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00:00Bonsoir à toutes et à tous, à peine nommés, déjà sollicités.
00:08Michel Barnier, Premier ministre, se voit adresser des lettres ouvertes de la part de
00:12plusieurs secteurs, à commencer par celui que vous représentez, Florence Bertolo, bonsoir.
00:17Bonsoir.
00:18Vous êtes déléguée générale de la Fédération Nationale des Transports Routiers, vous représentez
00:22les patrons du secteur et ce qui vous inquiète, c'est une possible augmentation de la fiscalité
00:28pour le transport routier l'an prochain, expliquez-nous.
00:31En réalité, la vacance politique que nous connaissons déjà depuis plusieurs semaines,
00:36voire plusieurs mois, a finalement retardé un certain nombre de sujets dont on parlera
00:42bien entendu.
00:43Mais au premier rang duquel, la loi de finances, la loi de finances c'est vraiment ce qui va
00:46architecturer le monde économique, notre secteur et tous les autres, et quand on a
00:51des signaux d'alerte sur les finances publiques, comme ils ont été donnés, notamment au
00:55Canada, on s'inquiète un peu de possibles tours de vies en matière fiscale et on sait
00:59que notamment sur un dispositif qui nous est particulier sur le carburant, qui est un taux
01:04minoré de TICPE, il puisse y avoir un rabot.
01:07Et donc ça, ça vous inquiète et du coup vous préférez prendre les devants et écrire
01:11au nouveau premier ministre ?
01:12Absolument, et d'une certaine façon, par rapport à ce qu'on fait d'habitude, on est
01:14même en retard, puisque les lois de finances sont déjà en élaboration au mois de juillet,
01:19or là on sait que tout a pris un peu de retard, donc on a voulu se positionner très vite
01:25vis-à-vis, bien entendu, d'un gouvernement qui reste à constituer, mais aussi des parlementaires
01:29qui auront à discuter de la loi de finances.
01:31Alors, sauf que ce rabot dont vous parlez, vous y avez échappé l'an dernier, ça ne
01:38sera pas possible une deuxième fois, ni une troisième fois ?
01:41Si, c'est possible parce que nous avons recontextualisé le dossier dans un contexte européen.
01:46Parce que vous, en fait, vous bénéficiez d'un remboursement partiel de la TICPE, sauf
01:54qu'à terme, il faut que le prix du carburant soit aligné pour tout le monde d'ici 2030,
01:59c'est la loi climat.
02:00C'est la loi climat qu'il a prévue, exactement, et qu'il a loi prévue en disant qu'il faut
02:04aligner le tarif du gazole, on devait le faire progressivement, sauf qu'en réalité à chaque
02:10fois qu'on a commencé à aborder le sujet, on s'est rendu compte que le coût pour les
02:13transports routiers était très important, un centime de TICPE en plus, c'est 100 millions
02:17d'euros, donc c'est très lourd pour ce secteur, et puis il va y avoir, à partir de 2027,
02:23l'entrée en vigueur du marché européen du carbone, qu'on appelle ETS, je ne rentre
02:27pas trop dans les détails techniques, mais qui va se traduire aussi par une hausse du
02:31prix du carburant, et cette fois-ci aussi pour nous, pour tout le monde, mais aussi
02:34pour nous.
02:35Donc en fait, qu'est-ce que vous préconisez qu'on attend en 2025 ?
02:37En réalité, ce qu'on demande, c'est l'articulation entre ETS et la TICPE pour qu'il y ait une
02:41cohérence, puisque en réalité l'objectif est le même, celui de la lutte contre le
02:45changement climatique, mais il ne faudrait pas que...
02:47Pour qu'on ne finance plus les énergies fossiles, c'est quand même l'idée de ne plus financer
02:52les énergies fossiles.
02:53Absolument, mais l'idée c'est aussi de permettre de financer la transition énergétique,
02:56or ce n'est pas en surfiscalisant qu'on va favoriser les arrêts de gestion.
03:00Alors ce n'est pas surfiscalisant, en l'occurrence, c'est ramener à une fiscalité équitable.
03:03Mais pour nous, c'est une méritation la fiscalité.
03:05Sauf que vous le savez, les équipes de Bercy ont laissé un projet de budget à leurs successeurs.
03:10Michel Barnier, évidemment, peut l'amender, mais en attendant, lundi prochain, les ministres
03:15démissionnaires de Bercy, Bruno Le Maire notamment, iront défendre ce budget 2025
03:19devant la commission des finances de l'Assemblée.
03:21Rien ne laisse présager qu'il y aura des hausses d'impôts.
03:24Ça a été dit par les équipes d'Emmanuel Macron.
03:26Oui, ça a été dit, mais encore faut-il qu'on le vérifie sur pièce, parce qu'on
03:29est quand même, comme on l'a dit, très inquiets des alertes sur les finances publiques.
03:32D'ailleurs, Michel Barnier a dit hier qu'il allait dire la vérité sur le déficit, sur
03:37la dette financière.
03:38Exactement, et on sera très attentifs à ça, sachant que le gouvernement, comme on
03:41l'a dit, reste à constituer.
03:42Est-ce qu'on aura un ministre des Transports ? A quelle échéance ? Parce que c'est aussi
03:45avec cet interlocuteur-là qu'on peut porter un certain nombre de dossiers.
03:49Les équipes administratives le savent, on continue à travailler avec elles, mais justement
03:53l'articulation entre ce mécanisme européen et cette TICPE doit être articulée pour
03:58éviter une inflation massive d'un coup, qui est absolument insupportable pour le secteur.
04:02Alors, vous le connaissez, Michel Barnier, en tout cas de réputation.
04:05Il a été notamment à Bruxelles en charge du dossier du Brexit.
04:09Absolument.
04:10Et on sait que le transport routier a été un des sujets majeurs.
04:13Donc j'imagine que son profil, Florence Bertelot, a plutôt tendance à vous rassurer.
04:18D'autant que nous, nous sommes installés aussi à Bruxelles depuis plus de 25 ans,
04:23puisque une grande partie de la réglementation européenne du transport routier se fait en
04:27Europe.
04:28Oui, bien sûr, on a rencontré Michel Barnier en son temps.
04:31Vous le connaissez ?
04:32On le connaît.
04:33Vous, personnellement, Florence Bertelot ?
04:34Non, pas moi personnellement, parce qu'il a été très sollicité au moment du Brexit,
04:38ça a été un dossier monstrueux, et le transport routier a été d'ailleurs un des derniers
04:43à être vraiment traité, parce qu'il était extrêmement complexe.
04:46Donc il le connaît.
04:47C'est un dossier là, il n'y a pas de raison pour que demain vous ayez une taxe surprise.
04:52Il le connaît, mais Michel Barnier sera Premier ministre dans le cadre d'orientations qui
04:56restent à prendre et sur lesquelles, nous, on sera très en attente, parce qu'il y a
05:00aussi le dossier en parallèle qui est un dossier majeur pour nous, qui est celui de
05:03la transition énergétique, sur lequel on avait déjà engagé des travaux très importants,
05:07et sur lequel on a besoin de faire des investissements majeurs.
05:09Et c'est d'ailleurs pour vous inciter à commencer cette transformation énergétique
05:14qu'il y a normalement cette fiscalité qui doit être...
05:17On n'a pas besoin de nous inciter.
05:18Sauf qu'en attendant, les chiffres sont là, Florence Berthelot, il y a moins d'un pour
05:23cent de camions électriques en circulation en France.
05:25Oui, parce qu'ils sont horriblement chers.
05:26Oui, mais il y a des aides qui existent.
05:29Oui, mais les aides vont être rabotées.
05:31150 millions, c'est ça, pour 2024 ?
05:33Oui, mais c'est très peu.
05:34En réalité, aujourd'hui, un camion diesel, c'est 100 000 euros, un camion électrique
05:37à minima, c'est 350 000 euros.
05:39Donc c'est trois fois et demi de plus.
05:41Donc là, c'est le problème, plus le coût de l'énergie, plus le coût des bandes d'occhages.
05:45Mais à un moment, vous ne pouvez pas dire qu'on ne veut pas de fiscalité en plus, qu'on
05:49ne veut pas contammer tout seul cette transformation ?
05:52Si, bien sûr, parce que si on nous surfiscalise cet argent-là, il n'est pas injecté dans
05:56la transition énergétique.
05:57Donc ce que vous dites, Florence Berthelot, c'est que si on n'a pas cette fiscalité alignée,
06:01en tout cas si on repousse à 2027, quand on aura également une réglementation européenne,
06:06nous, patrons du transport routier, on est prêts à faire les investissements nécessaires,
06:12à condition que l'État nous aide aussi.
06:14On a déjà commencé, et il y a eu heureusement cette année la possibilité d'un appel à
06:17projets de hauteur 130 millions pour aider à financer ces véhicules.
06:22Mais en réalité, maintenant, il va falloir sur les toutes petites entreprises pour lesquelles
06:27changer un camion suppose des aides massives et aussi une augmentation du prix du transport.
06:33Ce sera inévitable.
06:34Donc ce que vous voulez, c'est que ces enveloppes d'aides soient maintenues, qu'elles soient
06:39augmentées dans le prochain budget.
06:40Cela fait partie également du message que vous voulez apporter au prochain ministre
06:47des Transports.
06:48C'est en fonction de l'état des finances publiques.
06:50Nous, déjà, si on pouvait éviter de nous augmenter la fiscalité, ce serait très bien.
06:54Si les aides pouvaient être maintenues, ce serait parfait.
06:56Mais en même temps, nous, on connaît et on voit l'équation budgétaire telle qu'elle
06:59est.
07:00Donc on sera là tout à fait prêts à discuter avec notre ministre en charge le moment venu
07:06pour pouvoir justement voir comment faire cette transition énergétique qui est l'enjeu
07:09de demain.
07:10Merci beaucoup.
07:11Le message est passé.
07:12En tout cas, Florence Bertelot, déléguée générale de la Fédération nationale des
07:15transports routiers, vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.