• l’année dernière
À l’aube du second tour de l’élection présidentielle, une journaliste (Cécile de France) mène une enquête sur le favori des sondages (Albert Dupontel).

Avec Second tour, Albert Dupontel signe son huitième film mais le « punk du cinéma » français est-il toujours en forme ? « Moui » répondent nos critiques.

Même si Dupontel est en-deçà de son niveau habituel, notre critique Samuel Douhaire salue cette satire politique émouvante. Au contraire, Marie Sauvion se demande où est passé « le cinéaste très visuel et énervé » de Bernie ou d’Enfermés dehors. Aurait-il pris un coup de vieux ?
Transcription
00:00 Albert Dupontel, le punk du cinéma français, est de retour avec une nouvelle satire politique très, très noire et à la fois un peu émouvante.
00:08 C'est second tour avec Cécile Defrance et Nicolas Marier.
00:12 Le téléphone va sonner.
00:14 [sonnerie de téléphone]
00:17 Allô ?
00:17 Vous avez deviné pourquoi je vous ai fait venir ?
00:20 Vous allez reprendre cette campagne ?
00:21 Je fais le foot maintenant.
00:22 Vous faites le foot parce que vous avez déconné avec la politique.
00:24 Je vous demande de faire un triomphe à notre futur président !
00:28 T'es égole, ce connard ! Bouffe ta merde !
00:30 Pardon ?
00:32 Je... Non, non, je parlais à Gus.
00:34 Maintenant que vous n'êtes plus au foot, tâchez de garder ce langage pour vous.
00:37 Je ne vais pas trop en raconter parce qu'il se passe énormément de choses avec beaucoup, beaucoup de surprises dans le film.
00:41 C'est un film vraiment à la manière de Dupontel, c'est-à-dire plein d'outrances.
00:46 Il y a beaucoup d'idées, certaines qui marchent, d'autres beaucoup moins.
00:49 Alors Samuel dit qu'il y a plein d'idées.
00:51 Ben, visuellement, pas beaucoup, en fait.
00:53 On se demande un peu ce qui est arrivé au formaliste Dupontel
00:57 qui a longtemps été un cinéaste extrêmement visuel, extrêmement énervé aussi,
01:02 qui avait plein de trouvailles comme ça de burlesques et d'un burlesque violent.
01:07 C'était un burlesque hargneux.
01:09 On pense à Bernie, on pense à Enfermé dehors, on pense au vilain, évidemment.
01:12 On se dit que ce film-là, finalement, il est dans sa lignée,
01:15 qui est à la fois assez grave et un peu plus sentimental.
01:18 La gravité, elle est vraiment dans le sujet même,
01:21 c'est-à-dire une élection présidentielle, peut-être un complot politique,
01:26 peut-être avec des chaînes de télé aux ordres, avec des financiers qui financent,
01:30 c'est leur rôle, avec une journaliste qui enquête.
01:33 Et cette idée que si le complot, ça visait à mettre des gens bien au pouvoir,
01:40 eh ben, ce serait pas si mal.
01:41 On voit bien ce qu'il fait rêver politiquement.
01:44 J'allais dire que c'est le côté du film que j'aime le mieux.
01:46 Cette idée qu'il faudrait laisser les grandes décisions
01:49 à des gens capables de les prendre, des scientifiques par exemple.
01:53 Et puis cette idée aussi que sans le journalisme d'investigation,
01:55 une démocratie n'est jamais un lieu sûr.
01:57 Après, ce qui est compliqué, c'est qu'on dirait que Dupontel se met un peu à la télénovela,
02:02 c'est-à-dire qu'il fait un film avec des rebondissements,
02:06 des complications scénaristiques dont on ne voit pas bien d'où elles sortent.
02:10 Là, on se demande si Dupontel n'a pas pris un petit coup de vieux.
02:12 Le punk, il est un peu à la retraite.
02:15 Pourquoi, même pas encore élu, le candidat nous cache déjà quelque chose ?
02:22 Je ne vais pas faire ce que les gens qui financent ma campagne ont prévu.
02:25 Et pourquoi ?
02:26 Si je le fais, ça va tout casser encore plus.
02:30 L'air, l'eau, le sol, ils sont trop forts, trop puissants.
02:33 Ils ne me le feront plus même quand je serai élu.
02:35 C'est vraiment la veine mélo de Dupontel.
02:41 Alors moi, ça ne me dérange pas du tout.
02:42 Moi, j'aime bien les mélos et j'aime beaucoup les cinéastes qui assument ça,
02:45 qui y vont à fond dans le mélo.
02:46 C'était vraiment le cas dans Adieu les cons.
02:48 Là, il y a encore de ça dans cette histoire vraiment très télénovalesque,
02:52 comme l'a dit Marie.
02:54 C'est un film qui est assez court par ailleurs,
02:55 qui doit faire une petite heure et demie.
02:57 Donc, le film est très, très, très dense.
02:58 Ça va peut-être presque un poil trop vite dans le scénario,
03:00 qui est peut-être effectivement inutilement compliqué.
03:03 Ce que je regrette un petit peu quand même dans le film,
03:05 c'est cet humour peut-être pas assez burlesque, pas assez visuel.
03:10 On sait que Dupontel est quand même très doué pour ça.
03:11 Le baromètre pour voir la qualité de l'humour de Dupontel,
03:14 c'est un second rôle très particulier, c'est Nicolas Marier,
03:17 qui à chaque fois dans les films de Dupontel,
03:19 il a un second rôle absolument génial.
03:20 Là, il est très drôle comme d'habitude dans ce personnage du J.R.I.,
03:24 fan de foot, en tout cas qui suit, qui essaie d'appliquer les codes
03:28 de la mise en scène du foot à la mise en scène politique.
03:30 Donc, c'est parfois assez drôle, mais c'est amusant.
03:33 Ça n'est pas hilarant.
03:35 C'est un petit peu à l'image de ce film, pas désagréable,
03:39 mais quand même un petit peu léger pour Dupontel,
03:41 qui nous a habitué à quelque chose de beaucoup plus costaud.
03:43 Allez, même si c'est un film inquiet,
03:45 c'est un film qui a envie de parler de son époque,
03:47 mais en le faisant un peu comme un vieux film,
03:49 d'une manière un peu vieillotte.
03:50 Allez, second tour, c'est pas mal.
03:52 Second tour a des défauts, mais mérite quand même d'être élu.
03:55 C'est bien.
03:56 Si on vous dit, enfin, il se passe quelque chose
03:58 dans cette campagne seporifique, que répondez-vous ?
04:00 C'était dans tes questions, ça ?
04:03 Non, les prévues ont déjà toutes été posées.
04:05 On croit qu'on va retourner au foot, non ?
04:07 [Musique]

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