Éducation sexuelle à l'école : comment s’y prendre ?

  • l’année dernière
Avec Sophie Audugé, Déléguée Générale et Porte Parole de l’association de SOS Education et Laurence Rossignol, Vice présidente du Sénat, députée du Val de Marne

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-09-29##

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Transcription
00:00 - Sud Radio, Parlons Vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:05 - Bien, parlons de l'éducation sexuelle à l'école.
00:08 Pourquoi ? Parce qu'il y a eu en Belgique cette flambée de contestation,
00:14 alors qu'il n'y avait pas vraiment...
00:16 Je ne vois pas pourquoi ça s'est produit,
00:20 mais sur les réseaux sociaux, il y a eu une fronde qui s'est levée,
00:24 qui a réuni d'ailleurs l'extrême droite et notamment les catholiques extrêmement traditionnalistes
00:32 et les musulmans, eux aussi traditionnalistes,
00:35 qui se sont retrouvés d'ailleurs à manifester ensemble,
00:38 ce qui est surprenant, pas toujours surprenant, mais bon.
00:42 L'éducation à la sexualité à l'école est un sujet inflammable, on le sait.
00:46 A chaque fois que nous évoquons ce sujet, tout à coup c'est une levée de bouclier.
00:50 Parler de sexualité aux enfants et aux adolescents à l'école est récent en France,
00:55 puisqu'après la seconde guerre mondiale, certains enseignants prennent l'initiative de parler du corps humain,
01:00 des organes génitaux et de certains thèmes relatifs à la sexualité.
01:05 Alors, l'éducation à la sexualité est en France théoriquement délivrée depuis 2001,
01:09 selon la législation et le code de l'éducation dès l'école primaire.
01:13 Une information, une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées
01:18 pendant au moins trois séances annuelles et par groupe d'âge homogène, ça c'est la théorie.
01:22 En pratique, ce n'est pas ça pour en parler.
01:24 Ce matin, nous avons deux invités avec nous.
01:28 Alors, avec nous, Sophie Odigé, qui est déléguée, je prends ma note pour ne pas dire de bêtises,
01:35 déléguée générale et porte-parole de l'association SES éducation. Bonjour.
01:39 - Bonjour. - Merci d'être avec nous.
01:40 Et Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat et sénatrice du Val-de-Marne. Bonjour.
01:44 - Bonjour. - Merci d'être avec nous.
01:46 Alors, oui, la loi est claire, trois séances annuelles et par groupe d'âge homogène,
01:51 dans les écoles, collèges et lycées, la loi n'est pas respectée, Laurence Rossignol.
01:57 - C'est vrai, la loi n'est pas respectée. 20% des enfants ont pu accéder à ces fameux cours.
02:02 Ça fait une dizaine d'années déjà qu'on a eu plusieurs rapports qui pointaient ça.
02:07 Il y a plusieurs raisons. D'abord, forme d'incurie d'éducation nationale quand même.
02:12 Et puis aussi des obstacles de mise en œuvre. Il faut des moyens, parce qu'il faut aider les associations
02:18 qui viennent faire ce travail-là, ou alors il faut désigner des enseignants chargés de ça.
02:23 Il y a un certain nombre d'établissements dans lesquels il y a des associations de parents d'élèves
02:28 qui font obstacle à la mise en place de ces cours. Vous évoquiez tout à l'heure ce qui s'est passé en Belgique,
02:33 mais on a vécu la même chose en France au moment des ABCD de l'égalité, en 2014, tout de suite après
02:38 les manifestations contre le mariage pour tous, où déjà on a vu la convergence des différents fondamentalistes
02:45 religieux et de l'extrême droite pour faire obstacle à ces fameux ABCD de l'égalité.
02:49 J'invite tout le monde à regarder aujourd'hui ce qu'il y avait dedans, et on se rendra compte
02:52 qu'il n'y avait vraiment pas de quoi faire toute cette histoire. Donc aujourd'hui, le gouvernement est quand même convaincu.
02:59 Mais comme l'ont été les précédents, d'ailleurs c'est un peu le problème, qu'il faut mettre en œuvre ces cours.
03:03 Ils sont indispensables, je crois qu'on reviendra dans le débat sur les raisons pour lesquelles c'est indispensable de procéder à ces cours.
03:09 Alors juste un mot, Jean-Jacques Bourdin, ce n'est pas des cours de sexualité, c'est éducation à la vie affective et sexuelle,
03:16 ce qui n'est pas exactement la même chose. C'est pas des cours de technique de sexualité, c'est comment,
03:21 qu'est-ce que ça veut dire en termes de relations humaines, dans l'information.
03:24 – C'est très important, c'est relations humaines. Sophie Odiger.
03:26 – Oui, alors je pense que, bon, je ne vais pas aller sur ce terrain politique, parce que je pense que c'est un faux débat
03:31 et c'est le meilleur moyen de ne pas traiter des vrais sujets, c'est-à-dire, quel est l'enjeu de cet enseignement,
03:36 puisqu'il s'agit bien d'un enseignement aujourd'hui, puisque des séances obligatoires ça caractérise un enseignement,
03:41 que Papandia a mandaté, enfin fait une saisine au Conseil supérieur des programmes,
03:46 pour produire d'ici la fin du mois de décembre, une redéfinition des programmes par classe d'âge et par cycle d'enseignement.
03:53 Nous, notre approche par rapport à cette question-là, c'est de revenir aux besoins de l'enfant.
03:59 Donc vous disiez effectivement, éducation à la vie affective et sexuelle,
04:03 il n'en plaît que pour tout le monde et dans les cours d'école, et par les professeurs,
04:07 ça s'appelle l'éducation à la sexualité, qu'on le veuille ou non.
04:10 Les lois qui ont été formulées, c'est-à-dire la première loi de 2001 avec une circulaire qui est de 2003,
04:15 étaient très claires en la matière et elles visaient effectivement un objectif de prévention,
04:20 sur lequel nous sommes tous d'accord, objectif de prévention qui débarrait dès la maternelle,
04:25 pour évidemment prévenir des abus sexuels, intrafamiliaux évidemment à cet âge-là, et puis en primaire.
04:33 Avec un objectif également qui était de, à tous les moments de la vie de la classe,
04:39 c'est d'ailleurs très clair dans la circulaire, c'est-à-dire que les maîtres devaient saisir toute occasion
04:44 pour sensibiliser les enfants à l'égalité des droits des filles et des garçons.
04:48 Et puis après, on arrive à notre âge, qui est celui de l'adolescence,
04:52 où là on a des enfants qui sont pubères, où effectivement la question de ce qu'on pourrait nommer là pour le coup
04:59 et définir comme une éducation à la sexualité, c'est-à-dire la connaissance des comportements
05:02 et des pratiques sexuelles dans le respect de soi et des autres, prend tout son sens.
05:06 Ce qui s'est passé depuis quelques années, c'est que ce cadre législatif, qui était relativement clair,
05:13 qui demandait de respecter la liberté de conscience et de ne pas froisser non plus les parents
05:18 qui restent les premiers éducateurs de leurs enfants, il faut quand même le rappeler,
05:21 il y a eu des dérives. Des dérives qui ont amené un certain nombre d'enfants à se retrouver dans des cabinets de pédopsychiatres.
05:28 Et ces pédopsychiatres ont produit des travaux qui me semblent intéressants
05:31 et qui ont expliqué que si c'était mal fait, il pouvait y avoir des conséquences traumatiques.
05:36 Pourquoi ? Parce que présenter des contenus de nature sexuelle à des enfants trop tôt
05:42 produit une effraction psychique. Alors je pourrais l'expliquer d'un point de vue d'éducateur.
05:45 - Oui, je comprends, Sophie Odigée. - Ce qui amène de la retenue là-dessus, sur l'extrême droite,
05:51 me semble être un mensonge éhanté, un mensonge éhanté, et que l'objectif là, aujourd'hui, c'est que...
05:57 - Ce n'est pas un mensonge en Belgique. - Non, mais c'est l'intérêt de l'enfant.
06:00 - Sophie Odigée. - Oui, on est bien d'accord.
06:03 C'est l'intérêt de l'enfant qui prime. Alors, à partir du primaire, commençons avec le primaire,
06:09 quelle éducation à la vie affective doit-on donner aux enfants ? Laurence Rossignol.
06:16 - En fait, c'est intéressant cette affaire des besoins de l'enfant, comme si les besoins de l'enfant
06:19 étaient une donnée intemporelle. Les besoins de l'enfant, ils changent en fonction de ce à quoi
06:24 les enfants sont exposés. - Bien sûr. - Ce à quoi ils sont exposés aujourd'hui, c'est dès 8 ans,
06:29 et... dès 8 ans, un certain nombre d'entre eux, et la moitié d'entre eux, dès 12 ans,
06:34 a une fréquentation des sites pornographiques. Et ça, ça change les besoins de l'enfant,
06:39 parce qu'aujourd'hui, vous avez le choix, Madame, soit vous voulez que les sites pornos soient
06:43 les éducateurs de vos enfants à la sexualité, soit il faut mobiliser tout ce qu'on peut mobiliser
06:49 pour contrebalancer, pour contrevenir à ce que les sites pornos diffusent.
06:54 Le réel de nos enfants aujourd'hui, c'est l'accès facile à la pornographie, à la violence,
07:00 à la soumission, et à une représentation de la sexualité qui n'est pas la juste représentation.
07:05 Qui mieux que l'école, ou mieux qu'à l'école, peut-on faire, peut-on produire ce discours indispensable,
07:13 parce que vous envisagez et vous évoquez des enfants qui ont été amenés aller chez le pédopsy
07:17 parce qu'ils avaient été choqués, parce qu'on leur avait dit dans un cours sur la sexualité,
07:20 mais aujourd'hui, ce qu'amènent les enfants chez les pédopsies, c'est l'effraction que consiste pour eux
07:26 une exposition précoce à des images violentes. Et donc c'est ça le vrai sujet.
07:30 – Et ce qui conduit parfois au harcèlement scolaire d'ailleurs.
07:32 – Alors après bien sûr, parce que des enfants croient que c'est ça.
07:36 Après, vous me dites les parents, c'est un éternel débat,
07:39 ces sujets-là ne devraient pas sortir de l'intimité familiale.
07:42 – C'est pas ce que j'ai dit.
07:44 – Non, madame, vous ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit,
07:48 parce que moi je ne rentre pas dans ce jeu-là, moi je ne suis pas politique.
07:50 – Mais tout le monde est politique, on parle pas de la société.
07:54 – Non, je n'ai pas dit que ça ne devait pas sortir de l'environnement des parents.
07:57 J'ai dit que les parents étaient les premiers résiduateurs de leurs enfants,
08:00 et c'est formellement écrit dans la circulaire de 2003 qui régit le cadre légal.
08:03 – Ils ont clairement les choses au fiaud-d'IG.
08:04 Est-ce que vous êtes favorable à une éducation à la vie affective dès le primaire ?
08:08 – Absolument, pour la prévention contre les abus sexuels et l'égalité hommes-femmes.
08:11 – Alors quelle éducation à la vie affective faut-il… ?
08:14 – Comme elle est prévue dans la circulaire de 2003, rappelée dans la circulaire de 2018.
08:18 – Donc vous y êtes favorable ? 3 heures, vous y êtes favorable ?
08:22 – Dans la circulaire c'est 3 heures, mais qui ne sont pas des séances individualisées
08:26 et appelées "éducation à la sexualité",
08:28 mais qui se font tout au cours de l'enseignement de la primaire,
08:30 qui sont faits obligatoirement par le maître,
08:32 dans le cadre d'un programme qui est construit au niveau du conseil d'école,
08:35 présenté aux parents, et qui se fait également en pleine conscience,
08:39 de la liberté de conscience des enfants.
08:42 – Et que doit-on mettre dans ces programmes ?
08:46 – Exactement ce qui est écrit dans la circulaire,
08:48 c'est-à-dire l'égalité des filles et des garçons,
08:51 les relations interpersonnelles, l'émotionnel, la gestion des émotions, le sensoriel,
08:56 il n'y a pas de sexualité à cet âge-là,
08:58 les circulaires sont très clairs et c'est important pour les enfants.
09:01 Vous disiez, madame, et je veux revenir là-dessus parce que vous avez raison,
09:03 c'est un point important, vous disiez "les besoins de l'enfant évoluent".
09:06 Les besoins de l'enfant évoluent peut-être, mais les processus de développement, non.
09:10 L'enfant d'aujourd'hui est le même que l'enfant d'hier.
09:12 Le processus de son développement neurobiologique et affiliatif est le même.
09:16 Les processus d'attachement de l'enfant et de ses besoins de réassurance
09:19 dans son développement psycho-affectif sont exactement les mêmes.
09:22 Donc la question qui se pose à nous, et là-dessus je vous rejoins,
09:25 il y a un rôle important des politiques, c'est qu'il n'appartient pas,
09:28 il n'appartient pas aux enfants de prendre la responsabilité de se protéger
09:32 quand les politiques ne sont pas capables de deux choses,
09:35 interdire les sites pornographiques gratuits à disposition des enfants.
09:39 Je sais que vous avez beaucoup agi en la matière et votre travail est essentiel,
09:43 et nous serons tout à fait d'accord là-dessus.
09:44 Un deuxième élément, c'est que les plaintes pour abus sexuels,
09:47 5% des plaintes pour abus sexuels, notamment d'inceste, sont suivies des faits.
09:51 Ça, c'est pas de la faute des enfants, et c'est pas en demandant aux enfants
09:54 d'être capables de se protéger eux-mêmes des abus sexuels en leur donnant des clés
09:58 qu'ils ne sont pas capables de comprendre parce que le développement infréfrontal
10:02 ne leur permet pas qu'on réglera la question.
10:04 Alors oui, en primaire, il est très important que l'enfant, chaque enfant,
10:07 chaque enfant sache, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et je vous rejoins,
10:10 qu'il n'y a pas de relation sexuelle en train d'adulter un enfant,
10:13 qu'il n'y a pas de relation sexuelle en train familiale,
10:15 que la sexualité c'est de l'intime et ce n'est pas en public,
10:17 et qu'effectivement, on consomme...
10:19 - Donc on en parle. - Donc où est le problème ?
10:20 - Absolument. - Donc on en parle.
10:21 - Mais là, la sexualité, c'est trop censue.
10:23 - Qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne comprends pas.
10:24 - Alors ce que ça veut dire, c'est très clairement, c'est quand on dit à des enfants de CM1
10:27 qu'ils peuvent se masturber, qu'il y a l'éjaculation, etc.
10:30 - Tout ça, c'est du fantasme, madame. - Ah non, ce n'est pas du fantasme.
10:32 - Ce n'est pas écrit dans le circulaire. - Mais si, c'est écrit.
10:35 - Non, mais ce n'est pas écrit dans le circulaire, mais c'est des cas réels.
10:37 On a quatre courriers avec des témoignages et des mandats de parents.
10:40 Donc qu'est-ce que vous allez nous dire ? Qu'ils n'existent pas ?
10:42 - Quatre courriers ? - Vous allez nous dire qu'ils n'existent pas ?
10:44 - Quatre courriers pour... - Madame, on croule sous les nans de madame.
10:46 - Il y a 800 000 enfants qui sont scolarisés par tranche d'âge.
10:50 - Et alors, vous savez très bien que le site en s'exprime présent du Kamasutra
10:53 avec des objets en fontain. Mais allez sur le site, regardez les supports
10:57 qui sont mis à disposition des dukes scol. Il y a 400 pages de supports institutionnels
11:01 avec le logo de Santé publique France ou du ministère de l'Éducation nationale
11:04 qui présentent des actes sexuels. - La circulaire ne prévoit pas
11:09 l'enseignement à la masturbation. - Vous nous avez raconté la même histoire.
11:14 - Vous nous avez raconté la même histoire. - Non, non, non, madame. Ne changez pas de sujet.
11:16 - Mais attendez, il est 9h45. - Restez dans le réel.
11:18 - Est-ce que vous pouvez rester calme ? - Vous, restez dans le réel.
11:21 - S'il vous plaît, Laurence Rossignol, vous allez répondre.
11:24 - Ne vous inquiétez pas, je suis très calme. - Il est 9h44.
11:26 - Pour nous résumer, si j'ai bien compris, cette éducation affective,
11:36 on va employer le mot affectif, à l'école primaire,
11:40 qui est de 3 heures, 3 séances annuelles, c'est pas 3 heures,
11:47 c'est 3 séances annuelles par groupe d'âge homogène.
11:50 Je précise, soyons précis.
11:53 Bien, pour l'instant, ces 3 séances ne sont pas accordées aux enfants.
11:59 C'est bien compris. Ça, c'est le problème.
12:01 Et là, vous êtes d'accord toutes les deux. C'est le problème principal.
12:04 - Le premier. - Le premier. Il faut absolument que ces 3 séances soient annuelles.
12:09 Bon, ensuite au collège, une fois qu'on a passé au collège,
12:13 c'est vrai que les enfants au collège sont déjà confrontés à la sexualité,
12:16 bien souvent, la plupart du temps, toujours même, pratiquement.
12:20 Alors là, que faut-il faire ? 3 séances, mais axées sur quoi, selon vous, Sophie Odigé ?
12:26 - Alors, au collège, il est prévu, comme vous dites, 3 séances,
12:30 mais en plus, il est convenu que le thème de la sexualité
12:34 soit intégré dans d'autres enseignements.
12:37 C'est-à-dire qu'elle doit être traitée, évidemment, en biologie, bien sûr,
12:40 en SVT, ce qu'on appelle aujourd'hui la SVT,
12:42 mais également en littérature, dans les cours de français,
12:45 par toutes les formes d'art, et puis également en éducation civique et morale,
12:50 dans les comportements filles-garçons, respect des droits et du consentement, etc.
12:56 Donc ça, si vous voulez, c'est en plus, ça vient en plus, si vous voulez, des 3 séances.
13:00 - Est-ce que c'est appliqué ou pas, Laurence Rossignol, au collège ?
13:04 - Je pense que c'est très variable.
13:06 Ça dépend des enseignants, de la capacité des enseignants à le faire,
13:10 de leur propre aisance vis-à-vis de ces sujets.
13:12 Tout le monde n'est pas égal, et puis en fait, on ne peut pas parler de sexualité,
13:16 enfin de vie affective et sexuelle à des enfants ou des adolescents
13:19 si on n'a pas été soi-même un peu formé à faire ça.
13:21 Voilà, alors là, il y a des risques.
13:24 Donc, c'est à la fois, les profs font ce qu'ils peuvent dans leur discipline,
13:28 et en même temps, il faut les fameuses 3 heures d'éducation à la vie affective et sexuelle.
13:33 Moi, je voudrais dire, en fait, dans ces 3 heures-là, d'abord, il y a la loi, rien que la loi.
13:39 Le respect de la loi.
13:40 Ça commence par là. C'est quoi la loi ?
13:42 Nous vivons dans un pays où l'homophobie, la transphobie, le racisme sont des infractions pénales.
13:48 La première des choses à faire, c'est de rappeler que tous ces 3 comportements
13:52 sont des infractions pénales, qui sont donc proscrits par la morale et par le droit.
13:56 Donc, bien entendu, pour dire que l'homophobie est une infraction pénale
14:00 et que les enfants doivent être tolérants à l'égard de leurs petits camarades
14:03 qui ont des orientations sexuelles,
14:05 ou même des questionnements sur qu'ils sont leur identité,
14:09 eh bien, il faut bien dire que ça existe.
14:12 Parce qu'on ne peut pas faire sans dire que ça existe.
14:14 Donc, il faut effectivement nommer qu'il y a des orientations sexuelles différentes.
14:18 Ça, c'est la première chose.
14:19 Ensuite, il faut dire aussi que la sexualité que les enfants doivent découvrir par eux-mêmes
14:24 et non pas par l'intermédiaire des adultes et surtout pas par l'intermédiaire des images,
14:28 produit aussi des risques.
14:30 Le risque principal pour les jeunes filles, c'est une grossesse.
14:34 Donc, comment on apprend aux filles et aux garçons qu'il faut se prémunir contre le risque de grossesse ?
14:41 - Et puis, il y a les risques des maladies sexuellement transmissibles.
14:45 Alors là, les jeunes sont de moins en moins sensibilisés au risque du sida, par exemple.
14:50 On parlait, évidemment, il y a 20 ans, énormément du sida.
14:55 Aujourd'hui, les garçons et les filles sont moins sensibilisés à ce risque-là.
15:00 Au risque peut-être d'ailleurs moins sensibilisé au risque de maladies sexuellement transmissibles, Sophie Odilier.
15:06 - Oui, c'est pour ça que c'est important de revenir à ce que prévoient les différentes circulaires,
15:11 les circulaires successives, qui relèvent effectivement des principes de prévention,
15:15 majoritairement de grossesse non désirée et évidemment des risques de maladies sexuellement transmissibles.
15:20 Le problème qu'il y a aujourd'hui, alors déjà, ce qui est assez surprenant,
15:24 c'est que dans les chiffres qu'évoquait Madame,
15:26 il faut savoir qu'en fait, elles se réalisent beaucoup plus en primaire, ces séances,
15:30 que finalement au collège et au lycée.
15:32 Donc ça, c'est vraiment contre-intuitif.
15:34 - Au lycée, peut-être que l'utilité est moindre, non ?
15:37 - Non, je ne crois pas, parce qu'on a quand même une explosion des pratiques sexuelles agressives entre enfants.
15:42 - 14-15 ans, lycée ? - Oui, c'est vrai.
15:44 - Et puis on a beaucoup, malheureusement, de prostitution de jeunes filles aujourd'hui,
15:49 ce qui est quand même très très grave.
15:51 Donc je dirais qu'à partir de la quatrième, ça devient très très important,
15:55 parce que d'abord, ils sont plus développés et plus capés, si vous voulez,
16:00 d'un point de vue développement psycho-affectif,
16:02 pour entendre des choses comme ça, les prévenir sur ces risques-là,
16:05 sur les questions de réputation, les jeunes filles sont très sensibles à la réputation,
16:09 on sait qu'il y a aujourd'hui beaucoup de jeunes filles qui pratiquent des relations sexuelles
16:12 qu'elles ne désirent pas, mais parce qu'elles ont peur pour leur réputation.
16:15 Donc ça, c'est très important au collège, à partir de la quatrième,
16:19 vraiment, de traiter de cette éducation à la sexualité,
16:21 c'est-à-dire les comportements, les pratiques, respect de l'autre,
16:24 et respect également de l'orientation sexuelle.
16:26 Ce qui est important à dire ici aussi, c'est qu'effectivement, il y a un problème de moyens,
16:30 c'est-à-dire qu'il y a un problème de formation,
16:32 il n'y a pas assez de gens formés, c'est pour ça qu'elles ne sont pas réalisées,
16:35 il n'y a pas assez non plus de médecine scolaire, je ne cesse de le dire,
16:38 c'est-à-dire qu'à un moment, un enfant ou un jeune qui a un problème,
16:41 il ne va pas le dire dans la classe, devant le groupe classe,
16:43 il va avoir besoin de pouvoir avoir une porte, si vous voulez, et de parler à une personne.
16:46 Et on a quand même beaucoup d'établissements scolaires aujourd'hui
16:49 qui n'ont pas de psychologues scolaires, qui n'ont pas d'infirmières scolaires,
16:52 ou pas un nombre suffisant, pour que justement ce travail,
16:55 qui est un travail essentiel de prendre en charge celui qui a des besoins particuliers,
16:58 puisse être pris en charge.
17:00 - C'est bien. Si on peut essayer de résumer ce sur quoi, en fin de compte, on pourrait être d'accord.
17:04 En primaire, il faut protéger les enfants des incestes ou des agressions sexuelles dans le milieu familial.
17:11 Pour faire cette fameuse prévention, il faut quand même nommer les choses.
17:14 C'est-à-dire qu'à un moment donné, il faut dire aux enfants,
17:16 voilà ce qu'un adulte n'a pas le droit de te faire.
17:18 Voilà ce qu'il n'a pas le droit d'introduire, voilà ce qu'il n'a pas le droit de toucher.
17:21 Donc, à un moment donné, on va bien parler de choses qui sont figurées, concrètes pour les enfants.
17:27 Après, en collège et en lycée, il faut dire aux garçons et aux filles,
17:33 les relations sexuelles peuvent amener à une grossesse.
17:36 Comment on se prémunit de la relation sexuelle ?
17:38 Et des maladies sexuellement transmissibles.
17:40 Le préservatif, la contraception, les différentes contraceptions qui sont accessibles aux filles.
17:46 Qu'est-ce qui se passe s'il y a eu un accident de contraception ?
17:48 La pilule du lendemain, qui est accessible normalement à l'infirmerie du lycée.
17:52 Et puis enfin, pour les filles qui se retrouveraient enceintes, il y a l'IVG.
17:58 Nous vivons dans un pays où l'avortement est légal et accessible aux mineurs.
18:02 Donc, c'est ça qu'il faut aussi avoir comme informations, qui sont nécessaires pour les jeunes.
18:07 Arrêtons de nous cristalliser sur deux, trois anecdotes sur le thème "on apprend aux gamins à se masturber",
18:12 tout ça c'est du fantasme.
18:13 Alors après, quand un petit enfant demande "et qu'est-ce qui m'arrive quand mon zizi..."
18:17 Quand un tout petit dit, enfin une gamine de 7 ans,
18:19 "qu'est-ce qui m'arrive si mon zizi il est tout dur, qu'est-ce que ça veut dire madame ?"
18:22 Dans le cours d'éducation à la vie affective et sexuelle, ça va effectivement lui être expliqué.
18:26 Ne perdons pas de vue que les enfants ne sont pas égaux.
18:30 Parce que les familles ne sont pas toutes identiques.
18:32 Il y a des familles dans lesquelles on parle facilement de tout ça.
18:35 Puis il y a des familles dans lesquelles il y a des gros tabous.
18:37 Ou il y a des familles qui ont des approches idéologiques de ces sujets,
18:40 qui sont là pour transmettre, non pas de l'autonomie et de l'émancipation,
18:44 mais de la morale à leurs enfants.
18:46 À partir de là, on ne parle pas de sexualité.
18:48 Ou on parle de sexualité dans des termes qui vont à un moment donné heurter le réel de la vie des enfants,
18:54 avec des injonctions qui ne vont pas se traduire.
18:56 Donc l'école, c'est pour l'éducation à la vie affective et sexuelle,
19:00 comme pour tout le reste, l'école de la République, c'est celle de l'égalité.
19:04 C'est celle qui compense les inégalités culturelles,
19:07 les inégalités de milieu familial, dans ce domaine-là.
19:11 Donc bien sûr, ça doit avoir lieu à l'école, bien sûr, il faut que ce soit adapté aux enfants,
19:14 bien sûr, il peut y avoir eu une ou deux fois des choses qui vous ont choqué,
19:18 mais globalement, les gens qui font ça, les intervenantes du planning familial,
19:24 du CIDFM, du Centre d'Intervention et d'Information des droits des femmes,
19:29 tous ces femmes-là, et hommes qui feraient ça, sont formés.
19:32 Voilà, ils sont formés, donc c'est à eux de le faire, et de le faire bien.
19:35 Il faut juste leur donner les moyens, dégager le temps scolaire pour le faire,
19:38 permettre aux enseignants qui ont envie de le faire, de le faire également,
19:41 et de se former pour ça.
19:43 Et on va peut-être être toutes d'accord, en fait, sur ce que je viens de dire,
19:46 qui n'est en fait que quelque chose de très simple,
19:48 c'est l'application des lois qui sont celles de notre pays,
19:51 peut-être on peut être d'accord, Madame, en fin de compte ?
19:53 - Alors, on sera d'accord sur une partie, pas sur le fait que le planning familial
19:56 fait des interventions qui correspondent à la circulaire, ça c'est faux,
19:59 vous le savez très bien, non non, vous le savez très bien.
20:02 - Il y a eu des dérapages sur cette affiche-là,
20:05 montrant un homme transgenre enceint.
20:08 - Non mais il n'y a pas que ça, il y a des mots interdits,
20:11 comme masculin, féminin, donc je suis désolée, vous ne pouvez pas dire
20:13 qu'ils font un travail qui correspond à ce que dit la circulaire,
20:16 et qui permet à l'enfant de se développer.
20:18 Quand vous dites des choses qui vont me choquer, vous vous trompez,
20:20 moi ça ne me choque pas, parce que j'ai 53 ans,
20:22 ça choque un enfant de 7 ans ou de 8 ans, de parler de masturbation,
20:25 de sodomie ou de fellation.
20:27 Je pense qu'on aura un désaccord profond,
20:30 c'est que moi je considère qu'il y a une urgence
20:33 et un besoin de prévention, mais qu'il doit se faire d'abord,
20:36 avant d'essayer de convaincre les enfants, en convainquant les parents.
20:39 C'est-à-dire qu'il faut expliquer aux parents que c'est essentiel,
20:41 qu'ils doivent en parler, et comment ils doivent en parler,
20:43 on pourrait leur donner des documents, leur expliquer les enjeux,
20:46 leur expliquer comment ils doivent en parler à leurs enfants,
20:48 et leur dire que ça va être fait aussi à l'école.
20:51 - Bien, merci mesdames, je vous arrête.
20:54 - Merci Véronique Bourdin.
20:56 Tout de suite, Sud Radio Média, juste après les infos,
20:59 Valérie Expert et Gilles Gansman reçoivent le journaliste Frédéric Plocq.
21:03 ♪ ♪ ♪

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