Histoire de Gangs - Los Angeles

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Histoire de Gangs - Los Angeles
La série " Histoire de gangs " retrace l'ascension du crime organisé dans de grandes villes. De Londres à Manchester, en passant par New-York, Tijuana et bien d’autres encore, les syndicats du crime et les gangs prolifèrent. Chaque épisode étudie l’interaction entre l’histoire sociale et le banditisme d’une ville en particulier. Au cours d’entretiens, gangsters et caïds, victimes et hommes de loi apportent leurs témoignages sur ce monde souterrain. Plongez dans ce monde brutal qui a instigué la violence dans les mégapoles de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et du Mexique.

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Transcription
00:00 South Central à Los Angeles, quartier d'origine des deux plus célèbres gangs des Etats-Unis,
00:05 les Bloods et les Crips. Nés dans les cours de récréation des lycées, les deux gangs se propagent comme la peste.
00:12 Est-ce que tu es prêt à voler ?
00:15 You know, à piller, à saccager ?
00:18 Les bandes rivales se livrent à de sanglants vendettas.
00:22 Le but c'est de créer le plus d'enterrements possible.
00:27 Tandis que la brutalité envahit les rétables poudrières, son explosion va mettre Los Angeles à genoux.
00:33 Hollywood, le 21 mars 1972.
00:50 Après un concert au Palladium, le public se disperse dans la rue.
00:56 Dans la foule, des adolescents appartenant à des gangs.
00:59 Même s'il n'est jamais allé au Palladium, Angelo White les connaît bien.
01:03 Le week-end, on choisissait des soirées un peu partout en ville, et on allait se battre contre les gang-revols.
01:11 Devant le Palladium se trouve Robert Ballou Jr., fils d'un célèbre avocat et footballeur dans la meilleure équipe du lycée de Los Angeles.
01:19 Ballou est soudé entouré d'un groupe de jeunes qui lui réclament son blouson en cuir et son portefeuille.
01:26 À l'époque, on aimait bien voler des cuirs.
01:29 Comme ils ne cèdent pas, le gang passe à l'attaque.
01:35 Incapable de se défendre, le jeune homme de 16 ans reçoit une volée de coups de poing et de coups de pied.
01:43 Les agresseurs volent son blouson et prennent la fuite.
01:49 On était jeunes, ce qui nous intéressait c'était de posséder des choses, voler et se battre.
01:55 Mais le jeune homme succombe à ses blessures.
01:58 J'étais vraiment sidéré qu'un garçon soit battu à mort pour un blouson en cuir.
02:06 Neuf jeunes sont arrêtés et mis en examen.
02:10 C'est la première mort attribuée aux gangs appelés les Crips.
02:17 Ce meurtre absurde marque le début d'une nouvelle culture des gangs, dénuée de toute considération pour la vie humaine.
02:23 Les officiers de police se sont dit "Oh là, on a un très gros problème".
02:30 Les Crips se sont nés à South Central, une zone où l'autoroute Harbor Freeway sépare le quartier West Side du quartier East Side.
02:46 On est bien loin des populations huppées de Beverly Hills.
02:48 La communauté afro-américaine souffre de problèmes liés à l'éducation, au logement et au chômage qui est trois fois supérieur à la moyenne nationale.
02:56 Raymond Lee Washington, un adolescent de 15 ans, crée un gang avec 10 de ses camarades.
03:03 Du fait de leur jeune âge, ils se font appeler les Crips, les Berceaux.
03:08 Il s'appelait Washington et il portait bien son nom.
03:15 C'était une sorte d'alcapone en herbe. Il avait la même cicatrice.
03:19 Pour les jeunes Crips de Washington, les émeutes de Watts de 1965 sont un souvenir cuisant.
03:26 A l'époque, la communauté noire, poussée à bout par la précarité et les brutalités policières, avait manifesté sa colère dans la rue.
03:34 Après six jours d'affrontements, le bilan fut de 34 morts et plus de 1000 blessés.
03:43 Des émeutes ont éclaté dans le quartier noir de Los Angeles, qui ressemble aujourd'hui à une ville ravagée par la guerre.
03:49 Il aura fallu pas moins de 14 000 gardes nationaux pour maîtriser ce que les dirigeants noirs comme blancs ont appelé l'insurrection des voyous.
03:57 Après la période des émeutes, les afro-américains des années 1960 adoptent l'idée du Black Power.
04:09 Les Black Panthers prônent la révolution et la résistance armée contre ceux qu'ils appellent les condés, les policiers.
04:15 Leur message plaît particulièrement aux Crips.
04:18 A 13 ou 14 ans, on ne pigeait pas grand chose à ce qu'ils racontaient.
04:25 Mais on savait qu'ils étaient contre les condés.
04:28 Washington et ses acolytes décident de créer leur propre mouvement.
04:33 Ils adoptent même la fameuse veste en cuir des Black Panthers.
04:39 Les petits gangs comme les Crips sont menés courant dans le modeste quartier d'East Side.
04:44 Les gangs à East Side, c'était normal. Chaque rue avait le sien.
04:49 Pour les jeunes comme Raymond Danny Foucault, aller dans un autre quartier est particulièrement dangereux.
04:56 Les gens nous volaient des trucs si on franchissait une certaine frontière.
05:03 Si vous arriviez sur Compton Boulevard, même si vous marchiez tranquillement, quelqu'un venait forcément vous voir pour vous dire "Tu viens d'où ?"
05:11 Dans le système féodal de South Central, les jeunes membres des gangs font leur preuve à coups de poing.
05:18 Au combat, Raymond Washington règne en maître.
05:22 Il défiait n'importe qui, n'importe où, n'importe quand, tout le temps.
05:28 Il aurait mis Tyson KO comme il voulait.
05:35 Cette réputation de dur à cuire inspire le respect et attire de nouvelles recrues.
05:41 Si vous étiez avec Raymond, vous étiez avec celui qui était capable de protéger tout le monde.
05:54 Il s'occupait des gens. Il avait ce qu'on appelle aujourd'hui des principes. Même si on ne savait pas ce que c'était à l'époque, il avait ça.
06:02 Malgré son jeune âge, Washington est un leader né. Son rêve est de former le gang le plus puissant de la ville.
06:11 Peu importe à quel gang vous apparteniez, si vous étiez avec Raymond, à l'époque il avait 16 ou 17 ans, vous étiez avec le président.
06:24 Vous étiez au bon endroit. C'est là que tout se passait. C'était le pouvoir, c'était l'énergie. Il avait tout ça.
06:31 Au printemps 1971, Washington va se rapprocher un peu de son rêve.
06:38 Il parvient à convaincre des gangs rivaux de West Side de former une alliance avec les Cribs.
06:45 Les gens arrivaient de partout pour être initiés.
06:52 Pratiquant la violence et le vol à la tire, Washington se présente comme un robin des bois des temps modernes.
06:58 C'était comme des bandits qui arrivaient des quartiers pauvres pour piller les quartiers riches.
07:06 Pour réquisitionner leurs biens et les ramener chez nous.
07:11 C'est comme ça que Raymond procédait à l'époque où je l'ai connu.
07:19 Les Cribs se déplacent avec des cannes de proxénètes en hommage aux héros des films de la Black Splatation du début des années 70.
07:25 Du coup leurs victimes les décrivent comme des boiteux, Cripples ou Crips en anglais.
07:31 Petit à petit les Cribs deviennent les Crips.
07:35 Et les membres du gang adoptent un mode de vie qu'ils appellent le Crippin.
07:40 Le Crippin, ça voulait dire, est-ce que tu es prêt à voler, à piller et à saccager ?
07:48 En 1972, les Crips ont 6 factions éparpillées dans tout Los Angeles.
07:53 Ils combattent quiconque se met sur leur terrain.
07:56 A bras qu'à bras, les Crips meurent pas. Crips ou crèves. T'étais chez les Crips ou t'étais contre nous ?
08:05 Beaucoup de gangs tombent sous le joug des Crips.
08:09 Mais quelques-uns sont assez téméraires pour tenter de résister.
08:13 De Stoker à Wilshire, de Fairfax à Figueroa, c'est les Blackstones qui régnaient.
08:18 T. Rogers est le fondateur d'un gang de Westside appelé les Black Pistons.
08:24 Il est irrité par l'arrivée des Crips sur son territoire.
08:28 Des gars venant de l'autre côté de l'autoroute arrivaient dans notre quartier pour commettre des viols, des vols à la tire et des cambriolages.
08:37 Alors on leur a dit "les gars, si vous voulez faire des conneries, faites-les dans votre quartier."
08:42 Et c'est ça qui a réellement déclenché les querelles, les bagarres.
08:52 Pour lutter contre l'expansion des Crips, les Black Pistons se liguent avec d'autres gangs.
08:58 Nous avons commencé à nous battre contre les Crips.
09:03 Les Black Pistons se liguent avec d'autres gangs.
09:05 On a organisé une réunion au lycée Manuel Arts.
09:10 Il y avait quatre groupes.
09:13 On s'est tous mis d'accord pour collaborer.
09:16 Et on s'est dit que si l'un de nous avait le moindre problème ou avait besoin d'aide, les autres seraient là pour lui donner un coup de main.
09:25 L'union fait la force.
09:30 Pour se différencier pendant les bagarres, les deux clans portent des couleurs.
09:33 Les Crips portent du bleu.
09:36 Et l'alliance anti-Crips choisit le rouge et se fait appeler les Bloods, "sang".
09:41 Les petites bandes de voyous adolescents sont devenues de véritables armées opérant dans toute la ville.
09:48 Les Bloods et les Crips se répandent à travers Los Angeles.
09:56 Les frontières sont tracées et une véritable guerre de contrôle du territoire commence.
10:00 Les Crips passent à l'offensive en attaquant des quartiers rivaux.
10:04 On allait à des soirées et on provoquait une bagarre.
10:12 On ne pensait qu'à se battre.
10:15 Ils appelaient ça des bastons.
10:19 Le plus effrayant, c'était de tomber sur un gars qui avait une chaîne de vélo, un cric, une barre de fer ou une batte de baseball.
10:26 Mais les Crips sont trois fois plus nombreux que les Bloods.
10:30 Les Bloods ont besoin d'autre chose que de leurs points pour y poster.
10:34 Il leur fallait des armes pour essayer de compenser, parce qu'on était plus nombreux.
10:40 L'époque des bastons prend fin.
10:46 La police voit le nombre de cambriolages augmenter et les gangs s'engagent dans une véritable course à l'armement.
10:50 Ils volaient des fusils de chasse et sciaient le canon pour les rendre plus dangereux.
10:55 Les calibres 22 et 32 étaient à la mode.
10:59 Les Bloods et les Crips sont maintenant quotidiennement armés.
11:03 Le fondateur des Crips, Raymond Lee Washington, est contre l'usage des armes.
11:11 Pour lui, la valeur d'un homme se mesure à la force de ses points.
11:16 Mais en 1974, Washington est incarcéré pour vol.
11:20 Derrière les barreaux, ce combattant de la vieille école perd foi dans le gang qu'il a créé.
11:26 En ville, la guerre entre les Crips et les Bloods prend une nouvelle dimension.
11:35 Les échanges de coups de feu se font maintenant en voiture.
11:39 1974, Baldwin Village.
11:44 T. Rogers, alors âgé de 16 ans, et son gang, les Black Pistone Bloods, sont réunis devant la maison de sa mère.
11:50 Tout le monde venait chez ma mère. C'est là qu'on venait pour se détendre.
11:55 Tout le monde venait. On faisait notre voie, on dansait.
11:59 Les filles racontaient leurs problèmes à ma mère.
12:03 Et les garçons passaient du temps ensemble.
12:06 On soulevait des haltères, on faisait de la boxe, on jouait au foot.
12:09 Tous les trucs que font les gamins.
12:12 [Musique]
12:20 Soudain, une voiture à pareille s'approche lentement de la maison.
12:24 Les fameuses fusillades en voiture sont nées.
12:32 Après la fusillade, on a fait l'appel. Tout le monde a crié son nom.
12:41 Sauf un, et il y a eu un murmure.
12:43 Un Black Pistone de 14 ans a reçu une balle dans la tête.
12:47 Il était par terre, entre la voiture et le caniveau.
12:52 Je me suis baissé, j'ai mis sa tête sur mes genoux.
12:55 Et sa cervelle a coulé entre mes doigts.
13:09 Et il fallait que j'aille voir sa soeur, son petit frère et sa mère.
13:13 Je devais aller les voir pour leur dire, il a été tué pendant qu'il était avec moi.
13:18 Je me sentais minable.
13:23 On a un meurtre en ville sur Blaymoose Boulevard.
13:30 Entre 1972 et 1974, le nombre de meurtres parents liés à des conflits entre gangs passe de 100 à 200.
13:38 Les conflits entre gangs passent de 32 à 70.
13:41 Pour faire face à cette situation, la police met en place des brigades spécialisées.
13:47 Ce qui me surprenait beaucoup, c'est que tous ces actes criminels semblaient survenir sans discontinuer.
13:57 On avait beau mettre plein de gens en prison, il y avait toujours un nouvel incident.
14:02 Et je finissais par me demander, ça sert à quoi ce que je fais ?
14:07 Le problème prenait beaucoup d'ampleur, sauvé.
14:09 Dans le quartier de South Central à Los Angeles, le gang bénéficie d'un arrivage constant de nouvelles recrues.
14:16 A l'âge de 12 ans, Kershaw Scott rejoint les 8 Trey Gangster Crips.
14:22 Il prend alors le surnom de Little Monster, Petit Monstre.
14:27 Pour Scott et ses camarades, les armes à feu et la guerre des gangs font partie du passage à l'âge adulte.
14:36 Au début, je ne me suis pas senti différent.
14:39 Les gens autour de moi n'avaient pas changé.
14:42 C'étaient les gars avec qui j'avais grandi dans la cour de récré, avec qui j'avais joué aux billes et aux serfs volants.
14:48 Mais là, on jouait plus aux billes, on tirait sur des gens.
14:54 Cette nouvelle génération d'enfants soldats doit être initiée.
14:59 C'est ce que le gang appelle le travail.
15:04 Travail, ça pouvait consister à taguer votre nom sur les murs avec des sprays, voler, tabasser des gens, commettre des meurtres.
15:12 Ce qui vous fait gravir les échelons, ce sont vos actes.
15:19 Évidemment, plus vous faites de travail, plus vous êtes apprécié et respecté, plus vous montez en grade.
15:26 Je prenais mon rôle au sein du gang très au sérieux.
15:34 Je mettais mon uniforme tous les matins et j'allais travailler.
15:38 À sa sortie de prison, Raymond Washington, le fondateur des Crips, retourne à South Central.
15:54 Le shérif Ken Bell le revoit pour la première fois à l'occasion d'un enterrement.
16:02 J'avais les yeux écarquillés.
16:04 Je voyais tous ces gars qui appartenaient à des gangs réunis pour cet enterrement.
16:08 Mais quand Raymond est arrivé, tout le monde a tourné la tête et s'est précipité vers lui comme si c'était le parrain qui arrivait.
16:15 Quand il rencontre Washington, Ken Bell est très surpris.
16:20 J'étais impressionné.
16:23 Il ne roulait pas des mécaniques, il était très propre.
16:28 Il ne roulait pas des mécaniques, il était très poli.
16:31 Peut-être qu'il se comportait comme ça parce que j'étais policier, mais j'ai été impressionné par cette espèce de retenue qu'il avait.
16:38 Le shérif Bell pense que Washington peut user de son influence pour arrêter le massacre.
16:44 J'espérais qu'à un moment donné, on arriverait à communiquer avec lui et à l'aider à faire quelque chose de positif.
16:54 Je pense que c'est ce qu'il voulait.
16:57 Mais quand il est sorti de prison, les Crips avaient pris trop d'ampleur.
17:00 Pendant son absence, Washington a perdu tout contrôle sur les Crips.
17:05 45 factions sont maintenant disséminées dans tout Los Angeles.
17:10 Et ils ne se contentent pas de se battre contre les Bloods.
17:14 Ils s'affrontent aussi entre eux.
17:16 Il y avait tellement de quartiers où les Crips avaient pris la place des autres gangs
17:22 que parfois vous alliez à une fusillade contre des ennemis et vous tiriez sur des Crips.
17:27 Et si vous tiriez sur des Crips, vous pouviez être sûr qu'ils allaient riposter.
17:34 Très déçu par toutes ces batailles intestines, le père fondateur des Crips décide de tout arrêter.
17:49 Je lui ai dit qu'on pouvait essayer de recoller les morceaux,
17:52 mais il ne voulait plus être impliqué dans tout ça.
17:55 Je crois qu'il était tombé amoureux d'une femme
17:59 et qu'il voulait être père, avoir un boulot, faire sa vie.
18:03 9 août 1979.
18:15 Raymond Lee Washington traîne à l'angle de la 64ème rue et de la rue San Pedro.
18:19 Une voiture s'approche lentement.
18:27 Les passagers l'appellent par son nom.
18:30 Raymond nous avait toujours dit, surtout ne vous approchez jamais d'une voiture.
18:35 Jamais.
18:37 Mais Washington reconnaît certainement un des occupants.
18:42 Car ignorant ses propres conseils, il avance vers la voiture.
18:45 Soudain, les passagers le braquent avec un fusil à canoncier.
18:50 Tiré à bout portant, la balle lui transperce l'estomac.
18:56 Le fondateur des Crips, alors âgé de 26 ans, est transporté d'urgence à l'hôpital.
19:02 Il succombera à ses blessures.
19:04 Il avait été tué en s'approchant de la voiture.
19:10 Il pensait que c'était quelqu'un qu'il connaissait.
19:12 La rumeur circule que Washington était en train de négocier la paix avec les Brims, une faction des Bloods.
19:19 Mais d'après Ken Bell, le meurtre n'a pas été commis par un gang rival.
19:25 C'est presque sûr que c'était des Crips.
19:28 S'ils étaient des Bloods, ce serait moins mystérieux.
19:32 Quelqu'un aurait avoué depuis le temps.
19:35 L'assassin de Washington ne sera jamais retrouvé.
19:40 Après sa mort, la fragile alliance des Crips vole en éclats.
19:43 Privés de chefs et de repères, les Crips se retournent les uns contre les autres.
19:48 A West Side, deux des plus importantes factions des Crips, les 8 Trey Gangsters et leurs voisins, les Rolling Sixties, commencent à s'affronter.
19:57 Le conflit commence par une dispute à propos d'une fille à une soirée, puis dégénère rapidement en fusillade.
20:06 Nous les 8 Treys, on s'énervait vite parce qu'on avait envie de se bagarrer.
20:11 On avait envie de montrer ce qu'on avait dans le ventre.
20:15 Et se mettre en guerre avec les Rolling Sixties, ça nous donnait l'occasion de le faire. Alors on a foncé.
20:22 Mais pour faire la guerre, les 8 Trey Gangsters doivent se procurer des armes.
20:28 31 décembre 1980, South Central.
20:33 On avait élaboré un plan avec quelques potes.
20:36 On devait casser la vitrine de surplus à minuit pour voler des flingues.
20:41 Tandis qu'ils montent la garde devant l'armurier surplus sur Hawthorne Boulevard,
20:46 le frère de Kershaw Scott, Monster Cody, est pris en embuscade par les Rolling Sixties.
20:51 Mon frère n'était pas armé.
20:56 Il a reçu cinq batailles de feu.
21:01 Il a reçu cinq balles.
21:03 La première chose que j'ai pensée, c'est que celui qui avait fait ça devrait payer.
21:10 Je ne voulais pas une petite revanche. J'ai dit, vous avez tué mon frère, je vais en buter dix.
21:18 Vous allez morfler.
21:21 J'ai mis au point une vengeance.
21:27 Et on l'a appliqué sans faire de quartier.
21:30 Le soir suivant, Scott et ses hommes traversent Western Avenue dans une camionnette volée.
21:35 Parcourant les rues du quartier ennemi, ils traquent les auteurs du meurtre.
21:39 Mais ne trouvant pas leur cible, les Eight-Thirteen décident de s'arrêter devant une fête organisée par les Rolling Sixties.
21:47 Ils bondent à la porte de la maison, et ils se retrouvent à la porte de la maison.
21:54 Ils bondissent hors de la voiture et ouvrent le feu.
21:58 Scott tue un membre du gang et en blesse quatre autres.
22:10 Un mois plus tard, j'étais en prison pour meurtre...
22:17 ...avec ceux qui m'avaient suivi.
22:23 Kershaw Scott passera presque six ans en maison de redressement.
22:27 Il vient tout juste d'avoir quinze ans.
22:30 Si j'avais eu un an de plus, je serais encore en prison aujourd'hui.
22:36 Et ça fait vingt-et-un ans que je suis sorti.
22:39 En moins d'une décennie, les conflits entre gangs sont passés des bagarres de lycéens à des fusillades cauchemardesques en voie de guerre.
22:51 Les membres des gangs sont désormais piégés par cette culture de la vengeance.
22:55 En 1980, on dénombre 355 homicides liés à des conflits intergang.
23:00 Et la raison de ces conflits va bientôt changer.
23:07 A cause d'une poudre étincelante et dangereusement séduisante...
23:12 ...la cocaïne.
23:16 En 1982, les mesures de répression prises par le gouvernement déplacent le commerce de la drogue vers l'ouest.
23:21 Les contrebandiers font transiter d'énormes quantités de la précieuse poudre par la frontière mexicaine...
23:26 ...et Los Angeles devient la capitale américaine de la cocaïne.
23:30 Mais à 100 dollars le gramme, la substance reste l'apanage des hautes sphères hollywoodiennes.
23:41 Pour élargir le marché, les dealers commencent à fabriquer une nouvelle drogue bien plus dangereuse et accessible à tous les porte-monnaies.
23:48 Le crack.
23:50 En 1986, à l'âge de 21 ans, Kershaw Scott est relâché de prison.
24:00 Il a purgé une peine de 6 ans pour meurtre.
24:03 Un meurtre commis pour venger son frère.
24:07 J'avais appris à devenir un meilleur criminel.
24:11 Kershaw est accueilli chaleureusement dans le quartier.
24:17 Ses amis passent le voir pour lui donner de l'argent et de la drogue.
24:21 Je n'avais jamais vu de crack ou de cocaïne de ma vie.
24:26 Cette version fumable de la cocaïne est une poule aux oeufs d'or pour les trafiquants.
24:31 Elle est peu coûteuse et facile à fabriquer.
24:35 Je n'y connaissais rien.
24:37 Je ne savais pas la couper, la vendre, encore moins cristalliser la poudre.
24:42 Mais j'ai vite appris.
24:45 C'est aussi simple que de faire une omelette.
24:48 Vraiment.
24:50 Un peu d'eau bouillante, un récipient, du bicarbonate.
24:54 Ça se solidifie dans le bocal.
24:58 C'est ultra simple.
25:00 Un enfant pourrait le faire.
25:03 Un enfant pourrait le faire.
25:05 Répondant à une demande croissante,
25:10 les gangs sillonnent le quartier de South Central en voiture pour vendre les doses.
25:14 Tenant son nom des petits craquements qu'ils fêtent en se consumant,
25:19 le crack a un effet fulgurant et intense
25:22 qui donne à ses victimes une envie irrépressible d'en reprendre immédiatement.
25:26 Tandis que le crack envahit Los Angeles,
25:29 le policier Wayne Caffey constate une hausse de la criminalité.
25:32 Vols aggravés, cambriolages, vols à la tire, vols de voiture.
25:36 Les accros au crack feraient n'importe quoi pour avoir leur dose.
25:40 Ils vendaient tout ce qu'ils avaient.
25:43 Tandis que le crack s'abat sur le quartier comme un véritable ouragan,
25:48 Bloody Rogers voit la communauté imploser.
25:51 Ils se mettaient dans un coin et demandaient
25:55 « Tu veux du crack ? Du sexe ? Ou de l'herbe ? »
25:57 Et tout d'un coup, un gamin de 13 ans pouvait gagner plus en une semaine
26:01 que ce que sa mère gagnait en un an.
26:03 Et c'est lui qui devenait le chef de famille.
26:07 Puis sa mère devenait son meilleur client.
26:12 C'était très malsain.
26:15 Quand une mère en arrive à me laisser son bébé en disant
26:18 « Je descends chercher le reste du fric, je reviens »,
26:21 et finit par me laisser son bébé pendant 10 jours
26:24 pour se payer une dose à 25 dollars,
26:29 il y a un truc qui ne va pas.
26:31 D'après le policier Tony Moreno,
26:36 le crack a changé le fonctionnement des gangs.
26:39 Les membres des gangs qui devenaient de bons hommes d'affaires,
26:43 de bons trafiquants,
26:46 se détachaient petit à petit de la vie des gangs.
26:49 Parce que les méfaits des gangs devenaient un handicap pour eux.
26:53 Quand on gagne 10 000 dollars par semaine,
26:57 on peut pas se mettre sur un gars dans une soirée ou dans un parc.
26:59 Ça n'a pas de sens.
27:01 Gagner de l'argent, c'était ça qui devenait leur priorité.
27:05 Les priorités changent et la structure du gang se modifie.
27:09 Les membres des gangs profitent de cette opulence inattendue
27:12 pour adopter un nouveau style de vie.
27:15 Tout d'un coup, on a commencé à voir des Crips et des Bloods très riches.
27:19 Ils avaient des voitures.
27:22 On les voyait un peu partout.
27:25 On s'en est rendu compte par les mandats de recherche et les photos.
27:27 Vous allez à Hawaï, faire du ski dans le Colorado,
27:30 et on s'est dit "mais qu'est-ce qui se passe ?"
27:33 Les gangs de rue deviennent de véritables armées privées
27:36 et la violence s'intensifie.
27:39 C'est passé de la violence de rue à ce qu'on pourrait appeler du crime organisé.
27:44 Ils ont commencé à amasser des gains, à blanchir de l'argent,
27:48 à programmer des cambriolages chez les gens,
27:51 des escroqueries entre dealers, tout ça.
27:54 Des enlèvements aussi.
27:55 C'était pas rare à l'époque.
27:58 Ils enlevaient un enfant et la rançon, c'était 2 kilos de cocaïne.
28:03 Pour défendre ce commerce lucratif,
28:07 les gangs investissent des maisons abandonnées
28:10 qu'ils barricadent en bloquant les fenêtres et en installant des portes blindées.
28:13 Baptisés "Crack House", ce sont de véritables distributeurs automatiques.
28:17 Des doses à 5 dollars, 10 dollars, 20 dollars.
28:22 Il suffit de glisser un billet dans la fente pour que la dose sorte automatiquement.
28:26 A l'intérieur, les dealers produisent du crack avec des briques de cocaïne d'un kilo.
28:34 Dans l'argot des rues, une brique de cocaïne se dit "bird", oiseau.
28:39 Quand on fait chauffer une brique de cocaïne en poudre pour en faire du crack,
28:44 ça dégage une odeur très forte.
28:47 Et quand on respire ça, on est défoncé.
28:51 En plus, on a de la cocaïne en poudre sur la table.
28:54 Et tout le monde se fait des rails.
28:57 Grâce à l'argent de la drogue,
29:00 les gangs peuvent désormais s'offrir le nec plus ultra des armes à feu.
29:04 Avec ça, t'as intérêt à faire gaffe.
29:09 C'est une carabine à main.
29:11 32 coups.
29:13 Tu peux aller ravager Lewis Park avec ça.
29:16 Je peux dégommer 32 personnes si je me débrouille bien.
29:21 Et ça, c'est la même chose.
29:22 J'en ai deux comme ça.
29:24 Au lieu d'un fusil 5 coups pour s'amuser le samedi soir,
29:30 ils avaient des armes qui pouvaient envoyer des rafales de 20 coups.
29:33 Et ça fusait dans tous les sens.
29:35 Il y avait beaucoup plus de victimes.
29:38 Le quartier de South Central devient si dangereux
29:42 que les habitants dorment dans leurs baignoires pour échapper aux balles perdues.
29:47 En 1987, les gangs de Los Angeles commettent un meurtre toutes les 24 heures.
29:52 Mais jusqu'à maintenant, ce conflit sanglant n'a pas dépassé les frontières du quartier de South Central.
30:01 30 janvier 1988.
30:08 Le quartier UP de Westwood Village est dans l'effervescence du samedi soir.
30:16 Karen Toshima, une artiste graphique de Long Beach, est en ville pour fêter une promotion professionnelle.
30:21 Sortant d'un dîner avec une amie, elle passe sans le savoir entre deux membres de gangs rivaux.
30:27 Dans la fusillade, Karen est touchée à la tête.
30:34 Elle meurt sur le trottoir.
30:38 Le drame choque profondément la classe moyenne de Los Angeles qui réalise que la violence des gangs peut frapper n'importe où.
30:52 La population exige que la police prenne des mesures.
30:58 9 avril 1988.
31:05 Le chef de la police de Los Angeles, Darryl Gates, lance une gigantesque offensive contre les gangs.
31:10 Il la baptise "Projet de développement culturel".
31:14 J'ai demandé à mes hommes de leur dire "on veut que le quartier évolue".
31:20 Soit vous quittez la ville, soit on vous fout dehors et on vous jette en prison ou en bar.
31:27 Alors foutez le camp de cette ville.
31:29 Et j'ai dit "le coup près va tomber, on va frapper fort".
31:35 1000 officiers de police envahissent bientôt les rues de South Central.
31:40 On avait pour consigne d'occuper la zone et d'appliquer un plan d'intervention systématique en contrôlant et en arrêtant le plus de membres de gangs possible pour nettoyer le quartier.
31:53 Durant le premier week-end, la politique de tolérance zéro prenée par Gates débouche sur environ 1500 arrestations.
32:02 Indiscipline des piétons, conduite sans permis, tapage nocturne.
32:06 On sillonnait les rues pour traquer tous ceux qui enfreignaient la loi et on s'en occupait.
32:12 Sentant le vent tourner, beaucoup de malfrats quittent la ville pour échapper aux arrestations.
32:20 Dans un premier temps, l'opération musclée de Gates est couronnée de succès.
32:28 On a mis beaucoup de voyous en prison, pour ceux qui ne comprenaient pas notre projet de développement culturel.
32:35 Il n'y avait plus de fusillade, plus aucun crime lié aux gangs.
32:39 On pouvait marcher dans la rue sans danger, les gens étaient ravis.
32:43 Certains habitants du quartier sont contents d'être débarrassés des gangs.
32:49 Mais beaucoup perçoivent cette opération comme une répression raciste, qui leur rappelle l'épisode douloureux des émeutes de Watts.
32:55 Ils n'hésitaient pas à rafler tout le monde.
32:58 Que tu sois dans un gang ou pas, si on te chopait entre le samedi et le dimanche, tu étais dans la catégorie membres de gang.
33:11 Cette colère ressentie par la communauté complique la tâche des policiers qui travaillent dans la rue.
33:20 Malheureusement, des gens innocents étaient traités comme des voyous.
33:23 Ils étaient malmenés, plaqués au sol, alors ils étaient furieux.
33:27 Jusqu'au moment où un fossé énorme s'est creusé entre les représentants de la loi, nous, qui étions censés protéger la population,
33:36 et les gens du quartier, qui auraient dû nous faire confiance.
33:39 On a perdu cette confiance.
33:41 Gates devient la proie de nombreux acteurs de la police.
33:48 Gates devient la proie de nombreuses critiques.
33:50 J'ai été incendié par le conseil municipal, par le maire.
33:56 Tout le monde m'est tombé dessus alors que j'essayais de faire de mon mieux pour régler le problème.
34:02 Je n'acceptais pas les critiques des médias ni celles des politiques, mais tout ça me fatiguait.
34:10 Tout ce que j'avais voulu faire, c'était arranger les choses.
34:16 Alors j'ai choisi d'arrêter mon opération coup de poing.
34:19 Et les gangs sont revenus.
34:21 Et les honnêtes gens étaient anéantis par ma décision.
34:25 Après avoir donné lieu à presque 25 000 arrestations, la guerre anti-gang de Gates prend fin.
34:37 Les policiers se retirent et les balles recommencent à fuser de tous côtés.
34:43 La cité des anges est en pleine descente aux enfers.
34:46 Le nombre de meurtres a atteint des records en juillet et en août.
34:50 Akila Sherrills a 12 ans quand il rejoint les Grape Street Creeps du quartier de Watts.
34:59 Mais il quitte son appartement de la cité de Jordan Downs et abandonne la vie des rues pour entrer à l'université.
35:12 J'ai eu une révélation et j'ai échappé au quartier.
35:15 Je voulais pas rentrer chez moi.
35:19 Pendant les vacances de Pâques, je suis pas rentré.
35:22 Je suis resté sur le campus.
35:24 Tout le monde rentrait, mais moi je restais.
35:26 Parce qu'à chaque fois que j'appelais à la maison, j'apprenais que quelqu'un avait été tué.
35:30 Et puis je voyais mon frère, qui bossait pour le gang,
35:34 qui vendait de la drogue, ces trucs-là.
35:37 Et il a été tué.
35:39 Akila réagit en militant pour la paix dans sa communauté.
35:42 Il retourne dans les cités du quartier de Watts et tente d'établir une trêve entre les gangs rivaux.
35:47 On avait un rêve.
35:50 On se disait que si on instaurait un traité de paix entre la cité des Jordan Downs et celle des Nickerson Gardens,
35:57 ça ferait boule de neige dans les autres quartiers.
36:00 Pour Akila, le défi est de trouver un moyen de se réunir.
36:07 Pour Akila, le défi est de taille.
36:09 Après presque 20 ans de meurtres et de chaos, c'est l'amertume et la colère qui prédominent dans la population.
36:16 Même si tout le monde était d'accord pour calmer le jeu et participer à la mise en place de cette trêve,
36:24 personne n'avait encore fait le premier pas.
36:32 La communauté entrevoit enfin une lueur d'espoir quand les pourparlers commencent entre les Crips et les Bloods.
36:37 Mais le 29 avril 1992, cet espoir vole en éclat.
36:43 Un verdict surprenant.
36:47 Les jurés du procès de Los Angeles sur les brutalités policières se sont prononcés.
36:52 Les jurés ont déclaré les accusés non coupables de tous les chefs d'accusation, sauf un qui a été annulé.
37:00 Kershom Scott reste bougeubé devant sa télévision.
37:02 Les quatre officiers de police accusés du meurtre de Rodney King viennent d'être acquittés.
37:07 Ma réaction ça a été "on va leur défoncer la tronche, on va à Beverly Hills et on les défonce".
37:13 C'est la goutte d'eau qui a fait les bandesle-vases.
37:18 Et ça nous a fait descendre dans la rue.
37:27 Les hostilités éclatent sur Normandie Avenue avec le pillage d'un magasin de vin et spiritueux par le gang de Scott.
37:33 Quand les policiers arrivent, la colère des jeunes se retourne contre eux.
37:37 On a commencé à s'insulter des deux côtés puis ça a dégénéré.
37:45 Et on leur a lancé des pierres, des bouteilles et des briques.
37:54 Face à cette foule hostile, les policiers reçoivent l'ordre de battre en retraite.
37:58 On est restés à l'angle des deux avenues comme si on avait vaincu la police.
38:05 En gros, si vous passiez par là et que vous n'étiez pas black, vous étiez mal barrés.
38:20 Les membres de gang arrêtent les automobilistes pour les tabasser et leur voler leur argent.
38:24 A environ 18h45, le chauffeur de poids lourd Reginald Denny s'approche de l'intersection.
38:35 Il n'est pas au courant de ce qui s'y passe.
38:39 Il est arrivé avec un camion énorme.
38:42 Le plus gros du carrefour.
38:45 Et il s'est arrêté.
38:49 Il a été sorti de force de son camion.
38:51 Et il a été roué de goût.
38:54 Sans raison.
38:56 Par cruauté.
38:58 Un ami de Scott, Damian "Football" Williams, frappe Denny avec une brique.
39:04 C'est quand j'ai entendu le bruit de la brique contre sa tête que je me suis barré.
39:15 C'est ce qui m'a fait sortir de cette zone.
39:17 C'était vraiment trop malsain.
39:21 Ce n'était pas correct.
39:22 Écoeuré par cette violence gratuite, Scott ne veut plus participer à l'émeute.
39:27 Il quitte les lieux et rentre chez lui.
39:30 A la tombée de la nuit, le quartier de South Central à Los Angeles s'est embrasé.
39:37 On n'a pas vu un tel chaos depuis les émeutes de Watts en 1965.
39:41 Out of control.
39:42 Plongé dans un véritable enfer pendant six jours, South Central se consomme dans les flammes.
39:55 L'ordre ne sera rétabli qu'après l'intervention de la garde nationale.
40:00 Les émeutes ont fait 53 morts et plus de 2000 blessés.
40:05 Plus de 100 immeubles ont été détruits.
40:08 Le coût des dégâts s'élève à un milliard de dollars.
40:11 Miraculeusement, Reginald Denny survit à l'agression dont il a été victime.
40:16 L'ami de Kershawn, Damian "Football" Williams, est condamné pour coups et blessures volontaires.
40:22 Il est cobre d'une peine de dix ans de prison.
40:24 Sur les cendres des victimes, les Bloods et les Crips finissent enfin par se rapprocher.
40:32 Unis par leur révolte contre la police, ils déclarent une trêve provisoire.
40:38 Nous, les Bloods et les Crips, avons su rester soudés face à la police et aux médias.
40:44 C'est donc soudés que nous retournerons ensemble dans les parcs et les lieux de loisirs.
40:51 Et nous donnerons à notre communauté la certitude de ne plus avoir rien à craindre.
41:03 Les habitants du quartier de South Central peuvent de nouveau sortir dans les rues.
41:08 Le traité de paix a changé la vie des gens.
41:12 Les grand-mères pouvaient à nouveau sortir, les enfants jouaient dans les parcs,
41:16 beaucoup d'hommes devenaient enfin de vrais pères.
41:19 Il y a eu plein de retombées positives.
41:22 Mais tandis que les gangsters de South Central prennent conscience de l'absurdité de leur mode de vie,
41:29 l'Amérique glorifie leur culture à travers les films, la mode ou la musique.
41:34 Avant c'était honteux de venir de Compton ou de Watts,
41:39 mais aujourd'hui, les ados blancs penchent leur casquette sur le côté,
41:42 et les quartiers chauds sont devenus glamour.
41:45 Comme si c'était synonyme de liberté, mais c'est un leurre.
41:48 Les Crips et les Bloods exportent la violence et la drogue dans tous les Etats-Unis.
41:54 Tout à coup, tout le monde veut appartenir à ce mythe, à cette mentalité, à cette culture.
41:59 Il y a des Crips et des Bloods blancs, asiatiques, hispaniques, c'est n'importe quoi.
42:05 C'est malheureux.
42:07 La société américaine ne l'a pas vu venir, mais on est en plein dedans, et il faut faire quelque chose.
42:12 À Los Angeles, beaucoup d'anciens gangsters ont changé de vie.
42:23 Kershaw Scott est devenu le porte-parole des gangs et se bat pour la paix.
42:27 Il a quitté son gang pour s'occuper de son fils.
42:30 Je voulais faire mieux pour mon fils.
42:33 Je voulais qu'il ait autre chose que Los Angeles,
42:36 qu'il voit autre chose que ce mode de vie suicidaire.
42:39 Mais la culture des gangs exerce un attrait morbide.
42:45 Scott n'a pas réussi à empêcher son propre fils de finir en prison.
42:51 Il s'est lié aux mauvaises personnes et il a mal tourné.
42:54 Et je me suis senti impuissant.
42:58 J'ai crapahuté dans tout le pays et même en dehors pour essayer d'aider d'autres gamins et d'autres personnes,
43:09 pour sauver des vies.
43:12 Mais je n'ai pas pu sauver mon fils.
43:17 Il y a un truc qui me fait mal tous les jours.
43:20 Tous les jours.
43:21 Blood T. Rogers travaille désormais comme éducateur auprès des Bloods et des Crips.
43:34 Il s'occupe d'une équipe de basketball où les Crips et les Bloods doivent jouer les uns avec les autres.
43:40 J'ai un rôle à jouer.
43:45 J'ai un regret dans ma vie.
43:47 Le gang que j'ai créé, c'était une machine à tuer.
43:52 Et plein de gens sont morts en croyant aux mêmes choses que moi.
43:58 C'est mon seul regret.
44:00 Parce que j'avais le pouvoir de vie et de mort entre les mains.
44:04 Mais je n'ai pas le pouvoir de les ressusciter.
44:10 Aujourd'hui, grâce au travail des anciens membres de gang auprès des jeunes
44:14 et à l'apaisement des relations entre les habitants du quartier et la police,
44:17 le nombre de meurtres par an à Los Angeles n'a jamais été aussi bas depuis 1970.
44:23 [Musique]
44:46 Tout de suite sur National Geographic Channel.
44:52 Je suis assez de quelques...

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