SMART TERRITOIRES - Flécher l'épargne des Français vers les entreprises

  • l’année dernière
Le capital-investissement a fait son entrée dans les contrats d’assurance vie en 2016. Aujourd'hui les épargnants peuvent choisir d'investir directement dans les entreprises via des unités de comptes investies en private equity. Un véritable levier pour transformer les entreprises et réindustrialiser la France.

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Transcription
00:00 Et je suis pour commencer cette émission en compagnie de Grégoire Sentil.
00:07 Bonjour.
00:07 Bonjour.
00:08 Vous êtes le président de Nextage.
00:09 Grégoire, est-ce que vous pouvez déjà peut-être redéfinir ce que c'est qu'un peu le private equity, le capital investissement, parce que tout le monde ne sait pas encore bien ce que c'est.
00:16 Alors, le capital investissement, ça veut dire investir dans des entreprises qui sont soit des startups, c'est du capital risque, soit des PME et des ETI.
00:28 C'est le capital développement, soit dans ce qu'on appelle le capital transmission, c'est le LBO. Et là, il s'agit de transmettre une entreprise.
00:36 Le métier de Nextage, c'est le capital développement. Nous avons été depuis 20 ans pionniers. Nous sommes un des leaders du marché.
00:47 Aujourd'hui, nous avons 90 participations dans des PME et dans des ETI partout en France et en Europe. Et on a aujourd'hui au total 8 milliards d'euros d'actifs sous gestion directement et indirectement.
01:02 Quand on parle d'investir en capital investissement, c'est des fonds propres pour les entreprises ?
01:07 Oui, absolument. Ce sont des fonds propres. Et cette notion de fonds propres est très importante parce qu'en France, on a eu beaucoup l'habitude de financer l'économie par de la dette.
01:16 Et on sait que notre pays est beaucoup trop endetté, et nos entreprises aussi. Et en fait, les PME et les ETI, pour se développer, ont besoin de fonds propres pour à la fois optimiser leur trajectoire de croissance,
01:30 mais aussi pour investir dans leur transformation. Or, aujourd'hui, on voit bien qu'on est dans un monde qui se transforme en profondeur.
01:37 Et c'est-à-dire tout le sens du programme qu'on a bâti avec AXA autour de pépites et territoires, c'est d'investir dans des PME et dans des ETI autour des trois grandes transformations auxquelles sont confrontées les PME et les ETI,
01:50 mais qui sont aussi des opportunités, qui sont bien entendu la transformation digitale, la transformation environnementale et énergétique, et la troisième, qui est celle de la santé intelligente, qui est aussi un marché en complète évolution.
02:05 Parce qu'en fait, le capital investissement aujourd'hui, il est accessible aux épargnants via notamment des unités de compte. Quel était l'objectif initial de cette réforme-là ?
02:14 Alors, l'objectif initial de la réforme de la loi PACTE, puis de la loi Industrie verte, c'était de plus et de mieux flécher l'épargne des Français vers l'investissement dans l'économie réelle.
02:28 Et peut-être à cet égard, il faut se rappeler de deux chiffres. En France, en 2017, on avait 1% de l'allocation de l'épargne des ménages français qui était investi en capital d'investissement.
02:42 En 2022, cinq ans plus tard, on était à 2%. Et d'ailleurs, avec ce chiffre-là, la France est devenue le premier pays en Europe en matière de capital d'investissement.
02:54 Mais si on se compare avec nos camarades de jeu américains, eux sont aux alentours de 18% à 20%.
03:01 On a de la marge.
03:02 Et donc, on a de la marge. Et d'ailleurs, c'est ce qui explique aussi la performance de l'économie américaine par rapport aux autres économies occidentales.
03:11 C'est qu'ils ont plus investi en fonds propres et dans leurs start-up et dans leurs PME et dans leurs ETI. Et c'est comme ça qu'ils ont fait émerger des nouveaux géants.
03:20 Et c'est ça, l'enjeu. C'est de montrer qu'on peut faire émerger des très grandes entreprises qui sont petites, qui deviennent moyennes et qui, ensuite, deviennent grandes.
03:29 C'est ça, la logique de Pépite et Territoire qu'on a conçue et développée avec AXA.
03:35 Je vous écoute parler. Et donc, vous m'avez dit que nos entreprises sont trop endettées. Il y a trois grandes transformations.
03:42 Si je comprends bien, on n'y arrivera pas sans l'épargne privée, sans l'investissement privé, en fait.
03:46 Vous avez tout à fait raison, parce que le paradoxe, c'est que la France, c'est, selon les années, le troisième ou quatrième pays au monde en matière de taux d'épargne.
03:55 Mais les Chinois sont les premiers. Les Français sont les troisième ou quatrième. Et selon les années, ça oscille entre 16 et 21, 22 % de taux d'épargne, ce qui est considérable.
04:06 Et pour donner un ordre d'idée en valeur absolue, c'est 6 000 milliards d'euros en France d'épargne financière.
04:12 Et ces 6 000 milliards d'euros d'épargne financière, il y en a aujourd'hui près de 40, 45 % qui ne rapportent entre 0 et 1 % par an.
04:22 Et donc c'est absurde. Le capital d'investissement, il a une vertu. C'est que non seulement ça finance l'économie, non seulement ça crée les emplois,
04:30 mais en plus, ça génère de la performance pour les épargnants. Et donc, puisque la performance moyenne du capital d'investissement, c'est 11 à 12 %.
04:39 Et c'est ce qui en fait la classe d'actifs la plus performante de toutes les classes d'actifs. C'est-à-dire pour ça que tous les grands fonds de pension dans le monde
04:47 ont optimisé leur allocation et leur exposition à la classe que constitue le capital d'investissement, parce que c'est ça qui génère la meilleure performance.
04:57 Et quand on est sur du long terme, l'assurance vie, c'est 12 ans. Le PER, l'épargne de retraite, c'est 24 ans. Et quand on investit avec cette perspective-là,
05:07 évidemment, si vous investissez à 2 % sur 30 ans, vous allez faire un multiple de 1,81. Si vous investissez à 15 % sur 30 ans, vous allez faire un multiple de 66.
05:18 Et donc, ce n'est pas tout à fait la même chose. Et chez NexEge, la totalité des investissements et des sorties réalisées depuis 2009 auditées par KPMG,
05:28 on est à presque 15 %, 14,7 %. Et si on prend la totalité des sorties qu'on a faites depuis 2020, on est à 28 % de TRI. Et donc, ça montre qu'investir dans des PME de TTI,
05:43 eh bien ça marche, ça crée des emplois et ça génère de la performance.
05:47 Vous avez mentionné Pépites et territoires. Et on sera dans un instant avec Guillaume Bory d'Axa France. Mais pourquoi vous êtes associé avec Axa sur ce programme-là ?
05:56 Vous savez, quand on innove, on innove toujours par ce que j'appelle "cross-fertilisation". Quand on a des idées, NexEge avait porté ce projet de...
06:09 Nous, ça fait longtemps qu'on investit autour des PME et des TTI. Et on voit bien que toutes les PME et les TTI, elles ne sont pas entre Neuilly, Auteuil et Passy.
06:16 Elles sont partout dans les territoires. Et donc, ce qui était intéressant, c'est de se dire comment est-ce qu'on pouvait catalyser ça. On a proposé ça à Guillaume Bory,
06:26 à Corinne Calandini, aux équipes de Gilbert Chahine. Et on avait déjà commencé à travailler ensemble sur les unités de compte en capital investissement autour des PME de TTI en 2016.
06:40 Et c'est comme ça que cette idée a vu le jour et qu'elle se développe remarquablement, puisque aujourd'hui, la première tranche de 200 millions d'euros a déjà été déployée à 81%.
06:55 Et que maintenant, on rentre dans la deuxième tranche qui doit emmener ce programme à près de 500 millions d'euros, ce qui est remarquable.
07:01 Près de 500 millions d'euros qui vont donc aller directement financer des développements, des transformations des ETI PME françaises ?
07:08 Exactement. Comment vous mesurez les résultats ensuite ? C'est l'ETI ? Qu'est-ce que vous regardez ?
07:16 On peut regarder l'unité de compte en capital investissement de Nextage Croissance, puisque Nextage Croissance était la meilleure unité de compte du marché en 2022.
07:31 Et en 2023, qui n'est pas encore terminée, on est déjà aujourd'hui à un peu plus de 14% de progression dans une année qui n'était pas si simple.
07:41 Donc ça montre que dans les périodes de transformation, il y a des opportunités de créer de la valeur en faisant des paris prudents, mais intelligents,
07:53 dans des boîtes qui se positionnent bien sur les disruptions qui construisent l'avenir.
07:58 Est-ce qu'on fait assez de pédagogie sur l'accès des épargnants particuliers sur ces produits-là, qui permettent à tout un chacun finalement d'investir dans les entreprises qui potentiellement sont à côté de chez eux ?
08:09 Alors la réponse est non, et ça commence dès l'école, puisque malheureusement, une de mes filles passait son bac il n'y a pas si longtemps,
08:20 et il y avait encore dans les livres d'économie l'idée que les entrepreneurs, c'est ceux qui exploitaient les enfants dans les mines de charbon.
08:28 Je vous parle de trucs dans les années 2020. Et donc ça commence à l'école. Ça se poursuit après.
08:38 D'ailleurs, trop peu de gens mesurent la différence entre investir en equity dans le capital des entreprises et ne font pas la différence avec le financement par la dette,
08:52 parce que la dette, il faut la rembourser. Et c'est pas du tout la même chose. On finance pas la croissance, la transformation avec de la dette.
09:02 On la finance avec des fonds propres. Et la France a oublié la vertu pédagogique, culturelle, essentielle que c'est par les fonds propres qu'on renforce les capitaux
09:13 et qu'on arrive à innover, recruter et accélérer.
09:18 Mais arrêtons-nous un instant sur ça, c'est-à-dire sur le but finalement d'investir dans l'économie réelle en fonds propres et donc pas par la dette.
09:26 Qu'est-ce que ça change pour l'entreprise ?
09:28 Ce que ça change pour l'entreprise, c'est que tout d'un coup, et Adopt, où nous sommes aujourd'hui réunis dans le Loiret en démonstration,
09:40 ce que ça change, c'est que l'entreprise ne se pose pas la question "comment je vais faire pour rembourser ça ?"
09:46 mais elle se pose la question "comment est-ce que j'utilise ça pour créer le maximum de valeur ?"
09:51 Et donc tout d'un coup, on donne sa chance à la chance.
09:56 Et culturellement, dans notre beau et vieux pays qui a donné naissance au principe de précaution qu'on a même été capable d'intégrer dans la Constitution française,
10:07 tout d'un coup, on sort d'une période de glaciation où on se dit "si on investit en fonds propres, tout d'un coup ça change les choses".
10:15 Et on le voit bien, un des effets immédiats qu'on a pu mesurer ces dernières années, c'était la réduction du taux de chômage.
10:22 Et pourquoi est-ce qu'il y a eu une réduction du taux de chômage ?
10:24 C'est parce qu'il y a eu une reprise de l'investissement, et vous connaissez le théorème de Helmut Kohl, je crois,
10:34 qui disait "ce sont les profits d'aujourd'hui qui font les investissements demain et qui font les emplois d'après-demain".
10:40 C'est ce cercle-là, vertueux, que nous nous efforçons de construire et auquel on s'efforce de contribuer là-dessus.
10:48 Et c'est ce qui fait aussi de notre métier un métier magnifique.
10:50 Merci beaucoup Grégoire Sentil, je rappelle que vous êtes le président de Next Stage.

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