• il y a 2 ans
Transcription
00:00 Un éboueur, c'est un médecin des rues.
00:01 Un jour j'étais dans ma maison
00:02 et on avait une fameuse allée avec des cyprès.
00:05 Et moi j'étais caché derrière mon cyprès.
00:07 J'attendais les éboueurs venir.
00:08 Et là j'étais fasciné.
00:09 Quand je voyais ce gros monstre arriver,
00:11 un monstre gentil,
00:12 le camion poubelle,
00:13 je me suis dit "moi un jour je ferai ça".
00:14 Tu as eu le concours ?
00:15 Ouais, j'ai pleuré bien évidemment,
00:16 j'ai appelé ma mère.
00:17 J'ai dit "maman voilà, ça y est, je suis éboueur,
00:18 j'ai ramassé ta merde".
00:19 Maintenant je suis en action,
00:21 ça fait six ans.
00:22 C'est trop bien.
00:22 J'ai la chance de travailler au pied de Notre-Dame.
00:34 Tu as l'éboueur ici,
00:35 tu as le ripper,
00:36 le ripper c'est celui qui occupe le camion.
00:38 Tu as le balayeur,
00:38 tu as celui qui va désherber,
00:40 tu as le chauffeur.
00:41 À la base on est tous des éboueurs.
00:42 Moi je suis presque tout.
00:43 Je n'ai pas le permis donc pas chauffeur.
00:45 Il y a plus de 150 ateliers dans Paris.
00:47 C'est notre lieu de vie.
00:47 C'est là où on rigole,
00:48 où on s'engueule,
00:49 où on se change, etc.
00:50 Un contrat d'éboueur,
00:51 mais tu peux faire les trois,
00:52 il n'y a pas forcément
00:53 un contrat différent.
00:54 Non.
00:55 On est polyvalent.
00:55 Je suis dans un atelier
00:56 où on fait tout.
00:58 J'imagine que tu as été confronté
00:59 à des gens qui trouvent que ton métier
01:00 peut être ingrat ou dégradant
01:01 alors que ce n'est pas ta perception.
01:03 Quel rapport tu as à ça ?
01:04 Pour pas mal de gens,
01:05 c'est dégradant parce qu'on ramasse la merde.
01:07 Il faut bien la ramasser la merde
01:07 à un moment donné.
01:08 Elle ne peut pas rester par terre
01:09 parce qu'elle en regarde avec tout.
01:10 Le rêve qui se passe,
01:11 on s'est rendu compte.
01:12 La valeur de ce métier,
01:13 l'importance de ce métier,
01:15 si on ne la ramasse pas,
01:15 Paris, c'est une décharge.
01:16 Mais pas qu'à Paris.
01:17 On a la chance en France
01:19 d'avoir un service de propreté.
01:20 Pourquoi leur cracher dessus ?
01:21 Les boueurs,
01:22 il y a une mauvaise image
01:23 depuis des décennies.
01:24 Les fonctionnaires ne foutent rien.
01:25 Nous, on est en première ligne
01:26 sur le trottoir
01:27 au niveau de la fonction publique.
01:28 C'est les impôts qui nous payent.
01:29 Je vais me permettre de jeter.
01:30 Non, non, non, non, non.
01:31 Il faut arrêter ces mentalités-là.
01:32 Ils jettent leur mégot de cigarette
01:33 devant nous.
01:33 Qu'est-ce que je fais ?
01:34 Je ramasse le mégot,
01:35 je dis, tenez, vous avez perdu ça.
01:36 J'essaie de sensibiliser comme je peux,
01:37 autant que je le peux.
01:38 Je le fais de mon vivant
01:40 et bien après aussi.
01:40 Au-delà de l'aspect
01:41 de la perception sociale du métier,
01:42 il y a aussi la difficulté du métier.
01:44 Vous êtes tout en extérieur,
01:45 peu importe la météo,
01:46 il y a des charges lourdes aussi,
01:47 j'imagine, à porter.
01:48 C'est un métier qui est pénible,
01:49 port de charges lourdes,
01:50 mais il y a des gros bacs.
01:51 Il faut savoir que tu as des femmes
01:52 qui sont rippeurs.
01:53 Elles vont te tirer des bacs
01:54 de 600 litres.
01:54 Et la nana, elle est sèche.
01:56 Donc, incroyable.
01:56 Elle montre que c'est un métier
01:58 qui est accessible à tous.
01:59 Après, il y a les gestes répétitifs.
02:00 Moi qui suis au balai,
02:01 toujours en train de balayer,
02:02 toujours en train de pincer.
02:03 Là, j'ai une tandinite.
02:04 Je ne me plains pas.
02:05 Je continuerai à faire mon métier
02:06 quoi qu'il arrive.
02:07 Après, on respire aussi
02:08 les produits toxiques
02:08 quand on est au cul du camion,
02:09 quand on est rippeur.
02:10 On ne sait pas ce qu'il y a dans la poubelle.
02:11 Il y a aussi le stress
02:12 que tu peux avoir dans une rue,
02:13 dans une grande ville comme Paris.
02:14 Tout ça cumulé,
02:15 ça fait partie de la pénibilité.
02:16 Dans la formation,
02:17 vous êtes préparés aux aléas de la rue
02:18 qui s'ajoutent du coup
02:19 aux enjeux de la profession.
02:20 Moi, je pense qu'on n'est jamais préparés.
02:21 On nous prépare un minimum, mais là, on vit dans une époque où il peut tout nous arriver.

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