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Style de vieTranscription
00:00 Alors Fleur Chéry est avec nous, notre sexy news, on va revenir sur ce dossier,
00:06 sur une pornographie de plus en plus violente, avec des scènes de torture, d'étouffement, enfin bon...
00:12 - Oui. - C'est pas terrible, oui.
00:15 - Alors ça c'est ce que dit l'un des rapports qui parle, qui est très spécifique sur les violences faites aux femmes.
00:21 Mais je vais parler plus largement du sujet d'actualité,
00:24 qui n'est pas exactement les violences faites aux femmes, qui est plutôt la protection des mineurs.
00:28 Donc la pornographie actuellement, elle est plus que jamais au centre des attentions gouvernementales.
00:34 Le projet de loi dont vous parliez, numérique, doit être débattu...
00:37 Non, le projet de loi numérique pour la protection des mineurs doit être débattu mercredi prochain à l'Assemblée
00:42 pour simplifier les démarches et appliquer une loi votée en juillet 2020.
00:46 Ça date un peu sur la vérification d'âge des utilisateurs et limiter l'accès au porno au plus de 18 ans.
00:52 Et donc en amont maintenant, le sujet explose médiatiquement.
00:56 Sylvie Pierre-Brosolette, la présidente du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes,
01:00 a sorti un rapport accablant sur le porno avec un ongle spécifique sur les violences faites aux femmes.
01:05 Cache Investigation a sorti un grand reportage hier soir.
01:08 Et l'IFOP, un des plus grands instituts de sondage, va sortir des chiffres chocs en rapport avec cette loi.
01:13 Et les Français ?
01:14 Sur la protection des mineurs, ce sujet fait globalement assez consensus.
01:19 Une large majorité de la population française souhaite limiter l'exposition des jeunes.
01:24 Cette exposition se fait sur deux points qui ne sont pas tout à fait les mêmes.
01:27 Le premier, c'est la première exposition au porno, qui se fait souvent de manière non sollicitée.
01:33 La deuxième, c'est sur la consommation régulière.
01:36 Il y a quelques mois, il y avait ce chiffre choc.
01:40 Un garçon sur deux de 12-13 ans consomme chaque mois du porno, de façon sollicitée et volontaire.
01:47 - Et les chiffres ?
01:48 Ça pose donc la question du choc d'une première exposition dans le premier cas,
01:52 et d'une imprégnation des scripts sexuels dans le deuxième.
01:56 Sur le deuxième point spécifiquement, 5 sites internet sont pointés du toit.
01:59 Le premier, c'est Pornhub.
02:01 XN, XX6, un français, XHamster, XVideos et tu kiffes.
02:05 Et cela fait trois ans que la bataille juridique est entamée, sans trouver de solution.
02:09 Pornhub notamment est extrêmement fort pour défendre ses intérêts.
02:13 Car plus que la pornographie en tant que telle, plus que l'idée de violences faites aux femmes,
02:18 c'est un modèle économique qui est au centre des débats.
02:21 Celui de l'accès au plus grand nombre, gratuitement, du porno.
02:25 Qui permet à Pornhub d'être une sorte aujourd'hui de média.
02:29 Et pas seulement un service payant, vous savez, comme Netflix, une VOD, où on paye un abonnement.
02:33 Là, aujourd'hui, c'est une sorte de média.
02:35 Et donc d'appliquer le modèle économique d'un média qui repose principalement sur la publicité et les annonceurs.
02:42 C'est d'autant plus important pour Pornhub, très spécifiquement par rapport aux quatre autres.
02:46 Car dans le groupe, il y a aussi Traffic Junkie, qui est leader aujourd'hui sur la régie publicitaire adulte.
02:52 Et qui dépend donc en partie de ce modèle économique dit "gratuit".
02:57 Pornhub, c'est bien que si la loi passe, c'est la mort du porno utilisé comme média.
03:02 Et moi, à titre personnel, c'est un modèle qui se défend ce fameux porno gratuit.
03:07 Parce que le service payant, donc le Netflix, grosso modo, c'est une boîte de production.
03:11 Qui oblige à mettre un intermédiaire entre l'acteur, l'actrice et le producteur.
03:15 Les pratiques sexuelles et le scénario sont donc écrites et pensées dans une certaine ligne éditoriale,
03:20 qui a été d'ailleurs dénoncée dans le rapport.
03:22 Qui peut être noble, comme le porno féministe, parfois.
03:24 Mais qui peut l'être moins, comme le porno qui est basé sur l'humiliation de la femme,
03:28 sur l'interracial ou sur les doubles pénétrations, triples, etc.
03:32 Je vous laisse deviner lequel de ces deux services va rapporter le plus d'argent à la boîte de prod.
03:36 Le porno gratuit, en revanche, et en particulier Pornhub, qui est la plus grande plateforme,
03:41 il est au service des créateurs de contenu.
03:43 Ils ont donc permis à toute une génération d'acteurs et d'actrices de s'affranchir
03:47 de ces grandes boîtes de production avec un modèle économique qui est assez favorable pour le créateur de contenu.
03:52 Cela laisse donc place à un contenu qui a mi-chemin entre ce que veulent voir le spectateur, bien sûr,
03:57 mais ce que eux, les acteurs et les actrices, veulent exprimer avec leur créativité.
04:02 C'est ce qu'on appelle l'économie de la passion.
04:05 C'est sur des créateurs de contenu qui ont envie de montrer ce qu'ils montrent et ça fait toute la différence.
04:10 Et je considère, à titre personnel, qu'on a pu voir émerger, en particulier sur Pornhub,
04:14 une créativité érotique qui n'a jamais été produite par des grosses boîtes de production.
04:18 Ceci étant dit, on se donne rendez-vous mercredi prochain à l'Assemblée nationale
04:22 pour voir la guerre de David contre Goliath, ou plutôt de Jean-Noël Barraud,
04:26 ministre délégué en charge du numérique contre les géants mondiaux de tubes pornographiques.
04:31 - Vous savez parfaitement que de toute façon, il sera impossible de légiférer sur la moyenne d'âge 18 ans, etc.
04:41 - Non, alors c'est intéressant parce que, justement, je le trouve assez bien ce ministre Barraud,
04:45 parce qu'il se dit que la France n'est pas le seul dans ce cas-là.
04:50 Il y a l'Angleterre qui était très active et qui le met aussi à 18 ans, et l'Australie aussi,
04:54 qui sont très actifs du point de vue de leur gouvernement pour faire effectuer leurs lois.
04:57 - C'est-à-dire que le Conseil constitutionnel, le Conseil d'Etat vont refuser et vont retoquer le fait
05:02 qu'on puisse présenter une pièce d'identité pour prouver qu'on a bien 18 ans.
05:06 C'est bien là où il y a la faille, en tout cas au niveau de la Constitution française.
05:10 - De toute façon, moi ce débat-là, je l'entends depuis 25 ans, je suis désolée.
05:17 On sait très bien que les jeunes, très jeunes, vont voir ces images-là comme ils voient des images violentes, etc.
05:23 Et du coup on les en amont, c'est la seule solution.
05:27 - C'est le devoir des parents, c'est le devoir de l'Education nationale.
05:29 Enfin non, l'éducation c'est les parents, l'enseignement c'est autre chose.
05:32 - Ça ne répond pas à la question de la question qui est implicite,
05:34 qui sont que les jeunes de 12-13 ans ou un garçon sur deux a des questions sur la sexualité.
05:40 Ça ne veut pas dire qu'ils consomment le porno parce que c'est finalement la réponse qu'il a à portée de clic.
05:45 - C'est la découverte du corps, c'est la masturbation, et on sait parfaitement qu'à 12-13 ans,
05:48 ils ont déjà sur leurs historiques, ils ont trois sites pornographiques qu'ils consomment quotidiennement.
05:56 - Voilà, donc interdire ces sites pornographiques aux mineurs ne répond pas à la question qu'ils ont eux
06:01 et de la curiosité naturelle qu'ils ont eux et qu'ils ne veulent toujours pas fournir à les autres.
06:05 - Mais ça, ça fait partie des cours également de SVT, parler de sexualité, etc.
06:10 C'est les cours de 4e, 3e au collège, sauf que vous avez des enseignants qui ont du mal à évoquer cela.
06:17 Il faut le comprendre également, c'est très complexe.
06:20 - Et après ça se comprend, pourquoi ? Et alors pourquoi est-ce qu'on ne peut pas faire sereinement de l'éducation à la sexualité
06:25 précisément sur la pornographie ? Parce que vous avez cette dame, Sylvie Pierre-Brosolette,
06:29 qui vient sur le plateau hier de France Télévisions et qui explique que le gangbang est une violence.
06:34 Et vous avez en face Nikita Bellucci qui dit "le gangbang n'est pas une violence, puisque moi-même j'en ai vécu et que je trouve ça formidable".
06:41 Donc sur un même sujet, vous avez des gens qui disent "ça c'est violent, faut pas le faire"
06:45 et potentiellement qui peuvent se retrouver demain éducateurs proches des jeunes,
06:49 et d'autres qui disent "bah non, pourquoi pas, si t'as envie de le faire, fais-le".
06:52 - Et il faut être pragmatique et consensuel, parce que vous le savez parfaitement,
06:55 et je vais me heurter face à plein d'amis journalistes et de médias,
07:00 à chaque fois il faut buzzer en plaçant effectivement des personnalités qui sont totalement clivantes.
07:06 C'est le pour et le contre, à chaque fois dans les extrêmes.
07:09 Alors même si madame Brosolette, moi j'ai le plus profond respect à la concernant, je la connais,
07:13 et je sais qu'elle fait un travail formidable,
07:15 mais effectivement pourquoi on invite une personnalité qui va défendre le gangbang ?
07:19 C'est pas la représentation de la sexualité.
07:21 - Oui, et puis moi je suis désolée Fleur Chéry, Dieu sait si je suis pour la liberté et contre la censure,
07:27 on peut pas non plus mettre le gangbang dans la norme de la sexualité entre adultes ?
07:31 - Non, mais c'est pas... Alors il y a une différence entre la mettre dans la norme et considérer que c'est une violence.
07:36 C'est quand même deux sujets très différents.
07:38 Pour elle, elle a employé le mot "massacre", qui est un mot qui est aussi très fort.
07:41 Bon, on est sur un plateau de télévision, on est là pour faire le buzz.
07:43 - C'est politique.
07:44 - Il y a quelque chose de politique aussi derrière.
07:46 Mais il y a quelque chose aussi qui est un petit peu à côté de la plaque sur ce qu'est aujourd'hui une forme de pluralité masculine,
07:51 qui peut être vécue, je dis pas dans la norme, mais dans la joie.
07:54 Il y a une forme aussi de diabolisation un tout petit peu de la pénétration,
07:57 qu'elle a un peu défendue sur le plateau, qui n'est pas tout à fait juste.
08:00 On n'est pas obligé de diaboliser la pénétration non plus dans le porno,
08:03 c'est pas forcément et nécessairement une violence faite aux femmes,
08:05 et de façon plus générale il y a aussi un porno gay.
08:08 Il y avait quand même des biais, je dis pas qu'il n'y a pas le sujet de la violence faite aux femmes,
08:12 je dis qu'il peut être traité de façon nuancée et à sa place.
08:15 - Totalement, on est d'accord.
08:16 - Là le côté extrémiste pose la question.
08:19 - Non mais encore une fois, il suffit de dire aux enfants que la pornographie c'est pas faire l'amour, voilà.
08:25 C'est tout, c'est du sexe.
08:27 - C'est pas la sexualité au quotidien.
08:28 - Non c'est du sexe, c'est pas de la sexualité, voilà.
08:30 Faire l'amour c'est mettre tout son corps, son cœur...
08:35 - Les regards.
08:36 - Et la pornographie c'est du sexe, comme les films violents, c'est pas la réalité.
08:45 Enfin je veux dire c'est tout, c'est juste...
08:47 Les enfants, si on leur donne des repères très clairs, c'est noir, c'est blanc, ils comprennent bien.
08:52 Sauf que c'est pas fait, c'est tout, et c'est pas fait depuis 25-30 ans,
08:56 et on continue à avoir ce genre de débat qui ne mène à rien, évidemment.
09:00 - Enfin. En tout cas merci de nous rappeler à quel point on n'avance pas sur le question de sexualité.
09:09 - Non mais on en parle, on en parle.
09:10 Je pense qu'il y a 10 ans on n'en aurait peut-être pas parlé sur France 2,
09:12 là c'est très agréable de se dire que ce sujet est pris au sérieux,
09:15 et sensibilise beaucoup les parents d'enfants,
09:18 c'est-à-dire que maintenant c'est difficile d'ignorer que son enfant va sur les sites pornographiques,
09:22 et en plus de ça crée des débats de société, moi je trouve ça...
09:25 - Oui parce que ça a des conséquences de toute façon sur le comportement des ados, de futurs adultes,
09:31 et c'est quasiment un questionnement de santé publique.
09:36 - Allez, on fait une petite pause et on continue à évoquer le couple,
09:40 quand est-ce qu'il faut se séparer, comment on peut rebondir, si ça s'éteint un petit peu, tout ça.
09:47 On en parle avec vous sur CEDRADIO.
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