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Le projet de loi de finances 2024 prévoit une nouvelle taxation des concessions aéroportuaires, notamment. Thomas Juin, président de l’Union des Aéroports Français (UAF), et directeur de l’aéroport de La Rochelle, explique pourquoi il y est opposé.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Camille Revel.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, nous parlons du secteur aérien avec notre invité.
00:08 Bonsoir Thomas Jeun.
00:09 Bonsoir.
00:10 Vous êtes président de l'Union des aéroports français, directeur de l'aéroport de La
00:14 Rochelle.
00:15 Le projet de loi de finances, le budget 2024, sera présenté mercredi et le ministre des
00:20 transports l'assure, la contribution supplémentaire du secteur aérien, c'est certain, aura lieu.
00:26 Alors comment ? C'est pas encore défini mais dans les cartons il y a cette hypothèse
00:29 d'une taxe sur les concessions autoroutières et aéroportuaires.
00:33 Est-ce que vous comprendriez la mise en place d'une telle taxe ?
00:36 Écoutez, déjà nous ne connaissons pas exactement les contours encore du texte.
00:41 Alors nous sommes qu'à quelques jours de la présentation en Conseil des ministres,
00:44 ce qui est quand même assez surprenant.
00:45 Mais ce que je peux vous dire c'est qu'en effet il s'agit de lever un nouvel impôt,
00:49 il faut être clair, sur le secteur aérien, de l'ordre de 500 millions d'euros sur 4
00:53 ans.
00:54 Ce sont des chiffres qu'on vous a confirmés ?
00:55 C'est ce qui en effet revient constamment et donc non, nous ne comprenons pas, mais
01:00 c'est surtout un coût porté au secteur aérien alors que nous sortons à peine d'une
01:05 crise sans précédent dans l'histoire de l'aviation.
01:07 Je rappelle qu'en 2020 nous étions à terre, le trafic s'était effondré et que nous
01:12 sortons à peine de cette situation avec un trafic en 2003 qui ne sera pas encore au
01:17 niveau 2019.
01:18 Donc apprendre à la rentrée que l'on va mettre un nouvel impôt sur le secteur aérien
01:23 de 500 millions d'euros, autant vous dire que nous sommes, je ne sais pas quel terme
01:26 employé, abasourdis, sidérés.
01:28 Donc vous êtes convaincu que ce sera ce montant là et que cet impôt sera mis en place ? Les
01:32 arbitrages ne sont pas tous rendus ? Cette taxe là existe ?
01:34 Encore une fois nous n'avons pas de papier sur le sujet, c'est des informations en effet
01:38 qui circulent et on comprend en effet que ce serait de cet ordre là.
01:42 Est-ce que si une telle taxe est mise en place, vous iriez, vous, Union des aéroports français
01:46 devant la justice ? Est-ce que vous l'attaqueriez ?
01:48 Écoutez, encore une fois on attend de voir le texte, on attend de voir la mesure mais
01:53 clairement on se réserve la possibilité d'effectuer un recours juridique en fonction
01:58 de ce qui sortira.
01:59 Alors l'idée était aussi de taxer les concessions autoroutières, est-ce que vous avez l'impression
02:06 de payer aussi pour être à côté des autoroutes ?
02:08 Écoutez, je crois qu'il faut être clair sur le sujet.
02:11 L'État se sert des aéroports aujourd'hui comme supplétifs pour finalement dévier
02:16 de ses engagements vis-à-vis des sociétés autoroutières.
02:19 Parce que ce qu'il faut savoir c'est que c'est un détournement de procédure.
02:23 Il y avait un engagement de neutrativité fiscale, aujourd'hui pour arriver à ses
02:26 fins, finalement l'État se sert des aéroports.
02:29 Donc ce qu'on vit très mal aujourd'hui c'est que nous sommes finalement les victimes
02:33 collatérales d'une situation dans laquelle l'État ne respecte pas sa parole et nous
02:39 considérons ça comme en plus un mépris du secteur, mépris du secteur aérien qui
02:44 ne doit pas être un supplétif, qui est essentiel pour le pays et l'économie.
02:48 Donc encore une fois nous ne comprenons pas et nous sommes extrêmement choqués de la
02:52 situation.
02:53 Vous nous dites que le trafic aérien en 2023 ne reviendra pas au niveau 2019.
02:56 Comment va-t-il le secteur en ce moment ? Est-ce que vous avez des chiffres ?
02:59 Alors en effet il y a une dynamique cet été qui a été relevée par tous.
03:04 Il faut raison garder.
03:05 Moi en tant que président de l'Union des aéroports français, ce que je vois c'est
03:07 la situation suivante.
03:08 Nous avons déjà des situations très contrastées entre les aéroports.
03:11 Certains aéroports sont à la peine, d'autres sont très en dynamique en fonction de la
03:17 nature du trafic.
03:18 Mais ce qu'il faut vraiment retenir c'est qu'après 4 ans pratiquement depuis 2019,
03:24 nous ne retrouverons toujours pas en 2023 le niveau 2019.
03:28 Donc il nous faudra pratiquement 5 ans pour retrouver ce niveau.
03:31 Donc la situation en effet est fragile.
03:33 Elle va dans le bon sens mais elle est encore aujourd'hui très fragile.
03:37 Je vais vous citer ce que dit le ministre des Transports Clément Bonnecet.
03:40 Je cite que les secteurs qui émettent le plus de gaz à effet de serre, la route, l'avion
03:43 vont se décarboner et vont financer les secteurs les moins polluants comme le train.
03:48 Est-ce que c'est un discours que vous entendez vous ?
03:50 Ecoutez, ce discours est en contradiction avec les objectifs qui ont été fixés à
03:56 notre secteur.
03:57 Aujourd'hui l'enjeu c'est quoi ? C'est que le secteur aérien puisse se décarboner
04:01 le plus vite possible.
04:03 Si le gouvernement réduit les ressources, prive les ressources du secteur, clairement
04:09 qu'est-ce que va faire le secteur ? Il va devoir réduire ses investissements, freiner
04:13 sa décarbonation.
04:14 Donc aujourd'hui l'enjeu c'est que le secteur puisse disposer des ressources pour
04:18 sa décarbonation.
04:19 Voilà, après par rapport au ferroviaire, le ferroviaire est assez problématique, des
04:23 enjeux de financement mais le ferroviaire, on le sait très bien, ne constitue pas une
04:27 alternative crédible à l'avion sur l'ensemble des faisceaux.
04:30 Donc nous ce qu'on dit simplement c'est qu'aujourd'hui, avec une mesure de ce type,
04:35 c'est un risque réel que les aéroports décrochent dans leur capacité d'investissement
04:40 pour se décarboner, pour se moderniser.
04:42 Vous avez des échanges réguliers, quotidiens avec le gouvernement, on le rappelle, le
04:46 budget n'est pas finalisé, tous les arbitrages ne sont pas rendus, c'est pour mercredi.
04:49 Est-ce que vous continuez à discuter ? Est-ce que vous essayez encore de les convaincre ?
04:54 Bien sûr, puisque nous sensibilisons le gouvernement sur le fait que les investissements d'aujourd'hui
05:03 préparent la décarbonation de demain et donc tous les aéroports ont un programme
05:07 d'investissement, une feuille de route qui pourrait être mise en cause sur le calendrier
05:12 et qui ralentira le processus de décarbonation.
05:15 Donc oui, nous ne perdons pas espoir de convaincre encore le gouvernement d'être cohérent
05:19 avec la feuille de route de décarbonation du transport aérien.
05:22 Il y avait une autre hypothèse là aussi qu'évoquait Clément Beaune, ça aurait
05:25 été d'alourdir la fiscalité sur les billets d'avion, je parle de conditionnel puisque
05:29 évidemment on le disait, rien n'est réglé.
05:30 Qu'est-ce que vous en pensez ?
05:32 Écoutez, moi je suis perplexe quand j'entends dire aujourd'hui que les billets d'avion
05:37 ne coûtent pas assez cher.
05:38 Déjà les prix de quelques euros dont on parle ce sont des prix d'appel, ce n'est
05:42 pas la réalité des faits.
05:43 Et puis quand même, on nous dit constamment que l'avion est réservé aux privilégiés,
05:49 on a démocratisé ce secteur, la libéralisation du transport aérien en Europe a permis cela
05:53 et aujourd'hui on s'entend dire que l'avion ne coûte pas assez cher alors qu'on offre
05:57 l'accès à l'avion au plus grand nombre.
05:59 Non écoutez, je crois qu'on manque de pragmatisme aujourd'hui en France.
06:02 Moi ce que je note c'est que ce type de mesure, personne ne se bouscule en Europe
06:07 dans les autres pays pour la porter et donc on en appelle à la France.
06:11 Je pense qu'aujourd'hui le secteur aérien, les aéroports sont mal menés et je crois
06:15 que la France, si elle ne revoit pas en effet sa position par rapport à notre secteur,
06:20 va le payer car il ne faut pas oublier que le secteur a des retombées énormes en termes
06:26 d'économie, en termes d'emploi.
06:27 Il ne faut pas sous-estimer l'impact sur les territoires également et donc il est
06:32 essentiel en effet que la France fasse preuve de pragmatisme pour assurer la décarbonation
06:38 de notre secteur.
06:39 Mais qu'on comprenne bien Thomas Jeun, si une taxe sur les concessions autoroutières
06:44 comme aéroportuaires est mise en place ou bien une taxation là aussi supplémentaire
06:49 des billets d'avion, est-ce que ces coûts vont se répercuter sur les passagers ?
06:52 Ah bah écoutez, ça c'est encore une autre question puisque oui, ça pourrait être répercuté
06:57 en fonction de la nature de cette taxe, mais pour vous donner un exemple, aujourd'hui
07:03 il y a tout un modèle économique, toute une régulation qui est instituée dans le
07:07 secteur et donc les aéroports ne peuvent pas par exemple répercuter librement leurs
07:11 coûts.
07:12 On a affaire à une inflation déjà de coûts sur nos aéroports, plus de 10% pratiquement
07:16 partout et donc on ne peut pas déjà répercuter ces coûts sur les compagnies aériennes car
07:20 il y a le principe de la modération tarifaire sur les redevances.
07:23 Donc demain si on nous rajoute un impôt, que va-t-on faire ? Je pense que l'essentiel
07:29 sera une réduction de nos investissements, donc une modernisation des aéroports qui
07:33 étaient prévus qui ne se fera pas, une décarbonation qui se ralentira et donc il est essentiel
07:39 que le gouvernement laisse les marges de manœuvre au secteur pour pouvoir assumer ces coûts.
07:43 Merci beaucoup Thomas Jeun, on entend votre appel sur France Info, vous êtes président
07:47 de l'Union des aéroports français, directeur de l'aéroport de La Rochelle et vous êtes
07:50 notre invité ECO ce soir.
07:51 Merci.

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