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Retrouvez le podcast de l'émission La France à Découvrir tous les dimanche à 18h00.

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##LA_FRANCE_A_DECOUVRIR-2023-07-31##

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Voyages
Transcription
00:00 Sud Radio, la France à découvrir, Christophe Gickel.
00:04 Ah, chers amis de Sud Radio, dans cette émission, il sera question d'un mot qui résonne dans
00:07 nos esprits, notre culture, notre tradition, notre histoire et avec lequel nous avons un
00:11 lien affectif puissant.
00:13 Un de ces rares mots dans notre pays qui fait consensus, enfin au moins qui devrait.
00:16 Ce mot c'est patrimoine.
00:18 Ah là là, en France on est vachement fort en patrimoine.
00:20 Patrimonium en latin, étymologiquement c'est le terme qui désigne ce qui est hérité
00:24 du père.
00:25 Donc c'est tout ce que nos anciens, nos aïeux, nos prédécesseurs ont bâti, construit, fabriqué,
00:29 sculpté dans notre pays et qui subsiste tant bien que mal protégé par nos soins.
00:33 Enfin bon, on compte plus de 43 000 immeubles, maisons, demeures, châteaux, églises, chapelles,
00:38 300 000 objets mobiliers et 1 400 orgues qui sont protégés par le statut des monuments
00:42 historiques.
00:43 Mais notre patrimoine, ce sont aussi les héritages du passé existant aujourd'hui et jugés dignes
00:48 d'être conservés en l'état pour l'avenir.
00:49 C'est beau, un paysage, une chapelle oubliée par exemple, une langue régionale, une tradition,
00:54 un savoir-faire, des pieds de vignes.
00:55 Bref, le patrimoine c'est aussi un cadre de vie.
00:58 Et un cadre, ça s'abîme, donc ça se restaure et ça s'entretient, si on veut que la vie
01:02 à l'intérieur continue d'être jolie.
01:03 Bref, souvent de bonnes âmes et de belles volontés s'échignent avec punacité à
01:07 le sauver ce patrimoine.
01:08 On va voir dans cette émission comment.
01:10 Eh bien justement, nous sommes avec Alexandra Sobzak-Romansky, présidente de l'association
01:18 Urgence Patrimoine créée en mai 2014.
01:21 Bonjour, bonsoir Alexandra.
01:23 Bonjour Christophe, bonjour à tous les auditeurs et les auditrices.
01:26 Eh c'est bien, vous avez retenu la leçon de faire court.
01:28 Oui, ce qui n'est absolument pas ma spécialité.
01:31 Parce que vous êtes très bavarde, mais c'est formidable.
01:33 Nous avons Mélina Dessol aussi, conseillère municipale commune de Hondevilliers dans le
01:37 77, 280 habitants.
01:40 Bonjour, bonsoir Mélina.
01:42 Bonjour.
01:43 Gilles Crémillieux est avec nous, maire d'Orpierre, Hautes-Alpes, 377 habitants à 40 km de Sisteron.
01:48 Bonjour Gilles.
01:49 Bonjour.
01:50 Et Olivier Fury avec nous, propriétaire de l'ancienne chapelle du couvent des Augustins,
01:54 chapelle des pénitents à Montagnac dans les Roses, à 10 minutes en voiture de Pézenas,
01:59 à 20 minutes de l'étang de Thau.
02:00 Il fait beau là-bas ? Oui, ça va, il fait beau.
02:03 Grand soleil, un peu de vent.
02:05 Bonjour.
02:06 Bonjour Olivier.
02:07 Alexandra Sobzak-Romansky, présidente de l'association Urgence Patrimoine créée en
02:10 mai 2014, 400 adhérents, plus d'une centaine d'actions engagées par an.
02:15 On vous surnomme, enfin vous vous surnommez vous-même, la Marie-Pierre Cazet du patrimoine.
02:19 Rappelez-nous qui était Marie-Pierre Cazet.
02:21 Alors Marie-Pierre Cazet c'était l'actrice iconique, je pense que tous les quincas se
02:29 souviennent d'elle, qui mettait du please sur une table et après avec son tablier,
02:37 qui disait à la fin "et je ne ferai pas ça, et c'est tant mieux parce que je ne ferai
02:40 pas ça tous les jours".
02:41 Et vous, vous êtes bénévole dans l'association et vous faites ça tous les jours.
02:44 Je fais ça tous les jours, 15 heures par jour.
02:46 Depuis combien ? 9 ans.
02:48 Depuis 9 ans.
02:49 Depuis 9 ans.
02:50 Voilà, c'est vraiment une passion et je pense un engagement qui me semblait nécessaire
02:56 parce que...
02:57 Donc votre boulot à vous c'est de sauver le patrimoine, c'est-à-dire que des gens,
02:59 des associations en France, partout, dans les communes vous appellent et vous dites
03:02 "là il y a un problème, il faut une église qui va tomber, un truc, un machin, un bâtiment,
03:06 un tableau, il faut faire quelque chose, on a essayé, on n'y arrive pas".
03:10 Alors on nous appelle surtout pour éviter que les édifices soient démolis.
03:17 Parce qu'avant de restaurer, il faut pouvoir sauver le patrimoine.
03:21 Et comme je dis toujours, on pourra toujours soigner un blessé, on ne pourra jamais soigner
03:24 un mort.
03:25 Donc nous, notre mission première est de permettre à un maximum d'édifices de rester
03:32 debout et de ne pas finir en tas de gravats, comme c'est malheureusement de plus en plus
03:37 le cas sur l'ensemble du territoire.
03:39 Et pourquoi vous prenez l'exemple de la grand-mère et de Catherine Deneuve ? J'aime bien cet
03:41 exemple que vous me racontez.
03:43 Racontez-nous ça.
03:44 En fait, en France, on a plutôt tendance à mobiliser son argent et son attention sur
03:52 ce que Mme Bachelot appelait les "grands opérateurs", sur les grands édifices.
03:54 On l'a vu avec Notre-Dame et la déferlante de dons, bon, tant mieux.
03:59 Et en fait, moi j'ai le chiffre sous les yeux, 27 432 000 euros ont été récoltés
04:06 par 205 362 donateurs.
04:09 C'est énorme pour Notre-Dame.
04:11 C'est plus que ça.
04:12 On frôle le milliard.
04:13 Vous êtes au milliard là.
04:14 On est sur Paris, uniquement sur Paris.
04:15 Ah oui, voilà, sur Paris.
04:16 Pas mal.
04:17 Oui, oui, c'est bien.
04:18 On donne.
04:19 On donne pour Notre-Dame.
04:20 Et en fait, l'image que j'aime bien essayer de montrer, c'est votre grand-mère est souffrante,
04:31 elle est gravement malade.
04:32 Catherine Deneuve souffre de la même maladie.
04:35 Donc, en fait, les gens ont tendance à plus donner à Catherine Deneuve et à laisser
04:42 mourir leur grand-mère.
04:43 C'est un peu ça le patrimoine.
04:44 Exactement.
04:45 Alors qu'on ne veut absolument aucun mal à Catherine Deneuve.
04:48 Tout va bien.
04:49 J'adore.
04:50 J'adore Catherine Deneuve.
04:51 Vous êtes un bon exemple.
04:52 On a plus tendance à vouloir soigner quelqu'un qui est connu, les stars du patrimoine, que
04:56 la petite église, la petite chapelle ou le petit bâtiment qui est chez nous.
04:59 Et comment on explique ça ?
05:00 Alors bon, il y a beaucoup de mécènes et de sponsors qui préfèrent aller sur des
05:03 grands édifices parce que leur image de marque, c'est vrai que quand Vuitton met ses bâches
05:09 sur le Ritz ou je ne sais pas quel édifice parisien, c'est plus porteur que s'ils
05:16 mettaient ça sur la petite chapelle des Deux-Sèvres.
05:19 Mais je ne comprends pas pourquoi l'un n'irait pas sans l'autre.
05:23 Moi, je pense que sincèrement, les grands doivent se mettre aussi au service des petits.
05:28 Dans la vraie vie, on essaie de mettre en place plein de mesures pour les plus fragiles
05:32 d'entre nous, pourquoi on ne ferait pas la même chose pour le patrimoine ?
05:35 On va en parler avec Gilles Crémilleux, qui est maire d'Orpierre dans les Hautes-Alpes.
05:38 377 habitants, c'est une ancienne place forte protestante, un village historique, une image
05:42 d'Épinale de la Provence à 40 kilomètres de Cisteron.
05:45 Alors c'est un village qui est connu dans le monde entier.
05:47 Pourquoi Gilles ?
05:48 Pour les falaises et la naissance de la grimpe, cette passion actuellement dévorante pour
05:56 la grimpe.
05:57 Absolument.
05:58 C'est né dans les années 80 à Orpierre.
05:59 C'est connu pour ses sites d'escalade, ses très belles falaises.
06:03 Vous êtes au sud des Hautes-Alpes, c'est un charmant petit village des Baronies Provençales
06:06 qui est situé dans la vallée du Séan, à 12 kilomètres de l'Aragne.
06:10 C'est ça ?
06:11 Voilà.
06:12 C'est vraiment un joli petit village avec des jolies petites ruelles, un peu dans son
06:15 jeu historique, une cité historique de caractère.
06:17 Alors qu'est-ce qui vous est arrivé, Gilles ?
06:18 Qu'est-ce que vous avez sauvé dans votre village et comment ça s'est passé ?
06:21 Écoutez, la première fois que j'ai entendu parler d'urgence patrimoine, c'était la
06:27 municipalité précédente qui était aux commandes et une maison menacée réellement de s'écrouler.
06:37 Et les amis d'Orpierre m'ont dit « tiens, on va contacter l'urgence patrimoine ».
06:42 Bonne idée.
06:43 Voilà.
06:44 Enfin, pourquoi pas au point où ça en était puisque finalement la municipalité avait fait
06:49 le choix.
06:50 Comme les caves sont superbes, notamment des films ont été tournés dans ces caves magnifiques,
06:57 la municipalité avait tranché en disant « écoutez, il n'y a rien à faire, on va la faire
07:02 écrouler et on remplira comme ça.
07:04 Ils n'auront pas à emmener les gravats, ils rempliront les caves ».
07:08 Ce qui était effectivement une tragédie pour le patrimoine dont parlait si bien Alexandra.
07:12 Et donc, l'urgence patrimoine a lancé son appel au secours et un entrepreneur est venu
07:22 pour l'euro symbolique, mais s'est chargé en contrepartie, de la consolider.
07:27 Et ça, c'était une première phase.
07:28 Et puis, depuis que je suis maire, compte tenu de cette expérience positive, il y avait
07:34 dans le village une très belle demeure du XVIIIe siècle, une maison de nota très grande
07:39 qui passe de main en main parce qu'elle n'est pas chère, parce qu'elle est en très mauvais
07:42 état et donc pas chère, et qui passe de main en main avec des gens qui espèrent
07:47 y faire des gites et puis qui au bout de quelques mois jettent l'éponge.
07:54 Et je me suis dit, moi en tant que maire, ça ne peut plus durer parce que la maison
07:59 continue à se dégrader et puis nous n'avons pas de solution.
08:03 Et donc, j'ai dit à Alexandra Soljache, « Est-ce qu'on pourrait trouver quelqu'un
08:09 qui ait l'air insolide et qui ait une passion bien sûr pour le patrimoine et qui se charge
08:14 de ce dossier ? » Elle m'a dit « Oh, pas de problème quand même ».
08:18 Elle est comme ça Alexandra, elle dit toujours « Pas de problème ».
08:21 Immédiate, passionnée, « Envoie-moi des photos ».
08:25 On lui a envoyé quelques photos, je le reconnais maintenant, plutôt flatteuses, et elle a
08:33 mis ça sur son site et de fait, parce qu'il y a un réseau très important de gens passionnés,
08:41 de donateurs, plutôt aisés c'est vrai, et bien l'un d'eux a dit « Écoutez
08:46 moi, pourquoi pas ? »
08:47 Il a sauvé l'histoire.
08:48 Et donc il a acheté cette maison, il va la sauver, il va nous aider à la restaurer.
08:54 Là nous sommes dans la phase où l'achat a été signé, les choses sont engagées.
08:58 Maintenant il faut un projet pour cette maison, c'est d'ailleurs ce que j'apprécie
09:03 dans ce donateur, dans ce mécène.
09:06 C'est que sa première question ça a été de dire « Mais M. le maire, moi c'est
09:11 clair, je vais vous aider à la restaurer, mais je veux qu'il s'y passe quelque
09:14 chose, et je veux qu'elle s'auto-gère ou s'auto-finance par la suite.
09:19 Donc nous sommes sur ces projets-là.
09:20 Très bien.
09:21 Alexandra, comment vous trouvez, quels sont vos réseaux ? C'est les pages Facebook,
09:25 c'est LinkedIn, c'est Instagram, c'est quoi vos réseaux ?
09:27 Alors je suis nulle avec Instagram et encore pire avec Twitter.
09:30 Mais Facebook en fait, Urgence Patrimoine est né sur Facebook, à partir de la page
09:36 Facebook.
09:37 Mais c'est vrai que maintenant on a un très gros réseau sur LinkedIn.
09:40 C'est comme ça que ça marche ?
09:42 C'est comme ça que ça marche.
09:43 Et est-ce que vous avez besoin de dons ? Et combien ça coûte à l'année pour vous
09:45 soutenir ?
09:46 Le plus possible parce que maintenant on est amené à faire de plus en plus de recours
09:53 contre les démolisseurs ou contre les structures qui vont défigurer nos paysages, alors que
10:00 ce soit éoliennes, antennes-relais, on le verra, méthaniseurs, qui pourrissent vraiment
10:04 nos campagnes.
10:05 Ah parce que vous attaquez à ça aussi ?
10:06 On s'attaque à ça aussi.
10:07 A tout ?
10:08 A tout.
10:09 Tout ce qui peut faire défigurer.
10:11 Et donc ça, ça coûte très cher.
10:14 Et c'est vrai que les donateurs sont toujours plus… c'est beaucoup plus facile de donner
10:19 pour restaurer quelque chose que pour financer des recours ou des actions en justice ou toute
10:26 autre action qui permettrait la sauvegarde du patrimoine.
10:29 Donc on a très très peu de sponsors et de mécènes.
10:32 Si Sud Radio d'ailleurs veut être sponsor, ça sera avec leur plaisir.
10:35 Oui bien sûr, on va en parler à la direction générale dans un instant.
10:38 Je dis toujours, on est certainement l'association la plus pauvre, mais en revanche on a vraiment
10:42 un réseau extraordinaire.
10:44 C'est combien la cotisation par an ?
10:45 C'est 10 euros.
10:46 10 euros ?
10:47 Parce que j'ai voulu justement que ce soit accessible à tout le monde.
10:50 On me dit "ça dévalorise ton association, c'est pas assez cher".
10:54 Sauf que moi, tous les ans, la première personne qui réadhère, c'est une petite dame qui
10:59 habite à Provins, qui est veuve, qui a une toute petite retraite.
11:03 Et si je passais l'adhésion à 30 euros, comme c'est dans le coût d'association,
11:07 je ne veux pas perdre des gens comme ça.
11:08 Parce que le patrimoine est un bien commun et tout le monde doit avoir accès à sa sauvegarde.
11:17 Alors comment on fait pour adhérer ? Là les gens qui nous écoutent, ils vous trouvent
11:21 sympa et ils disent "tiens on va aider le patrimoine".
11:22 Comment on fait ?
11:23 Ils vont sur urgencepatrimoine.fr et ils ont soit le bulletin d'adhésion à télécharger,
11:29 soit le lien vers la plateforme Eloasso pour faire un don ou pour adhérer.
11:35 Ou alors ils vont sur mon profil LinkedIn et je me fais un plaisir de leur répondre.
11:40 Il faut soutenir et aider Urgence Patrimoine, il faut adhérer en donnant 10 euros c'est
11:43 le minimum, mais on peut donner 30, 50, 60, 100, ce qu'on veut.
11:46 Oui, bien sûr, même beaucoup plus.
11:48 Dans un instant, chers amis de Sud Radio, on va continuer cette émission consacrée
11:52 au patrimoine avec Olivier Fury qui est propriétaire de l'ancienne chapelle du couvent des Augustas
11:57 et qui va nous raconter son histoire.
11:58 A tout de suite.
11:59 Sud Radio, la France à découvrir.
12:01 Christophe Jiquel.
12:02 Et nous découvrons aujourd'hui comment sauver la France, comment sauver le patrimoine.
12:06 C'est un peu ça l'histoire.
12:07 Alexandra Sobzak-Romansky, présidente de l'association Urgence Patrimoine créée
12:12 en mai 2014, 400 adhérents, bénévoles et une énergie et une pugnacité folles pour
12:17 tous les jours se lever et se dire "Allez, il y a des combats qu'il faut mener pour
12:20 sauver tel ou tel bâtiment, telle ou telle église".
12:22 Vous êtes appelée au secours de partout dans le pays.
12:25 Oui, partout et de plus en plus.
12:27 Avant, c'était une alerte par semaine et maintenant ça passe à quasiment une par
12:33 jour.
12:34 C'est infernal.
12:35 Même le dimanche.
12:36 Parce que les gens partent du principe que…
12:38 Et vous avez un mari ?
12:39 J'ai un mari qui…
12:40 Et qu'est-ce qu'il en dit ?
12:41 Il en peut plus.
12:42 Il appelle ça "mais délires patrimoniaux".
12:43 Pour lui, Urgence Patrimoine, c'est pas 15 heures par jour, c'est H24, même la nuit,
12:49 je respire.
12:50 Vous ne parlez que de ça.
12:51 Il aime ça, l'urgence patrimoine, heureusement.
12:53 Mais on vous a surnommé l'agendarc du patrimoine.
12:55 Aussi.
12:56 Mais maintenant que j'habite à côté de Rouen, je me fais beaucoup de soucis.
13:00 Faudra faire attention.
13:01 Ne pas vous approcher d'un foyer par exemple.
13:03 Voilà, exactement.
13:04 Mélina Dessol est avec nous, elle est conseillère municipale sur la commune de Hondevilliers.
13:07 Gilles Crémillieux aussi, maire d'Orpillia, qui nous a donné l'exemple d'un sauvetage
13:11 d'une maison dans sa très belle commune à 40 km de Cisteron.
13:14 Et puis Olivier Fury est avec nous.
13:16 Olivier, le propriétaire de l'ancienne chapelle du couvent des Augustins, chapelle
13:19 des pénitents à Montagnac dans les Ros.
13:21 A 10 minutes en voiture de Pesnace, 20 minutes de l'étang de Thau, très belle région
13:24 également.
13:25 Olivier Fury, qu'est-ce qui s'est passé avec cette chapelle ?
13:27 Alors en 2011, le maire de la commune m'a demandé d'acheter cette chapelle car elle
13:34 était en très mauvais état et elle appartenait au diocèse.
13:38 Jusque là, tout va bien ?
13:40 Jusque là, tout va bien.
13:42 Je contacte le diocèse.
13:44 Le diocèse me dit que cette église n'est pas à vendre.
13:48 Et par un concours de circonstances, quelques années après, je rencontre le curé du village
13:54 qui me dit "bah écoute, ça nous arrangerait bien de vendre cette chapelle parce qu'on
14:00 a vu son état et elle est en ruine".
14:05 En réalité, le diocèse était resté sur les années 1960 lorsqu'ils avaient fermé
14:09 les portes.
14:10 Et bon, j'ai visité difficilement car il n'y avait pas d'accès avec le curé de
14:20 cette chapelle et on s'est aperçu qu'il y avait urgence puisqu'il y avait un trou
14:24 de 80 mètres carrés dans la toiture.
14:27 Il y avait un des murs qui émitoyait une autre maison qui allait s'écrouler.
14:32 Et en plus, une association qui utilisait cette église en tant que déchetterie avait
14:42 mis 38 mètres cubes de déchets à l'intérieur.
14:44 Donc c'était une ruine totale.
14:45 Vous remontez les manches.
14:47 Vous l'avez restaurée.
14:49 360 000 euros d'investissement avec un projet culturel.
14:52 C'est vraiment une magnifique bâtisse.
14:54 Et puis là, on vous rapproche d'avoir fait des travaux sans autorisation.
14:56 Et là, c'est le drame.
14:58 C'est patatrasse.
14:59 Le ciel vous tombe sur la tête et on ne vous en voit que des problèmes.
15:02 Voilà.
15:03 En réalité, on a travaillé pendant cette année à l'intérieur.
15:08 Pour vous dire l'état de cette chapelle, c'est qu'on nous l'a vendue 10 000 euros.
15:13 C'est même pas 10 % du terrain constructible ici.
15:17 Donc on nous l'a vendue.
15:21 Tout le monde était content.
15:22 J'ai eu le prix de la ville de Montagnac en 2017 pour la rénovation que nous avons
15:26 fait.
15:27 Ainsi qu'une lettre de remerciement de Brigitte Macron.
15:30 Oui, parce qu'on y avait demandé un service concernant l'ERP et nous avez félicité
15:35 pour le travail accompli.
15:37 J'ai aujourd'hui eu à peu près 8 000 lettres ou mails félicitant le travail que
15:46 l'on a réalisé dans cette église.
15:47 Et pourtant, vous vous retrouvez devant les tribunaux.
15:49 Et je me retrouve devant les tribunaux, car cette église était inscrite.
15:54 On le savait, oui, mais personne ne nous a dit "attention, elle est inscrite, vous n'avez
16:00 le droit de ne rien faire à l'intérieur".
16:05 Et on a fait les travaux avec à chaque fois la visite des architectes des monuments historiques
16:12 qui venaient constater pratiquement tous les ans, on a eu quelqu'un qui a constaté les
16:17 travaux effectués et jamais personne ne nous a rien dit jusqu'à ce que les travaux soient
16:22 finis.
16:23 Et un signalement au procureur de la République.
16:27 Alors personnellement, je ne sais pas qui a signalé au procureur de la République.
16:32 Et le procureur de la République, nous on pensait, j'ai été entendu à la gendarmerie,
16:36 on pensait que vu tous les éléments que j'apportais, que ça allait être sans suite.
16:43 Et je me suis retrouvé en janvier de cette année au tribunal, en tant que président
16:47 de la société.
16:48 Poursuivi pour travaux réalisés sans autorisation.
16:54 Alors ces travaux, ils sont simples.
16:57 C'est un podium dans le cœur, piquage et enduit des murs gouteraux, une dalle béton
17:09 et une mézanine.
17:10 D'accord.
17:11 Et ça c'est la DRAC qui vous poursuit, la direction régionale des affaires culturelles.
17:14 Alors c'est la DRAC qui a écrit un courrier au procureur en disant, M.
17:20 Furi a fait, au début M.
17:22 Furi, et après ils se sont révisés, ils ont mis en cause l'association, car en réalité
17:27 c'est l'association qui a fait les travaux.
17:31 Et voilà, ces travaux ont été faits sans autorisation.
17:35 C'est vrai, d'accord.
17:36 Oui, oui, je l'ai reconnu tout de suite.
17:39 Bien sûr.
17:40 Mais il faut savoir qu'on a refait la totalité de la toiture sans autorisation.
17:44 On a remonté tous les murs sans autorisation.
17:48 On est parti d'une ruine, donc il n'était pas possible, il y avait urgence, parce que
17:56 la ruine menaçait de s'écrouler.
17:57 Si elle s'était écroulée, elle aurait emmené les édifices voisins.
18:00 J'en suis convaincu, et tous les experts qui sont venus ici l'ont dit.
18:05 Donc il y avait vraiment urgence.
18:07 Donc Alexandra, est-ce que c'est vraiment le symbole d'un imbroglio administratif dont
18:12 vous êtes souvent témoin ?
18:14 Oui, c'est vraiment un problème.
18:15 Parce que d'un côté, quand un édifice est en grand, grand péril, qu'il est protégé,
18:21 comme c'est le cas de la chapelle d'Olivier au titre des monuments historiques, il n'y
18:24 a pas forcément de réaction de la DRAC.
18:26 On laisse pourrir.
18:28 J'ai un exemple comme ça, le château de Cassel, qui est lui classé, c'est au-dessus
18:31 de l'inscription.
18:32 C'est où Cassel ?
18:33 Cassel, c'est dans les Hauts-de-France.
18:34 Tout le monde s'en fiche.
18:37 Il y a une ASSOS qui essaie de faire des choses, mais qui n'aimerait pas rien le racheter.
18:42 Il n'y a absolument aucune injonction de la part de la DRAC envers le propriétaire.
18:48 Et là, quelqu'un, certes, qui n'a pas respecté la loi, qui n'a pas demandé l'autorisation,
18:56 restaure de façon quand même extrêmement gracieuse, esthétique.
19:03 Il n'y a rien qui choque.
19:06 Je trouve que la restauration est très bien faite.
19:08 Et là, on va lui chercher des pouces dans la tête.
19:11 Ce qui est important, c'est de rappeler qu'Olivier Fury n'a pas demandé un centime d'argent
19:17 public.
19:18 Un édifice qui est inscrit, on peut espérer jusqu'à 30% de subvention publique.
19:23 Lui, il n'a rien demandé du tout.
19:25 Il a tout payé de sa poche.
19:28 Il a tout fait.
19:29 En plus, sous la surveillance des architectes, il y a quand même des gens qui sont passés.
19:34 Ce n'est pas comme s'il avait fait ça en catimini.
19:36 Tout le monde était au courant. Pourquoi d'un seul coup, maintenant que la chapelle
19:43 est quand même en état et sauvée, on lui demande de tout démolir ?
19:48 On lui demande ça ?
19:50 Oui, on lui demande ça.
19:51 De démolir ce qu'il a fait ?
19:52 On lui demande de démolir ce qu'il a fait.
19:54 Le béton, tout ça ?
19:55 Voilà, la mézanine, tout ce qu'il a fait.
19:59 Mais à ce moment-là, et je comprends la réaction d'Olivier, qui est un peu exagérée,
20:03 mais je pense que je réagirais exactement comme lui.
20:05 Dans ce cas, il a dit qu'il allait remettre aussi la toiture dans l'état…
20:09 Il n'y avait plus de toiture.
20:11 C'était vraiment une ruine totale.
20:13 Olivier Furic, quel est l'aspect aujourd'hui de cette chapelle ?
20:15 Décrivez-la nous.
20:16 Elle est vraiment très belle.
20:17 Il y a des vitraux, il y a des beaux volumes.
20:20 Il y a des beaux volumes puisqu'elle fait 450 mètres carrés au sol.
20:24 Elle fait 12,50 mètres en hauteur sous le plafond.
20:29 Magnifique.
20:30 Il y a des vitraux du 19e.
20:32 Il y en a quatre qui sont comme neufs.
20:35 Ils sont du 19e, mais ils sont comme neufs.
20:37 Et il y a deux vitraux qui sont du 16e siècle, qui eux, auraient mérité d'être classés
20:45 d'après des intervenants qui sont venus dans cette église, mais qui sont ignorés
20:50 par tout le monde.
20:51 C'est vraiment des vitraux qui ont été protégés par une bâtisse qui est à côté
20:54 de l'église, et ils sont remarquables.
20:57 Et aujourd'hui, qu'est-ce que vous voulez en faire de cette chapelle ? C'est quoi votre
20:59 projet ?
21:00 Alors, on a un projet qui est énorme, mais à mon avis, qui va tomber à l'eau s'il
21:05 n'y a pas une régularisation en fin septembre.
21:08 On avait prévu un son et lumière, c'est-à-dire qu'elle date du 13e siècle, cette église.
21:15 Elle a été détruite deux fois.
21:17 Une fois pendant les guerres de religion.
21:19 Elle a été détruite une deuxième fois à la Révolution française.
21:22 Et on voulait que ce son et lumière racontent pendant une demi-heure, le projet existe,
21:28 cette démolition, la mise à feu de l'église.
21:32 Il y a eu trois moines qui ont été tués dans cette église.
21:36 Donc on voulait absolument raconter toute cette histoire jusqu'à aujourd'hui.
21:40 D'accord.
21:41 On vous souhaite que le dénouement soit heureux, parce qu'on ne voit pas pourquoi, alors que
21:45 vous avez le bénéfice d'une réhabilitation bien faite, vous seriez inquiété ou condamné
21:51 par la justice, puisque vous avez fait un boulot assez remarquable.
21:53 À un moment donné, il faut juste reconnaître ça.
21:56 Que pensez-vous, Alexandra ?
21:57 Oui, moi j'espère.
21:58 J'ai foi en la justice.
21:59 Le bon sens de la justice va finir par triompher.
22:02 J'espère.
22:03 Bon, après, avec mes aventures concernant la chapelle Saint-Joseph à Lille, maintenant
22:08 j'ai vraiment la justice et le patrimoine.
22:11 C'est quand même des choses à traverser.
22:12 Ça dépend des régions et ça dépend des juges.
22:14 Bien sûr.
22:15 Mais voilà.
22:16 Et là, franchement, Olivier mériterait, pour arrêter l'hémorragie, il dit "déclassez-moi
22:23 les parties qui posent problème".
22:26 Enfin, on demande le déclassement.
22:27 Et puis comme ça, il n'y avait plus besoin d'autorisation de travaux.
22:31 Il y a un avocat de l'association qui s'occupe de ça ?
22:32 Oui, mais là, Olivier avait déjà le sien.
22:34 Mais vous en avez un, sinon ?
22:36 Oui.
22:37 Que vous envoyez sur les dossiers comme ça, tous les jours ?
22:38 Voilà.
22:39 Mais il y en a d'autres aussi qui sont prêts à nous donner un coup de main.
22:43 On a quand même maintenant un bataillon.
22:44 Mais M.
22:45 Théodore Cattry est notre avocat principal, on va dire.
22:47 Mais maintenant, on a beaucoup de juristes qui nous aident et qui nous accompagnent dans
22:51 toutes les démarches.
22:52 D'accord.
22:53 Bon, très bien.
22:54 Olivier Furi, vous avez 63 ans, vous.
22:56 Donc, c'est un peu l'œuvre de votre vie parce que vous avez déjà pas mal réhabilité
22:59 de maisons et sauvé de bâtiments.
23:01 Oui, j'ai déjà réhabilité plusieurs maisons, notamment dans un village dans l'Est de la
23:06 France où le maire, à la fin de la rénovation, a dit que c'était une des plus belles maisons
23:10 du village, alors qu'il voulait en faire un parking.
23:12 Et bon, c'est la première fois que je m'attaquais à un bâtiment inscrit.
23:19 Mais ce que je reproche, c'est que jamais on nous a averti des risques.
23:25 Et parce qu'il y a des risques quand même qui sont très importants.
23:29 On nous demande quand même de démolir les travaux sans autorisation.
23:33 Si on écoute et on lit le jugement, alors là, le dernier jugement a été en notre
23:38 faveur puisque maintenant, on ne demande plus qu'une saignée dans le béton ciré.
23:42 Mais au départ, on nous demandait de tout démolir, donc y compris la toiture.
23:47 D'accord.
23:48 On va marquer une pause avec vous, Olivier.
23:49 On va se retrouver dans un instant et on va surtout écouter aussi Mélina Dessol qui
23:53 va nous parler d'un autre problème patrimonial aussi, qui est plutôt paysager.
23:58 On en parle dans un instant, à tout de suite.
24:00 Sud Radio, la France à découvrir, Christophe Gickel.
24:04 Et aujourd'hui dans la France à découvrir, on voit comment sauver la dernière maison
24:08 close à Tours, le dernier bateau Lavoir en Mayenne, une maison médiévale de village,
24:12 une ancienne boucherie dans les Deux-Sèvres.
24:14 Comment on peut faire justement pour s'attaquer à tous ces petits problèmes de nos régions
24:18 qui viennent vers vous, Alexandra ? Il y en a beaucoup.
24:20 Il y en a beaucoup.
24:21 Alors la première chose à faire, c'est du bruit.
24:24 C'est étonnant.
24:25 Faites du bruit.
24:26 On fait du bruit.
24:27 Voilà.
24:28 Et je pense qu'on le fait bien.
24:29 Ça, ça bouge.
24:30 C'est important.
24:31 Et c'est un jour un préfet qui m'avait dit, vous savez Alexandra, le meilleur ami
24:34 du patrimoine, c'est le bruit.
24:36 Et donc faites du bruit.
24:37 Et c'est vrai qu'on a sauvé beaucoup de choses.
24:39 C'est sympa ce préfet.
24:40 Oui, très sympa.
24:41 Il est plus préfet maintenant, mais voilà, il a de hautes fonctions.
24:43 Mais c'était très sympa.
24:44 Et c'était parce que parfois j'étais un peu, je me disais, j'en fais peut-être
24:49 un peu trop.
24:50 Je pense que les gens, le côté un bon Jeanne d'Arc ou un peu Arpis en lumière.
24:55 Passionaria.
24:56 Voilà, passionaria.
24:57 C'est pas un mot péjoratif pour moi, mais il y a beaucoup de gens qui l'emploient
25:00 de façon un peu péjorative.
25:02 Mais voilà.
25:03 Et franchement, on a vu, on a constaté, on a eu de très bons résultats, simplement
25:08 grâce au bruit.
25:09 Alors on va dire qu'il y a 90% des édifices qu'on a sauvés ou qu'on a tenté de sauver,
25:17 ça a fonctionné grâce simplement à ça.
25:19 Après, il y en a 10% où il vaut mieux se taire.
25:23 Il faut faire les choses un peu en catimini.
25:25 C'est bien de sauver.
25:26 C'est pas seulement sauver des bâtisses qui menacent de s'écrouler, c'est aussi
25:29 leur redonner un sens, une deuxième vie.
25:31 Comme par exemple à Orpierre, on veut en faire un.
25:34 C'est quoi votre projet, M.
25:35 le maire ? Gilles Crémilleux, Orpierre, de la maison que vous avez sauvée, la belle
25:39 maison bourgeoise.
25:40 Écoutez, on travaille sur un concept multi-activité, mais avec peut-être un axe original.
25:49 Il faut savoir que la région Calcaire a des traitements de gypses anciens depuis des
25:57 siècles.
25:58 Donc, faire un centre de formation aux métiers anciens dédiés aux gypses, aux stucs, et
26:04 toutes ces composantes et ces réalisations à partir du gypse, qui est un plâtre si
26:09 vous voulez, c'est l'ancêtre du plâtre, pourrait être une bonne piste.
26:12 D'ailleurs, la chambre des métiers régionales a dressé l'oreille quand on a évoqué cette
26:20 piste.
26:21 Olivier Fury, votre projet, si ça marche, si ça fonctionne, une fois que vous aurez,
26:25 comment enlever le béton ciré ou comment faites une saignée dans le béton ciré ?
26:29 Oui, on ne va pas le faire puisqu'en réalité, il a fallu nous condamner à quelque chose,
26:35 donc on nous a condamné à ça.
26:36 Mais en réalité, ce qu'ils appellent saignée, c'est des joints de dilatation et l'entreprise
26:42 qui a fait ce béton ciré avait fait ça dans les règles, elle a fait des joints de
26:46 dilatation, donc ils existent déjà.
26:48 Le souci, c'est que personne ne se déplace, on ne répond pas à mes courriers, j'ai écrit
26:52 au moins 200 courriers, que ce soit à la DRAC, à tout le monde, aux préfets, aux
26:56 ministres, à tout le monde, on ne m'a jamais répondu.
26:58 Je crois même que si je n'avais pas rencontré Alexandra, l'église n'existerait plus aujourd'hui
27:04 puisqu'un jour j'étais tellement déprimé, je lui ai dit je vais prendre la tronçonneuse
27:08 et je vais tout découper.
27:09 Non, il ne faut pas faire ça Olivier, il faut garder espoir, il faut continuer à se
27:13 battre comme avec Alexandra le fait depuis tous les jours, tous les matins.
27:16 Prenez exemple sur elle, c'est une passionnariat, une jeanne d'art, il faut faire pareil.
27:20 C'est comme j'ai dit, c'est peut-être grâce à elle, si l'église est toujours
27:24 là maintenant.
27:25 Merci, c'est gentil Olivier.
27:26 Et votre projet Olivier pour cette église ?
27:28 Alors notre projet, on a donc un son et lumière qui sera très important et à mon avis très
27:34 joli, mais également on a des expositions de peinture, on a de grands peintres du monde
27:41 entier qui nous ont déjà confié les toiles pour faire des expositions.
27:45 Un lieu culturel donc ?
27:46 C'est un lieu culturel et ça n'a pas été fait en cachette, c'est un projet qui
27:52 est avec la mairie de Montagnac, ça fait déjà, notre maire est à son deuxième mandat,
27:59 on en a parlé à son premier mandat, on doit faire un musée, un musée assez important
28:04 sur les pénitents blancs, sur les augustins, sur une personnalité de Montagnac également
28:10 qui a existé et qui a été propriétaire de l'église également il y a à peu près
28:16 50 ans.
28:17 Bon, on vous souhaite de mener à bien ce projet, de réussir et de trouver finalement
28:21 une oreille attentive à la DRAC dans la justice aussi pour sauver ce projet.
28:26 On vous le souhaite en tout cas humblement et fortement.
28:28 Et on rappelle pour les dons Alexandra que c'est 10 euros par an mais qu'on peut donner
28:32 beaucoup plus à votre association parce que vous en avez besoin.
28:35 Exactement.
28:36 Alors juste je rebondis sur ce que vient de dire Olivier parce qu'on n'y pense jamais,
28:40 mais une de mes principales fonctions c'est essentiellement d'être un peu cellule de
28:46 soutien psychologique.
28:47 Les gens qui portent un projet comme ça, quand il y a des difficultés et je le rends
28:51 compte vraiment tous les jours, les petites associations locales qui sont parfois démunies
28:56 devant les problèmes administratifs, enfin bon, ils ont besoin d'une écoute.
29:01 Et c'est vrai que des fois c'est compliqué.
29:04 Allô, Urgence Patrimoine, Alexandra Sobzak-Romansky, j'écoute et c'est des heures au téléphone.
29:10 Voilà, c'est des heures au téléphone et c'est très prenant et c'est fatigant mais
29:13 c'est passionnant.
29:14 Mais ça fait partie aussi du volet de notre mission parce que les gens ont besoin d'être
29:21 écoutés.
29:22 Et concernant le patrimoine, comme il l'a dit aussi, personne ne nous écoute, les administrations
29:28 n'écoutent rien.
29:29 Pas souvent.
29:30 Voilà, pas souvent.
29:31 Donc on a besoin comme ça d'être un peu portés, soutenus, écoutés.
29:36 Mais heureusement que vous êtes là en tant que citoyen pour faire bouger le cocotier.
29:39 Mais c'est ce qu'on dit, on est une association citoyenne.
29:43 On ne fait pas de politique, on n'est pas...
29:47 Il n'y a vraiment que des citoyens.
29:51 Et ça intéresse les jeunes.
29:52 Ça intéresse les jeunes, oui.
29:53 De plus en plus.
29:54 Parce que souvent on est lié le patrimoine à cette image dont on parlait en préparant
29:56 cette émission de Naftaline, de vieux réac de droite qui protège...
30:00 Alors pas du tout.
30:01 Il y a des jeunes gens qui ne sont pas forcément avec des idées politiques bien ancrées
30:05 mais qui ont envie de sauver les vieilles pierres.
30:06 Bon, il y a des jeunes réac de droite aussi.
30:08 Oui, bien sûr.
30:09 Mais il y a des jeunes de gauche, d'extrême-gauche.
30:11 Exactement.
30:12 Un des derniers dossiers importants que nous avons porté, c'était contre la démolition
30:17 du château de Louvral.
30:18 La personne qui m'a alertée, Nupes...
30:22 Mais nous on s'en fiche.
30:24 L'étiquette politique, chez les démolisseurs, il y a de tout.
30:27 Il faut se sauver.
30:28 De toute façon, le patrimoine, les vieilles pierres, les vieux bâtiments, ça parle à
30:31 tout le monde.
30:32 Un jeune qui a 20 ans, il peut rester admiratif devant la construction, "Waouh, comment on
30:35 a fait ça ?"
30:36 Bien sûr.
30:37 Bon, après il faut les éduquer.
30:38 On a une jeune de 20 ans qui nous écoute dans le studio qui est spectatrice.
30:40 "Il a 20 ans Nina, et le patrimoine, ça te parle ?"
30:43 Elle a dit oui.
30:44 "Vous voyez, 20 ans, c'est important le patrimoine, les vieilles pierres."
30:47 Non mais vraiment, il y a un espoir.
30:48 On sent que depuis 4-5 ans, il y a une jeunesse qui se lève et qui a vraiment envie de...
30:54 Enfin, qui a ce besoin de transmission.
30:57 Vous allez enfin pouvoir vous reposer un peu.
30:58 Pas tout de suite, je pense, encore.
30:59 Parce qu'il faut être furieux quand même pour faire ça.
31:02 C'est ce que me disait votre mari, Horantène.
31:04 Voilà, exactement.
31:05 Mais Nina Dessol, vous êtes conseillère municipale sur la commune de Hondevilliers
31:08 dans le 77, 280 habitants ou 260 ? 260, non ?
31:13 260 habitants, oui.
31:15 Et vous, vous avez appelé Mélina, vous avez appelé Alexandra et l'association Agence
31:21 Patrimoine pour quel problème ?
31:22 Pour l'installation d'une antenne relais sur notre territoire.
31:27 D'accord.
31:28 Il y avait déjà une antenne relais posée sur le château d'eau de la commune, mais
31:34 un autre opérateur a décidé d'en poser une deuxième à côté, pas loin, de façon
31:39 un peu saugrenue.
31:40 Et là, vous vous êtes dit, les habitants, on n'est pas d'accord.
31:42 Exactement.
31:43 Alors, il faut savoir que Freemobile avait prévu d'installer cette deuxième antenne
31:47 relais à 300 mètres à vol d'oiseau de la première, en plein milieu d'un champ.
31:52 Donc, ils ont déjà déposé un premier permis de construire qui a été refusé par le
31:57 maire de la commune.
31:58 D'accord.
31:59 À partir de ce moment-là, il y a eu énormément d'échanges téléphoniques entre le maire
32:04 et la représentante de Freemobile pour travailler sur un meilleur positionnement de cette antenne
32:10 relais, puisque nous ne nous en posons pas forcément à l'installation des antennes
32:14 relais, mais c'est plus sur sa localisation que posait le problème.
32:17 Donc, dans notre législation communale, il est stipulé qu'une telle élévation doit
32:23 être à proximité d'un massif boisé ou au moins d'un bâtiment d'une hauteur à
32:27 peu près équivalente, de façon à ce que la nouvelle construction puisse se fondre
32:32 dans un paysage déjà existant.
32:34 Et là, ce n'est pas le cas.
32:35 Et bien, ce n'est pas le cas, puisque Freemobile a décidé de poser un deuxième permis de
32:39 construire où, effectivement, l'antenne relais a légèrement bougé, on va dire,
32:44 de 100 mètres, mais pour se mettre juste au pied d'une ferme Briard.
32:48 Voilà, qui est en plein milieu, enfin, en plein milieu de nulle part, en plein milieu
32:53 d'un cône de vue.
32:54 C'est quoi un cône de vue ?
32:56 Alors, un cône de vue, c'est un espace dégagé pour l'œil où on n'a aucune rupture
33:03 paysagère.
33:04 D'accord.
33:05 Voilà.
33:06 Un panorama, quoi.
33:07 Un panorama, si vous voulez.
33:08 Oui, oui.
33:09 Alors, on est sur un territoire qui est entre un plateau et la vallée du Petit Morin,
33:15 ce qui fait qu'on a un territoire qui a des paysages assez remarquables, qui ont été
33:19 reconnus comme tels par les personnes qui mettent en place la charte du parc naturel
33:26 régional de l'abri.
33:27 D'accord.
33:28 Et est-ce que vous avez obtenu gain de cause ? Est-ce que finalement, vous savez ici où
33:33 ça sent bon ou pas bon, cette implantation d'antenne ?
33:35 Alors, on ne sait pas du tout.
33:37 C'est pas du tout.
33:38 Non.
33:39 Le deuxième permis de construire a aussi été refusé par le maire.
33:42 D'accord.
33:43 Et nous avons reçu en mairie, donc, un procédé au tribunal administratif, puis un jugement
33:53 au tribunal des référés, donc une semaine après avoir reçu ce courrier.
33:57 Donc, c'est à ce moment-là où nous avons appelé l'urgence patrimoine à l'aide parce
34:00 qu'on ne savait vraiment pas quoi faire.
34:02 Qu'est-ce que vous avez fait, urgence patrimoine, Alexandra ?
34:04 J'ai envoyé mon avocat parce que moi non plus, je n'avais pas quoi faire.
34:07 Non, non, mais en fait, on venait de...
34:09 Ça, c'est...
34:10 On parlait de LinkedIn tout à l'heure.
34:12 En fait, on venait de gagner justement une affaire contre Orange, comme ça on cite tout
34:19 le monde, dans un petit village de l'heure.
34:22 Et Mélina a dû voir passer mon article d'auditoire.
34:26 Donc, elle vous a appelé.
34:27 Voilà, elle m'a contacté.
34:28 Et je lui ai dit, écoutez, on va...
34:30 Voilà, on va vous...
34:31 Je vais vous envoyer l'avocat qui a eu la peau d'Orange.
34:36 Et puis...
34:37 Très bon jeu de mots, là.
34:38 Et on va voir ce qu'on peut faire.
34:41 En plus, la commune est toute petite, à peu de moyens.
34:43 Donc, le premier recours, c'est nous qui l'avons financé.
34:45 C'est pour ça qu'on a besoin de sous pour pouvoir venir en aide, comme ça, à des petites
34:49 collectivités qui n'auraient pas forcément les moyens.
34:51 On va vraisemblablement continuer avec la suite.
34:54 UrgencePatrimoine.fr.
34:55 Le bulletin d'adhésion est en bas à droite.
34:58 Ou à gauche.
34:59 Non, au centre.
35:00 Sinon, page Urgence Patrimoine sur LinkedIn ou sur Facebook.
35:05 Mais voilà.
35:06 Donc, on lutte aussi.
35:10 La sauvegarde du patrimoine, c'est aussi la sauvegarde du patrimoine paysager.
35:15 Mélina l'a très bien expliqué.
35:17 Quand vous avez une étendue à perte de vue dans la vallée du Mont-Rhin, c'est quand
35:22 même plus sympa de voir cette vue...
35:25 Je ne sais pas si vous connaissez la brille, mais bon...
35:28 Et des antennes relais un peu partout au milieu, ça n'a pas de sens.
35:32 Surtout que là, il y a quand même moyen de se greffer sur l'existant.
35:37 C'est ça aussi.
35:38 Il y a un peu du gaspillage d'argent.
35:40 Mais souvent, les opérateurs ne prennent pas le temps de consulter les populations,
35:45 d'aller au devant physiquement, d'aller dans un village et de dire "voilà, on a un projet,
35:49 voilà ce que ça peut vous apporter".
35:50 Bon, il y a un désagrément, on en parle.
35:52 Souvent, ils mettent les villages et les communes au pied du mur.
35:55 Mais même par rapport aux démolitions.
35:56 Il y a juste trois échanges téléphoniques et c'est tout.
35:59 C'est aussi un problème humain, un contact humain.
36:01 Nous, on milite pour la concertation publique et systématique.
36:04 On est bien d'accord.
36:05 Merci Olivier Fiori, Gilles Crémilleux et Melina Dessol d'avoir participé à cette
36:09 émission.
36:10 On va garder le dernier quart d'heure pour parler avec Alexandra d'Urgences patrimoines
36:15 et des actions que vous avez entreprises.
36:17 On va faire un petit bilan sur votre action.
36:19 Et on vous remercie, Melina, d'avoir participé à l'émission.
36:21 Gilles Crémilleux à Orpierre, on vous salue parce que vous êtes à la tête d'une très
36:26 belle commune.
36:27 Et Olivier Fiori, pour le travail remarquable que vous avez fait pour l'ancienne chapelle
36:30 du couvent des Augustins.
36:31 Et Melina, essayez de faire en sorte que votre paysage ne soit pas gâché par une antenne.
36:36 Merci beaucoup à tous.
36:37 Bon sérieux et bon dimanche.
36:38 Merci.
36:39 A bientôt.
36:40 Et nous, on se retrouve dans un instant.
36:41 A tout de suite.
36:42 Sud Radio, la France à découvrir.
36:44 Christophe Gickel.
36:45 Et nous parlons du patrimoine français qui parfois tombe en ruine, qu'il faut sauver.
36:50 Et on ne sait pas comment faire parce qu'on habite une petite ville, un petit village
36:53 au fin fond de nos belles régions, de nos belles provinces.
36:55 Et donc, on appelle Urgences patrimoines, une association créée en mai 2014, qui a
37:00 été fondée par Alexandra Sobzak-Romansky, qui est sa présidente.
37:03 Et pour la première fois, elle l'a sauvée.
37:06 La première chose que vous avez sauvée, c'est des pieds de vignes.
37:08 Oui.
37:09 C'est curieux quand même ce goût pour le pied de vigne.
37:11 Oui, mais ça fait partie de notre patrimoine.
37:13 Le vin, c'est la France.
37:15 Le vin, c'est la vie.
37:16 Et donc, vous avez sauvé ces pieds de vignes.
37:17 Voilà.
37:18 Mais on m'a juste appelé.
37:19 C'était un élu local d'une petite commune voisine qui connaissait le propriétaire
37:25 du domaine.
37:26 Donc, c'était un petit château dans la Nièvre.
37:27 Et donc, il y avait une vingtaine de pieds de vignes qui ont toujours été là depuis
37:35 la construction du château.
37:36 Et là aussi, bon, nul n'est censé ignorer la loi, mais il y avait, comme un peu Olivier,
37:41 il n'y avait pas de déclaration à la douane qui avait été faite.
37:45 D'accord.
37:46 Donc, bon, il a simplement fallu… Ça a été vraiment très simple.
37:48 Ça s'est réglé très vite.
37:49 Très vite, avec une attestation comme quoi, voilà, les pieds…
37:53 Ça, c'était votre première affaire.
37:54 Oui, oui.
37:55 Et donc, vous vous êtes dit « Oh, c'est tellement facile, je vais continuer.
37:57 Hop ! »
37:58 Non, non, non, ça c'était vraiment… Mais à l'époque où… Moi, quand j'ai créé
38:00 l'association, je l'ai créée à Auxerre, mais c'était vraiment pour le patrimoine
38:04 de ma commune.
38:05 Au mieux, on allait jusqu'au bout du département.
38:09 Mais j'avais absolument aucune ambition nationale.
38:12 D'ailleurs, j'ai toujours pas d'ambition à part celle de bien faire.
38:14 Mais…
38:15 Et aujourd'hui, combien de dossiers en ce moment sur le gaz ?
38:19 Là, sur le gaz, on doit avoir, allez, une bonne vingtaine de dossiers intenses.
38:24 D'accord.
38:25 Et après, des… Voilà.
38:26 Des petits dossiers.
38:27 Des petits dossiers qui demandent… Enfin, pour lesquels on a du temps.
38:30 D'accord.
38:31 Donc, voilà.
38:32 On a 20 dossiers à s'occuper en ce moment.
38:33 Voilà.
38:34 20, 20, 20 urgences.
38:35 Et depuis 9 ans, depuis 9 ans, vous avez combien de dossiers qui ont été menés à leur
38:37 terme ?
38:38 Je sais pas, enfin, moi…
38:39 Menés à leur terme ? Enfin, vraiment, des sauvegardes d'édifices, on en a dû une
38:43 quinzaine, quoi.
38:44 Une quinzaine.
38:45 C'est pas glorieux comme chiffre, mais…
38:46 Ben non, mais c'est très bien.
38:47 Voilà.
38:48 Ne serait-ce qu'un déjà.
38:49 Voilà.
38:50 Mais bon, on espère faire mieux.
38:52 Si on a des sous, on pourra aller encore plus loin, plus fort.
38:55 Voilà.
38:56 Et on pourra faire plus de recours.
38:57 Et…
38:58 Mais quelle est l'affaire qui vous a le plus marquée ? La chose que vous avez le plus
39:01 aimé défendre et sauver ?
39:03 Alors, la chose que j'ai le plus aimé défendre et pas sauver, c'est la Chapelle Saint-Joseph.
39:09 Ah oui ?
39:10 J'en porte encore les stigmates.
39:11 Je suis complètement traumatisée.
39:12 Rappelez-nous cette histoire en deux mots.
39:13 En deux mots, Alexandra.
39:14 Deux mots, oui.
39:15 On va essayer.
39:16 Parce qu'il ne reste plus que 10 minutes.
39:17 Je tombe sur un article de presse de la Voix du Nord qui indique que la Chapelle Saint-Joseph
39:22 à Lille va être démolie.
39:23 Je contacte un de mes amis sur place qui est architecte des monuments historiques et je
39:30 lui dis « mais c'est toute la chapelle ou c'est juste le petit truc derrière ? »
39:33 Et il me dit « non, c'est toute la chapelle ».
39:35 Donc, les délais de recours étaient dépassés.
39:38 Mais moi, je refusais de voir cet édifice immense, qui était beaucoup plus grand que
39:43 n'importe quelle petite église de village, disparaître.
39:46 Cette chapelle, cette grande chapelle appartenait à la Cato, à l'Université Catholique de
39:52 Lille.
39:53 C'était l'institution elle-même qui voulait mettre par terre l'édifice.
39:57 Et donc, le jour même, j'ai lancé une pétition.
40:00 J'ai travaillé là-dessus jour et nuit pendant 15 jours.
40:04 Tout de suite, Stéphane Bern est venu à notre secours.
40:08 Il y a eu vraiment une belle énergie autour de ça.
40:12 Beaucoup de gens sont venus, notamment Yves Gégaud, qui à une époque avait dit « il
40:16 faut faire une loi pour empêcher la démolition des édifices religieux ».
40:19 Et donc, en 15 jours de temps, j'ai appelé ça la blitzkrieg.
40:24 En 15 jours de temps, on a réussi à… on pensait avoir sauvé la chapelle.
40:30 C'est-à-dire que Franck Riester, qui était à l'époque le ministre de la culture, a
40:36 dit « stop, stop, on arrête tout, on se met autour d'une table et on réfléchit
40:41 comment accompagner l'université catholique pour réhabiliter et pour ne pas démolir ».
40:47 Stéphane Bern m'avait même appelé, mais mon mari refuse que j'aie des coups de fée
40:53 il y a 20h le soir, donc je n'ai pas pris.
40:55 Et donc, j'avais ce message plein d'espoir de Stéphane Bern.
41:03 Et moi, je lui ai dit le lendemain « vous savez Stéphane, je suis comme Saint Thomas,
41:06 je crois que ce que je vois, tant que je n'ai pas un écrit, j'ai des doutes ».
41:10 Et il y avait une réunion prévue entre les porteurs de projet, entre l'université
41:14 catholique de Lille, Junia, qui était l'école d'ingénieurs qui allait s'installer là,
41:20 et Franck Riester, mais c'était sans compter sur le remaniement ministériel.
41:25 Et le jour où la réunion devait avoir lieu, c'était le jour de la passation de pouvoir
41:30 entre Franck Riester et Roselyne Bachelot.
41:33 J'avoue, honteusement maintenant, avoir bondi de joie à l'annonce de la nomination
41:38 de Mme Bachelot, je croyais vraiment en elle, je m'étais dit « super, Roselyne va nous
41:43 sauver Saint-Jo ». Pas du tout.
41:45 Et on a compris plus tard, tout ce qu'elle a raconté en début d'année 2023 au sujet
41:51 du patrimoine religieux du XIXe, on sent bien qu'elle a eu une, on peut parler de haine,
41:56 une aversion pour ces édifices qui pour elle n'ont aucun intérêt.
42:01 Donc elle m'a mis Saint-Jo par terre, je la tiens vraiment entièrement pour responsable,
42:08 et en fait...
42:09 Donc Saint-Jo a été démoli par les pelleteuses.
42:12 Par les pelleteuses, donc deux recours, la cour de cassation, donc à chaque fois on s'est
42:16 fait dégager, on a été condamné à payer une amende, un peu comme Olivier, voilà.
42:21 Et ce n'est pas terminé parce qu'il y a 15 jours j'étais encore au tribunal de Lille
42:27 pour le recours au fond, parce qu'on avait déposé à l'époque, il y a deux ans, un
42:30 recours au fond, et la justice étant, les délais étant ce qu'ils sont.
42:36 Notre avocat est encore allé défendre la chapelle.
42:41 Saint-Jo c'est un dossier plus ou moins clos.
42:42 Oui.
42:43 Comment on peut vous aider aussi, est-ce que vous faites des cagnottes pour sauver tel
42:47 ou tel édifice ?
42:48 Oui, on fait des petites cagnottes pour rendre service parfois aux porteurs de projets qui
42:54 ne peuvent pas bénéficier des fiscalisations parce qu'ils ne sont pas reconnus d'intérêt
42:58 général.
42:59 On leur fait leur campagne de dons.
43:03 Donc ça a été le cas pour la station du Coteau.
43:05 Alors ça c'est un projet que j'adore.
43:07 La station du Coteau.
43:08 C'est une station service sur la National 7 à côté de Rohann.
43:12 Un projet porté par une bande de papiers absolument extraordinaire.
43:17 C'est une station service dans son jus depuis les années 60.
43:19 C'était en friche complètement, c'était vraiment dans un état recouvert de la ville
43:24 d'Axon.
43:25 C'est un retour dans le temps, c'est extraordinaire.
43:30 Une énergie, une passion de la part de ces bénévoles.
43:34 Ils devraient avoir la médaille du mérite parce qu'ils ont vraiment été héroïques
43:41 dans cette restauration.
43:42 Personne n'y croyait au début.
43:44 Même la mairie, tout ça, regardez ça d'un oeil.
43:47 Et après, voyant l'engouement, ils ont un groupe Facebook avec plus de 100 000 personnes.
43:52 C'est un truc de fou.
43:53 Donc on a fait la cagnotte, on a fait la souscription pour eux.
43:57 Et vous les avez sauvés ?
43:58 On ne les a pas sauvés.
43:59 Ils sont sauvés quand même tout seuls.
44:00 Mais on a contribué, notamment à leur donner de la visibilité.
44:03 Et aujourd'hui la station est sauvée, restaurée.
44:06 Il va y avoir air de pique-nique.
44:09 Ce sera vraiment un lieu vivant, sympathique.
44:12 J'invite tous les gens qui passent dans ce coin-là à aller les voir parce qu'ils y
44:14 sont tous les jours.
44:15 Ils rigoleront, ils boiront du bon vin.
44:18 Et à votre santé.
44:20 Et à la santé du patrimoine.
44:22 Et à la santé de Sud Radio.
44:23 Est-il vrai que vous parlez d'une vague de patrimonicides ?
44:26 Oui, c'est peut-être un mot un peu fort mais c'est moi qui ai inventé ce terme.
44:30 On tue le patrimoine en France.
44:32 Alors que, je l'ai dit récemment, en Ukraine on déplore la perte de plus de 200 édifices.
44:41 Nous on n'a même pas besoin de la guerre pour les perdre, on les démolit tout seuls.
44:44 C'est-à-dire qu'on a l'impression, à certains endroits, que tout ce qui n'a pas
44:49 été détruit pendant la guerre, on prend un malin plaisir à le détruire aujourd'hui.
44:54 Alors qu'il y a vraiment des réhabilitations qui sont faisables.
44:57 A chaque fois on nous dit que la réhabilitation coûte beaucoup plus cher.
45:01 Ce qui est faux.
45:02 Même si à un moment elle peut coûter plus cher, il y a une pérennité qui est bien
45:08 différente d'un immeuble neuf qui lui va peut-être durer 10 ans sans désordre et
45:12 qui après va s'écrouler de partout.
45:14 Donc restaurer un édifice et lui donner une seconde vie...
45:18 Ça le fait repartir pour 100, 150 ans, 200 ans, pour trois générations.
45:22 Et ça permet de rester un marqueur fort de l'identité du territoire.
45:26 Et c'est pour ça aussi qu'on se bat.
45:28 Parce que si on écroule tout et qu'à la place on met des maisons à toit plat ou des
45:33 immeubles de cinq étages en béton et bois ou alu, on va vers une France lisse et défigurée.
45:41 Et on échangeait sur le sujet tout à l'heure, les touristes du monde entier ne viendront
45:47 pas en France pour visiter nos parkings, nos zones pavillonnaires, nos champs d'éoliennes.
45:53 Il n'y a pas que Notre-Dame de Paris à sauver dans ce pays.
45:56 Bien sûr qu'il y a Notre-Dame, mais il y a aussi tout un tas de petits édifices.
45:59 Des petites Notre-Dame, il y en a partout.
46:01 Et ce n'est pas que du patrimoine religieux que vous voulez sauver.
46:04 C'est du patrimoine industriel.
46:07 On parlait tout à l'heure de la dernière maison close de Tours, du bateau Lavoie en
46:11 Mayenne, d'une maison médiévale de village, d'anciennes boucheries dans les Deux-Sèvres.
46:16 Il y a aussi les maîtres verriers qui sont en danger, racontez-nous.
46:19 Oui, alors là on a été appelé.
46:21 Ça c'est pour un savoir-faire.
46:22 Voilà, c'est pour un savoir-faire.
46:23 On a été appelé au secours justement pour booster la visibilité, pour donner vraiment
46:27 de l'ampleur à leur mobilisation.
46:29 Dans notre réseau, on a beaucoup de maîtres verriers.
46:33 Donc j'ai été contacté pour booster leur pétition parce qu'en fait il y a une réglementation
46:41 européenne qui vise à supprimer l'usage du plomb même dans les métiers d'art.
46:46 Donc on se retrouverait sans possibilité de restaurer tous les vitraux que nous avons
46:53 en France, dont ceux de Notre-Dame d'ailleurs, parce que cette réglementation interdirait
46:59 l'usage du plomb mais ne donne pas en échange une matière de substitution.
47:04 Donc il a fallu mobiliser.
47:07 Mais à quel moment on se rend compte quand on pond un truc comme ça que c'est absurde ?
47:11 À quel moment il y a une cloche qui s'allume et le gars qui a imaginé ça se dit "bah
47:15 non, finalement je ne vais pas le faire".
47:16 Je ne crois jamais.
47:17 Je pense que beaucoup de lois ou de réglementations sont faites par des gens qui sont à des années
47:23 lumière de la réalité de terrain.
47:25 Et on se retrouve dans des situations comme ça complètement obuesques.
47:29 Parce qu'il y a les maîtres verriers mais il y a aussi les ingueurs.
47:31 Il y a beaucoup de métiers de la restauration du patrimoine qui sont touchés par cette
47:37 réglementation.
47:38 Il y a François-Xavier Bellamy qui s'en est vraiment beaucoup occupé et donc qui
47:42 a réussi à calmer le jeu.
47:45 Et bon déjà la réglementation, l'échéance a été différée.
47:49 Mais là ils sont en train de chercher autre chose.
47:54 Alors pour baisser le taux de plomb dans les ateliers mais là ce qui conduirait à ce
47:59 qui est plus de salariés en fait dans les petits ateliers.
48:02 C'est-à-dire que seuls les patrons, on pourrait être artisan ou soit auto-entrepreneur.
48:09 En entreprise individuelle ça fonctionnerait.
48:12 Mais on ne pourrait pas embaucher.
48:13 Et donc là ça s'adresse effectivement à la réglementation.
48:17 Il y avait une dérogation possible à condition qu'on donne 200 000 euros de caution.
48:21 C'est-à-dire que des grosses boîtes.
48:25 Il nous reste 40 secondes.
48:26 Alexandra Sobzak-Romansky, président de l'association Urgence Patrimoine.
48:30 On rappelle que vous êtes spécialisée dans la sauvegarde du patrimoine non protégé.
48:34 Ce que vous appelez vous le patrimoine de proximité dans nos villes et nos régions.
48:38 Lancez votre appel aux dons.
48:39 On vous écoute parce que je sais que vous êtes douée pour ça.
48:41 Oui, alors je ne suis pas douée pour ça.
48:42 Mais nous comptons sur vous et sur votre soutien.
48:45 Absolument.
48:46 Producteur de Sud Radio.
48:47 Et même d'ailleurs.
48:49 Et d'ailleurs.
48:50 Mais nous Sud Radio on est même partout en France.
48:52 Partout on nous écoute dans tous les sens.
48:53 Donc nous avons vraiment besoin de soutien pour sauver ces petits témoins de notre mémoire collective.
49:01 Pour sauver notre identité culturelle.
49:03 Puisque maintenant c'est plus un gros mot, on a le droit de le dire.
49:05 Et ça commence par 10 euros.
49:07 Donc c'est pas cher pour être adhérent à l'année.
49:09 C'est un gros mot à la limite. Il n'y a pas de petits ou de gros dons.
49:11 Il y a le don.
49:12 Et c'est comme il n'y a pas de petits ou de grands patrimoines.
49:15 Il y a le patrimoine.
49:16 Et l'ensemble du patrimoine mérite d'être sauvegardé et de s'inscrire en l'Agence Tourée.
49:22 Et d'être sauvé.
49:23 Le patrimoine de proximité de nos villes, de nos villages, de nos campagnes.
49:26 Merci beaucoup Alexandra Sobzak-Romansky pour cette émission.
49:28 Présidente de l'association Urgence Patrimoine.
49:30 Pour nous avoir alerté sur le sujet.
49:32 La préservation du patrimoine.
49:34 C'était La France à découvrir.
49:35 A la semaine prochaine.

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