• l’année dernière
Avec Arnaud de Morgny, président de l'École de pensée sur la guerre économique.

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Transcription
00:00 première invitée, Arnaud Demorny, pour parler de guerre économique, comment l'a gagnée. C'est l'école de
00:06 la guerre économique qui publie cet ouvrage aux éditions du Nouveau Monde.
00:10 Il y a eu un ouvrage précédent qui était "Qui est l'ennemi". Arnaud Demorny, bonjour. Est-ce que vous pouvez nous expliquer, vous êtes
00:17 responsable du centre de recherche
00:19 451 qui fait référence à Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.
00:22 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que c'est que la guerre économique ?
00:26 Je vous remercie de m'avoir invité. Alors la guerre économique, on peut la définir de deux manières, par ses objectifs ou par ses moyens.
00:33 Donc par ses objectifs, la guerre économique c'est, à pour but,
00:37 l'accroissement de richesse, l'accaparement, la prise de contrôle, la capture et en fait le développement,
00:46 l'augmentation de la puissance par l'économie. Ça c'est l'objectif de la guerre économique. Ses moyens, en fait c'est tout moyen, légaux,
00:53 illégaux, sales, voire très sales.
00:56 Vous le dites, alors dans ce livre on apprend quand même que
00:59 l'état français à une certaine époque avait une idée de la souveraineté, de la projection de puissance. Il y a eu le plan calcul
01:05 dans les années 50-60, le projet ensuite nucléaire qui fait qu'on a un parc nucléaire et l'arme nucléaire.
01:11 Et puis petit à petit on voit que tout ça
01:15 se délite, qu'il n'y a plus de suivi. Est-ce que la France a
01:20 complètement laissé de côté cette guerre économique ?
01:23 Et si c'est le cas, pourquoi ?
01:26 Alors la France, si on parle de la France au sens des
01:29 décideurs politiques ou des hauts responsables politico-administratifs,
01:34 et bien majoritairement oui, parce qu'en fait la notion de guerre économique,
01:38 même si on en perçoit les conséquences et les manifestations physiques, on a pu voir les pénuries sur les masques, enfin ce genre de choses,
01:47 d'un point de vue conceptuel, ça va, c'est tout à fait orthogonal, ça va à l'encontre
01:52 du concept libéral qui dit que, en fait, le commerce ça apporte la paix et la prospérité.
01:58 Et donc cette théorie du doux commerce de Montesquieu, en fait,
02:04 est devenue fertile dans les esprits
02:10 de nos décideurs politiques. Et donc à partir du moment où on leur dit "mais non, mais en fait l'économie c'est essentiellement un champ de bataille,
02:17 il y a des conflits,
02:19 non pas juste pour gagner des marchés, mais pour créer des dépendances, pour prendre le contrôle, pour pouvoir
02:26 conditionner
02:28 les capacités de décision des pays ou des entreprises, et bien c'est tellement
02:33 étranger à leur culture qu'ils ne l'acceptent pas. Il y a un déni total
02:37 du reste, dont les services de l'État, on parle davantage,
02:40 enfin majoritairement, de sécurité économique,
02:43 et
02:46 il n'y a que récemment dans certains services où ils revendiquent l'existence d'une guerre économique.
02:51 Mais est-ce que ce n'est pas la philosophie même de l'Union Européenne,
02:53 finalement, de faire croire que le marché commun, la concurrence, le commerce seraient l'alpha et l'oméga, et qu'il ne faut pas justement
03:01 protéger des champions nationaux,
03:03 avoir des secteurs qui seraient exants de cette concurrence, comme l'énergie par exemple, est-ce que ce n'est pas justement à ce moment-là, quand l'Union
03:09 Européenne prend cette importance dans la décision publique, qu'on en arrive à laisser tomber
03:13 finalement la stratégie de planification et de guerre économique en France ?
03:17 La présidente de la Commission Européenne, dans son discours de l'Union, qui est
03:20 une pâle copie du discours de l'Union du président des États-Unis au Congrès, en fait a dit à la mi-septembre
03:29 que les entreprises européennes
03:31 "aimaient la concurrence", je cite,
03:34 sous-entendant les entreprises européennes sont compétitives, elles gagnent des marchés, etc.
03:40 Donc en fait la philosophie de l'Union Européenne est double, c'est-à-dire
03:43 depuis l'acte unique de 1986, c'est les quatre libertés,
03:47 liberté de circulation des biens, des capitaux, des personnes et des services,
03:53 donc c'est l'institutionnalisation
03:56 du libre marché,
03:59 ça c'était au départ parmi les partenaires, les membres de la CE, puis de l'Union, mais depuis une dizaine d'années, il y a une
04:08 extension du domaine du marché,
04:10 puisqu'il y a la multiplication des contrats de libre-échange
04:14 avec des partenaires tiers. Donc si nos auditeurs pensent que l'Union Européenne protège les entreprises
04:20 européennes des concurrents internationaux, c'est faux, puisqu'en fait
04:25 elle les met sur le même niveau de compétition
04:27 que la Chine, l'Indonésie, le Canada, le Japon ou les États-Unis.
04:35 - On entend cette formule répétée à l'envie par le président Emmanuel Macron,
04:39 "la souveraineté européenne", est-ce que ça existe ou est-ce que c'est un leurre ou un oxymore ?
04:45 - Alors il y a deux manières d'aborder la chose. D'un point de vue économique, parler de souveraineté européenne, c'est
04:52 totalement évacuer le fait que des entreprises allemandes,
04:55 italiennes, espagnoles, françaises ont des intérêts concurrents, que elles sont
05:03 compétitrices sur éventuellement les mêmes marchés. Et donc parler de souveraineté européenne, ça signifierait, il y a un implicite,
05:09 qui est qu'il y aurait une sorte d'intérêt commun
05:13 des entreprises au sein de l'Union Européenne.
05:16 50% de notre déficit commercial, c'est intra-européen, c'est dans le cadre du marché commun.
05:24 Le deuxième aspect, c'est la souveraineté au sens
05:27 capacité à se donner ses propres règles.
05:31 Donc ça fait référence à l'autonomie, au sens grec du terme, "autonomos", je me donne mes propres règles.
05:37 Est-ce que l'Union Européenne est en capacité de se donner ses propres règles ? On peut en douter, considérant que
05:44 pour bénéficier de gaz américain, on n'agit pas, par exemple, en Arménie, ou
05:53 que pour bénéficier d'accès à un certain nombre de marchés, donc par exemple le modèle de développement économique des Pays-Bas,
06:01 c'est d'être le cheval de Troie de la Chine, c'est-à-dire qu'ils importent des produits chinois et ils le revendent dans le marché intérieur.
06:09 Ce sont deux exemples qui montrent qu'en fait, il n'y a pas de désir d'autonomie.
06:14 Et donc, s'il n'y a pas de désir d'autonomie, il n'y a pas de souveraineté. Troisième aspect, c'est la souveraineté.
06:19 Dans la conception républicaine et sociale qui est la mienne,
06:23 j'aurais sienne, la souveraineté, c'est le lieu de la démocratie et c'est le lieu du choix,
06:30 du souverain populaire, le peuple politique.
06:33 Il n'y a pas de peuple politique européen, il n'y a pas de langue commune européenne, il n'y a pas de débat commun, sérieux,
06:40 des populations européennes sur leur intérêt général. On ne leur demande plus leur avis.
06:46 Et donc, dans ces trois dimensions, il n'y a pas de souveraineté européenne. Du reste, je pense que seul le président Macron
06:53 utilise, enfin ses amis, utilisent l'expression.
06:57 Oui, c'est bien le seul. Il y a aussi une vraie question sur cette guerre économique, c'est l'influence
07:04 des États-Unis, par exemple, sur la formation des leaders, le programme des Young Leaders de la Franco-American Foundation,
07:10 mais aussi la formation de nos élites à être
07:13 systématiquement, avoir une vision
07:16 atlantiste du monde. On a vu la façon dont Nicolas Sarkozy a fait rentrer la France dans l'OTAN,
07:20 dont Giscard a été un des premiers aussi à finalement laisser tomber toute cette politique de planification.
07:26 Est-ce qu'il n'y a pas là une guerre de toute façon perdue, guerre culturelle, parce que
07:31 l'ami américain est tellement fort qu'il n'a même pas besoin de faire une guerre économique, elle est déjà gagnée en Europe ?
07:38 Alors, je vous répondrai deux choses. La première, c'est que les seules guerres dont on est sûr de perdre, qu'on est sûr de perdre,
07:45 c'est celles qu'on ne mène pas.
07:46 Et donc, il est vrai que nos amis américains ont mené des stratégies d'influence
07:52 et de cadrage de nos modes de pensée, et cela dès le plan Marshall.
07:57 Donc au départ, c'était dans le cadre de la guerre froide
08:01 pour éviter que les pays
08:05 de l'Europe ne deviennent
08:08 communistes soviétiques,
08:10 mais à partir de 1990 et la fin de la guerre froide,
08:15 les américains ont fait le choix, c'est tout à fait public ce que je vais vous dire, de réorienter
08:20 l'essentiel de leurs activités de renseignement et de services secrets dans le cadre de la guerre économique.
08:25 Et donc,
08:27 cette hégémonie culturelle qu'ils ont réussi à instaurer
08:32 de la logique de démocratie libérale face au totalitarisme
08:36 soviétique, eh bien, ils ont continué à la développer, mais sur les logiques de libre marché et d'accession
08:44 en fait aux esprits. Du reste,
08:48 le fait que dans l'Union Européenne, il n'y ait plus 27 législations différentes, il n'y ait plus 27 systèmes de normes
08:55 différents, mais il n'y en est plus qu'un, en fait ça facilite
08:58 l'entrée sur un marché plus grand.
09:02 - Mais est-ce qu'il n'y a pas encore plus insidieux quand une firme américaine de conseil comme McKinsey
09:07 devient le principal conseiller
09:09 des pouvoirs publics, on l'a vu pendant la crise Covid, mais aussi sur plein d'autres sujets,
09:13 est-ce que là, c'est pas directement un cheval de troie, une façon de faire en sorte que l'État français soit inopérant ou du moins
09:20 prennent des décisions qui soient dans l'intérêt
09:22 d'autres pays comme les États-Unis ?
09:25 - On n'en a pas la preuve ni les documents matériels,
09:30 simplement on pourrait dire, considérant que les Américains ont un sens du patriotisme
09:35 très
09:38 accentué,
09:39 que peut-être
09:41 culturellement, ils défendent les intérêts de leur
09:43 pays, ce qui n'est pas le cas dans certains autres pays.
09:47 On peut voir qu'un certain nombre de Français qui deviennent fonctionnaires internationaux
09:51 prennent plus à cœur de défendre les intérêts de leur organisation internationale que de leur pays
09:57 d'origine. On voit ça dans l'Union Européenne, on voit ça dans toutes les organisations internationales.
10:01 Donc ça c'est une hypothèse
10:05 qui demande à être vérifiée. Après on peut
10:10 effectivement constater qu'un certain nombre de conseils ou de décisions vont plutôt dans le sens des intérêts américains.
10:16 Mais je n'irai pas plus loin sur ce sujet là parce qu'on n'a pas de preuves matérielles.
10:20 - Sans parler de McKinsey, mais le scandale Alstom par exemple, là c'est clairement
10:27 une erreur stratégique, on va le dire, qui coûte cher aujourd'hui d'avoir vendu Alstom à General Electric.
10:33 Qu'est ce qui fait qu'on en arrive là, à ce degré
10:37 d'aveuglement ou d'amateurisme ?
10:40 - Alors il y a plusieurs choses, c'est à dire qu'il y a à la fois une stratégie de guerre économique, c'est à dire
10:48 d'accruissement de la puissance par l'économie des États-Unis et General Electric
10:52 sur l'acquisition de savoir-faire et la mise sous dépendance de la France. C'est à dire qu'à partir du moment où Alstom
11:01 se fait racheter par une entreprise américaine,
11:05 entreprise américaine qui est soumise aux droits américains, c'est à dire qui a l'obligation
11:09 de donner accès aux services américains dans le cadre de la lutte contre le terrorisme,
11:15 à toutes les informations, toutes les données. Et donc ça veut dire qu'en fait une fois que General Electric a pris le contrôle d'Alstom,
11:23 l'État américain a accès à toutes les données
11:25 d'Alstom, ça c'est le premier sujet. Le deuxième sujet, c'est les règles dites ITAR, c'est à dire que les Américains se sont
11:34 donné le droit d'empêcher l'utilisation de certaines technologies à des pays tiers parce que cette technologie est américaine. Et donc
11:42 cet hiver on a pu lire des articles de presse nous indiquant que les États-Unis avaient menacé la France de couper certaines centrales.
11:50 Donc l'économie c'est aussi un levier de pression. Ça c'est le côté américain. Il y a un côté
11:58 français, le côté français
12:01 comme dit Régis Debray, nous sommes devenus des galoriquins, c'est à dire qu'il y a un certain nombre de décideurs qui considèrent que comme les
12:08 Américains nous protègent militairement, ce sont nos amis sur tous les sujets. C'est à dire qu'ils sont dans une logique guerre et paix qui n'est
12:15 plus la réalité de ce que l'on peut analyser.
12:17 On est passé de la logique guerre paix à un nouveau type de logique qui est les logiques
12:23 de compétition, de concurrence et d'affrontement.
12:28 On y reviendra peut-être si vous voulez tout à l'heure. Donc ils considèrent que nos grands frères américains
12:34 sont nos amis quels que soient les sujets, ça c'est le premier point. Le deuxième point, il faut quand même pas oublier que
12:40 Général Electric a versé plus de 120 millions d'euros à tous les cabinets de conseil,
12:46 cabinet d'avocat, etc.
12:49 de la place de Paris afin qu'ils convainquent un certain nombre de décideurs de l'intérêt du rachat.
12:57 Il y a eu des pressions juridiques puisque monsieur Pierucci a été envoyé en prison,
13:04 que des discussions avec monsieur Cron ont été faites en lui disant "grosso modo ce qui arrive à Pierucci vous arrivez
13:11 donc si vous ne devenez pas notre ami et notre allié".
13:15 Plus on lui a promis un parachute, 12 millions d'euros si ma mémoire est bonne, donc monsieur Cron
13:20 pour son intérêt personnel
13:23 ça il faut la lâcher et il a trahi en réalité l'intérêt de la France.
13:28 Malheureusement on arrive déjà à la fin de cet entretien mais on reviendra sur ces questions là. Est-ce qu'il n'y a pas un problème
13:35 fondamental en fait de formation des élites comme il s'auto appelle,
13:39 que ce soit à l'ENA, à Sciences Politiques en fait, où les gens ne sont pas formés à la guerre économique tout simplement ?
13:44 Alors ils ne sont pas formés à la guerre économique parce qu'en fait ils ne connaissent pas l'histoire, c'est à dire que la guerre économique
13:48 c'est un processus anthropologique, c'est à dire que
13:51 je vous rappelle un adage du
13:53 médiéval qui était "il n'est de bonne fortune que gagné à la pointe de l'épée", c'est à dire que l'économie c'est
13:59 violent, ce sont des rapports de force, ce sont des confrontations, ce sont des logiques d'intérêt majeurs.
14:05 Voilà donc s'ils ne sont pas sensibles à ça, si on leur explique pas quels sont les processus et quels sont les moyens de lutter
14:11 et de gagner, et bien à ce moment là on
14:14 perd les combats. Et bien pour qu'ils se forment je leur recommande et je vous recommande de lire "Guerre économique comment gagner aux élites
14:21 éditions du nouveau monde" de l'école de guerre économique. Arnaud Demorny merci beaucoup d'avoir été notre invité, on reparlera bien sûr de ces sujets qui sont
14:28 extrêmement importants. Il est possible de gagner, ça il faut que tout le monde le sache. On va gagner et on se retrouve dans un instant pour

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