• il y a 9 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.

Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00 - Europain 13h - Bon début d'après-midi sur Europain avec Céline Giraud de 13h à 14h.
00:06 Céline, vous êtes avec nous de chroniqueur du jour, l'écrivain et essayiste Paul Mulin et l'ancien magistrat Philippe Bidjerre.
00:12 - Et on se pose cette question et j'aimerais vous entendre, est-ce qu'un journaliste politique peut écrire sur et avec une personnalité du Rassemblement National sans être mis à pied par le service public ?
00:22 C'est ce qui est arrivé à Jean-François Aquilli, il avait échangé avec Jordan Bardella pour un livre.
00:28 Le journaliste de France Info souhaitait publier un recueil d'entretiens, finalement le projet n'a pas abouti, mais Le Monde a révélé la teneur de ces échanges entre Aquilli et Bardella.
00:37 Sanction immédiate, suspension à titre conservatoire. Est-ce que selon vous, Paul Mulin je commence avec vous, il a été sanctionné parce qu'il a travaillé sur un projet de livre sur le RN ?
00:46 - Moi je trouve cette affaire, pour être franc, surréaliste. C'est-à-dire que Jean-François Aquilli était un journaliste sérieux, qui travaille depuis des années à son poste,
00:55 qui fait un travail de journaliste, c'est-à-dire un travail d'entretien avec un homme politique. Ça existe depuis la nuit des temps.
01:01 - J'ai quelques noms, je vais vous en citer. Le serment de Bastia de Charles Pasquoie avec justement Jean-François Aquilli, Il faut tout changer, Estrosi Safran, Un président ne devrait pas dire ça à David Allôme,
01:12 et puis Elisabeth Born, La secrète de Bérengère Bonte qui d'ailleurs co-anime Les Informés avec elle.
01:17 - Précisément, donc en fait, on a tous bien compris ici que le sujet c'est pas qu'il est co-écrit, ou en tout cas qu'il fasse un livre d'entretien, parce qu'un livre d'entretien ça veut pas dire qu'il adhère aux thèses de Jordan Bardella.
01:26 Avec Jordan Bardella c'est surtout que ce soit avec le Rassemblement National, et effectivement, le Rassemblement National, on pourrait presque faire la généalogie de ça,
01:33 a des difficultés disons avec le monde éditorial, parce que le monde des éditeurs est un monde disons, comment dirais-je, qui conserve un certain nombre de rigidités et de frontières inamovibles,
01:46 avec notamment le Rassemblement National, et que effectivement, si je me fais l'avocat du diable, si vous êtes un éditeur, et que vous éditez un livre de Jordan Bardella, ou avec Jordan Bardella, vous allez tout de suite être traité d'extrême droite.
01:57 Non mais c'est compliqué à plein de titres cette histoire de livre, c'est compliqué pour les éditeurs potentiels, c'est compliqué pour quelqu'un comme Jean-François Aquilli,
02:03 parce que effectivement le service public prend une mesure conservatoire, alors même que lui s'en défend je crois, si je dis pas de bêtises, et que Jordan Bardella s'en défend aussi.
02:10 Donc si vous voulez, il y a une mesure qui est prise en amont, alors même qu'il n'y a même pas eu, si ce n'est d'enquête, ça fait même bizarre de parler d'une enquête là-dessus, je trouve qu'en fait dans cette histoire, on nage en plein délire.
02:21 Dans un pays normal dans lequel la liberté d'expression prévaut, Jean-François Aquilli devrait pouvoir écrire un livre d'entretien avec qui il veut, de Philippe Poutou jusqu'à Éric Zemmour, en passant par la majorité présidentielle, sans être inquiété,
02:34 et au contraire, on devrait s'en réjouir en disant, France Info devrait dire "bah c'est intéressant, nous avons un grand journaliste qui fait un livre d'entretien avec un homme qui a même pas 30 ans, se trouve patron d'un grand parti politique qui est peut-être le premier de France, etc, on va voir ça bientôt".
02:47 Enfin si vous voulez, c'est très intéressant comme sujet, et encore une fois, ça ne dit rien des opinions politiques de Monsieur Aquilli, qui peut-être même demain aurait pu écrire un livre avec, je ne sais pas, un socialiste.
02:57 Donc si vous voulez, c'est un non-sens total en fait.
02:59 - Philippe Billiger, est-ce que justement la question ce n'est pas ça ? Est-ce qu'il aurait été sanctionné de la même manière s'il avait écrit un livre, un recueil d'entretien ou un projet avec Jean-Luc Mélenchon ou Gabriel Attal ?
03:10 - Je ne crois pas, mais je crois qu'il faut distinguer. J'aime beaucoup Jean-François Aquilli, comme l'a dit Paul, c'est un journaliste de talent et très compétent.
03:20 On aurait pu discuter à la rigueur si Jean-François Aquilli avait écrit un livre avec Jordan Bardella en parfaite communauté intellectuelle et politique.
03:32 - Si c'est un recueil d'entretien, c'est juste un échange ?
03:35 - Absolument, mais imaginons une participation plus directe à l'élaboration de la pensée du livre.
03:42 On aurait pu dire, d'une certaine manière, Jean-François Aquilli révèle quelque chose de lui sur le plan politique qui rend difficile l'affirmation d'une neutralité ultérieure.
03:53 Mais une fois que j'ai dit ça, je me contredis évidemment parce que je crois savoir qu'il s'agit d'échanges, de conseils qu'il a donnés,
04:03 et en aucun cas ça ne justifie la mesure qui a été prise par la radio, surtout, pardon d'aller dans un sens que j'affectionne,
04:15 c'est de dire que c'est assez paradoxal de la part du service public de porter atteinte à l'intégrité d'une certaine manière de Jean-François Aquilli,
04:26 alors que de manière ostentatoire ou implicite, le service public, et j'en pense en particulier à une certaine radio,
04:35 ne cesse pas de montrer à quel point sa partialité est évidente.
04:40 - On va parler de France Inter. - Absolument, Céline, il y a deux poids, deux mesures, c'est doublement absurde.
04:47 - Oui, alors que Léa Salamé continue effectivement d'être à l'antenne, alors que son compagnon, Raphaël Luxman...
04:52 - Et puis qu'on ne vienne pas nous dire qu'il y aurait de l'honnêteté et de l'objectivité,
04:59 on sait parfaitement que c'est de la façade derrière n'importe quel citoyen passionné par la politique.
05:05 - Alors pourquoi est-ce qu'ils ont réagi comme ça selon vous ?
05:07 - Parce que nous restons sur le cordon sanitaire, et c'est ça ce qu'ils appellent le cordon sanitaire.
05:11 - Mais parce que précisément, il faut, comme le dit Paul, c'est le cordon sanitaire, et d'autre part, par cette attaque absurde,
05:18 laisser croire que le service public est honnête. C'est ça le paradoxe.
05:25 - C'est une forme de zèle, Paul Mollin ?
05:27 - Il y a probablement un excès de zèle, et puis il y a probablement un autre paramètre aussi, c'est la pression au sein de la rédaction.
05:33 Je ne connais pas vraiment l'affaire dans son intimité, au-delà de ce qui s'écrit dans la presse.
05:37 Mais il est possible aussi qu'il y ait un lobbying intense d'un certain nombre de personnes,
05:40 peut-être que certaines personnes aussi ont voulu régler leur compte avec Jean-François Aquilli.
05:44 Vous savez, ce sont des univers complexes, dans lesquels il y a des jeux de pouvoir,
05:48 il y a des jeux de détestation réciproques ou non.
05:51 - Il y a une rédaction de France Info qui est très échaudée par les divers scandales de ménage,
05:57 qui ont éclaboussé la rédaction l'an dernier.
05:59 Mais là, ça ne rentre pas dans le cadre d'un ménage, d'une animation privée.
06:03 C'est un travail journalistique ?
06:04 - Bien sûr, c'est un travail journalistique. Et vraiment, le sujet de fond, c'est de se dire,
06:08 qu'un journaliste politique de talent comme lui, peut écrire ou travailler à l'écriture d'un livre d'entretien
06:14 avec un homme politique de premier plan.
06:16 Et en plus, si Jordan Bardella était à la tête d'un groupuscule d'extrême droite, je ne dis pas.
06:21 Mais là, c'est un parti pour lequel, a priori, si on en croit les enquêtes d'opinion,
06:25 un tiers quasiment des Français seraient capables de voter aux prochaines européennes.
06:29 - Pour terminer, Philippe Villéger, pardonnez-moi, sur le rôle du journal Le Monde,
06:32 qui révèle le contenu des échanges entre le journaliste et Jordan Bardella, c'est très politique aussi ?
06:39 - Comment ? Je vais oser dire du mal d'un quotidien à la fois très contestable et irremplaçable,
06:47 pour qui s'intéresse. Bien sûr, c'est très politique.
06:51 Il y a deux raisons qui font que cette affaire absurde surgit.
06:54 D'abord, parce que, vous l'avez très bien dit, parce que c'est Jordan Bardella,
06:59 et puis parce que je crois beaucoup au ressentiment personnel,
07:03 parce que c'est Jean-François Acky, j'en suis persuadé.
07:07 Ça ne serait pas arrivé à n'importe qui, et bien sûr pas s'il avait très légitimement donné son avis
07:14 à Gabriel Attal, vous l'évoquiez tout à l'heure.
07:17 - Donc ça veut dire qu'aucun journaliste du service public ne pourrait écrire quelque chose autour de Jordan Bardella ?
07:22 - Non, mais ce qui pose un vrai questionnement d'ailleurs,
07:26 autour de l'indépendance des journalistes et de leur vocation à être pluraliste.
07:31 Un journaliste politique, vous savez ça mieux que moi,
07:34 mais un journaliste politique peut dans sa carrière suivre tel ou tel candidat
07:38 ou telle ou telle sensibilité politique, sans pour autant naturellement en être proche.
07:43 Dans toutes les rédactions, vous avez une personne, ici même je l'imagine,
07:47 qui va suivre la gauche, la droite, le centre, que sais-je, et cette personna est en charge.
07:51 Là, moi je pense que le travail potentiel de Jean-François Acky
07:54 pourrait quasiment rentrer dans cette catégorie-là.
07:57 Donc si vous voulez, on en revient toujours à la même chose,
08:00 lorsqu'il s'agit du Rassemblement National, il y a effectivement,
08:03 de la part d'un certain nombre de journalistes, une forme, si vous voulez,
08:06 de, comment dirais-je, d'excès de zèle, de cordon sanitaire,
08:09 qui consiste à dire "le Rassemblement National est une menace pour la République,
08:12 pour la démocratie, etc. Certains de vos confrères refusent de recevoir
08:15 le Rassemblement National sur leur plateau, ça montre bien que tout ça procède
08:19 de la même méthode, méthode qui, par parenthèse, ne sert à rien.
08:22 Parce que la méthode qui consiste à ostraciser le Rassemblement National
08:26 et à leur faire dire n'importe quoi, n'a pas marché,
08:30 puisque, il y a 40 ans, Jean-Marie Le Pen était à 2 ou 3%,
08:33 et qu'aujourd'hui, Marine Le Pen est crédité de score d'intention bien plus élevé.
08:37 Donc la stratégie du cordon sanitaire, en plus, ne fonctionne pas.
08:39 - Merci beaucoup pour votre décryptage et éclairage toujours précieux.
08:43 C'est déjà fini, c'est passé tellement vite !
08:45 - Écoutez, ça passe beaucoup trop vite !
08:47 - On va faire une session de rattrapage, évidemment.
08:49 à tous, on se retrouve lundi pour de nouvelles aventures et ce soir bien sûr 18h Pierre Deville.

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