• il y a 5 mois
Samedi 22 juin 2024, SMART WOMEN reçoit Isabelle Rabier (PDG, Jolimoi) , Émilie Lefebvre (directrice générale, SAPL) et Camille Morvan (cofondatrice, Goshaba)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour, bonjour à toutes et tous, bienvenue dans Smart Women, donc l'émission qui donne
00:08le pouvoir aux femmes.
00:09Donc voilà maintenant deux ans déjà, deux ans que je reçois chaque mois des personnalités
00:15qui viennent témoigner à la fois de leur expérience personnelle et qui partagent bien
00:18sûr cette conviction qui me tient à cœur, qui est que les femmes doivent prendre leur
00:22juste place dans toutes les sphères de pouvoir politique, économique, médiatique, ce qui
00:28signifie qu'elles doivent à l'égal des hommes diriger les entreprises quelle que
00:32soit la taille, qu'elles doivent intervenir dans les médias en tant qu'expertes et qu'elles
00:36doivent également bien sûr investir les filières scientifiques et numériques.
00:40Il en va d'une question de justice mais il en va au moins autant d'une question de performance
00:46économique et puis aussi d'assurance finalement d'un équilibre dans l'écriture de notre
00:51futur notamment avec l'intelligence artificielle.
00:53Alors aujourd'hui pour parler de tout ça je vais avoir le plaisir d'accueillir tout
00:56d'abord Isabelle Rabier qui est la PDG de Jolimois qui est une plateforme de social
01:03seller dans la distribution de produits cosmétiques et qui a été accompagnée par le Galion
01:10Project donc qui viendra témoigner des atouts qu'elle y a trouvés.
01:13J'aurai ensuite comme grand témoin Camille Morvan, Camille est à la fois conférencière,
01:19entrepreneur, chercheuse, enseignante et elle nous parlera, elle est spécialiste des sciences
01:26cognitives et donc elle nous parlera des biais qui demeurent dans l'avancée des femmes
01:31dans le monde économique.
01:32Et enfin je ferai le portrait d'Émilie Defevre qui est la dirigeante de l'entreprise SAPL.
01:39SAPL qui est une entreprise familiale qui est dans l'Ordre et cette entreprise est spécialisée
01:45dans la fabrication, la conception et la fabrication de dispositifs pour le maintien de l'Ordre.
01:51Voilà donc un programme tout à fait sympathique et tout de suite je vais recevoir Isabelle Rabier.
01:57Bonjour Isabelle Rabier, bonjour, merci d'être venue sur le plateau de Smart Women pour parler
02:05de vous bien sûr mais pour témoigner également de l'accompagnement du Galion Project donc vous
02:11le savez j'avais reçu en mai 2023 donc j'avais reçu Agathe Vautier qui est la cofondatrice et
02:16dirigeante de ce collectif d'entrepreneurs de la tech et aujourd'hui finalement l'heure est venue
02:22avec vous de vérifier concrètement si ce qu'elle nous a dit est exact et donc les atouts que vous
02:27avez trouvé dans l'accompagnement qu'elle vous a produit. Alors on va commencer par vous, donc
02:33très rapidement vous êtes passée par HEC, vous avez fait l'incubateur entrepreneur d'HEC et dès
02:392009 vous avez fondé votre première entreprise donc Dermans que vous avez dirigée pendant 7-8 ans
02:44et puis en 2017 vous avez changé le braquet si je puis dire et vous avez créé, vous avez lancé
02:51Jolimois. Alors dites-nous tout de suite ce qu'est Jolimois, expliquez-nous, donnez-nous les grands
02:56chiffres qu'en situe l'entreprise et après on parlera du Galion. Alors déjà le fondement de
03:01Jolimois c'est la recommandation donc aujourd'hui le fait de recommander un produit quel qu'il soit
03:06c'est le levier le plus puissant, plus puissant que la publicité ou autre et c'est quelque chose de
03:10profondément humain et donc Jolimois c'est une plateforme qui a cette croyance que demain le
03:14commerce passera par la recommandation de personnes passionnées et expertes à d'autres personnes et
03:20donc aujourd'hui Jolimois c'est la plateforme leader en social selling, ce principe de recommandation
03:24on appelle ça le social selling et notre métier en fait c'est un modèle B2B2C, c'est d'accompagner
03:29aujourd'hui des milliers d'hommes et de femmes à devenir entrepreneurs grâce au social selling
03:34mais facilement en s'appuyant sur la plateforme, des outils technologiques qu'on leur met à
03:38disposition, de la formation et des catalogues de marques et de produits qu'on va sélectionner
03:41pour eux. Jolimois aujourd'hui c'est 60 salariés, on a passé la barre des 2 millions par mois.
03:48On est sur des beaux business avec des taux de croissance à deux et trois chiffres et un volet
03:58hyper passionnant dans la technologie, la données mais aussi très humain donc beaucoup de considérations
04:04autour de comment la technologie peut venir aider toutes ces populations d'entrepreneurs à être
04:08efficaces. Alors combien d'entrepreneurs justement ? Alors nous on a aujourd'hui la communauté, on
04:13appelle ça le collectif, c'est plus de 15 000 inscrits aujourd'hui chez Jolimois. On va avoir plus
04:19d'une grosse moitié qui est vraiment active parce que comme tout bon entrepreneur il est indépendant,
04:23il fait comme il veut et à peu près la moitié qui voilà chaque mois va vraiment être active sur
04:28la plateforme et qui fait partie du collectif, de la formation etc. Bon ben bravo c'est une belle
04:33aventure et qui ne fait que, enfin qui a déjà bien démarré mais qui a encore de belles perspectives
04:36devant elle. Venons-en donc justement à l'accompagnement que vous avez eu puisque
04:43quand avez-vous rencontré le Galion ? Comment ça s'est passé ? Qu'est-ce que vous y avez trouvé ?
04:47Oui ben déjà tout ça est arrivé grâce à Agathe, d'ailleurs j'étais avec elle hier soir.
04:54Vous lui avez dit que vous diriez du bien de d'elle aujourd'hui. Absolument et en fait Agathe elle a
05:01toujours eu cette vision donc vous le savez les femmes dans la tech et dans tout ce qui va être
05:04les plateformes technologiques sont encore peu nombreuses et depuis qu'elle a co-créé le Galion
05:09avec Jean-Baptiste Trudel, le fondateur de Criteo, elle a toujours eu cette obsession finalement
05:13d'arriver à rendre son think tank slash réseau pour les entrepreneurs de la tech à très forte
05:18croissance accessible aux femmes et donc moi j'ai rencontré, je suis rentrée dans le Galion un peu
05:23avant finalement avoir coché les cases parce qu'il y a des critères d'ailleurs qui évoluent mais des
05:28critères de levée de fonds préalables. Elle a commencé en fait à m'introduire au Galion
05:33à travers des dîners, à travers des rencontres avec une partie des entrepreneurs de la tech et
05:38c'est comme ça finalement qu'a démarré l'aventure Galion et puis une fois que j'ai eu fait mon
05:42premier tour de CIDE, le fonds significatif, j'ai pu rentrer entre guillemets officiellement au Galion
05:47donc ça c'était vers 2019, il y a déjà cinq ans. Finalement qu'est ce que c'est qui vous marque le
05:53plus dans justement l'intérêt que vous y trouvez ? Alors déjà en tant que dirigeant d'entreprise
05:58sur des sujets d'innovation, je lis moi c'est un nouveau business model avec une technologie,
06:05c'est compliqué et il y a peu finalement de pairs, donc d'autres dirigeants sur des mêmes
06:10problématiques avec qui on peut échanger quotidiennement. Donc déjà ce qu'à ça apporte
06:15ce réseau c'est ça, c'est avoir accès finalement à des gens qui comme vous, alors qu'on soit au
06:19début, au milieu ou plus haut, en fait il y a des gens qui sont à toutes les étapes de l'entreprise
06:24et ça c'est assez important en fait pour aller plus vite tout simplement donc c'est une base
06:29de connaissances extraordinaire. Et puis peut-être moi plus personnellement et puisqu'on parle aussi
06:34de donner le pouvoir aux femmes, je pense que c'est indispensable, je suis très présente et
06:39militante même au sein d'associations comme Sista avec beaucoup de femmes. J'ai eu aussi Tatiana Jama
06:44qui est venue. Mais pas que, et c'est très bien et créer ces écosystèmes 100% féminin c'est
06:50indispensable aujourd'hui pour créer un nouveau pouvoir. Pour autant moi ce que j'ai retrouvé au
06:55Galion c'est justement le fait aussi de pouvoir me confronter à des hommes très ambitieux dont
06:59beaucoup avaient réussi, qui avaient déjà atteint des étapes que les femmes n'avaient pas encore
07:04atteint. C'est un peu moins vrai aujourd'hui, heureusement d'ailleurs c'est une bonne nouvelle.
07:08Par exemple les fondatrices de Skello qui sont aussi au Galion, qui ont levé plus de 40 millions.
07:12Moi quand je suis rentrée au Galion, il n'y avait pas encore ces modèles là et ces modèles là
07:16j'allais les chercher auprès des hommes et donc ça a augmenté mes standards, mon exigence et mon
07:21ambition et ça je pense que c'est hyper précieux pour nous les femmes de pouvoir. Et puis ce sont
07:26des promoteurs en fait, ces hommes là sont vraiment promoteurs. Et puis il y a cet aspect et puis il y a le fait que ça
07:31démystifie finalement parce que vous voyez que les hommes c'est comme vous, c'est pareil, ils ont des
07:35difficultés, ils ont des bons moments, enfin bref c'est exactement la même chose. Bon très bien, je
07:40voulais vous poser une question également parce que vous avez démarré maintenant il y a une
07:44quinzaine d'années malgré tout, donc vous avez vu dans une tech, une French Tech qui était au tout
07:48début également, donc vous l'avez vu progresser. Et finalement votre regard a posteriori là sur
07:54l'évolution pendant ces quinze ans ? Oui alors ce dont on a discuté c'est que c'est vrai que c'est
07:58assez fascinant quand on s'est lancé d'ailleurs avec Natiana et toute une génération d'entrepreneurs,
08:02il y avait peu d'incubateurs, il y avait peu de solutions d'accompagnement. J'ai entendu une
08:06state hier qui était incroyable, c'est un entrepreneur sur deux aujourd'hui peut bénéficier
08:11d'une solution, est accompagné par un incubateur ou autre, ça c'est formidable et je pense que,
08:15donc je trouve que les jeunes aujourd'hui ont vraiment tout en main, enfin les jeunes ou les
08:20moins jeunes d'ailleurs. Pour ceux qui veulent entreprendre, il n'y a pas de tâche pour
08:23entreprendre, mais en tout cas il y a une batterie de financement, d'accès à la formation, même d'accès
08:28à la technologie, il y a une somme de contenu et de réseau absolument phénoménale et je dois dire
08:34qu'il n'y a jamais eu de meilleur moment presque pour entreprendre et qu'on a la chance quand même
08:37en France grâce à la French Tech et aussi au secteur privé il faut le dire, on pense aussi
08:42à Xavier Niel notamment, qui ont énormément contribué à créer notre écosystème et qu'il
08:46faut continuer à en profiter, à l'accélérer parce que c'est ça qui fait que demain on sera
08:51très fort en France. Écoutez voilà c'est la bonne conclusion, donc alors merci parce que vous
08:56avez témoigné de façon très convaincante sur le Galion, je n'en doutais pas, mais en plus ce
09:00constat positif que vous faites de la capacité que nous avons aujourd'hui plus qu'hier à développer
09:07de l'entrepreneuriat en France compte tenu du contexte et de l'écosystème tel qu'il existe,
09:11je pense que c'est important dans cet temps un peu troublé de le souligner, donc merci pour cela
09:15et maintenant je vais recevoir une autre entrepreneure que vous connaissez, c'est Camille
09:19Morvan qui est aussi au Galion. Merci beaucoup, merci bien Isabelle. Bonjour Camille Morvan.
09:30Bonjour Marie-Claire. Alors merci d'être avec nous Camille. Alors Camille vous avez plusieurs
09:34cordes à votre arc, je peux dire, puisque vous êtes à la fois chercheuse enseignante,
09:39d'ailleurs vous avez intervenu dans des endroits tout à fait prestigieux, Harvard,
09:43Normale Sup, etc. Vous êtes également entrepreneur, vous avez co-créé et dirigé Gauchaba,
09:50donc une entreprise qui faisait de l'accompagnement recrutement à base, justement, je le dis
09:54justement parce que je parlais d'IA, mais à base de gamification de machine learning. Et puis vous
09:59êtes également conférencière et vous êtes une spécialiste en fait de tout ce qui est sciences
10:03cognitives et tout ce qui est notamment biais cognitif. Vous êtes particulièrement bien
10:07placée pour être notre grand témoin du jour et votre vision sur la position des femmes au sein
10:13du monde économique, elle est nourrie à la fois de votre expérience personnelle mais à la fois des
10:17études que vous avez menées et bien sûr vous êtes convaincue qu'il n'y a aucune raison légitime
10:21pour que les femmes ne soient pas à l'égal des hommes. Donc vous allez nous expliquer tout ça.
10:25Néanmoins la situation est ce qu'elle est, c'est-à-dire que nous n'avons toujours pas des
10:29femmes à leur juste place, donc à l'égalité avec les hommes. Donc pourquoi ? Quelle est votre
10:35analyse sur la raison pour laquelle nous en sommes là ? Oui alors c'est, déjà merci beaucoup pour
10:39l'invitation. J'ai fait dix ans de recherche en sciences cognitives, dix ans d'entrepreneuriat
10:45comme vous l'avez dit, donc je suis souvent invitée pour parler de la sous-représentation
10:50des femmes dans différents milieux, que ce soit en science où il n'y a pas assez de femmes CEO,
10:54pas assez de femmes fondatrices etc. Ce que je voudrais d'abord souligner c'est que la manière
10:58même de poser la question reflète le problème, c'est-à-dire que si on se dit que le problème est
11:03localisé à des espaces particuliers, on ne va pas aller chercher le même type de solution que si
11:08on comprend que le problème est structurel. Donc ce n'est pas qu'il y a des problèmes différents
11:14d'accès au pouvoir, par exemple dans l'entrepreneuriat ou en politique ou à l'école etc.
11:19Je sais que vous le savez mais ça vaut toujours le coup de le redire parce que je trouve que la
11:24façon même de poser la question démontre le problème auquel on fait face, qui est cette
11:29espèce de cécité au fait que le problème de l'injustice de genre est généralisé. L'autre
11:35problème avec la manière générale de poser la question c'est qu'il pourrait y avoir un
11:38sous-entendu entre les lignes que le problème vient des femmes elles-mêmes. Donc par exemple si
11:42on se dit que les femmes ne sont pas assez ambitieuses, on va leur faire faire du coaching, si on se dit
11:45qu'elles ne sont pas assez performantes, on va leur proposer des formations. Donc ça encore une fois
11:48ça met le poids du changement sur les épaules d'individus alors que le changement doit
11:54nécessairement être systémique. Alors justement si ce changement doit être systémique, et je suis tout à fait
11:58d'accord avec vous parce qu'il y a beaucoup d'éléments qui rentrent en ligne de compte, mais
12:01finalement quelles sont les solutions ? Qu'est-ce que vous proposez comme idées pour
12:05permettre justement d'améliorer cette situation systémique et par-delà d'améliorer après
12:11l'entreprenariat, puisque c'est notre sujet aujourd'hui, mais dans le système global ?
12:15Je sais que ce qu'on cherche tous c'est un silver bullet qui va résoudre le problème. Évidemment
12:20j'en ai pas puisque si j'en avais on l'aurait déjà mis en place. Mais par contre je voudrais
12:24vraiment insister sur le fait que prendre la mesure de l'injustice systémique c'est déjà une partie
12:31de la solution. C'est-à-dire que si les femmes comprennent que de manière inconsciente et constante
12:38on leur fait porter le poids de leur soi-disant incapacité et que donc il y a une forme de
12:43culpabilisation, arriver à se libérer de cette idée-là, donc je vais citer juste quelques biais
12:48cognitifs qui soutiennent ça, on a trois biais cognitifs qui sont très répandus,
12:53le biais cognitif qu'on appelle le biais du monde juste. Le biais du monde juste c'est tout va pour
12:58le mieux dans le meilleur des mondes donc finalement si les femmes n'ont pas accès à des postes
13:01politiques importants c'est soit qu'elles n'ont pas envie, soit qu'elles n'ont pas les capacités,
13:04soit je sais pas quoi. On a le biais de la méritocratie, donc la méritocratie c'est les
13:09gens arrivent au niveau de leur capacité, donc c'est complètement faux évidemment. Et le troisième
13:15biais qui est très fréquent et vraiment j'insiste dessus c'est ce biais naturaliste contre lequel
13:19Françoise Héritier s'est énormément battue évidemment. Encore une fois ça vous paraît
13:22évident mais ça ne le paraît pas pour tout le monde et je pense qu'il faut vraiment insister
13:25là dessus. Il n'y a pas de différence de nature ou d'essence entre les hommes et les femmes et
13:29ces trois biais là, parce qu'ils sont présents en permanence dans notre environnement et dans
13:35notre quotidien, le fait d'en prendre conscience ça ne suffit pas. Pour moi il y a vraiment deux
13:40niveaux de changement. Il y a un niveau de changement qui est politique, structurel et
13:43économique qui n'est pas dans nos mains à nous à part quand on va voter ou bien si on veut être
13:48militant. Il y a des choses qu'on peut faire mais c'est un changement structurel. Et après il y a
13:52la partie on va dire personnelle jusqu'à quel point on a intégré cette espèce de culpabilisation.
13:57Je pense que vraiment le début de la solution c'est prendre la mesure, pas juste conscience mais
14:03la mesure du poids de ça parce qu'à partir de là on ne va pas chercher les mêmes solutions. Donc
14:08pour moi les solutions qui sont absolument essentielles à mettre en place c'est déjà le
14:17fait de prendre la mesure de ça, ça évite de se culpabiliser ou d'aller chercher des solutions
14:22qui sont un peu des sparadrapes. Encore une fois faire du coaching, mettre en place du coaching et
14:25des formations c'est très bien mais ça ne suffit pas. Il y a une autre chose que je pense qui est
14:30très importante c'est de ne pas se résigner. Je vous donne un exemple, dans le monde des
14:33start-up et de l'entreprenariat il y a quelque chose de très classique c'est un homme président
14:38et une femme DG. C'est une habitude qu'on a prise de se dire ah bah oui regardez ce garçon il est
14:45très bien il a pris une femme DG. Non donc là on se résigne. Il ne faut pas, il n'y a pas
14:51de raison, mais il faut comprendre à quel point c'est problématique. Je pense qu'il faut aussi prendre la
14:57mesure de le quand on veut on peut ça ne suffit pas. Donc je rebondis sur ce qu'a dit Isabelle
15:02avant que j'ai trouvé très très bien et je pense qu'effectivement elle apporte une énergie et une
15:07positivité qui est importante mais il faut aussi se rendre compte que c'est pas possible pour tout
15:10le monde tout le temps de combattre ces injustices sociales et vraiment les injustices sociales et
15:15injustices de genre et de pouvoir du coup aussi s'appuyer. Je pense que c'est d'autant plus
15:20important pour les femmes d'avoir un réseau de soutien qui est inconditionnel. On n'a pas besoin
15:25encore une fois de s'entourer de personnes qui vont nous faire nous poser des questions sur nous
15:28même parce qu'on s'en pose déjà assez. Il nous reste très peu de temps mais bon il y a quand même eu des
15:34progrès de réaliser. Moi je crois que effectivement la situation a évolué elle est bien loin d'être
15:38à l'optimal mais elle a beaucoup évolué donc finalement vous dans votre façon de reposer une
15:44question plus fondamentale vous avez raison plus globale plus en amont etc mais alors de ce fait
15:48en 30 secondes l'avenir comment on fait combien de temps on met pour pouvoir espérer faire cette
15:57révolution culturelle ? La révolution culturelle elle est déjà en route et alors au cours de l'histoire
16:03c'est important aussi de se rendre compte que la vision progressiste de l'histoire mais j'y crois
16:07pas du tout je pense pas qu'on aille toujours vers un progrès si on veut un progrès il faut l'arracher
16:12il faut le travailler. Ce qui s'est passé avec MeToo par exemple c'est intéressant parce que c'est
16:17une nouvelle approche c'est quelque chose qui a même surpris le féminisme historique ce qui s'est
16:22passé avec MeToo c'est à dire que d'un coup on a vu que en fait la violence sexuelle imposée aux
16:26femmes n'était pas normale alors que finalement on s'y était tous habitués donc le moi je suis
16:31personne pour avoir une prédiction de quand et comment ça va se passer ce que j'observe c'est
16:35qu'il ya des choses qui sont en place mais surtout il faut comprendre que ça va pas se faire tout
16:38seul. Je crois que le message essentiel qu'on a bien compris j'espère d'ailleurs que c'est
16:45largement compris par tout le monde c'est qu'il n'y a pas qu'il faut continuer à se battre et que
16:48le chemin de l'égalité est de toute façon long il est encore devant nous et contrairement à ce
16:52qu'on entend en disant ça y est c'est fait maintenant tout ça est acquis il n'y a plus
16:55plus de problème si il y en a toujours mais ça repose sur l'ensemble de la société et ce n'est
16:59pas le fait uniquement des femmes ou que des hommes. Oui je peux ajouter juste un tout petit
17:04truc c'est d'une part que bien évidemment ce n'est pas un combat mené uniquement par les
17:08femmes et pour les femmes c'est un combat qui est évidemment généralisé parce que les hommes
17:11souffrent également de cette espèce d'imposition qu'on leur fait d'une virilité complètement
17:16artificielle et l'autre chose c'est que quand on ne peut plus rien faire l'humour c'est bien
17:21aussi quoi. Exactement donc on va continuer avec de l'humour. Merci beaucoup. Merci Camille.
17:26Bonjour Émilie Lefebvre. Bonjour. Écoutez je suis ravie de vous recevoir sur ce plateau alors
17:36vous êtes la Directrice Générale de la SAPL donc SAPL c'est la Société d'Application des
17:42Procédés Lefebvre votre nom et donc vous êtes la quatrième génération en commande puisque c'est
17:47votre arrière-grand-père qui il y a 100 ans maintenant c'était en 1924 a créé cette
17:52entreprise dans l'Orne et vous êtes toujours d'ailleurs au lieu même du berceau de l'entreprise
17:56initiale donc donc bravo. Alors écoutez pour commencer expliquez nous déjà ce qu'est, on
18:02reviendra après sur votre parcours mais c'est quoi SAPL parce que ça paraît un peu obscur,
18:06c'est quoi qu'est ce que vous faites, les grands chiffres, la carte d'identité ? Alors SAPL c'est
18:11une entreprise donc familiale avec un père, un grand-père, un arrière-grand-père qui étaient
18:17des inventeurs donc d'abord dans le domaine de l'armurerie donc on a toujours cette casquette
18:21là aujourd'hui avec de l'armement, des munitions, une spécialité sur le non létal et qui s'adresse
18:26aussi bien au grand public, aux civils qu'aux forces de l'ordre et puis avec les années d'autres
18:31produits sont arrivés, des inventeurs, on voit un problème on veut trouver une solution et donc on
18:37est arrivé jusqu'au développement de matériel de maintien de l'ordre le plus connu étant le
18:42bouclier qu'utilisent les CRS, les gendarmes mobiles, l'administration pénitentiaire voilà
18:46donc bouclier d'autoprotection. Donc c'est une entreprise qui a 12 salariés pour un chiffre
18:52d'affaires ça va dépendre un petit peu des années mais entre 2 millions 5, 3 millions 5.
18:56Donc une jolie PME dans son territoire. Absolument. Très spécialisée et alors justement
19:02votre clientèle elle n'est pas qu'en France ? Non, effectivement elle est extrêmement variée
19:08puisque donc en France on a les particuliers et les différents ministères donc l'état et on travaille
19:13également à l'export avec des sociétés de sécurité privée ou pareil les ministères donc que soit ça
19:20peut être en Afrique, ça peut être au Moyen-Orient, de plus en plus en Europe donc ça on en est très
19:25contents. Très bien bon donc on situe maintenant un petit peu comment fonctionne SAPL, il y aurait
19:30beaucoup plus à en dire. On reviendra d'ailleurs sur les défis bien sûr que vous avez aujourd'hui
19:34et sur la façon dont ça s'est passé pour vous mais revenons à vous donc au début de l'histoire
19:38puisque c'est un portrait donc c'est ça qui est intéressant. Au début de l'histoire la première
19:42fois que votre père vous propose de le rejoindre dans l'entreprise vous refusez alors il est exact
19:46ce que vous avez à l'époque 19 ans c'est peut-être un petit peu jeune et puis après à 27 ans donc
19:51huit ans après vous dites oui. Il s'est passé quoi entre temps ? Alors entre temps mon rêve moi
19:55c'était de devenir pilote puisque j'étais déjà pilote depuis mes 15 ans donc plus jeune pilote
20:00de France et d'Europe et je voulais devenir pilote de chasse et comme tout me réussissait à ce moment
20:06là j'ai appris l'anglais à l'étranger alors j'avais une peur bleue d'y aller je parlais pas
20:10du tout un mot d'anglais j'ai réussi à passer mon brevet, ils m'ont permis de conduire ça fait
20:15partie des victoires quand on a 18 ans donc il n'y avait pas de plan B possible et sauf que je rate
20:20les sélections de pilote de chasse dans un petit chouïa et qui m'élimine également pour pilote
20:25d'hélico et pilote de transal donc là il vous restait pilote de ligne ? Il me restait pilote de
20:30ligne mais je voulais vraiment piloter ce qui est un peu moins le cas des pilotes de ligne que je
20:35respecte bien évidemment donc là il a fallu se remettre en question donc je suis repartie à
20:40l'étranger j'étais d'abord en Afrique du Sud pendant un an et demi et donc là je suis repartie
20:44à New York pour continuer à apprendre l'anglais spécialisé vraiment là dedans et j'ai démarré
20:48une école de commerce là bas pour autant quand je suis revenue en France j'avais toujours pas envie
20:52non non non toujours pas toujours pas je voulais grandir en dehors de l'ombre du puissant chêne
20:58qui était mon père et finalement les choses ont fait qu'à 27 ans il nous redemande encore une
21:04fois d'y aller et je finis par dire oui. Et vous m'avez dit que quand vous aviez dit oui même si
21:10avant vous n'aviez pas envie dès l'instant vous avez dit oui alors là vous aviez profondément
21:13envie et vous étiez engagée à 200%. C'est ça parce que malgré tout je m'en sentais toujours
21:18pas capable puisque j'avais peu d'expérience professionnelle pour ne presque pas dire pas
21:22du tout donc la marche était très haute mais effectivement face à l'obstacle si je décide
21:26d'y aller j'arrête de me dire que c'est trop grand pour moi et j'y vais. C'est une bonne façon de
21:30voir les choses bien sûr. Alors comment ça s'est passé le démarrage ? Vous m'avez dit que vous
21:35faisiez des cartouches quand vous étiez petite mais ça c'est pas suffisant. Adolescente oui le job d'été.
21:40Comment ça s'est passé ? Qu'est ce que vous avez trouvé ? Je crois que la situation n'était pas
21:43très facile. C'était l'horreur. J'arrive dans une entreprise en difficulté dont j'arrive
21:50à peine à saisir les difficultés ni connaissant pas grand chose donc il n'y a plus de R&D, il y a
21:55une guerre civile entre les salariés, la force commerciale s'est réduite. Ce n'est plus votre
22:01père qui dirigeait il faut le dire parce que je pense qu'il y avait quelqu'un d'autre depuis
22:04quelques années. C'est une entreprise familiale mais je n'ai jamais travaillé avec mon père donc
22:07effectivement j'avais un nécessaire donc l'entreprise allait mal elle était au bord de la cessation de
22:12paiement et donc il a fallu tout reconstruire. Alors normalement on dirait un projet après l'autre
22:18ou peut-être deux projets en même temps parce que sinon c'est trop dangereux de vouloir trouver
22:21en un coup mais là il y avait urgence. Il y avait urgence, le risque était majeur c'était que
22:25l'entreprise se ferme. Je serais venue pour fermer l'entreprise qui n'était pas du tout dans
22:29l'objectif donc il a fallu tout reprendre donc j'ai commencé d'abord par l'équipe en me séparant de
22:35certaines personnes donc première décision difficile à prendre en en recrutant d'autres
22:40donc là c'est pareil on apprend à recruter. Ensuite il a fallu relancer le commercial donc comme ma
22:45formation de base c'était l'export et que en plus j'étais bilingue etc je suis partie directe sur
22:53l'export pour relancer cette partie là. Il a fallu recréer un bureau R&D donc j'ai embauché
23:00un armurier et un dessinateur industriel. Voilà mon équipe un peu folle mais avec qui on a fait
23:06des choses incroyables donc on a plongé encore un peu plus quand je suis arrivée mais pour remonter
23:11beaucoup plus haut derrière. D'accord et alors vous me disiez vous avez entendu Isabelle Rabier
23:16qui parlait donc des vertus de l'accompagnement dont elle avait bénéficié et je sais que vous
23:21aussi vous avez eu à un moment du soutien. Donc ce soutien c'était qui au pluriel puisqu'il n'y a
23:26pas qu'une personne et qu'est ce que ça vous a vraiment apporté comment vous avez pu réagir par
23:31rapport à ça ? C'est vrai qu'on me pose souvent la question qu'est ce que tu changerais si tu
23:35pouvais changer quelque chose et je dis absolument rien si ce n'est une seule chose c'est le fait
23:39de m'entourer plutôt que je ne l'ai fait c'est à dire je me suis entouré au début mais pas des
23:43bonnes personnes ce qui fait que ça a été complètement catastrophique donc il faut aussi
23:45choisir les personnes qui nous entourent et on n'a pas besoin d'en avoir 50 000 non plus. Donc
23:50j'ai d'abord eu mon avocat qui était là qui m'a aidé pour tout ce qui était RH, social parce que
23:56c'est quand même des points névralgiques et ensuite j'ai eu mon entourage proche et enfin
24:04ce qui a fait vraiment une grande grande grande différence c'est j'ai changé d'expert comptable
24:09une femme qui m'a accompagné. L'importance des experts comptables aussi à souligner. Oui oui oui
24:13oui oui tout à fait et je n'arrivais pas à racheter l'entreprise parce qu'elle était en telle
24:17difficulté que les banques ne voulaient pas accompagner le projet. Les soutiens que j'avais
24:21à l'époque n'arrivaient pas à trouver de solution donc ma nouvelle expert comptable du groupe Fidorg
24:25à Caen Anita Trochon m'a aidé à monter un plan qui était simple propre et qui permettait vraiment
24:32d'être concret et de repartir. C'était de la simplicité dont on avait besoin et la personne
24:37ultime ça a été donc un consultant en management Jean-Pierre Guérin qui a pris le problème avec moi
24:46mais il ne m'a jamais dit ce que je devais faire. Il m'a toujours posé des questions, il m'a aidé à
24:50mettre des mots sur ce que j'avais envie de faire et ce que je pensais que l'entreprise était capable
24:54de faire et après une discussion de trois heures il me dit bah là tu viens de faire ton plan,
24:57ton business plan sur cinq ans donc il fallait juste le mettre sur les rails donc c'est quelqu'un
25:01qui m'a appris la méthode pour mettre un plan sur les rails, créer une stratégie, créer les
25:07tactiques qui vont avec etc. C'est très napoléonien tout ça mais bien sûr et c'est ce qui change
25:14quand on sait où on va, quand on sait où on emmène notre bateau c'est mieux que de ramer au milieu de
25:20la Méditerranée sans trop savoir quelles seront les étapes et surtout la ligne d'arrivée donc il
25:24faut absolument savoir où est-ce qu'on veut aller, comment on va y aller, sur combien de temps,
25:27quelles seront les étapes etc. Donc Jean-Pierre m'a beaucoup aidé avec ça. Alors vous aviez
25:31manifestement de grandes capacités d'apprentissage très rapide et avec une volonté marquée qui plus
25:38est. Donc aujourd'hui vous êtes bien installé, bien installé, on n'est jamais bien installé
25:42parce que tout est toujours... Aujourd'hui si je vous demande juste en quelques mots puisque
25:48je voudrais parler aussi de votre engagement, les défis auxquels vous êtes maintenant confrontés,
25:52c'est quoi vos enjeux ? Les défis, il y en a eu plusieurs parce que c'est vrai qu'on a traversé un
25:59nombre incroyable de crises et toutes plus inédites les unes que les autres. Mais maintenant, ce d'aujourd'hui.
26:03Mais alors aujourd'hui déjà il faut que je continue de moderniser l'entreprise avec la digitalisation,
26:09il faut que je la rende plus résistante aux crises qui peuvent arriver comme la pandémie,
26:15l'Ukraine etc. Il faut que je continue de créer des nouveaux produits. Voilà c'est une entreprise
26:21qui n'innove pas et une entreprise qui est amenée à mourir. Et pourtant innover, ça ne se fait pas
26:26comme ça. Il faut comprendre les capacités ou les compétences qui nous manquent, aller les
26:32chercher soit en soi par des formations, soit chez quelqu'un d'autre, à savoir admettre qu'on a
26:37des trous dans la raquette et qu'on ne peut pas tout faire soi-même. Et je m'avais dit également que
26:40vous avez bénéficié d'ailleurs du plan France Relance 2030, qui est un très beau plan qui permet
26:45aux entrepreneurs justement d'innover. Tout à fait, effectivement ça nous a permis de moderniser
26:49notre outil de production avec des tours numériques puisque donc entreprise centenaire, on a des
26:55machines très très anciennes, c'est un beau musée mais en termes de productivité ce n'est pas
26:58suffisant. On est passé aussi à l'impression 3D pour pouvoir faire du prototypage et à terme ce
27:03qu'on veut faire c'est de la production de pièces en série par l'imprimante 3D. Voilà on a dû aussi
27:09investir dans un logiciel GPAO, production assistée par ordinateur, créer une gestion par code barre,
27:15tout ça ça parait peu mais ça a apporté de productivité absolument énorme et ça a fait
27:20monter les salariés en compétence et en responsabilité. Vous avez trouvé la bonne
27:24solution et vous avez eu le soutien qui va bien. Ça rejoint ce que disait justement Isabelle Rabier
27:30sur le fait que dans notre pays on a une capacité d'entreprendre, d'accompagnement qui est importante
27:34donc il faut veiller à ce qu'elle demeure. Absolument, ça s'entretient. Je ne vais pas
27:38continuer parce que je n'ai pas le temps mais vous êtes également engagée puisque vous avez
27:42également lancé le réseau des femmes du Medep de l'Orne donc on aura une prochaine occasion. En tout
27:47cas merci beaucoup pour votre énergie communicative. Donc notre émission est terminée, c'était la
27:53dernière avant le break de l'été. Si vous avez envie de vous replonger ou de découvrir des
27:59témoignages passionnants d'entrepreneurs et de voir également en quoi l'écosystème entrepreneurial
28:04est au top en France, vous avez 60 capsules, 60 interviews consultables en replay sur
28:12Bismarck et puis bien sûr sur les plateformes de streaming. Donc je vous remercie, merci pour votre fidélité, merci pour votre attention.

Recommandations