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Aujourd'hui dans le grand entretien, Ali Baddou reçoit Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme et président délégué du groupe RN à l’Assemblée nationale.

Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50-du-week-end/l-invite-de-7h50-du-we-du-samedi-28-octobre-2023-4889350

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Transcription
00:00 Le 6/9, Alibadou sur France Inter.
00:07 Notre invité ce matin, Jean-Philippe Tanguy, député Rassemblement National de la Somme, numéro 2 du RN à l'Assemblée Nationale.
00:14 Bonjour. - Bonjour.
00:15 Et bienvenue. Beaucoup de questions à vous poser, partons de la situation internationale.
00:20 Beaucoup demandent une trêve humanitaire entre Israël et le Hamas.
00:26 C'est un appel qui a été lancé hier à Bruxelles par le président de la République.
00:31 Le président français veut évacuer dans les meilleurs délais les ressortissants français qui se retrouvent dans la bande de Gaza.
00:37 Ils sont une cinquantaine. Vous approuvez l'initiative ?
00:41 Oui, Jordan Bardella a voté au Parlement européen pour une trêve humanitaire.
00:46 A de nombreuses reprises, Marine Le Pen a évidemment appelé au respect des civils et à l'organisation d'une aide humanitaire
00:51 pour protéger les personnes, femmes et enfants en particulier, personnes fragiles, qui sont évidemment innocentes des actions terroristes du Hamas.
00:59 Mais Israël doit aussi opérer des opérations militaires pour protéger sa population, pour essayer de combattre le Hamas.
01:06 Et donc évidemment, c'est une situation extrêmement compliquée.
01:09 Moi, je reste aussi à ma place. Pour le moment, les informations sur les opérations qu'on a eues cette nuit ne sont pas encore très précises et c'est normal.
01:17 Les journalistes feront leur travail pour savoir comment et pourquoi Israël a choisi de frapper cette nuit.
01:23 Il faut quand même dire, rappelons-le, parce qu'il y a quand même beaucoup de confusion depuis quelques jours,
01:29 qu'Israël Tsaïl est une armée démocratique qui répond de ses actes devant un Parlement, devant un peuple, devant le droit international
01:37 et que le Hamas est un mouvement terroriste qui utilise malheureusement sa population comme un bouclier humain
01:42 et qui utilise tous les crimes les plus barbares et les plus odieux pour s'attaquer à Israël.
01:46 Donc la fin justifie les moyens ?
01:48 La fin ne justifie jamais les moyens. Il y a toujours le droit international, il y a un droit de la guerre.
01:53 Mais nous avons d'un côté une armée régulière qui fait ce qu'elle peut pour protéger les populations,
01:57 respectant ce droit et de l'autre côté un mouvement terroriste allié, je le rappelle, à des régimes soit théocratiques, soit des dictatures.
02:05 Alors revenons en France. Jean-Philippe Tanguy a un rassemblement à Paris.
02:08 Un soutien au peuple palestinien a été interdit par la préfecture.
02:12 Un recours a été déposé par les organisateurs. On attend le verdict du tribunal administratif.
02:18 A Paris, la manifestation en soutien à la Palestine est interdite.
02:21 Quelles que soient ses décisions, certains militants appellent quand même à descendre dans la rue.
02:26 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
02:28 Ça m'inspire que ces gens ne respectent pas l'état de droit, ne respectent pas notre démocratie.
02:32 Il est normal que le gouvernement, que le préfet de police de Paris veille à l'ordre public, veille aussi au respect de nos valeurs.
02:40 Or, la dernière fois qu'une manifestation a été organisée à Paris, enfin l'avant-dernière fois, pardon,
02:44 les Français ont entendu "Place de la République", je rappelle que c'était aussi la place du mouvement Charlie,
02:49 à l'Akbar, qui n'ont pas des paroles religieuses de prière, mais le cri en l'occurrence dans cet emploi-là,
02:56 de ralliement, et dans ce contexte-là surtout, pardon, de ralliement des terroristes et des islamistes.
03:01 Donc c'était inadmissible d'entendre "Place de la République", ce cri prononcé non pas par des personnes isolées, mais par plusieurs centaines de personnes.
03:07 - Donc vous soutenez l'idée qu'il faut interdire toute manifestation en soutien au peuple palestinien ?
03:13 - Pour le moment, sans doute, puisque malheureusement ces mouvements, et je le regrette,
03:17 on est bien loin de la défense de la cause palestinienne des années 80-90,
03:21 a été infiltré, dévoyé, par des personnes qui ont surtout la haine d'Israël en tête, voire malheureusement la haine totale des juifs.
03:28 Voilà, donc il faut dire la réalité telle qu'elle est, et ces mouvements ne peuvent pas utiliser une manifestation démocratique
03:34 pour propager leur haine. Ce qu'on a entendu à Paris, mais ce qu'on a entendu dans beaucoup de capitales européennes,
03:40 en particulier à Londres, où on a bien entendu l'appel au meurtre de juifs, et pas du tout la défense du peuple palestinien,
03:47 est absolument terrifiant.
03:49 - 719 actes antisémites ont été signalés en France depuis le début du conflit.
03:53 En Israël et à Gaza, près de 400 personnes ont été interpellées. Est-ce que vous parleriez d'importation du conflit en France ?
04:01 - Oui, mais cela fait des années que ce conflit est importé. Malheureusement, je pense que les autorités françaises,
04:08 sans vouloir donner des leçons et réécrire les événements depuis 2004, n'ont jamais réagi à la hauteur de l'importation de ce conflit
04:16 et de la renaissance de l'antisémitisme en France sous des formes très barbares. Moi, je suis de la génération Ilhan Alimi,
04:23 et depuis l'enlèvement de ce jeune garçon par ce qu'on avait appelé le gang des barbares, les autorités françaises, je pense,
04:29 ont sous-estimé la renaissance de l'antisémitisme et de la haine des Juifs avec tous les clichés les plus épouvantables.
04:35 Et qu'on entend, il faut bien le dire, à tous les échelons de la société française, malheureusement, aujourd'hui.
04:39 - Tous les échelons de la société française. Vous-même, vous n'avez pas hésité à parler de figures antisémites au sein de la NUPES.
04:44 Vous visiez de qui ?
04:45 - Par exemple, M. Bilango, qui a fait un tweet, qu'il a d'ailleurs retiré, que vos confrères de Marianne ont relevé,
04:51 où il disait que certains ne voulaient pas critiquer Israël pour ne pas gêner les affaires.
04:55 Donc là, on est dans le pire, pas cliché, le relais antisémite total, qui consiste à dire qu'Israël,
05:01 ou les personnes de confession juive, auraient, je ne sais quel pouvoir, qui empêcherait le débat démocratique.
05:07 Écoutez, je pense que tous les Français qui nous écoutent savent qu'on peut très bien débattre de la politique d'Israël,
05:13 de manière raisonnable, en tant qu'alliés, partenaires démocratiques.
05:17 Et que ce genre de tweet dit tout, malheureusement, de l'idéologie qui est renée sur notre sol.
05:22 Et comme je l'ai dit, dans beaucoup de démocraties occidentales, c'est assez terrifiant.
05:26 - Un article du Monde, paru hier, fait le récit du parcours identitaire du député de votre groupe, Grégoire de Fournasse,
05:34 ancien membre d'un groupuscule d'extrême droite.
05:36 Il distribuait notamment des soupes de cochons aux sans-abri, volontairement pour discriminer les musulmans et les juifs pratiquants.
05:44 Il s'est aussi affiché en photo avec un voile intégral et une pancarte.
05:48 Si vous ne voulez pas finir comme moi, rejoignez les identitaires, vous étiez au courant ?
05:53 - Oui, ce parcours était connu. Grégoire de Fournasse a totalement rompu, il y a de nombreuses années maintenant, avec ce groupe.
06:01 Il n'avait fait qu'un bref passage.
06:03 Et voilà, ça est derrière nous.
06:06 Et il a rejoint Marine Le Pen sur une ligne assimilationniste républicaine.
06:10 Et cet épisode est derrière nous depuis longtemps.
06:14 Sujet important également en politique, Jean-Philippe Tanguy, après un discours à la Sorbonne, c'était jeudi devant les maires.
06:20 La première ministre, Elisabeth Borne, était hier à Chantoulay-Vigne pour le comité interministériel des villes auprès des préfets.
06:27 Et elle entendait présenter une série de mesures, dites plus, sociales après un volet sécuritaire présenté la veille.
06:33 Elle a demandé aux préfets de ne plus attribuer de logements dans les quartiers prioritaires aux ménages les plus en difficulté,
06:39 pour favoriser la mixité sociale.
06:42 Elle avançait, je la cite, "toutes les difficultés ne peuvent pas être rassemblées au même endroit".
06:48 Est-ce que vous partagez le constat et la décision de la première ministre ?
06:52 Cette décision, oui, comme quelques annonces qui ont pu être faites par la première ministre,
06:56 ce sont des demandes que le Rassemblement National, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont fait depuis très longtemps.
07:02 Notamment celle-là, effectivement, on ne peut pas demander à des quartiers, même si ce sont les meilleurs élus locaux possibles,
07:06 les meilleures associations, les meilleurs enseignants, si vous mettez toujours les mêmes difficultés aux mêmes endroits.
07:11 Évidemment, c'est impossible. Il y a deux raisons.
07:13 Il y a le critère social qui a été donné par la première ministre, qui est valable sur tout le territoire.
07:17 Il faut de la mixité sociale pour ranimer l'ascenseur social.
07:21 Mais par contre, ce dont ne parle pas la première ministre, c'est qu'une partie de cette concentration des difficultés sociales
07:26 est liée à l'immigration permanente, qui fait que les personnes qui réussissent,
07:30 y compris les personnes immigrées qui sont intégrées, assimilées par l'école ou par le travail,
07:35 qui sortent de ces quartiers, sont remplacées par des personnes arrivantes de zones, d'ailleurs,
07:39 par exemple, qui ne sont pas culturellement liées à la France, donc qui sont de plus en plus difficiles à assimiler.
07:43 Avant, vous aviez des personnes qui venaient des anciennes colonies françaises,
07:47 qui étaient francophones, qui avaient pu connaître par ce biais-là les valeurs françaises.
07:53 Maintenant, vous avez des personnes qui arrivent d'Erythrée, de Somalie, de zones anglophones, qui ne sont pas du tout...
07:57 C'était le cas aussi au moment d'une migration espagnole, italienne, portugaise, par exemple, ou polonaise.
08:03 C'est encore plus facile d'assimiler les personnes espagnoles, portugaises ou polonaises.
08:08 Qui ont malgré tout été victimes de racisme lorsqu'elles sont arrivées en Suisse.
08:11 Oui, il fallait le combattre à l'époque, mais aujourd'hui c'est beaucoup plus difficile, évidemment,
08:15 d'intégrer des personnes qui sont culturellement très éloignées de notre sphère culturelle,
08:20 qui ne parlent pas français par leur territoire d'origine.
08:23 C'est beaucoup plus difficile de les assimiler, évidemment, que des personnes comme les Sénégalais,
08:28 les enfants de Sénégalais, qui avaient pu connaître une forme d'école de la République.
08:32 Vous ne croyez pas, Jean-Philippe Tanguy, qu'on puisse apprendre une langue, que les cultures puissent dialoguer ?
08:37 Absolument, on peut le faire quand les phénomènes sont sous contrôle et dans des ampleurs raisonnables.
08:44 Le problème aujourd'hui, c'est qu'on a perdu le contrôle sur l'immigration,
08:48 et donc on a perdu le contrôle sur l'assimilation.
08:51 Et c'est bien ça le problème.
08:53 Le modèle français, c'est un modèle qui accueille les personnes,
08:56 qui les traite avec dignité, qui leur donne accès à l'école, au service public.
09:00 Par le travail, par la volonté de s'assimiler, ils peuvent s'assimiler.
09:04 Quand les services publics sont débordés, quand des territoires entiers ne connaissent une majorité,
09:09 voire une très grande majorité d'étrangers et pas de Français,
09:13 vous ne pouvez plus les accueillir dignement et vous êtes totalement débordés.
09:16 C'est bien le problème auquel on assiste depuis les années 80.
09:19 Le projet de loi immigration sera débattu au Sénat début novembre.
09:22 Il prévoit entre autres la possibilité de retirer un titre de séjour pour non-respect des principes de la République,
09:28 mais aussi de repousser la durée maximale de rétention administrative des étrangers en situation irrégulière.
09:35 S'ils sont fichés S ou s'ils sont délinquants, ce sont quelques-unes des demandes du Rassemblement National.
09:41 Vous voterez une partie du texte ?
09:43 Oui, une partie. Ces mesures-là, évidemment, nous n'en sommes jamais pour, vous savez, M.Badou, la politique du pire.
09:47 Donc on voit qu'il y a une inflexion de toute façon de l'ensemble des politiques.
09:50 On l'a dit avec Mme Borne, M.Darmanin, vers ce que propose le Rassemblement National.
09:54 Après s'être fait traiter de tous les noms, malheureusement, depuis des années.
09:58 Donc tout ce qui va dans le bon sens, nous le voterons.
10:00 Malheureusement, la philosophie générale de ce texte reste en deçà des réalités,
10:04 en particulier la capacité de voter une réforme constitutionnelle,
10:07 puisque nous sommes engagés dans un certain nombre de conventions internationales
10:10 qui limitent notre capacité à renvoyer des personnes qui n'ont plus à être sur nos territoires chez eux.
10:15 Et donc il faut voter.
10:17 Vous pensez par exemple à la Cour européenne des droits de l'homme ?
10:19 Oui, par exemple. Nous ne voulons pas en sortir.
10:21 Donc pour ne pas en sortir, il faut rétablir la priorité, pardon,
10:25 la supériorité de la constitution française sur les conventions internationales.
10:31 C'est d'ailleurs, les républicains se sont alignés sur cette demande qu'avait fait Marine Le Pen
10:35 avec un texte qu'elle avait proposé sous le mandat précédent.
10:37 Je constate que les républicains, une fois plus, après avoir dit qu'ils ne voteraient pas
10:41 pour Marine Le Pen contre M.Macron sur cet exemple là, comme sur tant d'autres,
10:45 se sont alignés sur nos propositions.
10:46 Même si la Cour européenne des droits de l'homme a pour vocation de défendre et de protéger
10:51 les principes fondamentaux des droits humains ?
10:53 C'est pour ça qu'on ne veut pas en sortir. C'est d'ailleurs pour ça qu'on demande aussi à l'Union européenne.
10:56 L'Union européenne n'est pas membre de la CEDH.
10:58 Elle n'est pas membre de la CEDH.
10:59 D'en être membre pour assurer ses droits.
11:01 Par contre, il faut toujours préserver la supériorité de la constitution sur les conventions.
11:06 Sinon la démocratie n'a plus de sens.
11:07 Si les Françaises et les Français votent pour des décisions qui ne sont pas appliquées ensuite
11:11 à cause de jurisprudence, qui peuvent d'ailleurs, les juges peuvent s'éloigner, il faut le dire,
11:14 ce sont des êtres humains comme les autres, ils peuvent s'éloigner des textes pour faire une jurisprudence
11:18 qui est un peu abusive, il est normal que les citoyens puissent réaffirmer leurs décisions démocratiques
11:24 sur la jurisprudence.
11:25 Le RN demande l'expulsion de tous les fichés S étrangers.
11:29 Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour tous ceux qui sont fichés S et qui sont Français ?
11:34 Il y a plusieurs façons selon la gravité de la situation.
11:39 La première chose, c'est les sortir des systèmes scolaires, de la formation pour les isoler, pour les recadrer.
11:46 Certains peuvent aussi, il faut le dire, perdre la nationalité français s'ils sont binationaux,
11:51 s'ils sont radicalisés dans des procédures de radicalisation.
11:58 C'est pour ça que le RN et Marine Le Pen veulent pénaliser l'islamisme comme une idéologie séditieuse
12:04 et que le fait d'être radicalisé, d'être acteur de réseau islamiste, de répandre cette idéologie
12:10 doit être considéré comme un crime.
12:12 Sinon, vous ne pouvez pas combattre les fichés S français.
12:15 Jean-Philippe Tanguy, député RN, merci d'avoir été notre invité à suivre sur Inter le journal.

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