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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mercredi, il revient sur l'hommage gênant du Parlement canadien à un ancien soldat nazi.

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Transcription
00:00 l'édito international sur Europe 1. Bonjour Vincent Herouette.
00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - On va au Canada avec vous ce matin, trois jours après avoir reçu Volodymyr Zelensky,
00:09 le président du Parlement canadien se résigne à démissionner. Que se passe-t-il ?
00:13 - Alors c'est la chute spectaculaire d'un acrobat professionnel.
00:17 Ça fait 20 ans qu'Antony Rotta est député, il connaît les ficelles du métier, la loi du spectacle,
00:22 et c'est d'ailleurs comme ça qu'il s'est hissé au sommet.
00:25 Vendredi, il accueille à la Chambre des communes Volodymyr Zelensky, vedette mondiale en chandail kaki,
00:31 accompagné de sa femme et du Premier ministre Trudeau.
00:35 Antony Rotta tutoie l'histoire.
00:37 Pendant son discours, il fait un grand geste vers les galeries où se presse le public
00:43 et il désigne au parlementaire, au télé, un vieux monsieur de 98 ans,
00:50 un vétéran originaire d'Ukraine qui a combattu les Russes et qui le présente comme un héros ukrainien,
00:56 un héros canadien, et nous le remercions tous pour son service.
01:01 Les parlementaires se lèvent, un tonnerre d'applaudissements, sous l'ovation,
01:05 le vétéran est visiblement embarrassé, grand moment de théâtre parlementaire,
01:10 apothéose d'Antony Rotta et chute brutale.
01:14 Les amis du centre Simon Wiesenthal révèlent que Jaroslav Unka est un ancien Waffen-SS,
01:22 il a servi dans la division Galicie, la presse embraye Illico, on vient d'applaudir un nazi,
01:28 les parlementaires se disent humiliés, Justin Trudeau dénonce un acte inacceptable,
01:33 Antony Rotta beau s'excuser pendant trois jours, les partis réclament sa démission,
01:38 le ministre des affaires étrangères aussi, et hier soir, enfin, Rotta se fait harakiri, il démissionne.
01:44 - Bon, il fallait au moins cela pour laver l'honneur du Canada, c'est la fin de cette histoire, Vincent ?
01:48 - Ben l'histoire n'a pas de fin morale, sauf dans les films, et l'histoire est complexe, surtout à l'Est.
01:54 Jaroslav Unka avait raconté sa guerre, on exhume son blog,
01:58 les canadiens découvrent la vie d'un gamin ukrainien au temps des soviets,
02:01 dont la famille a survécu à la famine, aux déportations en Sibérie,
02:06 et qui voit arriver les allemands comme des chevaliers teutoniques, venus les libérer de la tyrannie.
02:11 Il a 16 ans, il s'enroule, il écrit que ce sont les plus belles années de sa vie,
02:16 il parle des deux années pendant lesquelles un génocide est perpétré contre les juifs,
02:20 et deux millions d'Ukrainiens réduits en esclavage, il prétend qu'il ne savait rien.
02:25 Les spécialistes ergotent, la division Galicie n'a pas participé à l'Holocauste,
02:30 en revanche, elle a massacré des villageois, notamment en Pologne,
02:33 d'ailleurs, Varsovie réclame qu'on lui livre Jaroslav Unka.
02:37 Les canadiens réalisent que plus d'un million d'Ukrainiens a débarqué après-guerre,
02:43 que les anciens nazis n'ont jamais été inquiétés, qu'il y a deux monuments
02:47 à la gloire de la division SS Galicie au Canada,
02:50 comme il y a d'ailleurs désormais des statues du nationaliste Stéphane Bandera en Ukraine,
02:54 bien qu'il soit responsable de pogroms massifs.
02:57 - Mais quelle est la morale de cette affaire, Vincent ?
02:59 - D'abord, on reste sidéré par ces parlementaires qui font une ovation à un homme
03:04 qui s'est battu contre l'armée rouge en Ukraine, sans réaliser qu'il était forcément aux côtés des nazis,
03:09 et qu'il se battait contre les alliés.
03:11 C'est évident, et pourtant, ils se sont levés comme un seul homme,
03:15 pour applaudir le nationalisme ukrainien.
03:19 La commission européenne s'est inquiétée hier du lavage de cerveau
03:22 auquel les russes procèdent sur les réseaux sociaux avec les usines à troll
03:26 au service du Kremlin, et tout ça est vrai.
03:29 A l'évidence, la diabolisation de Poutine, la peur et le mépris qu'inspirent la Russie,
03:36 la voici les mémoires.
03:38 - Signature européen, Vincent Ervoet à méditer tout ça.
03:41 Merci beaucoup Vincent, c'est heure 46.

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