• l’année dernière
Les foires Frieze Séoul et KIAF viennent de fermer leurs portes. Pour Aude Louis Carves, cofondatrice, Galerie Louis & Sack, spécialisée dans l’art coréen contemporain, la capitale coréenne confirme sa place majeure pour l’art contemporain où se mêle une jeune population locale au pouvoir d’achat élevé et collectionneurs internationaux. La fiscalité favorable à l’achat d’œuvres d’art, comparable à Hong Kong, attire d’autant plus les passionnés.

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Transcription
00:00 Et pour l'interview de la semaine, nous nous intéressons à Séoul en tant que place de
00:07 l'art contemporain et nous recevons en Skype Aude-Louis Carvez qui est cofondatrice de
00:13 la galerie Louis & Sac, galerie spécialisée dans l'art coréen contemporain.
00:18 Aude-Louis Carvez, merci beaucoup d'être avec nous.
00:20 Est-ce que vous pouvez tout de suite nous dire, alors que la deuxième édition de Frize
00:25 et l'édition de KIAF viennent de se terminer, quel est votre ressenti après cette semaine?
00:31 Bonjour Sybille, merci de me recevoir.
00:34 Alors en effet, les deux foires viennent de se terminer.
00:37 Cette année, les deux foires étaient regroupées au même endroit et ont pu combiner les énergies
00:44 pour faire de cet événement un événement majeur et très dynamique à Séoul et peut-être
00:50 en Corée plus généralement.
00:51 On a vu des acheteurs très jeunes, asiatiques, environ 80% des ventes ont été attribuées
00:58 à des collectionneurs de moins de 50 ans et beaucoup de galeries asiatiques, je crois
01:04 plus de 40%.
01:05 Donc ça montre bien un marché local puissant et exponentiel, malgré peut-être un réajustement
01:12 par rapport à l'année dernière 2022 où c'était la première édition de Frize à
01:18 Séoul et donc cette année on a vu des prix un petit peu plus modérés.
01:24 L'ajustement s'est manifesté comment?
01:30 Peut-être moins de rapidité dans les transactions, les collectionneurs sont pointus, très sophistiqués,
01:40 ils sont connus pour ça en Corée et donc ils ont peut-être pris le temps de comprendre
01:45 l'oeuvre d'un artiste dans son ensemble avant de se décider.
01:49 Donc peut-être plus une lenteur dans les transactions et des montants peut-être moins
01:54 élevés.
01:55 Je crois que la transaction la plus élevée est autour des 3 millions de dollars.
01:58 Donc voilà un petit réajustement mais qui est toujours sain pour le marché.
02:03 Et le fait que Frize se soit installé à Séoul, c'est un marqueur très important,
02:09 ça projette tout de suite la ville comme une place pour l'art contemporain importante?
02:13 Définitivement oui, Séoul est une place majeure dans le marché de l'art mondial.
02:21 Frize s'installant à Séoul ça confirme cela.
02:25 Il y a une vraie confiance dans ce marché dû aussi à une économie florissante.
02:31 L'économie de la Corée se situe juste après la Chine, avant le Japon.
02:36 Donc une stabilité politique aussi, beaucoup d'indicateurs qui font que Séoul est très
02:44 dynamique.
02:45 Beaucoup de galeries aussi importantes dont des galeries françaises, Pérotin, Tadéos
02:49 Repas qui se sont installées là-bas et pour cause.
02:51 Vous parlez d'économie de la Corée, je pense que c'est un terrain assez favorable
02:56 fiscalement pour les œuvres d'art?
02:59 Il y a des avantages, en effet, comparable à l'homologue chinoise Hong Kong qui offre
03:08 une exonération de taxes à l'import notamment et puis aussi une exonération de taxes à
03:13 la vente pour les artistes vivants pour des valeurs en dessous de 50 000 dollars.
03:19 Donc oui, en effet, c'est très attirant pour nombre de galeries, de collectionneurs
03:24 particulièrement.
03:25 Est-ce qu'on a vu des tendances se déceler à travers ces deux foires?
03:30 Qu'est-ce qu'on pourrait dire de l'art contemporain coréen?
03:34 Alors l'art contemporain coréen, c'est une partie qui se mélange aussi aux artistes
03:45 de renommée internationale bien connues qui ont déjà des quotes très solides.
03:51 Je pense à Damien Hirst, Liu Fan, Daniel Richter et ces artistes de très haute volée
03:58 se mélangent aux artistes coréens et je pense aux artistes du mouvement Dansekva, mouvement
04:05 des années 70 comme Park Saebo, Ah Choon-yoon, Chung So-mua qui ont peut-être des prix,
04:13 des quotes équivalentes à certains grands artistes occidentaux.
04:15 Et vous avez un peu parlé justement des jeunes acheteurs là-bas.
04:20 Qu'est-ce qui fait le dynamisme de Séoul pour les collectionneurs?
04:24 Est-ce que c'est plutôt des jeunes locaux qui achètent ou alors il y a aussi des collectionneurs
04:30 internationaux qui se rendent sur place et qui participent à ce dynamisme?
04:33 Il y a les deux.
04:35 Les très jeunes collectionneurs coréens ont vraiment fait leur apparition depuis quelques
04:40 années.
04:41 Ils sont rapides, ils sont friands d'investissement.
04:45 Alors souvent c'est une façon d'investir tout comme dans l'immobilier et ils ont peut-être
04:52 des goûts différents d'autres collectionneurs un peu plus âgés coréens.
04:56 Donc voilà, il y a un mélange de très jeunes collectionneurs avec en effet une classe moyenne
05:03 très développée en Corée.
05:05 Donc tout ça rend le marché très dynamique.
05:07 Quand vous parlez des goûts différents, est-ce que c'est un peu préparé qu'en Chine, les
05:12 jeunes acheteurs chinois vont plutôt se tourner vers l'art produit par des artistes chinois
05:19 et tandis que les acheteurs internationaux vont peut-être se tourner vers d'autres artistes?
05:23 Est-ce que c'est pareil à Séoul où les jeunes collectionneurs vont se tourner vers la production
05:28 locale?
05:29 Oui, beaucoup.
05:30 C'est ce qu'on appelle l'ultra contemporain et il y a des choses assez étonnantes, très
05:37 hautes en couleurs.
05:38 Et on a vu la semaine dernière à Séoul des acteurs de la K-pop notamment ou de très
05:47 jeunes acteurs liés aux jeux vidéo qui sont venus faire le tour de la foire et acheter
05:52 des œuvres ultra contemporaines sur des médiums comme la photographie, l'NFT surtout et installation.
06:00 Donc oui, c'est très dynamique.
06:03 Et en France, quelle est la réception de cet art?
06:06 Qui sont les collectionneurs français qui achètent l'art contemporain coréen?
06:10 Par quoi est-ce qu'ils sont intéressés plus spécifiquement?
06:13 Alors en France, je crois qu'il y a toujours une tradition de collectionner l'art asiatique,
06:18 que ce soit l'art chinois, l'art japonais à une certaine période.
06:22 Et l'art coréen, c'est une sorte de troisième proposition.
06:26 C'est un intérêt qui se développe au fur et à mesure des expositions dans les musées,
06:33 je pense au musée Guimet et au musée Cernowski à Paris, qui sont très actifs dans le domaine
06:39 de l'art coréen.
06:40 Les galeries aussi, il y a deux galeries coréennes qui se sont installées à Paris,
06:46 WUJI et 313 Project, donc des grosses enseignes.
06:50 Et puis les foires d'art, on pense à Asianao qui aura lieu le mois prochain, foire à laquelle
06:57 nous participons d'ailleurs avec quatre artistes coréens vivants, travaillant et vivant en
07:02 France.
07:03 Donc oui, il y a un intérêt très prononcé et une curiosité surtout.
07:07 Et là pour le coup, les collectionneurs, ce sont plutôt des collectionneurs aguerris
07:11 qui veulent étendre leur collection ?
07:13 Les deux.
07:14 On a des collectionneurs aguerris qui collectionnent l'art coréen depuis longtemps, bien avant
07:20 que ce soit à la mode, entre guillemets.
07:22 Et puis d'autres jeunes collectionneurs européens qui trouvent leur compte et qui
07:30 sont intéressés par cet art très singulier, très méditatif aussi, avec des supports
07:35 comme le papier qui sont d'une grande douceur.
07:39 Et c'est un art qui plaît beaucoup.
07:42 Vous pourriez nous donner quelques noms d'artistes ?
07:45 Vous avez parlé de quelques endroits, mais quelques lieux justement qui pourraient nourrir
07:50 la curiosité de ces collectionneurs ?
07:53 Oui, alors dans les lieux parisiens, il y a le Centre culturel coréen.
08:00 C'est un centre qui est très actif.
08:02 On a quelques galeries aussi parisiennes.
08:06 Et puis encore une fois, les musées, Sernowski, guillemets.
08:11 Il y a d'ailleurs une exposition en cours au musée Sernowski sur la peinture coréenne
08:16 avec une petite exposition de quelques artistes assez intéressants.
08:21 Quand on cherche, on trouve de quoi assouvir cet espoir d'art coréen à Paris.
08:27 Et pour conclure cette interview, est-ce que vous pourriez nous dire,
08:31 pour vous, la Corée devient une des nouvelles places fortes de l'art contemporain aujourd'hui ?
08:38 Oui, elle l'est depuis quelques années.
08:41 C'est pas nouveau ?
08:42 Un peu après l'année 2000.
08:44 Et là, ça se consolide, ça se conforte vraiment.
08:47 C'est très intéressant ce qui se passe là-bas, même pas que à Séoul.
08:50 Je pense à la ville de Busan, dans le sud du pays, qui est extrêmement active,
08:55 avec énormément de fondations et de musées privés.
08:58 Je crois que c'est un des pays au monde où il y a le plus de ce genre de structures.
09:03 Donc oui, c'est un pays à visiter et un art à découvrir de toute urgence.
09:08 Parce que les musées, juste pour finir, les musées privés, c'est aussi ça qui va tirer ce dynamisme.
09:13 C'est aussi un investissement local, fort ?
09:18 Oui, tout à fait.
09:18 C'est des moyens autres, assez puissants.
09:22 Beaucoup d'architectes, de collectionneurs se font construire des très beaux musées
09:27 avec des architectes de renom.
09:28 Et ça permet un relais, tout comme le mécénat d'entreprise aussi, très fort en Corée.
09:34 Donc c'est un relais indispensable aux développeurs, en effet.
09:39 Merci beaucoup pour votre intervention, de nous avoir donné tous ces détails.
09:43 Aude-Louis Carvesse, je rappelle que vous êtes co-fondatrice de la galerie Louis & Sac,
09:47 spécialisée dans l'art coréen contemporain.
09:49 Et c'est la fin de cette émission, Art & Marché.
09:52 Merci beaucoup de nous avoir suivis et je vous retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
09:56 [Musique]

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