Comment résoudre les problèmes de pénurie et de traçabilité en France ? Rendu le 30 août, le rapport de la mission Régulation des produits de santé, mandatée par Élisabeth Borne, échoue à rassurer les pharmaciens...
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NewsTranscription
00:00 La mission lancée par Elisabeth Born pour réfléchir aux pénuries de médicaments
00:08 vient de rendre son rapport.
00:10 Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a un tout petit peu agacé les premiers concernés,
00:16 les pharmaciens.
00:17 Oui, parce qu'il faut savoir qu'aujourd'hui, si vous discutez avec votre pharmacien, vous
00:21 vous apercevrez qu'il passe, allez, en moyenne 12 heures par semaine à chercher des médicaments,
00:27 à appeler par-ci, par-là tel fournisseur pour essayer d'obtenir, allez, une boîte,
00:33 deux boîtes d'amoxycyline, bien sûr, ça, ça a fait les gros titres, de Doliprane,
00:38 n'en parlons pas, mais même de tout un tas de médicaments qui sont devenus impossibles
00:43 à trouver.
00:44 Alors, la pénurie de médicaments, elle n'est pas nouvelle.
00:47 Le problème, c'est que visiblement, il y a des intérêts puissants en jeu qui sont
00:54 très, très difficiles à ébranler.
00:57 Et c'est bien ce que les pharmaciens reprochent au rapport Born.
01:01 D'abord, ils reprochent en fait la composition de la commission qui a remis ce rapport, dans
01:08 la mesure où elle ferait la part un peu trop belle aux industriels, mais surtout derrière,
01:14 il y a l'absence totale de réflexion de fond et de capacité à éclairer les véritables
01:21 mécanismes qui sont à l'œuvre.
01:22 Ne serait-ce que parce qu'on n'a toujours pas de transparence sur la traçabilité des
01:30 médicaments.
01:31 Où est-ce qu'ils sont présents ? Où est-ce qu'il en manque ? Où est-ce qu'ils ont
01:35 été fabriqués ? Quelle a été leur circulation ? Mystère et boule de gomme.
01:40 Deuxième point, la question du prix.
01:42 Et là, il y a un enjeu avec, en gros, des choix politiques de fond.
01:49 Pour le dire simplement, la France fait partie de ces pays où les pouvoirs publics ont voulu
01:56 baisser le coût de la santé puisque c'est la Sécurité sociale qui paye, que ce sont
02:02 donc, au fond, les travailleurs qui payent pour cela.
02:07 Donc, il fallait à tout prix faire baisser le prix des médicaments.
02:12 On a réussi, mieux que prévu.
02:14 Mais du coup, les industriels du médicament préfèrent vendre leurs marchandises dans
02:20 des pays où ils sont beaucoup plus chers, où ça rapporte plus.
02:24 Et surtout, le mécanisme a été déjà, depuis quelques années, décrypté.
02:29 Les industriels se sont focalisés sur les médicaments récents, qui sont donc chers,
02:37 et ils ont laissé tomber la fabrication des médicaments anciens.
02:41 Le problème, c'est de savoir comment on revient là-dessus.
02:44 La promesse de relocalisation qui a été faite par Emmanuel Macron à la suite du
02:50 Covid, pour l'instant, elle reste totalement lettre morte.
02:54 On n'a toujours pas, sur le sol français, d'usines de fabrication de doliprane, d'amoxycyline.
03:01 Alors ça va venir.
03:02 Mais en fait, il y a beaucoup de molécules différentes.
03:06 Ce devrait être une politique européenne.
03:09 Ah bah oui, mais alors là, politique industrielle européenne, on a bien compris que ça, on
03:15 pouvait toujours rêver.
03:16 On en a déjà suffisamment parlé ici.
03:19 Ça viendra peut-être un jour, sait-on jamais.
03:22 Mais surtout, le véritable problème là-dedans, c'est que les dividendes des industries
03:30 pharmaceutiques depuis 20 ans, eux, ils ont été multipliés par 3.
03:35 Pourquoi ?
03:36 Parce que les actionnaires des principales entreprises pharmaceutiques, qui sont parmi
03:43 les boîtes les plus profitables au monde, ces actionnaires, c'est qui ?
03:47 C'est BlackRock, différents fonds d'investissement, qui réclament de la rentabilité.
03:52 Et pendant des décennies, on a laissé faire ça.
03:56 Et personne n'a eu l'idée de se dire que les industries pharmaceutiques, c'était
04:00 un enjeu de souveraineté.
04:03 C'est ce mot absolument horrible qu'il ne fallait plus prononcer.
04:06 Bref, il va falloir énormément de temps pour remettre en place une véritable politique
04:13 du médicament.
04:14 Le premier pas, c'est en effet de réfléchir à ces questions de prix.
04:20 C'est un arbitrage complexe.
04:22 Faut-il augmenter, comme veut le faire le gouvernement, les franchises sur les boîtes
04:31 de médicaments pour augmenter le prix de ces médicaments ?
04:35 C'est une question qui risque de frapper les plus pauvres.
04:40 Question d'équité, bien entendu.
04:43 C'est donc sans doute par des mécanismes de compensation vis-à-vis des plus pauvres,
04:49 mais de capacité de l'État à payer correctement les médicaments, qu'on peut commencer à
04:53 lutter contre cette pénurie.
04:55 Mais ça ne servira rigoureusement à rien si ça sert juste les intérêts des industriels
05:01 de la pharmacie.
05:02 Ce qu'il faut, c'est avant tout que l'État reprenne la main, qu'il accélère sur la
05:09 relocalisation et, bien sûr, qu'il contrôle un secteur qui est le plus financiarisé au
05:17 monde.
05:18 Merci.
05:18 Merci.
05:19 [SILENCE]