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Dans les années 60 aux Etats-Unis, on clame "Faites l’amour, pas la guerre !". Le slogan est punchy, c’est sûr, mais si faire l’amour s’oppose à faire la guerre, alors est-ce que faire l’amour c’est (vraiment) faire la paix ?

Retrouvez Promotion de canapé de Maïa Mazaurette sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out

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😹
Amusant
Transcription
00:00 Maintenant, c'est l'heure de la promotion canapé de Maya Mazorette.
00:03 * Extrait de « Faire l'amour, est-ce faire la guerre ? » par d'autres moyens.
00:13 On a tout en tête le fameux slogan né dans les années 60 aux Etats-Unis « Faites l'amour,
00:17 pas la guerre ! ». Alors c'est sûr, le slogan est punchy, mais il entraîne tout
00:20 un tas de questions.
00:21 Si faire l'amour, c'est pas faire la guerre, alors est-ce que faire l'amour, c'est
00:24 faire la paix ? Ou au moins, est-ce que c'est faire la paix des ménages ? Pourquoi pas,
00:27 on parle bien d'union des corps ou de réconciliation sur l'oreiller.
00:30 Mais en même temps, faut pas oublier tout un versant plus belliciste de notre langage
00:34 érotique.
00:35 On part en conquête amoureuse, on se bat pour obtenir l'amour de quelqu'un.
00:37 Et puis après, c'est la confrontation des corps.
00:40 Une fois qu'ils ont mis leurs petits soldats aux gardes à vous, les hommes tirent leur
00:43 couille cartouche, ils défouraillent, ils plantent le javelot dans la moquette, ils
00:47 ratissent le bunker.
00:48 Oui, cette chronique est sponsorisée par le Dictionnaire des synonymes.
00:50 Bon, du coup, si on en croit notre langage, faire l'amour, c'est en même temps faire
00:54 la paix et faire la guerre.
00:56 Emmanuel Macron adorerait, mais on n'est pas plus avancé.
00:58 C'est peut-être un peu simpliste au final d'opposer l'amour et la guerre, Maya.
01:00 Oui, c'est un peu dommage.
01:01 D'autant qu'on a plein de croisements possibles, ne serait-ce que dans les gros
01:04 blockbusters de notre culture.
01:06 Par exemple, on peut faire la guerre par amour.
01:08 Là, c'est l'histoire d'Hélène de Troyes.
01:09 Mais on peut aussi arrêter une guerre grâce à l'amour.
01:11 C'est toute l'histoire de Lysistrata, l'héroïne d'Aristophane qui proposait
01:15 de couper aux hommes leur énergie guerrière en leur interdisant d'avoir des rapports
01:18 sexuels.
01:19 L'amour est un casus belli, chez Lysistrata, l'amour est une force d'interposition.
01:23 Du coup, prétendre opposer l'amour et la guerre prétend qu'il faut choisir entre
01:27 les deux.
01:28 C'est aussi absurde que choisir entre fromage et dessert, alors qu'on sait très bien
01:31 qu'il existe des cheesecakes et des trouteaux fromagés pour faire le lien entre les deux.
01:35 Et puis, il y a encore d'autres configurations possibles, moins amusantes, celles-là.
01:38 Les viols de guerre, reconnus comme crimes de guerre par l'ONU depuis 2008.
01:41 Dans ce cas-là, bien sûr, impossible de parler d'amour.
01:44 La sexualité est juste instrumentalisée pour détruire.
01:47 Mais attention, l'inverse existe aussi.
01:48 Aux Etats-Unis, l'historien indépendant John Deppolle explique que de nombreux hommes
01:53 s'engagent dans l'armée pour améliorer leur chance de se marier.
01:56 Dans ce cas-là, c'est la destruction qui est instrumentalisée pour accéder à la sexualité.
02:00 Mais si on parle d'un rapport sexuel consenti, un rapport tout à fait normal dans le couple,
02:04 est-ce qu'il n'y a pas une part de guerre ?
02:06 Ou une part de paix ?
02:07 A priori, pas trop de guerre.
02:09 Pendant l'acte sexuel, notre corps libère de l'ocytocine, une hormone associée à
02:12 l'attachement.
02:13 C'est pas pour rien que les bonobos se servent du sexe pour résoudre les conflits.
02:16 Puis au-delà de la biologie, faire l'amour demande de la coopération, les amants se
02:19 mettent au service du plaisir en général, et peut-être même d'un plaisir altruiste
02:22 en particulier.
02:23 Tout ça est quand même très pacifique.
02:25 On pourrait même arguer que la définition du bon sexe, c'est finalement qu'il nous
02:28 laisse en paix.
02:29 Mais du coup, alors là, vraie question, si le sexe est objectivement une activité pacifique,
02:34 pourquoi on s'acharne à l'associer à des fantasmes guerriers, y compris dans les
02:37 couples les plus pantouflards ?
02:38 Est-ce qu'on a l'esprit de contradiction ?
02:40 Ou bien il y a quand même un truc qui nous excite dans l'idée d'un lit transformé
02:43 en champ de bataille.
02:44 D'autant que cette guerre du plaisir, là, faut bien que quelqu'un la gagne.
02:47 Et bien sûr, moi je pense tout de suite à une citation culte du penseur Georges Bataille
02:51 qui a écrit qu'en érotisme, le partenaire féminin apparaît comme la victime, le masculin
02:55 comme le sacrificateur.
02:57 Et là, ça devient la guerre des sexes.
02:58 Exactement.
02:59 Quand on parle de la sexualité comme d'une guerre, c'est souvent une manière détournée
03:02 de parler de genre.
03:03 Dans cette imaginaire-là, l'amour est une guerre non pas entre deux amants X et Y, mais
03:07 entre le masculin et le féminin, qui seraient deux forces opposées, avec des objectifs
03:11 opposés et des armes opposées.
03:12 Mais dans cette imaginaire-là, les lesbiennes n'existent pas ?
03:14 Non, bizarrement, ça ne rentre pas dans le logiciel.
03:16 Les lesbiennes, c'est la Suisse du sexe du côté des non-alignés.
03:18 Mais ce qui est rigolo, c'est que si on pousse le curseur encore un tout petit chouïa plus
03:21 loin, on arrive sur des positions darwiniennes qui sous-tendent notre culture amoureuse.
03:25 Les femmes feraient l'amour pour faire la paix, parce que ça leur permet d'avoir
03:28 des bébés et d'accomplir leur destin de maman.
03:30 Tandis que les hommes feraient l'amour pour faire la guerre, parce que ça leur permet
03:33 d'accomplir leur destin de conquérant.
03:35 Seigneur, où sont les casques bleus dans cette histoire ?
03:37 Moi, en tout cas, je propose de sortir des alternatives basiques, en rappelant qu'il
03:41 existe une version du slogan "faites l'amour, pas la guerre" un peu plus longue.
03:44 Faites l'amour, pas la guerre, ou faites les deux, mariez-vous.
03:47 Merci Maya.
03:48 On retrouve ta chronique en podcast sur le site de France Inter.
03:51 Stéphane Oduarouzo, est-ce que ça vous inspire cette chronique de Maya ?
03:55 Je suis un homme de l'ancien temps, je ne commande pas.

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