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Transcription
00:00 L'invité du club de l'été ce matin, Dominique Messnerard, pour son livre "Le dictionnaire de ma vie",
00:04 patchwork de souvenirs, de pensées autour du cinéma, des actrices, des acteurs, et parfois de la nouvelle vague.
00:10 La nouvelle vague, c'est quelque chose qui tient encore pour vous ?
00:13 - Je suis sévère un peu avec la nouvelle vague, pas à cause des cinéastes,
00:19 mais par rapport à ce qu'ils ont fait, comme à vouloir effacer tout ce qui était avant eux.
00:24 Par exemple, Duvivier Carnet et même Claude Hottent-Lara, je parle pas à la fin de sa vie,
00:32 mais quand même des cinéastes majeurs, qui racontaient des histoires où les acteurs étaient bien filmés.
00:39 Et c'est des films, en fin de compte, qui vieillissent mieux que les films de la nouvelle vague.
00:45 On parle toujours de Godard, de Rivette, et surtout, Chabrol était de la nouvelle vague,
00:52 et il a vite mis le mur au quai.
00:55 Mais pour vous dire que, donc, de temps en temps, la nouvelle vague, c'est un souffle, c'est une modernité,
01:00 c'est une époque qui change, mais autant la première partie de Godard me plaît,
01:05 autant à la fin, je n'y comprends rien, à part d'un objet esthétique, une recherche, une intelligence.
01:13 Mais même à Angoulême, on a choisi plutôt les films d'avant.
01:18 - Pourquoi vous me regardez comme ça, Clémence, avec cette air de chien battu ?
01:21 - Parce que vous me parlez avec des mots et que moi je vous regarde avec des sentiments.
01:25 - C'est tellement beau ce que vous dites, Clémence !
01:26 - C'est d'environ le fou de Jean-Luc Godard !
01:29 - Exactement, Clémence, vous avez envie de nous parler d'une bande dessinée intitulée "J'aurais voulu voir Godard".
01:34 - Et oui, Jean, parce que figurez-vous qu'en tant que grande admiratrice de Jean-Luc Godard,
01:38 eh bien moi aussi j'aurais voulu le voir. Cette bande dessinée, signée Philippe Dupuis,
01:43 aux éditions Futuropolis, raconte l'histoire du dessinateur qui veut partir à la rencontre de Godard.
01:50 Alors littéralement, il s'y rend, il prend sa voiture et puis il y va et il sait dans quelle ville il habite.
01:55 Il s'y rend, mais va-t-il la rencontrer ou non ?
01:58 - C'est la bande dessinée ?
01:59 - Il faut lire la bande dessinée !
02:00 - En tout cas, c'est une bande dessinée, je vous coupe, qu'il va falloir vendre à Angoulême, à la librairie.
02:05 - Elle est géniale ! Je continue ma chronique, à la fin j'en parle, elle est super !
02:10 - On vous enverra Clémence comme libraire, je pense que ça va être parfait.
02:13 - J'arrive pour la vendre !
02:15 Alors, tout ce périple parce qu'il a lu une citation de Jean-Luc Godard,
02:20 qui disait qu'il aurait aimé savoir dessiner, je cite, "sans talent, mais dessiner à peu près correctement".
02:27 Jean-Luc Godard aurait aimé ça parce qu'il dit qu'il s'en serait beaucoup servi.
02:31 Mais notre dessinateur à nous, Philippe Dupuis, il angoisse.
02:34 "Et oui, rencontrer Godard n'est pas une mince affaire, je le trouve brillant, donc effrayant", écrit-il.
02:39 Il le rencontre, enfin peut-être, ou non, sommes-nous dans la réalité ?
02:44 Ou bien dans le réel de la fiction ?
02:46 J'aurais voulu rencontrer Godard, il est question de langage, de création, de comment montrer sans dire.
02:54 C'est une BD qui en réalité est une véritable leçon.
02:57 - Et c'est Godard qui joue le professeur ?
02:58 - Oui, un peu, disons que le faux Godard, ou bien le vrai, puisque Dupuis l'a inventé,
03:03 lui donne des conseils et tous deux échangent sur les procédés, sur les processus.
03:08 Et c'est un livre évidemment rempli de références aux films de Godard que je précitons.
03:12 Le tout premier, "À bout de souffle", celui de "Une femme est une femme",
03:15 et sa fameuse réplique de Brialy, "Tu es un femme",
03:18 et la répartie d'Anna Karina, "Non, je suis une femme".
03:22 "Vivre sa vie", Pierrot Le Fou, que nous avons parfaitement interprété en début de chronique,
03:27 et puis "Le mépris", "Dites, et ma voix, vous l'aimez ma voix ?"
03:31 Mais j'ai pas repris le "Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ?" de Bardot.
03:36 - Bah si, vous venez de le faire.
03:38 - Oui, mais je vous pose pas la question directement.
03:41 D'abord parce que je suis assise dessus, donc personne peut le voir,
03:44 et ensuite parce que ça ne se dit pas voyons.
03:46 - Oui, tout à fait, vous avez raison. On s'égare, on reste sur les films de Godard, les références.
03:50 - Oui, les références continuant, mais c'est que j'aurais tant aimé être une actrice de "La Nouvelle Vague".
03:53 - Oui, on le sent bien.
03:55 - Alors oui, il y a aussi des références à "Bande à part", "Prénom de Carmen",
03:58 pour ne citer que ces films, mais nombreux y sont présents,
04:00 avec même un petit clin d'œil à Agnès Varda et son "Visage",
04:04 ainsi qu'un autre à "L'Orphée" de Jean Cocteau, sublime.
04:08 Je pense que ce livre plaira aux admirateurs du cinéaste, pour sûr,
04:13 ainsi qu'à tous ceux qui veulent un peu mieux connaître Godard et son univers.
04:17 Un mot sur le dessin, que j'adore particulièrement, je ne sais le qualifier,
04:21 il est godardien en vérité, le trait semble rapide, efficace,
04:25 il y a beaucoup de collages, il y a des photos, des images, des couleurs,
04:29 du rouge, du bleu, du jaune, une BD à la Godard finalement,
04:33 et puis les personnages sont très très bien croqués,
04:36 en une phrase, c'est un régal de lecteur cinéphile,
04:39 et je rappelle le nom de la BD, "J'aurais voulu rencontrer Godard"
04:42 de Philippe Dupuis, aux éditions Futuropolis, c'est un film de Godard en BD.
04:47 - Ce qui est bien, c'est que c'est un objet de vulgarisation,
04:50 parce que pour les jeunes, pour eux, quelquefois, Godard, ça fait peur,
04:54 à part par un bout de souffle ou le mépris, on ne connaît pas,
04:57 et ça peut faire peur, mais Godard, moi j'ai fait plusieurs castings avec lui,
05:02 et il y a un film que vous n'avez pas du tout cité,
05:04 qui est "Détective", avec Nathalie Baye, Claude Brasseur et Johnny Hallyday.
05:08 - Et Johnny Hallyday, oui.
05:09 - Et donc j'ai fait le casting de ce film, j'ai fait le casting de "Prenons Carmen"
05:13 et je joue "Salut Marie", et j'ai en fin de compte, lui et moi,
05:16 j'avoue que quand on m'a dit "Tu vas travailler avec Godard", c'est Alain Sard,
05:20 je me suis dit "Comment ça va se faire ?"
05:22 et en fin de compte, Godard, avec ce côté, c'est quelqu'un qui pouvait être rigueur dans l'œil,
05:27 et je pense qu'il me regardait comme un trublion,
05:32 et donc en fin de compte, j'ai eu des moments un peu...
05:36 parce que, pas dire que je l'ai connu,
05:38 mais dans le travail, j'ai senti qu'il m'aimait bien,
05:41 et puis il savait que j'aimais les actrices, et lui, je pense qu'il aimait les actrices plus que quiconque.
05:46 - Actrices et acteurs, effectivement, il suffit de voir sa filmographie.
05:49 - Surtout les actrices, parce que les acteurs...
05:51 - Oui, surtout les actrices.
05:52 - Claude Brasseur, son "Détective", qu'est-ce qu'il n'a pas pris par jour,
05:56 parce qu'à chaque fois, il lui disait "Mais tu joues mal",
05:59 alors qu'il avait fait "Le Petit Soldat" avec lui.
06:01 - Oui, c'est vrai.
06:02 - "Tu joues mal, tu joues mal, maintenant tu joues mal."
06:04 Et c'est Johnny Hallyday qui trouvait absolument formidable,
06:08 et c'est vrai que Johnny n'a jamais été aussi bien que dans ce film.
06:11 Et voilà, mais c'était un drôle, c'était un personnage...
06:14 un caparon extraordinaire.
06:16 - Musique maintenant, dans quelques instants, ce sera le Plic Ploc, donc, à gagner aujourd'hui.

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