Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.
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00:00 Pierre Gattaz, bonjour, ancien président du MEDEF, vous publiez un livre
00:04 "Enthousiasmez-vous"
00:05 que voici, on va en parler dans un instant,
00:07 un livre pour dire aux français
00:09 un peu d'entrain, allez-y, soyez motivés.
00:12 Oui, oui, en fait le peuple français est malheureusement assez triste et assez
00:15 pessimiste. Nous sommes régulièrement classés dans les 40 ou 45ème peuple
00:19 les plus pessimistes.
00:20 Or nous avons des atouts formidables, nous avons
00:23 un pays, un patrimoine scientifique, philosophique, culturel, littéraire
00:27 incroyable
00:28 et nous avons une économie qui s'est redressée depuis une dizaine d'années.
00:31 Les mesures sur l'offre ont été réformes fiscales, des
00:35 réformes sociales ont été commencées à être mises en place par Manuel Valls à
00:39 l'époque,
00:39 continuée par Emmanuel Macron,
00:41 ce qui a permis de faire baisser le chômage de 10% à 7%
00:45 actuellement. Donc je pense qu'on est dans un monde, un mode
00:48 français de redressement de l'économie et il faut s'enthousiasmer autour de ça.
00:52 Pas facile quand même dans le monde actuel avec toutes les pressions, toutes
00:55 les tensions.
00:56 Non, malheureusement si vous voulez, on vit des drames, un drame absolu
00:59 actuellement au Proche-Orient et il faut avoir beaucoup d'empathie et de sympathie
01:02 pour l'Israël et les peuples en guerre actuellement.
01:06 Mais en effet, un chef d'entreprise c'est quelqu'un d'optimiste, j'ai vécu
01:09 quatre crises assez dures dans mon existence,
01:13 dans mon expérience d'industriel.
01:15 Bon, il faut garder de l'espoir, il faut garder de l'espoir pour
01:19 sa famille, pour tout, parce que si on est tous indignés, si on est tous...
01:23 Il faut garder l'enthousiasme malgré tout. Actuellement c'est
01:26 vrai que c'est compliqué parce que
01:28 c'est terrible ce qui se passe dans le monde, c'est terrible.
01:30 Mais comment ça peut évoluer ? Vous qui êtes le patron de Radial depuis 1992,
01:34 entreprise de semi-conducteurs,
01:35 créée par votre père Yvon, ancien président de Medef également.
01:39 Comment vous résistez ? Comment les patrons peuvent résister avec tout ce
01:42 qui se passe depuis quelques années ?
01:44 Alors je crois que justement cet enthousiasme, j'en parle beaucoup dans mon
01:46 livre, je pense qu'on est amené à gérer des crises régulièrement.
01:50 Il faut garder l'enthousiasme, il faut peut-être se mettre,
01:54 aujourd'hui c'est vrai que le monde bouge, il y a une nervosité énorme,
01:57 on ne sait pas comment va évoluer
01:58 le prix du pétrole, le prix de l'électricité, il y a l'inflation.
02:02 Bon, il faut être raisonnable, être très prudent.
02:05 Andy Groff qui était le créateur d'Intel il y a une quarantaine d'années
02:10 a dit "seuls les paranoïaques survivent". Je crois qu'il faut être un petit peu paranoïaque,
02:14 mais garder la foi, garder l'enthousiasme. Si les patrons ne gardent pas
02:17 l'enthousiasme,
02:18 je pense que là ça peut très mal se passer pour les entreprises.
02:21 Les entreprises sont faites aussi pour passer des crises, alors plus ou moins
02:24 durablement.
02:25 J'espère que celle-ci ne durera pas dix ans.
02:28 - Alors vous disiez dans le journal du dimanche il y a quelques jours
02:32 il faudra 20 ans pour redresser la France. 20 ans c'est presque une
02:35 génération. - Alors c'est sur l'industrie, je pense que l'industrie, oui,
02:39 vous savez mon combat c'est d'avoir gardé mes quatre usines en France de
02:42 Radial, d'en avoir rajouté une cinquième, donc c'est possible dans les composants
02:45 électroniques dans lesquels nous sommes.
02:47 Marché extrêmement mondialisé. Je dis en effet que
02:50 sans doute pour redresser l'industrie française qui est
02:53 descendue à 10% et pour la remettre à 15 ou 16 ou 17%
02:56 il faudra sans doute une vingtaine d'années.
02:58 Par contre, pour redresser la France, elle s'est déjà redressée depuis dix ans,
03:02 le taux de chômage est passé de 10% à 7%.
03:04 Je crois beaucoup au fait qu'on puisse aller vers le plein emploi
03:08 à 5%. Il faut continuer les réformes, il faut continuer les réformes, il faut
03:13 continuer de se battre pour être attractif, pour que le pays
03:16 France soit attractif pour les patrons et pour les investisseurs étrangers.
03:20 Mais est-ce que les entreprises ont les moyens d'augmenter les salaires ?
03:23 Alors ce sujet est compliqué, il y a un taux d'inflation important que l'on connaît
03:27 qui est en train de baisser mais qui reste quand même à 4-5%.
03:30 En effet, il faut absolument que le travail paye.
03:34 J'ai créé une association justement pour former des chômeurs longue durée.
03:38 On a vu les Gilets jaunes
03:40 qui sont partis dans la rue pour des problèmes de ne pas joindre les deux.
03:44 Alors j'ai une solution qui est de dire qu'on ne peut pas
03:46 éternellement augmenter les salaires bien évidemment par rapport à des marchés
03:49 et une compétitivité
03:51 qui reste précaire en France. Il faut continuer de baisser la fiscalité
03:54 en baissant les dépenses publiques de la France qui sont à 57% du PIB.
03:57 Donc on est à un moment, encore une fois, où les dépenses publiques sont très élevées
04:01 en France, à 45% par rapport à l'Allemagne.
04:04 Les Suisses... - Oui je comprends bien, je vous coupe parce que vous dites dans votre bouquin
04:07 quand on donne 100 euros à un salarié, ça va coûter 200 aux patrons.
04:12 Mais comment récupérer la moitié ? - J'allais venir à ça. Nous avons un modèle social
04:15 qui est particulièrement généreux,
04:17 il existe, mais en effet quand vous donnez 100 euros net à quelqu'un,
04:20 ça coûte environ 200 euros à l'entreprise. - Comment faire ?
04:23 - Il y a un matelas de charges, social et patronal,
04:25 où il faudra avoir du courage d'améliorer, d'optimiser.
04:28 En faisant aussi bien sur la retraite, sur le chômage, sur la prévoyance,
04:32 sur la maladie, parce qu'on finance
04:34 la sécurité sociale, je dirais, par ce coût du travail.
04:37 La moyenne européenne c'est 150, c'est 50%, 60% on va dire.
04:42 La France est à 100%.
04:43 Les Etats-Unis sont à 15%. - Mais il est difficile d'aller plus bas, comment voulez-vous supprimer les aides ?
04:48 - Je crois qu'on peut le faire en gérant mieux ces blocs, et ça revient à mes solutions
04:53 dont je parle dans ce livre,
04:54 de gérer mieux la puissance publique, l'Etat, les territoires,
04:58 en mettant du management, de la RH, de la productivité, c'est un mot qui parfois...
05:03 - Comme une entreprise ? - ... est grossier.
05:04 Comme une entreprise, nous sommes nous en train de toujours faire mieux
05:07 avec moins, toujours. On est dans une compétition internationale.
05:10 Pourquoi la dépense publique et pourquoi la sécurité sociale ne seraient pas gérées
05:14 avec des méthodes de management et de RH modernes ?
05:17 - Est-ce que les syndicats accepteront ? - Alors, les fonctionnaires sont tous des gens...
05:20 La plupart du temps, moi j'ai mon épouse est fonctionnaire, mon frère est fonctionnaire,
05:23 ce sont des gens engagés, ce sont des gens responsables.
05:25 Ils sont broyés par un système. Quand vous voyez dans les hôpitaux,
05:28 où les infirmières courent dans tous les sens,
05:30 on leur demande jamais
05:32 quel sujet, quel problème vous avez à régler.
05:35 Moi, dans mon entreprise et dans les entreprises que je gère,
05:37 je demande toujours à mes salariés "Aidez-nous, quel est le problème ?"
05:41 Alors, c'est du management, c'est de la formation, c'est de la confiance,
05:44 c'est de la raison d'être. Ensemble, on veut aller là.
05:47 Et c'est de la récompense. - Et il faut en parler avec les syndicats, selon vous ?
05:50 Est-ce qu'il faut faire plus de fonctionnaires, du coup ?
05:52 - Oui, j'en fais beaucoup avec cette association ICROIR dont j'ai parlé tout à l'heure,
05:55 qui forme des chômeurs longue durée à l'entrepreneuriat.
05:59 Et bien, en fait, c'est ça le social pour moi. C'est être sur le terrain,
06:02 c'est d'écouter les gens,
06:03 et on leur demande
06:04 "Qu'est-ce que vous voulez faire dans votre vie ?"
06:05 "Je voudrais être coiffeuse, je voudrais être manucure, etc."
06:07 "On va vous aider à être coiffeuse, manucure."
06:09 Il faut être sur le terrain.
06:10 Et on voit que, grâce à l'enthousiasme, le projet de vie, c'est le but de mon livre,
06:14 on peut s'en sortir. Donc je crois que c'est plus de social
06:17 sur le terrain. L'audio social est fondamental sur le terrain, dans les entreprises.
06:21 Au niveau national, il est souvent très politisé, malheureusement.
06:25 Beaucoup plus que dans d'autres pays européens, d'ailleurs.
06:27 - On remontre votre livre. Vous avez été au Medef 5 ans.
06:30 En ce moment, ils sont sur la bonne voie au Medef avec le nouveau président ?
06:33 - Oui, très bien. Vous savez, il faut toujours se battre sur les réformes.
06:37 Il faut surtout éviter que la fiscalité remonte.
06:39 Car la solution de facilité que j'explique dans mon bouquin, c'est de taxer.
06:43 Toujours et encore.
06:44 La solution plus compliquée et plus courageuse, c'est de réduire, encore une fois,
06:47 ce bloc de dépenses publiques qu'il pèse sur les entreprises et sur les ménages.
06:51 - On a bien compris. Merci beaucoup Pierre Gattaz.
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