• il y a 8 mois
Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

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Transcription
00:00 Vous qui êtes une passionnée de faits divers, de faits de société,
00:03 vous ne pouviez pas passer à côté de cet anniversaire.
00:05 On est tous un peu admiratifs ce matin,
00:06 puisque vous avez choisi de recevoir le commandant de nos gendarmes d'élite,
00:09 c'est le général Gislain Réty.
00:10 Bonjour et bienvenue à vous.
00:12 – Bonjour Gislain Réty. – Bonjour.
00:13 – Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
00:15 Ça fait 50 ans que le GIGN existe, il a été créé en 1974,
00:20 deux ans après les attentats lors des JO de Munich.
00:23 Alors on est en 2024, les JO de Paris c'est bientôt,
00:26 c'est dans quelques mois.
00:27 Vous êtes en quelle forme là ?
00:28 – Nous on est toujours en grande forme,
00:30 on attend cet événement avec impatience,
00:31 ce sera un magnifique événement, moi j'en suis persuadé.
00:34 Nous côté GIGN, on se prépare à l'ultima ratio,
00:39 donc on va être pré-positionnés pour ces Jeux Olympiques
00:41 sur l'ensemble des sites,
00:43 en espérant qu'aucun événement majeur n'intervienne,
00:45 mais en tout cas on sera prêt à intervenir dans les délais les plus contraints.
00:48 – Les Jeux Olympiques c'est un événement très menacé aujourd'hui ?
00:51 – C'est un événement très médiatique,
00:53 c'est le premier événement médiatique au monde,
00:55 qui va attirer un grand nombre de populations,
00:57 donc forcément il y a des menaces qui sont protéiformes.
01:01 – Vous avez des consignes par exemple pour la préparation de cet événement ?
01:05 – On se donne nous-mêmes nos propres consignes,
01:07 parce qu'on a déjà préparé d'autres événements,
01:09 on a eu la Coupe du monde de rugby dernièrement,
01:11 on a eu d'autres événements, on a eu l'Euro 2016,
01:14 donc on se prépare à ces grands événements
01:16 comme on se prépare à tous les grands événements.
01:18 – Alors la France est aujourd'hui au niveau maximum
01:20 de son plan Vigipirate en urgences, attentats,
01:22 qu'est-ce que ça change pour vous au quotidien dans votre préparation ?
01:25 – Le plan Vigipirate c'est avant tout un plan de prévention
01:29 qui permet de renforcer les contrôles,
01:30 notamment la sécurité passive de certains sites etc.
01:34 Donc nous, comme je le disais tout à l'heure,
01:36 on se prépare à la situation du pire,
01:38 donc pour nous ça ne change pas grand-chose.
01:39 – C'est quoi le pire ?
01:41 – Le pire c'est ce qu'on a vécu en 2015
01:43 avec les attaques terroristes sur le Bataclan,
01:45 c'est ce qu'on a connu dernièrement sur Moscou,
01:49 c'est ce qu'on a connu en 1994 sur Marignane.
01:51 – C'est l'attentat terroriste ?
01:53 – C'est l'attentat terroriste avec de nombreux otages ou de nombreuses victimes.
01:56 – Donc comment ça se passe au quotidien pour vous avec ce plan Vigipirate ?
02:00 Vous êtes plus mobilisés, plus en alerte, ça change quoi au quotidien ?
02:05 – Non, c'est surtout les forces de sécurité intérieure
02:07 et l'ensemble des administrations,
02:09 l'ensemble des ministères qui est concerné par ce plan Vigipirate.
02:12 Nous, on continue notre préparation très minutieuse,
02:15 on fait énormément d'exercices, on reconnaît le maximum de sites,
02:18 on prépare des dossiers, des objectifs
02:20 et on se tient prêt à intervenir sur n'importe quel site.
02:23 – Alors on va revenir un petit peu en arrière,
02:25 puisque je disais c'est l'anniversaire du GIGN qui a été créé il y a 50 ans,
02:28 quand il l'est créé, ça n'existe pas, comment c'est possible que ça n'existe pas ?
02:33 – Non, il n'y a aucune unité vraiment dédiée à la prise d'otages,
02:37 à la lutte contre le terrorisme en France.
02:39 Donc le GIGN est créé en 1974, juste après Munich,
02:43 mais il y a eu d'autres événements qui ont…
02:44 – Il y a eu deux attentats en France qui ont conduit aussi à cette création.
02:47 – Exactement, attentats, prises d'otages qui ont conduit effectivement
02:50 et qui ont invité les autorités à créer cette unité.
02:54 C'est une toute petite unité au départ, c'est 17 personnes qui sont sélectionnées
02:58 et qui vont créer aujourd'hui un GIGN dédié à la libération d'otages.
03:03 – Alors il y a eu cette date, le 26 décembre 1994,
03:06 le GIGN qui va libérer 173 personnes à l'aéroport de Marignane,
03:10 des otages du vol Air France détournés par un commando du GIA,
03:14 c'est à ce moment-là concrètement que le GIGN est vraiment reconnu par le public ?
03:19 – C'est un des événements marquants parce qu'il y a eu une grande médiatisation,
03:23 c'est presque la première fois qu'on voyait une prise d'otages
03:25 et la libération des otages quasiment en direct.
03:28 Il y a eu d'autres grands événements avant, je pense à Djibouti en 1976,
03:33 je pense à la crise en Nouvelle-Calédonie, à Ouvéa,
03:37 où là aussi le GIGN a été très impliqué, il y a eu d'autres événements marquants.
03:40 Mais c'est vrai que 1994 rend presque sur la scène internationale la renommée du GIGN.
03:46 – Qu'est-ce qui a changé sur les 50 dernières années dans le groupe d'intervention ?
03:49 Qu'est-ce qui a changé ? Comment vous vous préparez différemment ?
03:52 Comment ça se passe ?
03:53 – On va dire que tout a changé, on utilise beaucoup maintenant les nouvelles technologies,
03:59 le GIGN a grandi aussi par des vagues successives,
04:02 on s'est adapté par rapport à la menace, un adversaire qui se sophistique,
04:06 on a varié aussi nos missions,
04:08 initialement c'est uniquement les libérations d'otages
04:11 mais aujourd'hui c'est beaucoup d'interpellations dans le domaine judiciaire,
04:14 donc on apporte nos concours à la gendarmerie mais à d'autres services pour nos capacités,
04:20 c'est aussi des missions de protection,
04:21 actuellement le GIGN est engagé dans une dizaine de pays sensibles,
04:25 à commencer par l'Ukraine, l'Irak, Haïti,
04:27 on entend beaucoup parler d'Haïti en ce moment,
04:29 on fait aussi beaucoup de missions maintenant d'acquisition du renseignement,
04:32 donc tout ce qui est filature, pose de capteur, etc.
04:34 Donc en fait tout a changé mais on a gardé notre même ADN,
04:38 c'est-à-dire le respect de la vie humaine, l'expertise, voire l'excellence,
04:43 et c'est vraiment ce qui a grandi avec le GIGN.
04:45 - Alors c'est une question un peu naïve mais est-ce que vous avez peur pendant les interventions ?
04:52 - Peur c'est peut-être pas le bon terme, forcément une petite appréhension.
04:56 - De l'adrénaline ?
04:57 - Il y a de l'adrénaline, positive,
04:59 c'est-à-dire que pour vaincre la peur, il y a un phénomène de groupe,
05:04 on est bien préparé donc en fait dans l'action on n'a pas peur.
05:07 - C'est après ?
05:08 - Après non plus, à part bien sûr s'il y a eu des événements tragiques,
05:12 même des événements tragiques ne permettent pas de justifier la peur,
05:16 mais en tout cas il y a le phénomène de groupe et comme on est très bien préparé,
05:20 très bien entraîné, je ne pense pas qu'il y ait de la peur.
05:25 - Alors vous Gisela Rettier vous commandez le GIGN depuis près de 4 ans
05:29 mais vous êtes dans l'institution depuis 1995 donc ça fait un moment,
05:33 personnellement est-ce qu'il y a une intervention qui vous a le plus marqué ?
05:37 - On est marqué par toutes les interventions et il y en a beaucoup,
05:40 le GIGN fait 2800 missions par an.
05:42 - Il n'y a pas que des libérations d'otages, il y a aussi d'autres interventions ?
05:45 - Beaucoup d'interpellations, des trafiquants d'armes, des trafiquants de stup,
05:49 des auteurs d'homicides, des tracks, des poses de balises comme je le disais tout à l'heure.
05:54 Moi personnellement chacune de mes missions m'a marqué,
05:57 on est toujours marqué par ce qui est vraiment un vrai dénouement positif,
06:02 donc c'est une libération d'otages.
06:04 - Il n'y en a pas une vraiment où vous avez réfléchi plusieurs jours après,
06:07 vous y repensez encore ?
06:09 - Non, moi je repense souvent à mes camarades décédés,
06:12 je pense que c'est ça les missions aussi qui me marquent le plus,
06:15 on en a perdu à l'entraînement, on en a perdu aussi en mission,
06:19 donc je pense que c'est ça malheureusement les missions les plus marquantes
06:22 dans la carrière au GIGN.
06:23 - Il y a combien de femmes au GIGN ?
06:25 - Il y a environ 35 femmes, pas environ, il y a 35 femmes au GIGN.
06:29 On ne respecte pas la parité, sur 1000 personnes aujourd'hui.
06:33 - Oui donc c'est très très peu.
06:35 - C'est très peu, effectivement.
06:36 Est-ce que ça s'ouvre un petit peu, c'est un métier qui se féminise ou pas du tout ?
06:39 - Ça se féminise par la diversité des métiers,
06:41 on cherche des profils très différents au GIGN,
06:44 et pour les métiers notamment de l'observation,
06:47 on a besoin de femmes, en tout cas elles apportent une réelle plus-value dans ce domaine-là,
06:51 c'est toujours plus facile d'aller faire une reconnaissance
06:54 quand on est un couple masculin, féminin,
06:56 donc les femmes nous aident beaucoup
06:58 et elles sont sélectionnées sur les mêmes critères que les hommes.
07:00 - Merci beaucoup Gisela Renetti d'avoir été avec nous,
07:02 je rappelle que vous êtes commandante du GIGN qui fête ses 50 ans.
07:05 Bon anniversaire !
07:06 - Merci !
07:07 - Bon anniversaire, respect, admiration et gratitude vraiment pour vous,
07:10 pour vos hommes, pour vos femmes,
07:12 pour vos collègues du RED, de la Bairie,
07:13 parce que finalement vous faites aussi un peu le même métier.
07:15 Merci beaucoup à vous.