Attaque à Arras: la France sous le choc

  • l’année dernière
Un homme d'une vingtaine d'années armé d'un couteau a tué un enseignant et blessé grièvement deux autres personnes dans une cité scolaire d'Arras. Fiché S pour radicalisation, l'assaillant était sous surveillance de la DGSI et un de ses frères avait été interpellé et écroué à l'été 2019 "dans le cadre d'un projet d'attentat déjoué puis de faits d'apologie".
Transcript
00:00 Il est environ 11 heures du matin lorsqu'un homme armé de couteaux
00:04 s'introduit dans la cour de la cité scolaire Gambetta,
00:07 en plein coeur d'Arras.
00:08 Depuis leur salle de classe, les collégiens et lycéens
00:13 assistent, téléphone à la main, à l'attaque.
00:16 Sur cette vidéo filmée par un élève, on distingue l'assaillant.
00:20 Il est ici en veste grise, jogging noir et basket blanche.
00:25 Autour de lui, certains membres du personnel de l'établissement
00:29 tentent de le maîtriser.
00:30 L'un d'entre eux se sert d'une chaise pour se protéger.
00:34 Une alarme retentit, elle avertit les élèves d'une intrusion
00:38 dans l'établissement.
00:39 À ce moment, ils ignorent qu'il ne s'agit pas que d'un simple exercice.
00:45 - J'étais en cours de sport et on a eu l'alarme intrusion qui a sonné.
00:50 D'abord, j'ai cru que c'était comme d'habitude un exercice,
00:54 donc on a pris ça plutôt à la légère.
00:57 On a été confinés dans les vestiaires du gymnase.
01:02 Et puis, au fur et à mesure, comme les fenêtres donnent sur la rue,
01:07 on a entendu les voitures et les sirènes passer.
01:09 Et on a commencé à recevoir des messages de ce qui avait pu se passer.
01:15 On a commencé à recevoir des vidéos très tôt.
01:17 Là, on a compris.
01:18 Le protocole intrusion est mis en place.
01:22 Les élèves doivent se barricader dans leur salle de classe.
01:26 On les voit ici, sur cette photo, recroquevillés sous leur table.
01:30 Quelques secondes avant, certains ont eu le réflexe d'appeler leurs parents.
01:35 Nadege a échangé avec sa fille juste avant qu'elle ne se retranche.
01:41 - Elle hurlait en me disant qu'elle voyait l'assaillant avec un couteau,
01:47 ensanglotté, qui les poignardait à un professeur dans la cour
01:50 et qu'elle remontait, s'enfermait dans les classes.
01:53 Donc, j'ai essayé de la calmer parce que je ne savais pas.
01:55 Ça me paraissait surréaliste à Arras.
01:56 Donc, je lui ai demandé d'aller s'enfermer et de rester avec des amis,
02:03 de tout fermer, de rester calme et de rassurer ceux qui paniquaient
02:06 et qu'on restait en ligne.
02:08 Après, on s'envoyait des messages parce qu'il fallait rester discret
02:13 sans savoir. Et là, l'attente était longue.
02:15 L'assaillant a été filmé à plusieurs reprises.
02:20 Ici, après avoir échangé quelques mots avec des membres de l'établissement,
02:26 il finit par s'éloigner, se rapproche et s'adresse à une autre personne.
02:33 Puis, il s'éloigne de nouveau.
02:38 L'assaillant est à la recherche du proviseur ou d'un certain profil de professeur.
02:45 - J'étais poursuivi par l'agresseur qui, effectivement, à ce moment là,
02:49 me demandait si j'étais professeur d'histoire.
02:51 Il était professeur d'histoire, t'es professeur d'histoire.
02:54 Qu'est-ce que tu veux, etc. Il m'a poursuivi.
02:56 Heureusement, on n'était pas très loin d'une porte vitrée de l'établissement.
02:58 Donc, on s'est réfugiés. On a barricadé la porte.
03:01 Et donc, on l'a vu très près, effectivement, à ce moment là.
03:04 Et il n'a pas cherché à aller plus loin.
03:07 Il ne pouvait pas aller plus loin. Il n'était armé que de couteaux.
03:08 Donc, il n'est pas allé plus loin.
03:10 Mais quand il s'est retourné en me demandant si j'étais professeur d'histoire,
03:12 j'ai quand même eu, effectivement, immédiatement en tête le nom de Samuel Paty.
03:17 Je me suis dit, mais il y a un truc un peu comme ça.
03:19 Effectivement, à ce moment là, j'ai eu le sentiment qu'il y avait un problème de type politique
03:22 et que ce n'était pas un problème lié à l'établissement,
03:25 un règlement de compte dans l'établissement, une altercation, un règlement de personnes, etc.
03:29 La première victime de l'assaillant est un professeur de français.
03:34 Il a été atteint à la carotide.
03:36 Sur son passage, l'homme blesse grièvement deux autres personnes,
03:41 un personnel de la cantine et un professeur d'EPS.
03:46 Il est finalement arrêté par la police sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré.
03:50 Le voici juste après son interpellation.
03:54 Mohamed Magouchkov a 20 ans.
03:58 Il est né en 2003 en Russie, arrivé en France à l'âge de 6 ans.
04:03 Depuis quelques années, il tentait d'obtenir le statut de réfugié en vain.
04:09 Sa demande d'asile a été rejetée en 2022, mais il ne pouvait être expulsé
04:15 et poursuivait ses études en France.
04:17 Il y a deux ans encore, il était lycéen dans le groupe scolaire Gambetta.
04:22 - Cet élève là, oui, je l'ai eu il y a trois ans.
04:25 C'était un élève que j'avais en terminale.
04:27 C'était un élève qui était calme, qui était réservé, mais avec qui j'avais
04:31 des conversations tout à fait normales, du sport.
04:34 Il était vraiment un élève lambda.
04:38 L'assaillant habite ici.
04:41 Il a trois frères et soeurs.
04:43 Cet ami le décrit comme un jeune homme discret et croyant.
04:46 - C'est vrai qu'il était comme bien dans la religion.
04:50 Pour lui, fumer, sortir dans des boîtes et tout, quand il parlait de ça,
04:55 il parlait de ça avec un peu de dégoût.
04:58 C'est quelque chose qui dégoûtait pour lui, surtout les musulmans qui faisaient ça.
05:02 Mais sinon, jamais, jamais on n'a parlé d'un truc bizarre comme ça,
05:05 radical ou quoi, jamais de la vie.
05:06 Le grand frère de Mohamed Magouchkov a été condamné pour association
05:12 de malfaiteurs terroristes et apologie du terrorisme.
05:15 Son père expulsé en 2018 pour radicalisation.
05:20 Son petit frère a lui aussi été interpellé ce matin.
05:25 Mohamed Magouchkov était fiché S pour radicalisation depuis le 2 octobre dernier
05:32 et même suivi activement par la DGSI, placé sur écoute, suivi par des agents.
05:40 Il a même été contrôlé hier.
05:42 Lors de l'attaque d'aujourd'hui, il a crié à la Ouagbar.
05:48 Il a été placé en garde à vue.
05:50 Le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête.

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