• l’année dernière
Les Vraies Voix responsables avec Frédérique Weixler, Inspectrice générale de l’éducation du sport et de la recherche, Jean-Baptiste Noilhac, co-fondateur et délégué général d’”excellence ruralité”, Eunice Mangado Lunetta, directrice des programmes à l’AFEV
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2023-10-04##

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:06 Bienvenue dans les vraies voies responsables avec Philippe David.
00:09 On est ensemble jusqu'à 20h et on va revenir sur la question du décrochage scolaire
00:14 qui est depuis 1989 devenu une priorité dans nos sociétés.
00:19 La loi d'orientation de 1989 affirme que nul ne doit quitter l'école sans qualification.
00:23 L'Europe propose de ne pas dépasser les 10%.
00:26 La France est plutôt bien située dans l'échelle européenne.
00:28 95 000 jeunes sortent encore chaque année sans qualification.
00:32 Alors quelles sont les causes ? Quelles sont les stratégies à adopter ?
00:34 Quelles sont les politiques et les réglementations mises en place ?
00:37 On en parle avec nos invités Philippe.
00:39 Oui, nos invités Frédéric Wexler, inspectrice générale de l'éducation, du sport et de la recherche,
00:43 auteur des livres "Le décrochage scolaire entre parcours singulier et mobilisation collective,
00:48 un défi pour l'école" co-écrit avec Jean-Paul Delahaye,
00:52 "Le décrochage scolaire anticipé pour surmonter les obstacles" co-écrit avec Christian Henault.
00:56 Bonsoir.
00:58 - Bonsoir.
01:00 - Eunice Mangado Luneta, directrice des programmes à Lafève,
01:04 première association en France d'engagement étudiant contre les inégalités éducatives,
01:08 très ancrée dans les quartiers prioritaires. Bonsoir.
01:10 - Bonsoir.
01:12 - Bonsoir.
01:13 - Et Jean-Baptiste Noyac, co-fondateur et délégué général d'Excellence Ruralité,
01:17 réseau d'écoles pour lutter contre le décrochage scolaire en zone rurale. Bonsoir.
01:22 - Bonsoir.
01:23 - Et bonsoir et bienvenue, c'est les vrais voix responsables.
01:26 Les vraies voix sud radio.
01:28 - Et pour commencer, forcément, on va identifier les causes.
01:33 Et avec vous, on va commencer par Frédéric Wexler, aujourd'hui.
01:37 Aujourd'hui, si on fait un état des lieux de cette école du décrochage, quels sont les chiffres ?
01:43 - Alors les chiffres sont effectivement en forte baisse depuis dix ans,
01:48 parce qu'il y a eu des politiques qui se sont installées dans la durée, et ça il faut le souligner.
01:53 Donc vous avez parlé de 95 000, on est plutôt en terme de flux, c'est-à-dire,
01:57 ce n'est pas un mot très joli, mais les jeunes qui sortent tous les ans du système
02:01 et qui correspondent à la définition du décrochage, sont plutôt autour de 80 000 maintenant.
02:05 On est même descendu à 77 000, où il y a eu un peu l'effet Covid ensuite,
02:09 et puis il y a les effets démographiques selon qu'on a des générations plus ou moins importantes.
02:13 Et puis vous parliez des chiffres européens, là ce sont les jeunes de 18 à 24 ans,
02:19 qui correspondent à des jeunes qui sont sortis sans diplôme, si je schématise.
02:23 Et là, on est tombé très en dessous du chiffre européen qui était poursuivi, puisqu'on est à 7-8.
02:29 Alors c'est encore beaucoup trop, mais il faut vraiment souligner que s'il y a une politique publique,
02:34 partenariale, qui associe l'ensemble de la société, et particulièrement les associations que je salue ce soir,
02:40 qui obtient des résultats, c'est celle-là.
02:45 Et ça c'est quand même vraiment important de souligner, parce qu'on a un grand nombre d'acteurs
02:49 qui se mobilisent sur ce sujet depuis des années, et on a de vrais résultats qui sont soulignés,
02:55 aussi bien au niveau européen que par France Stratégie, que par l'ensemble des acteurs sur le terrain.
03:00 Et on a un nouveau souffle qui est donné, effectivement récemment.
03:04 On voit qu'on fonctionne par à-coups, on a des lois qui sont très volontaristes à certains moments,
03:11 on a des politiques publiques qui vont être très volontaristes, mais ensuite, on a une telle mobilisation sur le terrain,
03:16 parce que c'est un sujet consensuel en fait.
03:18 Sa force c'est que c'est un sujet consensuel, et que donc finalement...
03:22 Il y a beaucoup de bonne volonté.
03:24 Oui, et puis il y a une adhésion, je pense, aussi bien en tant que citoyen,
03:29 quand en tant qu'usager, quand en tant que contribuable, parce que finalement tout est convergent en termes d'intérêt,
03:34 pour dire que c'est pas acceptable.
03:36 Et donc ça, c'est la force de ce sujet.
03:41 Et puis ça concerne un nombre de jeunes trop important, mais à l'échelle du nombre de jeunes d'une classe d'âge,
03:46 ça reste abordable.
03:49 Vous voyez, comme politique publique, on se dit, si on a 80 000, on devrait réussir en mobilisant toutes nos forces à avancer.
03:56 Et puis il y a des lois qui l'ont fait avancer, comme l'obligation de formation sur les 7 justes,
03:59 on vous citait la loi de 89.
04:01 C'était le moment un peu fondateur, si on passe le 1947, Langevin-Vallon,
04:06 qui voulait déjà mettre la scolarité à 18 ans.
04:08 Mais donc Langevin-Vallon avait déjà quand même lancé beaucoup d'idées.
04:11 Ensuite on a eu, effectivement, en 1999, des plans de décrochage forts,
04:17 mais la loi de 89, elle a finalement lancé, j'allais dire, tout ce qu'il y a fait après.
04:25 Les grands chantiers, en tout cas les grands chantiers.
04:27 Voilà, exactement.
04:28 - Eunice Mangano, l'Oueneta, on a parlé de baisse, Frédéric Wexler a parlé de baisse.
04:32 Vous, votre association, la FEV, travaille surtout les quartiers prioritaires,
04:36 ce qu'on appelle les quartiers prioritaires de la ville notamment.
04:39 Où colle-t-elle la situation dans ces quartiers ?
04:42 - Alors, je m'inscris complètement dans ce qui a été dit à Frédéric Wexler.
04:48 C'est une politique publique, c'est important de le dire.
04:51 C'est pas souvent qu'on a des politiques publiques qui sont dans la durée,
04:53 parce que chacun veut un peu imprimer sa marque politique.
04:56 Donc, il faut quand même faire un peu, voilà,
04:58 faire passer la volonté politique avant les égaux politiques.
05:01 Mais nous, ce qu'on voit sur les quartiers prioritaires,
05:04 c'est qu'on est quand même sur les quartiers où se concentrent les difficultés.
05:08 Donc, je ne dirais pas que de notre point de vue d'acteur de terrain,
05:10 la baisse est vraiment spectaculaire, bien sûr,
05:13 puisqu'on est quand même sur l'éducation prioritaire,
05:16 les réseaux où se cristallisent les inégalités.
05:19 Pour autant, moi, ça fait longtemps que je travaillais à la FEV,
05:23 et c'est vrai qu'avec le recul, on a vraiment vu à la fois
05:26 une prise de conscience et une volonté politique,
05:29 et aussi la logique d'alliance territoriale.
05:32 Je sais que c'est quelque chose qui est cher à Frédéric Wexler.
05:35 Elle avait participé d'ailleurs à sa conception.
05:37 Qu'est-ce que ça veut dire ?
05:38 Ça veut dire que nous, acteurs associatifs, à FEV et d'autres,
05:42 qui sont mobilisés, on ne peut rien faire tout seul.
05:44 Nous, on est complémentaires de l'éducation nationale,
05:46 donc on ne peut faire des choses qu'en réfléchissant.
05:49 Par exemple, nous, la FEV, on mobilise des étudiants,
05:51 ce sont des jeunes, qui ne sont pas du tout ni des conseillers d'orientation,
05:54 ni des psychologues, pas du tout là pour être prescripteurs,
05:57 mais qui vont pouvoir faire ce travail d'accompagnement,
06:00 qui sont dans la même génération que les jeunes qu'ils accompagnent,
06:03 soit individuellement, via le mentorat, soit collectivement,
06:06 avec d'autres actions qui peuvent se passer au sein de l'institution scolaire.
06:09 Mais tout ça, on peut le faire que si on est en confiance
06:12 avec les acteurs de l'école. C'est très important.
06:15 Et autre acteur avec lequel il faut absolument créer ce lien de confiance,
06:18 parce que sinon, ça ne marche pas, ce sont les parents.
06:20 Donc si on n'a pas cet ancrage territorial avec des associations,
06:23 travail en confiance, avec l'éducation nationale,
06:25 avec les collectivités, avec les parents, ça ne peut pas marcher.
06:28 Et ça, c'est une des clés de succès qui n'a fait que depuis ces dernières années.
06:33 Il y a eu le moment Covid, qui a quand même été une angoisse,
06:36 parce que je ne vous le cache pas, la jeunesse n'est pas en super état,
06:39 globalement y compris sur la question de la santé mentale.
06:42 Donc ça peut avoir aussi un effet sur la question du décrochage.
06:45 Peut-être qu'on n'a pas complètement vu le bout un peu de l'impact
06:49 de ce moment très particulier à partir de 2020.
06:52 Mais clairement, je pense que ça avance, parce qu'on a pris des moyens concrets,
06:56 on a fait des fichiers pour rappeler les gens qui étaient décrocheurs,
07:00 les régions s'en sont de plus en plus saisies,
07:03 du sujet à la fois de l'orientation et du décrochage.
07:05 Il y a certaines régions qui font un travail en lien avec l'éducation nationale
07:08 qui est vraiment intéressant.
07:09 Et c'est cet ancrage, cette alliance d'acteurs qui se voit,
07:13 y compris sur les quartiers prioritaires.
07:15 Alors là, vous parlez d'acteurs.
07:17 Il y a aussi des zones qui sont forcément sous-dotées.
07:20 On parle de la ruralité.
07:21 Jean-Baptiste Noyade qui est avec nous, délégué général d'excellence ruralité.
07:26 C'est donc un réseau d'écoles qui permet effectivement de freiner,
07:31 en tout cas, ou de trouver des alternatives au décrochage scolaire.
07:36 Oui, tout à fait.
07:37 La particularité de notre réseau, c'est qu'on intervient essentiellement
07:40 dans les zones rurales défavorisées.
07:43 Aujourd'hui, un tiers des jeunes en décrochage viennent de communes
07:48 ou d'ensembles urbains de moins de 20 000 habitants.
07:51 Donc, il y a une forte représentation de cette jeunesse rurale
07:54 dans le décrochage scolaire.
07:56 Un autre chiffre qui est intéressant, c'est que 8 des 10 départements
07:59 les plus touchés par les difficultés et par le décrochage scolaire,
08:02 ce sont des départements ruraux, au premier rang desquels,
08:04 l'Aisne dans laquelle on intervient notamment.
08:07 La particularité, c'est que, que ce soit en termes préventifs
08:11 que en termes curatifs, ces territoires-là sont un peu les oubliés.
08:17 Cette jeunesse-là est un peu l'oublié de nos politiques éducatives,
08:22 notamment dans la lutte contre le décrochage scolaire,
08:24 notamment parce que, sur le plan préventif, si vous voulez,
08:27 toutes les politiques d'éducation prioritaire qui sont mises en œuvre
08:31 dès le primaire sont assez mécaniquement concentrées
08:35 dans les zones urbaines sensibles, parce que c'est dans ces quartiers
08:38 prioritaires de la politique de la ville qu'elles ont vu le jour,
08:42 il y a 40 ans, et qu'elles sont demeurées parce qu'il y a un certain
08:46 nombre de critères, notamment le fait d'appartenir justement à un QPV
08:49 pour pouvoir rejoindre un réseau REP.
08:52 Donc il y a une forme de délaissement de ces territoires-là,
08:57 a priori, je dirais, et puis a postériori aussi, en tout cas dans le curatif,
09:00 parce que malheureusement, il y a moins d'acteurs associatifs
09:04 pour intervenir dans des territoires de 3000 habitants.
09:07 Typiquement, les étudiants qui font du mentorat dans des associations
09:12 comme la FEV, eh bien, on n'en a pas dans ces territoires-là.
09:16 Donc, il faut inventer d'autres solutions, et c'est ce qu'on essaye de faire
09:19 en prenant le sujet au niveau de l'école, et en créant des liens
09:23 comme l'a répété... - Le NISQ en cas de nécessite.
09:28 - Voilà, madame de la FEV, qui est très important de créer un lien
09:32 très fort avec la famille, parce qu'en fait, un des gros éléments
09:35 du raccrochage scolaire, c'est de recréer de la confiance
09:38 entre les professeurs et les élèves, entre les élèves et les professeurs,
09:41 avec la famille et avec l'institution scolaire.
09:44 - Allez, vous restez avec nous, on fait une petite pause,
09:46 on reviendra dans quelques instants.
09:48 Comment identifier finalement les signes de précoce
09:51 de décrochage scolaire ? Quels sont les facteurs, internes ou externes ?
09:54 On va poser la question à nos invités, parce que c'est toujours très important.
09:57 Est-ce que les parents sont capables de sentir que quelque chose ne va pas ?
10:01 Vous pouvez nous appeler 0826 300 300 si vous avez envie de témoigner.
10:05 On est ensemble jusqu'à 20h avec Philippe David. A tout de suite.
10:08 Bienvenue dans les vrais voies responsables. On revient sur la lutte
10:11 contre le décrochage scolaire, qui est une priorité nationale depuis 1989.
10:15 La France est plutôt très bien placée, et c'est vrai que les choses s'arrangent.
10:20 On en parle déjà avec Frédéric Wexler, qui est avec nous,
10:24 inspectrice générale de l'éducation, du sport et de la recherche.
10:27 Avec nous, Jean-Baptiste Noyac, cofondateur et délégué général d'Excellence Ruralité,
10:33 qui est un réseau d'écoles pour lutter contre le décrochage scolaire en zone rurale.
10:38 Et Eunice Mangado, l'UNETA, directrice des programmes de la FEF,
10:43 qui est la première association en France d'engagement étudiant
10:46 contre les inégalités éducatives.
10:48 On va revenir sur les causes de ce qu'on disait.
10:51 Comment, aujourd'hui, on peut identifier les signes précoces du décrochage scolaire ?
10:56 Frédéric Wexler, c'est quoi, finalement, les signes avant-coureurs ?
11:00 C'est vraiment une question centrale qu'on se pose un peu, comme vous savez, pour les maladies.
11:07 Comme si on se disait, il faut faire la prévention.
11:10 Voilà, repérer les symptômes, les signaux faibles.
11:12 J'ai eu la chance de faire une évaluation de politique publique
11:15 sur le décrochage pendant presque un an, 2013-2014.
11:18 C'était la première question, et c'était normal.
11:20 On était avec des acteurs de terrain, on était autour de la table,
11:23 vraiment beaucoup de gens très engagés sur ce sujet.
11:25 Et il y avait un peu une opposition entre est-ce que c'est plutôt des facteurs internes à l'école,
11:29 le climat scolaire, le harcèlement dont on parle beaucoup en ce moment,
11:34 l'organisation des classes, etc.
11:37 Ou est-ce que, franchement, tout est lié à la famille, aux facteurs socio-économiques,
11:42 aux territoires ruraux, aux citadins, etc.
11:45 Et on a vu qu'en fait, il ne fallait pas se poser cette question comme ça,
11:48 c'est bien une interaction.
11:49 C'est-à-dire, l'école face, par exemple, à un enfant qui présente des vulnérabilités,
11:53 comment elle met en place des facteurs de protection.
11:55 Les Canadiens, plutôt que de parler de facteurs de risque,
11:58 ils parlent de facteurs de protection.
12:00 Et c'est vrai que la famille peut faire la même chose.
12:02 Et pendant le Covid, je reprends ce que disait Mélisse Mangano tout à l'heure,
12:06 je trouvais très intéressant qu'elle évoque ce sujet.
12:08 En fait, on a eu une accélération de la prise de conscience de ces signaux faibles.
12:15 Moi, ça me frappait parce que forcément, le mot "déprochage" me tombe un peu dans l'oreille,
12:18 vu que je travaille sur ce sujet depuis des années.
12:20 Et quand je branchais la radio ou que je lisais un journal,
12:24 le mot "déprochage", on l'entendait 150 fois par jour
12:26 parce que c'était la grosse angoisse que les élèves décrochent,
12:29 même que les professeurs décrochent.
12:31 Finalement, c'est une expérience très profonde, très universelle.
12:35 On a tous, à un moment, eu envie de décrocher d'une relation, d'un emploi, d'une mission.
12:42 Et donc…
12:44 Pas de la nôtre, pas de la nôtre, je vous le dis tout de suite.
12:47 Bien sûr que non, justement.
12:49 Et c'est un très bon exemple.
12:51 Ça me permet d'en clencher sur l'accrochage.
12:53 Qu'est-ce qui permet ?
12:55 Et on se demandait tout le temps, pendant cette période Covid,
12:58 comment on fait pour accrocher les élèves ?
13:00 Comment on fait pour repérer qu'ils sont toujours en lien avec nous ?
13:03 Et finalement, cette question du lien,
13:05 comment on maintient du lien avec les parents, avec les enfants,
13:08 comment on maintient du lien entre nous ?
13:10 On a eu une accélération extraordinaire de la façon dont s'est posée cette question.
13:13 Et donc, oui, il y a des signaux faibles qui peuvent être l'absentéisme,
13:18 qui peuvent être sur la santé, qui peuvent être sur…
13:21 Les notes, par exemple.
13:23 Les notes qui s'écroulent, la peur d'aller à l'école le matin.
13:26 Mais on s'aperçoit que dans l'histoire d'un jeune qui va décrocher un moment,
13:30 finalement ces signaux, ils étaient déjà de façon perlée très présents.
13:34 On a des enfants qui très tôt vont manifester un peu d'appréhension, etc.
13:39 Et là, c'est fondamental, la question la plus fondamentale,
13:42 plutôt que de repérer les signaux faibles, il faut le faire,
13:45 c'est surtout de mettre en place, de façon un peu structurelle,
13:48 des facteurs de protection qui vont finalement protéger l'ensemble des enfants.
13:53 Alors encore plus les vulnérables, mais de façon un peu systémique,
13:57 même si c'est un mot qu'on emploie beaucoup.
14:00 - Eunice Mangadoul, vous n'êtes pas assez,
14:02 à quel cycle de l'éducation que ça commence ?
14:04 En général le décrochage en primaire, plutôt au collège ?
14:07 - La moyenne.
14:08 - La moyenne, grosso modo.
14:10 Parce que certains disent que dès la maternelle,
14:12 on voit que des enfants vont être en difficulté.
14:15 - Nous, on avait fait, il y a quelques années,
14:18 pour notre grande journée, qui est notre journée de plus de moitié éducative,
14:21 qui est toujours en septembre, la journée du refus de l'échec scolaire,
14:23 il y a quelques années, une enquête auprès de jeunes
14:25 qui avaient décroché et raccroché.
14:28 On leur avait posé la question notamment de à quel moment ça avait basculé.
14:31 Vraiment la majorité des réponses pointaient ce moment charnière
14:36 entre la fin du collège et le lycée.
14:38 Après, là où vous avez raison, c'est que,
14:40 et ça a été dit aussi par Frédéric,
14:42 les signes avant-coureurs, on peut les déceler dès avant.
14:45 Je ne sais pas si dès la maternelle, attention non plus
14:47 à ne pas être trop catastrophiste
14:49 et de renforcer l'angoisse scolaire qui est quand même déjà très présente.
14:52 Mais ce qui est sûr, c'est qu'il faut réfléchir
14:55 à la question du décrochage avec la notion de parcours.
14:58 Le parcours scolaire en France est quand même très…
15:00 Il y a des moments charnières, des moments de rupture
15:04 qui, à chaque fois, pour certains élèves, ça va de soi.
15:08 Le passage entre l'école élémentaire et le collège,
15:11 le degré d'autonomie que ça exige,
15:14 certaines familles, ça va de soi,
15:16 on s'organise, les préparations de plancartable,
15:18 il y a d'autres familles, pas du tout.
15:19 La question aussi, les parcours scolaires se sont aussi
15:21 beaucoup complexifiés, tout simplement,
15:24 à faire net à partir de la fin du collège,
15:27 bien sûr, parcours supple, etc.
15:29 Pour certaines familles, ça va de soi,
15:31 la question de l'orientation, la jungle de l'orientation,
15:33 ça va de soi.
15:34 Et puis, il y a d'autres enfants qui, effectivement,
15:36 les élèves, qui, petit à petit, décrochent,
15:38 parce qu'il y a un cumul comme ça
15:41 des difficultés scolaires, des difficultés un peu personnelles,
15:44 les familles derrière ne sont pas outillées
15:47 pour permettre d'étayer.
15:49 Et là, on voit qu'effectivement, des choses qui, au début,
15:51 commençaient à émettre des signes aux fèves,
15:54 au bout d'un moment, s'il n'y a pas l'étayage
15:56 et l'accompagnement dans notre étude,
15:57 ce qui mettait vraiment en relief,
16:00 c'était vraiment la notion d'accompagnement.
16:02 Quand on commence à perdre les pédales,
16:03 dans toutes les situations, d'ailleurs, professionnelles,
16:05 quand on est élève, et quand on se sent seul,
16:08 c'est là où on ne va pas s'en sortir, en fait.
16:10 La dernière chose, Nathan, ce que je voudrais dire,
16:12 c'est qu'il y a quand même un facteur social,
16:14 ne l'oubliant pas, je suis très sensible
16:16 à ce qui a été dit par le monsieur sur les territoires ruraux,
16:18 je suis absolument persuadée qu'il ne faut pas opposer les deux.
16:21 Il y a vraiment, et notamment sur les questions
16:23 de décrochage et d'orientation, des sujets très forts
16:26 du côté des jeunes dans les quartiers prioritaires
16:28 et des jeunes ruraux.
16:30 Il ne faut pas opposer, comme disent certains,
16:31 les jeunes des Tours et les jeunes des Bourgs.
16:33 Mais moi, ce qui me frappe quand même,
16:35 c'est par exemple ce chiffre qu'un jeune en lycée professionnel
16:37 sur quatre n'ira pas au bout de son parcours.
16:39 Et qui sont les publics aujourd'hui encore trop massivement
16:42 représentés dans les lycées professionnels ?
16:44 Ce sont les jeunes des milieux populaires.
16:45 Donc nous avons quand même un problème aussi
16:47 de cristallisation du décrochage scolaire
16:49 parmi les populations les plus fragiles,
16:52 il faut le traiter en tant que tel.
16:54 Jean-Baptiste Noyade, vous êtes délégué général
16:57 d'excellence ruralité, on parlait de ruralité,
16:59 à quel moment les élèves, en tout cas,
17:01 arrivent chez vous ? Et à quel âge ?
17:03 La moyenne d'âge, c'est quoi en fait ?
17:05 Et comment surtout ?
17:07 Est-ce que c'est volontaire ?
17:09 Est-ce que c'est eux qui viennent vers vous ?
17:10 Est-ce que c'est vous qui allez effectivement
17:12 les chercher ? Comment ça se passe ?
17:14 En fait, nos écoles,
17:16 on commence dès le primaire.
17:18 Donc c'est du CP à la troisième.
17:20 Et pour tout vous dire, au départ,
17:22 on avait commencé par le collège.
17:24 Justement parce qu'on se disait,
17:26 le décrochage c'est en fait le fait de ne pas passer,
17:29 de ne pas suivre après la scolarité obligatoire.
17:31 Et donc, il faut commencer au collège.
17:34 Et puis en fait, on s'est rendu compte que beaucoup
17:36 de nos élèves avaient arrivé avec d'énormes lacunes
17:38 dans les savoirs fondamentaux.
17:40 Et donc, en fait, je rejoins tout à fait ce que dit...
17:42 - Les réclaires comptés quoi. - Voilà, exactement.
17:44 Ce que dit Eunice Mangado-Lunita, c'est que
17:46 il y a évidemment des facteurs
17:48 de contexte familial,
17:50 il y a évidemment la question
17:52 de la relation à l'institution scolaire
17:54 qui est à prendre en compte.
17:55 Mais au départ, il y a quand même
17:57 la question de l'échec scolaire. Il ne faut pas confondre
17:59 échec scolaire et décrochage scolaire, mais...
18:01 - Pour des raisons pédagogiques ?
18:03 - Pour tout un tas de raisons.
18:05 En fait, le vrai sujet, c'est que l'école ne tient pas
18:07 sa promesse, ce que disait Madame Taylor,
18:09 c'est que l'école ne tient pas sa promesse
18:11 aux enfants de milieu modeste.
18:13 Et que c'est beaucoup plus difficile de s'en sortir
18:15 aujourd'hui quand vous venez d'un milieu défavorisé.
18:17 Donc c'est là qu'il faut mettre le paquet.
18:19 Et c'est auprès de cette jeunesse-là
18:21 qu'on doit absolument tenir les promesses de l'école.
18:23 Ça veut dire donner le meilleur
18:25 à ces enfants-là, donc donner
18:27 des petits effectifs le plus tôt possible,
18:29 donner des professeurs qui vont
18:31 avoir une relation particulière
18:33 avec les enfants, pas uniquement
18:35 des enseignants, mais également des éducateurs
18:37 qui vont pouvoir entretenir une véritable
18:39 relation avec eux, pour recréer de la confiance.
18:41 Tout l'enjeu de notre question
18:43 du raccrochage, c'est comment on recrée
18:45 de la confiance des enfants
18:47 envers l'école, des enfants envers leurs
18:49 professeurs, envers le monde adulte
18:51 même. Et tout ça, ça passe par
18:53 une manière d'appréhender le rôle du professeur
18:55 de manière un peu différente, le fait de se dire que
18:57 peut-être il peut dépasser
18:59 simplement sa mission d'enseignant, et
19:01 jouer avec les élèves dans la cour, déjeuner
19:03 avec eux, retisser
19:05 du lien qui va permettre de mettre des personnes
19:07 devant des personnes, et de rassurer l'enfant
19:09 sur le fait qu'il n'est
19:11 pas réductible à ses notes, il n'est pas
19:13 réductible à ses résultats scolaires.
19:15 Et peut-être même valoriser ses talents,
19:17 valoriser ses autres talents
19:19 que ses talents scolaires, pour pouvoir lui donner
19:21 confiance et prendre un point d'appui, et à partir
19:23 de là, rebâtir sur les
19:25 rattrapages des matières fondamentales.
19:27 - Vous restez avec nous, on fait encore de nouveau une petite
19:29 pause, et on ira voir en fait
19:31 quels sont visiblement, enfin, quels sont en tout cas
19:33 les établissements qui aujourd'hui
19:35 accueillent, est-ce qu'il y a différentes
19:37 sortes d'établissements, c'est intéressant de
19:39 le savoir. Est-ce que finalement la politique
19:41 qui est mise en place est suffisante ?
19:43 Est-ce qu'il faut former encore
19:45 le...
19:47 gagner en pédagogie, en tout cas pour
19:49 ceux qui éduquent nos enfants, on en parlera dans
19:51 quelques instants, et vos appels,
19:53 bien sûr, 0826 300 300,
19:55 si vous avez vécu le décrochage scolaire d'un de vos
19:57 enfants, ou si même vous, vous êtes prof
19:59 quelque part, et vous trouvez que
20:01 peut-être qu'il faut changer les formules
20:03 de pédagogie, on en parle dans un instant.
20:05 A tout de suite.
20:07 - Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France.
20:09 19h20, les vraies voies responsables.
20:11 - Et les vraies voies responsables s'intéressent ce soir
20:15 au décrochage scolaire.
20:17 Finalement, qui va mieux
20:19 d'année en année, et
20:21 nous sommes avec nos invités, Philippe.
20:23 - Frédéric Wexler, inspectrice générale de l'éducation
20:25 du sport et de la recherche, qui a écrit deux livres,
20:27 notamment sur le décrochage, le décrochage scolaire
20:29 entre parcours singulier et mobilisation collective,
20:31 un défi pour l'école, le décrochage scolaire
20:33 anticipé pour surmonter les obstacles,
20:35 Eunice Mangano-Lunetta, directrice
20:37 des programmes à la FEF, première association en France
20:39 d'engagement étudiant contre les inégalités
20:41 éducatives, et très ancrée dans les quartiers prioritaires,
20:43 et Jean-Baptiste Noyac, cofondateur
20:45 et délégué général d'Excellence Ruralité,
20:47 réseau d'écoles pour lutter contre
20:49 le décrochage scolaire en zone rurale.
20:51 - Frédéric Wexler, aujourd'hui, il y a
20:53 une vraie politique sur
20:55 ce décrochage scolaire, il y a
20:57 énormément de structures de retour à l'école,
20:59 de dispositifs, pour ceux qui nous écoutent
21:01 et qui aujourd'hui ont un petit peu
21:03 de mal à faire le tri,
21:05 qu'est-ce qu'il est proposé ?
21:07 - Alors oui, il y a à la fois
21:09 pour des jeunes qui ont déjà quitté
21:11 le système, effectivement, on a
21:13 des structures de retour à l'école qui sont
21:15 le terme le plus employé, souvent ces micro-lycées,
21:17 qui peuvent vraiment accueillir des jeunes
21:19 qui sont sortis, et qui vont les aider progressivement
21:21 par des pédagogies adaptées
21:23 à retrouver goût aux apprentissages.
21:25 On a aussi, bien sûr,
21:27 des systèmes
21:29 mixtes, qui sont aussi bien écoles,
21:31 par exemple, et services civiques,
21:33 un service civique combiné, où le jeune peut être à la fois engagé
21:35 et suivre de la formation,
21:37 et on développe de plus en plus, finalement,
21:39 les écoles de la deuxième chance,
21:41 l'EPI, l'AFPA, avec ces
21:43 générations 16-18,
21:45 donc on développe de plus en plus
21:47 des partenariats,
21:49 des alliances éducatives, comme le disait le ministre Mangado
21:51 tout à l'heure, et par exemple, dans la réforme
21:53 de la voie professionnelle, tout droit
21:55 ouvert, qui est une mesure qui
21:57 est née dans le groupe de travail
21:59 dont j'ai été rapporteur, c'est vraiment
22:01 de se dire, on se centre
22:03 sur le jeune, finalement la loi de 89,
22:05 l'élève au centre du système,
22:07 et les structures
22:09 qu'il faut que l'on s'efface pour lui construire
22:11 un parcours en prenant le meilleur
22:13 de ce que c'est faire la FEB, de ce que c'est faire
22:15 l'association de Monsieur Le Noyac, et de ce qu'on sait faire,
22:17 et c'est nous qui nous organisons
22:19 après entre nous, et on lui garde
22:21 ses droits aux bourses, parce que c'est important pour un jeune,
22:23 et je rejoins ce qui était dit sur l'aspect
22:25 économique, sur l'aspect écologique,
22:27 comment on fait pour les transports, enfin des questions
22:29 hyper concrètes, c'est-à-dire on cherche ces questions concrètes
22:31 avec les collectivités aussi,
22:33 et on l'accompagne
22:35 avec cette idée qu'ils ne revont pas
22:37 le parcours de formation, il peut être
22:39 dans quelque chose de pas linéaire, mais nous
22:41 on est là pour l'accompagner
22:43 jusqu'à 18 ans, jusqu'à plus, sur
22:45 son parcours de formation, et ça vraiment
22:47 maintenant on a, alors c'est pour ça que je vous réponds
22:49 pas de façon hyper précise,
22:51 on a fait directement les structures de récolte, les micro-lycées,
22:53 mais on invente tellement
22:55 de démarches,
22:57 et c'est plus des démarches que des dispositifs,
22:59 pendant longtemps, dans le système scolaire,
23:01 on avait des dispositifs,
23:03 et on les empilait, et d'ailleurs
23:05 les jeunes qui étaient en difficulté, ils allaient en soutien,
23:07 puis ils repartaient à telle heure, etc.
23:09 "Tu n'aimes pas les épinards, reprends-en",
23:11 et c'était donc un peu compliqué, alors que
23:13 maintenant, on essaye vraiment
23:15 de se dire,
23:17 on réfléchit,
23:19 on s'adapte, voilà, exactement,
23:21 c'est plutôt, on s'adapte aux jeunes,
23:23 plutôt que de faire rentrer dans des cases préexistantes
23:25 de l'institution, donc on est
23:27 tout à fait capable, sur des territoires, d'inventer
23:29 des solutions à plusieurs partenaires,
23:31 sur tout droit ouvert, il y a eu neuf académies
23:33 expérimentales, maintenant c'est généralisé,
23:35 et bien on était capable, entre missions
23:37 locales, un lycée,
23:39 une association,
23:41 d'inventer un parcours, et l'idée,
23:43 c'est que le jeune, à tout moment, il peut revenir à l'école,
23:45 à tout moment, il a le droit
23:47 de... c'est pas une
23:49 relégation, c'est pas
23:51 une externalisation, on reste
23:53 tous responsables et on l'accompagne, et ça c'est vraiment
23:55 très innovant. - Jean-Baptiste
23:57 Noyac, on s'adapte, forcément,
23:59 vous, vous avez
24:01 créé cette école, alors je ne sais pas
24:03 si on peut l'appeler de la deuxième chance, ou
24:05 c'est plutôt plus joli que le décrochage,
24:07 ou de la première chance,
24:09 en fait, ça a été
24:11 compliqué, le
24:13 constat c'est quoi ? Parce qu'il faut s'adapter, effectivement,
24:15 à la situation,
24:17 c'est multifactoriel, donc comment
24:19 vous avez démarré ? - Oui, tout à fait, c'est multifactoriel,
24:21 c'est-à-dire qu'en fait, il y a
24:23 effectivement des questions qui sont
24:25 liées aux lacunes académiques, il y a
24:27 des questions qui sont liées à l'environnement social,
24:29 il y a des questions qui sont liées au rapport
24:31 à l'école, à la question
24:33 de la violence à l'école,
24:35 la violence entre élèves, le rejet
24:37 qu'on reçoit, il faut quand même aussi avoir en tête,
24:39 en fait, je pense que vraiment,
24:41 la clé du sujet, madame le disait, c'est vraiment
24:43 le fait de singulariser les parcours pour s'adapter
24:45 à la situation de chaque enfant, - C'est ça.
24:47 - et vraiment de se mettre à la place de ces jeunes.
24:49 D'abord, la première chose, c'est que pour un jeune,
24:51 le cadre scolaire, c'est d'abord un cadre
24:53 social, nous on l'aborde sous un angle
24:55 pédagogique, mais lui, c'est là
24:57 où il a ses copains, c'est là où il vit,
24:59 et donc, - Où il se construit aussi.
25:01 - et où il se construit, et donc si on ne prend pas en compte
25:03 cette dimension-là, déjà, on passe à côté de beaucoup
25:05 de choses, et donc tout l'enjeu,
25:07 c'est vrai pour les jeunes, c'est vrai aussi pour les familles, c'est de
25:09 vraiment de remettre de l'humanité
25:11 au cœur du système,
25:13 de mettre des personnes devant des personnes,
25:15 de créer du lien, parce qu'on parle
25:17 des jeunes et c'est essentiel de recréer
25:19 ce lien de confiance dans l'école,
25:21 pour leur permettre de se dire,
25:23 "Ok, je fais confiance à mon professeur,
25:25 je fais confiance à l'institution, je peux
25:27 me remobiliser dans les approches sérieuses."
25:29 - Mais, je vous coupe, quand vous dites "m'adapter",
25:31 ça veut dire aller chercher l'expertise
25:33 de chacun, plutôt que de le faire rentrer
25:35 dans une case, en fait, aller se dire,
25:37 "C'est quoi ton appétence, qu'est-ce que tu aimes en fait ?"
25:39 - Oui, tout à fait, ça veut dire, en tout cas, essayer de donner des
25:41 occasions à chacun de briller pour
25:43 ses talents, et donc notamment, par exemple,
25:45 dans l'établissement qu'on a monté, c'est de,
25:47 on a des ateliers dans lesquels les professeurs
25:49 partagent une passion, qui peut être notamment
25:51 dans des travaux manuels, et ça permet
25:53 à chaque élève qui l'a choisi dans le
25:55 parcours, d'être valorisé pour
25:57 des talents qui sont un peu différents de simplement les talents scolaires.
25:59 Et ça, ça va permettre aussi de conseiller
26:01 dans l'orientation, on parlait de
26:03 l'orientation tout à l'heure, il y a
26:05 un point aussi qui est clé, c'est que aujourd'hui,
26:07 il y a très peu de temps,
26:09 finalement, les missions
26:11 de lutte contre le décrochage scolaire ont très peu de temps,
26:13 une heure en moyenne par enfant,
26:15 pour le conseiller sur son orientation.
26:17 C'est beaucoup trop peu, et donc c'est pour ça qu'il faut travailler
26:19 à fond avec les parents, avec les associations
26:21 comme l'a fait avec d'autres acteurs
26:23 de terrain, pour vraiment
26:25 aboutir à une bonne connaissance du jeune,
26:27 pour pouvoir s'adapter à lui,
26:29 comme ça a été dit. - Eunice Manganoud,
26:31 il n'y a pas une question qui se pose, est-ce qu'il ne faudrait peut-être pas
26:33 revoir l'orientation un peu
26:35 plus tôt, puisque des enfants
26:37 qui ne sont pas faits pour
26:39 les écoles, les structures en général,
26:41 le bac général,
26:43 pourraient par exemple devenir d'excellents boulangers,
26:45 d'excellents bouchers, d'excellents plombiers,
26:47 et qu'il n'y a pas de saumétiers, comme dirait
26:49 une bonne vieille expression. - Mais par choix, peut-être.
26:51 - Mais par choix. Et surtout,
26:53 revaloriser la filière pro.
26:55 - Complètement d'accord, juste
26:59 je ne le formulerais pas, je prétends
27:01 à la formule de "il n'y a pas d'enfant
27:03 qui ne soit pas éducable, il n'y a pas
27:05 d'enfant pas fait pour l'école", ça n'existe pas.
27:07 Après, ce qu'on a en France,
27:09 c'est, malgré les grands discours,
27:11 etc., depuis très longtemps sur les lycées professionnels,
27:13 c'est très simple, le jour
27:15 où on aura un lycée professionnel,
27:17 qui sera égal dignité d'un lycée
27:19 général, c'est-à-dire où tous autour
27:21 de la table, nous n'aurons aucun problème à ce que
27:23 nos enfants aillent dans un lycée pro et nous en
27:25 serons très fiers, ce jour-là,
27:27 on pourra vraiment dire qu'on y est arrivé. Pour l'instant,
27:29 on n'y est pas encore. On a fait des progrès,
27:31 mais on n'y est vraiment pas encore, et je rejoins
27:33 encore le chiffre que j'avais cité de
27:35 ce fameux parcours, un jeune sur
27:37 quatre au lycée pro
27:39 ne va pas jusqu'au bout de son parcours. Donc, je
27:41 pense qu'effectivement, il y a cette question
27:43 de l'égale dignité, en fait,
27:45 des parcours scolaires. Moi, ce qui m'a frappée
27:47 dans l'étude qu'on avait faite il y a quelques années,
27:49 c'est qu'on avait posé la question,
27:51 en fait, qu'est-ce qui t'a fait raccrocher
27:53 aux jeunes qui étaient sortis du système
27:55 et qui étaient en école locale,
27:57 en école de la deuxième chance ou micro-lycée.
27:59 Et ils disaient qu'en gros, ils avaient
28:01 compris comment l'école
28:03 ou les parcours, en tout cas, de formation
28:05 pouvaient, à un moment donné, être quelque
28:07 chose qui était un outil pour eux,
28:09 c'est-à-dire pour leur vraie vie, pour avoir un boulot,
28:11 pour avoir un projet. Je fais
28:13 le parallèle, ça va vous sembler décalé, mais
28:15 on vient de faire une journée du réflexionnaire sur la question
28:17 de la lecture. L'apprentissage
28:19 de la lecture chez les tout-petits, et notamment
28:21 ceux qui sont loin de la lecture, à qui
28:23 on ne lit pas des histoires le soir, etc.,
28:25 il faut leur faire comprendre qu'on n'apprend
28:27 pas à lire pour faire plaisir à la maîtresse,
28:29 on apprend à lire pour soi.
28:31 C'est la même chose pour l'école, il faut arriver
28:33 à créer ce rapport de dire "l'école,
28:35 c'est ce que c'est, c'est certainement
28:37 perfectible, c'est un lieu de socialisation,
28:39 c'est un lieu d'apprentissage", mais les gamins
28:41 qui, à un moment donné, sont sortis du système et reviennent,
28:43 c'est parce qu'ils ont compris que l'école,
28:45 la formation, peut les amener
28:47 à avoir quelque chose, un diplôme, une formation
28:49 qui va leur permettre d'avoir une bonne vie.
28:51 Cette question du sens,
28:53 elle est extrêmement importante, c'est souvent comme ça
28:55 les pédagogies qui sont façonnées, surtout
28:57 les acteurs du raccrochage, ont beaucoup cette
28:59 question de l'accompagnement personnalisé et du sens.
29:01 Je trouve qu'on devrait injecter
29:03 encore plus, on va certainement
29:05 évoluer, mais je pense qu'on a encore des marges de progression,
29:07 dans l'école en amont,
29:09 dans le système scolaire, à ce que disait tout à l'heure
29:11 Jean-Baptiste sur la question des compétences,
29:13 mais bien sûr, aujourd'hui, quand on est un bon élève
29:15 et qu'on a de bons résultats scolaires,
29:17 toutes les portes sont ouvertes.
29:19 Il est rare,
29:21 à la marge, de décrocher. Quand on est un mauvais
29:23 élève, qu'on perd l'estime de soi,
29:25 tous les enseignants nous disent "tu n'as pas y arriver, tu vas
29:27 aller en pro", comme si c'était une punition,
29:29 on perd la notion d'être,
29:31 d'avoir la main sur son parcours.
29:33 Et quelque part, c'est normal, au bout d'un
29:35 moment, petit à petit, de jeter l'éponge.
29:37 Donc moi, la question du sens et du parcours
29:39 est de remettre vraiment les jeunes
29:41 et les élèves dans leur parcours,
29:43 pas en se payant de mots, mais en leur laissant
29:45 vraiment la possibilité de le construire et de valoriser,
29:47 bien sûr, si c'est de l'apprentissage du vice-pro,
29:49 on s'en fout, c'est très bien, ce qui compte, c'est
29:51 sa réussite dans son parcours.
29:53 - On va en parler, on vous laissera la parole dans
29:55 quelques instants, Jean-Baptiste Noyag, parce que vous
29:57 vouliez répondre. Petite pause, encore,
29:59 c'est vrai, on revient dans un instant
30:01 et on parle du décrochage scolaire, jusqu'à 20h,
30:03 à tout de suite.
30:05 - Radio, les vraies voies qui font bouger la France,
30:07 19h20, les vraies voies responsables.
30:09 - Les vraies voies responsables
30:11 consacrées au décrochage scolaire,
30:13 nous sommes en compagnie de Frédéric Wexler,
30:15 inspectrice générale de l'éducation, du sport et de la recherche,
30:17 Jean-Baptiste Noyag, cofondateur
30:19 et délégué général d'Excellence Ruralité,
30:21 et Eunice Mangadou-Luneta, directrice des
30:23 programmes à La Fève. Vous vouliez réagir
30:25 à ce qu'on disait juste avant la
30:27 pause, Jean-Baptiste Noyag ?
30:29 - Pour l'enfant, ce qu'on disait, sur la possibilité de choisir
30:31 sa voie
30:33 au moment où il l'a choisie.
30:35 - Sur la question de l'orientation, je suis tout à fait
30:37 d'accord avec ce que dit Eunice Mangadou-Luneta,
30:39 tout enfant est éducable
30:41 et il faut donner le meilleur à chaque enfant,
30:43 en particulier dans les milieux défavorisés,
30:45 dès le début. Après, moi, ce que je constate,
30:47 c'est que j'ai des élèves
30:49 qui, en fin de 5ème, sont passionnés de mécanique,
30:51 sont des stars en mécanique,
30:53 ils peuvent démonter ma voiture, la remonter
30:55 les yeux fermés et m'apprendre plein de trucs dessus,
30:57 et on leur dit "Non, reste dans une voie
30:59 où t'es pas bon, où t'es
31:01 en échec". Et du coup, par voie de conséquence,
31:03 donc eux, ils s'ennuient, certains décrochent,
31:05 et par voie de conséquence,
31:07 la voie dans laquelle ils vont pouvoir
31:09 s'orienter 2 ans après,
31:11 ce sera la voie des gars qui ont été en échec pendant 2 ans.
31:13 Et donc, en fait, ça devient mécaniquement
31:15 la voie des cancres.
31:17 À mon sens, si on veut réfléchir
31:19 à revaloriser les filières professionnelles,
31:21 il faut permettre de les rejoindre plutôt,
31:23 non pas dans l'intérêt
31:25 de l'employeur, comme ça a été
31:27 soulevé par Emmanuel Macron,
31:29 mais bien dans l'intérêt des élèves d'abord.
31:31 - Justement, Frédéric Wexler,
31:33 cette possibilité de se mettre en
31:35 facilité,
31:37 de sortir d'une école,
31:39 d'aller dans une autre, alors est-ce que
31:41 c'est le cas aujourd'hui ? Est-ce que c'est compliqué
31:43 à mettre en place pour des enfants qui finalement
31:45 trouvent très tôt leur voie ?
31:47 - Alors, "trouvent très tôt leur voie",
31:49 je rejoins complètement
31:51 monsieur sur le fait qu'un
31:53 jeune peut avoir beaucoup de compétences, un élève peut
31:55 avoir beaucoup de compétences qui ne sont pas forcément
31:57 valorisées à l'école. C'est ça plutôt la question,
31:59 c'est-à-dire comment on valorise toutes les
32:01 intelligences, comment ce jeune, il s'est
32:03 démonté une voiture, on lui fait traduire
32:05 ça d'ailleurs, on lui montre qu'il a besoin
32:07 d'un peu de maths, d'un peu de physique pour le faire
32:09 et que ça va l'aider à franchir encore une étape,
32:11 comment il explique à ses camarades, comment on valorise
32:13 ce qu'il sait faire, ça bien entendu.
32:15 En revanche, mon grand âge et ma grande
32:17 expérience dans le système scolaire m'a fait connaître
32:19 à peu près tout, c'est-à-dire y compris
32:21 les orientations fin de cinquième,
32:23 et je peux vous dire que ça fonctionnait
32:25 très mal, c'est-à-dire qu'on avait encore
32:27 beaucoup plus de décrochages qu'on en a là.
32:29 La question
32:31 actuellement du lycée pro, pourquoi il y a
32:33 des décrochages et pourquoi, et je rejoins complètement
32:35 ce qui a été dit tout à l'heure sur le fait que c'est
32:37 vraiment un sujet
32:39 auquel il faut qu'on s'attaque, c'est un jeune
32:41 sur quatre qui ne va pas au diplôme,
32:43 c'est parce que, comme c'était dit,
32:45 ça arrive dans un parcours
32:47 où il y a eu une forme d'échec, il y a eu une
32:49 perte de sens et qu'ils ont l'impression de
32:51 subir ce qui leur arrive
32:53 et qu'il n'y a pas forcément cet accompagnement.
32:55 Donc la question est beaucoup plus comment l'école
32:57 valorise l'ensemble.
32:59 L'éducabilité, c'est écrit
33:01 de toute façon dans notre Code de l'éducation dans l'article
33:03 1, qu'un jeune il a un potentiel
33:05 qui peut progresser, donc c'est plus
33:07 ces évolutions profondes
33:09 et les passerelles qui doivent être faites en permanence.
33:11 C'est-à-dire, par exemple, dans un lycée
33:13 polyvalent, la Cour des comptes a même parlé
33:15 dans un référé en 2020, de lycées
33:17 inclusifs, dans lesquels on aurait
33:19 l'ensemble des filières et un jeune
33:21 pourrait un peu construire son
33:23 parcours, valoriser
33:25 ses compétences en mécanique,
33:27 mais est-il complété
33:29 avec du droit ou de la gestion s'il veut
33:31 pouvoir monter son affaire, etc.
33:33 Donc c'est beaucoup plus ça.
33:35 On sait que dans un monde complexe,
33:37 il faut que les jeunes, pour
33:39 décrypter l'information,
33:41 les jeunes allemands, on vante le modèle
33:43 allemand sans arrêt, en disant
33:45 qu'ils sont beaucoup plus liés avec l'entreprise.
33:47 L'entreprise est valorisée. En revanche, il y a un rapport
33:49 sénatorial très bien fait, qui compare
33:51 la France, l'Autriche et l'Allemagne
33:53 et qui montre que les apprentis en Allemagne
33:55 et en Autriche, ils ont un niveau bien plus
33:57 élevé, ils entrent plus tard en
33:59 apprentissage, avec un socle commun
34:01 solide, et ils sont plus âgés.
34:03 C'est-à-dire qu'ils rentrent plus tard, justement
34:05 parce qu'on les a accompagnés avant,
34:07 ce qui n'empêche
34:09 pas de faire de l'alternance,
34:11 de donner
34:13 du sens à ce que le jeune sait
34:15 faire. J'applaudis absolument.
34:17 Là, on a encore des progrès à faire,
34:19 j'en conviens tout à fait.
34:21 En fait, on est une pensée
34:23 binaire. On est littéraire ou scientifique,
34:25 on est manuel
34:27 ou intellectuel, alors qu'on voit
34:29 bien qu'on doit conjuguer
34:31 en permanence.
34:33 Qu'est-ce qu'il fait un dentiste ?
34:35 Il est manuel, mais en même temps,
34:37 il va poser un diagnostic.
34:39 - Ils ne sont pas tous manuels.
34:41 J'en connais, ils ne sont pas très forts.
34:43 - Ils ne sont pas très doux, vous voulez dire.
34:45 Mais c'est pareil pour le mécanicien auto.
34:47 Il faut bien choisir.
34:49 - Odisse Mangadou, la semaine
34:51 dernière, dans ce studio, on faisait
34:53 Be a Boss, et il y avait une entreprise
34:55 parmi les vainqueurs qui avait gagné
34:57 quelque chose de génial, c'était faire des stories
34:59 sur les téléphones portables.
35:01 - Will.B.
35:03 - Avec des gens qui expliquent leur métier.
35:05 Est-ce que ça, ce ne serait pas une bonne
35:07 idée, par exemple, pour montrer à des jeunes
35:09 qui ne connaissent pas, comme nous, on ne connaissait pas
35:11 le monde du travail à 13, 14,
35:13 15, 18 ans, par exemple,
35:15 pour leur donner envie de faire un métier et de l'apprendre ?
35:17 - Et bien c'est en partenariat avec le ministère
35:19 de Carole Grandjean.
35:21 - Bien sûr. Je pense que tout ce qui
35:23 peut, effectivement, contribuer
35:25 à incarner pour des jeunes
35:27 qui sont très loin
35:29 et qui n'ont pas forcément des gens autour
35:31 d'eux, qui aient une diversification
35:33 des métiers qui sont représentés, etc.
35:35 Tout ce qui peut, en fait, contribuer
35:37 à incarner ça, et ce sera bon
35:39 à prendre. Après, je
35:41 reviens un peu à l'intervention, un peu,
35:43 tout à l'heure, sur la question de, en cinquième,
35:45 est-ce qu'il ne faut pas un peu accélérer
35:47 l'orientation vers des fières pro ou pas ?
35:49 Je pense que c'est important de parler
35:51 par cours, c'est-à-dire
35:53 encore une fois, se remettre à la place
35:55 du jeune.
35:57 Un élève de 11, 12 ans,
35:59 c'est très tôt, et on est encore
36:01 une fois dans un système scolaire qui,
36:03 finalement, dit pouvoir faire
36:05 des passerelles, etc., mais en réalité, on scelle
36:07 en France très vite le destin scolaire.
36:09 Et, en fait, moi, je suis d'accord
36:11 avec l'idée de dire comment est-ce qu'on change les choses
36:13 pour des jeunes qui pourraient
36:15 être bons en mécanique, etc. En revanche, je ne suis pas
36:17 sûre que la précocité de l'orientation
36:19 vers le professionnel soit forcément la réponse.
36:21 En revanche, j'étais très sensible à quelque chose
36:23 dit tout à l'heure par Jean-Baptiste,
36:25 et je pense que c'est ça, l'effort à faire.
36:27 C'est la question de, on est encore trop
36:29 vraiment sur la question des savoirs
36:31 disciplinaires, et la question des compétences
36:33 qui, en fait, est inscrite depuis longtemps
36:35 dans le Code de l'éducation, on est censé évaluer par
36:37 compétence, etc., qui est une autre approche
36:39 qui est beaucoup plus transversale, qui est pas
36:41 des maths en silo,
36:43 du français en silo de l'anglais, mais
36:45 voilà, des maths pour quoi faire,
36:47 et on peut faire des maths quand
36:49 on veut être mécanicien, d'ailleurs, en réalité.
36:51 Aujourd'hui, quand on soulève le capot
36:53 d'une voiture, moi, je ne suis pas très bonne en mécanique, mais
36:55 ça a beaucoup plus à voir avec la question
36:57 de l'informatique et du
36:59 digital qu'en réalité, à notre
37:01 époque, quand on soulait des capots
37:03 de Renault, je ne sais pas quoi.
37:05 - Merci beaucoup. - Renault 16, on va prendre un coup de
37:07 yeux. Merci beaucoup. - Renault 16, voilà,
37:09 j'ai cherché une fois, pour les boomers,
37:11 comme moi, pour les boomers.
37:13 - Bienvenue au club, merci beaucoup.
37:15 Elis Manganon, l'unetta, directrice
37:17 des programmes à Lafève,
37:19 première association en France d'engagement étudiant contre
37:21 les inégalités éducatives. Merci
37:23 Jean-Baptiste Noyac, cofondateur et délégué général
37:25 d'Excellence Ruralité, Réseau d'Ecoles
37:27 pour lutter contre le décrocheur scolaire en zone rurale.
37:29 Merci beaucoup Frédéric Wexler,
37:31 inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche,
37:33 auteur des livres "Le décrocheur scolaire
37:35 entre parcours singulier et mobilisation collective,
37:37 un défi pour l'école" et "Le décrocheur scolaire
37:39 anticipé pour surmonter les obstacles".
37:41 Merci beaucoup Cécile de Ménilus.
37:43 - Merci beaucoup, c'était passionnant. Merci à notre équipe.
37:45 Nous, on se retrouve demain à 17h,
37:47 dans 8 minutes,
37:49 au coeur de
37:51 la mêlée avec François Trillot et sa bande.
37:53 - Absolument, et ça va parler rugby, mais tout de suite
37:55 on vous retrouve, Cécile, dans Sud Radio, à votre service.

Recommandations