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Avec la pénurie de médicaments qui touche actuellement environ 4.000 produits, la situation dans les pharmacies est compliquée. La France est l'un des pays qui consomme le plus de médicaments. Alors, les Français en consomment-ils trop ? Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, répond aux questions d'Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 30 octobre 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Degau, vous recevez ce matin le politologue Gilles Kepel.
00:12 Gilles Kepel, l'armée israélienne a clairement intensifié ce week-end ses opérations dans la bande de Gaza.
00:17 Le premier ministre israélien évoquait samedi soir une guerre longue et difficile.
00:22 Elle va durer d'après vous cette guerre ?
00:24 C'est probable oui parce que d'une part Israël a besoin de restaurer sa crédibilité militaire.
00:30 La radia du 7 octobre, les 1400 civils qui ont été abattus comme des lapins d'une certaine manière,
00:39 le fait que tout ça a été diffusé sans aucune censure sur les réseaux sociaux à travers le monde,
00:45 tout ça porte un coût terrible à la capacité d'Israël à se défendre
00:51 alors que jusqu'alors Israël vivait sur la réputation ou peut-être le mythe désormais de son invincibilité.
00:58 En fait Israël n'avait pas d'autre choix que d'entrer dans Gaza, c'est ce que vous nous dites ?
01:02 De leur point de vue oui, ils étaient obligés de montrer qu'ils ne s'en laissaient pas compter par le Hamas.
01:11 Mais à partir du moment où ils entrent dans Gaza, un autre problème se pose,
01:15 on peut toujours dire qu'on va là pour éradiquer Hamas, déjà ça n'est pas accepté par tout le monde.
01:22 Et d'autre part le problème c'est que bien évidemment il y a des victimes civiles en grand nombre,
01:29 je ne sais pas quel est le décompte au moment précis où nous parlons.
01:33 Le Hamas parle de plus de 8000 morts, après c'est un chiffre qui est invérifiable.
01:38 Donc en tout cas au début si vous aviez cette comptabilité macabre,
01:43 1400 morts israéliens c'est quelque chose qui n'avait jamais été vu face à des pertes palestiniennes très faibles.
01:51 Donc pour Israël être capable de montrer leur capacité de défense, de restaurer leur invincibilité,
02:01 de se mettre en clôture, moi que j'ai traversé X fois en allant de Gaza en Israël,
02:07 qui apparaissait complètement infranchissable, une électronique très sophistiquée, 1 milliard de dollars,
02:13 détruite comme ça, ça pose d'énormes problèmes de crédibilité à Israël.
02:17 Israël n'avait pas d'autre choix de son point de vue que de rentrer dans Gaza,
02:22 il faut éradiquer, disent les Israéliens, le Hamas.
02:25 En même temps il y a ces victimes civiles que vous évoquiez à l'instant, Gilles Kepel,
02:29 Israël doit faire la distinction entre le Hamas et les civils palestiniens,
02:32 ça c'est ce qu'a dit hier soir un porte-parole de la Maison-Blanche.
02:35 Ce n'est pas anodin de la part des États-Unis qui sont, on le sait, un soutien historique indéfectible d'Israël,
02:41 on a un peu l'impression que le ton est en train de changer.
02:45 Est-ce que ce ne sont pas les opinions publiques justement qui peuvent faire changer ça ?
02:49 Je ne suis pas sûr que ce soit les opinions publiques à ce niveau.
02:52 Pour les États-Unis, ce dont il s'agit c'est d'essayer de sauver le processus de paix
02:57 qui avait été monté à travers ce qu'on appelle les accords d'Abraham
03:01 et qui ont fait que des gouvernements arabes ont choisi de pactiser avec Israël,
03:06 parfois avec des difficultés avec leur opinion publique, bien sûr,
03:11 par exemple au Maroc, on l'a vu récemment,
03:14 de manière à bénéficier justement d'armements très sophistiqués israéliens
03:18 qui leur permettaient de lutter contre leurs opposants.
03:20 Le Maroc dispose aujourd'hui par exemple d'armements israéliens
03:24 qui permettent de tenir en respect les vieux chars soviétiques
03:27 que l'Algérie a amassés sur le bord du Sahara.
03:31 Les Émirats également disposent d'électronique et de soutien israélien
03:36 face aux empiétements de l'Iran.
03:41 Il faut bien voir que l'attaque a eu lieu le 7 octobre,
03:47 juste après que deux ministres israéliens avaient été reçus en Arabie Saoudite
03:52 officiellement pour la première fois dans l'histoire,
03:55 augurant d'un rapprochement saoudo-israélien
04:00 qui inquiétait beaucoup les Iraniens,
04:02 puisque les Israéliens par exemple disposent d'un dôme de fer
04:05 qui permet d'empêcher les houthis du Yémen manipulés par l'Iran
04:09 de tirer sur l'Arabie Saoudite.
04:11 Il y a eu une médiation chinoise,
04:13 mais la Chine n'a pas la capacité médiatrice des États-Unis.
04:16 Je reviens sur l'enjeu des populations civiles.
04:20 Certains disent que c'est un piège tendu par le Hamas.
04:24 C'est naïf de penser ça, que le Hamas est allé jusqu'à penser
04:28 qu'Israël n'aurait d'autre choix que de rentrer dans Gaza,
04:31 de faire des victimes civiles.
04:34 C'est un piège ?
04:36 Votre question suppose que c'est le Hamas qui prend ses décisions.
04:40 Je n'en suis pas complètement sûr.
04:42 Le Hamas aujourd'hui est un pion dans le système iranien.
04:45 Le grand mastermind de la région, c'est Teheran.
04:51 C'est ce qu'ils appellent l'axe de la résistance
04:54 qui s'étend de Teheran au Hamas en passant par le Hezbollah,
04:59 par la Syrie de Bachar el-Assad et par les milices chiites pro-iraniennes en Irak.
05:05 La force de l'Iran dans cette situation,
05:10 c'est qu'ils ont réussi à instrumentaliser un parti sunnite,
05:14 c'est-à-dire le Hamas,
05:15 issu des frères musulmans,
05:17 pour mener leur politique.
05:18 Et leur politique anti-américaine et anti-rapprochement
05:21 entre un certain nombre de gouvernements arabes et Israël.
05:26 Mais si l'Iran tire les ficelles,
05:28 ça veut dire que le risque d'embrasement est inéluctable ?
05:31 L'Iran joue en fonction de ses intérêts.
05:35 Par exemple, l'Iran a libéré une collègue,
05:39 une otage franco-iranienne, Fariba Adelka,
05:42 après plus de 4 ans de détention,
05:45 complètement injustifiée, évidemment.
05:47 Parce que c'était un signe qu'il voulait donner à Emmanuel Macron,
05:51 qu'il pouvait ainsi faire sa tournée dans la région,
05:55 alors que la venue du président Biden
05:59 avait été déraillée,
06:01 alors même qu'il était dans l'avion,
06:03 par cette attaque sur un hôpital palestinien.
06:08 Tout le monde a crié "c'est Israël qui a bombardé".
06:10 Il s'est avéré que c'était le supplétif de l'Iran,
06:13 le djihad islamique,
06:15 qui avait fait exploser,
06:17 alors après ils ont dit qu'il n'avait pas fait exprès,
06:19 mais ça m'étonnerait, une roquette sur le parking.
06:21 C'est un jeu de manipulation.
06:23 L'Iran a des enjeux de puissance.
06:25 Aujourd'hui, il essaie de conforter son pouvoir
06:28 face aux régimes arabes.
06:30 Les régimes arabes sont très inquiets
06:33 de la puissance iranienne,
06:35 mais sont comptables, par rapport à leur opinion publique,
06:38 des massacres éventuels à Gaza.
06:40 C'est pourquoi les Américains
06:42 jouent ce jeu de bascule,
06:44 parce que pour eux, il est très important
06:46 qu'il y ait une sorte d'accord
06:48 entre Israël et les Arabes,
06:50 parce qu'ainsi, ils vont pouvoir se concentrer
06:53 sur la question de la guerre en Ukraine
06:56 et sur l'affrontement économique avec la Chine.
07:00 C'est très difficile pour Joe Biden
07:02 d'être sur trois fronts à la fois.
07:04 N'oublions pas aussi qu'il y a une réélection
07:06 qu'il espère prochainement
07:08 et que son avatar s'appelle Donald Trump.
07:10 Il y a la question de l'Iran,
07:12 de la Russie et de la Turquie.
07:14 Je voudrais vous faire commenter deux images,
07:16 d'abord le président turc Erdogan
07:18 qui, ce week-end, a accusé les Occidentaux
07:20 de vouloir relancer une croisade
07:22 de la croix contre le croissant.
07:24 Et puis, il y a la Russie
07:26 qui a reçu la semaine dernière
07:28 des représentants du Hamas.
07:30 On n'est plus dans un conflit territorial,
07:32 on est d'accord ?
07:34 - C'est un conflit international.
07:36 La question, c'est de savoir dans quelle mesure
07:38 il va y avoir un embrasement avec de la violence.
07:40 - International ou de deux mondes ?
07:42 - Il y a beaucoup de lignes de faille,
07:44 si vous voulez, parce que, par exemple,
07:46 où est la Russie dans l'affaire ?
07:48 La Russie a des populations musulmanes
07:50 importantes
07:52 avec lesquelles elle a été en conflit,
07:54 comme c'était le cas pour la Tchétchénie
07:56 et du reste, les Tchétchènes qui ont commis
07:58 les crimes que nous connaissons en France
08:00 avaient été accueillis à l'époque
08:02 par le président Chirac
08:04 au nom du soutien aux réfugiés
08:06 qui étaient persécutés par Poutine.
08:08 Une question sur la naïveté
08:10 desquelles on peut peut-être se poser
08:12 quelques questions.
08:14 Et en Russie, vous avez aussi cette affaire
08:16 réunissante dans un aéroport également,
08:18 comme Erdogan a pris la parole
08:20 dans l'ancien aéroport Ataturk
08:22 d'Istanbul,
08:24 où une foule
08:26 est venue chercher
08:28 des gens qui auraient été israéliens
08:30 dans un avion qui arrivait
08:32 d'Israël pour leur faire
08:34 la peau. Et bien sûr,
08:36 ce genre de choses, c'est une contamination
08:38 à partir des images
08:40 de massacres qui ont été
08:42 vues le 7 octobre.
08:44 - C'est-à-dire qu'ils ont vu les images
08:46 du 7 octobre ?
08:48 - Je n'ai pas interrogé ces gens-là, mais
08:50 ce qui semble se produire, c'est ça.
08:52 C'est que vous avez d'une certaine
08:54 manière le sentiment, chez un certain nombre de gens,
08:56 qu'après tout, il y a des
08:58 juifs ou des israéliens, donc on
09:00 est fondé à bouleverser
09:02 les autorités, à s'emparer
09:04 d'elles, aller les molester, les
09:06 tuer, etc. - Partout dans le monde ?
09:08 - C'est-à-dire que, en tout cas, c'est la
09:10 volonté de ce que Hamas
09:12 et ses mentors ont fait.
09:14 C'est leur volonté politique.
09:16 - Juste d'un mot, c'est très inquiétant quand même,
09:18 ce que vous nous dites. - Oui, c'est très préoccupant.
09:20 Et quand Erdogan
09:22 jette de l'huile sur le feu,
09:24 il faut bien voir que, vous savez, en 2021,
09:26 il avait décidé de ré-islamiser
09:28 Sainte-Sophie, avec
09:30 l'imam en chef,
09:32 le reissel ou l'éminent, qui brandissait
09:34 un sabre en disant "ce qui a été conquis par
09:36 le sabre, Sainte-Sophie, dont la Tâte-à-Turc
09:38 avait fait un musée, ne peut être rendu que par
09:40 le sabre". Donc, il essaye
09:42 de tirer des dividendes politiques de cette
09:44 situation, puisque, par
09:46 ailleurs, il est lui-même
09:48 en Turquie, la situation économique est catastrophique,
09:50 et il est très dépendant
09:52 de Petrodollars, du Golfe.
09:54 - Un grand merci.

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