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Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portonalo. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

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Transcription
00:00 Merci beaucoup d'être avec nous ce matin.
00:01 Vous avez été maire de Loubalanias dans le département des Hautes-Pyrénées pendant 16 ans.
00:05 En juin 2013, votre département a fait face à des crues dévastatrices qui ont fait deux morts.
00:11 Votre ville, à vous, est durement touchée.
00:13 Comment ça s'est passé ? Est-ce que vous pouvez nous raconter ce 18 juin 2013 ?
00:16 Oui, effectivement, le 18 juin, dans la nuit du 17 ou 18 juin,
00:23 on constate une forte augmentation des débits sur le Gave de Pau
00:27 qui occasionne des inondations et comme nous sommes un secteur de montagne très torrentiel,
00:33 c'est une inondation particulière avec vraiment des chariages matériaux qui détruit tout sur son passage.
00:41 Alors vous, vous êtes maire à ce moment-là, quelqu'un vous appelle dans la nuit ?
00:44 Non, on ne m'appelle pas mais j'avais prévu de surveiller un outil qui s'appelle Vigicrues,
00:50 qui est un outil des services de l'État et qui prend les mesures des niveaux des rivières
00:55 et je surveillais Vigicrues toute la nuit et quand j'ai vu le matin à 7h
00:59 que le Gave de Pau était à un niveau de crue qu'on n'avait jamais connu,
01:04 je me suis dit que la journée allait être très longue.
01:06 Et comment ça s'est passé ? Vous avez vu l'eau monter au fur et à mesure ?
01:08 Oui, on voit l'eau monter petit à petit, passer des 2 mètres, 3 mètres, 4 mètres
01:13 pour arriver jusqu'à 6 mètres de hauteur au-dessus de son niveau normal.
01:19 On est impuissant, on sent une impuissance terrible parce qu'on se dit
01:24 qu'est-ce qui va nous arriver, comment on va gérer, comment derrière on va pouvoir
01:28 protéger la population quand on est maire, c'est la première des choses qu'on a en tête.
01:33 C'est ça la priorité à ce moment-là pour vous, c'est de protéger les habitants ?
01:36 Qu'est-ce que vous faites alors ?
01:37 On regarde les endroits qui sont touchés par les inondations,
01:42 on va chercher les gens, on va essayer de voir les gens chez eux.
01:45 Le plus difficile c'est d'essayer bien sûr de les sortir de chez eux quand c'est nécessaire.
01:51 Je pense que pour un maire, la chose a pu compliquer.
01:55 Pourquoi c'est compliqué ? Parce que vous avez du mal à enlever les gens de chez eux ?
01:59 Oui, j'ai des collègues, moi ça ne s'est pas produit sur ma commune,
02:03 mais sur la commune voisine, le maire a dû avoir recours à la gendarmerie
02:08 parce que les gens ne voulaient pas sortir de chez eux.
02:10 Et c'est normal quand on laisse une vie derrière soi et qu'on se dit
02:14 comment on va retrouver notre maison après la phase d'inondation,
02:17 c'est très difficile d'aller chercher les gens et leur dire
02:19 "bon maintenant vous évacuez votre maison".
02:21 Et pour un maire c'est un crève-cœur parce qu'on connaît les habitants aussi,
02:24 on les connaît, on les voit au quotidien.
02:26 Vous avez fait face à des gens qui n'ont pas voulu quitter leur maison
02:29 et vous avez dit "d'accord" ?
02:31 Oui, j'ai dit "d'accord".
02:33 C'était quoi ? Qui ?
02:35 C'était une dame un petit peu âgée qui n'a pas voulu quitter sa maison.
02:40 Avec mon conseil municipal, nous avons surveillé la rivière toute la nuit
02:44 au droit de sa maison pour pouvoir la protéger, la sortir en urgence
02:47 si jamais il y avait eu une menace.
02:51 Le matin j'ai regretté de ne pas l'avoir fait évacuer.
02:56 J'ai regretté parce que j'ai pris la responsabilité de la laisser chez elle
02:59 et s'il y avait eu une grosse arrivée d'eau et que sa maison serait partie,
03:05 j'aurais porté la responsabilité de ça pendant des années.
03:09 Qu'est-ce qui s'est passé après la crue ?
03:12 Après la crue, on est rentré très vite dans une phase de reconstruction
03:15 et de mise en sécurité des biens et des personnes
03:18 puisque c'est les urgences absolues qu'il faut traiter sur la rivière
03:22 pour pas que ça se reproduise sur une éventuelle nouvelle crue.
03:27 La phase de reconstruction a été rapide dans les Hautes-Pyrénées
03:32 parce qu'on a pris à bras le corps le sujet.
03:34 Le président du département...
03:37 On avait des villages complètement coupés du monde.
03:40 Barège, Gauteret étaient coupés du monde, il a fallu reconstruire les routes très vite.
03:43 Vous avez eu des aides rapidement financières ?
03:45 Des aides financières, oui, très vite.
03:47 Il a fallu se battre pour aller les chercher.
03:50 Comment dites "se battre" ?
03:51 Il a fallu s'imposer un peu au niveau du gouvernement
03:55 et on a eu des visites ministérielles.
03:57 J'ai le souvenir du président du département qui dit à François Hollande,
04:01 président de la République à l'époque,
04:04 "il nous faut de l'argent" et le président Hollande qui dit
04:06 "le département fera, l'État paiera".
04:08 Et ça, c'est un engagement qu'on a rappelé au président de la République
04:12 tout au long de la phase de reconstruction.
04:14 À combien se chiffraient les dégâts dans votre commune, vous vous souvenez ?
04:17 Sur les dégâts publics, on est monté à 130 millions d'euros.
04:21 130 millions d'euros ?
04:22 Que les dégâts sur la voirie publique, sur les biens publics.
04:25 Si on rajoute la part privée, on est bien plus haut,
04:29 mais on est à 130 millions d'euros.
04:30 L'actualité, en ce moment, doit vous parler.
04:32 Plus de 250 communes sont aujourd'hui sous l'eau.
04:34 Qu'est-ce que ça vous fait de revoir ce genre d'image ?
04:36 C'est assez traumatisant et je mesure ce que vivent aujourd'hui
04:42 les élus et les habitants de ces communes du Pas-de-Calais.
04:46 Et je leur exprime toute ma solidarité.
04:48 Est-ce que vous avez un conseil, vous qui l'avez vécu déjà,
04:51 est-ce que vous avez un conseil à donner aux maires
04:53 qui sont en train de vivre ça actuellement ?
04:56 C'est de rentrer très vite par la suite dans une phase d'action.
05:01 Il ne faut pas rester inactif, il ne faut pas rester en désespérance.
05:09 Il ne faut pas qu'ils se désespèrent et qu'ils baissent les bras,
05:13 parce que c'est un peu la tentation quand on est maire et qu'on a subi ça.
05:16 On peut être… soit on se bat et on continue, soit on démissionne,
05:21 parce qu'on a pris une charge lourde quand même de responsabilité sur ce plan-là.
05:26 Moi, je leur dis de réagir très vite et rentrer dans l'action,
05:30 rentrer aussi dans la réflexion de tout ce qu'on peut faire pour améliorer les choses.
05:36 Un événement climatique, on ne le mesurera jamais,
05:38 on ne l'empêchera jamais, mais on peut l'atténuer.
05:41 Alors, vous n'êtes plus maire aujourd'hui, mais vous êtes sénatrice des Hautes-Pyrénées.
05:45 Vous continuez à vous battre sur ce sujet-là ?
05:47 Oui, j'essaie de me battre sur le plan législatif pour traduire dans la loi
05:53 ce que nous, on a pu vivre dans les Hautes-Pyrénées et comment on a réagi.
05:57 De suite après les événements, trois jours après,
06:00 les pelles mécaniques étaient dans le lit du GAV.
06:03 On a utilisé les moyens que la loi nous permettait
06:09 pour s'exonérer un petit peu des marchés publics,
06:12 du code des marchés publics, de la loi sur l'eau.
06:14 Et c'est ça que je veux essayer de traduire en législative demain, si j'y arrive.
06:19 Vous trouvez qu'il y a eu des améliorations quand même
06:22 sur la prévention de ces risques depuis 2013 ?
06:25 Dans notre département, oui, bien sûr.
06:27 Il y a eu donc un après ?
06:28 Oui, il y a eu un après, oui, bien sûr.
06:30 Aujourd'hui, je pense qu'on a réduit le risque,
06:33 peut-être pas de moitié, mais on a réduit le risque aujourd'hui,
06:35 s'il se reproduisait le même événement, on aurait moitié moins de dégâts.
06:40 Voilà, c'est comme ça qu'on le chiffre.
06:41 On entend ce que vous dites, Marie Scarère, il ne faut pas baisser les bras.
06:44 On pense à tous les maires qui sont actuellement en train de se battre.
06:47 Je rappelle que vous êtes sénatrice des Hautes-Pyrénées.
06:48 Vous étiez maire en 2013 d'une ville qui a été ravagée par les crues.
06:52 Merci beaucoup pour votre témoignage.