Hyppolyte prend les traits de Gustave Mortagne, 154 ans de présence au Sénat, 75 mandats cumulés sous trois républiques, une bonne centaine de thalassos à Quiberon et toujours frais comme un gardon !
Retrouvez toutes les chroniques de Hippolyte Girardot dans « Le grand dimanche soir » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-d-hippolyte-girardot
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00:00 On y va, alors laissons la parole à l'un des principaux concernés.
00:03 Avancez-vous, monsieur le sénateur. Allez.
00:05 Oui, merci, madame la présidente. Merci beaucoup.
00:08 Je me présente, Gustave Mortagne, 154 ans de présence au Sénat, 75 mandats cumulés sous trois républiques,
00:18 quatre pontages, impeccables, une bonne centaine de thalasso à quiberon et toujours frais comme un gardon.
00:25 Alors écoutez, je voulais vous parler de notre travail. Comment vous dire ?
00:31 Enfin, je vais vous parler de ce qu'on a fait cette semaine.
00:34 Par exemple, on a été invité à la plus belle des soirées. Il n'y en a qu'une, la seule, la vraie et l'unique, le dîner à Versailles pour le roi d'Angleterre.
00:42 Et j'ai accompagné mon camarade Gérard Larcher. Il n'aime pas sortir seul.
00:45 Et moi, j'aime bien être avec lui. On s'est régalé.
00:48 Le homard bleu, la volaille verte, le dessert marron.
00:51 Je suis fantastique. On a explosé notre taux de cholestérol. Franchement, on est super.
00:55 Et regardez comment on est en forme. Quatre d'un invité qui se sont précipités pour être là parce que la royauté quand même.
01:01 La royauté, ça a de la gueule. Surtout pour les républicains comme vous, bande d'hypocrites.
01:07 Une belle table de 60 mètres de long dans la fameuse galerie des gaz, 357 miroirs.
01:13 Oh, pour se voir. Mais c'était bien avant les selfies. Mais c'était la même raison, s'admirer. Voilà.
01:19 On nous dit, et les pauvres, avec l'inflation, les punaises de lit et le reste, on aurait pu en inviter des pauvres là-dedans.
01:25 Mais si on invite les pauvres, c'est plus la royauté, c'est la République. Franchement, non.
01:30 Alors j'entends vos critiques, oui. Vous parlez d'une République à deux chambres, dont une qui sert à rien et l'autre à moins que rien.
01:36 Que des vieux, là, au Sénat, qui s'occupent des poneys et des bateaux à voile du jardin du Luxembourg en buvant des vins hors de prix.
01:42 Mais c'est très exagéré. Très, très exagéré. Je ne suis pas d'accord.
01:45 Ils s'occupent aussi des terrains de pétanque et c'est pas rien.
01:49 On nous dit l'âge. L'âge, mais quoi ? L'âge, sans déconner, quoi ? L'âge !
01:54 L'âge, c'est la sagesse, salaud de jeune.
01:57 D'ailleurs, au dîner, on m'a présenté quelqu'un. Tiens, ça me fait penser.
02:01 J'ai cru que c'était une dame, au début, cheveux longs, toutes fines, et puis, paf, satisfaction.
02:07 Je l'ai reconnu, même s'il a pris cher, Mick Jagger. Oh, putain.
02:11 80 balais, le vla qui sautit, comme une jeune fille.
02:15 Je regarde, je lui dis, c'est quoi votre secret pour être là, moi ?
02:18 Je lui demande. Il me fait, depuis 60 ans, on fait la même chanson, ça marche.
02:24 Je lui ai dit, alors ça, mon pote, vous pourriez être sénateur.
02:27 Nous, on fait la même chose depuis 65 ans.
02:30 Merci.
02:32 Yvonne Girardot !
02:33 (Applaudissements)