• l’année dernière
Avec Pierre Leflaive, Responsable transports Réseau action climat et Pierre Chasseray, Porte-parole de l'association 40 millions d'automobilistes

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-09-25##

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News
Transcription
00:00 Il est 9h33, vous êtes sur Sud Radio.
00:03 Les voitures électriques, est-ce que c'est une solution pour les plus modestes ?
00:07 Parce que c'est la question.
00:08 Moi, j'ai entendu hier le président de la République qui nous a sortis,
00:12 j'ai qualifié ça de l'eau de la tombola d'une soirée de charité.
00:17 Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi, les histoires de 100 euros,
00:20 encore 100 euros maxi sur l'année pour un véhicule,
00:23 ça fait, j'ai calculé un plein, à peine un plein, 50 litres de carburant à 2 euros.
00:29 C'est rien, non ? Un jugement tout de suite, messieurs.
00:34 Avec nous, Pierre Lefleuve, qui est responsable transport, réseau, action, climat.
00:40 Et Pierre Chasseret, porte-parole de l'association 40 millions d'automobilistes.
00:43 Messieurs, bonjour.
00:44 Bonjour.
00:45 Alors, 100 euros, c'est un pansement sur une jambe de bois.
00:48 C'est-à-dire que, comme l'année dernière, on va continuer d'aider,
00:52 là c'est bien, c'est un petit peu ciblé, c'est sur les 50% les plus modestes,
00:55 on va aider à acheter du carburant plutôt que de réfléchir plus globalement,
00:59 plus structurellement au problème qui est notre dépendance au véhicule thermique.
01:01 Et moi, j'ai pas entendu le président hier parler de ça,
01:04 et donc on va encore avoir une mesure qui va coûter 1 milliard d'euros à l'État.
01:07 Attendez, parce qu'aujourd'hui, il y a une grande communication du président de la République
01:10 sur tout ce qui est environnemental.
01:12 La communication, tout à fait.
01:14 Oui, peut-être que ça va.
01:16 Déjà, c'est embêtant, parce que je viens d'entendre des bêtises,
01:19 donc il faut déjà que je corrige.
01:20 Je peux déjà même pas avancer des arguments,
01:22 parce que non, ça ne coûte pas à l'État 1 milliard d'euros.
01:25 Désolé, c'est comme ça.
01:27 Il y a un petit cent million...
01:29 Non, non, non, non, non.
01:30 Il faut arrêter d'écouter Bruno Le Maire et de dire, puisque Bruno Le Maire l'a dit, alors c'est vrai.
01:33 D'ailleurs, c'est plutôt l'inverse.
01:35 Ce qui se passe sur les prix du carburant,
01:37 il n'y a quand même pas besoin de sortir de Saint-Cyr ou Normal-Sup
01:39 pour comprendre qu'on a deux impôts sur les carburants.
01:42 La TICPE, une part fixe entre 65 et 70 centimes par litre.
01:47 Ça, c'est immuable, ça bouge pas.
01:49 La TVA, alors écoutez-moi bien, parce que vous allez voir, c'est grandiose.
01:52 Mon fils, il a 4 ans, je pense qu'il a compris.
01:55 Donc, la TVA, c'est 20%.
01:58 20% d'un euro, 20 centimes.
02:00 20% d'euro, 40 centimes.
02:03 2,50 euros, 50 centimes. On est d'accord.
02:05 Donc l'État, ça ne lui coûte pas un milliard en ce moment,
02:10 de mettre un petit peu, enfin, l'aumône pour quelques automobilistes.
02:13 On n'est pas dans le manque à gagner,
02:16 on est dans du trop perçu par rapport à ce qui est budgété.
02:20 Donc arrêtons ce langage d'écolobobo.
02:22 Non, ça ne coûte pas.
02:24 C'est un mensonge et honteux.
02:26 La réalité, c'est qu'aujourd'hui, l'État est en train de faire un petit pactole
02:30 sur les prix des carburants.
02:31 Il faut rendre l'argent à tous ceux qui nous écoutent.
02:34 - La réalité, c'est aussi qu'il faut sortir des énergies fossiles.
02:38 - Ça, c'est une évidence.
02:40 - Non, mais attendez, c'est une évidence ou pas ?
02:42 - Oui, c'est une évidence. Mais quand et sous quel tempo ?
02:44 Et vers quelle énergie ?
02:45 C'est ça qu'on apprend.
02:46 - Alors vous dites oui, il faut sortir.
02:48 D'ailleurs, le président de la République n'a pas fixé de date
02:51 pour sortir des énergies fossiles.
02:53 - Parce que vous savez, j'ai commencé à 40 millions d'automobilistes,
02:55 vous vous en souvenez très bien, Jean-Jacques, c'est vous qui m'avez filé les premiers conseils.
02:59 Donc à l'époque, on était déjà sur la même question.
03:03 Et on n'a pas avancé, parce que l'objectif est sans cesse reculé.
03:06 Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, on se heurte à un mur.
03:08 Le mur, c'est quoi ?
03:09 C'est la capacité des Français à pouvoir acquérir un véhicule
03:12 qui répond à leurs besoins. Point barre.
03:14 - On est tout à fait d'accord là-dessus.
03:16 Et c'est quand même bien de le dire.
03:18 On est tout à fait d'accord là-dessus, c'est qu'aujourd'hui,
03:20 mais c'est pas seulement le véhicule électrique,
03:21 c'est qu'aujourd'hui, l'offre des constructeurs automobiles
03:23 est totalement déconnectée des besoins des Français
03:25 et des besoins de la transition écologique.
03:27 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le prix d'un véhicule neuf,
03:29 il est passé en 10 ans de 20 000 euros en moyenne à 33 000 euros aujourd'hui.
03:33 Et ça, c'est pas seulement le véhicule électrique.
03:35 C'est toute la stratégie des constructeurs automobiles
03:37 qui se déplacent vers des véhicules premium,
03:39 qui sont beaucoup plus chers. C'est les SUV, 50% des ventes l'année dernière, etc.
03:42 Ce sont des véhicules beaucoup plus chers à l'achat.
03:44 Et donc aujourd'hui, les Français ne réinvestissent plus
03:46 dans des véhicules neufs de moins en moins.
03:48 - Bon, alors donc, si j'ai bien compris vous...
03:50 - C'est pas pour ça qu'ils achètent pas des véhicules neufs.
03:52 - Mais vous êtes d'accord tous les deux, c'est pour ça que je conduis ce débat,
03:54 vous êtes d'accord tous les deux, il faut sortir des énergies fossiles.
03:56 - Absolument. - On est bien d'accord.
03:58 - Tout à fait. - Ça veut dire quoi, sortir des énergies fossiles ?
04:00 C'est-à-dire, à un moment donné ou à un autre,
04:02 on va sortir du charbon, on n'utilisera plus de pétrole.
04:04 On est bien d'accord.
04:06 - Oui, mais quand on est sorti du charbon, on proposait une alternation à moindre coût.
04:08 - On sort en 2027, attendez, du charbon en France.
04:10 - Oui, mais plus personne n'a une chaudière à charbon chez lui, donc...
04:12 - Non, mais d'accord, mais on n'exploitera plus de charbon en France en 2027.
04:16 - Mais c'est très bien. - J'ai compris.
04:18 Bon, alors, donc on va sortir du pétrole. On est d'accord.
04:22 - Ça paraît évident. De toute façon, au bout d'un moment, il n'y en aura plus.
04:24 Donc il faudra bien en sortir.
04:26 - Bon, on va sortir du pétrole. Bon, pour rouler,
04:28 on va rouler avec des voitures, hydrogène, électrique...
04:32 - Carburant synthétique, potentiellement.
04:34 - Carburant synthétique, même si, alors attention, ça coûte très cher pour l'instant.
04:36 - Ça coûte très cher pour l'instant.
04:38 - Donc c'est le progrès scientifique qui va nous faire avancer.
04:40 - Bien sûr. Mais c'est pour ça. L'écologie, il y a deux visions.
04:42 - Oui.
04:44 - Vous avez une vision qui est une vision pessimiste.
04:46 - C'est-à-dire ?
04:48 - Qui consiste à dire que pour que quelque chose ne pollue pas, il faut s'en passer.
04:50 Ça ne fonctionne pas. Voilà. Ça ne fonctionne pas.
04:52 Je vois ici, vous venez me parler d'écologie avec un magnifique smartphone.
04:54 Donc au bout d'un moment, ça ne marche pas.
04:56 Donc il faut être cohérent dans ses choix.
04:58 - Qui n'utilise pas un smartphone ?
05:00 - Mais tout le monde l'utilise.
05:02 - Mais c'est pas une critique.
05:04 - Ça y ressemblait.
05:06 - Non, c'est un constat.
05:08 - Vous allez dire qu'il y a deux solutions.
05:10 Une qui est se passer la voiture et une qui est d'avoir des véhicules thermiques.
05:12 C'est pas vrai.
05:14 - Non, non. Vous faites les questions et les réponses. D'accord.
05:16 - Non, mais attendez.
05:18 On sort du fossile.
05:20 Il faut donc trouver d'autres...
05:22 des véhicules qui roulent autrement.
05:24 - Donc il y a une vision optimiste de l'écologie
05:26 qui est basée sur la recherche et développement.
05:28 - Est-ce que j'ai une bonne vision ?
05:30 - C'est une excellente vision. En tout cas, c'est la mienne.
05:32 Mais aujourd'hui, personne
05:34 ne peut vous regarder
05:36 droit dans les yeux et vous dire,
05:38 Jean-Jacques, qu'il sait pertinemment
05:40 quelle sera l'énergie de demain.
05:42 Personne ne le sait.
05:44 - Il faut bien rechercher, il faut bien chercher, il faut bien construire.
05:46 - Mais regardez, à l'échelle mondiale...
05:48 - Est-ce que vous n'êtes pas le premier à regretter
05:50 que les voitures électriques disponibles
05:52 sur le marché viennent de Chine
05:54 ou du Japon ou de Corée ?
05:56 Je vous pose franchement la question.
05:58 - Je voudrais qu'il y ait une offre européenne aussi,
06:00 évidemment, mais...
06:02 - Pas aussi !
06:04 Il faut une offre européenne avant l'offre des constructeurs asiatiques.
06:06 - Écoutez, je vais être totalement transparent
06:08 avec vous. En fait, aujourd'hui,
06:10 quand je regarde ce qui se passe dans le milieu du véhicule
06:12 dit thermique, si on met de côté
06:14 toutes les autres énergies,
06:16 on s'aperçoit qu'il y a différents constructeurs, comme sur les motos,
06:18 en passant d'Honda à Suzuki,
06:20 à Renault, à Peugeot,
06:22 ça s'appelle une offre conturentielle.
06:24 Vouloir à tout prix fermer la porte
06:26 au titre qu'il faut produire
06:28 tout à domicile... - Vous n'êtes pas d'accord
06:30 pour qu'on taxe les voitures
06:32 électriques venues d'Asie ?
06:34 - Non, je suis pour... - De Chine, notamment. - Non, Jean-Jacques, c'est pas ça.
06:36 Je suis pour qu'on ait une vision réaliste.
06:38 Aujourd'hui, on veut une voiture pas chère
06:40 pour les Français, mais qu'on ne peut pas
06:42 produire en Europe. Donc, au bout d'un moment,
06:44 on a un problème. - Pour l'instant,
06:46 on s'organise pour que ce soit différemment.
06:48 - Et je pense que c'est tout le jeu. - Il n'y a qu'un faucon,
06:50 oui, je sais. - D'accord, il y a un point très clair.
06:52 On parle d'écologie réaliste, il faut aussi parler
06:54 de transition juste et de la question des emplois.
06:56 Le secteur automobile, il a perdu 100 000 emplois
06:58 sur les 10 dernières années. - Vous vous demandez pourquoi ?
07:00 - Est-ce que c'est un sujet ? - Exactement, parce qu'il y a
07:02 l'électrification, parce qu'il y a toutes ces stratégies-là.
07:04 Mais là, on est d'accord, c'est qu'il faut anticiper ces transitions.
07:06 Oui, aujourd'hui, le véhicule électrique
07:08 n'est pas accessible pour tout le monde. C'est évident.
07:10 - Oui, il est cher. - Et même, les véhicules neufs sont de moins en moins accessibles pour tout le monde.
07:13 Véhicule thermique et électrique confondus.
07:15 Comment on sort de cette impasse ?
07:17 On essaye d'aller vers ces véhicules populaires
07:19 qu'on savait très bien faire en France, que Renault savait très bien faire en France.
07:21 - Électriques populaires. - Électriques populaires, exactement.
07:24 - Donc, il faut fabriquer les batteries ici ? - Absolument.
07:26 - En France ? - Il faut relocaliser toutes les parties
07:28 de la production sur le continent européen
07:30 et quand c'est possible, en France.
07:32 Et avoir, là aussi, d'autres stratégies que ça a des constructeurs
07:34 aujourd'hui, qui vendent moins de voitures avec des marges
07:36 beaucoup plus importantes. Si on prend l'exemple
07:38 de la Dacia Spring.
07:40 - La Dacia Spring, elle est fabriquée en Chine.
07:42 - Elle sera taxée.
07:44 - Elle sera taxée. Il faut, du coup, avoir
07:46 l'équivalent d'une Dacia Spring, mais qui soit
07:48 produite en Europe. Et ça, c'est tout à fait possible.
07:50 Le Japon, par exemple, qui a des coûts de main d'oeuvre
07:52 qui sont assez proches des nôtres, font ce qu'ils appellent
07:54 les Ki-Cars, qui sont des petits véhicules
07:56 qui se vendent à 17 000 euros
07:58 et qui fonctionnent très très bien au Japon.
08:00 On pourrait tout à fait faire la même chose en France et en Europe
08:02 avec un véhicule populaire, qui soit
08:04 produit en France, électrique, accessible
08:06 et après beaucoup moins sur le visage aussi.
08:08 - Moi, je voudrais m'adresser à la France qui ne prend pas la ligne 1
08:10 du métro à Paris. C'est-à-dire, en gros,
08:12 il y a un million de Parisiens qui n'ont pas de voiture
08:14 et il y a en gros 66 millions
08:16 de Français qui potentiellement nous écoutent
08:18 en ayant les yeux exorbités.
08:20 Pourquoi ? Parce qu'il faut sortir de cet
08:22 idéal du tout petit véhicule
08:24 qui fait des tout petits trajets avec des toutes
08:26 petites autonomies pour un tout petit prix.
08:28 Les Français ont besoin d'une voiture
08:30 pour se déplacer, pour aller en vacances,
08:32 pour aller au boulot, pour se rendre en famille.
08:34 C'est la première fois dans l'histoire de la mobilité
08:36 qu'on demande aux gens de payer plus cher
08:38 quelque chose qui est moins performant.
08:40 C'est comme ça. C'est moins performant
08:42 par rapport au prix. - Aujourd'hui ?
08:44 - La vraie question, Jean-Jacques, c'est celle-là.
08:46 - Mais oui. - C'est aujourd'hui.
08:48 - C'est pour ça que l'écologie
08:50 par la réindustrialisation,
08:52 c'est peut-être la meilleure des
08:54 solutions. - Peut-être. Mais à une
08:56 seule condition, Jean-Jacques, qu'on ne confonde pas
08:58 le demain politique et le
09:00 demain de l'automobiliste. - J'oublie la politique.
09:02 - Non, non, le demain politique, c'est une vision.
09:04 C'est-à-dire qu'on a une vision de réindustrialisation
09:07 par l'écologie, etc. - C'est de l'emploi ?
09:09 - Mais j'en suis convaincu !
09:11 C'est pas ça la question. La question, c'est
09:13 qu'est-ce qu'on répond à celui
09:15 - en fait, Jean-Jacques qui sort de
09:17 Suid Radio et qui va aller faire son
09:19 plein et qui va avoir 2,50€ et je vous le dis,
09:21 on garde la bande, bientôt 3€ le litre.
09:23 Qu'est-ce qu'on va dire à tous
09:25 ces Français à qui on demande de faire des économies
09:27 pour acheter un véhicule, qu'ils ne peuvent pas s'acheter,
09:29 qu'ils ne répondent pas à leurs besoins,
09:31 avec un tarif à 3€ le litre. - Ça, c'est l'immédiateté.
09:33 - Et voilà. - Exactement.
09:35 Tout l'enjeu, c'est d'être capable d'anticiper sur cette question.
09:37 Et c'est parce qu'on a mis trop de temps
09:39 à lancer cette transition-là, parce qu'on a 10 ans de retard
09:41 par exemple sur les véhicules chinois, etc.
09:43 qu'aujourd'hui on est dans cette situation de dépendance
09:45 du véhicule thermique. Ils sont capables de faire des véhicules
09:47 - On fait ça bien avant nous. Pourquoi ?
09:49 - Il y a aussi un autre problème, c'est qu'il faut avoir conscience
09:51 de quelque chose. Quand nous, et
09:53 j'entends les propos d'Emmanuel Macron,
09:55 c'est pas idiot ! Mais maintenant, on va faire un pro-rata.
09:57 Pour faire simple, quand la Chine
09:59 investit 10 sur la recherche et développement sur l'électrique,
10:05 nous, on investit 1.
10:07 C'est-à-dire que le retard, il va continuer à se creuser.
10:11 - Mais non ! Sauf si on investit plus.
10:13 - Et là, on n'investit pas plus. - Et il est 9h43.
10:15 A tout de suite, on va continuer ce débat.
10:17 - Sud Radio, Parlons Vrai chez Bourdin,
10:21 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
10:23 - Bien, il y a une mesure
10:25 dont on parle depuis bien longtemps,
10:27 qui est cette fameuse voiture électrique
10:31 en location, 100 euros par mois.
10:33 On attend toujours, peut-être que le Président de la République
10:35 va en parler cet après-midi.
10:37 C'est une solution, 100 euros par mois
10:39 pour une voiture électrique ?
10:41 - La promesse, elle est top. Maintenant, en étant honnête,
10:43 à moins de faire de la magie,
10:45 à moins qu'Emmanuel Macron se transforme en panoramique,
10:47 je ne vois pas comment c'est possible.
10:49 Il faut rappeler quand même que la location
10:51 d'une batterie électrique sur un véhicule,
10:53 c'est 80 euros, 89 euros par mois
10:55 pour un petit véhicule. Il reste 10 euros pour la voiture.
10:57 Donc j'ai peur que ce soit une œuvre conditionnée
10:59 à un certain kilomètreage,
11:01 qui ne répond pas aux besoins des Français,
11:03 et qui fasse dépasser le score,
11:05 et donc qui fasse taper un peu sur la facture à la fin.
11:07 - On va voir à quoi ressemble cette annonce.
11:09 Ça fait longtemps qu'on en parle,
11:11 mais le sujet, c'est qu'il y a beaucoup d'annonces et pas assez d'actions.
11:13 Et là, je pense que c'est encore un très bon exemple
11:15 où sur le papier, ça semble répondre à certains critères,
11:17 le fait d'avoir un véhicule accessible, etc.
11:19 Mais pour se donner les moyens d'atteindre les objectifs
11:21 et les annonces...
11:23 - L'idée très bonne,
11:25 aider ceux qui sont les plus modestes,
11:27 notamment dans les campagnes,
11:29 à s'équiper d'une voiture électrique
11:31 à 100 euros par mois,
11:33 c'est une bonne idée.
11:35 - Moi j'ai une autre question.
11:37 - On est tous d'accord.
11:39 - On se veut de sorte.
11:41 - Je sais, il va nous parler des bords.
11:43 - Non, non, non, je ne veux pas.
11:45 Mais non, Jean-Jacques, je sais qu'on se connaît depuis un moment.
11:47 - Oui, ça fait longtemps.
11:49 - Il y a un moment où on était d'accord quand même.
11:51 - Mais moi je suis d'accord sur beaucoup de choses.
11:53 - Alors Jean-Jacques, un point.
11:55 Je me suis amusé à faire un petit truc au bureau,
11:57 parce que je me suis posé la question, j'avais une heure à perdre.
11:59 Je me suis dit, bon, pour posséder un véhicule électrique,
12:01 il faut pouvoir le recharger. Vous allez voir qu'on n'est pas loin de la borne.
12:03 Mais j'ai pensé à autre chose.
12:05 Je me suis dit, vous connaissez ces petits villages où on passe,
12:07 ces villes où on passe, et vous avez des maisons de villes.
12:09 Ces maisons de villes, vous n'aurez pas de borne devant,
12:11 parce qu'il y a un trottoir, et vous ne pouvez pas laisser des câbles
12:13 qui dépassent sur le trottoir.
12:15 C'est d'ailleurs totalement interdit.
12:17 J'ai regardé la cartographie de ce que je vais appeler
12:19 la compatibilité véhicule électrique.
12:21 Je me suis rendu compte que dans certaines communes,
12:23 tiens, on va partir à 7 dans les roues,
12:25 vous avez 60% des cétois
12:27 qui ne possèdent pas
12:29 de place de stationnement.
12:31 Donc concrètement, 60% des cétois
12:33 qui ne peuvent pas recharger leur voiture.
12:35 Qui ne peuvent pas accéder à un véhicule électrique.
12:37 Puisqu'ils ne peuvent pas répondre à leurs besoins.
12:39 À quoi sert un véhicule électrique que vous ne pouvez pas charger ?
12:41 - C'est évident qu'il faut
12:43 conjuguer à l'installation de borne.
12:45 - Je pense que c'est un peu peut-être
12:47 le problème qu'on a sur ce débat,
12:49 c'est qu'on parle de la situation actuelle
12:51 sans se projeter sur l'avenir.
12:53 Et c'est justement parce qu'on s'est trop concentré
12:55 sur les limites de la situation actuelle,
12:57 sans essayer d'anticiper les difficultés à venir
12:59 qu'on est dans la situation dans laquelle on est aujourd'hui.
13:01 - Ça, c'est pas faux aussi.
13:03 - Et on ne met pas la charrue avant les pneus, c'est comme ça.
13:05 - C'est beaucoup plus concret, ça c'est une belle formule,
13:07 mais soyons très concrets.
13:09 Anticiper, ça veut dire construire et se dire
13:11 par rapport aux objectifs, comment on y arrive.
13:13 Et aujourd'hui, on est très clair pour dire que l'avenir,
13:15 c'est pas des SUV thermiques.
13:17 Vous l'avez dit, le pétrole va disparaître, il va falloir trouver des alternatives.
13:19 - Vous avez un problème avec les SUV quand même ?
13:21 - Moi j'ai pas de problème personnellement,
13:23 mais tous ceux qui essayent de charger de véhicules
13:25 et qui sont obligés d'acheter des véhicules à 40 000 euros
13:27 parce que c'est le choix des constructeurs d'aller vers du haut de gamme,
13:29 eux ils ont un problème. Ceux qui payent leur carburant de 2,50 €
13:31 et qui aujourd'hui n'ont pas de l'alternative à leur véhicule thermique,
13:33 eux ils ont un problème.
13:35 - Une petite leçon d'économie,
13:37 les Français achètent...
13:39 - Soyons très concrets sur ce qu'on parle.
13:41 - Les Français achètent un produit, c'est pas un constructeur
13:43 qui oblige et qui met le couteau sous la gorge
13:45 d'un Français pour aller vers un type de véhicule.
13:47 Aujourd'hui, vous aimez pas les écologes
13:49 parce que vous savez que les SUV,
13:51 il y a un problème avec ça, il va falloir quand même le régler.
13:53 - Moi je sais pas.
13:55 - C'est tous les scientifiques qui travaillent sur ces questions-là
13:57 qui disent que le SUV aujourd'hui,
13:59 c'est une augmentation de la consommation de carburant
14:01 donc c'est aussi plus cher à l'usage pour l'ensemble des Français.
14:03 Aujourd'hui on a un SUV, le plein à 2,50 €
14:05 il fait particulièrement mal.
14:07 - Mais quand on a trois enfants, au bout d'un moment, une poussette dans le coffre,
14:09 il faut reconnaître qu'il faut une voiture qui a de la place.
14:11 C'est comme ça.
14:13 - Et bien ça c'est une petite partie des besoins, c'est 50% des ventes l'année dernière.
14:15 Est-ce que c'est la situation de 50% des gens en France ?
14:17 Je ne pense pas.
14:19 - Alors j'ai une autre question
14:21 à vous poser pour sortir du débat.
14:23 Est-ce que les constructeurs automobiles
14:25 dans leur ensemble
14:27 finalement
14:29 font de la mauvaise volonté ?
14:31 Est-ce qu'il y a, de la part des constructeurs automobiles,
14:33 mauvaise volonté ?
14:35 Les constructeurs ne voulant pas rendre la voiture électrique abordable ?
14:37 - Quelque part, les constructeurs,
14:39 ils font des choix
14:41 et c'est leur rôle de stratégie économique.
14:43 - Vous croyez que...
14:45 - Vous voulez que je parle en langue de bois ?
14:47 - Oui, ils n'ont rien à faire du besoin des Français.
14:49 - Sans aucune langue de bois, on va être très honnête,
14:51 la voiture électrique, elle est fiable.
14:53 C'est de l'électricité.
14:55 Donc qu'est-ce qui se passe ? Il y a moins d'entretiens.
14:57 Le constructeur, lui, il veut garder son chiffre.
14:59 Donc qu'est-ce qu'il va faire ?
15:01 - Surtout qu'il gagne beaucoup d'argent sur l'entretien.
15:03 - Évidemment, mais c'est une évidence
15:05 que le véhicule électrique, vous le payez plus cher à l'achat
15:07 parce que ça compense l'absence d'entretien sur ce type de véhicule.
15:09 On est d'accord.
15:11 C'est une vraie problématique.
15:13 - Donc il y a une volonté des constructeurs automobiles
15:15 de ne pas rendre abordable la voiture électrique.
15:17 - Mais que les constructeurs fassent des choix stratégiques
15:19 économiques, c'est pas nouveau.
15:21 - La question c'est quel est le rôle des pouvoirs publics là-dedans.
15:23 C'est justement d'engager ce rapport de force
15:25 avec les constructeurs pour que cette offre des constructeurs
15:27 elle soit pas en adéquation uniquement
15:29 avec les intérêts des actionnaires, mais avec les besoins des Français
15:31 et la transition écologique.
15:33 Et comment on arrive à rétablir ça ?
15:35 Il y a les politiques publiques, il y a la question du malus poids, du bonus écologique,
15:37 etc. Et puis il y a aussi un rapport de force
15:39 qui doit être entrepris avec les constructeurs
15:41 pour réorienter cette offre vers des plus petits véhicules.
15:43 - Oui, encore faut-il que nous réindustrialisons la France
15:47 pour fabriquer en France
15:49 tous les composants d'une voiture électrique.
15:51 - Exactement, et regardez, il y a une demande, pardon,
15:53 la Dacia Spring, alors elle est fabriquée en Chine
15:55 mais une Dacia qui serait fabriquée en France
15:57 avec les mêmes prix que la Dacia Spring,
15:59 elle se vendrait très très bien. Et puis, sans aucun marketing,
16:01 regardez combien un constructeur a investi aujourd'hui
16:03 pour vendre ses SUV.
16:05 Ça lui coûte extrêmement cher en communication et marketing.
16:07 - Elle serait pas vendue puisqu'on n'a pas de fabrique de batterie.
16:09 - Déjà si, il y en a une qui a été lancée, oui.
16:11 - On commence à en avoir un petit peu.
16:13 - Au moins une. - On peut dire qu'il faut réaligner tout le monde.
16:15 - Mais bon, avant que ça tourne à plein régime,
16:17 ça tourne à plein régime.
16:19 - Le problème de cette voiture électrique,
16:21 c'est qu'encore une fois, on reste
16:23 focal là-dessus. Et moi je ne sais pas
16:25 si c'est l'énergie de demain. J'ai entendu le président
16:27 hier prononcer quelques mots sur les chaudières.
16:29 Vous allez voir, le logement,
16:31 la voiture, tout ça c'est lié.
16:33 Il a mis en avant le fait qu'il n'allait pas
16:35 interdire les chaudières à gaz. - Pour l'instant.
16:37 - Et il a expliqué que c'était
16:39 une excellente
16:41 transition. Voilà, j'ai retenu ça.
16:43 Et je me suis dit, bah tiens,
16:45 aujourd'hui j'ai eu vent
16:47 d'une entreprise française qui se monte
16:49 et qui va permettre de
16:51 rétro-gazer, c'est-à-dire de prendre
16:53 une motorisation essence
16:55 ou diesel
16:57 et de la transformer pour en faire
16:59 un véhicule gaz.
17:01 C'est une excellente solution de transition
17:03 qui permet d'économiser
17:05 en carburant. 90 centimes le litre,
17:07 vous surconsommez un peu, donc voilà.
17:09 Mais c'est toujours mieux que 2,50 ou 3 euros.
17:11 C'est beaucoup moins polluant.
17:13 Évidemment, il y a un coût,
17:15 mais le coût est amorti dans le temps.
17:17 Ça, pour moi, c'est une solution concrète
17:19 pour les Français. - Mais il y en a plusieurs.
17:21 - Bien sûr qu'il y en a plusieurs. Mais vouloir
17:23 mettre tous ses oeufs dans le même panier
17:25 en mettant en place une promesse
17:27 d'un véhicule français qui sera
17:29 à 100 euros par mois électrique,
17:31 c'est pas vrai. Donc à quoi ça sert
17:33 de continuer à mentir, puisque
17:35 ce n'est pas possible et pas vrai
17:37 pour l'instant.
17:39 - Il y a une question de pragmatisme. C'est-à-dire que
17:41 moi, je ne vais pas me permettre de donner des leçons d'économie,
17:43 mais les économies d'échelle, c'est un vrai sujet.
17:45 Et aujourd'hui, si on veut être compétitif face aux véhicules chinois,
17:47 les véhicules chinois, ils ont fait un choix clair.
17:49 Et les États-Unis sont en train de faire des choix clairs aussi
17:51 sur quel va être leur industrie automobile
17:53 de demain. Nous, on a pris beaucoup de retard sur ce choix.
17:55 Mais là, au moins l'Europe,
17:57 elle a fait un choix clair. C'est celui du véhicule électrique.
17:59 100% des véhicules vendus en 2035
18:01 seront des véhicules électriques. Et maintenant,
18:03 il faut mettre tout en œuvre pour que cet objectif
18:05 ne soit pas seulement une utopie, mais qu'il soit
18:07 réalisable et qu'il ne prive pas les Français
18:09 d'accès à la mobilité. Et donc, là, on a
18:11 un objectif cohérent. Et donc,
18:13 plutôt que de se perdre dans plein de
18:15 solutions différentes qui vont demander des
18:17 investissements R&D très importants, qui vont demander
18:19 des filières différentes, etc., il faut être
18:21 cohérent, avoir un objectif et le suivre.
18:23 C'est celui du véhicule électrique.
18:25 C'est son notaire diversé. Ça a été le choix de l'Europe.
18:27 Maintenant, il faut être dans ce cadre
18:29 le plus compétitif possible. - J'ai une question.
18:31 - Et le plus efficace possible. - Je voudrais vous poser une question
18:33 si Jean-Jacques me le permet. - Mais oui.
18:35 - C'est quoi votre voiture, M. Leflemme ?
18:37 - Moi, je vis à Paris.
18:39 Donc, je peux me passer d'une voiture.
18:41 Mais ce n'est pas le cas de millions de Français. - Moi aussi.
18:43 - J'ai maintenant ma réponse.
18:45 Donc, on est très clair. On est sur
18:47 un tout petit pourcentage
18:49 de la population qui veut
18:51 dicter son modèle au reste de la population.
18:53 - Mais non. Absolument pas. - Ça ne fonctionne pas.
18:55 - Mais à partir du moment où il y a des transports
18:57 en commun... - Mais ils ne sont pas là.
18:59 Vous habitez à Saint-Ulphas dans la Sarthe, vous allez voir les transports
19:01 en commun. Vous pouvez attendre
19:03 longtemps devant la porte. - On aura encore besoin
19:05 d'une voiture demain. Est-ce que j'ai eu un discours caricatural
19:07 à cette question ? Pas du tout. - On a évidemment
19:09 besoin d'un véhicule électrique. - Pourquoi je parle de transition
19:11 vers le véhicule électrique ? C'est parce qu'on aura encore besoin d'une voiture
19:13 demain. Et justement, cette voiture, elle doit
19:15 répondre à des besoins. C'est vous qui le dites et on est
19:17 d'accord là-dessus. Le besoin des Français,
19:19 ce n'est pas de devoir payer extrêmement
19:21 cher dès que les prix d'énergie augmentent, dès que les prix
19:23 du pétrole augmentent. - Je suis d'accord. Ce n'est pas de se faire
19:25 taxer à 1,20€ sur un litre de carburant.
19:27 - Être dépendant des prix du pétrole, c'est pas juste.
19:29 - En France, Emmanuel Macron, vous êtes français, c'est pas juste.
19:31 - Oui, enfin là, on est dépendant des taxes en ce moment, pas des prix du pétrole.
19:33 - Oui, mais aussi des prix du pétrole.
19:35 - C'est une évidence. - De la Russie saoudite
19:37 ou de la Russie. - Non, mais ça aussi, c'est un gros
19:39 mensonge, cher Emmanuel Macron. Désolé,
19:41 hier, mais non, ce n'est pas 50% en ce moment
19:43 le prix des taxes. On est, grosso modo,
19:45 si aujourd'hui, on effaçait toutes les taxes
19:47 sur le prix du carburant, il sera
19:49 environ à entre 80 et 90 centimes
19:51 le litre. - Oui, mais ces taxes, elles servent à quoi ? Vous avez l'impression
19:53 qu'il y a trop de recettes d'État pour l'instant ?
19:55 Que l'État a trop d'argent à dépenser pour aider les Français ?
19:57 - Ok, alors on y va sur les chiffres, je suis désolé.
19:59 - Désolé, on supprime toute l'État. - 32 milliards d'euros de recettes
20:01 des carburants il y a 10 ans, aujourd'hui, on est à
20:03 44 milliards, peut-être 50 milliards l'an prochain.
20:05 Bon, on va peut-être arrêter de nous faire les poches aussi, quand même.
20:07 - Bien, il est 9h56.
20:09 Merci d'être venus,
20:11 tous les deux.
20:13 Merci pour ce petit débat.
20:15 Vous avez votre avis sur la question,
20:17 mais on aura l'occasion d'en reparler.
20:19 Demain, je recevrai, à 8h30,
20:21 et c'est important parce qu'on va beaucoup parler
20:23 de logements, j'en suis certain,
20:25 à travers les annonces écologiques du président de la République,
20:27 je recevrai le ministre du logement.
20:29 Et on parlera logement.
20:31 C'est un sujet que les médias abordent peu,
20:33 ce que je regrette vraiment.
20:35 Il est 9h56.
20:37 Merci d'être avec nous. Allez, après
20:39 les informations,
20:41 Valéra Expert et Gilles Gansman
20:43 reçoivent le journaliste
20:45 François-Xavier Ménage.
20:49 Sud Radio, parlons vrai
20:51 chez Bourdin, 9h10,
20:53 Jean-Jacques Bourdin.

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