du tout que vous aviez été au cabinet de Gérard Longuet.
00:32:17 Alors ça je découvre. Merci.
00:32:19 - Je dis à...
00:32:21 Comment dirais-je...
00:32:23 C'est Jean-Bernard Lévy,
00:32:25 qui est devenu ensuite président de EDF,
00:32:27 qui est un politéchnicien
00:32:29 qui est vraiment quelqu'un de très très intelligent.
00:32:31 Et qui m'a dit « Vous commencez lundi. »
00:32:33 Alors je lui ai dit,
00:32:35 toujours mon petit côté
00:32:37 un petit peu naïf,
00:32:39 je lui ai dit
00:32:41 « Mais vous ne me demandez pas mes opinions politiques ? »
00:32:43 Il m'a dit « Non.
00:32:45 Je suppose que ça vous convient d'être... »
00:32:47 Alors c'est vrai.
00:32:49 Moi le côté
00:32:51 dur, je trouvais ça...
00:32:53 Trop europééiste.
00:32:55 Pour moi, entre temps,
00:32:57 j'avais quand même en 92
00:32:59 voté non à Maastricht.
00:33:01 Mais je savais qu'il n'était pas de mon tour
00:33:03 d'en parler.
00:33:05 Bon bref.
00:33:07 On est en 93.
00:33:09 - Vous avez longtemps aimé l'idée européenne.
00:33:11 - Pas tellement.
00:33:13 Je vous ai dit, c'est quand j'étais
00:33:15 au Japon que j'ai commencé à m'en détacher.
00:33:17 - Plutôt, oui.
00:33:19 - Donc en 92, j'avais voté non à Maastricht
00:33:21 parce que la campagne électorale,
00:33:23 c'était... Bon.
00:33:25 J'ai toujours été très sensible quand on veut me manipuler.
00:33:27 Alors ça, la campagne de 92,
00:33:29 on faisait des partisans du oui
00:33:31 de droite
00:33:33 avec des partisans du oui de gauche.
00:33:35 Les partisans du non, ils devaient pas avoir la parole.
00:33:37 - Vous vous souvenez de ce qu'avait dit Jacques Delors ?
00:33:39 « Ceux qui votent non devraient changer de métier. »
00:33:41 - Oui, oui, oui. Mais c'est incroyable.
00:33:43 Il y a un livre formidable qui s'appelle « Les nouveaux chiens de garde »
00:33:45 qui a été écrit par Marcel Avouy.
00:33:47 « Les bêtisiers de Maastricht », je le savais bien.
00:33:49 Et puis « Les nouveaux chiens de garde » de Serge Halimi.
00:33:51 - Serge Halimi, oui. Impeccable.
00:33:53 - Donc j'avais voté non à Maastricht.
00:33:55 J'avais pas le claironné quand je présentais mon truc.
00:33:57 Et donc il me dit « Je suppose que vous devez être...
00:33:59 Ça doit pas vous gêner. »
00:34:01 Je lui dis « Bah oui, non, en effet. »
00:34:03 Et je lui dis après...
00:34:05 Je dis « Mais je...
00:34:07 Je ne vais pas voir le ministre ? »
00:34:09 « Oh non, non, non. Vous le verrez suffisamment. »
00:34:11 Donc, honnêtement,
00:34:13 je suis entré au cabinet...
00:34:15 - De marbre.
00:34:17 - Je suis entré au cabinet de M. Lenguet
00:34:19 sans avoir vu le ministre,
00:34:21 sans qu'on m'ait jamais demandé
00:34:23 quels étaient mes objets politiques.
00:34:25 En fait, j'ai compris après coup
00:34:27 que le directeur du cabinet
00:34:29 avait le souhait de présenter à son ministre,
00:34:31 à Gérard Lenguet,
00:34:33 un cabinet où il y avait...
00:34:35 Il avait vraiment très bien fait du jour.
00:34:37 Parce qu'il y avait un inspecteur des finances,
00:34:39 un membre de la Cour des comptes,
00:34:41 un membre du Conseil d'État qui était Renaud Dutreil
00:34:43 qui est parti dans le privé.
00:34:45 Il y avait quelqu'un du Trésor.
00:34:47 Il y avait un X-Pont,
00:34:49 un X-Mines, un X-Télécom.
00:34:51 Enfin, c'était... Il avait réussi à faire...
00:34:53 - Une palette. - Une palette extraordinaire.
00:34:55 Donc il n'avait pas tellement le choix.
00:34:57 Si vous voulez un inspecteur des finances, c'était moi.
00:34:59 Et donc je me suis retrouvé,
00:35:01 pendant un an et demi,
00:35:03 pas seulement avec Gérard Lenguet,
00:35:05 parce qu'il a eu les attaques
00:35:07 qui lui sont arrivées en 1994
00:35:11 avec une affaire de mur pour sa villa à Saint-Tropez,
00:35:17 puisque vous savez que Gérard Lenguet
00:35:19 est le beau-frère de Vincent Bleré.
00:35:21 Les deux sœurs Fossorier se sont mariées
00:35:23 l'une avec Vincent Bleré, l'autre avec Gérard Lenguet.
00:35:25 Donc ils avaient acheté un terrain
00:35:27 à Saint-Tropez.
00:35:31 Et donc ils avaient construit chacun leur maison.
00:35:33 Alors bon, je ne rentre pas dans tous les détails.
00:35:35 Mais enfin, il y a eu une attaque qui est venue,
00:35:37 mais ça je l'ai compris bien après,
00:35:39 des équipes de chez Chirac.
00:35:41 Vous vous rappelez ce qui s'est passé.
00:35:43 C'est-à-dire que Chirac avait passé
00:35:45 un gentleman agreement avec Balladur.
00:35:47 Balladur était Premier ministre
00:35:49 pour se ramasser l'impopularité
00:35:51 de 1993 à 1995,
00:35:53 ce qui permettait à Chirac
00:35:55 d'arriver ensuite
00:35:57 tel une Vénus anadiomène
00:35:59 sortant des ondes
00:36:01 comme dans le taveau de Botticelli
00:36:03 et être élu président de l'Olympique.
00:36:05 Sauf que le plan ne s'est pas passé comme ça.
00:36:07 Et en fait, la prise générale,
00:36:09 Balladur a été assez populaire.
00:36:11 Et donc les médias, vous vous rappelez,
00:36:13 ont commencé à brocarder Chirac
00:36:15 comme étant...
00:36:17 - C'est dans cette fameuse querelle là,
00:36:19 vous arbitrez en faveur de Chirac ou vous vous en fichez ?
00:36:21 Vous votez pour qui en 1995 ?
00:36:23 - Honnêtement,
00:36:25 ça serait aujourd'hui.
00:36:27 J'aurais plutôt été pour Chirac.
00:36:29 Mais honnêtement, moi j'étais plutôt du côté
00:36:31 de mon ministre parce qu'il se trouve que j'ai un longuet.
00:36:33 - Alors vous avez fini par faire sa connaissance.
00:36:35 - Oui, au bout de trois semaines.
00:36:37 - C'est drôle. Je croyais que c'était des rapports
00:36:39 d'homme à homme.
00:36:41 - Non mais après j'avais un poste qui était
00:36:43 quand même éminent puisque je m'occupais
00:36:45 de tout le commerce extérieur bilatéral.
00:36:48 Pas le multilatéral.
00:36:50 J'avais une collègue qui est décédée,
00:36:52 qui s'appelait Laurent Dubois-Destrizet,
00:36:54 qui elle était la grande spécialiste
00:36:56 de tout ce qui était le commerce extérieur bilatéral
00:36:58 avec notamment le grand dossier
00:37:00 qui était la création d'Organisation mondiale du commerce.
00:37:02 Où j'ai réussi à faire
00:37:04 un longuet, où Gérard Longuet,
00:37:06 qui avait fini par m'attacher,
00:37:08 avait demandé de l'accompagner, mais c'était pas moi
00:37:10 qui était le leader sur ce dossier.
00:37:12 Et donc je suis allé au 15 avril 2014
00:37:14 à Marrakech pour voir, c'est un événement
00:37:16 très important dans l'histoire du monde contemporain,
00:37:18 la création de l'OMC.
00:37:20 Mais moi j'avais tout le commerce extérieur bilatéral.
00:37:22 - On a beaucoup dit
00:37:24 que c'était pas l'Organisation mondiale du commerce
00:37:26 mais l'organisation commerciale du monde.
00:37:29 - Organisation mondiale et non plus internationale.
00:37:33 Et ça c'est très très important.
00:37:35 Parce que le mondial veut dire que c'est au-dessus des nations.
00:37:37 Ça change absolument.
00:37:39 Et moi j'ai vu ça, mais c'était tout à fait pas sûr.
00:37:41 Mets-moi mon portefeuille.
00:37:43 - C'était une organisation qui supposait que tout
00:37:45 dépendait de la concurrence,
00:37:47 c'est-à-dire que toute politique,
00:37:49 y compris les services publics
00:37:51 ou politiques culturelles,
00:37:53 soit soumise à la règle du commerce.
00:37:57 - Oui, c'est la marchandisation du monde.
00:37:59 - C'est la marchandisation du monde.
00:38:01 - Absolument. Et ça c'est vraiment la fin du RSS.
00:38:03 - On avait réussi, nous, à sauver l'exception culturelle.
00:38:05 - Oui.
00:38:07 - Mais c'était devenu un peu théorique.
00:38:09 Hélas.
00:38:11 - Et puis bon, pourquoi se battre pour l'exception culturelle ?
00:38:13 Parce qu'il y a des lobbies culturelles en France.
00:38:15 Mais je vois pas pourquoi on défendrait particulièrement...
00:38:17 C'est très bien de défendre la création culturelle.
00:38:21 - Mais il faut tout défendre.
00:38:23 - Mais pourquoi pas défendre les agriculteurs français ?
00:38:25 - Mais alors vous étiez à Marrakech donc ?
00:38:27 - Oui, je suis allé le 15 avril 2014.
00:38:29 - Et vous avez déjà fait à votre honneur. Mais que faire d'autre ?
00:38:31 - Bah, c'est pas à mon honneur.
00:38:33 D'une part, j'étais pas le décideur.
00:38:35 Deuxièmement, j'avais pas du tout trempé dans les dossiers.
00:38:37 J'étais un peu un observateur.
00:38:39 Jean-Marc Gaire m'avait emmené...
00:38:41 J'ai eu, en fait, avec tous les ministres que j'ai servi,
00:38:45 ça s'est toujours très bien passé.
00:38:49 Parce que j'étais...
00:38:51 J'ai toujours eu le syndrome du bon élève.
00:38:53 C'est-à-dire que je faisais...
00:38:55 Lorsque j'ai été candidat à l'inspection...
00:38:57 Lorsque j'ai été candidat à la présidence de la République,
00:39:01 en 2017,
00:39:03 avec le programme qui est le mien,
00:39:05 à sortir de l'Union européenne,
00:39:07 il y a des journées, ils sont allés interviewer Gérard Longuet.
00:39:11 Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:39:13 Je l'ai revu quelquefois.
00:39:15 Mais bon, voilà...
00:39:17 - Il a l'esprit national.
00:39:19 - Mais il était certainement très embêté.
00:39:21 Parce que j'avais été...
00:39:23 - Mais il les approuvait pas tout à fait.
00:39:25 - C'est quand même un grand européen.
00:39:27 Il était au Parti républicain.
00:39:29 Non, non, mais en aucun cas,
00:39:31 il ne pouvait dire qu'il était favorable
00:39:33 à la sortie de l'Union européenne et de l'euro.
00:39:35 Pas plus Hervé de Charette,
00:39:37 auprès duquel j'ai travaillé quelque temps après.
00:39:39 Donc il était certainement très embêté.
00:39:41 Mais je pense...
00:39:43 C'est quand même quelqu'un de droit.
00:39:45 Puis j'ai eu vraiment des contacts de confiance avec lui,
00:39:49 y compris des contacts vraiment...
00:39:51 C'était vraiment...
00:39:53 J'ai aimé travailler auprès de lui.
00:39:55 - Je crois que c'est une grande intelligence.
00:39:57 - Oui, il est très intelligent.
00:39:59 Et donc, je dis ça parce qu'il a été interviewé par des journalistes.
00:40:03 Il était certainement très embêté de savoir ce qu'il pouvait dire de moi.
00:40:06 - Et qu'a-t-il dit ?
00:40:08 - Il a dit que c'était quelqu'un qui me faisait des dossiers
00:40:12 d'une méticulosité extraordinaire.
00:40:14 - Ah oui, méticuleux, le mot vous va.
00:40:16 - C'est qui était...
00:40:18 - Le mot vous va très bien, méticuleux.
00:40:21 - Oui, voilà. Et donc il aimait beaucoup ça.
00:40:23 Et donc du coup, je suis allé avec lui.
00:40:25 J'ai voyagé.
00:40:27 On a accompagné Baladur en Arabie saoudite.
00:40:29 - Alors ?
00:40:31 - On a accompagné Mitterrand en Corée et au Kazakhstan.
00:40:34 On est allé en Malaisie, à Singapour.
00:40:37 On est allé dans plein d'endroits.
00:40:39 Mais il était très surchargé,
00:40:41 parce qu'il était ministre de l'Industrie,
00:40:43 des Postes et Communications,
00:40:45 qui était en voie de prélatération commerce extérieur.
00:40:47 Il était par ailleurs
00:40:49 président du Conseil général de la Meuse
00:40:53 et président du Parti républicain.
00:40:56 Et il avait acquis un poids politique
00:40:58 auprès de Baladur très important,
00:41:00 de telle sorte que, je me rappelle,
00:41:02 il y a eu une couverture de L'Express.
00:41:04 C'était Longuet, Montant-Puissance.
00:41:06 Et ce que l'on se racontait, nous,
00:41:08 dans les années... Début 94...
00:41:10 - C'est qu'il serait le premier ministre de Baladur.
00:41:12 - Voilà. Baladur serait élu président.
00:41:14 - Il se passe quelque chose d'entièrement différent.
00:41:16 - Alors quand on était au cabinet
00:41:18 de Gérard Longuet, début 94...
00:41:20 - C'était quelque chose.
00:41:22 - Quand il y avait une inter à Matignon,
00:41:24 on était un petit peu les rois du coup.
00:41:26 - François Asselineau, très méticuleux,
00:41:28 comme vous l'êtes. Vous racontez votre vie
00:41:30 avec beaucoup de précision.
00:41:32 - Parce que sinon, c'est faux.
00:41:34 - Le seul problème, cher François,
00:41:36 c'est que vous avez 35 ans
00:41:38 et il reste encore 30 ans à raconter,
00:41:40 c'est-à-dire 3-4 heures,
00:41:42 et nous n'avons plus que 20 minutes.
00:41:44 Alors qu'est-ce que nous faisons ?
00:41:46 - Pour commencer, je ne vous ai pas proposé de verre.
00:41:48 - Oui, peut-être pas devant les caméras.
00:41:50 - Pourquoi pas ? Ça se fait pas ?
00:41:52 - Ça serait...
00:41:54 - Il ne faut pas ? Ah bon ?
00:41:56 - Le coup de la loi Evin, ou je ne sais pas quoi.
00:41:58 - Je ne crois pas. La loi Evin, c'est pour la fumette.
00:42:00 Vous ne voulez pas prendre un petit verre ?
00:42:02 Parce que moi, je tousse, il faut que je prenne quelque chose.
00:42:04 Alors je ne vais pas boire en douce.
00:42:06 - Qu'est-ce que vous avez servi ?
00:42:08 - Une suse, un whisky. Qu'est-ce que vous avez boit, en fait ?
00:42:10 Un Porto, un Pino, un Rome.
00:42:12 - Un Pino, ça ne sera pas trop...
00:42:14 - Un Pino, ça va ?
00:42:16 - Ça ne sera pas trop pelle que j'en suis.
00:42:18 - C'est blanc-bleu, voilà. Très bien.
00:42:20 Alors, nous arrivons à cette période, enfin,
00:42:22 je pensais y arriver plus tôt,
00:42:24 où vous êtes dans un cabinet ministériel
00:42:26 encore très important,
00:42:28 celui d'Hervé de Charette.
00:42:30 Chirac gagne les élections.
00:42:32 Hervé de Charette est ministre des Affaires étrangères.
00:42:34 Et vous êtes chargé, là, cette fois,
00:42:36 de l'Asie et du Pacifique, c'est ça ?
00:42:38 - Je vais auprès d'Hervé de Charette.
00:42:40 - Toujours ?
00:42:42 - Alors, il y a eu une petite chose coca.
00:42:44 Je vous raconte des secrets d'alcool.
00:42:46 - Ah, ben, il est temps.
00:42:48 C'est pour ça que je vous fais boire, d'ailleurs.
00:42:50 - Oui, c'est ça. C'est ce que je ne devrais pas dire.
00:42:52 - J'ai bien compris.
00:42:54 - Parce que je mets en cause parfait des gens
00:42:56 qui sont toujours vivants et qui peuvent vérifier ce que je dis.
00:42:58 Donc, par exemple, quand je suis allé...
00:43:00 Entre-temps, j'avais eu un petit interlude,
00:43:02 parce que j'avais été, quand effectivement,
00:43:04 Chirac est élu président,
00:43:06 moi, j'avais donc la réputation
00:43:08 d'être un inspecteur des finances compétent.
00:43:10 Et on me propose d'être le directeur de cabinet
00:43:12 de Mme de Panafieu, ministre du tourisme.
00:43:14 - Que vous refusez ?
00:43:16 - Que j'accepte.
00:43:18 Et donc, j'ai été directeur de cabinet
00:43:20 de Mme de Panafieu pendant 5 mois et 23 jours,
00:43:22 puisqu'elle était ministre du tourisme.
00:43:24 Et puis, c'était Jean-Pierre Denis,
00:43:26 qui était secrétaire général adjoint de l'Élysée,
00:43:28 qui me téléphone. Il me dit
00:43:30 « François, ça serait bien que tu diriges
00:43:32 le cabinet de Mme de Panafieu. »
00:43:34 Donc, j'y vais. Le tourisme, c'était intéressant.
00:43:36 Mais ça a duré brièvement,
00:43:38 parce que Mme de Panafieu s'est fait, en fait...
00:43:40 - Ah oui, elle a fait partie, au bout de 6 mois...
00:43:42 - Elle a fait partie de toutes les jupettes.
00:43:44 Il y a eu 7 ou 8 femmes qui ont été virées
00:43:46 par un jupet. - Plus Jean de Boillieu.
00:43:48 - Voilà.
00:43:50 - Qui n'était pas une femme et qui a été aussi effémère.
00:43:52 - Voilà. Donc, je le plie
00:43:54 par souci de précision.
00:43:56 Et ensuite,
00:43:58 donc Mme de Panafieu
00:44:00 est reçue par Jacques Chirac,
00:44:02 qui lui dit « Qu'est-ce que tu veux, François ? »
00:44:04 C'est elle qui me l'a raconté. Et elle a dit
00:44:06 qu'elle voulait être ambassadeur le plus près possible
00:44:08 de chez moi. Donc elle a été nommée à l'UNESCO.
00:44:10 Elle habitait dans le 16e Sud.
00:44:12 Donc il suffit de traverser
00:44:14 la Seine pour être ambassadeur
00:44:16 à l'UNESCO, place de Fontenoy.
00:44:18 Elle a eu la gentillesse de demander
00:44:20 que Congrocas sonde Irkav.
00:44:22 C'est-à-dire moi.
00:44:24 Et donc je connaissais un peu Dominique de Villepin,
00:44:26 que j'avais connu quand j'étais au cabinet
00:44:28 d'Hervé de Gérard Longuet,
00:44:30 puisqu'il était le directeur de cabinet
00:44:32 d'Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères
00:44:34 à l'époque. — Et qui est devenu secrétaire général de l'Élysée.
00:44:36 — Secrétaire général de l'Élysée.
00:44:38 Et donc c'est Dominique de Villepin
00:44:40 qui a suggéré que j'aille
00:44:42 au cabinet d'Hervé de Charrette.
00:44:44 — Vous ne le connaissiez pas, Charrette.
00:44:46 — Non, Hervé de Charrette, je ne le connaissais pas.
00:44:48 Et donc je suis allé voir Hervé de Charrette.
00:44:50 Alors c'était pour la petite histoire. C'était à la fin 1995.
00:44:52 Il y avait 1 500 000 manifestants dans les rues.
00:44:56 Et donc Juppé avait dit que...
00:44:58 — Les trains en grève. — Oui, oui. Parce que c'était
00:45:00 le plan Juppé. C'était déjà les grands trains
00:45:02 de Maastricht. Et donc il y avait Juppé qui avait dit
00:45:06 que s'il y avait 2 millions de personnes dans les rues,
00:45:08 il démissionnait. Il y a eu 2 millions. Il n'a pas démissionné.
00:45:10 Et donc c'était dans ce...
00:45:12 Il faut quand même comprendre que ça fait des décennies
00:45:16 que la France est dans une situation
00:45:18 quand même de jacquerie permanente.
00:45:20 C'est un pays qui a quand même une espèce de...
00:45:24 — C'est en croissance, j'ai l'impression.
00:45:26 — Ça se développe. Mais il y a quand même
00:45:28 un vrai malaise dans ces CCD français.
00:45:30 Et donc je vais voir Hervé Le Charette,
00:45:32 donc fin 1995...
00:45:34 — Ça a commencé avec Maastricht, ce malaise.
00:45:36 — Oui. Et puis la politique du franc fort...
00:45:40 — Parce que dans les années 70 et 80,
00:45:42 ce malaise était quand même pas tout à fait voyant.
00:45:46 Enfin, il existait.
00:45:48 — Il y a eu la crise depuis 1793.
00:45:50 La guerre de Quipour, on peut dire que c'était...
00:45:52 — Oui, c'était autre chose. La France était en pleine expansion.
00:45:54 C'est les années 90 où on commence à chuter.
00:45:56 Il faut dire que c'était passé beaucoup de choses
00:45:58 qui ont traumatisé les Français.
00:46:00 — Les années 70 et 79 ont quand même cassé le truc.
00:46:02 Enfin bref, je vais voir Charette.
00:46:04 Il était comme tous les ministres.
00:46:06 C'est-à-dire qu'il voulait...
00:46:08 Pour eux, ça faisait partie de...
00:46:10 — Un inspecteur des finances.
00:46:12 — Un inspecteur des finances. C'est chic, quoi, d'avoir dans son cabinet.
00:46:14 Il y en a tellement peu.
00:46:16 — Et là, encore, je ne vais pas vous demander ce que vous pensez.
00:46:18 — J'étais précédé d'une très bonne réputation.
00:46:20 Et donc je suis avec Charette.
00:46:22 — Et alors, il me propose...
00:46:24 Il avait su comment me prendre.
00:46:26 Il me propose d'être à son cabinet
00:46:28 responsable de l'Asie,
00:46:30 de l'Océanie,
00:46:32 de l'Amérique latine
00:46:34 et des questions économiques.
00:46:36 C'est un portefeuille extraordinaire.
00:46:38 Et il y avait d'autres choses.
00:46:40 Je n'avais pas des questions sur l'Afrique.
00:46:42 Je n'avais pas le Moyen-Orient.
00:46:44 Je n'avais pas l'OTAN.
00:46:46 Je n'avais pas...
00:46:48 — Et vous aviez sous votre coup plusieurs directeurs du Quai d'Orsay.
00:46:50 — Oui, il y en avait.
00:46:52 Il y en avait au moins trois.
00:46:54 Donc il me propose un truc formidable.
00:46:56 Mais je me suis dit...
00:46:58 Entre-temps, je m'étais dit, finalement,
00:47:00 « Bon, il faut dire les choses.
00:47:02 Il faut être soi-même, etc. »
00:47:04 Donc je me rappelle très bien.
00:47:06 Il était derrière son bureau.
00:47:08 Il y avait un parafeur.
00:47:10 C'est un type remarquablement intelligent,
00:47:12 Hervé Charette.
00:47:14 Et donc il signait...
00:47:16 Il avait un paragraphe.
00:47:18 Il disait « Je suis un homme qui a une vie
00:47:20 qui est très importante. »
00:47:22 Il signait comme ça.
00:47:24 Et puis j'étais devant lui.
00:47:26 Le bureau du ministre des Affaires étrangères
00:47:28 est le plus beau bureau de la République.
00:47:30 — Le Tessuise-Vergène.
00:47:32 — Oui. Non seulement le bureau même,
00:47:34 mais la pièce.
00:47:36 C'est beaucoup plus grand que le bureau
00:47:38 du président de la République.
00:47:40 C'est un truc extraordinaire.
00:47:42 — Il y a le bureau du président
00:47:44 de l'Assemblée nationale à côté,
00:47:46 qui est pas mal, donc,
00:47:48 devant Hervé de Charette,
00:47:50 qui me propose un poste.
00:47:52 J'en mourrais d'envie, en fait.
00:47:54 J'en mourrais d'envie.
00:47:56 — Alors ?
00:47:58 — Oui. M'occuper au cabinet du ministre des Affaires étrangères.
00:48:00 Je revenais finalement...
00:48:02 — De la moitié de la Terre.
00:48:04 — J'étais... Voilà.
00:48:06 « The empire on which the sun never sets »,
00:48:08 comme on disait.
00:48:10 « L'empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ».
00:48:12 — En français, vous pouvez le dire aussi.
00:48:14 — Mais c'était la formule, vous savez,
00:48:16 « J'allais découvrir le quai d'Orsay de l'intérieur,
00:48:18 mais depuis le cabinet du ministre,
00:48:20 j'en mourrais d'envie. Mais,
00:48:22 comme je suis quelqu'un de
00:48:24 froid, de net, etc.,
00:48:26 puis j'ai pas envie de...
00:48:28 J'avais quand même mûri entre-temps.
00:48:30 Donc il me propose ça.
00:48:32 Et je lui dis « Écoutez, M. le ministre,
00:48:34 je vous remercie infiniment d'un grand honneur
00:48:36 que vous me faites de me proposer
00:48:38 un poste de cette nature.
00:48:40 Mais il y a un problème.
00:48:42 Alors, il était derrière son...
00:48:44 Il avait des paraffins dans lesquels il allait.
00:48:46 Puis il avait des lunettes un peu comme ça.
00:48:48 Il était comme ça.
00:48:54 Et je lui dis « Il y a un problème. »
00:48:56 Il me regarde au-dessus de ses lunettes.
00:48:58 Il s'arrête. Il me dit « Quel problème ? »
00:49:00 Je lui dis « Le problème, c'est que
00:49:04 je suis contre la construction européenne. »
00:49:06 — Ah, cette fois, vous crachez le morceau.
00:49:08 Bon.
00:49:10 — Je lui dis « Je suis contre la construction européenne.
00:49:12 Je considère que c'est une erreur historique. »
00:49:14 — Là, nous sommes en 1996.
00:49:18 — En 1995.
00:49:20 En décembre 1995.
00:49:22 — 595.
00:49:24 — Décembre 1995. Les 6 mois, au bout de 6 mois.
00:49:26 Je considère que c'est une erreur historique
00:49:28 et que
00:49:30 ça se terminera très mal.
00:49:34 C'est quand même honnête.
00:49:36 — Chique.
00:49:38 — Honnête et courageuse, ma part.
00:49:40 — Il me regarde comme ça.
00:49:42 Il me dit « Et alors ? »
00:49:48 — Ah !
00:49:50 Je ne vois pas où est le problème.
00:49:54 Alors je dis
00:49:58 « Bah écoutez, quand même,
00:50:00 c'est quand même un peu embêtant
00:50:04 compte tenu des fonctions
00:50:06 que j'aurais auprès de vous. »
00:50:08 — Parce qu'il pense que vous allez la fermer, quoi, en fait.
00:50:10 Pour que ça ne change rien.
00:50:12 — Il me dit « Mais monsieur,
00:50:14 est-ce que je vous confie les dossiers
00:50:16 concernant l'Europe ? »
00:50:18 Je dis « Non. »
00:50:20 Il me dit « Donc,
00:50:22 il n'y a aucun problème ? »
00:50:24 Alors là, je lui dis
00:50:26 « Alors écoutez, monsieur, je rigolais quand même.
00:50:28 Il est très drôle, il pince sans rire.
00:50:30 C'est vraiment... »
00:50:32 — Je ne sais pas si c'est à son honneur, cette histoire,
00:50:34 parce que tout de même, il y a une petite frivolité, là, derrière.
00:50:36 C'est bien pour tout.
00:50:38 — Oui, mais quand même.
00:50:40 Et donc j'ai dit « Ecoutez, si vous le prenez comme ça, très bien.
00:50:42 Alors moi, je vous dis d'accord.
00:50:44 Mais au moins, je vous aurais prévenu.
00:50:46 Je ne dirai rien en public,
00:50:48 mais au moins, je vous aurais prévenu.
00:50:50 Et donc c'est sur cette base-là,
00:50:52 entre lui et moi,
00:50:54 que moi, je deviens...
00:50:56 Donc effectivement, je n'avais pas à m'occuper
00:50:58 des questions européennes.
00:51:00 Et je me suis occupé...
00:51:02 Vraiment, honnêtement, c'est sans doute
00:51:04 un voyage...
00:51:06 — Et vous avez des enfants. Il faut s'occuper de votre famille, de vos enfants.
00:51:08 — Oui, oui, oui. J'avais une petite fille qui venait de naître.
00:51:10 C'est vrai. Mais...
00:51:12 — Eh bien alors...
00:51:14 — Oui, mais si vous voulez, c'était à la rue du Sud.
00:51:16 — Et vous ne vous voyez pas souvent.
00:51:18 — Déjeuner avec Nelson Mandela.
00:51:20 Accompagner... Voir tous les grands de ce monde.
00:51:22 Dîner avec l'empereur du Japon.
00:51:24 Discuter le bouquin.
00:51:26 — Dîner avec l'empereur du Japon ?
00:51:28 — Oui, quand il était venu à Paris. Oui, absolument.
00:51:30 Également, des entretiens au plus haut niveau
00:51:32 avec Chiang Shih-min, le président chinois.
00:51:34 — Chiang Nan-hah, oui.
00:51:36 — C'est-à-dire la Cité interdite.
00:51:38 La partie de la Cité interdite réservée aux dirigeants.
00:51:40 Mais aussi le Dr Mohamed Mahathir,
00:51:42 qui est toujours vivant, qui a 95 ans,
00:51:44 Premier ministre de Malaisie.
00:51:46 Lee Kuan Yew, le père fondateur de...
00:51:48 J'ai vu vraiment des choses extraordinaires.
00:51:50 — C'est à ce moment-là que vous rencontrez le pape ?
00:51:52 — Non. Oui, c'est à ce moment-là
00:51:54 que je rencontre le pape.
00:51:56 — Il faudra vous montrer les photos de votre rencontre avec Jean-Paul II.
00:51:58 — Oui. Je savais que ça vous plairait.
00:52:00 — Écoutez, c'est bien gentil. Vous vous connaissez bien.
00:52:02 — Il n'y avait pas de portable, à l'époque.
00:52:04 Ce qui fait que tous les grands de ce monde
00:52:06 que j'ai rencontré,
00:52:08 il n'y a quasiment pas de photo.
00:52:10 Mais là, quand je suis allé...
00:52:12 — C'est dommage. Avec le Premier ministre chinois,
00:52:14 ça aurait été croquis.
00:52:16 — Président chinois. Mais j'ai retrouvé quand même
00:52:18 dans une vague de trucs...
00:52:20 J'avais vu sur Internet, on voyait en tout petit...
00:52:22 C'était avec Chiang Zemin, Li Peng, le Premier ministre.
00:52:24 — Il fallait le président du parti, quoi.
00:52:26 — En 1996,
00:52:28 en mai 1996,
00:52:30 il y a
00:52:32 un français,
00:52:34 Jean-Gabriel Perbois,
00:52:36 qui est un prêtre mariste
00:52:38 ou de la congrégation de Picpus,
00:52:40 ou je sais pas quoi,
00:52:42 qui est martyrisé en Chine en 1860.
00:52:44 Bon.
00:52:46 Et en 1996,
00:52:48 il monte sur les hôtels de la Sainte Église,
00:52:50 comme on dit, il est canonisé à Rome,
00:52:52 avec un Italien
00:52:54 et un Espagnol.
00:52:56 Il y a trois canonisations
00:52:58 le même jour. Et la tradition
00:53:00 veut que la France,
00:53:02 fille aînée de l'Église,
00:53:04 même si la République française est laïque,
00:53:06 la tradition veut que lorsqu'un français
00:53:08 devienne un saint de l'Église catholique,
00:53:10 la France se fait représenter
00:53:12 par un membre du gouvernement.
00:53:14 Voilà. Alors Chirac
00:53:16 et Bernadette,
00:53:18 dès que Chirac avait été élu à l'Élysée...
00:53:20 — Il fallait aller à Rome.
00:53:22 — Très rapidement, il avait voulu à Rome
00:53:24 pour aller rencontrer le Saint-Père.
00:53:26 — Bernadette l'avait voulu aussi.
00:53:28 — Oui, je crois. Donc il y avait eu une visite d'État au Vatican.
00:53:30 La visite d'État à laquelle
00:53:32 René Chirac avait participé.
00:53:34 Mais 6 mois après,
00:53:36 ou un an après... — Vous n'avez pas recommencé.
00:53:38 — Voilà. Il y avait... Là, il fallait
00:53:40 qu'il y ait un ministre qui aille.
00:53:42 Donc ni...
00:53:44 ni...
00:53:46 Comment dirais-je ? Ni Chirac, ni Juppé,
00:53:48 pas le ministre, ne voulaient y aller.
00:53:50 Chirac avait déjà fait le voyage du Vatican.
00:53:52 Il n'avait pas envie de recommencer.
00:53:54 Et donc on est allé... — Charles Millon était ambassadeur, je crois.
00:53:56 — Et donc on est allé.
00:53:58 J'ai accompagné Jacques Godefroy
00:54:00 à cette canonisation.
00:54:02 — Alors montrez-nous.
00:54:04 — Bon, c'est un peu un souvenir.
00:54:06 — Ah bah c'est assez touchant.
00:54:08 — C'est un beau souvenir,
00:54:10 parce que ça m'a quand même permis
00:54:12 d'abord de connaître la... Voilà.
00:54:14 Alors bon, d'une photo, j'ai quand même...
00:54:16 J'ai quand même 27 ans de moins.
00:54:18 — Ah oui. Il nous reste encore 27 ans.
00:54:20 — Est-ce qu'on la voit bien, la caméra ?
00:54:22 Je sais pas laquelle l'a montrée.
00:54:24 Cette photo touchante de François Asselineau.
00:54:26 — On le voit avec Jean-Paul II.
00:54:28 Et puis derrière, il y a le directeur d'Europe du Quai d'Orsay
00:54:30 de l'époque. Alors je suis, comme on dit,
00:54:32 en habillé décoration. C'est-à-dire il faut être en habit,
00:54:34 en queue de pie, etc.
00:54:36 Et...
00:54:38 Il nous a reçus
00:54:40 à l'intérieur de Saint-Pierre-de-Rome,
00:54:42 dans la chapelle où il y a la Pietà de
00:54:44 Michel-Ange, c'est-à-dire tout à fait à droite.
00:54:46 Jean-Paul II, on est en 96.
00:54:48 Donc c'est quand même...
00:54:50 — Pas de conversation avec lui.
00:54:52 — Non. Enfin, très Saint-Pierre, deux ou trois choses.
00:54:54 Vraiment, ça reste tout à fait conventionnel.
00:54:56 Enfin, il nous avait reçus individuellement.
00:54:58 La délégation française,
00:55:00 comme il avait reçu la délégation espagnole,
00:55:02 la délégation italienne, mais en tout petit nombre.
00:55:04 Et on voyait qu'il était déjà
00:55:06 marqué par les atteintes de l'âge
00:55:08 et les débuts de l'attentat, bien sûr.
00:55:10 — Et de l'attentat.
00:55:12 — Le troisième secret de Fatima.
00:55:14 Mais ça, je vous en raconterai ça une autre fois.
00:55:16 — Ah, je veux bien.
00:55:18 — Ah oui ? On fait une émission spéciale.
00:55:20 — Mais qu'est-ce que vous voulez dire ?
00:55:22 Vous voulez une troisième émission, François Asselineau.
00:55:24 — Je reviens à l'origine de nos conversations.
00:55:26 J'étais allé avec ma femme.
00:55:28 — Vous allez avoir un privilège.
00:55:30 — J'étais allé avec ma femme.
00:55:32 Et je me permets d'insister sur le fait
00:55:34 qu'il y avait la mentie de fonction.
00:55:36 C'est-à-dire que toutes les femmes
00:55:38 à l'époque devaient porter un voile.
00:55:40 Je dis ça parce que bien des années plus tard,
00:55:42 je suis allé dans un autre cadre,
00:55:44 dans le cadre de l'UPR.
00:55:46 Je suis allé au Liban.
00:55:48 J'avais demandé d'être reçu.
00:55:50 J'ai été reçu par le grand moufti du Liban,
00:55:54 des musulmans sunnites.
00:55:56 Parce qu'il y a, comme vous le savez,
00:55:58 énormément de confessions au Liban.
00:56:02 Et étant reçu par le grand moufti,
00:56:04 eh bien il faut effectivement...
00:56:06 Les femmes doivent porter un voile.
00:56:08 Alors je dis ça parce que...
00:56:10 C'était rigolo parce que
00:56:12 Mme Le Pen était allée au Liban
00:56:14 quelques mois avant.
00:56:16 Et lorsqu'elle avait été introduite
00:56:18 devant le grand moufti,
00:56:20 elle avait refusé de mettre le voile.
00:56:22 Donc la rencontre ne s'était pas faite.
00:56:24 Et le grand moufti du Liban m'avait raconté
00:56:26 en plaisantant ça.
00:56:28 Et je me disais quand même que c'était assez drôle
00:56:30 parce que Mme Le Pen allant voir
00:56:32 le grand moufti des sunnites au Liban
00:56:34 en refusant de mettre
00:56:36 une espèce de voile,
00:56:38 mais si elle avait été reçue par le pape,
00:56:40 elle l'aurait fait.
00:56:42 - C'était sa religion, elle en acceptait les codes.
00:56:44 - Oui mais on accepte les codes,
00:56:46 on ne les accepte pas.
00:56:48 - Alors, puisque nous sommes là,
00:56:50 petite parenthèse, peut-être grande parenthèse,
00:56:52 François Asselineau,
00:56:54 Jean-Paul II,
00:56:56 ça compte ? C'est un personnage
00:56:58 qui a compté pour vous ? Non seulement parce que vous l'avez rencontré,
00:57:00 mais dans l'histoire de l'Église,
00:57:02 si vous vous y intéressez,
00:57:04 dans le rôle du Vatican, dans la politique mondiale,
00:57:06 est-ce qu'il s'est dit
00:57:08 remarquant ? Qu'est-ce qui vous inspire
00:57:10 Jean-Paul II ?
00:57:12 - Alors, déjà, je l'ai vu,
00:57:14 je l'ai vu,
00:57:16 quand on rencontre quelqu'un,
00:57:18 même si ça dure 5 minutes,
00:57:20 - ça marque.
00:57:22 - Ça marque. Par exemple, il y a des gens qui m'ont marqué.
00:57:24 J'ai été très marqué.
00:57:26 J'ai tellement d'anecdotes à raconter.
00:57:28 Par exemple, par le roi Sianouk,
00:57:30 j'ai revu, c'est incroyable.
00:57:32 - On peut faire une visite de conversation.
00:57:34 - Oui, un type incroyable. J'avais été marqué par Chang Semi,
00:57:36 disons chinois. - Sianouk, incroyable.
00:57:38 - Ah oui, incroyable. Alors là, je vous assure,
00:57:40 je vous rencontrais ça une autre fois, avec le roi Sianouk,
00:57:42 quand j'étais allé avec Charette,
00:57:44 qui nous avait reçus ensuite à plein bain.
00:57:46 C'est bien plus tard que l'épisode que je vous racontais,
00:57:48 j'étais chef du bureau. J'y suis retourné.
00:57:50 C'était incroyable. Sianouk, c'est un personnage
00:57:52 inoubliable. - Que vous avez rencontré aussi, mais c'est incroyable.
00:57:54 - Oui, oui, oui. - Vous avez rencontré tout le monde.
00:57:56 - Pas tout le monde, mais j'ai rencontré beaucoup de gens.
00:57:58 Nelson Mandela.
00:58:00 - On dirait que vous êtes fait pour être président de la République française.
00:58:02 C'est pas possible. Vous connaissez des gens tout le monde.
00:58:04 - Je l'ai dit. - Vous êtes président de la République.
00:58:06 - Oui, mais je l'ai dit.
00:58:08 En 2017, parmi tous les candidats,
00:58:10 à part Fillon,
00:58:12 j'étais celui qui avait
00:58:14 le plus de compétences pour devenir chef d'État.
00:58:16 - Ah oui. - Fillon avait plus de compétences.
00:58:18 Il avait été Premier ministre, donc il en connaissait plus que moi,
00:58:20 dans les relations internationales.
00:58:22 Encore qu'il avait peut-être fait moins
00:58:24 de voyages internationaux que moi.
00:58:26 Mais non, non, j'ai vraiment connu
00:58:28 beaucoup de gens. - Vous étiez là aussi.
00:58:30 - Il y a des gens qui m'ont fait toute petite impression.
00:58:32 - Qui ?
00:58:34 - Pfff...
00:58:36 - Allez, allez, allez, allez.
00:58:38 - Des dirigeants... - Un petit verre d'épinot, si vous voulez.
00:58:40 (Rires)
00:58:42 - Des dirigeants européens.
00:58:44 - Ah, voilà. - C'était pas...
00:58:46 - Allez, allez, allez.
00:58:48 - Bon, un petit Aston Stoltenberg, par exemple.
00:58:50 - Oh.
00:58:52 - Il est actuellement secrétaire général de l'OTAN.
00:58:54 - C'est l'OTAN, ça. - Mais moi, dans le début,
00:58:56 c'était quand j'étais chez...
00:58:58 - Il avait été remplacé, il avait été remplacé,
00:59:00 les derniers mois, par José Rossi.
00:59:02 On était allés à Oslo.
00:59:04 Stoltenberg, c'est le patricien,
00:59:06 c'est-à-dire fils d'ambassadeur,
00:59:08 une grande famille riche de Norvège.
00:59:10 Il était là à se lamenter que les Norvégiens,
00:59:12 pour la deuxième fois consécutive,
00:59:14 avaient refusé d'entrer dans l'UE.
00:59:16 Et mon ministre, José Rossi,
00:59:18 qui avait les éléments de langage, comme on dit,
00:59:20 du Kedorsé, en disant « Oui, oui, on vous soutient,
00:59:22 il faut absolument que les Norvèges
00:59:24 rentrent dans l'UE », enfin...
00:59:26 - Il y a des grands et il y a des petits, François Asselineau.
00:59:28 - Oui, oui, il y a des gens qui sont vraiment pas terribles.
00:59:30 Il y a des gens qui sont un peu...
00:59:32 un peu minus, quoi.
00:59:34 Carlos Menem, en Argentine,
00:59:36 m'avait pas fait un très...
00:59:38 pas fait une très, très forte impression.
00:59:40 - Danseur de tango.
00:59:42 - Il y a des gens aussi très rigolos.
00:59:44 Quand j'étais au cabinet de la dernière végénée de Charette,
00:59:46 à un moment... Bon, il faut savoir aussi
00:59:48 qu'il y a une espèce d'honneur,
00:59:50 c'est-à-dire que
00:59:52 les États-Unis d'Amérique...
00:59:54 - Eh oui.
00:59:56 - L'ambassadeur des États-Unis ne s'adresse
00:59:58 qu'au président de la République, au premier ministre.
01:00:00 Et éventuellement, qu'on descend
01:00:02 à parler à un ministre. - L'affaire étrangère.
01:00:04 - Donc, lorsqu'une fois,
01:00:06 c'était Mme Pamela Harimane,
01:00:08 qui était, quand j'étais du temps de
01:00:10 José Rossi, donc au ministre de l'Industrie,
01:00:12 du Commerce extérieur, et qui, pendant les six derniers mois,
01:00:14 après la démission de Charette,
01:00:16 de Longuère, elle était ministre de l'Industrie,
01:00:18 du Commerce extérieur, Mme Pamela Harimane,
01:00:20 ambassadeur des États-Unis, était venue
01:00:22 à Bercy pour un déjeuner
01:00:24 avec mon ministre
01:00:26 et les membres de son cabinet.
01:00:28 Et cette femme qui avait un peu la tête
01:00:30 de Nancy Reagan, en fait,
01:00:32 vous voyez un peu, blonde, platine américaine,
01:00:34 comme ça, femme du milliardaire
01:00:36 Avril Hariman...
01:00:38 - Ce sont des postes qui s'achètent aux États-Unis.
01:00:40 - Oui, absolument, ce sont les plus grands
01:00:42 de notre terme. - Terrible.
01:00:44 - Elle était arrivée comme si c'était
01:00:46 l'impératrice. - La vice-ministre.
01:00:48 La vice-présidente.
01:00:50 Ce qui me faisait mal,
01:00:52 c'est que je voyais tous les huissiers,
01:00:54 tous les... C'était incroyable.
01:00:56 Je ne citais jamais
01:00:58 que l'ambassadeur des États-Unis.
01:01:00 Mais en revanche, il y a des petits pays...
01:01:02 Ça, c'est mon côté très chinois.
01:01:04 Vous savez que les Chinois, que vous soyez
01:01:06 le royaume du Tonga ou les États-Unis,
01:01:08 ils vous traitent, tout le monde, la même dignité.
01:01:10 - La souveraineté, c'est ça. - C'est ça, la souveraineté.
01:01:12 - Égalité. - Donc moi, je trouve que c'est ça qu'il faudrait faire.
01:01:14 Alors, un jour, c'est une anecdote parmi d'autres...
01:01:16 - La souveraineté est l'art de rendre
01:01:18 égales les puissances inégales. - Et puis les peuples sont tous égaux.
01:01:20 - Voilà. - Voilà.
01:01:22 - C'est ça, la souveraineté, rendre égales les puissances inégales.
01:01:24 - Un jour, il y avait
01:01:26 la présidente
01:01:28 du Sri Lanka qui était de passage à Paris.
01:01:30 Qui s'appelait
01:01:32 Chandrika Bandaranaike Kumaratunga.
01:01:34 - Quelle mémoire.
01:01:36 - Et elle était la fille
01:01:38 de madame...
01:01:40 de...
01:01:42 de Sirimavo Bandaranaike
01:01:44 qui avait été présidente
01:01:46 du Sri Lanka avant.
01:01:48 Et son père avait été
01:01:50 le leader de l'indépendance
01:01:52 du Sri Lanka en 1948.
01:01:54 Donc c'était une héritière, en fait.
01:01:56 Un colosse, cette femme.
01:01:58 1m90,
01:02:00 100 kilos, va voir.
01:02:02 Et alors, elle parlait très très bien français.
01:02:04 Et elle avait fait
01:02:06 des études à la Sorbonne en 1968.
01:02:08 Elle était de passage à Paris.
01:02:12 Elle devait à l'époque avoir 40 et quelques années.
01:02:14 45 ans.
01:02:16 Et Hervé de Charette avait donné son accord
01:02:18 pour la recevoir. Mais comme vous savez,
01:02:20 il y a quand même 190 pays dans le monde.
01:02:22 Donc il faut...
01:02:24 Il y a souvent des pays qui...
01:02:26 Or, le Sri Lanka est considéré...
01:02:28 Moi, c'est un pays que j'aime beaucoup,
01:02:30 que j'ai visité. C'est un pays
01:02:32 avec des habitants qui peuvent être
01:02:34 tout à fait charmants.
01:02:36 Puis c'est une vraie culture.
01:02:38 C'est un des épisodes
01:02:40 célèbres
01:02:42 du Ramayana,
01:02:44 un des deux grands poèmes du monde indien
01:02:46 qui se déroule au Sri Lanka.
01:02:48 Bref. Elle vient.
01:02:50 Et Charette me dit...
01:02:52 — On ne dit plus Célan. C'est dommage.
01:02:54 — Et...
01:02:56 Charette était pris par je sais pas quoi.
01:02:58 Il me téléphone.
01:03:00 Il devait avoir rendez-vous à 17h.
01:03:02 Il me téléphone et me dit « Écoutez,
01:03:04 la Sri Lankaise, je n'ai pas le temps pour le moment.
01:03:06 Faites-lui faire l'antichambre.
01:03:08 J'arrive au plus vite. »
01:03:10 Donc très bien.
01:03:12 Donc je reçois la présidente
01:03:14 qui arrive
01:03:16 avec l'ambassadeur du Sri Lanka à Paris.
01:03:18 L'ambassadeur de France au Sri Lanka,
01:03:20 pour lui, c'était un grand jour,
01:03:22 parce que c'est rare que le chef d'État
01:03:24 Sri Lankais vienne en France.
01:03:26 Et donc pour lui, c'était important.
01:03:28 Et puis il y avait le directeur d'Asie.
01:03:30 Et c'était moi qui représentait.
01:03:32 Donc je les reçois. J'étais pas dans le bureau du ministre.
01:03:34 On faisait l'antichambre.
01:03:36 Et je commence à discuter
01:03:38 avec ce gars, avec cette femme
01:03:40 qui était extrêmement drôle,
01:03:42 non seulement intelligente,
01:03:44 mais très drôle, très très drôle.
01:03:46 Elle avait été étudiante en 68.
01:03:48 Elle parlait très bien le français,
01:03:50 ce qui était
01:03:52 peu inattendu
01:03:54 de la part de la présidente.
01:03:56 Un pays quand même très anglophone,
01:03:58 qui a été sous la coupe des Anglais.
01:04:00 À partir du 19e,
01:04:02 ils ont chassé les Néerlandais.
01:04:04 Les Portugais ont été chassés par les Néerlandais.
01:04:06 Les Anglais ont été chassés par les Néerlandais.
01:04:08 Bref.
01:04:10 Le temps passe.
01:04:12 – Il n'arrive pas. – 5 minutes.
01:04:14 – Le ministre n'arrive pas. – Un quart d'heure.
01:04:16 – Et de quoi parlez-vous ? – Alors je parle de choses et d'autres.
01:04:18 Je commence à parler des dossiers. C'était moi qui connaissais les dossiers.
01:04:20 De toute façon, le ministre ne les avait pas regardés.
01:04:22 Donc je commence.
01:04:24 Et notamment, il y avait des dossiers sur
01:04:26 un dossier lancinant qui était la présence
01:04:28 des Tamoules, qui étaient des
01:04:30 immigrés, qui étaient réfugiés en France,
01:04:32 et qui était un peu la cinquième colonne.
01:04:34 À l'époque, il y avait une guerre civile
01:04:36 dans tout le nord-est du Sri Lanka,
01:04:38 avec ce qu'ils appelaient les Larmes, Tamoules.
01:04:40 Puisqu'il y a donc deux peuplements différents au Sri Lanka.
01:04:42 Il y a les Sri Lankais de Souche,
01:04:44 si j'ose dire,
01:04:46 qui sont bouddhistes. – Ça, c'est François Asselineau.
01:04:48 On va avoir un cours sur le Sri Lanka.
01:04:50 Allez-y, allez-y. – Non mais ils sont bouddhistes.
01:04:52 Et puis les Tamoules,
01:04:54 qui sont venus au XIXe siècle,
01:04:56 notamment. Enfin, il y a eu deux vagues.
01:04:58 Et qui, eux, sont hindous.
01:05:00 Et donc, qui, eux, peuplent, ont été une main d'œuvre,
01:05:02 qui peuplent tout le nord,
01:05:04 depuis Trincomalee
01:05:06 jusqu'à Batticaloa.
01:05:08 Donc tout le nord et l'ouest,
01:05:10 et l'est de l'île.
01:05:12 Et il y a eu une guerre civile terrible,
01:05:14 et les Sri Lankais reprochaient
01:05:16 le fait que,
01:05:18 si vous allez à Paris, du côté de la gare du Nord,
01:05:20 vous savez,
01:05:22 ou de la porte du métro
01:05:24 La Chapelle, vous avez un vrai quartier Tamoule.
01:05:26 – Vous savez, tout ce qui est de l'autre côté de la rivière,
01:05:28 je n'y vais pas. – Moi, j'y vais régulièrement.
01:05:30 – Régulièrement, parce qu'on y trouve,
01:05:32 au moment le bon moment venu,
01:05:34 notamment en ce moment, au mois de juin,
01:05:36 on y trouve des manques venus du Pakistan
01:05:38 qui sont absolument extraordinaires.
01:05:40 Et donc là, vous avez un vrai quartier Tamoule, à Paris.
01:05:42 Et donc, par toutes les officines,
01:05:44 les commerces, etc.,
01:05:46 ils collectaient un impôt révolutionnaire
01:05:48 pour envoyer là-bas.
01:05:50 Sauf que, vu du ministère de l'Intérieur,
01:05:52 la communauté Tamoule ne pose pas de problème
01:05:54 de maintien de l'ordre.
01:05:56 Ils règlent tout ça entre eux.
01:05:58 On a la communauté étrangère en France.
01:06:00 – Nous y viendrons.
01:06:02 – La communauté Tamoule avait...
01:06:04 Mais elle, elle venait pour dire
01:06:06 « ça suffit, on sait qu'ils ont plein d'argent
01:06:08 et qu'ils viennent de chez vous ».
01:06:10 Et le ministère de l'Intérieur nous avait dit
01:06:12 « pas question de bouger, parce qu'ils nous font pas chier,
01:06:14 pour des choses.
01:06:16 Donc nous, on s'en fout de la situation
01:06:18 au Sri Lanka. »
01:06:20 Vous voyez, le calorcé est toujours...
01:06:22 Et moi, j'étais là,
01:06:24 en train de dire « bon, on va faire ce qu'on peut ».
01:06:26 – 25 minutes, 30 minutes.
01:06:28 – Pas de charrette.
01:06:30 – Et je vois un moment quand même l'ambassadeur du Sri Lanka
01:06:32 et puis l'ambassadeur de France qui commencent à trouver
01:06:34 ce scandaleux.
01:06:36 Parce que j'étais... Elle est quand même chef d'État.
01:06:38 Moi, j'étais conseiller auprès du ministre.
01:06:40 Alors 5 minutes, c'est bon.
01:06:42 Mais là, là, c'était...
01:06:44 On a frisé.
01:06:46 On a frisé l'incident diplomatique.
01:06:48 Et finalement, finalement,
01:06:52 au bout de 35-40 minutes,
01:06:54 le charrette est arrivé.
01:06:56 Mais elle allait s'en aller.
01:06:58 – Mais elle l'a bien pris, quand même ?
01:07:00 – Oui, elle l'a bien pris.
01:07:02 Mais elle a eu un entretien
01:07:04 qui était assez drôle, parce que charrette,
01:07:06 elle a présenté toutes ses excuses.
01:07:08 Et donc elle l'a traité d'une façon...
01:07:10 avec pas mal d'humour, en fait.
01:07:12 Elle dit qu'elle savait très bien ce que c'était.
01:07:14 Bon, elle a montré qu'elle était...
01:07:16 Mais c'était une fille rigolote.
01:07:18 Enfin, une fille. C'est une femme.
01:07:20 Mais je pense qu'elle avait été
01:07:22 rigolote quand elle était...
01:07:24 – Et vous aimez ces personnages-là ?
01:07:26 Assez plein de dépaisseurs.
01:07:28 C'est pas Stoltenberg, ça.
01:07:30 C'est pas un Norvégien.
01:07:32 – Oui. 6 mois, un an après,
01:07:34 elle a eu un attentat et elle a perdu un oeil.
01:07:36 Elle a été une moitié du visage arraché.
01:07:38 – À cause des fameux taboules.
01:07:40 – Oui, à cause des fameux taboules.
01:07:42 C'est comme quelques mois auparavant,
01:07:44 j'avais dîné avec Benazir Bhutto,
01:07:46 qui était à le passage à Paris,
01:07:48 qui était à la tête...
01:07:50 – Qui n'avait pas connu...
01:07:52 – Et elle a été assassinée, Benazir Bhutto.
01:07:54 – Oui, ça je sais bien.
01:07:56 Vous avez connu tout le monde.
01:07:58 – En Asie, j'ai vu beaucoup de gens.
01:08:00 – Et en Amérique latine.
01:08:02 – Et en Amérique latine aussi.
01:08:04 – Vous avez même quelques décorations latines.
01:08:06 – Alors je suis venu...
01:08:08 Ça, c'est quand j'y ai accompagné...
01:08:10 Chirac a voulu, en 1996,
01:08:12 refaire le voyage,
01:08:14 resté célèbre dans les mémoires,
01:08:16 de De Gaulle,
01:08:18 – Très long voyage.
01:08:20 – Très long voyage, pendant près d'un mois,
01:08:22 De Gaulle avait fait...
01:08:24 – Non, non, plus d'un mois.
01:08:26 – Il était allé au mois d'avril-mai, je crois, au Mexique.
01:08:28 Et à l'automne, il avait fait toute l'Amérique du Sud.
01:08:30 Et d'ailleurs, il y avait le croiseur,
01:08:32 je ne sais plus, Colbert,
01:08:34 ou je ne sais pas quoi,
01:08:36 qui suivait les longs des côtes.
01:08:38 Et donc, lorsqu'il s'agissait de signer
01:08:40 des documents officiels,
01:08:42 De Gaulle prenait un hélicoptère
01:08:44 pour aller sur le croiseur,
01:08:46 pour signer des documents
01:08:48 sur territoire français.
01:08:50 C'était tout un truc.
01:08:52 – Parce que c'est très rare, un chef d'État
01:08:54 qui ne revient pas pendant plusieurs semaines à l'Amérique du Sud.
01:08:56 – Oui, alors c'est ce qu'avait voulu faire Chirac,
01:08:58 sauf que Chirac, au lieu de passer un mois,
01:09:00 il avait passé 10 jours.
01:09:02 – 15 jours.
01:09:04 – Et on était allés au Brésil,
01:09:06 en Uruguay,
01:09:08 au Paraguay, en Bolivie,
01:09:10 et en Argentine.
01:09:12 – En Argentine.
01:09:14 – Et au Chili.
01:09:16 Alors pour la petite histoire,
01:09:18 ça c'était quand même très drôle,
01:09:20 on était dans le voyage,
01:09:22 on avait dû partir une douzaine de jours.
01:09:24 Et donc,
01:09:26 Chirac,
01:09:28 arrivant en Bolivie,
01:09:30 nous, on était dans un avion présidentiel,
01:09:32 donc on avait nos habitudes.
01:09:34 Il y avait dans ce voyage Platini,
01:09:36 parce que Platini
01:09:38 avait convaincu Chirac
01:09:40 de faire un avion présidentiel
01:09:42 et donc Chirac de
01:09:44 militer pour que la Bolivie
01:09:46 puisse faire partie des pays
01:09:48 où pouvait se sélectionner la coupe du monde de foot.
01:09:50 Parce qu'il y avait à la FIFA des gens qui disaient
01:09:52 « La Bolivie c'est trop au perché, on peut pas faire le truc. »
01:09:54 Bon, alors voilà.
01:09:56 Donc Chirac avait pris le dossier de la Bolivie en main.
01:09:58 Et donc on était allés en Bolivie.
01:10:00 – Vous étiez dans l'avion ?
01:10:02 – J'étais dans l'avion présidentiel.
01:10:04 On avait fait un stop
01:10:06 dans la ville de Cochabamba,
01:10:08 qui est à peu près à 2000 mètres d'altitude,
01:10:10 qui est vraiment
01:10:12 in the middle of nowhere.
01:10:14 Donc c'était, pardon,
01:10:16 c'était un peu nulle part.
01:10:18 – Écoutez, nous ne sommes pas les amis des Américains,
01:10:20 vous avez que comprendre. Alors pourquoi parler leur langage
01:10:22 comme s'ils nous étaient venus jusqu'à…
01:10:24 – On arrive à Cochabamba, on fait simplement un stop,
01:10:26 on rencontre le maire, on dîne avec le maire,
01:10:28 et puis on dort.
01:10:30 C'était le médecin de Chirac
01:10:32 qui avait dit qu'il fallait y aller moulo.
01:10:34 Donc on allait d'abord passer une nuit à 2200 mètres
01:10:36 à Cochabamba.
01:10:38 Le lendemain, on prend l'avion, on va de Cochabamba
01:10:40 à La Paz, qui est à 4000 mètres.
01:10:42 Et donc à 4000 mètres, on arrive à la haute.
01:10:44 Alors moi, je n'étais jamais allé à La Paz.
01:10:46 Il faut vraiment avoir vu ça dans sa vie.
01:10:48 C'est une espèce d'immense cirque d'effondrement
01:10:50 dans les Andes.
01:10:52 L'aéroport est au sommet, à 4000 mètres d'altitude.
01:10:54 Ça veut dire que la piste
01:10:56 est 50 ou 60% plus longue qu'à l'habitude.
01:10:58 – Il ne faut pas la rater.
01:11:00 – Parce que pour décoller, on met deux fois plus de temps
01:11:02 parce qu'il y a moins d'air.
01:11:04 Et tous les quartiers les plus populaires sont au sommet
01:11:06 parce qu'il n'y a pas d'air.
01:11:08 Et plus vous descendez, plus vous allez vers des quartiers cossus.
01:11:12 – Un peu frais.
01:11:14 – Des quartiers où les gens peuvent respirer.
01:11:16 C'est incroyable.
01:11:18 C'est le seul endroit au monde que je connaisse comme ça.
01:11:20 Et alors, on arrive donc avec la délégation...
01:11:22 – Quel pays du monde que vous ne connaissez pas ?
01:11:24 – On arrive avec la délégation.
01:11:26 On descend jusqu'au centre-ville.
01:11:28 Il se trouve à peu près à mi-chemin
01:11:30 entre les quartiers pauvres sur l'altiplano à 4000 mètres
01:11:32 et les quartiers riches qui sont à 2800 mètres.
01:11:34 Et on arrive donc au Parlement de La Paz.
01:11:38 Il y a un grand décorum.
01:11:40 Chirac fait un discours, etc.
01:11:42 Et à la fin, c'était prévu dans le protocole,
01:11:44 mais Chirac est décoré de la plus grande décoration bolivienne.
01:11:48 Et la plus grande décoration de Bolivienne, c'est le Grand Condor.
01:11:54 – Je perçois.
01:11:56 – Donc quand on a repris l'avion,
01:11:58 il y avait l'ambassade à La Paz qui nous avait fait passer
01:12:02 le canard enchaîné.
01:12:04 Le grand titre, c'était « Chirac, le Grand Condor ».
01:12:08 – Ça l'avait fait rire, non ?
01:12:10 – Oui, c'était rigolo.
01:12:12 – Donc vous l'avez beaucoup fréquenté, Chirac, en sortant ?
01:12:14 – Oui, enfin, en l'espèce.
01:12:16 – Dans l'avion, par exemple, dans ce casque de l'avion.
01:12:18 – C'était un prix passé.
01:12:20 – Vous l'avez aimé ?
01:12:22 – Il avait ce côté direct, sympathique, en fait.
01:12:26 – Bon copain.
01:12:28 – Mais comme me l'avait dit Hervé Le Charette, et il avait raison,
01:12:34 attention, c'est pas un con.
01:12:36 Parce que Chirac adorait...
01:12:38 – Il pouvait être gentil, sans être un imbécile.
01:12:40 – Adorait jouer aux imbéciles.
01:12:42 Il appliquait... C'est un stratagème chinois.
01:12:44 C'est mieux vous avoir l'air d'un imbécile que de l'en laisser toute sa vie.
01:12:48 Et donc Chirac aimait beaucoup jouer les petits...
01:12:52 – Faire l'andouille.
01:12:54 – Faire l'andouille, alors qu'en fait, il était très très très très malin,
01:12:56 et assez musé quand même.
01:12:58 – Mais il aimait les gens, quand même.
01:13:00 – Oui, c'est ce que me disait Pasquo.
01:13:02 Il m'a dit « Chirac, il aime les gens ».
01:13:04 – Mais oui, il a fait des choses très gratuites.
01:13:06 J'ai aucune sympathie pour Chirac, mais enfin...
01:13:10 – Et donc, on va...
01:13:12 – Vous aviez voté pour lui, en fait ?
01:13:14 – Alors...
01:13:16 – Vous avez voté pour lui en 1995, finalement ?
01:13:18 – En 1995, il était contre...
01:13:22 – Baladur.
01:13:24 – Ah oui, oui, oui, absolument.
01:13:26 Et puis, non mais en deuxième tour, il était contre...
01:13:28 – Jospin.
01:13:30 – Oui, j'avais quand même voté pour Chirac contre Jospin.
01:13:32 Mais j'avais quand même pas beaucoup d'illusions sur le personnage.
01:13:34 – Parce que votre vote était plus à droite qu'à gauche, quand même.
01:13:38 – Oui, mais j'avais pas...
01:13:40 Oui, mais par exemple, il y a un truc que Jospin, que je ne pouvais pas supporter,
01:13:42 c'est la charte des langues régionales et minoritaires.
01:13:44 – Ah oui, t'es arrivé après.
01:13:46 – Entre autres choses.
01:13:48 Mais Chirac, il faut pas oublier que c'est quand même à cause de lui
01:13:50 qu'on a eu Maastricht.
01:13:52 – Non, non, non, non, non, non, non.
01:13:54 – Bien sûr.
01:13:56 Voilà, donc ça, ce sont des décorations...
01:13:58 – Tiens, j'ai envie de vous dire quelque chose sur Maastricht.
01:14:00 – Ce sont des décorations que l'on m'avait remises.
01:14:02 Etant de la suite du président de la République française,
01:14:04 ce sont des décorations qui sont estimées...
01:14:06 – Au passage, on vous décore, quoi.
01:14:08 – Oui. Alors je vous ai apporté ça,
01:14:10 parce que j'ai su que ça vous ferait plaisir.
01:14:12 – Ah bon, les décorations.
01:14:14 – Donc, alors, ça, c'est l'ordre...
01:14:16 – Ça, c'est brésilien, non ?
01:14:18 – Oui, je suis commandeur, excusez du peu,
01:14:20 commandeur de l'ordre de Rio Branco du Brésil.
01:14:22 – Il y a un malte.
01:14:24 – C'est une décoration qui est donnée à des étrangers,
01:14:26 uniquement à des étrangers,
01:14:28 par des Brésiliens,
01:14:30 qui ont contribué à développer
01:14:32 les relations entre la France et le Brésil.
01:14:34 Et comme j'étais en charge du Brésil
01:14:36 au cabinet des affaires étrangères
01:14:38 et que j'accompagnais le président de la République,
01:14:40 on m'avait donné ça.
01:14:42 Ça, c'est le commandeur de l'ordre
01:14:44 de Bernard O. Higgins du Chili,
01:14:46 qui a été le premier chef d'État chilien
01:14:48 aux alentours des 1817-1823,
01:14:50 qui après est allé se réfugier au Pérou.
01:14:52 – Vous êtes hyper munaisique,
01:14:54 vous vous souvenez de tout ça.
01:14:56 – C'était un peu mon métier, quand même.
01:14:58 Et puis ça, c'est l'ordre de Saint-Martin.
01:15:00 Donc là, je ne suis qu'officier, je crois.
01:15:02 Oui, parce qu'il y a...
01:15:04 C'est comme en France, vous voyez, c'est...
01:15:06 – Fulgrade, oui.
01:15:08 – Voilà. Donc ça, c'est...
01:15:10 – Et ça, c'est quoi ?
01:15:12 – Et ça, c'est le Rouguai.
01:15:14 Voilà. Il n'y avait pas eu d'autres décorations.
01:15:16 Les autres pays ne me l'avaient pas décorée.
01:15:18 – Voilà.
01:15:20 – Alors je vous montre ça parce que
01:15:22 ce sont des souvenirs.
01:15:24 – Mais vous n'êtes pas un collectionneur de médailles ?
01:15:26 – Oui. – En plus.
01:15:28 – En plus. – Mais pas ce genre de médailles.
01:15:30 – Oui. On va y venir.
01:15:32 Mais je vous montre ça parce que...
01:15:34 D'abord, ce sont des souvenirs
01:15:36 qui me rappellent une période de ma vie,
01:15:38 qui, également, c'est important,
01:15:40 parce que chacun, c'est des décorations
01:15:42 pour des étrangers.
01:15:44 C'est tout le protocole du Quai d'Orsay.
01:15:46 – Vous avez aimé ça, aussi.
01:15:48 – Oui, j'aimais bien, parce que c'était aussi
01:15:50 la récompense d'un travail.
01:15:52 Vous savez, on n'est pas très, très bien payés
01:15:54 quand on est en cabinet ministériel.
01:15:56 – Ah, il valait mieux faire la banque.
01:15:58 – Oui. On est beaucoup, beaucoup moins bien payés.
01:16:00 – Vous vous en fichez. – Oui, mais je m'en fiche.
01:16:02 Mais ça, ça me parlait. Mais il y a une chose,
01:16:04 pour que je vous montre ça, en fait.
01:16:06 C'est qu'au jour où nous parlons aujourd'hui,
01:16:08 je crois que je suis le seul
01:16:10 inspecteur général des finances
01:16:12 à n'avoir aucune décoration française.
01:16:14 – Avec une équipe de...
01:16:16 – À mon âge, si vous voulez,
01:16:18 un inspecteur général des finances
01:16:20 de 65 ans,
01:16:22 ils sont tous au moins
01:16:24 officiers
01:16:26 de l'Ordre national du mérite
01:16:28 et chevaliers de la Légion d'honneur.
01:16:30 – Vous dites pas que ça vous manque, quoi.
01:16:32 – Je dis pas que ça me manque du tout.
01:16:34 – Oui. Mais c'est un fait.
01:16:36 – Je dis que ça prête à réflexion.
01:16:38 C'est-à-dire, alors déjà, vous savez,
01:16:40 c'est une formule biblique.
01:16:42 « Nul n'est prophète en son pays ».
01:16:44 Mais parfois, je me dis,
01:16:46 avec une certaine tristesse et de l'amertume,
01:16:48 j'ai l'impression quand même
01:16:50 que j'ai consacré des années,
01:16:52 notamment depuis 16 ans,
01:16:54 à défendre mon pays, à défendre la France.
01:16:56 – Mais comment ça, depuis 16 ans ?
01:16:58 Depuis bien plus.
01:17:00 – Oui, mais depuis 16 ans que j'ai créé l'UPR,
01:17:02 où là, j'ai vraiment été en rupture
01:17:04 avec le monde dans lequel j'étais.
01:17:06 Et c'est de ça qu'il s'agit.
01:17:08 C'est de ça que je fais.
01:17:10 Je suis absolument barré.
01:17:12 Et quand je vois qu'il y a des gens
01:17:14 qui ont la Légion d'honneur,
01:17:16 qui sont des escrocs,
01:17:18 qui frôlent le fisc, etc., etc.
01:17:20 Quand je vois que le grand maître
01:17:22 de la Légion d'honneur,
01:17:24 le chef de l'ordre, c'est le président de la République,
01:17:26 c'est-à-dire Macron,
01:17:28 il est grand croix de la Légion d'honneur.
01:17:30 Et moi, je n'ai rien.
01:17:32 Et j'y trouve, vous voyez,
01:17:34 finalement, j'ai été reconnu
01:17:36 par des étrangers.
01:17:38 Je trouve ça assez touchant
01:17:40 et assez émouvant.
01:17:42 C'est presque une destinée.
01:17:44 Je vous rappelle ce qui s'était passé
01:17:46 sous la IVe République.
01:17:48 C'est-à-dire que de Gaulle considérait
01:17:50 que la Légion d'honneur avait été complètement galvaudée.
01:17:52 Et donc lorsqu'il était revenu aux affaires en 58,
01:17:54 il avait décidé d'imposer
01:17:56 un numerus clausus drastique
01:17:58 sur la Légion d'honneur,
01:18:00 d'arrêter de le donner à tout le monde
01:18:02 et d'avoir créé l'ordre du mérite, justement,
01:18:04 qui serait... - Ça, c'est pas important.
01:18:06 Alors, puisque j'ai bien compris
01:18:08 que nous allons faire une troisième, une quatrième,
01:18:10 une dix-huitième, une cent-quatre-vingt-quatrième...
01:18:12 - Prévenez-vous !
01:18:14 - Je ne me plains pas.
01:18:16 Les premières conversations avaient plusieurs épisodes.
01:18:18 Alors nous revenons à l'origine
01:18:20 de nos conversations en 2017-2018
01:18:22 avec Alain de Benoît ou Renaud Camus.
01:18:24 Nous avions plusieurs épisodes. Revenons
01:18:26 à ce rythme-là avec vous,
01:18:28 exceptionnellement, mon cher François Asselineau.
01:18:30 Vous êtes passé vite quand je vous ai parlé
01:18:32 du pape Jean-Paul II.
01:18:36 - Non, je suis pas passé vite.
01:18:38 C'est-à-dire que j'hésite
01:18:40 à dire le fond de ma pensée.
01:18:42 - Alors, pourquoi ?
01:18:44 - Parce que je vais peut-être choquer
01:18:46 ici ou là.
01:18:48 - Ça vous est déjà arrivé. Vous êtes choqué.
01:18:50 Donc ça ne doit pas vous faire peur.
01:18:52 N'ayez pas peur. - C'est ce qu'il disait.
01:18:54 - Non, n'invitez pas. - C'est ce qu'il avait dit.
01:18:56 - Alors, le fond de votre pensée.
01:18:58 - Le fond de ma pensée, c'est que
01:19:00 je pense qu'il faut reprendre
01:19:02 ce qui s'est passé en 1978.
01:19:04 En 1978,
01:19:06 Paul VI décède.
01:19:08 Et d'un seul coup,
01:19:10 de ce que j'ai lu,
01:19:12 les cardinaux américains
01:19:14 au troisième tour de scrutin
01:19:16 se mettent à sortir
01:19:18 et à voter
01:19:20 tous les cardinaux américains
01:19:22 pour un cardinal
01:19:24 que le grand public ne connaissait pas,
01:19:26 pourtant qui était assez connu
01:19:28 à la Curie, qui était dans pas mal de congrégations,
01:19:30 parce que ça, on fait carrière, hein,
01:19:32 pour devenir pape.
01:19:34 Ça se fait pas comme ça.
01:19:36 Il faut avoir été congrégation parlementaire.
01:19:38 - J'ai essayé de devenir pape. Je suis pas arrivé.
01:19:40 - Et les Américains
01:19:42 se mettent à voter,
01:19:44 semble-t-il, d'après les rumeurs
01:19:46 qui sont sorties, pour le cardinal
01:19:48 polonais Karol Wojtyla.
01:19:50 Et il paraîtrait que
01:19:52 les Italiens ont vu d'un seul coup
01:19:54 le vent du boulet.
01:19:56 Ils se sont dit « Si, les Américains font ça,
01:19:58 c'est accusant, c'est une idée derrière la tête.
01:20:00 Ça fait depuis 1526
01:20:02 ou 1586, je sais plus.
01:20:04 Le dernier pape non italien, c'était Adrien VI,
01:20:06 qui était un Irlandais,
01:20:08 régénère de l'Aide, je crois, aux Pays-Bas.
01:20:10 Et depuis Adrien VI, 1580,
01:20:12 tous les papes étaient italiens.
01:20:14 Donc là, d'un seul coup, les Italiens se sont dit
01:20:16 « Ouh là là ! Les Américains
01:20:18 vont nous la faire à l'envers. Ils vont nous mettre un polonais. »
01:20:20 Et donc, à ce moment-là,
01:20:22 d'un seul coup, les Italiens ont changé de pied
01:20:24 et ils se sont tous jetés
01:20:26 sur un pape
01:20:28 de rassemblement,
01:20:30 qui était Albino Luciani,
01:20:32 le Patriarche de Venise, qui était un brave
01:20:34 homme, qui était vraiment
01:20:36 très gentil, très brave,
01:20:38 un homme au sourire,
01:20:40 Albino Luciani. Et d'un seul coup,
01:20:42 la droite et la gauche italienne se mettent à voter pour lui
01:20:44 et il est élu. Voilà.
01:20:46 Et donc, il devient pape,
01:20:48 sous le nom de Jean-Paul Ier.
01:20:50 Bon. À ce moment-là,
01:20:52 tous les cardinaux qui étaient venus à Rome repartent
01:20:54 chez eux. Et vous savez
01:20:56 la suite des événements.
01:20:58 C'est que Albino Luciani a demandé
01:21:00 à ce qu'on lui communique
01:21:02 les dossiers. C'est la grande période,
01:21:04 vous savez, du banco
01:21:06 Ambrosiano, de la loge
01:21:08 maçonnique P2, qui a fait un scandale
01:21:10 énorme, de Mgr Marcinkus,
01:21:12 qui était un cardinal américain
01:21:14 qui avait parti lié avec
01:21:16 la mafia. - Très dans les mains
01:21:18 de la mafia et de la CIA.
01:21:20 Et donc, le pauvre
01:21:22 Albino Luciani
01:21:24 se fait communiquer des dossiers
01:21:26 et veut nettoyer les écuries d'Augéras.
01:21:28 Et il passe
01:21:30 de vie à trépas.
01:21:32 Vous savez que
01:21:34 la mort de Jean-Paul Ier, c'est un des
01:21:36 grands mystères de l'histoire contemporaine.
01:21:38 Il avait sa
01:21:40 femme de chambre qui était venue
01:21:42 lui porter.
01:21:44 Il allait très très bien. Et puis quand elle est
01:21:46 revenue hier du matin, il n'allait plus
01:21:48 bien du tout. Il était mort. Il a été
01:21:50 la lumière à lui. Il faut savoir
01:21:52 quand même... - Là, c'est comme P11.
01:21:54 - Il faut savoir quand même
01:21:56 qu'il n'y a eu aucune
01:21:58 autopsie, qu'il y a eu aussitôt
01:22:00 les scélés, qu'il a été
01:22:02 terminé. Et c'est un État souverain.
01:22:04 - Je suis quand même incontent de son y avoir revenu sur cette affaire.
01:22:06 - La justice italienne
01:22:08 n'a pas eu à voir. Donc on ne sait
01:22:10 pas de quoi est mort Jean-Paul Ier.
01:22:12 Des méchantes langues
01:22:14 disent qu'il aurait eu un bouillon de 11 heures
01:22:16 parce qu'il s'attaquait à des choses. Alors il y a des noms
01:22:18 qui circulent de cardinaux. Bon, maintenant,
01:22:20 je laisse ça au... En tout cas, il y a un petit livre
01:22:22 ici. Alors,
01:22:24 moi, je me rappelle, j'étais à Jossé
01:22:26 à l'époque. Je faisais un stage. Et je me
01:22:28 rappelle, la nouvelle
01:22:30 a stupéfié le monde.
01:22:32 33 jours de pontifical. Vous savez que
01:22:34 selon la prédiction dite de Saint Malachie,
01:22:36 il y a un petit
01:22:38 verset pour chaque pape
01:22:40 à venir. Donc ça remonte au Moyen Âge.
01:22:42 Et pour ce pape-là,
01:22:44 c'était « Dei mediatelunae »
01:22:46 « De la moitié d'une lune ».
01:22:48 Donc des gens ont dit...
01:22:50 Ça voulait dire qu'en fait,
01:22:52 son pontifical n'aurait même pas duré une lunaison
01:22:54 entière. Bon, voilà. Enfin, des gens
01:22:56 qui ont toujours essayé de retrouver. Bref,
01:22:58 il passe de vie à trépas. Et le journal
01:23:00 Libération avait fait un titre
01:23:02 – il faut le reconnaître – assez
01:23:04 cocasse. C'était
01:23:06 « Le pape est encore mort ».
01:23:08 Quand on a appris, c'était octobre
01:23:10 1978.
01:23:12 Et donc aussitôt, les cardinaux
01:23:14 étaient à peine rentrés chez eux, avaient à peine
01:23:16 reposé leur valise. Il fallait qu'ils reviennent.
01:23:18 Et d'après ce que
01:23:20 j'ai lu – mais je ne suis pas sûr que
01:23:22 ce soit vrai, mais je vous dis ce que j'ai lu –
01:23:24 il semblerait
01:23:26 qu'au conclave,
01:23:28 le deuxième conclave de 1978,
01:23:30 à ce moment-là,
01:23:32 ce sont les cardinaux
01:23:34 allemands
01:23:36 qui ont lancé dès le premier tour
01:23:38 la candidature de Karol Wojtyla.
01:23:40 Or, il faut savoir que
01:23:42 l'Église allemande est l'une des plus riches
01:23:44 d'églises du monde, puisque vous savez
01:23:46 que en Allemagne... – Elle n'est pas la plus fidèle.
01:23:48 – En Allemagne, non. Mais en Allemagne,
01:23:50 vous cochez comme nous, il faut cocher si vous devez
01:23:52 payer la... Comment dirais-je ?
01:23:54 La redevance télé, c'est que c'est collecté
01:23:56 par l'État. Donc les catholiques
01:23:58 déclarés comme tels en Allemagne doivent...
01:24:00 C'est collecté par l'important qui sont... – Ça va avec les impôts.
01:24:02 – C'est les impôts qui collectent, ce qui fait que l'Église allemande
01:24:04 est très riche. Et les Allemands ont...
01:24:06 – C'est un bon système, vous trouvez ? – Comment ? – C'est un bon système pour la France.
01:24:08 – Non, je pense que ça serait
01:24:10 un objet de scandale pour un pays laïc.
01:24:12 Enfin, je décris ce que... Au passage,
01:24:14 on voit d'ailleurs que la laïcité n'existe qu'en France
01:24:16 au sein de l'UE. Bref.
01:24:18 Et là, donc,
01:24:20 les... Et je suppose,
01:24:22 si la vérité
01:24:24 est exacte, enfin si c'est exact,
01:24:26 je suppose que les Américains ont dû faire
01:24:28 un travail entre-temps, parce que
01:24:30 on a ressorti d'un chapeau
01:24:32 une prédiction qui avait été
01:24:34 attribuée aux secrétaires d'État
01:24:37 américains
01:24:39 au début
01:24:41 des années
01:24:43 70, je crois.
01:24:45 – Foster Dallas ?
01:24:47 – Non, non, non, non.
01:24:49 Ah, là aussi, les noms m'échappent.
01:24:51 Oui, ça commençait par un S.
01:24:53 Bon, je retrouverai.
01:24:55 Pas Salinger, mais...
01:24:57 Je ne sais pas pourquoi.
01:24:59 Bon. On avait attribué
01:25:01 à un des secrétaires d'État américains
01:25:03 l'idée,
01:25:05 il y a une phrase célèbre,
01:25:07 c'est que un pape venu de l'Est
01:25:09 sera plus efficace pour détruire
01:25:11 le communisme que 20 divisions
01:25:13 américaines de beaucoup de pays.
01:25:15 – Ah, c'est très intéressant. Je vous dis, croyez à cela.
01:25:17 – Ce que je pense,
01:25:19 c'est que les Américains
01:25:21 et les Allemands
01:25:23 ont promu
01:25:25 la candidature de Vostila pour avoir un candidat,
01:25:27 un pape venu de l'Est.
01:25:29 – Est-ce que ça veut dire, François Asselineau,
01:25:31 c'est ça la question que je vous pose,
01:25:33 que vous pensez que
01:25:35 les forces de l'esprit ont une action
01:25:37 dans l'histoire au moins aussi importante
01:25:39 que les divisions de Staline ?
01:25:41 – En tout cas, je pense...
01:25:43 – Oui, est-ce que je l'ai dit ?
01:25:45 – Oui, je pense en tout cas que les services
01:25:47 d'influence et de renseignement américain
01:25:49 ont une sacrée influence parce que...
01:25:51 – C'est pas ma question, hein.
01:25:53 – Parce que l'élection de Carole Vostila
01:25:55 a fait sensation.
01:25:57 D'abord, c'était le premier pape non-italien
01:25:59 depuis Adrien Zinzier,
01:26:01 comme je le disais, mais surtout venant de l'Est.
01:26:03 Et rappelez-vous, à l'époque,
01:26:05 le monde entier a découvert
01:26:07 que la Pologne, pays communiste,
01:26:09 était à 90%
01:26:11 de catholiques.
01:26:13 Les églises étaient pleines.
01:26:15 Ça a été une stupéfaction.
01:26:17 Par ailleurs, Carole Vostila,
01:26:19 comme le cardinal Minchenty
01:26:21 en Hongrie, etc.,
01:26:23 faisait partie de ces prélats
01:26:25 qui avaient un avantage extraordinaire.
01:26:27 Les pays communistes,
01:26:29 ils étaient de l'autre côté du mur,
01:26:31 mais de par leur fonction,
01:26:33 ils avaient le droit d'aller à l'Ouest sans arrêt.
01:26:35 Donc, à mon avis,
01:26:37 je sais que c'est pour ça
01:26:39 qu'il y a des gens qui vont peut-être m'engouloir.
01:26:41 – Non, ils vont parler de complotisme.
01:26:43 – Oui, je pense
01:26:45 que ce sont des gens qui étaient
01:26:47 très proches des services de renseignement.
01:26:49 Je ne dis pas qu'ils étaient de la CIA.
01:26:51 – Il y a quantité de livres, François Asselineau,
01:26:53 qui prouvent que les États-Unis
01:26:55 comme la France, on l'a fait pendant très longtemps,
01:26:57 comme les principales puissances, l'Espagne, l'Allemagne,
01:26:59 regardent de très près l'élection du pape.
01:27:01 Ce qui veut dire,
01:27:03 là, pour conclure notre deuxième conversation,
01:27:05 qui n'est donc pas la seconde,
01:27:07 je veux en venir,
01:27:09 vous dérober,
01:27:11 ça veut dire
01:27:13 que les forces dans le monde
01:27:15 ne sont pas simplement
01:27:17 des forces matérielles.
01:27:19 – Ce qu'elle veut dire,
01:27:21 c'est qu'il faut reconnaître,
01:27:23 moi je l'ai rencontré,
01:27:25 c'est quelqu'un d'où il émanait,
01:27:27 il y avait quelque chose de rayonnant.
01:27:29 – Oui, ça veut dire qu'un pape
01:27:31 puissant spirituel fait l'histoire.
01:27:33 – Oui, il peut influer.
01:27:35 Il peut d'autant plus influer
01:27:37 que lorsqu'il a été élu,
01:27:39 il a été accompagné
01:27:41 par une espèce
01:27:43 de médiatisation,
01:27:45 d'hyper-médiatisation
01:27:47 dans tout le monde occidental,
01:27:49 hyper favorable.
01:27:51 L'athlète de Dieu,
01:27:53 les JMJ, ça a été quelqu'un qui a été...
01:27:55 – Oui, mais écoutez,
01:27:57 on ne va pas en parler là,
01:27:59 il faut que nous mettions un terme à cette conversation,
01:28:01 on va reprendre, mais
01:28:03 Jean-Paul II a été
01:28:05 l'instituteur de l'esprit national,
01:28:07 de la résistance aux empires,
01:28:09 il y a quand même le discours du Bourget,
01:28:11 il y a le discours de Strasbourg,
01:28:13 l'Assemblée de Strasbourg,
01:28:15 où Jean-Paul II a plusieurs reprises,
01:28:17 très clairement,
01:28:19 s'élève contre
01:28:21 les constructions supranationales
01:28:23 qui nient la culture,
01:28:25 les cultures nationales dont il dit
01:28:27 qu'elles sont la seule ou la principale
01:28:29 éducatrice des hommes. C'est un pape
01:28:31 très souverainiste, Jean-Paul II.
01:28:33 – C'est la raison pour laquelle
01:28:35 en fait,
01:28:37 le pontificat de Jean-Paul II,
01:28:39 il y a deux...
01:28:41 il y a le début et il y a la fin.
01:28:43 C'est un peu comme Napoléon III.
01:28:45 Vous avez un empire autoritaire,
01:28:47 un empire libéral. Avec Jean-Paul II,
01:28:49 vous avez la première partie de son pontificat.
01:28:51 On peut dire
01:28:53 qu'il est jusqu'au
01:28:55 succès extraordinaire des États-Unis,
01:28:57 puisque s'il n'y avait pas eu Jean-Paul II,
01:28:59 il n'y aurait sans doute pas eu
01:29:01 l'affaire de Solidarność, etc.
01:29:03 C'était le début de la fin en Pologne.
01:29:05 – L'empire soviétique était vermoulu.
01:29:07 – Il était vermoulu, mais quand même,
01:29:09 il a accéléré. Donc le calcul fait
01:29:11 par les services d'information, par la CIA,
01:29:13 par la NSA, etc., par les services
01:29:15 d'information américains, en se disant
01:29:17 « On va promouvoir Jean-Paul II »,
01:29:19 est un calcul qui s'est révélé génial.
01:29:21 – Et la Providence ?
01:29:23 – C'est possible qu'il y ait de la Providence.
01:29:25 Mais attendez, je suis plus prosaïque.
01:29:27 Je dis que les Américains,
01:29:29 ils ont réussi.
01:29:31 Mais,
01:29:33 et là vous avez raison,
01:29:35 il y a eu
01:29:37 l'affaire de l'attentat
01:29:39 de la place Saint-Pierre.
01:29:43 Et qu'est-ce que c'est que l'attentat de la place Saint-Pierre
01:29:45 le 13 mai 1981 ?
01:29:47 C'est que,
01:29:49 selon toute probabilité,
01:29:51 c'est le KGB qui a dû décider
01:29:53 de l'assassinat de Jean-Paul II.
01:29:55 Parce que les soviétiques ont compris
01:29:57 la manipulation des Américains
01:29:59 et ont compris que Jean-Paul II était en train
01:30:01 de bousiller l'empire soviétique.
01:30:03 Donc, par l'intermédiaire
01:30:05 de la filière bulgare
01:30:07 et d'un turc qu'ils appelaient Ali Aksha,
01:30:09 ils ont envoyé le type
01:30:11 Ali Aksha, Mohamed Ali Aksha, pour tuer
01:30:13 Jean-Paul II. Sauf que, comme vous le savez,
01:30:15 la balle a rebondi sur
01:30:17 une médaille, je sais pas quoi.
01:30:19 Et vous savez surtout que c'était
01:30:21 le 13 mai 1981.
01:30:23 Alors ça, c'est un truc incroyable. Pour le coup,
01:30:25 ça fait partie des mystères de ce monde.
01:30:27 C'est que le 13 mai,
01:30:29 c'est la date anniversaire de la première
01:30:31 apparition de Fatima le 13 mai
01:30:33 1917.
01:30:35 Et donc, ça donne à...
01:30:37 Alors là, c'est toute l'histoire du 3ème secret de Fatima,
01:30:39 mais on n'a pas le temps d'en parler maintenant.
01:30:41 Mais là, on est dans le paranormal. Mais ce sont des choses
01:30:43 quand même qui ne sont pas uniquement du
01:30:45 fantasme, parce que
01:30:47 Jean-Paul II a été donc emmené
01:30:49 à l'hôpital. Il est quand même passé à deux doigts d'être
01:30:51 assassiné. Quelques temps après,
01:30:53 il est allé voir Mehmet Ali Aksha
01:30:55 dans sa prison à Rome,
01:30:57 dans sa cellule. Ils ont eu une conversation,
01:30:59 comme nous en ce moment.
01:31:01 Malheureusement, elle n'a pas été filmée.
01:31:03 Mais surtout, un an après,
01:31:05 Jean-Paul II est allé au
01:31:07 Portugal à Fatima. — Oui, c'est ça.
01:31:09 Donc il le dit. — Le 13 mai.
01:31:11 Et il est allé enchasser
01:31:13 dans la couronne mariale
01:31:15 de la statue de Notre-Dame de Fatima
01:31:17 — vous savez que c'est une basique qui est
01:31:19 une reproduction de Saint-Pierre-de-Rome —
01:31:21 il est allé enchasser la balle
01:31:23 de Mehmet Ali Aksha là-dedans.
01:31:25 Donc, ça veut dire qu'effectivement, dans le monde,
01:31:27 il y a des choses qui échappent
01:31:29 à une rationalité. — Je suis très content
01:31:31 de vous entendre dire cela. — Alors surtout,
01:31:33 alors ça, c'est un point important.
01:31:35 Et puis le deuxième point, c'est que vous avez raison,
01:31:37 c'est que Jean-Paul II,
01:31:39 qu'il ait ou non été
01:31:41 un agent américain au départ,
01:31:43 c'est quand même quelqu'un qui avait
01:31:45 une personnalité extraordinaire,
01:31:47 qui était par ailleurs
01:31:49 catholique, enfin qui était...
01:31:51 Je me permets de le signaler.
01:31:53 Mais je pense qu'il croyait vraiment... — Tous les vrais là
01:31:55 ne sont pas catholiques. — C'était Jacques Lacan,
01:31:58 le psychanalyste, qui avait dit qu'il faut aller
01:32:00 à la curie romaine pour découvrir
01:32:02 les vrais athées.
01:32:04 Donc Jean-Paul II était un homme qui a de foi.
01:32:07 Et surtout, à partir
01:32:09 de la deuxième moitié de son pontificate,
01:32:12 il a commencé à prendre ses distances
01:32:14 d'avec les États-Unis,
01:32:16 d'avec les constructions supranationales.
01:32:19 Il avait beaucoup milité pour qu'il soit mentionné
01:32:21 les origines chrétiennes dans la Constitution européenne, etc.
01:32:24 Et il a progressivement...
01:32:27 — Beaucoup détaché.
01:32:29 — Et l'image des médias occidentaux
01:32:32 à l'égard de Jean-Paul II
01:32:34 ne sont plus du tout aussi flatteurs
01:32:37 à la fin de son pontificat qu'au début.
01:32:39 Au début, c'était l'athlète de Dieu.
01:32:41 À la fin, c'est une espèce de vieux réactionnaire
01:32:43 tel qu'il est décrit par les médias.
01:32:45 — Je suis très content de conclure cette conversation
01:32:47 sur cet aspect métaphysique.
01:32:50 Vous nous disiez, lors de notre première conversation,
01:32:52 que vous alliez de temps en temps à la messe.
01:32:54 Mais vous êtes croyant.
01:32:56 Vous avez ajouté, mais j'y ai pensé
01:32:59 à diverses choses depuis...
01:33:02 — Disons que je serais gnostique.
01:33:06 — Ah. Vous n'êtes pas gnostique.
01:33:09 — Non.
01:33:11 J'ai du mal à être athée.
01:33:14 Je pense qu'il y a...
01:33:19 — On peut croire sans savoir à quoi on croit.
01:33:22 — Voilà. Je pense que...
01:33:24 D'abord, c'est en plus un mode de vie,
01:33:26 comme vous le disiez.
01:33:28 C'est dans les trêves Karamazov.
01:33:30 On vient de Stoyevski.
01:33:32 Vous savez quand Alyosha voit un portrait de Durer,
01:33:35 d'Holbein, où on voit le Christ qui est allongé comme ça,
01:33:39 qui est mort comme un cadavre.
01:33:41 Et donc là, il tombe dans les pommes
01:33:43 parce qu'il voit ça.
01:33:45 Et c'est cette fameuse parole...
01:33:47 Enfin c'est dans le passage de Stoyevski.
01:33:49 « Mais si Dieu n'existe pas, alors tout est permis ».
01:33:51 — Qu'est-ce qui se passe ?
01:33:53 — Voilà. C'est d'ailleurs...
01:33:55 Oui, je pense que...
01:33:57 D'abord, je pense que c'est sain
01:33:59 de penser qu'il y a quelque chose d'autre.
01:34:01 Deuxièmement, je pense que...
01:34:03 — Le monde visible et invisible.
01:34:05 — Oui. Deuxièmement,
01:34:07 on aura l'occasion peut-être de parler de l'hindouisme,
01:34:09 parce qu'il y a vraiment des intuitions fondamentales là-dedans.
01:34:12 — Ah. Ça m'intéresse. Ça m'intéresse beaucoup.
01:34:15 — Je serai assez enclin à penser
01:34:17 qu'il y a quelque chose qui nous dépasse.
01:34:20 Il y a des choses... Enfin dans une vie,
01:34:22 on sait bien qu'il y a des choses
01:34:24 qui sont... Par exemple,
01:34:26 je crois infiniment à la transmission de pensée.
01:34:29 J'ai tellement, tellement d'exemples
01:34:31 de transmission de pensée
01:34:33 entre des gens qui se connaissent très bien.
01:34:36 — Vous savez, Savoyan, très proche de De Gaulle,
01:34:39 qui répétait ça sans cesse,
01:34:41 pas simplement sur la transmission de pensée...
01:34:43 — Disons que ça n'occupe pas...
01:34:45 C'est pas quelque chose qui occupe, mais...
01:34:47 — Quand il dit dans « L'appel du 18 juin »
01:34:49 « La France n'est pas seule, elle n'est pas seule, elle n'est pas seule »,
01:34:51 c'est une invocation à la Providence aussi.
01:34:53 — Mais oui !
01:34:54 — Il y a une dimension métaphysique dans cet « appel du 18 juin ».
01:34:56 D'ailleurs, le mot « appel » lui-même a une dimension...
01:34:59 — Si vous voulez, je vais vous dire encore un secret.
01:35:02 Si je ne pensais pas qu'il y a quand même
01:35:05 des forces supérieures,
01:35:07 j'aurais laissé tomber.
01:35:09 Ce que je fais est un...
01:35:11 C'est un...
01:35:13 — Magnifique conclusion. Merci beaucoup, François Asselineau.
01:35:16 Je suis tout à fait convaincu que nos conversations
01:35:18 doivent se poursuivre.
01:35:20 Et je vous remercie de vous y prêter si bien.
01:35:22 Prenons rendez-vous et poursuivons nos échanges.
01:35:26 Et je suis très heureux de vous entendre dire des choses que,
01:35:29 alors que vous parlez beaucoup,
01:35:31 vous ne dites pas partout.
01:35:33 Merci beaucoup.
01:35:34 — Sans plus tarder, au nom de toutes les équipes de TVL,
01:35:38 un formidable merci.
01:35:40 Au moment où je vous parle,
01:35:42 nous n'avons pas totalement bouclé notre budget,
01:35:44 mais le plus dur est dorénavant derrière nous.
01:35:47 Cependant, au cours de ce mois,
01:35:49 nous avons pris toute une série de mesures
01:35:51 visant à une plus stricte maîtrise des dépenses,
01:35:54 se serrer la ceinture, sans toucher à l'essentiel,
01:35:57 le développement des programmes de TV Liberté
01:36:00 et la politique d'investissement dans cet outil devenu,
01:36:03 et c'est un exemple parmi d'autres,
01:36:05 une formidable école de journalisme professionnel en action.
01:36:10 Ceci étant dit, votre mobilisation est remarquable,
01:36:14 d'autant plus que la situation économique des Français
01:36:16 se dégrade encore.
01:36:18 Nous payons. Nous payons.
01:36:20 Retraite ? Nous payons.
01:36:22 Conflit en Ukraine ? Nous payons.
01:36:24 Emeut de barbare ? Nous payons.
01:36:26 J'arrête là la trop longue liste.
01:36:29 Je profite aussi de ces remerciements
01:36:31 pour répondre rapidement à une question qui revient souvent.
01:36:34 Pourquoi faire ces appels aux dons
01:36:36 qui peuvent lasser certains téléspectateurs
01:36:38 et qui donnent aussi des sueurs froides
01:36:40 aux journalistes et techniciens de TVL
01:36:42 dans l'attente des résultats ?
01:36:44 La réponse, elle est toute simple.
01:36:46 Le financement participatif
01:36:48 est le gage de notre indépendance.
01:36:50 Le don direct de nos téléspectateurs
01:36:53 nous protège des banques et des lobbies,
01:36:56 d'un propriétaire milliardaire
01:36:58 qui fait pression sur les rédactions, on en connaît,
01:37:00 de l'argent de l'État qui sert à sauvegarder
01:37:02 les intérêts de l'extrême-centre
01:37:04 et imposer l'idéologie de l'extrême-gauche.
01:37:07 Ces deux-là s'entendent comme l'aronzenfoire.
01:37:10 Nos campagnes de dons permettent aussi
01:37:12 de proposer les programmes de TVL gratuitement
01:37:15 et sans passer sous les fourches codines
01:37:18 des annonceurs et de leur publicité Wook.
01:37:21 Le don des téléspectateurs
01:37:23 constitue donc un système vertueux
01:37:25 qui garantit la liberté.
01:37:27 C'est ce système qui permet à TVL
01:37:29 de devenir votre chaîne généraliste de proximité,
01:37:32 menant un travail, un engagement de service public
01:37:36 contre les mensonges politiques
01:37:38 et les hystéries de la caste médiatique.
01:37:41 TVL prouve chaque jour
01:37:43 que le combat contre ces entités
01:37:45 n'est pas une mission impossible.
01:37:47 Merci, merci à vous,
01:37:49 à notre communauté de donateurs
01:37:51 que je vous invite évidemment à rejoindre.
01:37:54 Bon été sur TV Liberté.
01:37:56 (Générique)
01:37:59 ---
01:38:04 ---
01:38:09 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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