Eric de Riedmatten reçoit chaque week-end un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique.
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00:00 L'État vient d'annoncer un nouveau livret qui sera axé sur le climat.
00:04 Un livret pour les nouveau-nés jusqu'à 18 ans.
00:06 On va en parler avec Philippe Crevel.
00:08 Merci d'être avec nous.
00:09 Vous dirigez le Cercle de l'épargne.
00:11 On va voir aussi quel est le niveau d'épargne en France,
00:13 qui est record aujourd'hui avec beaucoup d'argent qui dort.
00:15 Mais d'abord, ce livret climat, est-ce que vous y croyez ?
00:18 Ce n'est pas le produit qui va révolutionner la planète, malheureusement.
00:22 Mais c'est une goutte d'eau nécessaire, indispensable
00:26 pour réorienter l'épargne des ménages vers la transition énergétique.
00:31 Mais est-ce qu'on connaît le taux de rémunération ?
00:33 Le ministre de l'Économie a indiqué que les banques
00:36 devraient proposer un taux au minimum égal à celui du livret A.
00:41 Donc, ce n'est pas révolutionnaire ?
00:43 Ce n'est pas révolutionnaire.
00:44 C'est un produit qui est bloqué, parce qu'en fait,
00:46 c'est de la naissance jusqu'à la majorité.
00:49 Il est exonéré d'impôts sur le revenu, de prélèvements sociaux,
00:52 comme le livret A.
00:53 C'est un produit qui est néanmoins tunnel.
00:55 On ne peut pas retirer de l'argent quand on le veut.
00:57 Ah oui ?
00:58 Et oui.
00:58 Et donc, pour bénéficier en fait des exonérations,
01:01 pour bénéficier du taux garanti qui est celui du livret A,
01:05 il faudra que l'argent reste jusqu'à la majorité.
01:08 Ah oui, donc vous diriez quoi ?
01:09 C'est un livret A numéro 2, moins pratique et un peu gadget.
01:12 Alors, c'est un peu ça.
01:12 Il y avait donc le livret A, il y a le livret de développement durable
01:16 et solidaire, qui est déjà un produit pour la transition énergétique.
01:18 Et maintenant, il y a donc ce livret climat
01:21 qui se rajoute au livret jeune, qui n'a jamais fonctionné.
01:24 Où mettre son argent ? Parce que l'épargne reste record en France.
01:27 Alors, la France est un pays d'épargnant.
01:30 Et c'est vrai que depuis 2020, depuis le début de la crise sanitaire,
01:34 les Français mettent énormément d'argent de côté.
01:37 Et les derniers résultats de l'INSEE le soulignent.
01:39 18% du revenu est mis en épargne en France chaque année.
01:45 Et donc, on a évidemment des flux financiers très importants,
01:49 dont profite essentiellement le livret A,
01:51 parce que son taux a été revalorisé à plusieurs reprises depuis un an.
01:56 Et donc, malgré l'inflation, on est perdant quand même.
01:59 L'inflation, elle a été autour de 6%.
02:02 Elle baisse un petit peu depuis le mois de mai.
02:04 Mais c'est vrai que le rendement réel du livret A,
02:06 ça veut dire une fois pris en compte l'inflation,
02:10 on est en négatif, on est aux alentours de -2, -3.
02:13 Mais dans la gamme d'éplacements qui existe aujourd'hui,
02:16 ça offre, on va dire, un résultat supérieur.
02:20 Et donc, c'est pour ça que les Français vont vers ce produit.
02:24 Alors Philippe Crebel, je vais vous poser une question très gênante.
02:27 Certains qui laissent leur argent sur des comptes courants
02:30 ont peur qu'un jour, on leur prenne cet argent.
02:32 Est-ce qu'il y a un risque, notamment en cas de faillite bancaire
02:35 ou en cas de besoin, est-ce que l'État peut prendre cet argent ?
02:38 La situation, évidemment, serait celle d'une faillite importante d'une banque
02:43 qui pourrait remettre en cause les dépôts qui sont faits.
02:46 C'est déjà une situation que nous n'avons pas connue en France,
02:49 mais heureusement, il y a les autorités qui y veillent,
02:52 il y a les régulateurs, il y a les banques centrales.
02:55 Donc, nous ne sommes pas dans une situation de danger immédiat.
02:58 - Pour la faillite. - Pour la faillite.
03:00 Si, le cas échéant, il y avait un problème, qu'est-ce qui se passerait ?
03:04 Il y a une fameuse protection qui a été instituée en 2015,
03:08 après la crise grecque, qui fait que chaque déposant dans chaque banque
03:13 dispose d'une garantie de 100 000 euros sur ses comptes courants.
03:17 C'est le compte courant, il faut bien le préciser.
03:19 C'est-à-dire que c'est tous les comptes...
03:20 C'est les comptes courants, les livrets, etc.
03:22 - C'est 100 000 euros. - Les comptes sur livret, tout ça.
03:24 Voilà, qui bénéficient de cette garantie.
03:27 Le cas échéant, si donc la banque, malgré l'intervention des actionnaires,
03:32 qui seront les premiers à devoir remettre de l'argent,
03:35 puis les créanciers, étaient dans l'incapacité de faire face à ces obligations,
03:39 on pourrait, c'est vrai, puiser sur les comptes des ménages.
03:44 Mais donc, vous voyez, c'est après que tous les autres étaient appelés à sauver.
03:49 - Donc, il faut se rassurer, quand même. - Et d'autre part,
03:52 on l'a vu aux États-Unis, on l'a vu récemment, donc en Suisse,
03:57 les autorités interviennent, en fait, pour garantir,
04:01 au-delà de 100 000 euros aux États-Unis,
04:03 l'État fédéral a demandé aux autres banques de renflouer la banque en difficulté
04:10 pour éviter que les déposants perdent un dollar.
04:13 - Oui, et puis il ne faut pas que ces faillites se multiplient,
04:15 parce qu'il y en a eu quelques-unes, quand même,
04:17 entre les États-Unis et le crédit suisse.
04:18 J'aimerais terminer par un point.
04:19 Donc, 520 milliards d'euros qui dorment sur les comptes courants,
04:22 l'État en est conscient, est-ce qu'il ne l'ornue pas, parfois, un peu, sur ces sommes ?
04:27 - Ces 520 milliards d'euros, au dépôt à vue, ça a baissé, d'ailleurs.
04:30 C'était 540 milliards d'euros au mois de septembre 2022,
04:34 aujourd'hui, on est aux alentours de 518 milliards d'euros.
04:36 - Mais l'État rêve de cet argent, non ?
04:38 C'est l'argent des Français, vraiment, des ménages.
04:40 - Mais il aimerait peut-être le voir dans la machine.
04:42 - Alors, évidemment, la question est de savoir,
04:44 est-ce que les Français vont consommer davantage ?
04:46 Aujourd'hui, ils ont peur, donc ils le conservent.
04:49 Ils commencent néanmoins à réorienter cet argent vers des placements plus longs,
04:53 que ce soit les livrets réglementés, mais également l'assurance-vie.
04:56 Donc, cet argent est réinjecté.
04:59 Et puis, l'argent dans les banques, il ne dort pas.
05:01 Les banques utilisent cet argent pour faire des prêts, pour faire des crédits.
05:05 Et c'est réutilisé dans le circuit économique.
05:08 Il ne faut pas dire que c'est dans un coffre et que c'est à d'or.
05:11 Il faut de l'épargne parce qu'on a besoin d'investissement dans les entreprises,
05:15 également au niveau des pouvoirs publics,
05:18 pour faciliter la transition énergétique, pour donc décarboner nos économies.
05:22 Et c'est grâce à l'épargne qu'on le fera,
05:23 parce que c'est l'épargne qui est à la base des crédits
05:26 et également des fonds propres des entreprises.
05:28 Et c'est ce qui permet, in fine, de transformer l'économie et faire de la croissance.
05:32 - Très bien. Au moins, ça sert à quelque chose.
05:33 Tant mieux. Merci beaucoup, Philippe Crevel,
05:36 je le rappelle, directeur du Cercle de l'Épargne.
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