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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Mireille Dumas, animatrice, pour "Les années Mireille Dumas - Les artistes et la famille" qui sera diffusé vendredi en prime à 21h10 sur France 3.
Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
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NewsTranscription
00:00 -J'ai pas toujours trouvé les mots
00:02 Pour verser tes rêves d'enfant
00:05 Ensemble, on est devenus grands
00:09 -Je suis quelqu'un de très instable,
00:11 vraisemblablement, par mon enfance.
00:14 -Pères absents, inconnus ou défaillants,
00:16 ils sont nombreux à m'avoir raconté ce manque dans l'enfance
00:20 qui les a marqués à jamais.
00:21 -On a vécu notre enfance dans la clandestinité.
00:24 Ca veut dire qu'on savait qu'il fallait pas
00:26 qu'on sache qu'on existe.
00:28 -Je m'étais père et je riais.
00:30 Je me cachais.
00:31 -Le seul rôle qu'il ait jamais joué,
00:33 c'est le rôle de père.
00:34 -C'est ce qui m'a le plus marqué dans votre documentaire.
00:38 Le nombre d'artistes qui ont de profondes blessures d'enfance
00:41 liées à l'absence ou à la disparition d'un parent.
00:44 J'imagine que ça tenait aussi à la sélection que vous faisiez.
00:48 -Oui, mais force est de constater
00:51 qu'ils sont quand même nombreux à avoir ces blessures fortes.
00:56 Peut-être aussi que, je pense que pour beaucoup,
00:59 on est tous blessés par l'enfance d'une manière ou d'une autre.
01:03 Mais là, la particularité,
01:04 c'est la défaillance ou l'absence du père.
01:07 Je pense que ça a changé avec cette génération.
01:11 -La nouvelle génération.
01:12 Dans ce doc, ce qui est chouette,
01:15 c'est que vous mêlez les entretiens réalisés dans vos émissions
01:18 à des archives, des chansons, des sketchs cultes
01:21 de tous ces artistes.
01:23 On redécouvre parfois les chansons à l'aune de ce qu'ils nous racontent.
01:27 -Exactement. L'idée, c'était de mettre en écho
01:30 l'enfant qu'ils étaient, les liens qu'ils ont eus aux parents,
01:35 et aussi les parents qu'ils sont devenus eux-mêmes
01:38 avec les chansons ou les sketchs.
01:41 Parce que parfois, il y a une mise à distance par le rire
01:44 pour parler de cette enfance qui, parfois, est difficile.
01:47 -Il y a un gros travail de recherche aussi
01:50 dans vos archives personnelles.
01:51 -Oui, déjà dans mes archives personnelles,
01:54 parce que j'étais encore même frustrée
01:57 à la fin de ce documentaire.
01:59 Il y en avait eu un premier volet, "Le temps d'une vie".
02:02 J'avais focalisé sur la famille,
02:04 parce que les témoignages étaient sidérants, nombreux.
02:07 Ça nous parle évidemment à tous.
02:10 Et puis, il y avait, j'aimais bien,
02:12 ce miroir, justement, entre la création
02:16 et ce qu'ils ont vécu, en l'occurrence.
02:18 -On va continuer à parler de ce doc
02:20 et de sa carrière, Mireille Dumas,
02:22 juste après la session de rattrapage
02:24 de Jean-Luc Lemoyne.
02:25 -Culture Média sur Europe 1.
02:28 Thomas Hill, vous recevez celle qui permet aux stars
02:31 de se confier depuis des années à la télévision,
02:34 Mireille Dumas, en prime ce soir sur France 3.
02:37 -Avec ce grand documentaire, "Les années Mireille Dumas",
02:40 ce qui est assez frappant quand on regarde
02:42 les extraits de vos émissions,
02:44 c'est le naturel et la franchise de tous ces artistes.
02:47 Un exemple, avec Danny Boon qui nous parle de ses oreilles.
02:50 -Elle m'a vraiment mis un élastique quand j'étais bébé.
02:53 Elle me disait tout le temps,
02:55 elle m'a créé le complexe de mes oreilles décollées
02:58 parce qu'elle me disait "t'es beau, mais c'est tellement dommage".
03:02 Elle me disait "on aurait de l'argent, on te ferait opérer".
03:05 -C'est incroyable, ça.
03:06 -C'est drôle, mais en même temps, c'est dur.
03:09 -C'est dur, mais ce qu'il y a de formidable,
03:11 c'est ça, aussi, la résilience.
03:13 C'est parfois de gros traumatismes,
03:15 ou en tout cas, des choses comme ça
03:17 qui peuvent choquer, d'en faire quelque chose.
03:20 -Il en fait des sketchs sur scène, aussi.
03:23 -Avec les confessions de Nicoletta, de François Hardy.
03:26 Il y a des moments qui sont vraiment très forts.
03:30 -Ce qui m'a frappée, aussi,
03:32 c'est le poids du secret et la non-communication.
03:35 La difficulté, aussi, à communiquer,
03:37 à se dire les choses simplement.
03:40 -Vous savez, comme personne, les mettre en confiance,
03:43 mais c'est aussi le reflet d'une époque.
03:46 Est-ce qu'on pourrait obtenir ça des artistes,
03:49 ou ce serait plus compliqué ?
03:50 -Grande question qui revient souvent.
03:52 Il suffit de le vouloir, d'être à l'écoute,
03:56 d'avoir envie de faire le portrait de quelqu'un.
04:00 Cela dit, avec les réseaux sociaux,
04:02 il y a quelque chose qui a changé.
04:04 Les artistes, aujourd'hui, ont peur de la petite phrase
04:08 qu'ils vont dire, qui va tourner en boucle, faire le buzz,
04:12 et ne plus sortir des réseaux.
04:14 -Vous osiez un truc qui se fait très peu en télé,
04:17 et encore moins en radio, c'est de laisser des blancs.
04:20 Des blancs qui ont une utilité, ils sont techniques,
04:23 ces blancs, vous êtes une professionnelle,
04:26 ils permettent d'appuyer sur l'émotion.
04:28 Ecoutez dans cet extrait avec Franck Dubosc
04:31 tout le talent de Mireille Dumas.
04:32 -J'ai toujours avec moi dans mon petit agenda
04:35 une lettre de mon père avec un dessin qu'il a fait
04:38 avec ses mains fébriles,
04:39 c'était sur la fin de ses derniers jours.
04:42 Et il m'a dessiné succinctement, comme ça.
04:45 Il a dessiné un petit bonhomme sur la scène de l'Olympia,
04:48 il a écrit Olympia en haut, et je me dis que chaque fois,
04:51 j'irai à l'Olympia pour respecter le dessin.
04:54 Ca sera mon destin par rapport à son dessin.
04:57 -Vous êtes toujours ému, lorsque vous en parlez.
05:01 Donc vous avez rêvé pour lui.
05:04 -C'est toujours très émouvant.
05:06 J'ai rêvé plus fort que ce que lui rêvait.
05:08 -Il faut laisser du temps au temps.
05:11 Tout à l'heure, Jean-Luc parlait justement de ce temps long,
05:14 mais il est important pour pouvoir obtenir ça en direct.
05:18 On doit avancer, c'est plus compliqué.
05:20 Et là, on obtient ces choses.
05:22 J'ai réalisé beaucoup de documentaires
05:26 avant de faire de l'antenne et surtout de faire ces talks.
05:30 C'est l'habitude de regarder, d'écouter, de filmer.
05:33 -Julien Pichnay ? -Jean-Luc Le Moine plaisantait
05:36 en disant que les tournages duraient 3 jours.
05:38 On imagine que c'est un peu moins.
05:40 Combien de temps, à peu près ? -A peu près le double.
05:43 Pour une émission qui durait 2 heures, on enregistrait 4 heures.
05:47 -Il fallait beaucoup couper. -Oui, bien sûr.
05:49 Mais parce que quelque chose se créait,
05:52 et puis on sortait peut-être même du sujet.
05:55 Il y avait beaucoup de connivences.
05:57 Mais par rapport à un artiste, ses portraits, c'était moins.
06:01 C'était à tête à tête d'une demi-heure.
06:04 -Est-ce qu'il vous est arrivé de devoir mettre en pause un tournage,
06:07 de couper une séquence ? -Oui, ça m'est arrivé.
06:11 Et surtout au début, dans "Banay Masque",
06:15 où je me rappelle une jeune fille qui avait contracté le sida,
06:20 c'était sa première relation, dans les années 90.
06:23 Elle disait qu'elle savait qu'elle allait mourir.
06:26 Elle parlait face à moi, comme ça, avec un courage.
06:29 En plus, elle était très jeune, très belle.
06:32 Elle parlait de la mort.
06:33 J'ai senti l'émotion monter, monter.
06:36 J'ai prétexté.
06:37 J'ai oublié, mais j'ai arrêté.
06:41 Je suis allée pleurer.
06:42 Je suis revenue après.
06:44 Je me disais que je n'avais pas le droit de pleurer devant elle.
06:48 Elle ne doit pas me voir pleurer.
06:50 Je suis revenue ensuite.
06:53 Parfois, on arrête aussi quand on voit que la personne a envie d'arrêter.
06:58 -Ils ne se sentent pas bien. -Il faut suivre ce qui se passe.
07:01 Mais la plupart du temps, les gens vous disent qu'ils sont venus parler.
07:04 -Il n'y a jamais des célébrités qui ont regretté de vous en avoir trop dit ?
07:09 -Non.
07:10 -Ils ne sont jamais ressortis en vous disant que vous le couperiez au montage ?
07:13 -Non.
07:15 Je pensais à Catherine Pancol une fois.
07:18 Ce n'est pas une célébrité, mais quand même, on la connaît.
07:22 -Très grande vendeuse de romans.
07:24 -Elle avait parlé de sa mère.
07:26 À un moment donné, elle est allée loin.
07:28 Ensuite, on s'est dit au montage...
07:30 Les portes étaient toujours ouvertes.
07:33 N'importe qui pouvait venir voir son témoignage avant diffusion.
07:36 C'était important.
07:38 C'est comme ça qu'il y a eu la confiance des anonymes et des artistes.
07:41 -D'où ça vous vient, ce goût de la confession intime ?
07:45 -Depuis toujours.
07:48 Je crois que c'était une urgence pour moi, petite.
07:50 J'ai vécu dans un univers assez clos, avec une mère institutrice
07:56 qui a fait la journaliste et citoyenne que je suis.
07:59 Mais en même temps, on parlait très peu...
08:01 J'en perds ma voix.
08:02 Très peu des émotions intimes, des sentiments.
08:06 Je pense qu'il y a eu ce désir, très vite, très tôt,
08:09 d'aller vers les autres, tous les autres,
08:11 et surtout de donner la parole à ceux qu'on n'entendait pas.
08:15 J'ai commencé à faire parler d'abord des anonymes
08:18 et des gens qui étaient vraiment dans la marge,
08:20 un peu bousculer les tabous, les préjugés,
08:23 avant de faire parler des artistes.
08:26 -On va en reparler tout à l'heure de "Balai Masque".
08:29 En attendant, il y a ce doc, ce soir, "Les années, Mireille Dumas".
08:32 C'est diffusé ce soir à 21h10 sur France 3.