Le gouvernement lance un bonus pour réparer vos vêtements, car la mode pollue, et pas qu'un peu : il faut jusqu'à 10.000 litres d'eau pour fabriquer un seul jean. On en parle avec une spécialiste, Julia Faure, co-présidente du Mouvement Impact France.
Regardez L'invité de RTL Soir du 07 novembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
Regardez L'invité de RTL Soir du 07 novembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL bonsoir, l'émission continue, bonne fin de journée les amis.
00:11 Voici maintenant l'heure de nos invités pour tout comprendre.
00:13 Le gouvernement lance aujourd'hui son bonus réparation textile.
00:17 En gros, un coût de pouce de 6 à 25 euros pour faire réparer nos vêtements et nos
00:21 chaussures chez un artisan labellisé.
00:23 Le but ? S'attaquer à la pollution vestimentaire.
00:27 Un exemple ? Il faut 7000 à 10 000 litres d'eau pour fabriquer un jean.
00:31 Un seul jean, c'est l'équivalent de 285 douleurs.
00:34 Pour mieux comprendre cette pollution, dont d'ailleurs nous n'avons pas toujours conscience,
00:38 nous sommes avec Julia Forc, co-présidente du mouvement Impact France, une association
00:42 qui lutte avec plusieurs acteurs pour une économie plus durable.
00:46 Bonsoir.
00:47 Bonsoir.
00:48 Avec nous également le reporter RTL Charles Ducroch.
00:50 Bonsoir Charles.
00:51 Bonsoir.
00:52 Pour illustrer notre rapport aux vêtements, vous êtes allé chez un Parisien de 25 ans,
00:55 Corentin, et vous avez inspecté ses placards avec lui.
00:58 Oui.
00:59 Et à la base du rangement, la chambre compte deux armoires bien remplies.
01:02 Combien il y a de chemises sur le portant ?
01:04 Il y en a 7, 8, 9.
01:05 Il doit y en avoir une ou deux à laver.
01:06 Donc je dirais 10, 11.
01:07 Et en dessous, mes t-shirts.
01:10 Une quarantaine de t-shirts colorés, bien rangés, soigneusement pliés.
01:15 Il doit y en avoir 2, 3 que je ne mets plus vraiment.
01:18 Mais tout le reste, comme j'alterne beaucoup.
01:20 Remarquez ces polos-là, je ne les mets pas énormément, mais j'aime bien les avoir
01:24 sous le coude quand même.
01:25 Voilà, quelques t-shirts sous le coude.
01:27 Mais il l'avoue, avant, c'était bien plus les habits sans tasser, sans être utilisé.
01:32 En fait, j'ai fait très longtemps ça.
01:33 C'est-à-dire pas de tri, tout reste dans l'armoire.
01:35 On les garde au cas où en me disant, bon, ça se trouve un jour, je les aimerais et
01:38 tout.
01:39 Je me suis rendu compte en déménageant qu'il fallait que je ne les mettais vraiment plus.
01:41 Donc ça ne me servait pas.
01:42 Et alors Corentin, il a décidé de changer de comportement ou pas ?
01:45 Oui, il l'assure.
01:46 Maintenant, il s'efforce d'acheter de la seconde main.
01:49 L'addiction reste, mais il a meilleure conscience.
01:52 Je ne suis pas dans l'ultra consommation de vêtements.
01:53 Je vais acheter des choses qui ont déjà été consommées par d'autres.
01:55 Et déjà, ça, je trouve que c'est un gros effort.
01:57 Après, quand je sais que globalement, je ne les mettrais plus ou très peu.
01:59 Récemment, je me suis inscrit sur Vinted pour essayer de les vendre.
02:02 Et donc revendre, c'est devenu sa deuxième chance, sa deuxième technique.
02:05 Oui, il n'est pas le seul en France.
02:06 L'application Vinted compte près de 20 millions d'utilisateurs.
02:09 Corentin s'y est mis il y a tout juste deux semaines.
02:12 Il fixe ses prix et en profite pour acheter par la même occasion.
02:14 Mais attention, un à trois vêtements par mois, pas plus.
02:17 Et pourquoi pas essayer de s'en passer ? Pour l'instant, moi, je n'ai pas l'impression
02:21 que ce soit trop excessif.
02:22 Après, je peux comprendre parce que c'est vrai qu'il y en a plus qu'une personne
02:24 "normale".
02:25 Oui, parce que sa petite amie aussi doit profiter de la garde-robe.
02:28 Même si c'est vrai, souris Corentin, elle achète beaucoup moins.
02:31 Bon, on se tourne vers vous, Julia Forst.
02:34 Ce qu'on vient d'entendre, c'est très intéressant.
02:35 Est-ce qu'on sait ce que ça représente en termes de pollution, l'industrie de la
02:39 mode ? Est-ce qu'on a des chiffres ?
02:40 On sait que la mode, c'est au moins 2% des gaz à effet de serre.
02:44 On sait que le coton, c'est 10% des insecticides dans le monde.
02:47 On sait que les vêtements en polystérie rejettent des microplastiques.
02:51 Le problème, ce n'est pas tellement l'impact individuel par vêtement.
02:54 Le problème, c'est le nombre de vêtements qu'on produit et qu'on consomme.
02:57 Pour les chiffres, Cyprien parlait de la consommation d'eau pour un jean tout à
03:00 l'heure.
03:01 Ça paraît complètement dingue de se dire qu'il faut 10 000 litres d'eau pour fabriquer
03:05 un jean.
03:06 C'est une réalité ? Vous avez d'autres exemples comme ça qui marquent l'opinion ?
03:10 Oui, j'ai par exemple en France, on consomme plus de vêtements que de boîtes de ciseaux
03:14 en termes de quantité.
03:16 On consomme 3,3 milliards de vêtements chaque année.
03:18 Ça fait 50 vêtements neufs par personne et par an.
03:21 Même si un vêtement, c'est coûteux en termes d'énergie et de pollution à produire,
03:27 ça ne serait pas très grave si on en avait peu, on les gardait longtemps, on n'en
03:31 rachetait pas.
03:32 Normal, une voiture aussi, un frigo aussi, c'est très polluant à produire.
03:34 Mais pourtant, on le garde très longtemps.
03:36 Le problème des vêtements, c'est que non seulement c'est polluant à fabriquer,
03:39 comme tous les objets, mais c'est qu'on en consomme beaucoup et beaucoup trop.
03:42 Pour vous donner un ordre de grandeur, dans les années 80, c'était 1,4 milliard de
03:46 vêtements qui étaient consommés par les Français.
03:47 En 2022, c'était 3,3.
03:50 3,3 milliards.
03:52 Donc c'est de la surproduction, c'est de la surconsommation et c'est du gaspillage.
03:57 Donc, parmi les gestes simples pour inverser la tendance, c'est prolonger la durée de
04:02 vie de nos vêtements ?
04:03 Prolonger la durée de vie des vêtements et c'est surtout, c'était intéressant
04:05 ce qu'ils disaient dans le reportage, ils étaient là "bon ben, ça je le mets plus,
04:08 ça je le mets plus".
04:09 On devrait acheter des vêtements avec l'idée de pouvoir les porter toute notre vie.
04:13 Enfin, modulo les variations de poids et de physique, disons pas c'est à un certain
04:18 âge mais sinon, on doit penser nos vêtements pour les garder le plus longtemps possible,
04:23 comme on le fait pour un frigo.
04:24 Alex ?
04:25 Je me suis reconnu dans le coup du poids.
04:26 Parce que c'était un temps où j'étais médium.
04:29 Et plus maintenant.
04:31 Du coup, j'ai dû échanger.
04:33 Vous êtes quoi maintenant ? Large ?
04:36 Dans les bons magasins.
04:38 Donc, ça veut dire que l'initiative du gouvernement, le bonus textile, c'est une
04:45 bonne chose, Julia Fort ?
04:47 C'est une bonne chose car ça lève le principal frein à la réparation.
04:50 Pourquoi les gens ne réparent pas ? Parce que ça leur semble que ça leur coûte trop
04:54 cher.
04:55 Mais le problème de ce coup de pouce, c'est que c'est probable que ce sont seulement
04:57 les vêtements les plus haut de gamme qui vont être réparés.
04:59 Si ça vous coûte 5 euros au lieu de 10 euros de faire réparer votre jean, vous allez
05:04 y aller si votre jean vous a coûté 100 euros à acheter.
05:06 Si vous l'avez payé 15 euros neuf, vous n'allez pas vous embêter à faire la réparation.
05:10 Ce qui se développe en ce moment, c'est de la mode durable.
05:13 Par exemple, vous, L'UUM, votre marque, c'est de la mode durable.
05:16 Ça veut dire quoi de la mode durable ? Comment on peut acheter un vêtement qui aura moins
05:19 d'impact sur l'écologie ?
05:20 La première chose à regarder, c'est où est fait le vêtement.
05:23 La plupart des vêtements que vous achetez, ils sont faits dans des pays où les gens
05:26 sont mal payés et où l'environnement est mal protégé.
05:30 Par exemple, il y a beaucoup de vêtements qui sont fabriqués au Bangladesh.
05:34 En ce moment, il y a des grosses manifestations au Bangladesh parce que les gens qui travaillent
05:39 dans ces villes n'arrivent plus à vivre avec le salaire qu'il leur est donné.
05:43 Pour assurer les conditions sociales de production d'un vêtement, ça dépend du pays.
05:47 C'est globalement un pays où vous emmènerez vos enfants en colo.
05:50 Au Bangladesh, on ne sait pas trop, au Portugal, peut-être un peu plus.
05:53 Mais les conditions écologiques, elles s'y retrouvent aussi.
05:56 C'est ces mêmes pays qui protègent mal socialement, qui protègent mal les gens qui
05:59 travaillent.
06:00 Ils protègent aussi mal l'environnement.
06:01 Si vous produisez en France, c'est impossible de rejeter une eau non traitée dans une rivière.
06:08 Au Bangladesh, vous pouvez le faire.
06:09 Il n'y aura pas de conséquences.
06:11 Donc la meilleure garantie, c'est d'aller produire dans des pays qui protègent efficacement
06:17 les gens et l'environnement.
06:18 Merci beaucoup Julia Fort pour votre éclairage et puis pour vos conseils aussi, vos conseils
06:23 mode durable.
06:24 Vous, la coprésidente d'Impact France, merci d'avoir passé un petit moment avec
06:28 nous dans l'article.
06:29 Bonsoir.
06:30 Merci à Charles Ducrox pour cette plongée dans le placard d'un français type.
06:34 Dans quelques instants, l'émission va se poursuivre.
06:37 Tout autre chose, on va passer au grand match des infos pour briller au dîner.
06:41 Marion est déjà présente et prête à en découvrir.
06:44 Isabelle nous rejoint tout de suite sur RTL.
06:47 Julien Célier, Marion Calais et Cyprien Séni.
06:49 ♪ ♪ ♪
06:50 Merci à tous !