Mardi 24 octobre 2023, SMART TECH reçoit Nicolas Meyerhoffer (vice-président, en charge des grands comptes, IBM France) , Aimé Lachapelle (cofondateur et managing partner, Emerton Data) , Robert Vesoul (cofondateur et PDG, Illuin Technology) et Hervé Le Jouan (fondateur, Advisory)
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00:00 Bonjour à tous, à la une de Smartech, on va parler d'intelligence artificielle générative
00:13 et c'est la grosse accélération dans les usages.
00:16 On va commenter l'actualité dans ce domaine.
00:18 Et puis on aura rendez-vous avec le regard d'un advisor qui y croit, lui, un assistant
00:23 IA éthique et privé et français national.
00:26 On verra ça en toute fin d'émission.
00:28 Mais d'abord, je propose qu'on reste sur ce sujet des IA génératives.
00:32 On va s'intéresser là aux risques liés, aux risques de cyberattaque.
00:36 C'est 3 questions A dans Smartech tout de suite.
00:38 Bonjour Nicolas Meyerhofer, bienvenue dans Smartech.
00:46 Vous êtes le vice-président d'IBM France et vous êtes en charge des grands comptes.
00:50 Précédemment, vous avez dirigé l'activité IBM Security pour la France.
00:54 Vous avez même été le directeur des ventes IBM Security au niveau mondial.
01:00 On rappelle donc IBM, institution, j'ai envie de dire, dans l'informatique.
01:06 Et leader du cloud géant historique de l'intelligence artificielle.
01:10 Vous allez pouvoir nous aider à répondre à ces questions autour des risques de cyberattaque
01:14 liés au déploiement des IA génératives.
01:16 Déjà, quelle est la réalité de ce risque ?
01:20 Bonjour Delphine Meyerhofer.
01:21 C'est une excellente question.
01:22 D'abord, il faut bien repositionner le débat.
01:24 Une IA générative, qu'est-ce que c'est ?
01:26 C'est un outil.
01:27 Alors oui, c'est un outil extrêmement puissant.
01:29 Et comme tout outil, il faut le maîtriser.
01:31 Si on veut pouvoir en tirer bénéfice.
01:33 Et donc la vraie question qui se pose, c'est quel est le niveau de maîtrise des IA génératives ?
01:36 Et malheureusement, je suis un petit peu interpellé par les derniers chiffres de nos études
01:42 qui sont un petit peu choquants.
01:44 Je vous les partage.
01:45 Les dirigeants qu'on a interrogés récemment nous disent, à 94%,
01:50 donc la quasi-totalité des dirigeants nous dit,
01:52 oui la cyber, quand on fait de l'IA générative, c'est important.
01:55 Et puis après, on regarde les projets.
01:57 Et les projets qui partent aujourd'hui et dans les six mois qui viennent,
02:00 trois quarts n'ont aucune composante cyber sécurité intégrée au projet.
02:04 Donc en clair, on marche au bord de la falaise en fermant les yeux
02:06 et en espérant que ça va bien se passer.
02:08 Et surtout, il y a une urgence ?
02:09 Il y a une vraie urgence, puisque ça veut dire que les projets qui partent maintenant,
02:13 à un moment ou à un autre, soit seront à risque,
02:15 soit il faudra derrière reconstruire la cyber sécurité par-dessus,
02:18 ce qui coûte 5, 10 fois plus cher évidemment.
02:20 D'autant que les risques sont à peu près de nature.
02:23 On peut regarder les risques qui sont liés au fait que les cyber-attaquants
02:26 ont maintenant ces outils à disposition.
02:28 Et donc du coup, ça va plus vite, ça coûte moins cher.
02:31 Demain, si je veux poser un code malicieux sur votre PC ou sur votre téléphone,
02:35 je peux peut-être le générer tout simplement.
02:37 Je n'ai même plus besoin de savoir développer.
02:39 Et puis après, il y a les risques liés à l'absence de maîtrise de cette IA
02:41 que je mets dans mon entreprise, qui peut être de...
02:44 Il y a plein d'exemples.
02:45 Tout simplement, si demain j'ai une application d'octroi de prêts
02:49 et que le modèle d'IA qui est derrière cette application
02:52 a été corrompu par un cyber-attaquant,
02:54 peut-être que je vais octroyer des prêts à absolument tout le monde.
02:57 Donc là, il y a un léger impact financier.
02:58 Si mon chatbot qui va interagir avec mes clients se met à les insulter,
03:02 j'ai aussi un problème.
03:04 Donc, il y a tous ces risques majeurs auxquels il faut faire face maintenant,
03:07 mais comment ?
03:08 Qu'est-ce qu'on a comme outils aujourd'hui pour maîtriser ces risques ?
03:10 Alors, heureusement, ce n'est pas encore la fin du monde
03:12 puisqu'on a des outils.
03:13 Ce n'est pas la première fois qu'on fait de l'IA.
03:15 L'IA générative n'est qu'une nouvelle instantiation des technologies d'IA.
03:18 Et donc, tout d'abord, il faut poser...
03:20 Enfin, les dirigeants, puisque c'est vraiment un sujet de direction à ce niveau,
03:22 doivent se poser au moins trois types de questions.
03:25 Un, quel est le cadre que je mets en place pour l'utilisation de l'IA dans mon entreprise ?
03:28 Donc là, c'est les questions de l'éthique de l'entreprise,
03:30 de ses valeurs, de son cadre réglementaire qui s'applique.
03:33 Il ne faut pas laisser d'ambiguïté à ce sujet.
03:35 Il faut être extrêmement explicite.
03:36 Ensuite, on se pose la question de quelle est la gouvernance de l'IA ?
03:39 Comment est-ce que je la maîtrise ?
03:40 Quelle est l'organisation et le processus ?
03:41 Qui fait quoi ? Qui va superviser, créer l'IA dans l'entreprise,
03:44 ce qui est autorisé à le faire ?
03:45 Et puis après, évidemment, il y a la question des outils.
03:47 Et c'est là aussi où on va avoir la question de la cyber.
03:50 Comment je m'assure que j'ai une plateforme d'IA d'entreprise de confiance
03:54 dans laquelle j'ai toutes mes IA et je peux les suivre, les piloter,
03:57 les mettre en sécurité et les maîtriser ?
03:59 - Et alors, est-ce qu'il y a des IA génératives plus dangereuses que d'autres ?
04:02 - Écoutez, quand on regarde les modèles, en fait,
04:05 les entreprises sont amenées à utiliser trois types,
04:07 trois sources de modèles d'IA génératives,
04:10 des modèles qu'ils ont construits eux-mêmes, très bien,
04:12 des modèles qu'ils vont acheter auprès d'entreprises comme IBM
04:15 et puis des modèles open source.
04:17 Et évidemment, en fonction de la source,
04:19 comment ont été créés ces modèles et du niveau de documentation,
04:22 de transparence que l'entreprise a sur l'origine du modèle,
04:25 ces modèles vont être plus ou moins risqués ou plus ou moins sécurisés,
04:28 si vous voulez.
04:29 Donc, quel que soit le modèle, il doit passer dans les fourches coding,
04:31 du processus et des outils de sécurité de l'entreprise
04:34 avant d'être utilisé.
04:36 Chez IBM, on a, il n'y a pas très longtemps d'ailleurs,
04:39 on est assez fiers de ça, sorti un modèle qui s'appelle IBM Granite,
04:42 qui est le modèle le plus transparent parce qu'il a été extrêmement documenté.
04:45 On a publié où sont les données sur lesquelles il a été entraîné,
04:47 comment ça a été fait, comment on les a sélectionnées.
04:50 Et tout ça, ce sont des conditions qui sont nécessaires
04:52 pour que l'entreprise puisse s'assurer que le modèle est maîtrisé
04:55 et qu'il rentre dans le cadre qui a été défini précédemment.
04:57 - C'est ce que permet aussi l'open source.
04:59 Merci beaucoup, Nicolas Meyeroffer,
05:01 vice-président d'IBM France en charge des grands comptes,
05:04 en charge des éclairages sur ces risques cyber liés au déploiement des IA.
05:07 On continue sur ce thème de l'IA générative,
05:09 on va faire un tour des actus importantes dans le secteur.
05:13 C'est l'heure de notre grand rendez-vous avec l'IA,
05:19 avec l'actualité autour de l'intelligence artificielle
05:21 et en particulier des IA génératives parce qu'il y a une grosse accélération.
05:25 On va commenter cela avec mes invités,
05:27 Aimé Lachapelle, fondateur, managing partner et co-fondateur d'Emerton Data.
05:32 C'est une entité du cabinet de conseil d'Emerton
05:35 qui est spécialisée dans le domaine de la transformation digitale.
05:39 Vous avez plus de 15 ans d'expérience dans l'initiation
05:42 et la direction de grands projets de données et d'IA.
05:45 Et vous étiez notamment, si je peux citer quelque chose,
05:47 l'ancien directeur de la data science chez Capgemini Invent.
05:51 Voilà, comme ça on situe un petit peu d'où vous parlez.
05:54 Avec vous autour de la table Robert Vesoul,
05:56 co-fondateur et PDG d'Eluine Technologies,
05:58 fondée en 2017 au sein de l'écosystème de Centrale Supélec,
06:03 de l'université de Paris-Saclay également.
06:05 C'est donc l'un des clusters de références de l'IA et des mathématiques au niveau mondial.
06:11 Eluine Technologies c'est aujourd'hui une entreprise,
06:14 une startup j'allais dire, en fait une entreprise.
06:15 Oui, Skylab, aujourd'hui on est plus de 80 experts,
06:18 on est probablement l'une des plus grosses équipes d'experts en IA en France à ce niveau.
06:24 Très fort croissance, 60 clients grands comptes.
06:27 Oui, tout à fait et en 2023,
06:29 beaucoup de sollicitations de grands groupes sur ce fameux thème de l'IA générative,
06:33 de savoir comment ça va influencer le devenir
06:37 ou la feuille de route des grands groupes avec ces nouvelles technologies.
06:43 Oui, parce qu'on voit que ça bouge,
06:44 notamment JT présente au lancement de Microsoft 365 Copilot,
06:49 qui est annoncé en France pour le 1er novembre.
06:52 Ça veut dire quoi ?
06:53 Ça veut dire qu'on a un assistant intelligent qui arrive dans toutes les applications 365.
06:59 Donc on perçoit l'immense changement finalement que ça va impliquer dans les usages.
07:04 Beaucoup d'entreprises utilisent ces outils.
07:07 C'est basé sur une intelligence artificielle qu'on connaît bien,
07:11 développée par Open AI, mais ça reste un modèle figé en 2021
07:17 avec des données de contexte de l'entreprise
07:21 qui vont permettre de l'enrichir, de le rendre beaucoup plus pertinent à l'usage.
07:25 Moi, ce qui m'a frappée, c'est que d'abord, ça arrive dans tous ces outils,
07:28 mais quand même, ça reste assez cher,
07:30 parce que l'offre qui est proposée là, c'est 30 dollars par utilisateur par mois
07:35 à payer pour accéder à ce Copilot.
07:37 Ça reste une technologie élitiste l'IA générative ?
07:42 C'est à la fois cher et pas cher.
07:44 C'est important aussi de se dire que l'arrivée massive de ces technologies
07:48 dans notre outil bureautique va poser quand même des tas de questions
07:52 aux utilisateurs finaux que nous sommes dans des entreprises ou dans des organisations.
07:57 C'est que quand on mettra dans Word, qu'on demandera de résumer,
08:01 ou dans notre messagerie de résumer un mail, de faire des choses,
08:05 on enverra de l'information à Open AI.
08:07 Et donc, il y a un vrai challenge pour les organisations aujourd'hui
08:10 de se dire comment ces technologies peuvent être appropriées quand même en toute sécurité.
08:15 Parce que si on se dit résume-moi le dernier contrat que je suis en train de gérer avec mes clients,
08:20 cette information, elle va partir chez Open AI,
08:23 comme quand vous êtes un utilisateur de chat GPT aujourd'hui.
08:26 Donc, il y a des alternatives.
08:28 Ce que dit Microsoft, c'est que ce ne sera pas le cas.
08:31 Il communique beaucoup sur cette transparence,
08:34 sur le fait que ça va travailler uniquement au sein même de l'entreprise.
08:38 Mais d'ailleurs, il va falloir développer des nouveaux métiers,
08:41 parce que pour alimenter ces bases de données qui rendent pertinents les larges modèles de langage,
08:47 il va falloir avoir des data prompt engineering, j'imagine,
08:52 des gens qui savent bien collecter la bonne donnée
08:55 pour qu'on puisse réaliser des prompts intelligents au sein de nos entreprises.
09:00 Il y a tous ces nouveaux métiers qui vont émerger dans ces mois qui viennent.
09:04 Alors, nouveaux métiers et évolution des métiers existants, je pense.
09:08 Le prompt engineering, on en parle beaucoup aujourd'hui.
09:11 Quand la technologie sera mature...
09:13 C'est ce qui se recrute le plus en ce moment.
09:15 Oui, alors après, mon point de vue sur ce point-là, c'est que quand la technologie sera mature,
09:20 ce sera juste s'exprimer en langage naturel.
09:22 Il n'y aura plus d'ingénierie d'un prompt.
09:24 Il faudra juste s'exprimer comme on s'exprime aujourd'hui avec une équipe,
09:28 avec d'autres humains en face, professionnels.
09:31 Pour revenir sur le prix, on a le sentiment quand même,
09:35 nous on échange avec pas mal de groupes du CAC 40,
09:38 des grands groupes, des grandes équipes.
09:40 30 dollars par mois par utilisateur sur une société de 100 000 collaborateurs,
09:46 ça fait 3 millions par an.
09:48 Nous, ils nous disent que c'est cher.
09:50 Il y en a qui se posent des questions.
09:52 Je n'ai pas précisé, effectivement, c'est réservé aux entreprises de plus de 300 collaborateurs pour l'instant.
09:56 Mais c'est aussi le fait que Microsoft doit équilibrer son modèle économique
10:00 d'une acquisition importante et de rentabiliser cette équation
10:04 qui est le fait d'être dans cette innovation
10:08 qui en termes de capacité de computing pour faire tourner tous ces serveurs
10:13 nécessite beaucoup d'investissement et beaucoup de choses.
10:16 Ça remet un peu les choses à leur place.
10:18 On avait l'impression que c'était la grande démocratisation.
10:20 Et finalement, pour accéder à des outils vraiment performants
10:24 qui sont capables de répondre à ma requête de manière professionnelle,
10:29 il faut encore payer très très cher.
10:31 Moi, je n'y rencerai un petit peu parce qu'au moment où s'est lancé ChatGPT
10:35 ou quelques semaines plus tard, s'est lancé un mouvement presque aussi fort
10:39 de l'open source sur ces grands modèles de langue.
10:43 C'est-à-dire que ces grands modèles de langue d'IA générative,
10:46 des entreprises comme Meta, comme Mistral en France, comme d'autres entreprises,
10:50 c'est des modèles qui sont aujourd'hui open sourcé
10:53 et donc que des entreprises, des entreprises, il le fait,
10:56 sont capables d'intégrer, de ce qu'on appelle le fine-tuner,
10:59 d'adapter au contexte d'une entreprise et de leur délivrer
11:02 dans un modèle économique qui est différent.
11:04 Donc, il ne va pas y avoir sur le marché que Open AI et Open AI.
11:07 Il y a aujourd'hui, depuis qu'il y a ces modèles open source,
11:12 qui permettent de réaliser ces tâches-là parce qu'on confond des fois
11:15 le fait de réaliser une tâche, par exemple de résumer un document,
11:19 avec une tâche d'aller chercher dans le web l'histoire du général de Gaulle
11:23 ou d'autres choses.
11:24 Donc, c'est faire une tâche d'IA, il y aura des alternatives
11:28 et il y aura du challenging économique de l'offre de Microsoft.
11:32 Alors, fatalement, comme c'est dans notre outil biorhétique,
11:34 ça sera très simple d'accès, mais il y aura des offres.
11:38 Et pour les entreprises, je rejoins tout à fait ce 3 millions d'euros,
11:41 c'est des sommes qui nécessitent de se dire,
11:43 est-ce qu'il n'y a pas des offres alternatives ?
11:45 Comment je peux, sur mes sujets, penser ?
11:47 C'est une opportunité, ça, justement, pour les modèles européens.
11:49 Oui, tout à fait.
11:51 Sur la transformation, alors je parlais des nouveaux métiers
11:54 qui sont de plus en plus sollicités,
11:57 mais il y a plus largement le fait que ça change chaque métier
12:00 au sein de l'entreprise, puisqu'il va falloir travailler
12:03 avec ces nouveaux assistants intelligents,
12:06 il va falloir accompagner les collaborateurs là-dessus.
12:08 Et ça, c'est quelque chose qui occupe beaucoup de gens déjà,
12:11 parce qu'il y a des applications qui sont matures,
12:13 par exemple l'aide au résumé d'une réunion,
12:16 la traduction automatique dans toutes les langues.
12:19 Donc, il y a tout un tas de tâches du quotidien, aujourd'hui,
12:24 pour lesquelles la productivité peut augmenter très vite,
12:27 dès lors que ces technologies sont adaptées.
12:29 Donc, ça, le sujet, en fait, il est génératif,
12:31 il a été pris au niveau C-level, voire au niveau CEO,
12:34 quand même, dans beaucoup de groupes,
12:36 pour que, justement, une vision puisse être partagée rapidement
12:39 et que, derrière, il se mette en place
12:42 tout le change management associatif.
12:45 Mais, est-ce que ça veut dire supprimer des postes,
12:48 augmenter la productivité, mais de quelle façon ?
12:51 Qu'est-ce que vous voyez arriver au sein des entreprises
12:53 que vous conseillez ?
12:55 Il y a deux choses.
12:56 Effectivement, quand on tourne le sujet dans tous les sens,
12:58 l'IA génératif, ça permet de faire des gains de productivité,
13:02 de produire plus vite, à moindre coût.
13:05 Donc, ça permet de faire des choses qu'on faisait avant,
13:07 plus rapidement, à moindre coût.
13:09 Ça permet aussi, parfois, de faire des choses qu'on ne faisait pas avant
13:12 parce qu'il n'y avait pas de logique économique.
13:14 Par exemple, on n'allait pas embaucher des milliers d'analystes marché
13:17 pour cartographier, en France, toutes les tendances dans tous les restaurants,
13:21 autour des goûts, par exemple, des associations de saveurs,
13:24 de champignons avec des poulets.
13:26 On peut imaginer tout un tas de choses qui sont, du coup,
13:29 maintenant possibles et qui ne l'étaient pas avant.
13:31 Ça, ça crée aussi, de mon point de vue,
13:34 ça crée aussi beaucoup d'opportunités.
13:37 Parce que quand on met ça entre les mains d'analystes marché,
13:41 eh bien, ils peuvent pousser la réflexion beaucoup plus loin,
13:44 anticiper les besoins des consommateurs, etc.
13:47 C'est une vision, effectivement, positive.
13:49 Il y a aussi, quand même, cette interrogation qu'on se pose tout le temps.
13:52 Est-ce que ces nouveaux logiciels intelligents
13:55 ne vont pas enlever de l'humain là où il y en avait avant ?
13:57 Je continue dans la branche positive parce que c'est important de s'en donner.
14:01 Par exemple, dans le domaine de la santé,
14:03 un médecin, quand il va faire des résumés
14:06 ou quand il va analyser toute une série de documents,
14:09 fait toute une série de travaux qu'il estime être barbatifs.
14:12 Ce type d'outils peut lui permettre d'accélérer, de l'aider.
14:17 C'est toujours avec lui qui est aux manettes,
14:20 mais peut lui l'aider beaucoup dans son travail.
14:23 Donc, oui, il y a un vrai sujet de productivité et de métier qui vont changer.
14:28 Dans le domaine de la relation client, par exemple,
14:31 il y a des choses qui vont s'automatiser.
14:33 Et probablement, l'idée, c'est que les personnes en charge d'eux
14:37 vont être sur des choses à plus forte valeur ajoutée.
14:40 On retrouve ce qu'on a trouvé dans l'industrie.
14:43 Il y a une forme d'automatisation de toute une série de tâches
14:46 qui ne l'était pas avant, mais des tas de gisements aussi
14:50 d'autres métiers à inventer, d'autres façons de consommer l'information.
14:54 Je travaille beaucoup dans ce domaine de l'éducation,
14:57 avec sa Transupéleg, de se dire, ces outils,
14:59 est-ce que ça vole le travail des professeurs
15:01 ou ça permet au contraire de mieux enseigner,
15:03 d'aller plus profond dans tel ou tel domaine ?
15:06 Et donc, il faut essayer collectivement d'en faire une construction positive,
15:10 même si c'est vrai que cette vague va très, très vite
15:14 et empêche peut-être dans certains cas d'avoir le recul.
15:18 Et donc, on avance, tout le monde avance très, très vite.
15:21 Et donc, ce n'est pas impossible que dans cette avancée,
15:23 il y ait des choses qui soient plus ou moins bien faites
15:26 et qu'on voit des ratés, des loupés ou au contraire de très belles réussites.
15:30 Et dans cette accélération toujours,
15:33 et qu'on expérimente chacun la solution pas du tout élitiste,
15:38 c'est Google qui commence à dire, moi, ces IA Génératifs,
15:41 je les mets à disposition de tous les utilisateurs de smartphones de ma marque,
15:45 bien entendu, dans le Pixel 8, on nous promet des nouvelles fonctionnalités,
15:50 de l'amélioration des images, par exemple,
15:53 avec des choses assez spectaculaires.
15:55 Donc, on va devenir chacun finalement des utilisateurs de ces IA Génératifs.
16:00 On va pouvoir en tester aussi les limites.
16:03 Quelles sont les limites aujourd'hui ?
16:05 Alors, les limites aujourd'hui,
16:08 on discute à la fois de la partie texte, de la partie image.
16:12 Donc, c'est deux sujets qui avancent effectivement de front,
16:15 qui touchent des métiers, certains de la création,
16:18 d'autres métiers qui gèrent plus des corpus de texte, des choses comme ça.
16:24 Donc, il y a des métiers différents.
16:27 Effectivement, cette automatisation,
16:30 elle va nous amener à re-réfléchir sur certains de ces métiers.
16:35 Et là où les GAFAM sont très forts,
16:38 c'est qu'ils font arriver ça très vite dans notre quotidien.
16:41 On parle de Microsoft, on parle de Google,
16:43 et donc, ça oblige les entreprises dans leur réaction.
16:46 Du côté des particuliers ?
16:48 Tout à l'heure, on parlait de Coopilot.
16:50 Il y a une étude d'un grand cabinet publié cet été
16:54 qui montre que 10% des salariés d'entreprises
16:56 utilisent ChatGPT dans le cadre de leur travail.
16:59 Donc, il y a du shadow, l'utilisation de ces outils.
17:02 Et donc, la réaction des entreprises
17:05 pour pouvoir à la fois maîtriser ce qu'on a dans notre smartphone,
17:09 ce qu'on va pouvoir faire qui est ultra puissant,
17:12 ce que nous donne comme outil l'entreprise,
17:14 c'est tout le challenge complexe qu'ont les entreprises
17:17 pour réagir à ces outils.
17:19 Alors après, parfois, les promesses sont très belles,
17:21 mais finalement, à l'usage, on se rend compte
17:24 que ces IA Génératives ne font pas encore des miracles.
17:27 Je posais la question des limites, aussi des limites technologiques.
17:30 Est-ce que les entreprises sont en attente très forte
17:33 autour des IA Génératives et risquent d'être un peu déçues,
17:35 finalement, des résultats ?
17:37 Alors, complètement. Elles l'ont été déjà avec les premières vagues
17:41 qui étaient le Big Data, puis la première vague de l'IA.
17:45 Et donc là, il va se passer la même chose.
17:47 C'est aussi assez naturel, il me semble,
17:50 puisque quand on veut adopter une technologie massivement,
17:54 on donne de la vision, on se dit qu'elle va servir à tout faire.
17:59 Et puis au final, on fait le tri,
18:01 et puis ça va permettre d'adresser certains cas d'usage verticalisés.
18:07 Faut-il leur dire de ne pas aller trop vite ?
18:09 Non, je pense qu'il y a deux voies qui doivent être menées en parallèle.
18:13 La première, c'est de permettre de tester à grande échelle,
18:17 parce que c'est ça qui permet aussi à la technologie de maturer.
18:20 Et la deuxième voie, c'est de leur permettre d'être audacieux,
18:24 de faire les bons paris, de partir sur les bons sujets
18:27 qui vont apporter de la valeur à court terme.
18:30 Et donc, on a les applications du quotidien,
18:33 qu'on a mentionné plus tôt, qui sont dans la suite Microsoft Copilot.
18:37 On va avoir aussi des applications beaucoup plus spécialistes,
18:40 par exemple, l'aide à la rédaction de documents juridiques,
18:43 l'aide à la rédaction ou à la sélection dans le domaine des ressources humaines.
18:48 Tout un tas d'applications de ce type-là,
18:50 sur lesquelles il y a un alignement qui est en train de se créer,
18:52 beaucoup de spécialistes de ces métiers
18:54 qui vont très vite pouvoir adopter des solutions sur mesure d'IA générative.
18:59 Notre domaine, c'est très fort, c'est le domaine du développement, du coding.
19:04 C'est-à-dire que ces outils permettent aujourd'hui de façon très concrète
19:09 et avec des grandes populations de développeurs
19:12 de gagner 15, 20, 25 % de productivité
19:16 dans la façon dont on développe des applications.
19:18 Donc, pour le coding, c'est clair que c'est une réalité
19:22 qui est déjà dans le portefeuille du développeur informatique classique.
19:28 C'est pour ça que c'est selon les industries, selon les secteurs,
19:32 mais dans cet exemple-là, c'est déjà, dès 2023,
19:35 un outillage qui permet d'écrire des tests,
19:38 de documenter son code informatique,
19:40 d'accélérer son développement de façon très significative.
19:42 Alors, on a aussi une annonce importante du côté français,
19:47 avec Xavier Niel qui a parlé de son ambition pour l'IA
19:51 avec l'achat d'un supercalculateur du côté de sa filiale d'hébergement
19:55 dans Cloud, Scaleway.
19:57 C'est un point de départ essentiel, le supercalculateur.
20:00 On en a besoin d'un de plus encore ?
20:03 Oui, c'est ce qu'avait annoncé le président Macron à Ivy Tech
20:08 avec la création d'un nouveau calculateur
20:10 qui complète le calculateur Jansé du CNRS
20:13 qui est justement sur le plateau de Saclay.
20:15 C'est que pour être capable d'arriver dans ces révolutions,
20:19 il faut de la puissance de calcul et ce qui a fait la réussite d'OpenAI
20:22 avec une ingénierie pour gérer tout ça qui est très grande.
20:26 Donc, le fait que des acteurs français
20:29 veuillent investir massivement pour se doter de calculateurs,
20:32 c'est une très bonne nouvelle.
20:33 Il y a des sociétés comme NumSpot dans le groupe de O'Cadre Post
20:36 qui aussi...
20:37 C'est ce que dit une annonce aussi ?
20:38 Voilà, donc des acteurs qui sont souverains
20:41 parce qu'il y a ce sujet de la souveraineté des données,
20:45 des algorithmes et la réglementation qui va arriver autour de tout ça.
20:51 Donc, c'est important d'avoir des champions français
20:54 dans ce domaine du cloud.
20:56 Quand je dis cloud génératif, ça ne veut un peu rien dire.
20:59 C'est d'avoir des capacités de GPU, de calcul
21:03 qui sont au niveau de la gourmandise de ces algorithmes.
21:07 Et ça reste un maillon de la chaîne.
21:09 En amont, il y a Nvidia qui va très bien, comme on le sait.
21:12 Et puis en aval, il y a aussi tout un écosystème
21:15 qui est de fait mobilisé en France,
21:16 qui est un écosystème intéressant.
21:18 C'est un écosystème des ingénieurs français.
21:21 On le sait tous.
21:22 En recherche d'excellence en France ?
21:24 Absolument.
21:25 Aujourd'hui, dans toutes les entreprises plutôt américaines
21:28 qui développent les algorithmes de pointe,
21:30 il y a des ingénieurs français.
21:32 Donc là, c'est aussi une annonce par ce maillon de la chaîne
21:34 qui permet de mobiliser l'écosystème, de le développer
21:38 autour des deux formations fondamentales pour l'IA
21:41 que sont les mathématiques et l'informatique.
21:43 On a des masters qui forment les meilleurs,
21:45 le MVA, le NS par exemple.
21:47 Et à côté de ça...
21:48 Il y a des formations qui donnent naissance à Illwin par exemple.
21:51 Voilà, tout à fait.
21:52 Et donc à côté de ça, il y a aussi,
21:55 récemment il y a aussi un champion naissant français
21:59 qui est Mistral AI,
22:01 qui avait levé 100 millions il y a quelques mois,
22:03 qui a annoncé un modèle open source
22:06 à 7 milliards de paramètres,
22:08 qui performe aussi bien que le modèle
22:11 mis dans l'open source par Meta qui s'appelle l'AMA2
22:14 avec deux fois plus de paramètres.
22:15 Et donc là, leur premier travail, ça a été sur...
22:18 C'est marrant, ça va un peu à l'inverse des supercalculateurs,
22:20 mais en fait c'est complémentaire.
22:22 C'est des modèles qui sont plus dans la frugalité,
22:25 qui vont aller chercher de la robustesse par la parcimonie.
22:28 C'est bien aussi d'un point de vue ESG.
22:31 Et voilà, donc c'est à mettre au regard des supercalculateurs.
22:33 Merci beaucoup.
22:34 On arrive déjà à la fin du temps qu'on avait ensemble.
22:36 Aimé Lachapelle, fondateur, managing partner, cofondateur d'Emerton Data.
22:40 Robert Vezou, le cofondateur PDG d'E-LUINE Technologies.
22:43 Merci beaucoup pour vos éclairages.
22:45 On termine cette séquence avec le regard d'un advisor.
22:48 On termine par le regard d'un advisor.
22:57 Hervé Lejouan est avec nous.
22:58 Bonjour Hervé.
23:00 Aujourd'hui, vous aviez envie de nous parler de SelfApp,
23:04 un assistant IA éthique et privé.
23:07 Mais d'abord, peut-être vous poser la question
23:09 de quels sont ces grands enjeux des assistants personnels
23:12 basés sur l'IA selon vous ?
23:14 À l'ère de la transformation numérique et de Tchad GPT,
23:19 qui a été l'initiateur d'un bouleversement appelé IA génératif,
23:24 les applications d'assistants personnels basées sur l'IA
23:27 commencent à rentrer dans notre vie quotidienne et se déploient rapidement.
23:30 Les grands acteurs de la tech commencent à proposer des solutions
23:33 intégrant le conversationnel et qui se présentent comme votre assistant.
23:38 On voit bien là typiquement dans Skype, on a Big maintenant qui me demande.
23:43 Et sous forme de conversation, voire discussion en haute voix,
23:46 puisque la voix maintenant est générée aussi,
23:48 ces applications apportent des réponses à nos questions,
23:51 quelles qu'elles soient, nous rendent service, simplifient nos tâches,
23:54 afin d'améliorer notre quotidien.
23:56 Cependant, ces assistants ont un prix que nous connaissons bien
23:59 depuis une quinzaine d'années.
24:01 C'est le fait que nous sommes les produits.
24:03 J'entends l'individu, le citoyen et le produit, parce qu'ils sont gratuits.
24:08 Et en effet, ces nouveaux assistants qui rentrent dans nos vies,
24:12 notre quotidien, collectent de plus en plus de données,
24:15 qui non seulement leur permettent de mieux nous connaître,
24:17 mais aussi, maintenant que l'IA, l'intelligence artificielle s'en mêle,
24:20 sont une source pour l'amélioration de leurs algorithmes d'apprentissage,
24:24 qui par ailleurs, ça peut introduire des biais
24:27 si les informations que nous communiquons sont erronées.
24:30 Donc, pour résoudre ce problème critique, parce que c'est quand même un enjeu,
24:33 le concept de souveraineté des informations est devenu un enjeu-clé
24:39 dans la conception et le développement d'assistants personnels
24:42 sur l'intelligence artificielle.
24:44 Et la souveraineté des informations personnelles fait référence
24:47 au droit des individus, tout simplement,
24:50 de contrôler ses propres données personnelles,
24:53 de déterminer comment elles sont collectées, stockées, partagées,
24:56 et finalement, de faire des choix éclairés quant à leur utilisation.
24:59 Et dans ce contexte des applications d'assistants personnels IA,
25:02 cela signifie garantir que les utilisateurs ont un contrôle total
25:06 et une autonomie totale sur des données qu'ils partagent avec l'application.
25:09 C'est comment on travaille ce sujet de la souveraineté qui est effectivement majeur.
25:14 Oui, parce qu'à mesure que les applications d'assistants
25:17 s'intègrent de plus en plus dans nos vies,
25:20 elles ont accès à de plus en plus d'informations sur nous,
25:23 y compris nos modes de vie maintenant, donc nos préférences, nos intentions.
25:27 Ça va beaucoup plus loin même, ou ça va aller beaucoup plus loin
25:30 que ce que ça allait jusqu'à maintenant.
25:32 Donc, ce maintien de la souveraineté des données personnelles
25:35 va être essentiel pour protéger ces données contre des violations
25:38 ou des utilisations abusives ou du partage, encore une fois,
25:41 à mon insu ou à notre insu en tant que consommateur.
25:45 Donc, pour gagner la confiance des utilisateurs,
25:48 les applications d'assistants personnels vont devoir être transparentes
25:51 sur la matière dont elles collectent, utilisent et partagent nos données.
25:55 Et cette confiance va être essentielle dans le succès
25:58 et l'adoption généralisée de telles applications.
26:01 Donc, la souveraineté des informations personnelles,
26:05 ça permet aussi aux utilisateurs de déterminer en quelle mesure
26:08 ils souhaitent partager leurs données. Je l'ai déjà dit.
26:11 Ils peuvent fixer des limites, choisir des données interdites,
26:14 modifier leurs préférences au fil du temps.
26:16 Désolée, Hervé, on n'a plus beaucoup de temps
26:18 et j'aurais bien aimé que vous nous parliez quand même
26:20 de cette application que vous avez repérée, la Self.
26:22 De quoi s'agit-il ?
26:23 La Self, c'est une société britannique dont la conviction fondamentale
26:27 est que l'IA éthique est la seule forme d'IA que l'humanité devrait créer.
26:31 Donc, elle soutient sans réserve les lignes directrices éthiques de l'UNESCO
26:36 et est encouragée par des initiatives telles que AI for Good.
26:40 Mais aussi, en fait, Self, elle s'inspire en fait de la déclaration
26:45 des droits universels, des droits d'hommes des Nations Unies,
26:47 qui est le point de départ en fait de leur manifeste.
26:50 Elle vous simplifie la vie, cette application Self,
26:52 en vous assistant à vos tâches, dans vos achats, dans vos intentions,
26:55 en se souvenant de choses que vous avez peut-être oubliées,
26:57 en organisant des activités qui prennent normalement du temps
26:59 et génèrent du stress, et en répondant à vos questions plus générales.
27:02 Donc, ils utilisent aussi un modèle d'intelligence artificielle
27:07 qui apprend de nous, de nos préférences, d'informations aussi plus générales,
27:11 mais toujours, ce qui est le plus important,
27:14 c'est que vous contrôlez, nous contrôlons nos données.
27:16 Et bien entendu, toutes ces données que nous communiquons à cette application
27:20 nous appartiennent et on en a entièrement le contrôle.
27:22 Donc, c'est vraiment une souveraineté personnelle.
27:24 Effectivement, ce n'est pas au sens de la souveraineté française,
27:27 mais c'est une souveraineté au sens de l'individu qui va à son propre serveur.
27:31 Donc, toutes les informations personnelles, c'est notre algorithme,
27:34 c'est notre assistant privé, et c'est celui de personne d'autre.
27:37 Donc, il n'y a pas de mélange avec d'autres personnes et autres.
27:40 Donc, aujourd'hui, ils sont en phase de test et c'est très intéressant.
27:42 Alors, ce que j'espère, c'est qu'il y aura demain des applications
27:45 effectivement françaises, européennes.
27:47 Mais effectivement, ce qui est important, c'est qu'en conclusion,
27:51 la souveraineté des informations au sens individuel
27:54 sera extrêmement importante dans la conception des applications
27:57 d'assistants personnels en IA prochainement.
28:00 Merci beaucoup. Merci Hervé Lejouan.
28:03 Et merci à tous de nous suivre.
28:04 C'était Smartech, votre émission de discussion, de réflexion et de découverte sur la tech.
28:09 [Musique]