Histoire de Gangs - Manchester

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Célèbre à travers le monde pour sa culture musicale et son club de foot, Manchester est aussi une ville dans laquelle de nombreux gangs sévissent. Les guerres que se sont mené les différents clans dans ses rues lui ont valu, dans les années 80, le surnom de «Gunchester». Des membres du mystérieux gang Quality Street reviennent sur leurs méfaits, tandis que des policiers témoignent de leur lutte pour conserver le contrôle des rues de la ville.

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00:00 Une guerre sans merci y fait rage au cours des deux dernières décennies du 20e siècle.
00:07 C'était de vrais affrontements, avec de vrais soldats engagés sur un champ de bataille.
00:12 Leur combat était sans pitié, il n'était pas question de faire les prisonniers.
00:16 Cette guerre des gangs sème la terreur en faisant des centaines de morts et de blessés.
00:27 En un seul dimanche, il y a eu huit meurtres de personnes sur lesquelles la PJ enquêtait activement.
00:33 Elle engendre une génération qui vit et meurt par les armes à feu.
00:38 Certains étaient de vrais psychotiques.
00:41 En faisant la une dans le monde entier, les guerres de gangs vont ruiner la réputation d'une des plus grandes villes historiques d'Europe,
00:48 qui se voit affublée d'un surnom sinistre, "Gunchester".
00:51 "Manchester la flingueuse".
00:55 Voici la véritable histoire de la pègre de Manchester.
00:58 Les premiers gangs de Manchester trouvent leur origine dans la révolution industrielle britannique.
01:13 Au 19e siècle, l'exploitation du coton se fait à l'échelle industrielle.
01:22 Située à un peu plus de 300 kilomètres au nord de Londres, la ville est surnommée "Cotonopolis" pour sa première place mondiale au rang des villes du textile.
01:30 Pourtant, tous ses habitants ne bénéficient pas de son essor.
01:34 La ville comptait d'un côté de riche baron de l'industrie, avec un centre-ville moderne, des immeubles cossus et plein de magasins offrant les meilleurs produits.
01:45 Mais tout autour, c'était de vastes quartiers aux habitats précaires, où régnait la misère la plus noire.
01:51 Des habitations très pauvres.
01:52 Dans les années 1870, la surpopulation chronique et la pauvreté favorisent les batailles de rue entre gangs opposés.
02:01 On les surnomme les "Skuckers".
02:03 Ce sont les bandes de voyous de l'époque, ou non fleuries comme les "Tigres du Bengal" ou le "Gang de Buffalo Bill".
02:09 Mais la grande dépression qui s'abat sur l'Angleterre s'appelait "Sort de la ville".
02:14 L'industrie textile coule à jamais et le chômage explose.
02:20 La population survit tant bien que mal.
02:23 Il n'y avait plus ni argent, ni nourriture.
02:28 Voler était devenu le seul moyen de survivre.
02:32 Jimmy Donnelly est né de cette culture de la lutte pour la survie.
02:40 Surnommé dans sa jeunesse "Mauvais Herbe", il grandit au sud de Manchester, dans les rues misérables de Wiesenshow, la plus vaste cité populaire d'Europe.
02:50 Tout jeune, il entre dans une bande parmi les plus notoires de la ville.
02:54 Le "Gang de Quality Street" qui fait régner la terreur et le crime depuis près de 30 ans.
02:59 Nous sommes en 1950.
03:01 "Mauvais Herbe", âgé de 10 ans, apprend son métier dans une Angleterre soumise au rationnement d'après-guerre, où le moindre bonbon était un luxe.
03:09 J'ai cambriolé l'usine des biscuits Brooks.
03:13 Je suis passé par le toit, et j'ai vu un homme qui avait un petit bout de sang.
03:18 Je suis passé par le toit, et j'ai volé une pile de paquets de plaques de chocolat noires, pour les revendre à l'école, afin de me faire un peu d'argent.
03:26 Du coup, j'ai envoyé toute l'école à l'hosto, avec une diarrhée épouvantable.
03:32 Jimmy délaisse vite le chocolat pour s'intéresser à la viande et aux poissons, en commençant à travailler comme livreur à Smithfield, le plus vaste marché de la ville.
03:46 À 15 ans, il a beau gagner un salaire, il bascule doucement dans une carrière de criminel.
03:50 Vous entrez dans la cuisine, vous posez la marchandise à livrer, le chef la pèse pour vérifier, et en sortant, vous piquez la dinde que vous aviez livrée la veille.
04:02 Ici, nous sommes au marché de gros aux poissons, qui avait autrefois 5 portes d'accès.
04:10 C'est ici que les grossistes vendaient leurs marchandises.
04:14 Moi, je travaillais de l'autre côté de la rue, à la halle aux poissons, le marché de détails.
04:18 Il y avait 3 portes.
04:20 Et mon vieil ami Jimmy Swards travaillait à ce niveau ici, à l'intérieur.
04:25 À Smithfield, il se trouve un camarade de combat, Jimmy Swards, livreur le jour et petite frappe la nuit.
04:40 Savez-vous comment j'ai fait la connaissance de Jimmy ? En lui cherchant des noises.
04:44 J'aurais pas dû. J'y ai mis toute ma force, mais...
04:50 Il m'a ratatiné.
04:55 L'épopée des Teddy Boys bat son plein.
05:00 Ces bandes de jeunes tirés à 4 épingles s'affrontent à coups de chaînes de motos et de rasoirs.
05:06 Les deux Jimmy intègrent le gang des Market Boys, les gars du marché qui se taillent une réputation de durs.
05:11 Le jour, ils traficotent au marché. Et la nuit, ils sèment la panique dans les clubs et les bars de la ville.
05:17 J'avais toujours sur moi un couteau, une hache ou un marteau.
05:23 C'est avec ça qu'on frappait.
05:30 Un soir, une violente descente dans un club lui vaut ses premiers ennuis.
05:34 Comme on jouait les chefs, on voulait pas faire la queue comme tout le monde.
05:40 On est passé devant. Le videur a élevé la voie et il s'est pris une méchante dérouillée.
05:46 Mes copains lui ont arraché le nez.
05:51 Au tribunal, Jimmy clame son innocence. Mais son acte de violence ne lui a pas fait de mal.
05:58 Jimmy clame son innocence. Mais son implication dans l'agression lui vaut une condamnation pour blessure et violence en bande réunie.
06:04 Il effectue son premier séjour en prison, dont il sort moins d'un an plus tard.
06:08 Dès lors, notre réputation de terreur locale n'a cessé d'augmenter. Et on a fait vraiment beaucoup de dégâts à l'époque.
06:16 Sur la touche, il préfère se rebaptiser Quality Street Gang ou QSG,
06:24 aspirés par la publicité de la célèbre marque de chocolat qui mettait en scène des voyous.
06:28 Très soudés, leur bande compte parmi de nombreux membres issus des quartiers défavorisés de Manchester.
06:34 Rares sont les photos où on les voit ensemble.
06:38 Mais au cours d'un voyage pour fêter leur passion commune de la boxe, ils sont filmés au Caesars Palace de Las Vegas.
06:45 Jimmy Maveserbe arbore son look caractéristique.
06:50 Mais l'identité de ses acolytes est un secret si bien gardé qu'on ne peut toujours pas la dédulguer.
06:54 Les Swinging Sixties déboulent comme un grand coup de balai aux années d'austérité consécutives à la Seconde Guerre mondiale.
07:06 On dépense volontiers, les jupes raccourcissent, et du sang neuf vient grossir les ronds de la racaille de Manchester.
07:12 En 1961, le gouvernement légalise les bureaux de Paris en espérant mettre un terme au pari clandestin.
07:20 Le nombre de casinos explose.
07:22 Manchester devient une grande ville du divertissement.
07:25 Les clubs sont envahis par les roulettes et les tables de jeu.
07:29 Puis, les années 70 arrivent.
07:38 C'est l'époque des pas de def.
07:42 Manchester danse sur sa propre version de la Tam-Lamotown, la Soul du Nord.
07:48 Jimmy a une femme et des enfants, tandis que sa seconde famille, le QSG, réunit des figures de la délinquance locale, auxquelles il vaut mieux ne pas se frotter.
07:56 Ses amis se sont reconvertis dans la boxe, l'immobilier et la vente de voitures.
08:01 Jimmy achète des boîtes de nuit et une casse-auto où il recèle et revend les pièces détachées de voitures volées.
08:08 La violence est alors un style de vie.
08:16 Il s'est passé une multitude de choses dans cette casse.
08:19 On y a amené quelques personnes pour les terroriser avant de les éjecter.
08:23 Je me souviens notamment d'un gars qui voulait me racketter de 2000 livres.
08:27 On l'a balancé dans une épave de voiture et avec la grue, on a lâché la masse.
08:32 L'épave a été écrasée en l'épargnant d'à peine 3 cm.
08:36 Ensuite, on l'a extrait des tôles froissées et je vous prie de croire qu'il n'est jamais revenu réclamer ses 2000 livres.
08:45 Le recel et la revente des biens volés s'avèrent lucratifs pour Jimmy et peu lui importe à qui il revend.
08:50 Au milieu des années 80, la Grande-Bretagne souffre toujours d'une guerre civile sanglante entre l'Irlande du Nord nationaliste et les communautés unionistes.
08:58 Quand lui parviennent les premières armes de guerre volées, mauvais herbes ne se gênent pas pour les monnayers aux milices paramilitaires.
09:05 L'argent n'a pas d'odeur.
09:08 Il leur fallait une caisse d'armes, je la leur refourguais et basta.
09:13 Je l'ai acheté.
09:15 C'est comme ça.
09:17 A Manchester, le QSG acquiert un statut quasi mythique encore présent à la mémoire des citadins.
09:24 Pour la police, il est presque toujours impossible de trouver des chefs d'inculpation contre le gang, au point qu'aucune poursuite grave ne sera jamais attentée à leur rencontre.
09:41 En 1979, un nouveau gouvernement conservateur s'installe en Grande-Bretagne.
09:45 L'inflation grimpe en flèche et le chômage explose.
09:49 Mais à Manchester, la pègre remplit ses caisses grâce à une nouvelle activité lucrative, les attaques à main armée.
09:55 A l'époque, les salaires sont encore versés en espèces.
09:59 Une cible de choix pour des hommes armés et sans scrupules.
10:02 Le braquage devient le fonds de commerce de spécialistes comme Fred Scott et Lenny Pilot.
10:08 On les connaissait très bien et c'était des vrais pros.
10:11 La manière dont ils agissaient était fabuleuse.
10:15 Ils étaient considérés comme les braqueurs les plus prolifiques du nord de l'Angleterre.
10:20 Scott et Pilot forment le gang des sales-tronches, un nom inspiré par les masques grotesques qu'ils portent pour terrifier leurs victimes.
10:30 Leur cible de choix ? Les livraisons d'espèces effectuées le plus souvent par fourgons blindés.
10:37 A l'époque, il n'y avait que de l'argent liquide et c'était ce qu'il nous fallait.
10:41 Et ces espèces de caisses de monnaie roulantes étaient très faciles à attaquer.
10:46 Ils montent un syndicat de crimes regroupant les rois de la cambriole du braquage et développent un réseau d'indics.
10:54 Cet ancien gangster a beau avoir accroché les gants, il préfère garder l'anonymat.
10:59 Il nous explique comment son gang procédait.
11:03 Il arrivait qu'on ait jusqu'à 15 ou 20 cibles potentielles en même temps.
11:07 Et il fallait décider ensemble laquelle choisir.
11:13 Il dit avoir visé une vingtaine de cibles entre la fin des années 70 et le début des années 80.
11:21 Tout était question de rapidité.
11:23 Il fallait frapper avec fulgurance, veuiller l'argent 90 secondes chrono ou bien repartir bourdouille.
11:30 Kenny Connor fut l'un des braqueurs professionnels les plus efficaces de sa génération.
11:34 Rien que les espèces m'ont rapporté l'équivalent de 85 000 livres avant ma condamnation.
11:40 Et je ne vous parle pas de la bijouterie, des tableaux, des antiquités et tout le reste.
11:45 Mais c'était surtout des espèces.
11:47 Il rencontre en prison le gang des saltronches qui l'invite à le rejoindre.
11:52 Mais il se méfie de son habitude des armes.
11:57 Ils m'ont fait des propositions. On veut braquer tel endroit.
12:00 Braquer ? Non mon pote, jouer du flingue c'est pas un business pour moi.
12:04 J'ai pas besoin d'un flingue, je l'ai déjà dans la tête et je peux tirer du fric sans arme.
12:08 En mai 1982, le gang apprend d'un indice qu'un transfert de salaire va avoir lieu entre une banque du coin et la fabrique de chapeaux Felsworth.
12:20 C'était difficile, impossible d'attaquer cette banque.
12:24 Elle s'est située sur la route principale qui donnait sur une sorte de pont bossu, sans visibilité.
12:28 C'était un coup très dur à réussir.
12:30 Mais le gang est réputé pour préparer méticuleusement ses attaques.
12:37 Les malfrats commencent par percer des trous à l'arrière d'une camionnette qu'ils gardent face à la banque.
12:43 Depuis leur planque, ils observent la façon dont on transfère l'argent de la banque vers la fabrique située non loin de là, au fond d'une impasse.
12:53 On savait à quelle heure l'argent sortait de la banque.
12:55 Les sacs étaient enchaînés aux poignées de l'employé et détachés au moment où il les déposait dans le coffre de son véhicule.
13:01 Mais impossible d'attaquer face à la banque, ni même de s'en approcher.
13:05 Alors, on a décidé que le meilleur moment serait juste avant que la camionnette n'entre chez le Chapelier, c'est-à-dire pile au fond de l'impasse.
13:13 Sûr qu'ils vont réussir, Kenny Connor accepte de se joindre à l'équipe.
13:19 Ils avaient fait convenablement leur boulot de repérage sur les habitudes de la fabrique Failsworth.
13:23 Et pour eux, ça allait être comme dans du beurre.
13:26 Le vendredi 4 juin, les salaires de la fabrique de Chapeau sont transférés comme d'habitude.
13:32 Mais cette fois, le gang des sales tronches, revêtu de ses masques et armés de fusils, attend en embuscade.
13:38 Pilot et Scott attendent dans la rue dans leur camionnette.
13:43 Les gars de la fabrique Failsworth sont en train de se faire débarquer.
13:48 Les gars de la fabrique Failsworth se pointent dans leur véhicule et s'apprêtent à tourner l'angle.
13:52 Pilot et Scott démarrent, ils virent brusquement à gauche et percutent la voiture.
13:56 Scott et Pilot emboutissent la voiture transportant l'argent.
14:01 Scott descend de ce côté et pointe son canon. Pilot descend de l'autre côté, court vers la voiture et les tient en respect.
14:07 Le conducteur a été assommé par le choc et le gang pille le coffre.
14:14 On ouvre le coffre, on emploie une lacaisse, on la sort, on fonce dans la bagnole et on se casse. Terminé.
14:23 Les hommes repartent avec 7000 livres, soit 8500 euros. Un scénario qu'ils répéteront ailleurs plusieurs fois.
14:30 C'était très facile, ça nous a posé aucun problème.
14:36 Bien que Connor ait obtenu sa part du butin, l'utilisation d'armes lui a laissé un goût amer.
14:43 Je m'en suis voulu de les avoir traumatisés. Je me suis dit que c'était la dernière fois que j'utilisais une arme. J'ai pas aimé.
14:51 Connor dit avoir commis là son dernier coup avec le gang. Mais ce dernier, grisé par le succès de ses attaques, en veut toujours plus.
14:58 A la fin de l'année, son efficacité est telle que les attaques en main armée augmentent d'un tiers dans le comté.
15:04 À mesure que d'autres malfrats suivent l'exemple, l'usage d'armes quadruple depuis 1979 pour culminer avec 6 braquages par semaine.
15:13 Mais en 1983, le rythme est tel qu'une faille va inévitablement s'ouvrir.
15:20 Jeudi 24 mars. Un autre convoyage de salaire a lieu, cette fois vers les boucheries Walls.
15:36 Le fourgon blindé doit transporter 100 000 livres, soit 120 000 euros. C'est du moins ce que le gang espère rafler.
15:42 Pilot et deux de ses complices prennent position dans la cour à marchandises de l'entreprise.
15:47 Fred Scott, le chef de la bande, s'est déguisé et attend à l'entrée de l'usine.
15:53 Quand les convoyeurs se présentent avec leur sac d'argent, ils brandissent un fusil. Mais tout dégénère.
16:03 Et là, c'est la pagaille monstre. Deux gardes sont couchés par terre.
16:08 Les gens courent dans les couloirs et les bureaux. Ça hurle de partout. Et il reste encore l'argent à prendre dans le fourgon.
16:14 Les convoyeurs n'ont apporté que les premiers sacs d'argent. Le reste est dans le fourgon sous les surveillance d'un collègue.
16:21 Frustré, le gang fait feu sur le fourgon, dont la porte à glissière reste farouchement verrouillée.
16:30 Le garde à l'intérieur était si terrorisé qu'il n'a pas ouvert. Ce coup avait été très difficile à organiser.
16:36 Et ça a été un échec. On n'est pas intervenu au bon moment. Et les événements ne se sont pas enchaînés comme il fallait. On n'a pas pu prendre l'argent.
16:49 Scott s'empare des 10 000 livres des premiers sacs. Mais le convoyeur resté dans le fourgon fait capoter leur plan et sauve les 90 000 livres restant.
16:59 La police veut faire cesser ces attaques commises en nombre croissant par un gang armé et sans scrupule. Le commissaire de Manchester exige qu'on mette toute cette racaille hors d'état de nuire.
17:08 Ils ont placé en faction des unités armées.
17:12 Et ont placardé des avis de recherche avec une offre de récompense pour toute information obtenue.
17:27 On s'est retrouvé sur la touche. Parce que n'importe qui nous connaissant, même de loin, aurait pu être tenté de gagner 20 à 40 000 livres de récompense en échange de notre peau.
17:37 Mais en dernier lieu, ce ne sont pas les indics qui auront raison du gang des sales tronches.
17:47 En avril 1983, les malfrats braquent le bureau de poste de Mostone, au nord de la ville. Ils s'enfuient dans une voiture volée avec 6 000 livres de l'époque.
18:06 Mais en rejoignant ensuite leur propre véhicule, leur plaque mène la police droit à Scott et Pilot.
18:12 Ça fait partie des choses qui arrivent et qu'on ne peut pas prévoir simplement parce qu'on n'y a pas pensé.
18:19 C'est comme ça que la police leur a mis le grappin dessus et que leur démêlée ont commencé.
18:26 Scott et Pilot sont d'abord inculpés pour une série d'attaques à main armée. Mais les événements vont prendre une tournure accablante pour le duo.
18:40 Dans les années 70, la police métropolitaine de Londres fait office de précurseur dans l'utilisation de super indicateurs pour cibler le grand banditisme.
18:48 Jusque là, Manchester n'avait pas d'équivalent parce qu'elle n'avait pas vécu de braquages comme Londres.
18:55 La stratégie se développe juste après les exactions commises par le gang des sales tronches.
19:01 Henry Exton est alors un jeune fonctionnaire de police ambitieux. Il met en oeuvre un plan encore plus malin que la tactique des malfrats.
19:09 Avant le procès, Exton entre en contact avec Pilot qu'il retrouve dans un pub.
19:14 Pour moi, Pilot y a été juste par curiosité, pas pour balancer. C'est tout.
19:20 Leur rencontre est enregistrée à l'insu de Pilot.
19:26 Quelques mois plus tard, Scott et Pilot écopent de dix ans de prison pour l'attaque de la poste.
19:32 Mais la police doit encore prouver que le gang est responsable aussi des autres braquages.
19:36 Henry Exton joue son va-tout. Il rend visite à Pilot à la prison de Manchester et lui demande cette fois de devenir super indicateur en avouant tous les crimes commis par le gang.
19:52 Pour rien au monde, Lenny Pilot n'aurait lâché quoi que ce soit à la police.
19:56 Idem avec Fred Scott, qui ne se confiait à personne.
20:00 Il n'y avait aucune chance d'obtenir quoi que ce soit de Fred Scott, absolument aucune.
20:05 Ou alors, il fallait être extraordinairement rusé pour arriver à les faire parler tous les deux.
20:17 Lenny Pilot refusant de coopérer, Exton espère soutirer des aveux à Fred Scott. Il lui fait écouter l'enregistrement secret de son complice.
20:25 Exton lui a fait entendre la voix de Pilot enregistrée sur la cassette.
20:32 Il a fait en sorte que Scott croit que son père était dans son dos à la police.
20:39 Et ça a suffi pour proposer un marché à Scott.
20:46 Exton a utilisé un stratagème très habile.
20:49 Et c'est comme ça que la police a pu transformer Fred Scott en super indicateur.
20:54 Croyant que son complice a déjà tout mouchardé, Scott balance les identités du reste du gang et avoue les attaques à main armée commises.
21:04 Il fournit des détails précis sur les caches d'armes et les planques utilisées.
21:13 Pour dissimuler l'argent volé.
21:15 C'était pratiquement la première fois dans cette région d'Angleterre qu'un membre du grand banditisme livrait des informations capitales en balançant ses complices.
21:32 La police effectue des descentes à l'aube dans tout le nord-ouest du pays pour encercler le gang.
21:42 Toute la pègre de Manchester est démantelée.
21:44 Il était impensable qu'un homme loyal envers ses collègues comme Fred Scott ait pu faire une chose pareille.
21:51 A l'époque, personne à Manchester n'avait jamais entendu parler du mot super indicateur. On ignorait complètement ce que ça signifiait.
21:59 A la suite de Fred Scott, d'autres membres de gang livreront le nom de Lenny Pilot.
22:05 Ce dernier qui risque une peine d'emprisonnement d'au moins 20 ans devient à son tour un super indique.
22:11 Il décopera finalement de 6 ans et demi de prison.
22:13 9 autres membres sont condamnés à un total de 55 ans derrière les barreaux.
22:18 Kenny Connor prend 10 ans.
22:20 Je n'éprouve absolument aucune rancune. Il faut assumer ce qu'on fait.
22:25 J'ai été un criminel, j'ai accepté la règle du jeu et ils ont eu raison de tout faire pour m'arrêter.
22:31 La presse raconte que le gang de Quality Street offrirait une prime de 50 000 livres au malfrat qui abattrait Scott et Pilot.
22:39 Je ne crois pas qu'il y ait eu quoi que ce soit de vrai là-dedans.
22:41 De toute manière, n'importe qui croisant Scott et Pilot les aurait descendus pour rien.
22:46 Toute une partie du grand manditisme de Manchester a été éliminée.
22:51 Mais au lieu d'assainir la ville, le vide créé voit naître une génération de jeunes voyous extrêmement violents.
22:58 On a vu émerger toute une racaille dont la police ignore et tout.
23:07 C'est elle qui a initié les gangs modernes des années 80.
23:09 C'était de jeunes criminels impitoyables, guidés par un sentiment d'impunité totale,
23:19 qui agissaient à la vue de tout le monde sans crainte de se faire arrêter.
23:31 Cette nouvelle pègre prend forme après les nuits d'émeutes qui embrasent les rues de Londres, Liverpool et Manchester en 1981.
23:37 Après plusieurs années de harcèlement, de lutte interraciale et de chômage, des émeutes explosent.
23:45 A Moss Side, un quartier de banlieue de Manchester, un millier de jeunes assiègent un commissariat de police.
23:53 Pendant deux jours, la ville est pillée et mise à sac.
23:59 En tant que jeunes policiers, c'était extrêmement intimidant d'assister à un tel déchaînement de violence.
24:05 Il faut se souvenir que des immeubles ont été incendiés et dévastés,
24:09 et que les gens attaquaient les policiers en les frappant à la tête à coup de couvercle de poubelle en métal.
24:14 L'histoire de la mafia de Manchester prend une tournure de plus en plus violente et meurtrière.
24:21 Les gangs contrôlent par quartier le marché des drogues dures.
24:28 Il faut faire beaucoup d'argent, quitte à tuer.
24:31 Aujourd'hui encore, la peur des représailles est telle que les membres d'anciens gangs ou de gangs encore actifs préfèrent le merta.
24:40 Seuls les policiers acceptent de témoigner.
24:53 Le quartier de Mosside disposait de tous les ingrédients nécessaires pour que la violence s'y enracine et s'y développe.
24:58 Dans cette zone de moins de 2 km², où s'entassent 9000 habitants,
25:03 le chômage atteint 30% en 1981, soit trois fois plus que la moyenne nationale.
25:08 Les jeunes noirs ont beaucoup de mal à trouver un emploi.
25:13 Mosside est mûr pour voir se développer une culture des gangs à l'américaine.
25:17 Sa jeunesse désabusée par les conditions sociales qu'on lui inflige, cherche un moyen de se faire de l'argent.
25:23 Le terrain est propice à une explosion de l'usage et de la vente des stupéfiants.
25:27 Dans les années 60 et 70, le cannabis représente le problème principal en matière de drogue.
25:37 Mais avec les années, le marché de la drogue évolue.
25:42 Une nouvelle drogue fait son entrée, l'héroïne.
25:49 L'héroïne a commencé à poser un grave problème à partir des années 80.
25:53 Essentiellement à cause du développement du croissant d'or.
25:57 Les frontières entre l'Afghanistan et le Pakistan devenant une région importante de production d'héroïne.
26:02 L'héroïne s'est infiltrée sur le marché britannique,
26:06 et certaines rues de Mosside sont devenues le lieu principal d'approvisionnement pour tout le nord de l'Angleterre.
26:14 La prohibition sur les drogues crée un climat propice au développement de ces gangs ultra-violents.
26:19 C'est parti de petits groupes de dealers qui ont grossi pour devenir des gangs.
26:29 Ces bandes se sont embarquées dans des intrications et des luttes à n'en plus finir.
26:34 C'était des revendications de territoire et des disputes au sujet de clients volés à l'un ou à l'autre clan.
26:41 Les drogues dures et l'argent qui en découle amènent bientôt les armes.
26:46 Des armes utilisées également dans des querelles et vendettas aux origines plus lointaines.
26:58 Cheetham Hill se trouve au nord de la ville.
27:02 Sa cité Waterloo est alors le QG de dangereux criminels connus sous le nom des Cheetham Hill Villies.
27:08 La plupart de leurs familles sont venues s'implanter dans ce grand ensemble après la destruction des quartiers insalubres de Moss Side à la fin des années 60.
27:15 Toute une génération y a grandi avec des amis et des ennemis vivant dans les deux communautés.
27:20 Les querelles parties de jalousie à propos de femmes se sont vite transformées en conflits de réputation.
27:26 Si la notoriété de Moss Side s'est faite sur le marché des drogues, les Hill Billies ont passé les années 80 à se faire un nom sur leurs violents braquages.
27:36 Cheetham Hill était un peu différent de Moss Side, dans le sens où on l'identifiait à son gang spécialisé dans les vols avec violence commis contre des sociétés de construction et des bureaux de poste.
27:50 Franklin Sinclair connaît bien les Hill Billies pour les avoir défendus en justice.
27:56 On voyait de tout à Cheetham Hill.
27:59 Certains étaient des violents purs et durs.
28:03 D'autres, des petits futés.
28:06 D'autres, des caïds impitoyables.
28:08 Et d'autres plutôt prudents.
28:10 La plupart agissaient en professionnel.
28:13 Peu de temps s'écoule avant que les Hill Billies tentent de s'imposer à Moss Side.
28:18 Ils ont fini par comprendre qu'il y avait de l'argent à se faire dans la drogue.
28:23 Et ils s'y sont collés.
28:25 C'est là qu'ont commencé les rivalités entre les deux quartiers.
28:30 Anthony Johnson, 19 ans, est alors en pleine ascension dans la hiérarchie des Hill Billies.
28:35 C'est l'un des rares membres blancs du gang.
28:38 On le surnomme Tony le Blanc.
28:40 Tony le Blanc incarne parfaitement cette nouvelle génération de jeunes voyous sauvages et violents que rien n'arrête et qui ne craignent personne.
28:49 Aucun crime n'est trop audacieux à ses yeux.
28:52 Il n'a aucune limite.
28:55 Et il se taille rapidement une réputation de gangster culte dans la taille de Manchester.
28:59 Mais Tony le Blanc doit encore faire ses preuves.
29:10 Père de deux enfants, Anthony Gardner a récemment déménagé pour s'établir à Moss Side.
29:16 Ses parents très croyants en savent peu sur sa nouvelle vie.
29:21 Il a commencé à avoir des problèmes avec les copains qu'il suivait.
29:25 Comme vous le savez, la plupart des jeunes se laissent influencer par leur fréquentation et c'est ce qu'il a fait.
29:31 Ça lui a attiré des ennuis, mais pas de gros ennuis.
29:34 On pense qu'il s'est brouillé avec un chef des Hill Billies sur des histoires d'argent.
29:39 Et pour Gardner, c'est la promesse de très gros ennuis.
29:43 Le dimanche 10 janvier, Anthony Gardner a passé la journée à l'église avec ses enfants et ses parents.
29:50 À 6 heures, nous nous sommes préparés à retourner à l'église.
29:55 Mais Tony nous a dit qu'il ne venait pas ce soir-là.
29:59 Il a dit au revoir maman, au revoir papa, et puis il est parti.
30:04 Et c'est la dernière fois qu'on l'a vu.
30:08 C'était fini pour toujours.
30:11 Anthony retourne à Moss Side.
30:19 Plus tard ce soir-là, alors qu'il patiente dans la voiture d'un ami, un homme sort de l'ombre armé d'un pistolet et le tue.
30:25 C'était un garçon très bienveillant qui aimait ses parents.
30:36 Et j'ignore pourquoi on l'a tué.
30:39 C'est une grande perte dans la famille.
30:42 Mon mari a beaucoup pleuré son fils.
30:46 Nous avons énormément de chagrin depuis.
30:49 Ses nièces et enfants étaient encore jeunes.
30:53 Mais certains s'en souviennent.
30:56 Personne n'a été arrêté pour ce meurtre.
31:01 Mais Johnson se serait vanté d'avoir pressé sur la détente.
31:04 Je crois que c'est véritablement ça qui a fait la réputation de Johnson.
31:08 À la fois dans le gang où il sévissait et dans les gangs rivaux.
31:13 Tony le Blanc avait la gâchette facile.
31:16 Et s'il a progressé aussi vite dans la hiérarchie du crime, c'est parce que rien ne lui faisait peur.
31:22 Tandis que le K assoit sa réputation, Manchester change de visage.
31:27 À partir de juillet 1988, les clubs de la ville sont la scène d'une révolution culturelle.
31:36 La Seed House déboule en force des États-Unis.
31:38 Et avec sa trance musicale, une drogue potentiellement mortelle, l'ecstasy.
31:43 Comme si son titre de capitale du divertissement depuis les années 60 ne le suffisait pas,
31:47 Manchester enfonce le clou et ses boîtes se déhanchent aux sons de groupes comme les Happy Mondays et les Stone Roses.
31:54 Les consommateurs de drogues euphorisantes affluent à la Sienda, le haut lieu de la dance music.
31:59 Pendant qu'à 3 kilomètres de là, les accrocs à l'héroïne font un pèlerinage d'un tout autre genre.
32:06 Le pourtour du centre commercial de Moss Side devient le premier marché de l'héroïne pour tout le nord-ouest de l'Angleterre.
32:13 Tout ce flagrant délit était très choquant à voir.
32:17 Les gens arrivaient et attendaient debout dans la rue.
32:21 Et on se demandait qui avait pu se pointer là en premier pour qu'un tel marché ait lieu.
32:26 Les dealers ou les consommateurs ?
32:33 La police lance une vague d'arrestations sans précédent.
32:36 Ayant tiré les leçons du passé, elle vise d'abord les fournisseurs.
32:40 En février 90, un train entre dans la gare londonienne de Piccadilly.
32:45 La brigade des stups est en planque.
32:48 Avec une précision remarquable, elle met la main sur deux hommes transportant plus d'un kilo d'héroïne pour une valeur de 300 000 euros.
33:01 En novembre, la police frappe les dealers.
33:04 Elle utilise des preuves filmées pour engager des poursuites contre 12 hommes et démanteler le marché lucratif de l'héroïne basé autour du centre commercial de Moss Side.
33:13 Mais d'autres criminels comblent rapidement le vide laissé, tandis que le marché de l'héroïne se dissimule dans la clandestinité de la cité Alexandra Park.
33:22 La situation s'aggrave.
33:24 Le quartier de Moss Side s'est divisé en deux gangs distincts, baptisés du nom des rues où ils vivent.
33:30 Ils scindent la cité en deux camps retrochés.
33:32 Voici la ligne de démarcation.
33:34 Ça allait du sud de l'avenue Alexandra jusqu'au tronçon ouest de Moss Side.
33:38 La partie ouest de la cité était sous le contrôle du gang de l'allée Gouch.
33:46 La partie est, c'était le territoire du gang de l'allée Doddington.
33:57 Une guerre sanglante pour la mainmise sur le commerce lucratif des drogues débute entre les deux bandes.
34:01 Cet ancien policier effectuait ses patrouilles dans la cité quand les hostilités ont commencé.
34:06 Son passé d'enquêteur dans le secteur l'oblige à garder l'anonymat.
34:10 Le fait qu'un concurrent interfère de l'extérieur dans leur business était considéré comme une insulte et un affront.
34:18 Il faut bien voir que leur activité générait beaucoup d'argent.
34:24 Et il était absolument hors de question qu'ils laissent quiconque menacer leur commerce.
34:29 Voilà pourquoi ils étaient prêts à défendre leur territoire avec férocité y compris au prix de leur vie.
34:37 1991 reste une année sanglante dans une guerre des gangs de plus en plus violente.
34:49 Elle marque aussi la fin du sinistre parcours de Tony Leblanc des Hillbillies.
34:53 Vendredi 22 février, Cheetham Hill, Tony Leblanc est assassiné devant cet ancien pub situé en plein territoire Hillbillies.
35:02 La police pense à une trahison de sa propre bande.
35:06 Ses complices étaient jaloux de son ascension et de son succès.
35:13 Son attitude arrogante et effrontée leur déplaisait.
35:16 Tout comme le fait qu'il ne faisait probablement preuve d'aucun respect à leur égard.
35:21 A Mosside, la cité d'Alexandra Park devient rapidement une zone de guerre.
35:27 C'était un prêté pour un rendu. Tout se jouait au représailles.
35:32 Dans l'allée Gouch, un garçon de 12 ans est abattu depuis une voiture.
35:38 Moins de deux heures plus tard, le gang des Gouch attaque un homme à la machette dans un pub du quartier.
35:43 La règle de base, c'était de ne jamais se laisser intimider et de se venger aussi vite que possible.
35:49 Il était fréquent de trouver des blessures similaires dans les deux camps.
35:55 Quand un gars s'était pris une balle dans la jambe, vous pouviez être sûr que le lendemain,
36:00 un type du camp opposé se faisait tirer aussi vite que possible.
36:05 Le lendemain, un type du camp opposé se faisait tirer aussi dans la jambe.
36:08 De capitale de la dance music, la ville devient pour le monde entier "Ganchester", "Manchester la flingueuse".
36:16 A tout ça parce que deux petites bandes rivales faisaient la course aux armes.
36:20 On a commencé à trouver des graffitis sur les murs mentionnant le nom des armes de guerre utilisées.
36:27 C'était des AK, des AKM, des Uzi, des MAC-10.
36:34 C'est tout un arsenal autour duquel ces jeunes ont développé leur propre culture du règlement de compte.
36:39 Mais le fin travail d'enquête et de planques menées par la police commence à porter ses fruits.
36:47 Et une partie des armes disparaît de la rue.
36:50 Beaucoup de ces armes de guerre sont arrivées à Mosside de l'Europe de l'Est après la chute du mur de Berlin en 1989.
36:56 Andy Hailwood, spécialiste des armes à feu, en a récupéré plusieurs.
37:03 Ça c'est un fusil d'assaut Kalashnikov AK-47.
37:06 C'est une arme de guerre puissante et impressionnante.
37:10 On l'a trouvé dans la guerre des gangs de Manchester au début des années 90.
37:15 Ensuite on a là une arme redoutable, un pistolet mitrailleur compact, l'Ingram MAC-10.
37:22 Ça tire jusqu'à 1200 coups/minute.
37:24 On en a retrouvé un sur l'un des membres du gang de la Ligue Gouche.
37:31 Quant à ça c'est une arme encore plus courante, un pistolet mitrailleur de modèle Scorpion.
37:35 C'est compact, maniable et ça fait des ravages quand c'est entre les mains d'une personne dangereuse.
37:40 Mais le favori des Gouche reste le pistolet mitrailleur 9mm Uzi.
37:46 Ils adoraient cette arme. Elle était idéale pour eux.
37:51 Néanmoins, les résultats des enquêtes sont limités, car nul ne veut laisser la police interférer dans cette guerre.
38:00 Non seulement il était difficile de trouver des témoins des accrochages qui avaient lieu,
38:04 mais il était pratiquement impossible d'obtenir la vérité de la bouche des victimes,
38:08 parce qu'elles craignaient pour leur vie.
38:10 Elles savaient que si elles parlaient, elles auraient le droit à des représailles.
38:13 Au printemps 1991, on dénombre 13 victimes de blessures et une tentative de meurtre rien que dans la cité d'Alexandre-Aparc.
38:28 Mais les hostilités vont prendre une tournure encore plus dramatique.
38:32 A l'aube du 29 avril, Carl Sappleton, 17 ans, quitte la maison de sa tante et se dirige vers son domicile situé en territoire Gouche.
38:41 Il n'arrivera jamais chez lui. On retrouvera son cadavre mutilé à la machette dans une allée.
38:47 Tout ça parce que le jeune homme vivait du mauvais côté de la cité.
38:52 Ce meurtre particulièrement sauvage a été perpétré tôt le matin par des membres du gang de Doddington.
39:02 Ils étaient partis en expédition, cassés du Gouche.
39:10 Les Gouches trouvant là une nouvelle occasion de se venger de leur père,
39:20 la police intervient rapidement pour nettoyer le quartier et éviter une nouvelle escalade de violence.
39:25 Elle vise le business de l'héroïne basée autour d'une enclave de la Légouche à la frontière de leur territoire.
39:32 C'est là précisément que le gang des Gouches avait établi clandestinement son marché de la drogue.
39:40 Afin de ne rien laisser paraître au regard des autorités.
39:48 Le travail de la police a été compliqué par la quantité d'impasses et de cul-de-sac du lotissement.
39:52 Ce quartier est truffé de passages piétonniers reliant les impasses entre les immeubles.
39:57 Il nous était impossible de contrôler l'accès des consommateurs de drogue.
40:01 Ils entraient par une impasse et ressortaient du lotissement par une autre.
40:06 C'était extrêmement difficile à gérer.
40:11 En plus, le gang plaçait des observateurs aux quatre coins du pavé de maison
40:14 pour repérer tout ce qui pouvait ressembler à une activité policière.
40:18 On a dû changer de tactique.
40:20 La stratégie est baptisée "Opération Chine".
40:25 Des policiers en civil jouent les squatters
40:29 et installent des caméras de surveillance à l'intérieur d'un appartement vide,
40:32 donnant sur le manège des dealers.
40:34 En cinq semaines, des membres clés des Gouches sont filmés vendant de l'héroïne aux policiers en civil.
40:41 S'en suit une série de descentes spectaculaires effectuées à l'aube
40:44 qui permet d'arrêter toute une génération de revendeurs du mot "side".
40:48 Vingt membres des Gouches finissent derrière les barreaux pour 109 années de peine cumulée.
40:53 Mais le succès est de courte durée.
40:56 Les Gouches en corps libre veulent venger la mort de Carl Stapleton.
40:59 Peu après, les Gouches se sont retrouvés dans un appartement vide.
41:08 Peu après, trois Gouches en VTT approchent Darren Samuel, un jeune mécanicien de 19 ans.
41:14 Ils lui tirent dix balles dans la tête.
41:17 Le jeune homme meurt, simplement pour avoir fréquenté le gang rival des Duddington.
41:25 Les choses empiraient régulièrement.
41:29 Ça m'inquiétait, et avec mes collègues, nous nous sommes demandé comment tout ça allait finir.
41:35 La première moitié de 1991 est marquée par deux meurtres et d'innombrables coups de feu tirés à most side.
41:46 Rien qu'en août et septembre 1992, le quartier est témoin d'une centaine de coups de feu.
41:56 Samedi 2 janvier 1993, alors que Benji Stanley, 14 ans, fait la queue devant un restaurant de plat à emporter, un individu armé lui tire dans la poitrine à bout portant.
42:06 L'arme utilisée pour abattre Stanley sert normalement à chasser les animaux comme des bisons.
42:13 Je vous laisse imaginer dans quel état on a retrouvé le corps de ce gamin.
42:20 Pris à tort pour un rival, un jeune collégien innocent qui avait eu le malheur de se trouver là a été abattu en public.
42:26 L'atroce assassinat de Benji Stanley a été commis par des gens qui ont pris un ado innocent de 14 ans pour un membre influent du gang des Duddington.
42:44 En 1994, les gangs de Manchester suivent une guerre sans merci.
42:48 Et quand un chef de bande de Cheetham Hill se fait descendre à son tour, tout le monde s'attend à un bain de sang sans précédent.
42:54 Mais curieusement, épuisé par des années de conflit, les bandes rivales acceptent de faire une trêve.
42:59 Les jours sombres de la guerre des gangs semblent être révolus. Mais les vieilles rancunes sont tenaces.
43:05 Un gang du most side a retrouvé ses vieux griefs à l'intérieur du groupe.
43:13 Ça a déclenché une sorte de guerre dans le clan. Les autres gangs ont réveillé leur rancœur à son égard et la situation a empiré.
43:19 Au fil des décennies, l'apègre de Manchester a évolué. Et avec elle, ses caïds.
43:25 Je pense qu'il y a une leçon à tirer de tout ça. On dit que le crime ne paye pas. C'est vrai la plupart du temps.
43:36 Aujourd'hui, Jimmy Donnelly écrit ses mémoires. Ses anciens complices disent pour leur part être rentrés dans le droit chemin et avoir investi dans des commerces qui contribuent à l'essor de la ville.
43:46 Manchester s'est elle-même réinventée en se libérant de son étiquette de ville flingueuse.
43:53 Les fusillades entre gangs ont diminué de 82%. Le clan des Dunnington a pour ainsi dire disparu. Et la police a démantelé les dernières bandes organisées du G.O.O.T.C.H.
44:05 Mais la ville doit encore déraciner en profondeur sa culture des gangs. Qui sait si la saga s'arrêtera vraiment un jour ?
44:13 Sous-titres par Jérémy Diaz
44:17 Sous-titres par Jérémy Diaz
44:22 Sous-titres par Jérémy Diaz
44:27 *Cri de la foule*

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