Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté et de la Ville, était l’invitée de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 On se place donc à la grande interview sur CNews et Europun.
00:03 Bonjour à vous Sabrina Gresty-Robach.
00:05 Bonjour Sonia Mahbouk.
00:06 Et bienvenue, vous êtes secrétaire d'État en charge de la citoyenneté de la ville.
00:09 Un attentat islamiste a donc frappé la Belgique hier.
00:12 L'assaillant a battu deux Suédois.
00:13 Le terroriste se revendique de l'État islamique.
00:16 C'est un Tunisien qui est en situation irrégulière sur le sol belge.
00:21 Je voudrais préciser qu'à l'instant, c'est ce qui nous parvient de la Belgique,
00:25 il y aurait eu une interpellation de cet individu, probablement de ce suspect.
00:30 Si c'est bien lui, on attend confirmation.
00:33 On est en train d'assister à une vague d'attentats.
00:36 Est-ce que ce n'est que le début, madame la secrétaire d'État ?
00:38 Alors ce que je sais, c'est que ce matin, moi comme vous,
00:42 je pense comme tous les Français, tous les Israéliens,
00:46 on a les mots qui pleurent.
00:47 Moi ce matin, j'ai les mots qui pleurent.
00:50 J'ai les mots qui pleurent parce que, est-ce que c'est le début ?
00:53 En tout cas, il y a quelque chose qui est en train de se passer,
00:56 et on le voit.
00:57 Le Hamas, qui est un groupe terroriste,
01:02 on le répète parce que je pense qu'on le répétera jamais assez,
01:05 ont commis des atrocités, des horreurs.
01:07 Je pensais qu'il y avait une fin à l'horreur chez l'être humain.
01:11 En fait, on s'aperçoit qu'il n'y en a pas.
01:14 Donc, ce qui est sûr, c'est que si ce terroriste est arrêté,
01:21 tant mieux.
01:21 Par contre, ce qui est sûr, c'est que le président de la République
01:24 l'a rappelé, et je tenais moi à le rappeler aussi,
01:26 nous serons impitoyables avec les terroristes.
01:29 Impitoyables, voilà.
01:30 Et ça veut dire quoi ?
01:31 Ça veut dire mettre les moyens là où ils le font,
01:32 ne pas se mentir, dire par exemple que tous les fichés S,
01:37 et c'est ce qu'a été demandé, le président de la République
01:39 l'a demandé, et maintenant moi qui suis en charge de la citoyenneté,
01:43 tous les fichés S avec une carte de séjour,
01:45 donc étrangers, réguliers ou irréguliers, on le retirera.
01:48 Donc les irréguliers ont vocation tout de suite à quitter le territoire,
01:52 et pour les réguliers, retirer leur titre de séjour et les expulser.
01:55 Et dans un premier temps, les priver de liberté.
01:59 Et je pense qu'il faut aller beaucoup, beaucoup plus loin.
02:01 Que ne l'avez-vous fait avant ?
02:02 On entend vos mots.
02:03 Parce que le droit nous l'empêchait.
02:04 Mais alors on est pieds et poings liés.
02:05 Non, donc il faut changer le droit.
02:07 Il faut changer le droit.
02:08 Moi, c'est très simple.
02:09 Pour la sécurité.
02:10 L'illégalité est aujourd'hui protégée par la jurisprudence,
02:12 par la complexité normative, par les cours...
02:14 Non, parce qu'il y a des associations.
02:16 Par exemple, si vous prenez le cas de celui qui a tué le professeur Dominique Bernard
02:21 et qui a blessé grièvement trois autres personnes,
02:23 il me semble bien qu'il y avait des arrêtés d'expulsion.
02:26 Le préfet avait pris l'arrêté d'expulsion.
02:28 Et qu'est-ce qui s'est passé ?
02:29 Ce sont des associations qui sont allées contre le droit.
02:31 Parce que le travail des associations...
02:33 Vous le découvrez ?
02:34 Non, je ne le découvre pas.
02:35 Je le savais.
02:35 Alors pourquoi on n'a pas...
02:36 Parce qu'il est compliqué de changer le droit.
02:39 Et je pense que c'est le moment.
02:40 C'est le moment, notamment dans la loi Immigration.
02:43 Donc mieux contrôler l'immigration et mieux assumer l'intégration,
02:48 c'est ce qu'il faut faire.
02:49 Il faut aller beaucoup...
02:50 Quand le droit ne va pas et qu'il ne correspond plus à son époque,
02:53 il faut le changer.
02:53 C'est ce que dit le ministre de l'Intérêt.
02:55 Il dit justement qu'il faut voter cette loi Immigration.
02:58 Mais la droite et la droite de la droite disent
03:00 qu'au contraire, ça va être un appel d'air encore plus important.
03:03 Non, parce qu'ils se trompent.
03:04 Nos frontières seront encore moins méthodiques
03:06 par la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension.
03:08 Ce n'est pas ça qui est prévu.
03:09 Je pense que c'est...
03:11 Je sais que c'est une déformation de ce qui est réel dans cette loi.
03:14 Dans ce projet de loi, qu'est-ce qu'on dit ?
03:16 On dit qu'il y a des gens qui travaillent chez nous,
03:18 des personnes d'origine étrangère,
03:20 qui ne posent pas de problème,
03:21 qui travaillent dans des métiers, comme vous dites, en tension,
03:24 parce qu'on en a besoin.
03:25 - Une situation irrégulière.
03:27 - Est-ce que c'est admissible d'avoir des gens qui travaillent,
03:31 qui payent leurs impôts et dont les employeurs, par exemple,
03:35 disent qu'on en a besoin ?
03:36 Là, il faut... Moi, c'est ce que je crois.
03:38 Il faut régulariser ceux qui, sur notre territoire,
03:41 ne posent pas de problème, qui sont là depuis longtemps.
03:43 Rappelez-vous, Gérald Darmanin l'a rappelé,
03:45 qui sont là depuis plus de trois ans.
03:46 En revanche, être beaucoup plus sévère sur tout ce qui est irrégulier.
03:50 Et quand vous prenez le cas du terroriste d'Arras,
03:53 celui qui a commis cet acte atroce contre le professeur Dominique Bernard,
03:57 qu'est-ce qui se passe ?
03:57 On n'a pas pu l'expulser parce qu'il est arrivé sur le sol français avant 13 ans.
04:01 Il faut changer le droit tout de suite.
04:02 - Madame la secrétaire, les téléspectateurs qui vous regardent
04:03 et les auditeurs qui vous écoutent ce matin,
04:06 ils se disent "mais l'honnête citoyen, ce n'est pas être démagogique de le dire,
04:10 il est puni pour la moindre amende et pour la moindre infraction,
04:12 c'est tout à fait normal".
04:13 Mais celui qui est en passe de commettre un attentat,
04:15 qui est radicalisé, qui est fiché, qui est connu, qui est suivi,
04:18 qui a été contrôlé la veille, lui, il n'est pas expulsable.
04:21 - Tout à fait, mais le droit à empêcher la DGSI de l'expulser ou de faire quoi ?
04:25 - Donc le droit est imprégné aujourd'hui ?
04:26 - Non, je pense que le droit n'est plus adapté au monde dans lequel on vit.
04:29 Moi, c'est ce que je crois.
04:30 Et sur la loi Asile-Immigration, croyez-moi,
04:33 je prendrai toute ma part aux côtés de Gérard Darmanin.
04:36 - Mais pourquoi ne pas soumettre notre politique migratoire à référendum ?
04:39 Finalement, vous êtes en train de nous dire que notre droit n'est plus adapté,
04:42 qu'il faut sauter les verrous juridiques.
04:44 Eh bien, la meilleure manière, c'est de donner la voix au peuple.
04:48 - Alors écoutez, ça, on peut en discuter.
04:50 Moi, ce que je crois surtout, au-delà de donner la voix au peuple,
04:53 regardez les sondages.
04:54 On parle de sondages pour l'immigration.
04:57 Tout le monde, vous le savez, je vous avais entendu le dire,
05:00 tout le monde veut une loi sur l'immigration,
05:02 mais personne ne veut exactement la même.
05:04 Je pense que c'est le rôle du politique,
05:05 donc l'exécutif et les deux parlements,
05:07 le Sénat et l'Assemblée nationale,
05:09 de prendre leur part et de proposer quelque chose
05:11 qui corresponde à son époque.
05:13 On ne peut plus être anachronique dans notre droit.
05:15 Ça, c'est ce que je crois, je l'assume, je le dis,
05:18 je sais qu'encore, une fois, on va dire
05:19 "Oh, c'est pas possible de dire des choses comme ça",
05:21 moi, je le dis.
05:22 - Mais il faut encore la maîtrise de nos frontières.
05:24 On entend vos mots.
05:25 J'ai noté, entre Éric Dupond-Moretti, il dit "la justice est intraitable",
05:29 Emmanuel Macron, "l'État est impitoyable",
05:31 Gérald Darmanin, il y a quelque temps,
05:32 "nous serons méchants avec les méchants",
05:34 mais les méchants, ils nous frappent, ils fuent.
05:35 - Vous savez combien d'attentats ont été déjoués par la DGSI ?
05:37 - Il est vrai, il faut s'alluer cela.
05:39 Malheureusement, on regarde aussi.
05:41 - On n'arrive pas à tout arrêter, vous le savez.
05:43 Est-ce qu'il est impossible d'arrêter l'horreur de l'humanité ?
05:45 Moi, je ne crois pas.
05:46 Je ne crois pas, puisque l'humanité nous démontre,
05:48 à chaque époque, à chaque décennie qui passe,
05:50 qu'elle est capable d'être encore plus terrible
05:53 que celle qui l'a précédée.
05:54 Mais à un moment donné, la réalité,
05:55 quand je dis "adapter notre droit",
05:57 nous connaissons les failles de notre...
05:59 Parce que la réalité, c'est ce que me disent moi les gens.
06:01 Vous savez, moi, je suis quelqu'un de normal et qui vit avec...
06:03 - C'est ce qu'on sait qu'il y a sur notre territoire.
06:04 Hier, à cette place, Sabrina Gressy-Robach,
06:07 il y avait l'eurodéputée LR Nadine Moran.
06:09 Elle dit "mais il est temps de prendre la maîtrise
06:12 sur notre politique migratoire",
06:14 et elle dit, il faut, ce sont ses mots,
06:16 "stopper l'invasion migratoire".
06:17 - Non, vous savez, être outrancière dans les propos
06:20 n'aide pas dans tes propos.
06:20 - Ce n'est pas une réalité ?
06:21 - Non, ce n'est pas une réalité, parce que notre réalité,
06:24 c'est que nous savons exactement combien de gens rentrent,
06:26 combien de titres de séjour...
06:28 - Et vous êtes consciente avec qui ?
06:29 - Non, mais bien sûr, évidemment que nous savons qui,
06:31 puisque nous sommes capables.
06:32 Je vous donne un chiffre sur les fichiers S,
06:33 voilà, je vous le redonne, c'est 2852.
06:36 Donc dans ces 2852, nous en avons 489, très dangereux.
06:40 Donc la moitié, 214 à peu près,
06:42 qui sont en privation de liberté,
06:45 et quand ils ne sont pas en privation de liberté,
06:48 ils sont dans des endroits où nous pouvons les contrôler.
06:50 Donc, comme on dit, assignation à résidence.
06:52 La réalité, c'est qu'il faut généraliser cela.
06:55 On ne peut plus laisser nos services de renseignement,
06:57 la DGSI notamment, savoir repérer des fichiers S,
07:01 parce que ça, ce n'est pas mon travail,
07:02 ce n'est pas le vôtre, c'est le leur.
07:03 Ils le font parfaitement.
07:04 Ils arrivent à les repérer, mais on n'arrive pas à les arrêter
07:06 parce que notre droit nous empêche d'aller plus loin.
07:08 - C'est kafkaïen.
07:09 - C'est kafkaïen.
07:10 Donc maintenant, je pense qu'il est temps
07:12 que cette loi sur l'immigration arrive tout de suite
07:15 et que tous les courageux, vous savez, les commentateurs...
07:17 - Vous êtes vraiment capable de dire ce matin
07:18 que c'est une loi sur l'immigration qui va nous protéger ?
07:21 - Non, je dis que c'est une loi sur l'immigration
07:22 qui va pouvoir répondre en tout cas aux enjeux de notre époque.
07:25 Regardez, réussir à identifier quelqu'un d'isolé,
07:28 parce que là, ce qu'on voit sur l'attentat d'Arras,
07:31 les attentats de Suède, et encore une fois,
07:33 je regarde les choses aussi de manière pragmatique
07:36 parce que c'est notre devoir.
07:37 Ce sont des individus isolés qui agissent.
07:40 C'est beaucoup plus compliqué que d'avoir en face
07:42 une organisation terroriste.
07:44 Et c'est vrai, c'est beaucoup plus difficile.
07:45 Mais ça ne veut pas dire que c'est impossible.
07:47 - Ceux qui se revendiquent de l'État,
07:48 ils savent bien qu'on va attendre ce qu'il en est.
07:50 Est-ce que la réponse, Sabrina Grestir-Bach,
07:52 pour protéger les professeurs,
07:54 c'est des parties de sécurité et des caméras de surveillance ?
07:57 - Non, alors, pas que.
07:59 Par exemple, j'ai demandé au ministre de l'Intérieur,
08:02 j'ai préparé une circulaire sur la possibilité de donner au préfet
08:07 de décider avec les collectivités de la vidéosurveillance
08:11 là où il pense que c'est nécessaire.
08:12 Donc dans les écoles, les collèges, les lycées,
08:15 les lieux de culte et les bâtiments publics.
08:17 Parce qu'en attendant, si on vient commenter tranquillement
08:20 sur votre plateau et dire "bon écoutez, ça ne va pas très bien",
08:23 non, c'est le début d'une solution.
08:25 Les portiques, je sais qu'il y a certains professeurs,
08:27 certains syndicats qui le demandent aussi
08:29 parce que que les professeurs aient peur,
08:30 heureusement, nous les parents, enfin moi je suis parent,
08:33 avant d'être ministre ou avant même de faire de la politique,
08:35 je suis une maman.
08:36 Donc je comprends la demande.
08:37 Et quand je vous dis être à la hauteur des enjeux,
08:39 ça veut dire arrêter de se masquer la vérité.
08:42 La réalité, c'est que nous sommes en train de changer de monde,
08:44 mais pas à cause de la France.
08:46 La France reste quand même un grand pays.
08:48 - Dominique Bernard, Samuel Paty, deux professeurs,
08:51 deux USAR de la République, mais aussi 40 ans de renoncement,
08:55 40 ans de lâcheté, 40 ans de pas de vagues.
08:58 Ici même, Gérard Larcher, il a dit, entre parenthèses,
09:01 ce sont ses mots, "nous avons tous failli".
09:02 Est-ce que vous avez tous reconnu ?
09:05 - On ne peut pas arriver à ce résultat-là et dire
09:07 que nous avons réussi, des professeurs sont morts.
09:09 Des professeurs sont morts.
09:10 Donc comment, devant leur mémoire, à part s'incliner
09:13 et se dire que moi, j'aurais donné tout ce que j'ai
09:17 pour que ça n'arrive jamais ?
09:18 Mais la réalité, c'est que maintenant, je suis en fonction,
09:21 du haut de mon secrétariat d'État, à la citoyenneté, à la ville.
09:25 Je compte prendre non seulement toute ma part
09:27 et aller avec tout le courage qui m'anime,
09:29 parce que c'est un engagement, un vrai engagement.
09:32 Absolument, et la citoyenneté, c'est très important.
09:34 - C'est très important, parlons-en dans les rouges.
09:36 Je vous donne un exemple.
09:36 Un professeur a été menacé de mort par un élève
09:38 qui a diffusé sur son compte Snapchat son nom
09:41 avec l'émoticône à un couteau.
09:43 Et il a écrit "t'es le prochain".
09:45 Il a été interpellé, cet élève, et on a découvert
09:48 qu'il va être sanctionné par un stage de citoyenneté.
09:52 Pourquoi ? À la place du nom de sa classe,
09:54 il aurait écrit "je prends toutes les précautions, Al-Qaïda".
09:58 Alors un stage de citoyenneté, quand à cet âge-là, vous faites ça,
10:02 je ne sais pas ce que ça peut donner un peu plus tard.
10:03 - Alors, je ne suis pas sûre, parce que sur les plateformes,
10:07 maintenant, vous le savez, sur les réseaux sociaux,
10:09 la justice est capable de s'emparer des sujets.
10:11 Donc ça, c'est un sujet de justice.
10:13 Et juste lui dire "tu vas faire un stage de laïcité",
10:16 franchement, je ne peux pas entendre, moi, en tant que ministre
10:19 de la citoyenneté, que ça va être la réponse.
10:21 Non, la réponse doit être beaucoup plus ferme.
10:22 Et je rappelle encore les mots du président.
10:25 Être impitoyable, ça veut dire démarrer là.
10:27 Ce n'est pas parce qu'il a 17 ans,
10:28 ce n'est pas parce que c'est un jeune homme,
10:30 parce qu'il est encore mineur, qu'il n'a pas le droit à une sanction.
10:33 La justice doit s'emparer de ce sujet tout de suite,
10:35 et je l'invite à le faire.
10:37 - Être impitoyable, c'est aussi avoir un diagnostic...
10:40 - C'est une menace de mort, hein, pardon, si on est à mon avis.
10:41 C'est une menace de mort contre son professeur.
10:43 Donc il me semble bien qu'une menace de mort, c'est un délit.
10:46 - Être impitoyable, Sabrina Agresti-Roch,
10:49 c'est aussi avoir un diagnostic lucide.
10:52 Quand il y a eu les émeutes qui ont secoué notre pays
10:54 il n'y a pas si longtemps,
10:57 eh bien, un comité interministériel pour la ville
10:59 devait proposer des solutions, des premières pistes.
11:02 Chut, il est parti.
11:04 - Il arrive bientôt.
11:05 Non, il arrive bientôt parce que...
11:06 - Il n'y a pas eu urgence.
11:07 - Non, il n'y a pas eu urgence.
11:09 On n'était pas à 2-3 semaines pour finaliser certaines options.
11:12 Vous voyez, hier encore, j'avais le président du Ville et banlieue, Gilles Leprousse.
11:16 Demain, il me semble qu'il fête leur 40 ans, c'est ça.
11:20 La réalité, c'est que nous avons beaucoup de propositions sur la table
11:22 et que j'ai estimé, en étant arrivée cet été dans ce ministère de la Ville,
11:26 donc maintenant c'est la citoyenneté et la Ville,
11:28 de dire "on peut prendre encore un petit peu de temps pour se concerter
11:31 et finaliser des propositions", mais qui viennent d'eux.
11:33 - Oui, mais ce n'est pas d'apporter le diagnostic.
11:34 Parce que vous, en août 2023, vous avez dit
11:36 "le raccourci entre l'immigration et les émettus est faux".
11:39 Or, selon un rapport réalisé conjointement par l'inspection générale de l'administration
11:43 et l'inspection générale de la justice, là je préfère vous lire les mots,
11:46 les condamnés sont majoritairement des hommes de nationalité française.
11:49 Selon la préfecture de police, pour sa zone de compétence,
11:51 une grande majorité des émettus interpellés
11:54 sont des jeunes individus de nationalité française,
11:55 mais originaire de l'immigration, deuxième ou troisième génération,
11:59 principalement du Maghreb et d'Afrique souterraine.
12:01 Il n'y a pas de sujet d'immigration, d'intégration, d'assimilation.
12:05 Non, alors d'immigration non, puisqu'ils sont français,
12:07 ils sont nés sur le territoire, ils sont français.
12:10 Qu'il y ait un sujet d'adhésion à nos valeurs de la République,
12:13 cela va sans dire.
12:14 Comment oser venir sur ce plateau contredire une réalité ?
12:18 Que nous devons faire tout ce qui est de notre devoir.
12:20 Moi, en tout cas, c'est comme ça que je le prends.
12:21 Mon devoir, c'est aussi de dire à ces jeunes la chance qu'ils ont d'être français.
12:26 Et leur dire ça, ça ne suffit pas.
12:28 Une partie de ces jeunes, je ne dis pas de cela,
12:31 mais une partie, ils mettent la religion, le communautarisme et tout cela avant.
12:35 On appelle ça le repli.
12:36 Avant, oui. Comment on lutte contre cela ?
12:38 Est-ce que ce n'est pas une bataille culturelle que nous avons déjà perdue ?
12:40 Non, on ne l'a pas.
12:41 Les seules batailles que vous pouvez perdre, c'est celles que vous ne menez pas.
12:43 C'est beau, mais dans les faits, Madame Agresif,
12:45 vous avez une partie des élèves qui sont en situation.
12:47 L'école, les parents, remettre au centre du jeu les parents, l'éducation.
12:52 Il me semble bien que nous tous, autour de cette table...
12:53 Parfois, les parents sont aussi un problème.
12:55 Absolument. Donc, nous avons bien reçu une éducation.
12:57 Il me semble bien que ceux qui sont responsables, je l'ai dit,
13:00 ce n'est pas parce que maintenant je suis ministre, je ne vais pas le dire,
13:02 on est responsable de ce qu'on fabrique, à l'exception des mamans isolées.
13:05 Parce qu'on se rend compte, vous voyez, dans les quartiers prioritaires,
13:08 30 % de femmes sont des mamans isolées.
13:10 Comment une maman isolée seule, avec trois enfants,
13:12 qui a un petit salaire, peut-elle s'en sortir ?
13:14 Je pense que là, il faut aider.
13:15 En revanche, ceux qui ont les moyens d'éduquer correctement leurs enfants
13:18 et qui ne le font pas, là est leur responsabilité.
13:20 Je vous rappelle juste que quand on marie les gens,
13:23 moi, je ne suis pas mère, mais quand il y a des mères qui marient nos concitoyens,
13:27 l'article 361-1 du Code civil, vous devez, ils doivent s'occuper de leurs enfants,
13:33 c'est-à-dire assistance, et ils ont la responsabilité de l'éducation de leur foyer.
13:37 Une fois qu'on a dit ça...
13:38 - Parce que l'école instruit, les parents, normalement, éduquent.
13:41 - L'école instruit, les parents éduquent et la nation protège.
13:44 - Alors protège, justement, on va finir là-dessus.
13:46 Malheureusement, parfois...
13:47 - Autant que faire se peut.
13:48 - Elle n'y arrive pas face à une vague d'attentats.
13:51 On va rappeler ce qui s'est passé à Bruxelles,
13:52 cette information selon laquelle le suspect aurait été arrêté.
13:56 Je préfère le dire au conditionnel.
13:58 Ce sera ma dernière question, Sabrina Gresty-Robach.
14:00 Quand le président, quelques jours avant que Dominique Bernard ne soit assassinée,
14:06 dit "nous devons rester unis", est-ce qu'il prêche dans le vide aujourd'hui ?
14:09 - Pas du tout, il a raison.
14:10 - Il y a les fractures, il y a la fragmentation,
14:12 il y a tous les problèmes dont nous venons de parler.
14:14 Il n'y a même pas d'unité nationale.
14:15 Le RN demande la démission de Gérald Darmanin.
14:17 Où est l'unité aujourd'hui ?
14:18 - Alors écoutez, moi, je ne sais pas...
14:20 Enfin, je laisse le Rassemblement national face à ses responsabilités.
14:24 Mais en tout cas, je vois la responsabilité...
14:26 - Il n'a pas été au pouvoir encore.
14:27 - Absolument.
14:28 Et c'est tant mieux.
14:29 La réalité, c'est que le président de la République,
14:32 ça reste quand même le président de la République dans sa fonction.
14:35 Donc, appeler à l'unité de la nation, il a raison de le rappeler.
14:38 Je sais que ça peut paraître des mots vains,
14:40 mais quand vous vous baladez, moi, tous les jours, je suis dehors.
14:42 Moi, je suis très peu dans mon bureau, je suis toute la journée,
14:44 comme je le dis, avec les gens dehors.
14:46 L'appel du président de la République à faire nation a été entendu.
14:50 Et comment il a été entendu ?
14:52 Parce que vous savez, quand des choses graves,
14:53 comme ils arrivent en ce moment,
14:55 regardez ce qui se passe en Israël, regardez ce qui se passe chez nous.
14:58 Si on n'est pas ensemble, là, je peux vous garantir qu'on n'y arrivera pas.
15:01 Et moi, je crois que nous sommes une grande nation.
15:03 J'aime mon pays, mais comme jamais je ne pourrais le dire.
15:07 Et je l'ai écrit, je l'ai écrit.
15:08 Et vous savez, en étant là, je l'aime encore plus
15:11 parce que je vois ce dont nous sommes capables, vraiment.
15:14 Et quand vous me parliez de ces jeunes qui ne se sentent pas français,
15:18 ce que je leur dis, c'est qu'ils se sentent quoi ?
15:21 Ils sont ailleurs.
15:22 Vous savez, ils ne sont ni d'ici ni d'ailleurs.
15:24 En fait, il faut les ramener ici.
15:25 Merci, Sabrina Aghassiroubach.
15:27 Merci d'avoir été notre invitée.
15:28 C'était votre grande interview.
15:29 À bientôt et bonne journée à vous.
15:30 Merci beaucoup, Sabrina.
15:32 [Musique]
15:35 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]