• il y a 9 mois
Voici notre invitée pour tout comprendre a la "fast fashion" qui est dans le viseur des députés. Il s'agit de cette mode à tout petit prix, accusée, entre autre, de polluer à outrance. RTL a choisi de vous expliquer le parcours et le coût écologique d'un vêtement, de sa création à votre armoire. Écoutez Julia Faure, présidente de l'association En mode climat, qui réunit 600 entreprises pour une mode plus respectueuse de l'environnement.
Regardez L'invité de RTL Soir du 14 mars 2024 avec Julien Sellier.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL bonsoir, l'émission continue. On va accueillir maintenant notre invitée pour tout comprendre.
00:13 Tout comprendre à la fast fashion qui est dans le viseur des députés.
00:16 Leur but, taxer la mode à prix cassé, accusée entre autres de polluer à outrance.
00:20 Alors ce soir, on a choisi de vous expliquer le parcours et le coût écologique assez effarant d'un vêtement issu de cette fast fashion,
00:28 de cette mode jetable, de la création jusqu'à notre armoire.
00:32 Et pour ça, on a fait appel à Julia Fort. Bonsoir.
00:35 Bonsoir.
00:36 Vous êtes présidente de l'association "En mode climat" qui réunit 600 entreprises pour une mode plus respectueuse de l'environnement.
00:42 Alors avec vous Julia, on va refaire tout ce chemin. On va prendre un truc très simple.
00:47 Un t-shirt fabriqué par l'emblème de la fast fashion, la marque SHEIN. Un t-shirt à 10 euros, ça vous va ?
00:52 Ça me va.
00:53 Ok. Alors d'abord, le t-shirt. Bon, il faut que quelqu'un le dessine j'imagine ?
00:56 Ouais, il faut que quelqu'un le dessine. C'est pas le plus compliqué. On peut aussi prendre juste un t-shirt du marché et on copie sa coupe.
01:04 Ensuite, il faut le fabriquer. Donc on commence par la matière première.
01:07 Si c'est un t-shirt SHEIN, probablement, ça sera un mélange de coton et polyester.
01:11 Donc le polyester, ça vient, c'est une coproduction finalement de l'essence.
01:15 C'est-à-dire que quand on raffine du pétrole, il y a une partie qui va devenir de l'essence et une autre partie qui va devenir une molécule qui peut être transformée en polyester.
01:22 Ça veut dire que quand sur les étiquettes il y a écrit polyester, c'est du pétrole quoi ?
01:25 C'est complètement du pétrole. Bon, ça c'est la moitié du t-shirt et on va dire qu'il y a quand même 30% ou 40% de coton.
01:31 On utilise beaucoup de pesticides pour la cultiver. Donc pour vous donner un ordre de grandeur, le coton c'est 2% des surfaces cultivées, mais c'est presque 10% des pesticides utilisés.
01:39 Et ensuite, le coton et le polyester vont avoir la même destination, c'est-à-dire qu'on va transformer ces fibres en fil.
01:46 Et donc pour ça, on passe par une filature, c'est-à-dire c'est une grosse machine qui prend cette matière première et qui transforme cette matière en fil.
01:55 Une fois qu'on a fait un fil, il faut transformer ce fil en un tissu. Donc soit on le tricote, soit on le tisse.
02:01 Là encore, c'est des usines avec des très grosses machines qui demandent beaucoup d'énergie pour transformer ça.
02:06 Et une fois qu'on a fait la fibre, on a fait la filature, on a fait le tricotage et le tissage, on a teint, on a découpé, on a confectionné, votre produit est prêt à être envoyé en Europe.
02:16 Alors généralement, les vêtements sont envoyés par bateau et ça ne pollue pas beaucoup parce que, en fait, comme on peut transporter beaucoup de vêtements par bateau,
02:28 et bien ramener au coût individuel d'un vêtement...
02:32 Ça peut être contre-intuitif, mais ce n'est pas forcément l'étape la plus polluante du circuit.
02:35 Normalement, c'est à peine 2%. Sauf que ces dernières années, on a vu apparaître ce qu'on appelle la mode avion.
02:40 C'est-à-dire que pour livrer extrêmement rapidement les consommateurs, les marques acheminent directement depuis l'Asie vers la France par avion.
02:48 C'est le problème de la fast fashion, justement. Comme il y a beaucoup de collections par an, il faut que ça arrive plus vite, donc on prend l'avion, c'est ça ?
02:53 Exactement. Et donc là, par contre, si vous transportez votre t-shirt par avion, c'est plus de 2% du poids carbone du vêtement que représente le transport. C'est 28%.
03:02 Puisqu'on parle de s'en prendre à ces marques, et c'est vrai que la plus emblématique, c'est cette marque SHEIN, ces vêtements à très bas prix et qui sont très prisés,
03:13 notamment des jeunes et des adolescents. On a une idée du chiffre d'affaires de ces boîtes ?
03:18 Oui, SHEIN, elle le publie, et je crois que c'est une trentaine de milliards d'euros. Et Zara vient de publier aussi son bilan avec des bénéfices records.
03:26 Et vous avez étudié la résistance de ces t-shirts ? Je ne sais pas, entre un t-shirt coton bio qui est produit en Europe et un t-shirt fast fashion qui vient du bout du monde,
03:38 avec toutes les étapes que vous nous avez citées. Est-ce qu'on doit racheter 10 t-shirts bas coût pour arriver à la durée de vie d'un t-shirt produit de manière plus respectable ?
03:51 Alors ça, c'était notre conviction au début. On pensait que les vêtements de fast fashion sont moins solides que les autres vêtements.
03:57 Et en fait, on s'est rendu compte que ce n'est pas exactement ça. Les vêtements de fast fashion sont de moins bonne qualité, mais ils ne sont pas moins solides.
04:03 Je m'explique. C'est comme la différence entre un verre en verre et un verre en plastique. Vous voyez ce qu'on récupère dans les festivals.
04:09 Le verre en plastique, vous pouvez le jeter par terre, il est extrêmement résistant. Pour autant, ce n'est pas vraiment un verre de bonne qualité,
04:16 parce que vous n'avez pas envie de boire de nombreuses fois dedans, vous n'avez pas envie d'en prendre soin, vous n'avez pas envie de le léguer à vos enfants.
04:21 Un verre en verre, si vous le jetez par terre, il n'est pas très solide. Pourtant, vous pouvez vraiment le garder des années, vous avez envie de boire dedans, vous allez le laver,
04:30 vous allez faire durer sa vie. C'est vraiment cette nuance-là qu'il faut avoir dans la question de la fast fashion. Les vêtements ne sont pas forcément moins résistants,
04:39 mais ils sont de moins bonne qualité. Le polyester, c'est extrêmement résistant parce que c'est du plastique. Mais par contre, un t-shirt 100% polyester, quand vous l'aurez porté deux fois,
04:46 l'odeur que ça génère, je ne sais pas si vous allez avoir envie de le garder des années. Il sera peut-être très solide, mais vous n'avez plus envie de le mettre.
04:54 C'est pour ça qu'il faut faire attention. Ce n'est pas une question de solidité, c'est une question de qualité. La qualité d'un vêtement, c'est est-ce qu'on va le porter longtemps,
05:02 est-ce qu'on a envie d'en prendre soin, est-ce qu'on va le transmettre à nos enfants ?
05:04 Là, on parle de la fast fashion, mais en fait, toute l'industrie de la mode, grosso modo, même éthique, elle pollue quand même. C'est un gros coup écologique.
05:11 C'est quoi la solution ? Il faut bien s'habiller quand même. Vous préconisez quoi ?
05:15 Vous avez raison. L'industrie de la mode, elle pollue, mais comme tout pollue. Produire, c'est polluer. Produire un vêtement, c'est polluer.
05:21 Même produire un vêtement, ce n'est pas polluer beaucoup. Vous voyez bien qu'un vêtement, il n'y a pas de métaux rares dedans, il n'y a pas de technologies dedans.
05:27 Ça pollue moins qu'un téléphone, par exemple. Le problème, c'est qu'on consomme beaucoup, beaucoup, beaucoup de vêtements.
05:31 Depuis les années 80, on a multiplié par deux notre consommation de vêtements. Un Français, aujourd'hui, il achète par an 50 pièces textiles neuves.
05:40 C'était deux fois moins dans les années 80. Donc, la solution, c'est d'acheter moins de vêtements.
05:45 Qui peut être coupable dans ce studio ? Vous achetez 50 pièces par an, Cyprien ?
05:49 Moi, j'achète cher, mais peu. Je reconnais.
05:53 Alex ?
05:54 Moi, j'achète peu aussi. J'achète très peu de vêtements.
05:56 Et puis, quand il y a un truc que j'aime bien et qu'il est de bonne qualité, effectivement, je le mets régulièrement.
06:00 Vous validez, Julia Fort, ce sont de bons élèves.
06:02 Oui, c'est ça qu'il faut faire. Il faut acheter peu. Et s'il y a quelque chose qui vous plaît, il faut en prendre soin. Et s'il s'abîme, il faut le réparer.
06:08 Donc, il faut se responsabiliser. Merci, Julia Fort, vous, la présidente de l'association En mode climat, qui milite pour une mode plus respectueuse de l'environnement.
06:16 Merci pour vos explications ce soir. La suite RTL Bonsoir, c'est dans une seconde.
06:20 Le match des infos pour Brio Dîner avec un nouveau challenger pour Isabelle.
06:24 C'est Antoine Carreiro qui va nous rejoindre. Et puis, après 19h, restez avec nous.
06:27 On va recevoir l'homme le plus fort de France.
06:30 Ben oui, ça promet, à tout de suite.
06:32 Julia Sélier, Isabelle Choquet et Cyprien Séni.
06:35 RTL.com.
06:37 [SILENCE]

Recommandations