La nouvelle campagne de pub de la radio RTL dans la presse a interpellé Cyril Lacarrière.
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique
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00:00 Et c'est l'édit aux médias, Cyril Lacart hier. Ce matin, Cyril, une campagne de pub qui vous a interpellé.
00:06 Amandine Bégaud et Yves Calvi sur une pleine page. Dans le Figaro hier, les deux présentateurs de la matinale de RTL.
00:12 En haut, une promesse. Si vous êtes de droite, l'info, c'est sur RTL. Rebelote de page plus loin, avec les humoristes de la station.
00:19 Si vous êtes de droite, l'humour, c'est sur RTL. Il y a même Alex Vizorek, du coup, promesse tenue. Libération maintenant.
00:26 Et revoilà, page 7, les deux mêmes, avec cette fois, une autre accroche. Si vous êtes de gauche, l'info, c'est sur RTL.
00:32 Même chose pour les humoristes, et ils n'ont pas enlevé Vizorek. Si je vous en parle ce matin, sur France Inter, en plus, c'est déjà que le coup de pub est réussi.
00:39 Et franchement, c'est vrai, c'est marrant.
00:40 Et alors, quel est le message ?
00:42 Et bien, si vous dites que vous parlez aux gens de droite et de gauche, et bien, c'est que vous parlez à tout le monde.
00:46 C'est une réponse aussi aux France Inter, n'est ni de droite, ni de gauche, d'Adèle Vendrette l'année dernière.
00:51 A la question de savoir si Inter se RTLisait, la directrice d'Inter avait répondu que c'était absurde car nous sommes libres, indépendants, impertinents, fin de citation.
01:01 Et ça avait un peu énervé RTL.
01:03 Passée cette bisbis, ce qui est intéressant, c'est qu'en faisant ça, RTL politise son identité.
01:10 Bien sûr, si vous lisez les deux journaux, vous comprenez la blague.
01:13 Mais qui sont les français qui lisent à la fois Libération et Le Figaro ?
01:17 Pas grand monde, à mon avis.
01:18 Nous, les journalistes.
01:20 Voilà. Donc derrière, quand même, ce simple coup de com', la radio prend le risque d'afficher une couleur politique.
01:26 Je parle de risque car RTL, c'est une station populaire, au sens noble du terme, une sorte de mère sans étiquette des médias.
01:33 Mais ça raconte aussi quelque chose de l'ère du temps dans les médias.
01:36 À savoir, Cyril ?
01:37 Qu'il y a une prime à se politiser.
01:39 Le paysage médiatique français est en train de se redessiner.
01:42 Aux médias généralistes s'opposent des médias d'opinion.
01:45 Et en ce moment, c'est eux qui ont le vent en poupe.
01:47 Est-ce que ce sont eux qui divisent la société ? Est-ce que c'est la société fracturée qui leur permet de prospérer ?
01:53 Toujours est-il que les planètes s'alignent.
01:55 Donc, comme ça marche, des médias généralistes ont la tentation de s'y mettre.
01:59 Et puis, quand ils ne le font pas, on les accuse de manquer de pluralisme.
02:02 Et là, vous avez un exemple.
02:03 Oui, ce matin dans les kiosques, le nouveau numéro de Causeur, hebdomadaire à la ligne très conservatrice.
02:09 Elisabeth Lévy interroge Delphine Arnot, la patronne de France Télé.
02:13 Si je résume, la journaliste reproche à l'auditoire visuel public d'être partisan.
02:17 Et qu'est-ce qu'elle propose ? De confier une émission à Eugénie Bastier, éditorialiste très à droite.
02:21 Ou d'inviter Gilles-William Golnadel, avocat devenu obsédé par l'islam et qui adore nous écouter.
02:27 Si on suit le raisonnement d'Elisabeth Lévy, c'est en politisant à l'extrême les antennes de France Télé qu'on respecterait le pluralisme.
02:33 Et bien, elle se trompe.
02:35 Comme si désormais, tout était politique.
02:37 Est-ce qu'un média grand public peut encore rester apolitique ?
02:40 L'enjeu des médias généralistes, il est là.
02:43 Ne pas céder à la pression des médias d'opinion et garder la tête froide.
02:47 de la carrière. Merci.