Face à Bock-Côté (Émission du 30/09/2023)

  • l’année dernière
Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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Transcript
00:00 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Mathieu Boccote.
00:04 Cher Mathieu, bonsoir.
00:05 - Bonsoir.
00:06 - Ravi de vous retrouver, cher Mathieu.
00:07 Arthur de Vatrigan est avec nous, directeur de l'Incorrect.
00:09 - Bonsoir.
00:10 - Il est toujours très correct.
00:11 - Bonsoir.
00:12 - Bonsoir, Arthur.
00:13 - Bonsoir, Eliott.
00:14 - Vous allez bien ?
00:15 - Et vous ?
00:16 - Le point sur l'information, c'est avec Félicité Kindocky.
00:17 - Bonsoir à tous.
00:18 L'émotion était toujours vive aujourd'hui, dans l'heure où près de 500 personnes se
00:22 sont réunies après ce terrible infanticide dans lequel Lisa, une fillette de 3 ans, a
00:26 perdu la vie.
00:27 Pour y rendre hommage, des roses blanches ont été déposées dans le jardin proche
00:30 de la mairie de Conchengouche où la fillette est décédée après des violences présumées
00:35 de la part de sa mère et de son beau-père.
00:37 Une saisie d'armes d'assaut a eu lieu aujourd'hui dans le quartier de Pissevin à Nîmes.
00:41 La BAC était en opération de sécurisation dans le quartier quand elle a découvert dans
00:45 un box 4 Kalashnikovs, une arme longue et des munitions de 7,62 et 9 mm.
00:51 Des stupéfiants ont également été saisis.
00:53 Enfin, Elon Musk critique vivement le soutien de Berlin à des ONG secourant des migrants
00:58 en Méditerranée.
00:59 Dans un poste publié sur son réseau social X, anciennement Twitter, il prône une victoire
01:04 électorale du parti allemand d'extrême droite AFD.
01:07 Est-ce que le public allemand est conscient de cela ? C'est ce qu'a écrit hier le milliardaire.
01:12 Ce à quoi le gouvernement allemand a répondu, c'est ce qu'on appelle sauver des vies.
01:16 Merci Chareuve, félicité pour le point sur l'information.
01:20 A la une de face à Bocote, face à la crise migratoire, justement, la réponse ne peut
01:25 être qu'européenne, plaide Emmanuel Macron.
01:27 Mais est-ce bien raisonnable ? Car un océan idéologique sépare le droit de l'Union du
01:32 soi des Français.
01:33 Un exemple passé sous silence et cette décision rendue la semaine dernière interdisant le
01:38 renvoyer à la frontière les migrants illégaux.
01:40 La Cour de justice de l'Union européenne a-t-elle un souci avec la notion de frontière
01:46 intérieure ?
01:47 Dans ce programme également, vous souhaitez revenir sur cet entretien comme à un rendez-vous
01:49 en terrain Woke de Samuel Fitoussi sur France Inter.
01:53 8 minutes 27 secondes auront servi aux journalistes du service public de placer sur le banc des
01:58 accusés le jeune écrivain voué aux gémonies pour avoir publié, vous le voyez, Woke Fiction,
02:03 comment l'idéologie change nos films et nos séries.
02:05 Le malheureux s'est attaqué à la gauche croisette d'écriptage dans cette émission.
02:10 Enfin Mathieu, vous recevez ce samedi Laurent Houberton, écrivain, et il vient de publier
02:15 raisonnablement sexiste aux éditions Magnus.
02:20 Le point sera pour le sommaire.
02:24 Tout de suite on va commencer face à Mathieu Beaucoup.
02:28 Cher Mathieu, la nouvelle est passée relativement inaperçue.
02:44 Elle a une dizaine de jours et pourtant elle est majeure.
02:46 La cour de justice de l'Union européenne a saisi et rendu un jugement empêchant la
02:51 France de reconduire immédiatement à la frontière les migrants qui la traversent
02:56 illégalement et l'oblige à leur accorder un délai pour qu'ils puissent exécuter
03:01 de leur propre chef cette demande.
03:03 Et c'est sur ce thème que vous souhaitez revenir pour votre première édition.
03:06 Oui, parce qu'il s'agit d'un événement juridique et politique majeur qui est passé.
03:11 On en a parlé sur ces news, mais on en a très peu parlé ailleurs.
03:14 Il y a eu un excellent texte de Jean-Éric Schottel sur la question dans le Figaro, mais
03:18 cette nouvelle, cette info aurait dû restructurer l'ensemble du débat à propos du rapport
03:25 entre la France et les autres États souverains et l'Union européenne et les institutions
03:30 européennes plus largement.
03:31 Or, ce débat n'a pas eu lieu, cette reconfiguration n'a pas eu lieu.
03:34 On résume en un mot, vous l'avez bien dit, des migrants traversent la frontière, dans
03:39 ce cas-là, c'est surtout la frontière italienne et on est en plus à l'heure de l'MP12A.
03:42 Donc des migrants traversent la frontière italienne.
03:45 La France réclamait le droit, voulait reconduire automatiquement à la frontière ce qui la
03:51 traversait légalement, ce qui est le simple bon sens.
03:54 Vous entrez sans en avoir la permission, vous retournez avec notre permission.
03:58 Vous n'êtes pas en droit de violer cette frontière.
04:01 C'est comme ça la vie théoriquement.
04:03 Or, que nous disent les institutions européennes, eh bien non, ce n'est pas comme ça la vie.
04:09 En fait, il faut donner à la personne qui arrive, et ça c'est à partir d'une résolution
04:12 de 2008 du Parlement et du Conseil européen, qui nous dit qu'il faut donner un temps de
04:18 réflexion en quelque sorte pour savoir si cette personne qui a traversé la frontière
04:22 illégalement, eh bien est-ce qu'elle va le faire par elle-même.
04:24 Il y a quelque chose d'un peu ubuesque là-dedans.
04:26 C'est le droit qui déréalise la politique, qui déréalise la société.
04:30 Et c'est surtout l'Empire européen qui, encore une fois, piétine et neutralise la
04:36 souveraineté nationale.
04:38 Je cite ici une association droite lumiste, qui soit dit en passant, c'est à la demande
04:43 du Conseil d'État qu'on a consulté la Cour européenne.
04:46 Je cite « La décision de la Cour vide de sa substance les effets des refus d'entrée.
04:52 » Poursuite « Après huit ans de pratiques illégales du gouvernement français en matière
04:57 de contrôle et d'enfermement des personnes en migration aux frontières intérieures,
05:01 la Cour de justice de l'Union européenne confirme qu'elles sont contraires aux droits.
05:04 » Donc on comprend ici qu'il y a un droit transcendant.
05:06 Un droit divin en quelque sorte.
05:09 Cette divinité s'appelle l'Union européenne.
05:11 Et ce droit vient neutraliser ou même écraser la souveraineté nationale et le droit qu'aurait
05:16 chaque pays de décider de ses frontières.
05:18 Donc il y a trois, je dirais, il y a trois leçons qu'on peut retenir de cela.
05:22 La première, c'est que le niveau national est neutralisé.
05:25 Il faut simplement accepter l'idée que tant qu'il n'y aura pas un défi qui se reposer,
05:29 la Hongrie le fait, la Pologne le fait, le Danemark le fait, mais tant qu'un rapport
05:33 de force n'est pas engagé avec l'Union européenne en disant « Désolé, c'est
05:37 le droit national qui prime vos machins juridiques », eh bien, il n'y aura pas… la question
05:42 migratoire ne se réglera pas.
05:43 On est dans une situation où il faudrait la poser massivement.
05:46 On est devant une migration massive et le droit européen nous oblige à la traiter
05:49 sur le mode du traitement individuel à chaque fois.
05:51 C'est insensé.
05:52 Deuxièmement, tous les débats des dernières années sur la fédéralité, est-ce que l'Union
05:56 européenne est fédérale ou non, c'est un débat purement théorique aujourd'hui.
05:59 Dans les faits, l'Union européenne s'est fédéralisée.
06:02 C'est une fédération de fait avec un pouvoir impérial surplombant qui se nomme la Commission
06:07 européenne, qui se nomme les différents organes du pouvoir européen, notamment cette
06:10 Cour de justice.
06:11 Et les souverainetés nationales sont désormais résiduelles dans cet empire.
06:15 Et finalement, l'empire européen neutralise toute capacité qu'ont les États d'assurer
06:20 la défense de leur identité, de leur souveraineté.
06:22 Le régime européen s'est substitué au régime démocratique.
06:26 - Intéressant.
06:27 Qu'appelez-vous le régime européen?
06:28 - Alors, vous savez, moi, je suis très aristotélicien en politique.
06:31 C'est toujours très, très, très...
06:33 Ça paraît bien dire ça.
06:34 Mais qu'est-ce que ça veut dire?
06:35 Aristote nous disait, la question du régime est la question première.
06:39 La question du régime, c'est comment est organisé le pouvoir dans une société, à
06:43 qui gouverne, qui est gouverné, de quelle manière ce gouvernement s'exerce-t-il et
06:47 au nom de quoi gouverne-t-on?
06:49 Eh bien, quand on regarde l'Union européenne, ça a pris la forme aujourd'hui d'un régime,
06:53 on pourrait dire post-national, qui n'est pas sans faire penser, j'en ai déjà parlé
06:56 avec vous ici, à ce qu'était l'URSS de jadis.
06:59 Évidemment, il n'y a pas de goulag, évidemment, les libertés sont davantage préservées,
07:03 ça va de soi, mais je vais faire la parenté suivante, j'y reviens parce que c'est, je
07:05 crois, la comparaison interdite par l'époque et qui est pourtant nécessaire.
07:10 Dans les deux cas, vous êtes dans une entité supranationale qui prétend incarner la prochaine
07:14 étape de l'histoire de l'humanité.
07:16 Dans les deux cas, vous avez une idéologie officielle.
07:19 L'idéologie officielle de l'URSS, c'est évidemment le socialisme et le communisme.
07:23 L'idéologie officielle de l'Union européenne, c'est le post-nationalisme, c'est le mondialisme,
07:27 au service d'ailleurs, soit dit en passant, d'une oligarchie qui se prend pour la proto-classe
07:31 politique mondiale tôt ou tard.
07:33 Vous avez une bureaucratie qui a le vrai pouvoir.
07:35 C'est-à-dire, à la rigueur, vous pouvez toujours avoir des soviets ou des parlements,
07:38 mais au moment où ça compte, le pouvoir est porté par une bureaucratie et c'est une constante,
07:42 soit dit en passant, dans l'histoire de tous les empires.
07:44 Les empires ont un pouvoir qui repose à la fois sur la figure de l'empereur, évidemment,
07:48 et de l'autocrate, quelquefois, et de la bureaucratie qui est le véritable pouvoir,
07:53 qui est la productrice de normes, cette bureaucratie qui en sert tous les domaines de l'existence.
07:57 Il y a une doctrine de la souveraineté limitée, qu'on se rappelle, soit dit en passant, au
08:01 temps de l'URSS, des pays qui appartenaient au pacte de Varsovie, on disait qu'ils avaient
08:05 une souveraineté limitée.
08:06 Donc, vous avez une souveraineté dans le respect des principes du socialisme et de
08:09 l'hégémonie russe sur ce coin du monde.
08:10 Aujourd'hui, quand une nation veut exercer sa liberté politique, sa souveraineté, on
08:16 dit « un instant, vous allez trop loin, vous sortez du périmètre du droit européen tel
08:20 qu'on l'entend aujourd'hui, et dès lors, votre souveraineté est limitée par les traités.
08:25 » Je crois que c'est Jacques Delors qui avait d'ailleurs dit qu'il n'y a pas de démocratie
08:28 ou de vie politique à l'extérieur des traités.
08:30 On est dans une reproduction de la doctrine de la souveraineté limitée.
08:33 Et n'oublions pas Mme von der Leyen qui avait dit « je respecte évidemment le résultat
08:36 des élections, mais si ça tourne mal, je sais quoi faire ». Le concept de tourner
08:40 mal est passionnant, il faudrait y revenir.
08:42 Absence d'identité substantielle, évidemment.
08:44 Donc, on est devant, comme je dis, une entité politique qui ne se fonde pas sur une civilisation,
08:49 parce que l'Europe, c'est une civilisation de génie, mais l'Union européenne emprunte
08:53 le nom d'Europe pour faire toute autre chose que l'Europe.
08:55 L'Union européenne devient, je le dis, le laboratoire d'une gouvernance technoscientifique
08:59 mondiale, technocratique mondiale, mais c'est certainement pas une expérience politique
09:03 démocratique.
09:04 Et aussi, c'est la grande expérimentation sociale avec l'idée de fabriquer, l'Union
09:08 soviétique voulait faire l'homo soviéticus, et bien l'Union européenne veut faire l'homme
09:11 post-national déconstruit avec l'horizon de la fluidité identitaire et ainsi de suite.
09:17 Donc, on a tout ça, il y a une parenté à penser.
09:19 J'insiste, une parenté, ça ne veut pas dire que l'un, c'est l'autre.
09:22 Ça ne veut pas dire que, je ne dis pas que l'Union européenne aujourd'hui, c'est
09:25 le RSS, je ne m'en étais pas entendu.
09:27 Ce que je dirais simplement, c'est qu'on doit penser les temps présents à la lumière
09:32 d'une expérience historique vers laquelle on se tourne peu, mais qui nous informe beaucoup
09:36 sur nous-mêmes.
09:37 - Vous parlez d'une démocratie, mais sous tutelle.
09:39 Le phénomène dépasse-t-il les frontières de l'Union européenne?
09:42 - Eh bien, c'est le problème, hein.
09:43 Et c'est le problème.
09:44 Vous savez, ces dernières années, Nicolas Baverez avait fait un très bon livre sur
09:47 ça.
09:48 Il disait qu'il y a le choc entre les démocraties libérales et les empires autoritaires.
09:50 Le seul amendement que j'aurais proposé à son livre, c'est que nos démocraties
09:55 libérales n'en sont plus vraiment.
09:56 Nos démocraties libérales n'ont plus de démocratie libérale que le nom.
09:59 Et je donne quelques exemples.
10:01 Il y a des procès politiques pour délit d'opinion qui se multiplient.
10:04 En vous lançant une idée dans l'espace public, si ça choque un des lobbies, vous
10:08 savez, des groupes protégés qui, aujourd'hui, décident des nouvelles lois sur le blasphème,
10:12 si vous remettez en question notre vision du monde, nos intérêts, notre identité,
10:16 on va vous poursuivre et vous allez devoir payer telle... x milliers d'euros parce que
10:21 vous avez dit quelque chose qui choque tel ou tel lobby.
10:23 C'est quand même fascinant, le délit d'opinion est de retour dans notre monde et c'est un
10:27 délit de blasphème parce que certains ont le droit de dire ce qui est sacré et ce qui
10:30 ne l'est pas.
10:31 Extension du domaine de la censure au nom de la lutte contre la haine.
10:34 La dernière...
10:35 J'ai souvent parlé de la loi écossaise sur la censure, hein.
10:38 J'en avais parlé ici, où dans le domaine privé, ce qu'ils appellent les propos haineux
10:42 seront interdits.
10:43 Donc, autrement dit, on peut désormais pénétrer dans votre maison pour savoir ce qu'on va
10:46 y dire et ce qu'on ne peut pas y dire.
10:49 En Irlande, nouvelle étape, ça s'est voté il y a quelques mois, une loi la plus ambitieuse
10:54 en matière de lutte contre la haine qui consiste à dire que si vous remettez en question,
10:57 par exemple, la théorie du genre, vous pouvez être accusé d'incitation à la haine, ça
11:01 peut aller loin quand même, et si vous possédez chez vous du matériel qui peut inciter à
11:05 la haine, eh bien c'est presque traité, je dis presque, comme du contenu pédopornographique.
11:11 Donc si vous avez un livre d'un auteur scandaleux qui est censé appeler à la haine, théoriquement,
11:15 en certaines circonstances, on pourra vous le reprocher.
11:18 Des partis, je poursuis mon analyse, qu'on est encore en démocratie, qui représentent
11:23 des grands pans de l'électorat mais qui ne sont plus invités, qu'on refuse d'imaginer
11:27 dans le périmètre de la conversation républicaine, comme on dit aujourd'hui.
11:30 Le passage d'une société de liberté à une société d'autorisation, et ça l'écologisme
11:35 nous réserve de belles surprises sur ça.
11:36 L'instrumentalisation des enfants pour la mise en place de nouvel homme nouveau, et
11:40 ça c'est la survalorisation, comme on l'a vu à Rennes, si je ne me trompe pas, ces
11:44 derniers jours, de l'enfant non-binaire qui est vu comme la nouvelle étape de l'émancipation.
11:48 L'enfant non-binaire donne plus de points quand vient le temps de monter la cagnotte
11:51 pour les associations sportives que si vous saviez que les garçons ont des filles.
11:54 Donc le régime pousse à la non-binarité, c'est quand même culotté, et la réduction
11:59 à sa part minime de la souveraineté populaire, et un changement de peuple à travers la grande
12:03 révolution démographique de notre temps.
12:05 Donc sommes-nous encore en démocratie libérale ? Nous portons encore ce nom officiellement,
12:08 mais ce n'est plus la réalité.
12:09 – Vous partagez ce constat Arthur de Valtrégan, on est toujours ou pas en démocratie libérale ?
12:14 – Ça devient compliqué, mais pour rien ne vous cacher, quand j'ai vu cette directive
12:19 sur CNews sortir, qui est ancienne, qui date de 2008 comme l'a rappelé Mathieu, j'ai
12:23 relu plusieurs fois, tellement je n'y croyais pas tout simplement.
12:27 Ce qu'il nous explique c'est que le délit est commis, mais au cas où le délinquant
12:33 a des remords, il faut lui laisser la possibilité de rentrer chez lui, tout seul, comme un grand.
12:39 Donc c'est-à-dire qu'on n'applique pas la justice.
12:41 Alors vous me direz, ça va arranger Gérald Darmanin et sa clique, quand on fera le décompte
12:45 des clandés qui se baladent dans la creuse, ils diront "pouh c'est pas nous, c'est
12:49 Bruxelles".
12:50 Il y a quelque temps, rappelez-vous, on annonçait une justice prédictive, un peu la "minority
12:54 report", c'est dans l'air du temps.
12:55 Alors on est carrément passé de la justice prédictive à la réparation prédictive
13:02 du délit, ce qui est encore plus effrayant, c'est-à-dire qu'en fait ça s'arrête
13:04 à quel moment ? Imaginons, on a un nom au hasard, Mathéo,
13:08 il va tabasser une grand-mère.
13:09 On ne va pas l'arrêter parce qu'il faut lui lisser la possibilité d'aller lui revenir
13:14 tout seul lui faire un masser cheriac pour 10 balles, évidemment qu'il l'a tabassé,
13:17 lui remettre les sous-sous dans la poche et puis éventuellement lui ramener un bouquet
13:21 de fleurs.
13:22 La jurisprudence est quand même assez dingue là-dessus.
13:24 Alors, en sortant un peu du délire, même si avec la Commission européenne on n'est
13:28 jamais à l'abri de rien, il faut toujours se rappeler que l'Union européenne c'est
13:32 une machine à acheter de la souveraineté.
13:33 Et c'est uniquement ça.
13:34 C'est-à-dire qu'ils ont une ligne idéologique qui est claire, c'est qu'on transforme
13:37 les peuples en simples consommateurs.
13:39 Un consommateur, il n'a pas besoin d'identité, il n'a pas besoin de culture, il n'a besoin
13:43 de rien.
13:44 Mais ce qui est fascinant c'est que notre UBU président Emmanuel Macron, dans son intervention
13:49 télévisuelle la semaine dernière, a eu une réflexion très juste en expliquant que tous
13:54 nos problèmes c'était parce qu'on payait le prix de notre dépendance.
13:59 Et qu'est-ce que fait Emmanuel Macron depuis le début de son quinquennat, même son premier
14:04 quinquennat, c'est que politiquement il ne cesse de refiler les clés de notre souveraineté
14:08 une à une à l'Union européenne.
14:09 D'ici la fin de son mandat on aura tout le trousseau qui sera parti à Bruxelles.
14:13 Et économiquement, il nous met chaque jour un peu plus dans la main des créanciers,
14:18 donc en creusant notre dette.
14:19 Donc il explique, le problème c'est qu'on nous sommes dépendants, mais il accroît
14:24 cette dépendance.
14:25 Et si on regarde du côté de l'Italie, comment expliquer le revirement de Giorgia Molini
14:29 qui avait une politique migratoire très ferme au moment de son arrivée au poste de
14:34 Premier ministre, et ce qui s'est passé à Lampedusa où elle faisait des papouilles
14:37 avec Madeleine Van der Leyen ?
14:38 C'est la dépense économique.
14:40 L'Italie, on le sait, est dans une situation financière qui est très grave, catastrophique,
14:44 encore plus depuis le Covid, et c'est pourquoi elle bénéficie du plan de relance Covid,
14:49 financé par l'Union européenne, donc par les Européens, donc par les Français, à
14:52 hauteur de 181 milliards d'euros.
14:54 Or, elle avait touché ces deux premières tranches, pas la dernière.
14:56 Mathieu l'a rappelé, on sait ce que pense Mme Van der Leyen, si les pays ne sont pas
15:01 d'accord, on a les moyens de faire pression pour les renverser et les obliger.
15:05 Bizarrement, cette tranche a été finalement donnée.
15:08 La France, certes, n'est pas dans la même situation que l'Italie, on n'a pas la même
15:12 dépendance financière, en tout cas pour l'instant, mais il y a quelques mois, on a signé le
15:17 pacte de migration et d'asile en Europe, à l'Union européenne.
15:20 Et le pacte de migration et d'asile est très clair, il explique, vous allez céder votre
15:24 souveraineté, la gestion de la politique migratoire, c'est l'Europe qui la gère.
15:28 Or, la gestion de la politique migratoire, ce n'est pas un meilleur contrôle, c'est
15:32 une meilleure gestion des flux.
15:33 Il y a quatre points, je le rappelle, mise en place d'un pont maritime entre l'Afrique
15:37 et l'Europe, relocalisation des migrants dans nos campagnes.
15:40 Et qu'est-ce qu'on a vu apparaître ces derniers temps ? Un petit guide pour nos
15:42 ploucs de ruraux qui sont tellement débiles qu'on leur donne un petit guide de comment
15:45 accueillir les migrants qu'ils appellent réfugiés, mais en réalité, ils n'ont jamais
15:48 le statut de réfugiés.
15:49 On a une perte de la souveraineté des États vers l'Union européenne et on a une mise
15:52 sous tutelle de la politique migratoire au nom d'experts dont la plupart viennent d'ONG.
15:57 Donc cette directive, si vous voulez, de 2008 n'est qu'un outil de plus pour accélérer
16:01 cette politique immigrationniste volontaire.
16:03 Certains appellent ça la créolisation, d'autres appellent ça le grand remplacement.
16:07 Pour les uns, ils s'en réjouissent, pour les autres, ils s'en désolent.
16:10 Mais en tout cas, la finalité est la même pour tout le monde, ça s'appelle la destruction
16:13 des peuples.
16:14 Deuxième thématique à présent, et nous parlons souvent autour de cette table des
16:19 dérives du service public et ce que vous appelez sa tentation du procès idéologique.
16:24 Et c'est sur une telle séance que vous souhaitez revenir, d'autant qu'on en parle de plus
16:30 en plus sur les réseaux sociaux et que la vidéo de ce procès devient virale.
16:35 Un tribunal nommé France Inter et le procès, l'accusé à la barre s'appelle Samuel Fitoussi.
16:41 C'est une scène remarquable, je vous invite tous à la retrouver sur Twitter pour voir
16:45 comment s'opère aujourd'hui un procès idéologique sous nos latitudes.
16:51 Alors, Samuel Fitoussi vient de publier un livre tout à fait remarquable.
16:55 Premier livre de type à 25 ans, un livre de très grande qualité, "Woke Fiction", c'est
16:58 bien le titre, qui cherche à voir comment les critères "woke" aujourd'hui, on l'affiche
17:04 à l'écran justement, comment les critères "woke" aujourd'hui transforment la production
17:08 des séries, des films, autrement dit, comment le "wokisme", dont on parle souvent, c'est
17:14 la nouvelle étape du réalisme socialiste.
17:16 On est passé du réalisme socialiste auparavant en URSS, maintenant on a le réalisme diversitaire.
17:20 Et c'est une idéologisation de l'art, une idéologisation de la création, une idéologisation
17:26 de la culture.
17:27 Et il s'en inquiète et il donne des preuves, il donne beaucoup de faits.
17:30 Il est accueilli par un tribunal composé de Mme Marie Misset, Maya Mazoretz-Diège et
17:36 Marine Bausson, j'espère ne pas massacrer son nom.
17:39 Ces trois-là sont d'une nullité intellectuelle époustouflante.
17:43 Je dirais qu'il y a un génie de la médiocrité qui doit être souligné de temps en temps
17:49 et ces trois-là franchement méritent l'Oscar.
17:50 Alors qu'est-ce qu'on voit là devant ça?
17:52 Les trois répètent tous les slogans attendus.
17:55 Par exemple, un mot sur l'intersectionnalité, le concept d'intersectionnalité, FITUSI en
18:00 fait une critique, il explique quel usage on en fait aujourd'hui.
18:02 Et l'une des trois commissaires politiques dit "non, non, non, c'est pas une notion,
18:06 c'est un outil, c'est pas une notion, c'est un outil".
18:08 On a envie de dire "non, c'est un notion, outil, concept", à un moment donné c'est
18:12 un concept que l'on peut critiquer et là on voit la commissaire politique qui ramène
18:15 à l'ordre.
18:16 Et c'est ce qui se passe avec FITUSI tout au long de l'entretien, il est ramené à
18:19 l'ordre chaque fois.
18:20 On n'accueille pas sa thèse pour la discuter, on n'accepte pas sa présence en disant "on
18:25 va échanger, on va parler, on va voir selon tes questions".
18:27 Il s'agit simplement de se payer la tête du type pour le ridiculiser, pour l'humilier,
18:33 ça fonctionne pas soit dit en passant.
18:34 FITUSI quand on regarde la vidéo, c'est intéressant, il conserve un flingue, il semble étonné,
18:39 il se dit "je crois, il ne l'a pas dit, c'est moi qui l'interprète, je peux pas
18:42 le dire".
18:43 Je pense qu'il se demande comment peut-on être aussi bête.
18:44 Comment peut-on être aussi bête et moi j'ajouterais comment peut-on être aussi bête et autant
18:47 subventionné.
18:48 Parce que ces trois militantes dans les circonstances, ce ne sont pas trois militantes qui feraient
18:53 ça sur leur temps libre, elles reçoivent de l'argent public pour faire de tels procès
18:58 idéologiques et ensuite on se demande pourquoi il y a une méfiance envers les médias de
19:01 l'État.
19:02 Je donne un autre exemple, FITUSI s'inquiète des quotas ratio dans le cinéma.
19:08 Il dit "c'est un problème quand même qu'on décide de choisir les gens selon des critères
19:11 ratio.
19:12 Une société civilisée ne racialise pas les appartenances".
19:15 Réponse, je crois, cette fois-là de Mayem Mazoret qui dit "vous critiquez certaines
19:20 lois dans le cinéma, pourquoi celle-là plutôt que d'autres?
19:22 Il y a des lois qui disent à quelle heure les cinémas doivent ouvrir et fermer et ainsi
19:25 de suite.
19:26 Pourquoi vous intéressez à celle-là?"
19:27 Donc on était dans le club du ricanement minable, on était dans le club de la médiocrité
19:32 fière d'elle-même, on était dans le club des commissaires politiques.
19:34 C'était fascinant et de ce point de vue, je pense qu'il fallait mettre l'accent là-dessus
19:38 pour que tous voient ce à quoi servent les impôts.
19:40 Une telle émission selon vous ne devrait pas exister?
19:43 Elle ne devrait pas exister dans le service public, c'est-à-dire le service public ne
19:46 devrait pas être idéologique, il ne devrait pas être au service d'une thèse plutôt
19:49 que d'une autre thèse, il devrait être non-idéologique, il devrait avoir un devoir,
19:53 on ne devrait pas savoir ce que pensent idéologiquement les journalistes.
19:57 Mais ce n'est pas le cas.
19:58 Et de ce point de vue, France Inter devient une forme de radiocourtoisie de grande taille
20:03 mais financée avec l'argent public, ce qui est quand même un peu inquiétant.
20:06 C'est aussi un média de rééducation, comme l'est trop souvent, hélas, comme l'est
20:09 trop souvent le cinéma français.
20:11 On voit en ce moment circuler beaucoup sur les réseaux sociaux la bande d'un film qui
20:14 va sortir dans un mois environ, c'est Monsieur le maire, qui est une ode à l'accueil massif
20:21 des migrants dans les campagnes.
20:23 Et là, on voit très bien les choses, les villageois bornés, méchants, pas gentils,
20:27 et la figure rédemptrice de la diversité et de l'altérité qui vient faire revivre
20:31 un village qui, laissé à lui-même, était condamné à péricliter.
20:35 Alors, soit on arrête de telles émissions, ce serait pas mal, ou alors le service public
20:39 décide de faire une émission en concurrence avec celle-là, fait sur la même case horaire,
20:43 l'un dit, eux, mardi, l'autre, vous voyez un peu l'idée, qui serait avec Juliette
20:48 Brièze, Gabriel Cluzel, et trouver la troisième personne, Julien Rochdy, Thaïs Descuffon,
20:53 je sais pas qui exactement, mais ces gens-là sur le service public, financés à même
20:57 l'argent des contribuables, qui devraient se retrouver là, et là, ce serait amusant
21:00 de voir comment réagiraient nos gens du service public qui apparemment sont dans le
21:04 parti du pluralisme et sont dans l'état dans le parti du fanatisme.
21:06 – Quel regard vous avez porté sur cette interview, Arthur ?
21:09 – C'est une bonne idée, ce que dit Mathieu, Juliette serait parfaite sur France Inter,
21:13 parce qu'en plus, elle est beaucoup plus intelligente et beaucoup plus drôle que
21:16 les cruches qui font l'émission.
21:18 Alors, moi, ce qui me fatigue toujours chez France Inter, c'est leur concept, ils ont
21:21 inventé un concept fascinant, c'est "on se fait payer pour taper sur leurs financiers",
21:28 en concluant que c'est bien la preuve que la liberté d'expression et le pluralisme
21:32 existent, c'est quand même imparable comme argument.
21:33 Donc, le camarade, fit aussi, était l'accusé, convoqué au nouveau tribunal, de une nouvelle
21:39 émission, c'est une nouvelle émission qui préserve, selon la grande patronne, le
21:43 pluralisme, les prix de contradiction avec un ton anti-politiquement correct.
21:46 Mathieu, ne riez pas, je n'invente rien, c'est ce que disait la grande patronne.
21:51 Et c'est une émission qui est conduite par un trio de chocs qui a remplacé les guignols
21:56 du plat pays, là, en septembre, au point même qu'ils nous les font regretter, c'est
22:00 dire l'exploit.
22:01 En fait, ils avaient une charmante pointe d'accent qui habillait le vide de leurs pensées
22:07 et nous donnait souvent envie de relire Baudelaire, ce qui n'était pas plus mal.
22:09 Mais rassurez-vous, l'esprit capo version Rick Ademan de Vestal Hystérique est toujours
22:13 présent, le cachyme de chroniqueur Thierry Ferrer de La Norme est toujours au poil, évidemment,
22:18 et au programme de ce procès, Walk Fiction, et autant vous dire que nos truffes n'ont
22:24 pas aimé la quatrième de couverture.
22:26 De toute façon, elles n'étaient pas venues pour poser des questions, déjà pour poser
22:28 des questions, il faut lire le livre, elles en sont incapables et elles ne l'ont pas
22:31 fait, mais en plus, elles ont affirmé, Mathieu l'a rappelé, mais très sérieusement,
22:35 c'est ça qui est fascinant, l'intersectionnalité est un outil scientifique.
22:38 Voilà, donc elles étaient là pour affirmer des faussetés, pour accuser et pour demander
22:42 également en réparation.
22:43 Alors, lorsque nos Walk, avec une carte de presse, se sont rappelés tout d'un moment
22:47 que le concept était aussi un entretien, elles ont posé cette question merveilleuse
22:51 que Mathieu a rappelée, mais que je vais encore rappeler parce que cette question,
22:53 il faut la noter, il faut l'écrire pour se rendre compte de la bêtise.
22:56 Il y a plein de lois qui régissent le cinéma, comme par exemple des horaires.
22:59 Alors pourquoi il faut respecter l'inclusivité, qui est en fait juste le nouveau nom du racialisme,
23:04 de la discrimination raciale ? Et pourquoi ça vous dérange ? Ce qui est quand même
23:07 fascinant, non seulement de penser ça, mais d'oser le dire à une antenne publique.
23:11 Donc à se demander, en fait, finalement, si la radio publique ne fait pas ses cours
23:14 dans le rayon ustensile de toilette, parce que ce n'est pas donné à tout le monde
23:17 de racler avec autant de talent les bases fausses de la haine de l'autre et qui est
23:21 souvent en fait la haine du peuple.
23:22 La publicité, on revient dans un instant.
23:26 Vous allez recevoir Laurent Auberton pour son livre « Raisonnablement sexiste ».
23:32 On revient dans quelques instants.
23:33 La suite de Face à Mathieu Bocote, mais avant cela, le point sur l'information avec vous.
23:42 Félicité Kindocky.
23:43 Rebonsoir, félicité.
23:44 Rebonsoir.
23:45 À la ligne de l'actualité, toujours aucune trace de Lina dans le bar 1.
23:49 Une semaine après sa disparition, la piste criminelle est sérieusement envisagée.
23:52 Ce matin encore, les recherches se poursuivaient.
23:55 Les gendarmes ont procédé à des actes de police techniques et scientifiques pour retrouver
23:59 l'adolescente de 15 ans.
24:01 15 personnes ont été interpellées mardi à leur domicile, puis mises en examen après
24:05 l'incendie qui avait entièrement détruit la mairie de Persan, dans le Val d'Oise,
24:09 et endommagé le poste de police municipale lors des émeutes qui ont suivi la mort de
24:13 Naël fin juin, selon le ministère de la Justice.
24:15 Au 1er août, 2 107 personnes ont été jugées.
24:18 1 989 ont été condamnées, dont 90% à une peine d'emprisonnement.
24:23 Le pape François a ordonné aujourd'hui 21 cardinaux issus de 4 continents, dont la
24:28 majorité seront appelés à élire un jour son successeur.
24:31 Il s'agit de diplomates, de proches conseillers et des hommes de terrain.
24:35 La cérémonie solennelle s'est tenue ce matin sur la place Saint-Pierre de Rome.
24:39 Les nouveaux cardinaux se sont agenouillés devant le pape pour recevoir la barrette,
24:43 une toque quadrangulaire et un anocardinalis.
24:45 Merci chère félicité pour le point sur l'information, on est toujours avec Mathieu et Arthur, vous
24:51 vous êtes fait trois amis, je les cite Marie Misset, Maya Mazoret et Marine Bausson qui
24:57 ont regardé attentivement la séquence et voilà, trois nouvelles amies.
25:00 Permettez-moi, il y a évidemment du second degré, de retirer juste le mot cruche qui
25:03 avait été dit, mais je sais qu'il y avait beaucoup là aussi de second degré lorsqu'on
25:07 a parlé de ce tribunal nommé France Inter et ce procès qui a été fait contre Samuel
25:13 Fitoussi, 8 minutes 27 que j'invite les téléspectateurs à revoir pour se faire une idée.
25:17 Vous avez reçu et vous recevez désormais Laurent Oberton, merci d'être avec nous.
25:20 Vous venez de publier un nouvel ouvrage qu'on va voir à l'antenne, Laurent Oberton, raisonnablement
25:28 sexiste.
25:29 Pourquoi avoir invité, Mathieu Bocote, Laurent Oberton ce soir ?
25:32 Alors les livres de Laurent Oberton sont toujours intéressants et voilà un livre intriguant.
25:36 Parce que parmi les termes aujourd'hui, parmi les pires qu'on peut coller à quelqu'un,
25:41 c'est généralement sexiste.
25:42 Je ne connais personne qui se revendiquerait du sexisme.
25:45 On devine qu'il y a un deuxième degré.
25:46 Mais plus encore, il y a une forme de culot à l'idée de dire qu'on peut être raisonnablement
25:51 sexiste.
25:52 On regarde ça, on se dit, ce type court après le procès, il cherche les ennuis, il cherche
25:56 les embrouilles, quoi qu'il en soit, c'est pour parler de ce livre.
25:59 Laurent Oberton, bonsoir.
26:00 Bonsoir.
26:01 Alors on va y aller avec une définition d'abord, c'est toujours notre premier souci de deux
26:04 termes.
26:05 Qu'entendez-vous d'abord par sexisme et deuxièmement, comment peut-on être raisonnablement sexiste?
26:11 C'est important de rester raisonnable.
26:14 En effet, sans quoi le titre serait un petit peu fort.
26:17 Mais disons que je gagne du temps avec ce titre, puisque aujourd'hui en France, c'est
26:21 assez malheureux, mais quel que soit le sujet du débat de société qu'on va aborder, on
26:27 risque fort de se heurter à ce genre d'anathème.
26:29 Et de nos jours, le seul fait d'expliquer qu'il existe peut-être des différences entre
26:36 les hommes et les femmes, voire même qu'il existe des hommes et des femmes, peut déjà
26:39 vous valoir cette excommunication bien pensante, cette accusation qui est censée faire du
26:47 débat votre procès et donc vous réduire à néant dans toute forme de discussion et
26:54 d'argumentation.
26:55 Donc à partir de là, je gagne du temps.
26:58 En gros, vous dites "on va me traiter de sexiste, c'est inévitable, j'assume le stigmate".
27:03 Voilà, mais le tout étant, comme je l'ai dit, de rester raisonnable et pondéré.
27:08 Il existe une réalité, comme disait le sociologue Steven Pinker, la réalité ne peut pas être
27:13 sexiste.
27:14 Malheureusement, de nos jours, on sait bien que c'est plus compliqué que ça et que
27:17 dès que le débat se porte sur de tels sujets, vous risquez fort de vous heurter à des idéologues
27:24 un petit peu forcenés qui vont essayer de vous assigner à cette case pour interdire
27:29 tout simplement le débat et tordre la pensée de l'auditeur, du téléspectateur.
27:34 Alors, on entend maintenant, le raisonnablement il est où ?
27:38 Alors le raisonnablement, il est, je crois, dans une approche dépassionnée de ce sujet
27:45 si passionnant.
27:46 Il existe effectivement des différences entre les hommes et les femmes.
27:50 Le féminisme a des conséquences, le transactivisme a des conséquences, etc.
27:55 Quelles sont-elles ? Moi, je crois que les relations entre les hommes et les femmes sont
27:58 devenues très compliquées et que l'époque les complique encore beaucoup plus.
28:02 La production culturelle notamment.
28:04 Donc, il faut remettre en quelque sorte, c'est le sous-titre, remettre les hommes et les
28:09 femmes à leur place.
28:10 Ce n'est pas forcément à la tête des armées et dans la cuisine.
28:15 C'est-à-dire, on se réaccorde avec leur nature, leurs aspirations.
28:23 On les observe calmement, on les écoute et tout se passera peut-être un peu mieux que
28:29 si on essaye de leur forcer la main.
28:30 Justement, globalement, on pourrait dire que l'acquis intellectuel, si c'en est
28:34 un, on verra, des 40 dernières années, à tout le moins la thèse, ça consiste à
28:38 chercher à réduire le plus possible la part de la nature dans le masculin et le féminin
28:44 et de maximiser la part de la culture ou de l'artifice social.
28:47 J'ai eu l'impression de cela en lisant vos autres livres auparavant, j'ai l'impression
28:52 que ce que vous souhaitez dans votre contribution au débat, c'est de ramener la part du naturel,
28:58 que ce soit le biologique, l'anatomique.
29:00 Généralement, dans les explications sociales, on aurait appelé ça autrefois de la sociobiologie
29:04 peut-être, qui était une entreprise intellectuelle qui a été abandonnée depuis.
29:08 Mais est-ce que je présente correctement les choses en disant que vous cherchez à
29:11 ramener le naturel dans les rapports entre les sexes ?
29:15 Oui, exactement.
29:16 Je crois que la biologie existe, on a tendance un peu à l'oublier ou à le déplorer.
29:20 Mais non, les faits sont extrêmement têtus.
29:24 Nous sommes le produit d'une longue évolution.
29:28 Nous n'échappons pas à notre qualité animale et ça a des implications qui traversent les
29:36 siècles et qui traversent les influences culturelles bien plus que nous voulons l'imaginer.
29:40 Je sais que des théories socialistes, voire communistes, ont prévalu intellectuellement
29:49 et consistaient à donner à l'environnement la toute-puissance, ce qui justifiait la toute-puissance
29:54 des administrations, ce qui justifiait en quelque sorte le conditionnement des populations.
30:00 Puisque si les thèses féministes, en quelque sorte, c'est la femme est un homme comme
30:06 les autres et donc si elle n'est pas exactement comme lui, c'est qu'elle a été manipulée,
30:11 empêchée, je ne sais quoi.
30:12 Donc il faut toute la force de l'État pour rééquilibrer la balance.
30:16 Et à partir de là, on entre dans une ère qui ne s'intéresse plus du tout à ce que
30:21 nous sommes et à ce que nous voulons, mais qui va essayer de tordre les individus pour
30:25 leur bien, toujours évidemment, mais quand même.
30:27 Alors je me tourne vers Chantal Delsol qui, dans un texte il y a quelques années, dit
30:31 qu'il y a une dimension anthropologique naturelle, qu'on l'appelle comme on souhaite,
30:35 donc qui ne relève pas du construit social, est indéniable.
30:37 Mais est-ce qu'une partie des acquis de l'émancipation démocratique, ce n'est pas de nous avoir
30:42 montré que derrière ce qu'on croyait être naturel, il y avait aussi beaucoup, soit de
30:46 privilégier, de construction sociale, appelez-ça comme vous le souhaitez.
30:48 Autrement dit, est-ce que la dénaturalisation des rapports sociaux, des rapports entre les
30:53 sexes depuis 50 ans, ça n'a pas dégagé un espace de liberté plus que légitime pour
30:56 les femmes, qu'on n'avait pas l'habitude autrement dit de mettre de la nature un peu
30:59 partout, en faisant oublier que c'était du culturel ou du social ou de l'acquis ?
31:03 Alors il y a bien sûr des structures culturelles fortes, dans lesquelles nous évoluons, auxquelles
31:09 on ne peut échapper, nous sommes le produit aussi dans notre époque, évidemment, mais
31:15 ça ne doit pas remettre en cause ces structures naturelles biologiques profondes, ces lois
31:21 qui nous gouvernent, et si on persiste à les nier, à les ignorer et à tout faire
31:27 pour qu'elles ne soient pas visibles...
31:29 Direz-vous les relativiser aussi ? La relativisation de ce que vous appelez ces lois de la nature,
31:34 est-ce que ce n'est pas aussi le travail de la culture et du politique ?
31:35 Alors il y a un travail qui est mené en ce sens, c'est très clair, mais il se heurte
31:40 à des limites qui me semblent particulièrement voyantes aujourd'hui, car plus on cherche
31:47 à réduire cette part de nature, plus j'ai l'impression qu'apparaît sa résistance,
31:52 en quelque sorte.
31:53 Aujourd'hui, on se rend bien compte que dans les pays notamment les plus progressistes,
31:58 où les femmes ont été les plus conditionnées à, par exemple, rejoindre le monde du travail
32:04 compétitif et concurrence, à la Suède en particulier, on a vu que dans ce pays, de
32:10 nombreuses femmes qui avaient fait le choix de tout sacrifier à la carrière et à des
32:14 postes de responsabilité, sont revenues bien plus qu'ailleurs à des rôles plus "traditionnels"
32:21 on va dire, puisque c'est toujours de nos jours très péjoratif de dire ça, mais des
32:28 rôles, la maternité, la place pour les enfants, du temps pour socialiser, etc., qui sont souvent
32:38 des critères qui sont souvent mis en avant par les femmes.
32:41 Donc ça montre bien que le balancier de correction culturelle est allé trop loin et qu'on va
32:47 vers un retour de bâton plus traditionnel.
32:50 Alors la parole à Arthur va être grande dans un instant, mais est-ce que par exemple
32:54 vous parlez d'un retour à cette dimension plus "naturelle", mais est-ce que globalement
32:58 l'ambition des sociétés démocratiques telle qu'on les comprend, ce n'est pas justement
33:02 de maximiser l'espace de liberté pour permettre par exemple aux femmes de ne pas avoir à
33:06 trancher entre la carrière et la famille, de faire en sorte que l'organisation sociale,
33:11 qui elle n'est pas que naturelle, puisse permettre de réconcilier ces deux choses,
33:15 qu'elle ne soit pas incompatible ?
33:16 Alors le problème c'est qu'on le fait au nom de la liberté, de la libération, mais
33:20 cette émancipation est un trompe-l'œil puisque c'est une injonction.
33:24 Quand on parle de libération sexuelle par exemple, on sous-entend avec insistance avec
33:32 la production culturelle.
33:33 Parfois Netflix, regardez les fictions sur ce sujet, on va encourager les femmes à
33:37 trouver leur liberté en s'affranchissant d'un certain nombre de schémas jugés archaïques,
33:45 la fidélité, une forme de retenue et de tempérance, et en gros on va leur suggérer d'être
33:53 des hommes comme les autres, encore une fois, dans leur comportement, en multipliant les
33:57 partenaires, en adoptant des standards de vie relativement perçus, c'est toujours
34:05 difficile de trouver les bons termes, comme masculins.
34:07 Et à partir du moment où il y a un mouvement qui vous conditionne à aller, à vous comporter
34:17 de telle manière que vous ne souhaitiez pas au départ, et bien vous n'êtes pas en
34:21 train de vous libérer, vous passez sous une nouvelle emprise.
34:23 Nous reviendrons sur cette idée de conditionnement, mais d'abord Arthur de Vatriguin.
34:26 Vous pointez du doigt des inégalités qui sont mises en avant ou affirmées comme vraies,
34:32 et que vous qualifiez souvent de complotistes dans votre livre, et parmi elles l'inégalité
34:36 salariale.
34:37 D'ailleurs c'est un sujet qui revient souvent, je crois que Le Monde a publié il n'y a
34:39 pas longtemps plusieurs chiffres, expliquant qu'il y avait une inégalité salariale qui
34:43 persistait entre les hommes et les femmes.
34:45 En quoi est-ce une idée fausse pour vous ?
34:47 Alors quand on décortique les chiffres, on se rend compte souvent qu'on oublie de nous
34:52 parler du temps de travail, de l'absentéisme, de tout un tas de différences, de choix de
34:58 carrière, d'investissement au travail, de productivité, etc.
35:01 On part toujours du principe, le fameux à poste égal, à diplôme égal, à compétence
35:07 égale, mais ça n'existe pas les compétences égales.
35:09 Et il se trouve que les hommes sont statistiquement, c'est toujours pareil, il ne faut pas dire
35:17 tous les hommes, toutes les femmes, ce n'est pas comme ça du tout que ça marche, mais
35:20 statistiquement les hommes ont tendance à se sacrifier davantage, à être plus attirés
35:25 par la compétition, par le statut, par les revenus d'argent que la moyenne statistique
35:33 des femmes.
35:34 Donc forcément ça va faire une différence chiffrée au bout du compte.
35:39 Alors on y revient, cela dit, disons, si on fait l'histoire du dernier siècle, pour
35:43 l'essentiel, je reviens sur cette idée que beaucoup de choses que l'on jugeait naturelles
35:47 finalement ne l'étaient peut-être pas tant que ça globalement.
35:49 Est-ce que de ce point de vue, l'arrivée plus tardive des femmes sur le marché du
35:54 travail, on ne peut pas s'attendre à ce que le fameux correctif attendu soit aussi
35:58 inscrit dans une nature des choses, c'est-à-dire pour plus qu'on respecte, qu'on accepte
36:02 l'idée qu'il y a une compétence, vous avez dit qu'il n'y a pas de compétence
36:04 égale, mais une capacité égale des sexes de s'inscrire dans la société, est-ce
36:08 qu'on ne peut pas s'attendre en dernière instance à ce que par le jus du marché,
36:11 du temps, globalement une forme d'égalité ou à tout le moins d'égalité relative
36:15 finissent par s'installer dans la société?
36:16 Alors on pourrait s'y attendre si tous les êtres humains étaient exactement identiques,
36:22 mais ce n'est pas le cas.
36:24 On a tous des capacités différentes et des aspirations différentes.
36:28 Ça, c'est très important et on le constate lors de toutes les enquêtes d'opinion et
36:33 même dans les modes de vie de tout un chacun.
36:35 On constate que les hommes et les femmes n'ont pas les mêmes priorités sociales ou professionnelles.
36:43 Et pour vous, ça relève du naturel?
36:45 Je pense qu'il y a un ancrage naturel assez important dans ces façons de concevoir le
36:54 monde puisqu'on observe, évidemment, j'ai beaucoup lu Franz Zewald, le spécialiste
36:58 des grands primates, et on observe d'énormes différences comportementales entre les chimpanzés
37:04 mâles, par exemple, et les chimpanzés femelles, des façons de se comporter et d'agir, des
37:09 attentes très différentes, une sexualité très différente.
37:12 Donc je pense que ça vient de très loin.
37:14 Dans votre livre, vous êtes un critique de l'idée de l'égalité.
37:20 Votre critique se porte aussi sur les hommes.
37:24 Vous dites que le féminisme a orienté nos sociétés d'une drôle de manière, mais
37:30 ce qu'on pourrait appeler le mythe de l'homme déconstruit dont on parle aujourd'hui, vous
37:34 le montrez assez sévère.
37:35 Que reprochez-vous à cette formule qui revient aujourd'hui de manière rituelle de l'homme
37:40 déconstruit?
37:41 Je pense que comme on ne parvient pas, le féminisme n'arrive pas à faire en sorte
37:46 que les femmes deviennent des hommes.
37:48 Finalement, on va essayer l'effet inverse, c'est-à-dire on va essayer de dénier aux
37:53 hommes leur masculinité, leur identité en les déconstruisant, donc en défaisant les
38:03 fameux codes virils.
38:05 Alors, c'est vraiment extrêmement large.
38:07 On peut parler de leur choix professionnel, mais aussi simplement des hobbies.
38:11 Vous savez, vous avez vu ces derniers temps sur les réseaux sociaux qu'il y a des campagnes
38:17 qui sont menées contre le fait d'aimer les cotalos, de rouler dans des grosses voitures,
38:22 etc.
38:23 Et ce sont quand même des manifestations.
38:24 Freud vous dira que ça dépend de questions anatomiques bien précises, mais les hommes
38:32 ont souvent besoin de cet étalage de puissance, de ces critères de consommation ostentatoire,
38:40 comme disait Veblen, pour affirmer leur statut.
38:42 Et c'est un besoin qui est beaucoup plus masculin que féminin.
38:45 Et qui peut être caricatural, c'est-à-dire je me permets de…
38:48 Évidemment.
38:49 Parce que je reviens à ce que je viens de faire d'ailleurs.
38:50 Oui, mais poussons la caricature plus loin.
38:52 C'est-à-dire n'y a-t-il pas aujourd'hui, et ça on peut parler presque d'un jeu d'équilibre,
38:57 il y a eu tout le discours sur la déconstruction du masculin, la relativisation du masculin,
39:01 l'humiliation du masculin peut-être.
39:02 Mais est-ce que l'envers de cela, ce n'est pas quelquefois une forme de masculinité
39:06 caricaturale revendiquée, où l'homme finalement prend pour idéal l'homme des
39:11 cavernes ?
39:12 Ah oui, oui.
39:13 Et vous avez d'ailleurs une réaction dite masculiniste dans tous les pays anglo-saxons,
39:18 et y compris en France.
39:19 Le culte du virilisme, des hommes qui veulent même vivre entre eux sans les femmes, ou
39:24 alors les femmes loin d'eux dans la cuisine, etc.
39:27 Forcément, toute pression comme ça va initier des inquiétudes et des réactions qui sont
39:33 excessives, et qui traduisent une angoisse de ces hommes face à leur virilité.
39:40 Ces hommes ont perdu une certaine confiance en eux pour surjouer à ce point ce qu'ils
39:46 sont censés être.
39:47 Mais de ce point de vue, est-ce qu'on pourrait dire que cet espèce de virilisme, et puis
39:50 je ne crois pas être un apôtre de Sandrine Rousseau, mais est-ce que ce virilisme autrement
39:55 dit n'est pas une caricature un peu dégradée du masculin ?
39:57 Si vous avez quelque part ça, ou dans l'ouvrage vous dites "les hommes doivent se reconstruire",
40:02 on aurait envie de dire "pas se reconstruire comme ça".
40:04 Non, non, bien sûr que non.
40:05 Et je pense que l'effondrement des valeurs morales, de la virilité morale, justement
40:11 est compensé par cet étalage un peu primitif de puissance.
40:15 Le fait de rouler dans des très grosses voitures, d'afficher les muses, de passer beaucoup
40:21 de temps à la salle pour montrer ses gros bras, etc.
40:23 Ce sont des démonstrations un petit peu pathétiques d'hommes qui n'ont peut-être pas une virilité
40:33 morale suffisante, on va dire, en quelque sorte, et tentent de compenser de la sorte,
40:39 comme ils peuvent.
40:40 Arthur de Vatriga.
40:41 Le taux de natalité en France est en chute, on ne se renouvelle plus, on a 1,8 enfants
40:46 par femme.
40:47 Et vous, vous écrivez dans votre livre que la différence justement entre les jeunes
40:49 et les vieux couples, c'est que les premiers ne sont plus dans le but explicite de former
40:54 une famille.
40:55 Pourquoi ?
40:56 Oui, il y a eu, je pense, un effondrement progressif de cette notion de famille, société
41:03 où chacun est très occupé par ses loisirs, par sa petite place dans la compétition sociale,
41:11 et se dit que faire un enfant va être un handicap social assez intolérable, assez
41:17 difficile à surmonter.
41:18 Il faut encore trouver un partenaire aussi qui soit valable, qui partage des valeurs,
41:23 qui permette de durer à ses côtés et de transmettre un certain nombre de choses.
41:28 La notion de transmission en France n'est plus vraiment d'actualité.
41:31 Beaucoup de grandes valeurs anthropologiques ont disparu ces dernières années.
41:36 Et malheureusement, je pense que ça peut mener à cela.
41:39 C'est-à-dire que la natalité, le fait de...
41:44 Quand c'est une démarche, évidemment, réfléchie, avec un autre adulte réfléchi, eh bien cette
41:52 démarche a eu tendance à s'évaporer avec le temps.
41:58 Ça existe encore, mais c'est vrai que c'est très préoccupant.
42:00 Les individus qui font des enfants aujourd'hui ne sont pas ceux qui réfléchissent le plus
42:04 à la portée de ce geste.
42:06 Et vous avez les problématiques d'éco-anxiété.
42:09 Il faut bien comprendre que demain sera un petit peu l'enfer et que votre bilan carbone
42:15 n'est déjà pas très bon.
42:16 Si en plus, vous faites un enfant, c'est ce que vous pouvez faire de pire pour la planète.
42:19 Donc, abstenez-vous.
42:20 D'autres les feront à votre place si ce n'est pas si grave.
42:22 Donc, c'est tout un ensemble de notions, la notion de peuple, de famille qui ont disparu.
42:29 J'aimerais revenir à votre conception de l'égalité.
42:31 Je comprends que vous êtes un critique sévère de l'égalitarisme.
42:35 Vous me corrigez si je me trompe dans la description.
42:38 Vous considérez que l'étatisme est une illusion, c'est-à-dire que l'État a beau se développer
42:42 pour corriger les inégalités, il n'y parviendra jamais.
42:45 Mais quelle est la part de l'égalité légitime dans votre esprit ? Une égalité libérale,
42:49 une égalité de droit ? L'égalité a-t-elle une place dans votre système ?
42:53 Plus un système autoritaire essaiera de les éliminer, plus on les verra.
42:57 Puisque ce sera évident, les corrections seront manifestes.
43:01 C'est-à-dire qu'on va prendre aux uns pour donner aux autres.
43:03 On va essayer d'handicaper les uns pour favoriser les autres.
43:07 On ne résoudra jamais ces inégalités fondamentales.
43:10 Moi, je me base sur une égalité de droit pour tous.
43:13 Égalité simple, pas de capacité, pas d'aspiration, simplement de droit.
43:17 Et à partir de là, chacun selon ses mérites, doit être récompensé comme tel.
43:23 Alors, vous le dîtes comme tel, mais on pourrait dire que nous n'évoluons pas dans un environnement,
43:27 le marché idéal, je pense comme ça.
43:29 Donc, appelez ça inégalité ou structurelle, appelez ça comme vous le souhaitez.
43:33 Mais je reviens sur l'exemple dont on parlait, la possibilité pour la femme de conjuguer
43:37 aspiration au travail et aspiration familiale.
43:40 De ce point de vue, des politiques publiques sont capables de contribuer à forcer les entreprises
43:45 à aménager cet espace de liberté, cet espace où elles peuvent conjuguer les aspirations
43:49 que vous présentez peut-être comme contradictoires.
43:51 Est-ce qu'on est devant une politique publique qui vous semble efficace ou légitime ?
43:56 On peut le faire, on peut essayer de le faire.
43:59 Malheureusement, la politique n'est pas là pour faire le bien de nos concitoyens.
44:07 Elle est là parce qu'elle a des intérêts idéologiques sous-jacents.
44:10 Et ce qu'elle veut faire aujourd'hui, c'est viser cette espèce d'égalité artificielle
44:16 en partant du principe que tout le monde se vaut et qu'effectivement, les femmes sont
44:20 encore dotées de cette chose encombrante qui est un utérus et de la possibilité de donner la vie.
44:24 Donc, il faut corriger ça par tous les moyens.
44:27 Mais on n'est pas du tout dans un accompagnement des aspirations respectives des uns et des autres.
44:33 Là, c'est le féminisme.
44:34 La Simone de Beauvoir qui a expliqué très clairement qu'il ne fallait pas laisser le choix aux femmes.
44:39 Il fallait les mettre au travail.
44:41 Sinon, elles allaient choisir de rester à la maison pour avoir des enfants.
44:43 Alors, il nous reste 30 secondes.
44:44 Une dernière question.
44:45 Je vous lis depuis votre premier livre, je crois.
44:48 Une chose me semble, je crois, évidente.
44:51 Votre ennemi, c'est l'État.
44:52 Est-ce que je me trompe en disant que, fondamentalement, vous êtes un anti-étatiste,
44:55 primaire, secondaire et tertiaire, comme on aurait dit autrefois?
44:58 Êtes-vous fondamentalement anti-étatiste et contre l'État?
45:00 Alors, je suis peut-être victime de mon époque, mais cet État-là, celui qui règne actuellement sur nous,
45:08 est un ennemi très clairement fondamental de l'individu, de la liberté, de ses aspirations,
45:13 puisque par tous les moyens, il nous ponctionne de manière éhontée.
45:18 Il nous, il essaie de tordre nos aspirations fondamentales.
45:23 C'est lui qui nous impose une immigration de quantité dont absolument personne ne veut.
45:27 C'est lui qui nous condamne à une situation d'insécurité massive,
45:31 puisqu'il a le monopole de notre sécurité et qu'il en fait fort mauvais usage.
45:36 Donc, à partir de là, je considère qu'il est mon ennemi et qu'il n'est pas légitime à percevoir l'impôt et à régir ma vie.
45:43 Voilà, ça, c'est un avis assez tranché, c'est vrai.
45:46 Mais le thème du prochain ouvrage, sans doute.
45:50 – Eh bien, écoutez, merci beaucoup Laurent Aubertin.
45:53 Je rappelle votre livre "Raisonnablement sexiste",
45:55 vous avez parlé concernant des attribes contre l'État, d'immigration, d'insécurité.
46:01 Il sera question d'immigration, d'insécurité, de manifestation également à Quimper pour l'heure des pro-2.
46:06 Je ne sais pas si vous avez vu cette image absolument dingue.
46:08 Des manifestants sont arrivés devant les forces de l'ordre avec une catapulte.
46:11 – Oui, vous m'avez dit.
46:12 – Non mais, très certainement. Donc, on va commencer avec cette…
46:14 – Je redoute la rebalaie, ensuite.
46:16 – Ouh la guillotine, c'est pour ça qu'il faut faire très attention.
46:18 – Huit ans.
46:19 – Voilà, le point sur l'information dans exactement cinq minutes
46:22 et ensuite l'heure des pro-2. À tout de suite.
46:24 merci !
46:26 [SILENCE]

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