Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.
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00:00 - Bonjour Sébastien Gérard. - Bonjour.
00:02 - Merci beaucoup d'être avec nous.
00:03 Vous publiez aujourd'hui cet ouvrage.
00:04 Est-ce que vous pouvez le montrer ? - Bien sûr.
00:06 - C'est un ouvrage qui va faire remonter des souvenirs
00:08 à tous les gens qui nous regardent,
00:10 l'histoire de Pif et son gadget.
00:12 Vous avez enquêté pendant trois ans
00:14 pour tout savoir sur ce magazine.
00:16 Alors pourquoi Pif ?
00:17 Qu'est-ce que ça représente pour vous déjà ?
00:19 - Écoutez, comme beaucoup de lecteurs à l'époque,
00:21 il y avait 500 000 lecteurs par semaine.
00:22 Donc Pif était vraiment l'hebdomadaire
00:24 très générationnel en années 70 et 80.
00:26 Moi, je fais partie de la décennie 80.
00:28 Et j'étais fan parce que ça m'a apporté énormément.
00:31 Et c'était vraiment quelque chose de très convivial
00:34 avec le gadget, les BD et autres.
00:36 Et puis, j'ai décidé d'enquêter dans un premier temps par passion.
00:40 Et il s'est avéré qu'en faisant l'enquête,
00:43 j'ai découvert des tas de choses
00:44 qui me semblaient importantes de montrer.
00:45 - Alors quoi par exemple ?
00:47 - Eh bien, le coulisse du gadget, tout le commerce autour.
00:50 - Oui, parce que dans ce magazine,
00:51 il y avait, donc ça sortait tous les mercredis,
00:54 et il y avait un gadget avec le magazine.
00:57 Et ils avaient toujours des inventions incroyables.
00:58 Alors, par exemple, racontez-nous.
01:00 - Par exemple, pour les très mythiques, les poissoteurs,
01:02 les Artemia Salina, qui étaient des petits poissons
01:04 qu'on déluophilisait et qu'on les mettait dans l'eau
01:06 pour les faire revivre.
01:08 Dans ma génération, on était aussi beaucoup
01:10 sur tout ce qui était télévision.
01:11 Donc, on avait des gadgets ici aussi de dessin animé,
01:15 de programmes télé.
01:16 C'était un vrai business.
01:17 - Il y en avait un qui m'avait marqué,
01:18 c'était le stylo à l'encre invisible.
01:20 - Oui, tout à fait.
01:21 Qui d'ailleurs a une anecdote que je peux raconter,
01:22 qui est très marrante,
01:23 c'est que les gamins le vidaient pour boire l'encre
01:26 parce qu'ils pensaient qu'ils allaient devenir invisibles.
01:28 - C'est hyper dangereux.
01:29 - Et donc, beaucoup de courriers parents
01:31 et beaucoup de problèmes des fois.
01:33 Ah oui, il y a des gadgets qui malheureusement passaient une fois
01:35 et après, c'était plus possible avec les normes
01:38 qui augmentaient avec les années.
01:39 - Alors, dans votre livre, il y a des anecdotes,
01:41 des infos, des archives, des interviews.
01:43 Le livre est assez complet, mais il ne commence qu'en 1981,
01:46 alors que concrètement, l'âge d'or depuis le gadget,
01:48 c'était aux alentours des années 70.
01:49 - Tout à fait.
01:50 - C'est parce que vous, vous l'avez découvert à ce moment-là.
01:52 C'est pour ça que vous avez décidé de ne pas faire exister le livre avant ?
01:55 - Alors, en fait, c'est parce qu'il y avait déjà des ouvrages
01:57 qui traitaient de la période 70-80,
01:59 donc je ne voulais pas forcément m'atteler à celle-ci.
02:01 Et puis, la décennie 80-90, il y avait une vraie question,
02:04 c'est pourquoi le journal a disparu ?
02:06 Donc moi, je voulais remonter un peu en arrière
02:07 et comprendre les effets chronologiques.
02:10 On ne peut pas ignorer que c'est un journal
02:11 qui était tiré par le Parti communiste,
02:15 donc il était intéressant de créer les interactions.
02:17 Donc moi, il y a une nostalgie évidente dans le livre
02:19 à travers plus de 270 pages,
02:21 mais il y a une enquête de fond sur le pouvoir du PCF sur le journal
02:27 et toutes les difficultés que ça a pu engendrer ensuite,
02:31 jusqu'à créer sa disparition en 94.
02:34 - Et alors, pourquoi ça s'est arrêté selon vous ?
02:36 - Alors, ça s'est arrêté tout simplement parce que plus les années passaient,
02:39 plus les moyens alloués aux magazines étaient faibles,
02:43 que les nouvelles concurrences ont apparu dans les années 80
02:47 avec la télévision, les jeux vidéo,
02:48 et que du coup le temps de lecture s'est réduit aussi chez l'électorat,
02:51 que l'électeur a eu une notion nouvelle dans les années 80
02:54 qui était l'argent de poche,
02:55 et qui faisait qu'il devenait tout à coup prescripteur de ses achats,
02:59 et que, pif, ayant de moins en moins de moyens,
03:01 puisqu'il fallait tout donner au financement des campagnes électorales,
03:07 petit à petit, s'est créée une situation d'endettement
03:10 jusqu'à quelque chose de pas très joli joli,
03:12 mais qui est dans la fin du livre.
03:14 - Alors, on sent quand même que ça manque,
03:15 parce que concrètement, ce sont les fans de Pif Gadget
03:19 qui ont permis à ce livre d'exister,
03:21 puisqu'il y a eu une cagnotte participative.
03:23 - Oui, tout à fait.
03:24 - Comment vous expliquez que les Français sont si attachés ?
03:27 - Tout simplement parce que le vintage est très à la mode.
03:29 Aujourd'hui, les Kinca, Équadra ont leur Madeleine de Proust,
03:33 Pif en fait partie.
03:35 On avait dans les années 80 entre 250 000 et 450 000 lecteurs,
03:38 ce qui est quand même considérable,
03:39 donc c'est vraiment inscrit dans la nostalgie.
03:43 C'est vrai que quand on a lancé la campagne,
03:44 on a vu qu'il y avait énormément de Pifos,
03:46 on les appelait comme ça,
03:47 et Pifos en sommeil,
03:49 qui dès qu'ils ont découvert un peu l'initiative,
03:51 se sont mis à être avec nous.
03:54 On a fait fois trois par rapport à nos espérances sur la campagne.
03:58 - Oui, c'est ça, ça a dépassé toutes vos espérances.
04:00 Ce serait quoi aujourd'hui l'équivalent de Pif Gadget ?
04:02 Alors, je sais qu'il y a Pif le Mag,
04:04 il y a même Emmanuel Macron qui a donné une interview à Pif le Mag,
04:06 mais est-ce qu'il y a un équivalent aujourd'hui ?
04:09 - Alors, il n'y a plus d'équivalent dans le sens où
04:11 si on veut vraiment focaliser sur le Gadget,
04:13 c'est quelque chose qui n'est plus possible.
04:15 Il y a des normes, il y a des normes écologiques,
04:17 l'industrie du plastique ce n'est plus très à la mode en fait.
04:21 Donc, il y a une volonté de proposer quelque chose de ludique
04:23 dans Pif le Mag, mais qui n'est pas très poussé.
04:25 Je pense qu'aujourd'hui, un hebdomadaire
04:28 qui serait capable d'assumer un modèle économique avec un Gadget,
04:32 il lui faudrait encore 500 000 lecteurs.
04:34 Or, 500 000 lecteurs de nos jours, ce n'est pas possible.
04:36 - Alors, vous, vous êtes un Pifos, si j'ai bien compris.
04:38 Donc, concrètement, vous allez me crier dessus
04:40 si je vous dis que moi, je lisais le journal de Mickey ?
04:42 - Pas du tout, puisque c'était les deux rivaux.
04:46 - Oui, c'est ça, c'était un peu le rival du journal de Mickey.
04:48 - Je peux juste dire que Pif en est plus que Mickey.
04:51 - Ah oui, c'est ça.
04:52 Ils étaient contre l'américanisation de Mickey, etc.
04:55 - Le journal de Mickey, c'était assez aseptisé,
04:57 c'était Disney, c'était très cadré, très codé.
04:59 Pif était très libre.
05:00 Et c'est d'ailleurs aventuré des fois
05:02 dans des expérimentations un peu bancales.
05:05 Mais souvent dans les familles, il y avait les deux.
05:09 Il y avait vraiment les deux journaux qui rentraient.
05:12 - Merci beaucoup, Sébastien Gérard d'avoir été avec nous.
05:14 Vous avez certainement ravivé pas mal de souvenirs
05:16 chez nos téléspectateurs.
05:17 L'histoire de Pif et son gadget, ça sort aujourd'hui.
05:20 L'aventure des années 80 à 90.
05:22 Merci beaucoup. - Merci à vous.