Le projet de loi de finances et celui de financement de la Sécurité sociale ont été dévoilés mercredi 27 septembre. Pour notre journaliste Marc Vignaud, le compte n’y est pas. Le gouvernement va devoir trouver 12 milliards d'économies dès l’année prochaine.
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00:00 On voit bien que le gouvernement a peur qu'une politique trop rigoureuse
00:03 soit mal prise par les Français.
00:05 Le gouvernement avait prévu de faire une grande revue de dépenses
00:18 mise en selle lors des assises des finances publiques le 19 juin à Bercy.
00:22 Et Bruno Le Maire avait annoncé tout un tas de mesures pour faire des économies.
00:29 Et on voit aujourd'hui qu'au moment de la présentation du projet de loi de finances 2024,
00:33 qu'elles n'ont pas été confirmées.
00:35 On avait parlé d'une participation forfaitaire pour tous les gens
00:39 qui utilisent leur compte personnel de formation.
00:42 Finalement, cette participation ne sera pas prélevée.
00:44 On avait parlé d'un doublement des franchises médicales,
00:47 notamment sur les boîtes de médicaments.
00:49 Et lors de chaque visite chez le médecin, finalement,
00:52 le doublement de ces franchises ne sera pas dans le projet de loi de finances.
00:56 Elle sera peut-être prise après par voie réglementaire,
00:59 mais rien n'est moins sûr, rien n'est arbitré.
01:01 Il y avait une autre économie importante qui devait être faite
01:03 en essayant d'enrayer l'augmentation des arrêts maladie,
01:06 en responsabilisant les entreprises,
01:08 en leur demandant de prendre à leur charge
01:10 des jours qui ne seraient plus remboursés par la Sécurité sociale.
01:13 Ça, c'est pareil, ça a disparu du texte
01:15 et ça sera peut-être remis à l'année prochaine.
01:17 Il y a d'autres mesures, des petites taxes cette fois,
01:20 qui permettaient de réduire le déficit,
01:22 mais qui étaient des augmentations d'impôts
01:23 qui ont été débranchées par Emmanuel Macron lui-même.
01:26 Donc on voit bien que le gouvernement a peur
01:28 qu'une politique trop rigoureuse soit mal prise par les Français.
01:31 En fait, le gouvernement mise sur une prévision de croissance
01:37 de 1,4 % l'année prochaine pour boucler son budget.
01:41 C'est beaucoup plus que les prévisions d'autres organismes
01:44 indépendants de prévision, comme la Banque de France,
01:46 qui tape plutôt sur 0,9 %.
01:49 La croissance, ça fait rentrer des recettes,
01:51 puisque ça permet, s'il y a de l'activité,
01:53 de faire rentrer les impôts, d'avoir plus d'impôts dans les caisses.
01:56 Et donc cette prévision de croissance permet finalement
01:58 d'avoir à faire moins d'économies que ce qui a été redouté,
02:01 notamment parce que cette année, en 2023,
02:03 la conjoncture est meilleure qu'attendue.
02:05 Le gouvernement tient ses objectifs en termes de croissance.
02:07 Et donc il a pu mettre la pédale douce sur les économies.
02:10 Il va quand même en faire des économies
02:12 en débranchant les mesures exceptionnelles
02:15 qui avaient été prises pour protéger les Français
02:16 contre la crise du Covid et contre la crise des prix de l'énergie.
02:20 Notamment, il va débrancher une partie du bouclier électricité,
02:23 qui coûtait très très cher.
02:24 Les prix de l'électricité vont augmenter pour les Français,
02:27 il va y avoir des proportions raisonnables,
02:29 c'est la promesse du gouvernement.
02:30 Mais ça, ça permet de faire des économies
02:32 un peu, si j'ose dire, automatiquement,
02:34 même si évidemment, ça fait plaisir à personne
02:36 de devoir payer son électricité plus cher.
02:38 Le prochain budget sera beaucoup plus compliqué à élaborer
02:45 que le budget 2024, puisque tout simplement,
02:47 le gouvernement n'aura plus cette carte
02:49 de l'arrêt des dépenses exceptionnelles
02:51 prises après la crise du Covid et après la crise énergétique.
02:54 L'inflation va revenir à un niveau à peu près normal.
02:57 Et donc là, son évaluation, c'est qu'il va falloir trouver
02:59 12 milliards d'économies dans la dépense structurelle,
03:03 pérenne, et non pas des mesures exceptionnelles.
03:06 Cette année, il en a fait 16 milliards d'économies,
03:08 mais donc 14 dans les mesures exceptionnelles.
03:10 L'année prochaine, c'est 12.
03:11 Et ça sera un exercice très difficile.
03:13 Il va falloir reprendre l'exercice de revue de défense
03:15 dont je vous parlais, qui a accouché d'une souris cette année.
03:18 Et c'est là qu'il va falloir prendre des mesures difficiles.
03:21 Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie et des Finances,
03:23 l'avoue lui-même, ces revues de dépenses qui doivent
03:25 déboucher sur des mesures compliquées ne rapporteraient
03:27 que 6 milliards d'économies.
03:28 Et le reste, le reste reste à trouver.
03:30 Il va falloir faire des mesures de révision du périmètre
03:33 de l'intervention de l'État, couper dans les doublons
03:36 entre l'État et les collectivités territoriales,
03:38 alléger le poids des normes pour essayer d'alléger
03:41 les coûts des collectivités.
03:42 Et tout ça, c'est des réformes qui sont très difficiles à faire,
03:46 que personne n'a jamais vraiment réussi à mener.
03:48 On n'a jamais réussi vraiment à faire des économies comme ça.
03:51 En proportion du PIB, la dette pèse de plus en plus
03:53 et donc il faut trouver des économies pour éviter
03:56 de manger le budget et de consacrer une part croissante
03:59 du budget au remboursement de la dette.
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