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Samedi 23 septembre 2023, B'INSPIRED reçoit Alice Modolo (Championne d’apnée) et Deza Nguenbock (Présidente, AHADI)

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Transcription
00:00 [Générique]
00:04 Hello, hello ! Bienvenue dans l'émission "Being Fired".
00:08 C'est la rencontre avec des personnes ordinaires qui font des choses extraordinaires.
00:13 Des personnes qui, à leur façon, ont décidé de choquer le monde et qui vont vous expérimenter.
00:20 Ma première invitée est Alice Maudelot, une femme au détail hors du commun.
00:26 Imaginez une chirurgienne d'artiste à Clermont-Ferrand depuis 10 ans
00:31 qui lâche tout pour vivre sa passion pour l'apnée
00:35 et cet été devient vice-championne du monde en atteignant les 100 mètres de profondeur en 2 minutes et 56 secondes.
00:44 Ma deuxième invitée est Diane Ghenbock, originaire du Cameroun,
00:50 septième d'une prêtrée de Lule, à tâche de la polio à 4 ans.
00:55 Quand on la rencontre, Diane est une femme qu'on n'oublie pas, tellement la solaire est pleine d'énergie.
01:03 Gérie de nombreuses initiatives d'envergure en faveur du handicap, entrepreneur passionné,
01:09 elle a d'abord cherché à choquer le monde au travers de la communication avant de se tourner vers l'art et la politique.
01:18 Deux invités passionnés et qui essayent chacune à son niveau de planter des graines pour un monde plus beau et plus fort.
01:27 Bienvenue donc à vous qui nous rejoignez et c'est parti pour nos rencontres très inspiratrices.
01:34 Et maintenant, j'ai l'immense joie d'accueillir Alice Maudeloud, 4e championne de France et vice-championne du monde d'apnée.
01:47 Elle va nous montrer que la passion permet d'ouvrir des portes inattendues.
01:52 Actrice dans Yaclip de B.O.C, Relais de la Flamme au Lapis Tomlil-Vatra de Choulou.
01:58 Alice, tu es chirurgien d'autisme depuis 10 ans au plein milieu de la France
02:03 et d'un coup tu te passionnes pour l'apnée. Est-ce que tu peux nous raconter ce virage ?
02:08 - Ma voie était toute tracée, mes parents sont chirurgiens dentistes et je devais emboîter le pas et reprendre leur cabinet.
02:16 J'ai eu le coup de foudre pour l'apnée à 23 ans dans une piscine à Clermont-Ferrand.
02:21 Ce coup de foudre va me faire chavirer, je vais quitter ma région et après quitter mon métier pour devenir apnéiste professionnelle.
02:31 La suite, tu l'as déjà dite, j'ai vécu des aventures incroyables.
02:35 - Reprendre le contrôle de ta vie, qu'est-ce que ça a fait pour toi ?
02:41 - J'ai compris assez vite que si je ne remplissais pas ma vie de ce qui était important pour moi, les autres allaient le faire à ma place.
02:50 Alors de prendre le contrôle de ma vie, ça m'a rendue heureuse et vivante.
02:56 - D'accord, qu'est-ce que ça veut dire ?
02:59 - Ça veut dire que je me sens à ma place et ce que je souhaite, c'est justement inspirer d'autres personnes à être elles-mêmes et à assumer ce qu'elles sont et vivre leur vie pleinement.
03:14 - Il faut comprendre que tu ne remplissais aucun des critères habituels pour l'apnée, c'est-à-dire que tu as le mal de mer, tu n'es pas particulièrement sportive,
03:26 tu as des ressources respiratoires assez limitées, tu as peur, tu as très mal au coudeur.
03:32 Donc comment es-tu devenue vice-championne du monde ?
03:36 - C'est un peu intriguant et en fait, tous ces handicaps que je semblais présenter, petite capacité respiratoire, vraiment je n'étais pas sportive quand j'étais jeune,
03:49 mais justement de me rendre compte que j'étais douée dans cette discipline, ça m'a permis de révéler mes compétences et ça m'a permis de les assumer et en tout cas d'ouvrir ma voie dans ce sport.
04:01 Et donc j'ai tout misé sur le mental et la respiration.
04:04 Mon métier, mes études de chirurgien dentiste m'ont beaucoup aidée pour repercevoir le potentiel du corps humain.
04:11 Et d'ouvrir ma voie, mon souhait après, c'était que d'autres puissent s'y engouffrer et ça commence à être le cas et c'est un plaisir fou.
04:18 C'est ma victoire.
04:20 - Et d'ailleurs, comment as-tu géré justement, par rapport aux autres, le fait d'être complètement atypique dans tous ces critères que tu ne crois pas ?
04:31 - Ça n'a pas été facile, je ne vais pas te mentir, parce que bien sûr on est montré du doigt en permanence, tu ne fais pas ce qu'il faut faire, tu ne comprends rien, fais ce qu'on te dit, tu es feignante.
04:43 Donc c'est assez violent, mais quand on arrive à le prendre du bon côté, on se dit "Ah, ça paraît tellement improbable pour les autres, mais moi je le ressens tellement fort,
04:55 c'est vraiment, je suis sur ma voie et ça m'a donné le courage de persévérer et d'aller voir ce qui se cachait derrière.
05:03 - Et d'ailleurs, comment gères-tu que des personnes soient un petit peu agressives, pour qu'elles ne comprennent pas comment tu fais ?
05:11 - Ça m'a longtemps blessée, et du coup j'avais tendance à réagir, mais finalement, la principale chose c'est de se dire que la personne ne comprend pas en face,
05:26 et de la respecter, et de nous continuer notre voie, ça l'incite à avoir la belle facette des choses, et on l'embarque avec nous, donc c'est une force.
05:37 - D'accord, donc quelque part, tu transformes ça en rôle modèle ?
05:41 - Exactement, transformer ça pour lui dire "je vois que ça te perturbe, mais viens, je t'emmène avec moi, je t'accompagne".
05:49 - Génial. Et comment fais-tu pour concilier justement cette notion de liberté d'être soi, avec le cadre du sport de haut niveau, notre performance ?
06:01 - C'est vrai que pour moi la performance, elle est vraiment d'être soi-même, parce que c'est pas facile, et du coup, c'est d'être soi-même dans n'importe quel cadre, c'est ça la liberté pour moi.
06:16 Et donc une fois qu'on a compris le cadre sportif, professionnel dans lequel on évolue, on se doit d'être soi-même, parce que c'est comme ça qu'on atteint la performance.
06:27 Et donc, voilà, il faut réussir à se respecter et à être soi, dans n'importe quel cadre.
06:37 Et souvent les gens me disent "tu as de la chance, t'as une passion", et c'est pas vraiment vrai, en fait je vis tout avec passion, que ce soit ma vie de chirurgien dentiste ou ma vie d'apnéiste, j'en fais mon aventure, et c'est pour ça que ça marche.
06:53 - Extraordinaire. Et maintenant, j'aimerais bien, si tu veux bien, que tu nous emmènes dans une plongée avec toi.
07:00 - Oui. - Et que tu pourrais nous expliquer ce qui se passe au fur et à mesure que tu plonges dans nos grandes bouches.
07:08 - Oui, alors ce qui est très marrant, c'est qu'au fur et à mesure qu'on plonge, bien sûr on se prive de respirer, on est seul, il fait parfois très froid, il fait sombre, et pourtant on se sent libre.
07:22 Parce que ça nous fait percevoir nos ressentis, on apprend énormément de choses sur notre corps, la gestion de nos émotions, et on ressent une certaine puissance.
07:34 On se sent tout puissant et invincible au fond de l'eau, mais avec beaucoup d'humilité parce qu'on sent bien que c'est un univers qui est pas le nôtre et qu'il faut qu'on remonte,
07:44 ces instants de toute puissance, c'est quelque chose qui nous tient en haleine pendant des semaines et des semaines, des mois, et c'est ce qui nous rend vivants et heureux.
07:55 - Et comment fais-tu pour savoir au fait, au terme de limite, à quel moment tu peux dépasser ce que tu avais prévu de faire, et à quel moment au contraire tu te dis "je n'atteindrai pas l'objectif aujourd'hui et c'est à toi".
08:11 - C'est pas facile de s'écouter, c'est très subtil, donc il faut être très concentré sur soi et sur l'environnement qui nous entoure, et être alerte sur les conditions de courant et de notre état,
08:25 et ne pas laisser l'ego prendre le pas, et donc c'est ça qu'on va chercher, cet équilibre un petit peu instable, et bien sûr comme on se prive d'une fonction vitale, si on va trop loin, on perd connaissance.
08:41 Ça peut être vu un peu comme un accident de l'extérieur, mais pour nous c'est un incident, c'est juste notre corps, il est là pour nous protéger, et c'est comme un fusible qui fait toute disjoncter pour nous garder justement vivants,
08:56 et bien sûr l'objectif c'est d'éviter cet incident, mais il est là, et on en a bien conscience.
09:03 - D'accord. Et à ton avis, qu'est-ce que l'apnée pourrait apporter au lieu d'être privé ?
09:09 - L'apnée, ou plus avant de faire de l'apnée, il faut apprendre à respirer, et donc moi j'ai vraiment appris à respirer quand j'ai commencé à faire de l'apnée,
09:20 notamment j'ai vraiment compris comment respirer, j'ai compris que c'était un muscle qui nous permettait de respirer, notamment le diaphragme, et comme je le dis c'est un muscle,
09:32 on doit pouvoir l'entraîner et surtout l'étirer, et donc d'étirer mon diaphragme tous les jours, ça m'a apporté un tel bien-être, et une telle maîtrise de moi, de mes émotions,
09:44 et c'est des besoins qu'on a aussi dans le monde de l'entreprise, pour gérer le stress, pour gérer la performance, les objectifs, et donc apprendre à respirer pour moi est un enjeu majeur aujourd'hui pour les entreprises.
09:58 Et comment fais-tu pour gérer le stress et la peur de ne pas atteindre l'objectif ?
10:07 Il faut vivre l'instant présent, c'est quelque chose qu'on entend souvent, mais justement c'est pas une fois qu'on est face au mur qu'il faut se mettre à respirer,
10:20 c'est quelque chose qu'il faut inclure dans une routine quotidienne, et qui allège vraiment ce stress au quotidien, qui nous permet de mieux interagir aussi avec nos collègues,
10:32 et donc de mieux maîtriser son stress au quotidien, ça nous préserve, et on devient plus performant, et quand on a vraiment besoin d'aller puiser cette force intérieure,
10:46 elle répond, parce qu'on sait entraîner.
10:50 Alors tu peux me parler de cette force intérieure ? Quel que soit ça veut dire ?
10:55 C'est une espèce de boussole intérieure en fait, cette petite voix intérieure qu'on a depuis petit, on sait depuis petit ce qu'on est et ce qu'on vaut,
11:04 et c'est vrai que petit on m'a dit "non t'es pas capable de faire médecine", quand j'ai dit que je voulais faire 100 mètres on m'a dit "tu rêves, n'importe quoi",
11:16 et pourtant cette petite voix intérieure elle me disait que si, j'en étais capable, et donc c'est cette boussole intérieure qu'il faut suivre,
11:25 et cette voix il faut surtout l'écouter, de toute manière si on l'écoute pas elle crie encore plus fort.
11:32 Mais d'ailleurs comment fais-tu quand cette petite voix t'emmène vraiment à l'opposé de ce que font les autres ?
11:40 Oui alors au début c'est perturbant parce que quand t'avances à contre-courant en permanence, c'est déstabilisant,
11:47 mais elle sait, notre corps sait mieux que nous, moi j'ai l'impression d'être la cavalière d'un pur sang,
11:54 et des fois c'est vertigineux mais je ferme les yeux et je me laisse guider, et je sais que mon corps il me veut du bien,
12:02 que la vie elle est bienveillante, et qu'elle veut juste me permettre de m'épanouir et d'accéder aux personnes avec qui j'ai envie de partager ma vie.
12:12 Donc elle vous dit encore un peu "tu fais confiance à la vie"
12:16 Je fais confiance à la vie, clairement, et quand elle me propose des challenges, je sais que c'est pour mon bien,
12:22 je sais qu'elle veut révéler mon potentiel, et elle veut que j'assume mes compétences.
12:27 Ah, c'est une question d'assumer tes compétences, d'accord, intéressant.
12:33 Je pensais aussi à une chose concernant l'apnée, c'est le rapport avec l'art, avec le beu,
12:42 parce que quand on voit une femme faire de l'apnée, personnellement je trouve ça magnifique, un peu comme une danse sous l'eau.
12:49 Et c'est vrai que la première chose qu'on m'a dite quand j'ai battu mon record du monde c'est "sous l'eau on dirait que t'es une danseuse"
12:56 et ça m'a beaucoup touchée parce qu'en effet je pense que quand c'est beau, quand c'est fluide, c'est performant.
13:04 Et donc j'ai peut-être pas la même force que certains coéquipiers, mais d'avoir cherché la beauté du geste,
13:15 la technicité, ça m'a rendue performante, et du coup ça m'a incité à aller chercher le geste parfait.
13:24 Et quel est ton rapport au silence ?
13:28 Au silence ? Eh bien c'est agréable le silence, c'est ce que je vais un peu chercher parce que quand on vit à 100 à l'heure,
13:38 qu'on est un peu hyperactive, on a besoin de calme, c'est ce qu'on va chercher sous l'eau, on va chercher ce calme intérieur,
13:47 ce calme environnant, même si c'est pas le silence parfait, ça fait énormément de bien.
13:54 Je suis n'est pas un marqueux fédéral que tu arrives !
13:57 Tu me confirmes !
13:59 Et pour le mot de la fin, quel message aimerais-tu envoyer à toutes ces femmes qui n'osent pas assumer leurs compétences par peur de l'autorité ?
14:10 Je dirais à ces femmes de penser à l'après, à la fierté qu'elles auront de se respecter et de se faire respecter.
14:20 Et c'est vrai que c'est jamais facile et ça fait toujours peur, mais une fois qu'on l'a fait la première fois,
14:26 on sait à quel point c'est vertueux et c'est libérateur de se respecter.
14:33 Et il faut toujours se dire que quand une porte se ferme, une autre s'ouvre et surtout il faut oser y aller.
14:42 Merci beaucoup Aline pour cette promesse passionnante de ton univers.
14:46 Merci Virginie, merci à toi.
14:48 Et maintenant, je suis ravie d'accueillir Deja Ghenbog, aujourd'hui président du Fonds de dotation AAD,
15:01 qui veut dire promesse. Deja aide les personnes handicapées à trouver leur juste place dans notre société
15:08 par des expositions artistiques multimédia et internationales.
15:12 La promotion de l'accessibilité universelle et le développement du leadership et de l'entrepreneuriat
15:19 des femmes handicapées à travers le monde.
15:21 Deja, tu as une énergie et un optimisme incroyable. À quoi est dû tout ça ?
15:30 Bonjour Virginie, merci de m'accueillir. Je pense que l'optimisme dont je fais preuve
15:36 est quelque chose qui est profondément ancré dans mon héritage culturel.
15:41 J'ai eu l'immense chance de naître au Cameroun, dans une magnifique famille nombreuse,
15:47 dans laquelle je voyais déjà une mini société en soi.
15:51 Donc il n'y avait pas que mes frères et soeurs, c'était toute une communauté de gens,
15:56 composée des oncles, des tantes, des voisins, des passants, des élèves qui fréquentaient
16:03 le collège éducateur qui était fondé par mon père.
16:06 Et donc ça grouillait le monde tout le temps, en permanence, et mes parents avaient pour habitude
16:12 de dire que quand il y en a pour un, il y en avait pour deux.
16:15 Donc on a eu l'habitude très tôt de partager absolument tout ce qu'on avait.
16:20 À titre d'exemple, lorsqu'on était installés à table pour le déjeuner par exemple,
16:24 et quand le passant s'arrêtait pour nous dire bonjour, mon père l'invitait à table à déjeuner avec nous,
16:29 sans même se préoccuper au préalable s'il y avait assez pour tout le monde.
16:33 Donc très tôt, j'ai appris à faire confiance à la vie, à m'ouvrir aux autres,
16:39 et c'est vraiment dans ce partage que j'ai trouvé l'optimisme et l'énergie dont je fais préoccupation.
16:44 - Ah oui, je comprends mieux.
16:46 Et je me dis, si tu es une personne extrêmement spirituelle, mais pas aussi un classique du terme,
16:53 alors quel conseil t'as porté ?
16:55 - Alors d'abord j'aimerais dire que le concept de la spiritualité,
16:59 ça peut être lié à quelque chose qui renvoie à l'esprit, au souffle de vie.
17:04 Et pour certains c'est lié à la relation de l'être humain avec son Dieu,
17:09 mais pour d'autres c'est aussi la quête de sens, la quête de la liberté.
17:14 Et pour moi c'est quelque chose, aussi longtemps que je me souvienne de ma propre expérience,
17:20 la spiritualité a toujours été au centre de ma vie.
17:23 Peut-être c'est lié aussi à ce que j'ai vécu dans mon enfance.
17:26 Je rappelle que je suis tombée malade quand j'avais 4 ans,
17:29 et tous les examens médicaux qui ont été faits étaient négatifs,
17:32 ils n'ont pas permis de poser un diagnostic sur ma maladie.
17:35 Toujours est-il que dans l'adolescence, j'ai commencé à développer une scoliose très sévère,
17:39 qui m'a donné une insuffisance respiratoire et qui m'a paralysée.
17:43 Mais petit à petit mon état s'est stabilisé.
17:46 Je me rends compte qu'aujourd'hui, j'ai toujours vécu et encore tout le temps,
17:52 dans une quête intérieure qui est très profonde et qui est permanente.
17:56 Ça apporte globalement 3 choses.
17:59 La première chose c'est une grande connaissance de moi-même.
18:02 Donc le fait d'être à l'écoute me permet de savoir quelles sont mes limites.
18:08 Et la deuxième chose que ça apporte c'est la volonté de dépassement de soi,
18:13 de dépassement des limitations de la condition humaine.
18:16 Et puis l'autre chose c'est que j'ai très conscience du caractère éphémère de la vie.
18:20 Ça fait que tous les gestes, tous les actes que je pose,
18:23 j'ai envie de laisser une empreinte positive,
18:26 parce que je sais qu'on est là que quelques instants.
18:29 Et après nous, il faut qu'on se rappelle de nous de manière positive.
18:32 Donc j'ai très conscience de tout ça et c'est grâce à la spiritualité.
18:36 Merci Degas. Combien t'as dépeiné sur la spiritualité ?
18:41 Merci.
18:43 Par ailleurs, tu as la chance sous ton aspect professionnel international de beaucoup voyager.
18:51 Est-ce que tu pourrais faire un petit comparatif entre les différents continents,
18:57 Africa, Amérique, Européens, sur le sujet du handicap ?
19:01 Alors le handicap c'est un sujet hyper complexe,
19:04 qui est vraiment pris en compte de manière très différente d'une culture à une autre.
19:10 Si je prends par exemple l'exemple de l'Afrique, où je suis née, où j'ai grandi,
19:15 je dis souvent que si j'étais née en France,
19:18 ou si j'avais eu les problèmes que j'ai eus en France,
19:20 je ne serais pas la même femme qui est devant vous là.
19:23 Je serais une femme différente.
19:25 Mais en Afrique, il y a deux considérations.
19:27 Il y a une considération qui peut être rurale,
19:30 où des gens peut-être qui ont une autre forme de pensée, de spiritualité aussi,
19:35 qui peuvent penser que le handicap c'est peut-être une fatalité,
19:39 parce qu'on a, dans une vie intérieure, fait quelque chose qui fait qu'on a une sentence divine.
19:44 Ça veut dire qu'on est puni quelque part dans cette vie dans laquelle on va vivre.
19:48 Donc dans ce cas-là, le handicap peut être très mal pris,
19:52 pour les personnes qui le vivent, pour les personnes qui vivent avec ces personnes-là.
19:56 Mais si on a la chance, comme moi j'ai eu la chance d'être dans une famille
19:59 qui était très ouverte, qui était très ouverte à la vie,
20:02 là on donne toute la place à la personne.
20:04 Donc le handicap n'est pas du tout mal perçu.
20:07 Moi j'ai eu, dans cette mini société dont je vous ai parlé précédemment,
20:11 j'ai eu la chance d'avoir ma place.
20:14 Je contribue au même titre que les autres, à mon niveau.
20:17 Donc dans cette perspective, il n'y a pas de problème du tout.
20:20 Si je prends le cas des États-Unis par exemple,
20:23 les États-Unis s'inscrivent dans une dimension de lutte des droits civiques par exemple.
20:27 La lutte du handicap en a fait partie aussi.
20:30 Donc il y a eu le American Disability Act, qui est la loi sur le handicap aux États-Unis,
20:36 qui fait qu'on ne peut pas s'amuser là-bas avec le handicap,
20:39 au titre qu'on ne peut pas s'amuser avec toutes les autres problématiques ethniques.
20:43 Donc les personnes handicapées sont quand même très en avance aussi,
20:46 sont intégrées dans la société, il y a beaucoup de choses qui sont faites.
20:50 Quand je suis allée là-bas pour mes études, j'étais en fauteuil roulant à l'époque,
20:54 je ne marchais presque pas, mais je n'ai jamais eu aucun problème à aucun moment.
20:57 Tout était pensé, tout était fait de manière à ce que je sois intégrée correctement à l'université.
21:04 En Europe, si je reviens dans notre cas en France, on a envie de reparer les choses.
21:10 Le handicap n'est pas vraiment accepté, il faut qu'on repare la personne handicapée
21:13 pour qu'elle soit normale entre guillemets.
21:15 Donc le handicap dans cette dynamique a été beaucoup caché, a été longtemps caché.
21:19 On en a eu honte, on avait honte des personnes handicapées.
21:22 Et donc c'est vraiment tout récemment qu'on peut commencer à dire, on existe.
21:27 Prenez en considération notre situation, on n'est pas des êtres à reparer forcément,
21:32 on est des êtres humains à part entière.
21:34 Donc ces différences-là sont très culturelles et c'est très intrigue.
21:38 - Il y a eu à plusieurs reprises que l'assistana des personnes en situation de handicap
21:46 était un sujet sur lequel tu aimais te positionner. Pourquoi ?
21:50 - En fait, l'assistana, quels qu'ils soient en général, m'est supporte.
21:54 Parce qu'on ne laisse pas la personne, quels qu'elles soient, explorer son potentiel humain.
22:00 Quand on est en situation de handicap, les autres ont toujours tendance à décider pour nous,
22:05 ils favent pour nous, ils parlent pour nous, ils prennent des décisions pour nous.
22:09 Mais à un moment donné, si nous on ne reprend pas le pouvoir,
22:12 on ne saura vraiment jamais de quoi on est capable ou pas.
22:16 Donc c'est dans ce cadre-là que je n'aime pas beaucoup l'assistana.
22:20 Parce qu'il faut à un moment donné que... On observe par exemple les enfants.
22:24 Les bébés, ils rampent, ils se mettent à quatre pattes,
22:27 ils vont mettre un pied après l'autre, ils essaient de se lever, ils tombent, ils se relèvent.
22:33 Quelquefois, ils tombent de manière très brutale, ils pleurent parce que la chute est dure,
22:37 mais ils se relèvent, ils s'endurcissent, ils prennent confiance, ils prennent le contrôle.
22:41 C'est pareil pour les personnes handicapées.
22:43 Ma devise, c'est apprendre à tomber pour mieux apprendre à te relever.
22:48 Si tu ne tombes jamais, tu ne sauras pas te relever.
22:50 Donc c'est pareil, il faut que les personnes handicapées arrivent à leur niveau, à leur rythme,
22:54 à mettre le curseur. Là, ils peuvent, et petit à petit,
22:58 ils vont se rendre compte qu'ils ont un potentiel à explorer.
23:01 Et c'est comme ça qu'ils vont reprendre le contrôle de leur vie.
23:04 - D'ailleurs, ça me donne envie de parler de ta relation avec les entreprises que tu accompagnes.
23:10 Pour toi, tout est possible, c'est juste une question d'exploration.
23:15 Alors, que répètes-tu à tes clients quand tu leur dis "Ah non, ça on ne peut pas le faire, c'est pas possible" ?
23:21 - Ah ah, c'est très drôle parce que c'est vrai, quand j'étais à la tête de mon agence de communication,
23:27 j'ai accompagné une soixantaine de clients, grande compte pour la plupart,
23:30 dans leur problématique de communication 360.
23:33 Et donc, quand les entreprises viennent me chercher sur un sujet quelconque,
23:37 je me dis que c'est parce qu'à la fois, elles font confiance à mon expertise,
23:41 et elles font confiance à mon expérience.
23:44 Donc, je suis évidemment très à l'écoute pour comprendre le contexte dans lequel elles évoluent,
23:50 pour comprendre un peu les enjeux qui sont les leurs.
23:53 Mais quand j'entends me dire "ça, ce n'est pas possible", pour moi, ce n'est pas entendable.
23:58 Parce que je ne suis pas là pour mettre une entreprise à risque, au contraire.
24:02 Je suis là pour embarquer les équipes, je suis là pour essayer de faire avancer les choses,
24:07 faire un pas de côté, faire bouger les lignes.
24:10 Si on m'a venue dans une entreprise, je dois juste permettre de faire le statut que ça n'a pas de raison d'être.
24:16 Je peux dire aujourd'hui très clairement que toutes les entreprises qui m'ont fait confiance
24:20 peuvent témoigner que mon passage n'a jamais laissé les équipes indifférentes.
24:24 Donc, il faut faire le pas de côté nécessaire pour faire bouger les lignes.
24:28 Et c'est mon objectif partout où je passe.
24:31 - Et d'ailleurs, c'est peut-être pour ça aussi que tu as décidé de te lancer en politique,
24:36 mais de manière assez originale, parce que tu l'as fait de manière totalement indépendante.
24:41 - Je dois dire que mon entrée en politique s'est faite sur un coup de tête.
24:47 Je rappelle que c'est vraiment le soir de la réélection du président Macron que j'ai pris la décision.
24:53 L'idée m'a effleuré l'esprit un instant au vu de l'abstentéisme aux élections des jeunes de la jeunesse.
25:01 C'était historique, c'est un truc, j'étais bouleversée.
25:04 Et je me suis dit soit je déménage de la France pendant cinq ans au moins,
25:09 soit je reste là et je fais quelque chose.
25:11 Et le lendemain, en me revoyant le 25 avril, très exactement, j'ai décidé de rester et de faire quelque chose.
25:17 Mais comme je n'étais pas imprégnée en politique, je n'ai jamais fait partie d'aucun parti politique,
25:22 c'était logique que je porte une candidature indépendante.
25:25 D'autant plus que tous ces partis nous ont déçus, ont profondément déçus les citoyens que nous sommes.
25:31 Donc oui, j'ai porté une candidature indépendante, ce qui ne m'a pas épargnée les attaques,
25:36 notamment d'autres partis qui disaient que oui, c'est le parti du président qui finance ma campagne
25:40 pour que je vienne leur voler des voix, ce qui était totalement ridicule.
25:44 – Quelque chose que tu as apporté ? Quel est le message que tu veux faire passer ?
25:48 – Sur cette campagne législative ?
25:52 Alors ce que j'aimerais dire là-dessus, c'est qu'il faut impérativement que nous, les citoyens, nous nous engageons.
25:58 Si on déserte les urnes, on fait le jeu des partis politiques,
26:02 on fait le jeu de ces carriéristes politiques qui sont là pour continuer encore et encore à faire les mêmes choses.
26:09 Donc il faut impérativement, c'est le message que je voulais porter lors de ma campagne,
26:13 c'est reprenons le pouvoir parce que le pouvoir appartient aux citoyens,
26:17 reprenons ce pouvoir-là et ensemble réfléchissons aux uns aux autres,
26:21 au vivre ensemble, à la question de l'accessibilité universelle
26:24 qui est vraiment le tournant pour notre société aujourd'hui et demain.
26:28 – Alors pourquoi l'accessibilité universelle est-elle aussi importante ?
26:32 – L'accessibilité universelle déjà permet de penser à tout le monde
26:36 parce que là où on pense, on reprend aux besoins spécifiques d'une catégorie de personnes,
26:41 ça améliore le confort de vie de tout le monde.
26:44 Et aujourd'hui, certains peuvent être en situation de fragilité, de vulnérabilité,
26:49 mais demain c'est les autres aussi, donc personne n'est épargné.
26:52 D'ailleurs la crise Covid nous l'a montré.
26:54 Là où on pointait du doigt les personnes vulnérables,
26:57 on s'est rendu compte que nous sommes tous logés à la même enseigne.
27:01 – Et quel message pour le monde d'après aimerait-tu faire passer aux femmes
27:07 en situation de handicap en particulier ?
27:09 – Alors je regarde très droit dans les yeux à la fois les jeunes filles
27:13 et les femmes en situation de handicap, je leur dis
27:17 "Ne vous laissez jamais réduire au handicap".
27:21 Si je suis là aujourd'hui, si j'arrive à faire ce que je peux faire,
27:25 c'est parce que j'ai choisi la liberté, j'ai choisi d'avancer selon mon propre rythme.
27:30 Faites-le et vous verrez que vous pourrez faire comme moi.
27:34 – Merci beaucoup Déjà, c'était passionnant.
27:37 – Merci Victimie, merci.
27:39 – C'est la fin de cette émission, j'espère que vous avez passé un très joli moment avec nous
27:43 et à très vite pour la suite.

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