Documentaire Ma DIMALE, un Martir Méconnu du 16 Août 2023 sur la CRTV

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00:00:00 J'ai traversé l'autre soir, au grand feu de ma terre,
00:00:08 Je n'ai vu nulle part ta pirogue sur les flots,
00:00:13 N'as-tu pas régné Altesse, sur les tribus côtières,
00:00:18 N'as-tu pas dirigé notre terre prisonnière, Tes compagnons de guerre ne veillent pas dans
00:00:26 l'oubli, Ils sont restés bavards dans la flûte de
00:00:30 mon fief, Et toi Madola, père de la danse du dos,
00:00:36 Tu demeures fermée au livre de ta gloire, Je te donne un polo au premier chant du coq,
00:00:45 Dans l'ombre qui s'efface et la nuit qui s'évade,
00:00:50 Ma couronne de verre de l'immortalité, Qui conduira ton nom jusqu'à l'éternité.
00:01:00 On oublie très souvent de mettre l'accent sur le roi Madola,
00:01:06 Qui a pourtant joué le même rôle que cela. On avait dit les Allemands,
00:01:14 Ils avaient trahi, Ils étaient en contact avec les Français,
00:01:23 Avec les Anglais, Ils étaient condamnés à mort,
00:01:28 Tous condamnés à mort, Le même jour d'ailleurs,
00:01:33 Mais ce qu'il y a de regrettable, C'est qu'on ne met pas l'accent sur le roi
00:01:40 Madola, Et cela m'a toujours rendu triste.
00:01:42 A l'observation, il y a lieu d'écrire l'histoire avec des visages et non des gommages.
00:01:50 Cette interpellation claque comme une piqûre de rappel au Batanga,
00:01:55 A la vue des ruines du palais du roi Madola.
00:01:59 Comment dire, mea culpa, oui, oui, oui,
00:02:02 Nous n'avons pas honoré notre roi comme il le méritait,
00:02:05 Oui, nous devons restaurer ce palais,
00:02:10 Nous devons restaurer toute l'histoire de sa grandeur,
00:02:14 De son temps, Nous devons le faire,
00:02:15 C'est une faute, Il faut la reconnaître,
00:02:17 Nous avons commencé à corriger cette faute, Avec la stèle qui est en doigt,
00:02:22 Dans la forêt où il a été tué, On a posé une stèle,
00:02:25 Nous avons racheté nos erreurs, Avec ce mémorial,
00:02:30 Qui est devant son palais, C'est une bonne chose,
00:02:32 Et aujourd'hui, je pense qu'il faut passer à l'autre étape,
00:02:36 Essayer de restaurer son palais.
00:02:38 Les artefacts ne parlent pas de lui,
00:02:40 Beaucoup de murs ne parlent pas de lui,
00:02:43 À part ces murs à lui,
00:02:44 Parce qu'il a laissé les vestiges d'une maison,
00:02:47 Qu'il a effectivement habité,
00:02:49 Et qui est là, ses vestiges sont là,
00:02:52 A Bunga, elle est son village d'origine.
00:02:56 C'est abandonné, vous savez, moyen,
00:03:01 Faute de moyens,
00:03:05 Faute de moyens pour qu'il puisse se baiser, et tout le monde aussi craignait,
00:03:09 Cette maison là, vraiment, je ne sais pas comment, comment, comment,
00:03:13 Comment tout le monde craignait,
00:03:15 Dans cette maison là, j'ai même dormi là dedans, moi aussi,
00:03:19 Il y avait une fanfare,
00:03:22 En haut, dans l'une des chambres, là-bas en haut,
00:03:26 Il y avait une fanfare,
00:03:29 J'ai même son képi que j'avais trouvé là-bas,
00:03:34 C'est la pipe qui est portée, disparue,
00:03:38 Avec une couronne,
00:03:40 Que j'ai trouvée en haut là-bas,
00:03:46 Présentement ici, ce n'est que le château,
00:03:51 Parce qu'on fait tout, marmite et tout, et tout, et tout,
00:03:54 Que je détiens.
00:04:02 Le 8 août 1914,
00:04:04 Madolama Dimalet est exécuté par les Allemands,
00:04:08 En Doua, sur la route de Bipindi, dans la région du Sud,
00:04:12 Le même jour que Odolde Dlamengabel, Adolphe Ngozodin et Martin Paul Sama.
00:04:18 La faute qui le condamne à mort,
00:04:20 C'est la haute trahison à l'aide de ses bourreaux.
00:04:23 Ackman Dimalet, l'un de ses petits-fils,
00:04:27 Dont nous avons tenu le témoignage, peu avant sa disparition,
00:04:31 Fait avec d'autres voix crédibles,
00:04:34 Lecture commune de cette mise à mort.
00:04:37 Madolama a eu trois balles,
00:04:41 Et il ne mourait pas.
00:04:45 Trois balles, successives, il ne mourait pas.
00:04:49 On l'a donc attrapé, dit qu'il était fort comme ça.
00:04:53 On l'a mené dans leur QG, quartier général.
00:04:57 Leur quartier général était où ? En Doua.
00:05:01 Vers la route du Ptidi.
00:05:04 Arrivé là-bas,
00:05:07 Il y avait un grand Baoba.
00:05:11 C'est là où on a commencé encore à le menacer.
00:05:16 Là-bas, en Doua, il a eu deux balles, il ne mourait pas.
00:05:22 Il était chaussé.
00:05:24 L'on a demandé que je voudrais que vous me guidiez vers la côte.
00:05:30 Laissez mes gens tranquilles.
00:05:33 Enlevez mes chaussures.
00:05:36 Ils ont donc enlevé ses chaussures, c'est là où
00:05:40 Il avait une bague à l'orteil.
00:05:46 Maintenant, il a dit que vous amenez-moi,
00:05:49 Allez faire tout ce que vous voulez.
00:05:50 Pourvu que vous libérez la côte.
00:05:55 Que vous laissez mes gens tranquilles.
00:06:00 Alors quand il a lancé là-haut,
00:06:03 On a tiré sur lui et il a rendu là-bas.
00:06:07 Il a été un résistant.
00:06:09 Alors résistant à la colonisation,
00:06:12 C'est en ce sens que,
00:06:15 Voyant comment ses pères,
00:06:17 Roudolphe Douala Mangabel et autres,
00:06:20 Avaient eu cette réticence
00:06:23 A laisser que notre territoire
00:06:26 Soit dominé par les colons.
00:06:28 Cela ne lui a pas valu
00:06:31 Quelques caresses de la part
00:06:35 De colonisateurs.
00:06:38 Et il a fallu également qu'il soit
00:06:42 Assez mobile.
00:06:43 Cela fait que
00:06:45 Il était à Bungaélé, mais
00:06:47 Se déplaçait
00:06:49 De temps en temps en direction de Bipindi,
00:06:51 En direction de Bolova,
00:06:54 Et rencontrant ses collègues.
00:06:56 Malheureusement,
00:06:59 Cette attitude n'a pas permis
00:07:02 Que le colon puisse coopérer avec lui.
00:07:07 Et cela a ainsi débouché
00:07:11 A cet assassinat.
00:07:14 La cause immédiate, c'est
00:07:17 Le départ d'une expédition
00:07:19 De jeunes gens de Grand Batanga
00:07:22 Vers un croiseur allemand
00:07:24 Qui mouillait au large de Grand Batanga.
00:07:28 Alors, lorsque les Allemands,
00:07:29 Après avoir passé des consignes de guerre
00:07:31 Qui interdisaient au Batanga
00:07:33 De se réunir désormais au bord de la mer,
00:07:36 De faire des feux dans la nuit,
00:07:40 Et des soirées récréatives,
00:07:42 Et surtout de n'avoir aucun contact avec l'ennemi,
00:07:47 Ces gens se sont donc rendus
00:07:51 Vers ce croiseur,
00:07:54 Estimant qu'il s'agissait certainement
00:07:56 D'un bateau commercial,
00:07:58 Comme ils étaient toujours dans le trading
00:08:00 Avec l'Interland.
00:08:02 Et lorsque les Allemands
00:08:04 Sont mis au fait de cette situation,
00:08:06 Ils interpellent le roi Madola
00:08:09 Pour qu'il puisse leur livrer
00:08:10 Les noms des personnes
00:08:12 Qui ont entrepris cela.
00:08:16 Il leur oppose donc une fin de non-recevoir.
00:08:18 Et c'est à ce moment que les Allemands
00:08:21 Estiment qu'il est certainement
00:08:24 Dans un complot avec l'armée anglaise
00:08:29 Et l'armée française.
00:08:31 La dernière chose qui fait qu'on l'arrête,
00:08:34 C'est que,
00:08:36 Un de ses proches d'ailleurs,
00:08:39 Dit qu'il est parti rencontrer les Anglais
00:08:43 En haute mer.
00:08:46 Et qu'il y avait déjà le bruit des bouteilles,
00:08:48 La guerre s'annonçait à Gréby,
00:08:50 Et que c'était pour trahir les Allemands.
00:08:54 Voilà ce qui a fait valoir
00:08:58 L'arrestation et l'exécution du roi Madola.
00:09:01 C'est les bouteilles à la mer.
00:09:05 C'est-à-dire, comme ils savaient écrire,
00:09:08 Ils savaient écrire,
00:09:10 Ils écrivaient aux Français, aux Anglais,
00:09:13 Ils mettaient ces informations dans la bouteille,
00:09:17 Qu'ils remettaient aux pêcheurs,
00:09:19 Et les pêcheurs laissaient ces bouteilles au large.
00:09:24 Les Français et les Anglais ramassaient la bouteille
00:09:27 Et avaient toutes les informations.
00:09:29 Ils écrivaient en Allemand,
00:09:30 Mais vous savez que les Français avaient des traducteurs, etc.
00:09:34 Les Allemands ne comprenaient pas
00:09:36 Que les Français et les Anglais
00:09:38 Soient au courant de tous leurs déplacements.
00:09:42 Ce qui fait qu'ils les bombardaient facilement.
00:09:46 Et justement, ici chez moi,
00:09:48 Si vous allez juste à côté,
00:09:50 Vous allez trouver une fondation.
00:09:54 Et même dans mon musée,
00:09:56 Vous allez trouver des canons,
00:09:57 Et des boules de canons
00:10:00 Que les Allemands et les Français
00:10:05 Envoyaient pour s'entretuer à l'époque.
00:10:08 À côté de cette cause immédiate
00:10:16 Qui le désigne au poteau d'exécution,
00:10:18 Il y a des éléments de friction bien antérieurs.
00:10:22 Des malentendus qui remontent
00:10:24 Au premier contact avec les Anglais,
00:10:27 Les Français et le gouvernement colonial allemand.
00:10:29 Le roi Madoula accède à la fonction
00:10:34 En retour de 1880 à la mort de son père.
00:10:38 Effectivement, aussitôt après son accession,
00:10:41 Un ou deux ans après,
00:10:43 Les Français se rapprochent de lui
00:10:46 Pour lui signifier de ce que
00:10:48 Il y avait un certain nombre de traités
00:10:51 Qui avaient été signés par son prédécesseur.
00:10:55 Donc, le roi Madoula, en 1882,
00:10:59 Accepte de continuer la collaboration avec les Français.
00:11:07 Il signe ce traité avec son homologue de Bapoukou,
00:11:09 Qu'on appelle le King Toukou.
00:11:11 En 1883, alors que le Cameroun
00:11:15 Commerce déjà avec les Allemands, avec les Weimans,
00:11:18 En 1883, Madoula signe un traité,
00:11:21 J'ai le texte original,
00:11:23 Madoula signe un traité avec les Français,
00:11:27 Où il reconnaît la souveraineté de la France
00:11:31 Sur son territoire,
00:11:34 Et souhaite que la France continue
00:11:37 A travailler avec les rois de la côte,
00:11:40 Et à proposer un enseignement, une éducation,
00:11:43 Mais également des soins médicaux à la population.
00:11:48 Donc, en 1883, Madoula est,
00:11:51 Disons, depuis son père,
00:11:53 Son père avait signé déjà depuis 1847 le traité.
00:11:56 Madoula est plutôt francophile,
00:11:58 Mais il est aussi anglophile,
00:12:01 Parce qu'à l'époque, il traitait avec les navires anglais,
00:12:04 Et les Anglais faisaient du business,
00:12:06 Les Anglais ne cherchaient pas à dominer.
00:12:08 Donc Madoula était très à l'aise avec les Français et les Anglais.
00:12:12 Quand les Allemands arrivent en 1883,
00:12:14 Ils voient tout de suite que le style devient très différent,
00:12:17 Il va se révéler,
00:12:19 Il refuse de signer le traité,
00:12:22 Et il convainc son cousin,
00:12:25 Son frère d'à côté,
00:12:28 Parce qu'il y avait les Bacopo à côté,
00:12:30 Mais aussi d'autres tribus,
00:12:32 Il convainc ses frères rois qui sont à côté de ne pas signer.
00:12:36 Donc, eux tous refusent de signer sur la côte.
00:12:39 C'est en 1884 que les Allemands remontent dans le Voury,
00:12:43 Et vont signer en juillet, 12 juillet,
00:12:45 Le fameux traité germano-dvala que signe le roi Kinga.
00:12:49 Donc, on voit bien que Madoula n'est pas du beauté des Allemands,
00:12:53 Pas parce qu'il refuse les Allemands en tant qu'homme,
00:12:56 Mais par leur méthode de brutalité.
00:12:58 C'est la méthode qui hérisse Madoula.
00:13:02 Pour autant, les rapports entre le roi des Batanga
00:13:08 Et l'administration allemande n'étaient pas toujours tendus.
00:13:12 Il y a eu bien souvent des épisodes de saines collaborations.
00:13:16 Madoula était un homme extraordinaire.
00:13:20 Vraiment, le côté "les gens le sont, le"
00:13:23 Mais un homme extraordinaire.
00:13:25 Mais si on veut aller un peu dans la tradition orale,
00:13:29 Parce que l'histoire d'Afrique, l'histoire du Cameroun,
00:13:32 C'est aussi ça, c'est aussi la tradition orale.
00:13:35 Il n'y a pas toujours des écrits,
00:13:37 Mais nous savons, monsieur, vous savez,
00:13:39 Nous savons que depuis les travaux du professeur Cheikh Anta Diop,
00:13:42 La tradition orale n'est plus une chose qu'on peut balader derrière la main.
00:13:48 Lorsqu'elle est récoupée trois fois, elle a valeur de science.
00:13:51 La tradition orale parle des pouvoirs exceptionnels de Madoula.
00:13:57 Et les Allemands admiraient ces pouvoirs exceptionnels.
00:14:02 Parce que c'était un homme qui avait beaucoup de charisme.
00:14:05 Beaucoup de charisme sur les gens.
00:14:07 Il était très vite compris, j'allais dire, craint et obéit rapidement.
00:14:12 Et les Allemands voulaient percer les secrets de cette obéissance.
00:14:17 Mais il a été beaucoup soutenu.
00:14:19 Je dois d'ailleurs dire que, en réalité,
00:14:23 Mais ça c'est la tradition orale.
00:14:26 La tradition orale rapporte qu'il a eu des initiations magico-religieuses
00:14:33 Au niveau du Gabon, chez un peuple qu'on appelle Emiti.
00:14:39 Et qui lui ont donné d'abord une force physique herculéenne.
00:14:43 Parce que c'est un souverain qui provoquait un combat singulier.
00:14:47 C'est un sujet qu'il ne voulait pas obéir.
00:14:49 Et qui a eu une force de persuasion.
00:14:52 Alors, certaines traditions orales disent que les Allemands voulaient connaître le secret de ce charisme.
00:15:01 De cette capacité à se faire obéir.
00:15:03 Et de cette force herculéenne.
00:15:06 Donc au départ, je réponds à votre question, il a été beaucoup aidé par les Allemands.
00:15:10 Il était humaniste. Il ne détestait pas les Allemands.
00:15:14 Pas du tout. C'était des êtres humains.
00:15:16 Et il avait appris à parler allemand, comme tous les vieux Batangas de l'époque.
00:15:21 Tous parlaient allemand et tous avaient des surnoms allemands.
00:15:24 Lui s'appelait Wilhelm. C'était son prénom.
00:15:26 Donc tous nos parents parlaient allemand à cette époque.
00:15:30 Donc Madjoulallah n'a jamais détesté les Allemands.
00:15:32 Il rejetait leurs méthodes.
00:15:35 Leur façon de gouverner. Leur brutalité.
00:15:38 Il était ferme. Il voulait qu'on respecte les gens.
00:15:41 On respecte les Batangas.
00:15:43 D'ailleurs jusqu'à aujourd'hui, on dit que les Batangas sont un peu rebelles.
00:15:46 Parce qu'ils ont pris cette habitude-là depuis ce temps.
00:15:50 Le Batanga était un rebelle silencieux.
00:15:52 Le Batanga était un rebelle silencieux.
00:15:56 Mais si on le pousse au bout, il peut manifester sa rébellion.
00:16:00 Mais c'est un patriote avant tout.
00:16:02 C'est quelqu'un qui accepte les autres.
00:16:04 Qui reçoit les autres.
00:16:06 Qui est ouvert à l'autre.
00:16:08 Ce qu'on appelle aujourd'hui le vivre ensemble, nous on le connaît depuis longtemps.
00:16:11 C'était ça l'histoire de Madjoulallah.
00:16:13 Il n'a jamais détesté les Allemands.
00:16:15 Il n'a pas non plus été ami-ami avec eux.
00:16:19 Non, parce qu'il ne supportait pas leurs méthodes.
00:16:22 L'épisode de la fin de vie du roi Madjollah, s'il ne souffre d'aucune contestation sur la date et le lieu de sa sinistre disparition, est en revanche entouré de légendes.
00:16:36 Un jour, moi qui vous parle, je me suis fait un petit déjeuner.
00:16:40 Je me suis fait un petit déjeuner.
00:16:42 Je me suis fait un petit déjeuner.
00:16:44 Je me suis fait un petit déjeuner.
00:16:46 Je me suis fait un petit déjeuner.
00:16:48 Je me suis fait un petit déjeuner.
00:16:51 Un jour, moi qui vous parle, là, il y avait deuil de l'autre côté.
00:16:55 Je fréquentais encore.
00:16:59 Il y avait deuil de l'autre côté ici.
00:17:01 Qu'est-ce que j'ai eu?
00:17:03 Je me suis dit bon, je vais le matin, moi je dois aller à l'école.
00:17:05 J'ai abandonné tout le monde là-bas.
00:17:07 J'ai essayé de dormir ici.
00:17:09 Je viens dormir.
00:17:11 Je ne vais pas fermer la porte.
00:17:13 La chaise était devant moi là-bas, comme ça.
00:17:17 Je m'endors.
00:17:19 Le sommeil ne me prend pas.
00:17:22 C'est là où je vois la porte de la maison s'ouvrir.
00:17:29 C'est là où je vois la porte de la maison s'ouvrir.
00:17:31 La porte s'ouvre.
00:17:33 Je vois un monsieur trappé, habillé tout blanc, qui entre.
00:17:39 Il est venu s'asseoir sur la chaise qui est à côté de moi.
00:17:44 Moi, je me suis dit c'est qui?
00:17:48 C'est qui là?
00:17:50 Si tu ne réponds pas, je tombe sur toi maintenant.
00:17:52 Qu'est-ce qu'il y a?
00:17:54 C'est toi qui?
00:17:56 C'est là où il est sorti avec force.
00:17:58 Un grand vent.
00:18:00 Il est sorti.
00:18:02 La porte s'est refermée.
00:18:05 Deux semaines après, il va maintenant en rêve à Bwambé.
00:18:13 Il va voir qu'il y a un monsieur là-bas qui s'appelait Bapité.
00:18:20 Il lui avait décrit exactement l'endroit en lui disant qu'il y a un Baoba à cet endroit.
00:18:27 Et derrière cet endroit, il y a une fosse commune.
00:18:30 Il lui avait dit que juste au pied du Baoba se retrouve sa tombe.
00:18:36 C'est ainsi que nous sommes allés là-bas, n'est-ce pas?
00:18:40 Reprendre tous les restes de Madoula et venir les mettre là où vous voyez son mausolée.
00:18:46 Au moment où disparaît le roi des Batanda, Kribi est entre deux feux.
00:18:53 La première guerre mondiale, la guerre des autres, s'est invitée sur le sol tambourlain.
00:18:58 Nous sommes le 27 février 1915 et il va falloir des guerres pires.
00:19:03 C'est le sauf qui peut sur les rivages.
00:19:06 Lorsque l'archiduc héritier du trône d'Autriche, François Ferdinand, est assassiné à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine,
00:19:16 ce qui déclenche la première guerre mondiale,
00:19:18 ni les Allemands, ni les alliés français et anglais ne savent pas que cette guerre arrivera ici, en Afrique, au Cameroun.
00:19:27 Seulement les Allemands sont en guerre contre les alliés.
00:19:32 Et ces alliés, principalement français et anglais, décident d'amener la guerre au Cameroun.
00:19:39 La guerre arrive au Cameroun et singulièrement à Kribi.
00:19:43 Pourquoi Kribi?
00:19:45 Parce que Kribi est stratégique entre les possessions françaises d'Afrique équatoriale,
00:19:52 entre les possessions espagnoles de Guinée, aujourd'hui équatoriale, hier espagnole,
00:19:59 entre Kribi est jugé stratégique.
00:20:02 Il s'agit de couper les ravitaillements des colonies allemandes.
00:20:07 Je rappelle que l'Allemagne a trois colonies principales en Afrique,
00:20:11 le Togo, le Cameroun, le Sud-Est africain, et j'allais dire quatre,
00:20:15 et le Tanganyika, la Tanzanie comme on l'appelle.
00:20:20 Après avoir exécuté le roi Madola, il décide donc de molester systématiquement la population.
00:20:27 Donc à chaque fois qu'il pouvait utiliser cette population comme chez Rakan, il n'hésitait pas du tout.
00:20:35 Les alliés constatent cela, et ils proposent à la population de les évacuer et de rester entre eux belligérants.
00:20:46 Et c'est ce qui s'est effectivement passé. Parce qu'en tout temps, les Allemands avaient commis beaucoup de dégâts.
00:20:53 Ils commettaient beaucoup de dégâts. Quand ils arrivaient, ils rasaient les villages,
00:20:57 estimant que c'est les Batangas qui collaboraient avec les némis.
00:21:00 Les gens fuyaient les zoubis. Les zoubis tombaient partout, de tous les côtés.
00:21:05 Alors les gens se fichaient des zoubis, les balles perdues.
00:21:08 Donc ce qui fait que, je dis là, comme ils disent, ceux qui peuvent.
00:21:14 On va appeler cette séquence la déportation ou le voyage de toutes les craintes qui débouchent, lui, sur des horizons incertains.
00:21:23 Dans l'opération d'évacuation, il y a également eu beaucoup de morts.
00:21:30 Les gens se lançant en mer dans la panique, croyant pouvoir atteindre le bateau à la nage,
00:21:34 se sont lancés et il y a eu beaucoup de noyades.
00:21:37 Donc ça a été désastreux pour la population Batanga et la population cribienne en général.
00:21:44 Dans ce qui peut être perçu comme un bienfait des alliés, il y avait une arrière-pensée d'asservissement.
00:21:56 Parce que les populations sont surprises lorsqu'elles font escale à Manoka.
00:22:04 Et qu'on commence à leur distribuer des outils de travail, les maquettes, les pelles et autres.
00:22:14 Donc ils partent de Manoka par vague pour accouster à Limbe, à Victoria à l'époque.
00:22:23 Et de Victoria, on commence à les envoyer dans différentes plantations.
00:22:29 Il y a des villages qu'on appelle Lubé, là-bas.
00:22:33 C'est un village qui a été occupé par les ressortissants de la Lubé d'ici.
00:22:37 Et ils ont laissé le nom.
00:22:39 Beaucoup sont restés avec les populations locales qui sont les Bakori.
00:22:43 Or les Bakori parlent presque comme nous, nous sommes des prisonniers.
00:22:46 On a des bonnes relations puisqu'il y a même les Batanga qui sont Batanga.
00:22:49 Pas les Batanga comme ceux qui sont d'ici.
00:22:52 Il y a des ethniques qu'on appelle les Batanga, les Ngolo Batanga dont notre premier ministre.
00:22:58 Ils sont là-bas depuis l'immigration, la première immigration.
00:23:04 Donc ils se sont adaptés, ils sont très bien.
00:23:07 Et maintenant nous avons retrouvé, nous avons essayé de faire une sorte d'association,
00:23:12 les Batanga de là-bas et les Batanga d'ici.
00:23:14 On a un gimelage puisque le monument qui a été fait ici au port de Kribir,
00:23:20 c'est le même monument qu'on a fait là-bas à Limbe, à Victoria, à Buya.
00:23:26 Ce qui doit être compris et sous-entendu,
00:23:30 c'est que quand les Allemands ont établi leur protectorat à Cameroun,
00:23:37 ils ont mis en place des plantations.
00:23:41 Parce que l'objectif d'élimination des Allemands était l'intérêt économique.
00:23:48 Donc ils ont mis en place des plantations et ils voulaient que les travailleurs travaillent dans ces plantations.
00:23:53 Des plantations de bois, de café, de coco, de bois, de pomme, de pomme.
00:24:00 Donc ils avaient des travailleurs du nord-ouest, du sud-ouest, du centre-sud, du sud-ouest et du sud-ouest.
00:24:12 Ils sont tous venus et ont travaillé dans les plantations allemandes à Victoria.
00:24:18 Et quand la guerre a eu lieu, certains n'ont pas pu y retourner.
00:24:24 Certains ont décidé de rester.
00:24:26 Et quand les Britanniques et les Français ont partitionné le Cameroun allemand en février 1916,
00:24:35 et que la partition provisionnelle a été prise en février 1916,
00:24:41 et que le contrat de Londres a été pris en mars 1916, et le contrat de Myrna Simonne en juillet 1919,
00:24:52 certains de ces gens sont revenus et ont travaillé dans les plantations allemandes,
00:24:59 et ils ont resté et ils n'ont jamais retourné.
00:25:02 Ils ont appris l'anglais, ils ont absorbé l'anglais, ils sont devenus comme les "peuples indigènes" du nord-ouest et du sud-ouest.
00:25:11 Donc vous les trouvez, les Bétis, les Rwandos, les Thons, les Bassa, les Bamiliques, les Mpakoko, les Doualas.
00:25:23 Donc ils se sont tous réunis et ils n'ont jamais retourné.
00:25:28 Donc, en ce qui concerne eux, je suis honnête, mes parents sont d'un de ces groupes,
00:25:38 même si mon père est venu aux Camerouns britanniques à l'âge de 10 ans,
00:25:48 mais ce sont tous des gens qui sont venus et ont trouvé leurs frères et soeurs ici et ont développé l'arène.
00:25:59 Et ce qui est important, c'est que presque tous d'entre eux,
00:26:04 parce que dans le processus de décolonialisation, ils ont été appelés les "français camerooniens résidents aux Camerouns britanniques".
00:26:14 "Les français camerooniens résidents aux Camerouns britanniques",
00:26:18 et ils ont contribué énormément à la réunification de la République des Camerouns.
00:26:25 Un an et plusieurs séquences de vie plus tard, la guerre est finie.
00:26:33 Pour ce qui concerne les rivalités entre les alliés et les allemands aux Camerouns,
00:26:38 il est temps de faire chemin inverse, de regagner le Berkai pour ceux qui en ont et l'envie et la ressource.
00:26:45 Ce grand retour va se faire en deux temps, le 14 février et le 9 mai 1916, date qui vont donner lieu à deux célébrations.
00:26:55 C'est ici aussi, après à peu près un an et demi aux Camerouns à l'époque britannique,
00:27:02 aujourd'hui au sud-ouest du Cameroun, après un an et des poussières,
00:27:07 les Batangas, quand les allemands sont vécus ici,
00:27:11 le même général Nobel ordonne aux chefs Batangas qui les accompagnaient,
00:27:16 le roi Ndenye Mbogamwe, de prendre ces gens et de les ramener à Crédit.
00:27:21 Et c'est encore ici, à Tresacoste, en deux dates, en deux vagues, le 14 février 1916 et le 9 mai 1916.
00:27:31 Et depuis ce temps-là, les Batangas fêtent ce retour dans leurs deux fêtes commémoratives,
00:27:37 du 14 février de chaque année et du 9 mai de chaque année.
00:27:42 Le retour a été stratégique. On a essayé de diviser le peuple en deux mouvements linguistiques.
00:27:50 Ceux qui parlaient le plus le Bapoukou, parce qu'il y avait des enfants, il fallait organiser ça comme ça,
00:27:58 on voyait également les nombres, on voyait d'abord ceux qui parlaient le Bapoukou et après ceux qui parlaient le Batangas.
00:28:03 C'est un peu ça, c'est de la logistique. Je dois dire d'ailleurs que cette logistique a présidé longtemps dans la vie là-bas,
00:28:10 en regroupant les gens par groupe d'âge. Nous on a les groupes d'âge chez nous, les groupes d'âge ont été créés là-bas,
00:28:16 par groupe d'âge, c'est pas la peine les betoutas. Donc il y a une organisation sociologique qui date de cette époque-là.
00:28:27 Le voile du silence longtemps posé sur la mémoire vivante de ce peuple semble avoir donné l'impression
00:28:34 que le phare de l'histoire des Batangas est éteint, ou du moins faiblement éclairé.
00:28:39 Dans la cité océane, l'ensemble reprend haleine, en témoigne ces nombreuses initiatives visant à valoriser la mémoire.
00:28:49 La musique part toujours de la muse qui vous inspire, qui vous inspire des sons, qui lisent le temps,
00:29:01 c'est-à-dire le passé, le futur, le présent. Et tout ce passé, toute cette présence, vous arrive dans les oreilles à travers des sons.
00:29:18 Et des sons bien placés, harmonieux, qui débouchent toujours sur une belle mélodie.
00:29:28 Et parlant de Madola, disons que je suis un peu né là-dedans. Parce que mon père, Mbwélemé Mbukpol, tient d'une chaufferie bien connue chez les Batangas.
00:29:50 King Tuku, Mbubala, etc., qui ont travaillé avec le roi Madola.
00:30:06 Vous avez là un requin, que j'aime aussi. Vous avez là un requin qui avait un cheveu ici, un tout petit requin.
00:30:23 Et j'avais pris juste la vétèbre du cou. Et là c'est l'homoplate du requin. La bouche du canon dont je vous ai parlé tout à l'heure.
00:30:38 Les obus sortaient de là, de part et d'autre. Alors c'est tout ce que j'ai pu extraire de ce sous-marin qui a échoué ici.
00:30:47 Quel sous-marin?
00:30:48 Le sous-marin Alban. Il avait un cheveu ici. Et là c'est le clairon qui annonçait l'arrivée des Allemands à l'époque.
00:30:58 Et même des Portugais. Parce que vous avez là deux cartes-culs. Là c'est Portugais.
00:31:08 On pesait les gens pour les embarquer. C'est comme ça.
00:31:13 Ça c'est un képi de guerre. Qui est en même temps marmite. On préparait la nature là-dedans. On vivait là-dedans.
00:31:24 Et on portait ça. Ça protégeait la tête du roi Madone.
00:31:30 Tout le village avait été pillé pendant les Allemands. Il y avait des choses précieuses quand même.
00:31:37 Mais c'était pillé. Ce chapeau-ci, je ne sais pas comment, ça a été échappé en haut là-bas. Avec la fanfare.
00:31:47 Avec cette commémoration de la mémoire de Madone, nous voulons passer à une nouvelle étape de l'unité de notre peuple.
00:31:58 Nous voulons restaurer l'unité de notre peuple de manière plus forte. C'est pour ça que nous allons mettre en place là, pendant cette cérémonie, ce que nous appelons le guide.
00:32:11 Il ne s'agit pas d'un chef qui est au-dessus des autres. Nous avons quatre groupements.
00:32:15 Mais dans les quatre groupements, à tour de rôle, comme dans le Ngondo, nous désignerons chaque année un chef qui représentera l'ensemble de la communauté.
00:32:25 L'année d'après, il passera le bâton de commandement au suivant. Et l'année d'après au suivant.
00:32:32 De manière rotative, chacun de nos chefs pourra présider au destiné de notre peuple.
00:32:50 Vigoureux, Madone s'imposera par sa force à tous ses adversaires. En effet, il était initié à la culture traditionnelle et avait le pouvoir d'ubiquité.
00:33:05 Il pouvait se retrouver à plusieurs endroits à la fois. Il dévinait la pensée de tous ses interlocuteurs. Il était invulnérable.
00:33:18 Son regard de séparance les a tombés en France. Il lui était promulgé interdit de gifler pour asséner un coup de poing à un individu, grâce au coup de poing que sa gifle était mortelle.
00:33:34 C'est aussi et surtout à cause de ce pouvoir et de cette force inculienne qui sera portée à la tête du peuple enduré qu'il dirigera à domaine de maître,
00:33:47 depuis l'embauchure d'une terre Macrame-Pau jusqu'à celle d'union à Béhondre.
00:33:53 A pied, il parcourait régulièrement ce vaste territoire pour s'empêcher de l'état de santé de ses populations, régler les litiges et asseoir son autorité.
00:34:07 Il fut un grand pionnier, soucieux de Rome avec ses 20 vies et coutumes que le juge retrouvera pour sa promenauté, à l'hôpital Entrepain en 1869, d'un voyage à l'île de Provisco avec une équipe de jeunes.
00:34:26 "Sancto Jesu Christo"
00:34:48 Il faut sortir le roi Madola, Madi-Malé de l'oublioir pour parler comme Aimé Césaire.
00:34:55 C'est d'autant que le souverain Batanga s'est distingué honorablement sur d'autres fronts aussi importants que la défense de son peuple.
00:35:05 Sur un registre qui va au-delà du séculaire, on apprend de sources dignes de foi que c'est grâce à son entregeant que la mission presbytérienne américaine a faulé le sol de notre pays pour semer la foi chrétienne.
00:35:21 L'évangile qui entre au Cameroun par le sud connaît un berceau depuis 1850. Et quand nous allons parler de 1850, vous savez que les voies de communication en Afrique en ce moment là étaient les fleuves et les océans, les mers.
00:35:45 Et cela était favorable pour la navigation. Et les premiers missionnaires qui partent de la Jamaïque, et mettez-vous en esprit l'idée de la Jamaïque, la Jamaïque c'est l'un des premiers pays noirs libérés si on peut le dire.
00:36:05 C'est-à-dire que les Jamaïcains sont ces esclaves qui ont été aux Etats-Unis et qui ont été libérés et qui constituent, la Jamaïque constitue le tout premier pays à être indépendant en Afrique.
00:36:22 Alors ils partent de la Jamaïque depuis 1850. Ils vont à l'île de Corisco en Guinée équatoriale. Ils passent également par le Gabon. Et arrivé au Gabon, ils s'installent. Et là, ils créent des écoles.
00:36:40 En créant des écoles, ceci va susciter l'attention des rois. Ça il faut le reconnaître. Les rois se disent nous avons quelque chose de bien qui peut permettre en sorte que nos jeunes puissent bénéficier d'un apport tout à fait nouveau qui devrait les aider à pouvoir évoluer.
00:37:03 Ils entretenaient de très bonnes relations avec les autres chefs au-delà des frontières de notre pays. En l'occurrence, les rois de la Guinée, plus précisément ceux des îles de Corisco et de Mangi.
00:37:23 Et c'est dans cette optique des échanges entre des frères qu'il s'est rendu rencontrer un de ses amis du côté de la Guinée. Et arrivé là-bas, il avait trouvé que ses amis et frères guinéens venaient d'être évangélisés par des missionnaires américains venant depuis le Libéria.
00:37:50 Et lorsqu'il a fait cette visite à ses frères des îles de Corisco et de Mangi, il a partagé l'expérience parce que ici chez nous, nous étions encore dans nos traditions, dans notre religion africaine.
00:38:11 Et beaucoup plus chez nous, on parlait des Mengelis qui avaient leurs gourous dans le village.
00:38:20 Au sorti de cette expédition, lorsqu'il revient, il ramène des missionnaires, les tout premiers de Herc et les autres de Cornelius qui étaient descendus en Guinée et qui sont venus à Bungaélé et ont installé la première chapelle au niveau du lieu de Kankang, une église construite à base d'écorces d'arbres.
00:38:48 Le roi Madula, Madibale, qui est un bizarre, puisque ma maman est issue de sa descendance, a été un personnage atypique.
00:39:03 Déjà parce que lorsqu'on parlait des rois jusqu'ici, ce n'est pas des personnalités qui côtoient le monde religieux. Il a été séduit par l'évangile au niveau de l'île de Corisco en Guinée équatoriale.
00:39:26 Il a trouvé que les pratiques faites au niveau traditionnel ne cadraient pas avec sa pensée profonde.
00:39:37 Nous voyons donc que, puisqu'il a été impacté par l'évangile, il a trouvé nécessaire d'envoyer un de ses neveux parmi d'autres jeunes, le pasteur Edouman Moussamban, qui était le premier pasteur noir ici, en formation en Guinée équatoriale auprès des missionnaires américains.
00:40:06 C'est comme cela que la communauté américaine va venir ici créer la mission protestante américaine au Cameroun.
00:40:18 C'est au sorti de cette expédition que Edouman Moussamban Thomas Charles, né en 1850, a été consacré en 1905 par les missionnaires américains, devenant ainsi le tout premier pasteur noir de la mission protestante américaine en terre camerounaise.
00:40:45 Le travail qu'il a fait a permis à ce que aujourd'hui l'EPC, à travers l'unité de l'association chrétienne des femmes, puisse retracer la marche de l'évangile par station.
00:41:05 D'où Benito, Batanga, Baturi, Elad, Bibia, Fulasi, ainsi de suite, pour eux montrer d'où est parti le chant évangélique.
00:41:20 Benito n'est pas chez nous au Cameroun, c'est en Guinée équatoriale, plus précisément l'île de Mandi et de Corisco.
00:41:27 Et puis Batanga, qui est aujourd'hui Grand Batanga. Je voudrais rappeler que lorsque les missionnaires arrivent et constatent que Tanka était devenu étroit pour eux,
00:41:40 ils se déplacent et demandent au roi Madola de trouver un espace beaucoup plus grand pour pouvoir accompagner l'église par des oeuvres sociales. Les écoles, les hôpitaux, les menuiseries, tout ce qui permet à l'épanouissement de l'homme.
00:42:01 Dans les années 1896, ça évolue, parce que lorsqu'ils sont arrivés, ils ne sont plus répartis, ils se sont installés.
00:42:14 Et les américains ont fait de Grand Batanga un grand pôle où ils ont installé beaucoup de leurs missionnaires.
00:42:23 [Musique]
00:42:42 Déjà Benito, première étape camerounaise, Batanga. Et Batanga, la première paroisse que les américains ont construite, c'est Aikeye, qui voudrait dire en langue benga, terrain convenable.
00:42:58 Et je voudrais rappeler que le kantik en langue benga est celui qui a permis qu'on puisse traduire les autres kantiks en nos différentes langues. Batanga, Basa, Bulur, Imande, Iyasa, ainsi de suite.
00:43:15 Mais nous rappelons qu'après Nassau, qui est le premier pôle où ils se sont installés, avec les Adams, les Nassau, c'est ainsi que le champ évangélique a continué à partir.
00:43:32 Avec les docteurs Isagout, qu'on a appelés dans la zone goulou Ngotozame. C'est ainsi que le champ évangélique part de Kribi, de Nassau, vers l'intérieur du sud, Foulane, Bibiya, Sagbaene, Baturi, et continue à évoluer.
00:43:55 C'est d'où le puissant chant de l'ACF, l'hymne de l'ACF qui recrace toute cette histoire.
00:44:02 Au plan local, il était le roi des Batanga, puisque la zone d'influence allait depuis Kampo, chez nos frères Iyasa, en passant par Kribi, et jusqu'à Petit Batanga, aux confins de la Sénaga maritime.
00:44:21 Du côté gauche de Lorbatindi, lorsque vous évoluez vers Edia.
00:44:27 Donc, son influence était certaine. Bien sûr, il y avait d'autres chefs de villages ici et là, mais je crois que la différence est venue du fait qu'il a pratiquement impulsé l'évangélisation protestante de ce côté.
00:44:45 Certainement, vous me direz que les Marienberg et autres sont là, c'est vrai, mais historiquement, comme il n'y a pas eu beaucoup d'écrits à ce niveau, cela s'est fait.
00:44:55 Avec l'évangile, l'épanouissement de la femme africaine, de la femme cameroonnaise, se développe, et elle crée donc, sur inspiration, ce chant qui est appelé l'hymne de l'ACF, de l'Association Chrétienne des Femmes de l'Épuisée.
00:45:14 Ça commence par Benito, Batanga, Fulan, Elad, etc. Ça ne s'arrête pas seulement à Batanga, ça va jusqu'à donner les noms de toutes les stations missionnaires qui ont été l'oeuvre à la fois des missionnaires américains, des missionnaires français, des missionnaires allemands, et des missionnaires des autochtones cameroonais.
00:45:41 Donc, ce chant est, à notre avis, le résumé de l'histoire de l'évangélisation au Cameroun.
00:45:48 Et j'insiste sur la troisième évangélisation, qui n'est pas uniquement l'affaire de l'Occident. Les Africains ont commencé l'évangélisation, la troisième d'ailleurs, depuis le XVIIe siècle, et les Occidentaux sont venus apporter leur concours, prouvant que le terrain était déjà préparé.
00:46:14 Mais l'intérieur, il fallait y aller maintenant pour approfondir le travail.
00:46:19 (Chant)
00:46:29 (Chant)
00:46:55 (Chant)
00:47:13 (Chant)
00:47:33 (Chant)
00:48:01 (Chant)
00:48:07 L'évangile vient par les îles de Corisco et de Manji. Et c'est par cette entrée qu'ils arrivent. La première installation intercaméronaise, c'est au niveau de Bunga Elei, qui aujourd'hui est connue sous le nom de Grand Batanga.
00:48:23 Et lorsque les missionnaires américains arrivent, les missionnaires catholiques arrivent après, s'installent dans le même village de Grand Batanga.
00:48:34 Mais le roi Madola, constatant que l'endroit était exigu pour les deux obédiences, protestants et catholiques, le roi Madola demande aux missionnaires catholiques de partir de Bunga Elei et de s'investir au village d'à côté, qui est Grand Batanga 1, Bapuco.
00:48:57 Et c'est là où ils s'installent, pratiquement à 2, 3 kilomètres et demi du site des américains.
00:49:09 Voilà quelqu'un qui a rélevé un défi aussi dans l'histoire. Et que les historiens, les anthropologues, les sociologues cameroonais devraient réétudier et voir ce qu'il a fait.
00:49:27 Il n'est pas chrétien, mais la religiosité qui est propre à l'africain a été un élément catalyseur qui lui a permis d'être ouvert et de recevoir les américains, les madame Breyer et puis après les isagoudes qui sont venus après.
00:49:48 Et ça a permis en sorte qu'ils obtiennent une terre. Ils ont obtenu suffisamment de la terre au bord de l'océan.
00:49:56 Et aujourd'hui, si mes souvenirs sont bons, c'est que tel que nous voyons les choses, l'un des ports du Cameroun est en train d'être construit là-bas. Et ça fait une richesse.
00:50:10 A partir de la lucarne de l'histoire du roi Lebatanga, exécutée le 8 août 1914 en Doha par les allemands, c'est bien des facettes méconnues de l'histoire du Cameroun, la grande histoire qui se dévoile.
00:50:28 Des trous de mémoire que l'on comble autant que l'on comprend la nécessité de bâtir notre narratif nous-mêmes.
00:50:38 Le Cameroun est un des plus grands portes du Cameroun.
00:50:46 Le port de la terre est un des plus grands portes du Cameroun.
00:50:54 Le port de la terre est un des plus grands portes du Cameroun.
00:51:02 Le port de la terre est un des plus grands portes du Cameroun.
00:51:12 Le port de la terre est un des plus grands portes du Cameroun.
00:51:22 Le port de la terre est un des plus grands portes du Cameroun.
00:51:32 Au nom de la patrie et de son illustre chef, cela pourrait être le résumé de cette soirée à la résidence de l'ambassadeur du Cameroun à Dakar.
00:51:44 Les Camerounais membres de diverses associations sont les invités de son excellence Jean Kwe Tonga.
00:51:52 Ils viennent de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, Mauritanie, Cap Vert, Mali, Gambie et Sénégal notamment.
00:52:08 Dakar est un hub, un laboratoire qui brasse les cultures et les rencontres.
00:52:14 Organisation internationale, médias internationaux, multinationales, tout est rassemblé ici dans cette ville de 83 km2.
00:52:24 Pour plus de 3 millions d'habitants dans cette région qui porte le même nom et au sein de laquelle la circulation est intense.
00:52:32 Le Cameroun s'est donné rendez-vous ici dans ce Dakar cosmopolite.
00:52:40 La famille Tchagna N est installée ici depuis le début de la guerre.
00:52:48 Le Cameroun est un des plus grands portes du Cameroun.
00:52:56 La famille Tchagna N est installée ici depuis 1972.
00:53:04 Madame Tchagna N a profité pour importer un bout de Cameroun chez elle.
00:53:10 Mais de pistache et coquilles sont au menu.
00:53:14 J'achète ma matière première au marché ici.
00:53:18 Je fais mon mélange à la Camerounaise parce que ce n'est pas connu au Sénégal le coquille.
00:53:24 C'est un repas de luxe vu de Dakar.
00:53:28 Pourtant la difficulté à manger Camerounais à Dakar et le coût élevé des denrées ne peuvent s'expliquer que par un fait.
00:53:36 Le climat du Sahel.
00:53:38 Dakar est la 13ème ville la plus chère d'Afrique.
00:53:40 Juste derrière Douala 12ème et Yaoundé 8ème selon le classement Mercer 2019.
00:53:48 Malgré cet indice plus favorable à nos deux métropoles du Cameroun, les Camerounais de Dakar préfèrent se retrouver au Blue Bar.
00:53:56 Chez la Camerounaise Bernadette Sandrine Mungue installée à Dakar depuis 16 ans.
00:54:02 Ils aiment bien les soirées Athènes, les journées héros, les journées paro.
00:54:08 C'est des trucs comme ça qui les accrochent pour venir un peu pour sortir et se faire plaisir.
00:54:14 Un Camerounais à Dakar.
00:54:42 Georges Amara, Dakarois depuis 8 ans.
00:54:46 Parti de son Cameroun natal pour des raisons d'études en médecine.
00:54:50 Pas encore terminé sa formation mais déjà sollicité pour effectuer des gardes et des consultations ici au Centre Universitaire National de FAME.
00:55:00 J'ai fait mes études en médecine à l'Université de Chef-Enseignant de Dakar.
00:55:04 Et je crois que ça se passe plutôt bien pour moi ici.
00:55:07 Pourquoi j'ai choisi le Sénégal ?
00:55:09 Parce que je n'ai pas eu l'opportunité au Cameroun.
00:55:11 J'ai fait mes concours, je ne les ai pas réussis.
00:55:14 Le Sénégal m'a tendu la main.
00:55:17 Il se trouvait que dans mes recherches, c'était plutôt la meilleure école d'Afrique francophone.
00:55:22 Donc j'ai sauté sur l'occasion.
00:55:24 Le train ne passe qu'une fois en disant "on dit souvent".
00:55:27 Et depuis lors, Georges est plutôt bien intégré ici.
00:55:31 Mais cela n'a pas été évident au début.
00:55:35 Quand je suis arrivé à Dakar, il y a une amie, l'un de mes frères, qui vient à peine de partir de Dakar.
00:55:42 Je suis en train d'entraîner avec un de ses amis, qui m'a reçu à l'aéroport.
00:55:46 J'ai dormi chez lui une semaine environ.
00:55:49 J'ai pris mes marques, j'ai rencontré des gens, j'ai fait des rencontres, j'ai connu des Camerounais, j'ai connu des Benignas, des Togolais.
00:55:57 C'est aussi ça l'avantage du Dakar, c'est une ville très cosmopolite.
00:56:01 Au point où la langue locale, le Wolof, n'a plus aucun secret pour lui.
00:56:06 Mon Wolof, c'est un Wolof vraiment médical.
00:56:09 J'ai appris à demander "est-ce que tu as mal?"
00:56:12 Les petites questions usuelles, je peux m'exprimer, je peux comprendre ce qu'on me dit.
00:56:17 En tout cas, j'ai un bon niveau Wolof.
00:56:20 Comment j'ai appris? Je ne sais pas trop comment je vais dire ça.
00:56:23 Il n'y a pas eu de cours particuliers.
00:56:26 La pratique!
00:56:27 C'est ça?
00:56:29 Oui, c'est ça.
00:56:30 Ok, c'est ça.
00:56:31 Oui, oui, les bactéries.
00:56:33 Je sais, mais c'est vendredi, exactement.
00:56:36 C'est quoi ça?
00:56:38 C'est un S.A.U.
00:56:40 Si tu es à côté de l'hôpital, tu vois l'albéroïde, tu vas traverser.
00:56:46 C'est un bactérie?
00:56:47 Oui.
00:56:48 Tu es à côté de l'albéroïde, tu vas aller droite après gauche.
00:56:51 S.A.U.
00:56:52 Tu vas aller chercher un S.A.U.
00:56:53 Non, tu ne vas pas le trouver.
00:56:55 Tu ne vas pas le trouver.
00:56:58 Georges est pourtant étudiant, mais son niveau lui permet déjà d'avoir la confiance de ses superviseurs.
00:57:05 Au point de se retrouver en infectiologie.
00:57:08 Un Cameroonais à qui on confie une telle responsabilité dans un hôpital basé dans un autre pays.
00:57:15 Il y en a de plus en plus en tout cas.
00:57:17 Il y en a de plus en plus.
00:57:19 Les Cameroonais qui viennent à Dakar pour faire la médecine.
00:57:24 Les médecins journalistes, si on fait le tour des centres de santé de Dakar, Cameroonais, on en verra beaucoup.
00:57:30 Les Cameroonais sont forts.
00:57:32 Les Cameroonais sont forts.
00:57:34 C'est tout simplement ça.
00:57:36 Fort, oui, c'est le cas de le dire.
00:57:41 A peine Georges commence à nous expliquer son vécu, qu'il a interrompu par un cas d'urgence.
00:57:47 C'est une dame qui nous a été referée dans notre hôpital de la région de Dakar, de Cheste précisément, à Popenguin.
00:57:53 Elle a été referée pour un coma fibrile.
00:57:57 On a essayé de pousser les examens et on a pensé à une méningoencephalite.
00:58:06 On a pu trouver une place pour elle au SAU de l'hôpital.
00:58:10 Elle va passer la nuit là-bas en espérant qu'on puisse dégager une place demain matin.
00:58:14 Comment tu vas?
00:58:18 Je vais bien.
00:58:19 Comment tu vas?
00:58:20 Je vais bien.
00:58:21 - Je suis en train de voyager. - Ah bon?
00:58:23 Centre Bangkok, New York, Canada. Je me perds dans les avions.
00:58:27 Mais c'est normal de voir des voitures dans les taxis.
00:58:29 Je vois des voitures.
00:58:30 Je suis en train de passer au SAU.
00:58:32 Je vais aller voir une dame.
00:58:34 Les Cameroonais de Dakar doivent leur force au premier d'entre eux.
00:58:41 Jean Kwé Tonga.
00:58:43 Un homme ouvert, humain et très charismatique, selon ses compatriotes.
00:58:48 L'ambassadeur du Cameroun au Sénégal a compétence sur 5 autres pays.
00:58:52 On appelle cela "ambassade à accréditation multiple".
00:58:56 Je suis accrédité au Sénégal, à Dakar, mais aussi au Mali, la Mauritanie.
00:59:04 Il y a la Guinée-Bissau, le Cabo Verde et la Gambie.
00:59:14 Nous comptons environ 2000 Cameroonais.
00:59:19 Donc, quelques 1200 étudiants.
00:59:24 Et les 800 autres, ce sont des fonctionnaires de la SECNA.
00:59:30 Ils sont assez nombreux.
00:59:32 Et puis, les oncenaires des orations internationales.
00:59:36 Et justement, un fonctionnaire de la SECNA vit à Dakar depuis 1972.
00:59:42 Après ses études au lycée Général Leclerc, M. Tchagna David bénéficie d'une bourse d'études pour l'Union Soviétique d'alors.
00:59:49 Où il devient ingénieur de l'Ariénautique.
00:59:52 Une expérience qui le conduira dans la capitale sénégalaise qu'il n'a plus jamais quitté.
00:59:57 Et dire que cette vocation est partie du lycée.
01:00:01 Quand j'arrive en seconde maintenant, avec Dissake.
01:00:05 Le premier prof noir africain du lycée, qui venait de France d'ailleurs.
01:00:10 Pour des physiques.
01:00:12 Il nous amène aller visiter l'aéroport de Yavondes Ketivini.
01:00:19 L'ancien là.
01:00:21 Donc on a vu tout ça.
01:00:24 Donc j'ai dit que ça, dans tous les cas, cette affaire va faudre.
01:00:29 Voilà, c'est comme ça.
01:00:31 Papa Tchagna Diuo de ses 73 ans se souvient de chaque détail.
01:00:37 Comme de son implication dans les installations techniques de tous les aéroports du Cameroun.
01:00:42 Mais le destin avait prévu que sa carrière se ferait ici à Dakar.
01:00:46 Si vous pouvez savoir, c'est 15 ans après qu'on prend la décision d'acheter ici.
01:00:53 Puis en ce temps on habitait dans les maisons conventionnées.
01:00:57 Voilà, c'est que là.
01:00:59 La maison porte un nom invocateur.
01:01:02 Ndé.
01:01:03 Tous les Camerounais de passage ou en résidence connaissent ce bout de terre du Cameroun.
01:01:07 Ici à Dakar.
01:01:09 Symbolisé par la famille Tchagna qui a construit cette habitation à Gor Almadis.
01:01:15 Zone 18.
01:01:16 Un bord de mer qui est aujourd'hui viabilisé.
01:01:19 C'est une ville accueillante.
01:01:21 Ça c'est sûr.
01:01:23 Et ce qui m'a toujours surpris,
01:01:27 quand le président de la République fait son spree de fin d'année,
01:01:30 c'est que les Sénégalais et Sénégalaises,
01:01:35 tous étrangers qui vivent parmi nous,
01:01:38 je ne sais pas,
01:01:40 ça veut dire que tu es étranger là, tu ne te sens pas.
01:01:45 Tu ne es pas construit comme le président.
01:01:49 David est conçu lui à Dakar.
01:01:52 Six enfants sont nés de l'amour pour cette ville.
01:01:55 Et de l'amour pour son épouse Rosalie.
01:01:58 Institutrice de formation.
01:02:01 Et qui a décidé de suivre son époux dans cette aventure au pays de la Teranga.
01:02:05 Plus de 50 ans de vie commune.
01:02:08 Quel est le secret ?
01:02:10 Le secret c'est que, comme je dis toujours,
01:02:15 il ne faut pas torcher l'obscurité.
01:02:20 Toutes mes copines savent que c'est un langage qui venait toujours de moi.
01:02:24 Parce que nul n'est parfait.
01:02:26 Donc il faut vivre sa vie.
01:02:29 Essayer de comprendre l'autre.
01:02:32 C'est ça qui nous a tenus jusqu'à présent.
01:02:38 Et pourtant Rosalie ne savait pas que l'avenir à Dakar devait s'inscrire sur la durée.
01:02:45 On venait pour trois mois.
01:02:47 Dans ma tête, il n'y avait pas trop de problèmes.
01:02:51 Je me suis dit que je pouvais supporter pendant trois mois.
01:02:53 Mais dès lors qu'on a confirmé à la SECNA,
01:02:57 je me suis dit que je ne restais pas dans ce pays où il n'y avait pas à manger.
01:03:01 On est arrivé en plein sécheresse au Sénégal.
01:03:04 Donc c'était très dur.
01:03:07 Je ne pensais pas que j'allais faire trois mois ici.
01:03:11 Alors il a fallu s'adapter.
01:03:15 Trouver des astuces pour avoir à manger.
01:03:18 Sans se déconnecter du Cameroun.
01:03:20 Les deux premières années, c'était difficile.
01:03:23 Je faisais venir le nolet du Cameroun.
01:03:27 Mais après j'ai dit que je pouvais apporter les boutures.
01:03:31 Et un jour, je me promenais en plein point E.
01:03:34 J'ai retrouvé un arbre de nolet.
01:03:39 Et la dame, c'était une Française.
01:03:42 Elle regardait ça en me disant que c'était un avocatier.
01:03:45 Je lui ai dit que ça ne pouvait pas produire l'avocat.
01:03:49 Parce que c'est une plante qui ne donne pas de fruits.
01:03:53 Et elle n'a pas accepté. Elle ne croyait pas du tout.
01:03:56 J'ai collé les feuilles, j'ai goûté. C'était le nolet.
01:03:59 Donc j'ai dit que je ne me dérange pas.
01:04:02 Je coupe juste une branche, je vais y aller.
01:04:04 Et puis j'ai planté. Dans toutes les maisons de location.
01:04:08 Que nous avons occupées au Sénégal.
01:04:10 Je mettais cette plante là.
01:04:13 Et du coup, la maison du Ndee est devenue la maison du Koki.
01:04:17 Et la maison des maîtres traditionnels au Cameroun.
01:04:20 Rosalie reçoit chaque semaine des commandes de la communauté camerounaise.
01:04:24 Heureusement, elle a trouvé l'astuce.
01:04:27 Ça venait du Cameroun avant.
01:04:29 Mais maintenant, les Sénégalais mangent beaucoup de Nyebe.
01:04:32 Ils appellent ça le Nyebe.
01:04:34 C'est le même haricot que nous.
01:04:36 Que nous utilisons au Cameroun.
01:04:38 Ce qui fait que je me ravitaille sur place maintenant.
01:04:41 J'achète mon haricot sur place.
01:04:44 Même l'huile de palme.
01:04:46 J'arrive à trouver l'huile de palme qui est bonne sur place.
01:04:49 Parce que les Camerounais de Dakar sont nostalgiques.
01:04:53 Trouver la nourriture camerounaise est un parcours du combattant.
01:04:56 Et grâce à David et son épouse Rosalie, on se sent Yaoundé, Douala et Bangante ici à Dakar.
01:05:02 De 1990 à 1994, David a été le président des Camerounais du Sénégal.
01:05:09 Et a rendu plusieurs services à ses compatriotes.
01:05:12 Cela n'a pas échappé à son excellence Jean Kwetonga, qui lui a remis une distinction.
01:05:17 La Fédération des Camerounais du Sénégal fait la CAMS, l'Association des Camerounais du Sénégal.
01:05:23 À la suite, on a encore reformé.
01:05:26 Et maintenant nous avons la COCAMS, la Comité Camerounais du Sénégal.
01:05:31 Évidemment, les associations ont leurs spécificités.
01:05:35 Par exemple, les étudiants, les docteurs et d'autres associations.
01:05:40 Nous animons la communauté.
01:05:42 Parce que là aussi, on doit impliquer à cette communauté le sens du patriotisme.
01:05:49 Le sens du vivre ensemble.
01:05:52 Ce n'est pas un mot en l'air, c'est une réalité vivante.
01:05:57 Nous devons promouvoir la solidarité entre les Camerounais.
01:06:04 D'autant plus que le président Paul Biya nous a fait un honneur
01:06:10 de permettre aux Camerounais de voter à l'étranger.
01:06:15 Avant, ce n'était pas ça.
01:06:16 Donc les Camerounais, avant, quand j'arrivais, je vous assure,
01:06:19 certains ne savaient pas qui étaient les Camerounais.
01:06:23 Mais dès lors que le président Paul Biya a pris cette décision,
01:06:27 ils ne savaient pas tous que maintenant ils vont voter à l'étranger.
01:06:32 Je peux vous dire que les Camerounais, un grand nombre,
01:06:35 se sont sentis comme des Camerounais à part entière.
01:06:38 Et l'ambassadeur jouit d'une autre casquette,
01:06:42 celle du doyen du corps diplomatique accrédité à Dakar.
01:06:45 A ce titre, les rencontres sont nombreuses avec le président Makisal,
01:06:49 de même que d'autres hautes personnalités qui foulent le sol de Dakar.
01:06:54 Le président Makisal a transformé l'ambassade en un lieu de vie et de convivialité.
01:06:58 Il ne quittait pas son bureau avant 21 heures.
01:07:01 Scotché devant la chaîne nationale de son pays,
01:07:04 il scrute systématiquement les nouvelles du pays.
01:07:07 Entre temps, il faut faire face aux difficultés de ses compatriotes ici.
01:07:11 Il a été un des premiers à faire face à la question de la sécurité de l'ambassade.
01:07:15 Il a été un des premiers à faire face à la question de la sécurité de l'ambassade.
01:07:18 Entre temps, il faut faire face aux difficultés de ses compatriotes ici.
01:07:23 Notamment la question des documents administratifs.
01:07:28 Sauf le passeport qui n'est pas établi à l'ambassade.
01:07:34 Le passeport, les dossiers,
01:07:38 on les constitue ici, à l'ambassade,
01:07:44 conformément aux prescriptions des abondés.
01:07:49 C'était important pour nous à l'ambassade que les kamonais aient leurs pièces,
01:07:54 leurs papiers rapidement.
01:07:56 Parce que dans les administrations diplomatiques,
01:07:58 vous déployez les pièces aujourd'hui,
01:08:03 et vous les refaites peut-être tardivement.
01:08:06 Ici, comme tout à l'heure, si vous étiez venu avant, j'ai déjà tout signé.
01:08:10 Donc il n'y a pas de retard.
01:08:13 L'ambassadeur, lui aussi, est conscient de la question de l'accès à la nourriture par les kamonais.
01:08:20 L'inflation, certainement qu'il y a de l'inflation ici.
01:08:24 C'est clair et net.
01:08:26 Parce que les prix sont vraiment élevés.
01:08:29 Je ne parle pas de la boisson.
01:08:33 C'est haut de prix.
01:08:35 Nous sommes en termes majoritairement musulmans.
01:08:39 Et l'alcool ne court pas les rues.
01:08:42 Il faut donc trouver quelques lieux d'abonnés, comme chez Sandrine Mungu.
01:08:46 Après ses études en hôtellerie et restauration,
01:08:49 elle a travaillé pendant deux ans pour diverses structures,
01:08:53 avant d'être la gérante de ce lieu mythique de Dakar, le Blue Bar.
01:08:57 Quand on dit pays musulman, c'est comme si...
01:09:00 C'est pas un pays islamique.
01:09:04 C'est un pays laïque.
01:09:06 C'est vrai que la religion qui domine, c'est l'islam.
01:09:10 Mais le Sénégal est un pays laïque.
01:09:13 Donc, en dépit de tout ce qu'on peut dire,
01:09:17 le commerce de l'alcool marche.
01:09:20 Et ça marche tellement bien,
01:09:23 qu'elle reçoit une clientèle européenne en journée,
01:09:26 et la clientèle africaine arrive, elle, en soirée,
01:09:29 jusqu'à deux heures du matin.
01:09:31 De pures moments de bonheur,
01:09:33 qui font que le Sénégal restera jamais
01:09:36 une terre spéciale pour Sandrine.
01:09:38 Ça a été vraiment une terre d'accueil pour moi,
01:09:41 parce que j'y suis, j'y suis bien,
01:09:43 malgré tout ce qu'on peut dire,
01:09:45 malgré qu'on peut avoir des personnes malhonnêtes,
01:09:49 ou bien, je sais pas, un peu comme mon pays.
01:09:52 C'est... Je me sens bien.
01:09:55 16 ans au Sénégal.
01:09:59 Mais une vie de couple restée connectée avec son pays.
01:10:03 Sandrine Mungu vit avec un Camerounais,
01:10:07 malgré ses nombreuses années hors du pays.
01:10:11 Je suis restée attachée à notre culture,
01:10:15 et donc, ce n'est qu'avec un Camerounais
01:10:18 que je me retrouvais bien.
01:10:21 Et même la langue boue n'a jamais été oubliée.
01:10:27 Je parle ma langue, surtout avec ma grand-mère,
01:10:30 qui est toujours en vie,
01:10:32 donc à chaque fois qu'on s'appelle, on se parle.
01:10:35 On a toujours gardé les liens avec la famille,
01:10:42 avec les grands-parents, toujours.
01:10:46 Le Camerounais est un des plus grands
01:10:49 et le plus beau Camerounais du monde.
01:10:52 Il est un des plus beaux Camerounais
01:10:55 et le plus beau Camerounais du monde.
01:10:58 Il est un des plus beaux Camerounais
01:11:01 et le plus beau Camerounais du monde.
01:11:04 Il est un des plus beaux Camerounais
01:11:07 et le plus beau Camerounais du monde.
01:11:10 Il est un des plus beaux Camerounais
01:11:13 et le plus beau Camerounais du monde.
01:11:16 Il est un des plus beaux Camerounais
01:11:19 et le plus beau Camerounais du monde.
01:11:22 Il est un des plus beaux Camerounais
01:11:25 et le plus beau Camerounais du monde.
01:11:28 Il est un des plus beaux Camerounais
01:11:31 et le plus beau Camerounais du monde.
01:11:34 Il est un des plus beaux Camerounais
01:11:37 et le plus beau Camerounais du monde.
01:11:40 On ne parle plus de bourse
01:11:43 mais le gouvernement Camerounais envoie de l'argent.
01:11:46 Le percepteur, si vous allez voir,
01:11:49 il y a des Camerounais qui ont...
01:11:52 Je peux dire, j'ai vu le gouvernement Camerounais de Payetel,
01:11:55 il y a des Camerounais qui sont 5 ou 6 millions.
01:11:58 Les spécialistes qui sont là,
01:12:01 ils disent qu'ils n'ont pas de bourse.
01:12:04 Ils ont certainement raison.
01:12:07 C'est à eux-mêmes, envoyés par leur famille.
01:12:10 À l'ambassade, on fait beaucoup pour les Camerounais
01:12:13 mais peut-être que chez nous, c'est vraiment un apport.
01:12:16 Le gouvernement Camerounais, avec les étudiants,
01:12:19 les docteurs en médecine et d'autres formations techniques,
01:12:22 ce qu'ils font là, le gouvernement Camerounais donne beaucoup d'argent.
01:12:25 Le gouvernement Camerounais donne beaucoup d'argent.
01:12:28 Le gouvernement Camerounais donne beaucoup d'argent.
01:12:32 Wow wow...
01:12:35 Yeah yeah...
01:12:38 You're fine...
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