Il s'appelait Dominique Bernard. Ce passionné de Julien Gracq était professeur de lettres au lycée Gambetta-Carnot d'Arras. Ce 13 octobre, trois ans après Samuel Paty, il a été lui aussi assassiné par un jeune islamiste tchétchène.
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"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti". Albert Camus
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00:00 Il s'appelait Dominique Bernard, il était professeur de lettres et ce qu'on sait de
00:09 lui c'est qu'il était passionné par l'œuvre de Julien Gracq, c'est-à-dire parce qu'il
00:14 y a de plus beaux, de plus subtils et de plus intelligents dans la littérature.
00:20 Dominique Bernard a été assassiné aujourd'hui par un jeune d'origine tchétchène né en
00:31 2003, pour ce que l'on en sait peut-être ancien élève de ce collège.
00:38 Il a été assassiné dans des circonstances que pour l'instant on ne maîtrise pas mais
00:45 selon toute vraisemblance par un jeune homme qui a voulu tout simplement rejouer l'assassinat
00:51 de Samuel Paty.
00:53 On est trois ans après la mort de Samuel Paty, trois ans après le moment où un professeur
01:00 a été décapité en France.
01:04 Et depuis trois ans tout le monde s'était habitué, comme on s'est habitué à vivre
01:10 dans un pays où des dessinateurs ont été massacrés pour avoir simplement voulu rire
01:17 des religions, comme on s'est habitué à vivre dans un pays où des jeunes gens ont
01:23 été tués, là aussi massacrés dans une salle de concert, comme on s'est habitué
01:29 à vivre dans un pays où en 2012 déjà des enfants avaient été tués à bout portant
01:35 parce qu'ils étaient juifs.
01:36 On s'habitue à tout cela à chaque fois, on voit des débats surgir dans les quelques
01:44 jours qui suivent et là on espère qu'on va pouvoir poser la question du statut de
01:50 l'assassin qui visiblement avait vu sa demande d'asile refusée mais qui n'était
01:57 pas expulsable parce qu'arrivée en France avant l'âge de 13 ans.
02:00 On sait que l'assassin de Samuel Paty était lui-même Tchétchène, là aussi radicalisé
02:11 comme l'assassin de Dominique Bernard sans que l'on ne puisse faire quoi que ce soit.
02:17 La question de l'islamisme, de la façon dont il se diffuse chez des gens qui ont été
02:27 accueillis par la France pour être protégés parce qu'eux menacés dans leur pays, cette
02:33 question-là doit être posée comme doit être posé le rôle des associations qui
02:37 ont empêché visiblement que la famille de cet assassin ne soit expulsée quand elle
02:47 devait l'être.
02:48 Mais plus largement, c'est la question de la diffusion de l'idéologie que portent
02:55 ces gens qui doivent être posés, c'est-à-dire le rôle des réseaux sociaux, la capacité
03:03 que nous avons à lutter contre cette propagande, la capacité que peuvent avoir les professeurs
03:11 seuls abandonnés en première ligne face à cela, dans une société où on en est
03:20 encore à se poser la question de savoir comment nommer les choses.
03:24 Certes, maintenant on prononce le mot islamisme, ce n'était pas le cas après Mohamed Merah,
03:33 même après les frères Kouachi.
03:34 Certes, on peut espérer qu'il faudra un tout petit peu de temps cette fois-ci pour
03:40 voir surgir les pas d'amalgame alors que c'est en général la première chose qui
03:45 surgit avant même la condamnation des actes terroristes.
03:52 Globalement, il y a un combat culturel à mener, un combat contre l'idéologie islamisme,
04:04 l'idéologie islamiste qui s'attaque d'ailleurs en premier lieu aux citoyens français de
04:11 confession musulmane en essayant de les capter, en essayant de les enrôler de force.
04:16 C'est tous les citoyens français de quelque confession que ce soit qui doivent aujourd'hui
04:23 se faire entendre, qui doivent aujourd'hui considérer que nous sommes en guerre contre
04:29 une idéologie mortifère.
04:31 Mais c'est une guerre culturelle qui nécessite d'avoir les armes, qui nécessite de ne pas
04:39 continuer à fermer les yeux, qui nécessite de se poser la question de l'obscurantisme
04:46 et de sa diffusion.
04:47 Au moment de l'assassinat de Samuel Paty, nous écrivions dans Marianne que les mêmes
04:54 qui étaient incapables de nommer cette idéologie avaient pendant des années œuvré à faire
05:00 en sorte que l'école ne puisse pas transmettre des savoirs, c'est-à-dire justement les
05:07 armes pour lutter contre l'obscurantisme.
05:10 Aujourd'hui un professeur passionné de Julien Gracq a été assassiné par un bigot persuadé
05:26 que l'on gagne des points de paradis en massacrant d'autres êtres humains.
05:31 C'est contre tout cela que la philosophie des Lumières, l'humanisme, ont voulu lutter.
05:41 Nous sommes censés être les héritiers de cette philosophie qui entend lutter contre
05:50 la bigoterie, contre l'obscurantisme religieux.
05:56 Nous avons oublié cet héritage et c'est un héritage pourtant qui doit être transmis
06:02 à tous les enfants qui arrivent sur le sol français, à tous ceux qui ont vocation à
06:09 vivre en France.
06:11 C'est ça la principale arme et c'est cela le minimum que nous devons à tous ceux qui
06:17 sont morts jusqu'à présent et pour lesquels on se contente de déplorer, de dire « plus
06:26 jamais ça » avant de se féliciter de la résilience de notre société.
06:31 [Musique]
06:35 [SILENCE]