Bertrand Godinot, directeur général d’Easyjet France, était l'invité éco de franceinfo, le 12 octobre 2023.
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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir, l'invité éco de France Info ce soir est le directeur général d'EasyJet en France.
00:09 Bertrand Godineau, bonsoir.
00:11 Vous avez, comme la grande majorité des compagnies aériennes, suspendu vos vols vers Israël.
00:16 En temps normal, il y a 12 vols par semaine depuis la France vers Israël.
00:19 Quand comptez-vous reprendre ces vols ?
00:21 Tout d'abord, on est très très touchés par la situation qui affecte énormément de gens
00:25 et qui est vraiment d'une violence inouïe.
00:26 Notre priorité c'est vraiment la sécurité des passagers et de nos équipages.
00:31 Donc pour l'instant on regarde ça au jour le jour.
00:33 La situation, comme vous le savez, est très dynamique.
00:35 On n'a pas encore décidé de le reprendre.
00:37 On regarde et dès qu'on le saura, on vous tiendra au courant.
00:40 Et donc suspendu jusqu'à nouvel ordre.
00:42 Jusqu'à nouvel ordre, mais on le renouvelle tous les jours en fonction de l'actualité.
00:46 Alors demain, il y a un mouvement intersyndical sur les salaires en France.
00:50 La Direction Générale de l'Aviation Civile a recommandé d'annuler 40% des vols à Orly.
00:56 Vous EasyJet, vous opérez à Orly. Quel impact ?
00:59 Nous, effectivement, on est obligés de suivre les règles de la DGAC.
01:02 Orly c'est 40%, il y a d'autres aéroports où c'est beaucoup moins.
01:06 Donc nous on fait le maximum pour assurer les vols qu'on peut opérer.
01:10 Mais du coup, ça ne fait pas beaucoup de vols ?
01:12 Donc si, ça fait quand même la vaste majorité des vols, on va pouvoir les opérer.
01:16 Et surtout, ce qu'on fait, c'est de proposer des solutions aux passagers qui sont impactés par ces violations
01:21 pour essayer de les faire passer soit sur un autre aéroport ou un autre horaire.
01:24 Et du coup, combien de vols annulés ?
01:26 Demain, il y aura une soixantaine de vols annulés à la demande de la DGAC.
01:31 À Orly ?
01:32 Enfin, sur la France en général.
01:34 Alors, EasyJet est la deuxième compagnie aérienne en France.
01:36 La première quand on regarde les low cost.
01:38 Vous le savez, il y a une taxe en préparation sur les infrastructures de transport longue durée.
01:44 C'est dans le projet de boite de finances.
01:46 Ce qui est concerné, ce sont les autoroutes et les grands aéroports.
01:49 Charles de Gaulle et Orly, d'où partent, on l'a dit, bon nombre des lignes que vous opérez.
01:53 Est-ce que vous la craignez cette taxe ?
01:55 On ne craint pas la taxe.
01:57 En fait, on essaie de comprendre quel est l'intérêt d'une taxe par rapport à plutôt une incitation.
02:00 On est beaucoup plus motivé par une incitation.
02:02 On a annoncé il y a quelques mois une feuille de route vers du net zéro pour ne plus avoir d'impact carbone.
02:09 On ne pense pas que les taxes ont aidé pour investir dans des nouvelles générations d'avions.
02:14 Au contraire, nous ce qu'on fait, c'est qu'on investit de manière massive.
02:18 On annonce aujourd'hui une commande de 157 avions de nouvelle génération.
02:23 Ces avions-là, ils consomment 15% d'émissions de kérosène par kilomètre et par passager.
02:28 En plus, ils font beaucoup moins de bruit, deux fois moins de bruit au décollage et à l'atterrissage.
02:31 Mais en attendant, cette taxe, elle est dans le projet de loi de finances qui sera débattue à partir de la semaine prochaine dans l'hémicycle.
02:37 Aéroports de Paris a déjà dit qu'elle allait la répercuter sur les compagnies aériennes, donc sur EasyJet notamment.
02:43 Malheureusement, ça va se répercuter sur les passagers.
02:46 On ne voit pas le lien entre une taxe de ce type-là et l'objectif d'un point de vue environnemental.
02:52 Donc, on s'y impose. Mais avant tout, on essaie d'innover.
02:56 Sachant que Ryanair, qui opère à Beauvais, ne sera pas concerné, Ben Smith, le patron d'Air France, parle de distorsion de concurrence.
03:02 Vous êtes d'accord avec ses propos ?
03:03 Nous, on pense qu'il faut relier l'objectif de la taxe qui est environnementale et la réalité.
03:09 Et on pense qu'il n'y a pas de lien entre les deux.
03:11 L'annonce du jour, c'est EasyJet. Vous avez commencé à en parler.
03:14 C'est une grosse commande. 157 avions supplémentaires commandés à Airbus pour un total de 20 milliards en prix catalogue.
03:20 C'est signe de bonne santé, ça ?
03:22 Effectivement, on est vraiment très heureux de cette annonce.
03:25 On ressort de trois années particulièrement compliquées.
03:28 On vient d'annoncer aujourd'hui le meilleur résultat de ce trimestre d'été de l'histoire d'EasyJet.
03:35 C'est une très bonne nouvelle, avec un profit entre 440 millions de livres et 460 millions de livres.
03:40 C'est une bonne nouvelle, avec une croissance de l'activité de 8% en termes de nombre de passagers.
03:45 Mais surtout, ce qui est intéressant, c'est que ça nous permet d'investir dans le futur.
03:48 Ces avions-là, comme je l'ai dit, ils consomment moins, ils émettent moins de kérosène.
03:52 On a aussi augmenté la taille des avions qu'on avait commandés.
03:55 Ce qui permet, c'est de consommer moins, d'avoir plus de passagers dans des avions qui sont plus grands,
03:59 et donc de continuer à minimiser l'impact carbone de chacun de ces trajets.
04:03 Alors, n'empêche que vous en consommez, vous émettez quand même du CO2.
04:08 6,4 millions de tonnes de CO2 l'an dernier, vous avez, en parallèle de cette commande,
04:14 signé un autre contrat avec Airbus pour capter directement le CO2. En quoi ça consiste ?
04:19 Effectivement, Airbus est un gros partenaire industriel d'EasyJet.
04:22 C'est une première, ce type de signature, de contrat.
04:25 En fait, on est la première compagnie low-cost à avoir annoncé une vraie feuille de route vers du net zéro.
04:31 C'est-à-dire la neutralité en 2050.
04:33 Exactement, donc de plus émettre de carbone.
04:36 En tout cas, de compenser.
04:37 Effectivement, pas de compenser, mais de capturer.
04:40 Ce principe, c'est de prendre des espèces de gros ventilateurs qui vont permettre de capturer le carbone,
04:45 de le remettre dans le sol, parce que le carbone vient du sol,
04:47 et on le remet dans le sol pour ne plus avoir cet impact carbone qu'on a encore aujourd'hui.
04:52 En tout cas, en avoir un moins important, parce qu'en parallèle, le nombre de passagers augmente, vous avez dit, +8%.
05:00 Donc, ce que vous voulez, c'est continuer à augmenter le nombre de passagers, mais en compensant au maximum.
05:05 C'est ça l'idée du modèle ?
05:06 Oui, l'idée, il y a plusieurs éléments.
05:08 Il y a une modernisation de la flotte qui permet de réduire les émissions.
05:10 Il y a l'utilisation de biocarburants.
05:13 On pense qu'il y a un gros travail sur le contrôle aérien européen qui permet de gagner 10%.
05:19 Et puis, il y a également une modernisation de tous les logiciels, etc.
05:23 Mais il y a aussi de l'écopédiotage et de la capture carbone, pour ce qu'on n'aura pas encore fait.
05:28 L'objectif étant, d'ici une dizaine d'années, de passer à l'avion à hydrogène,
05:33 et qui permettra de ne plus émettre de CO2 du tout.
05:36 Merci beaucoup.
05:37 Bertrand Godineau, directeur général d'EasyJet en France.
05:41 France. Invitez Echo de France Info ce soir.