SMART TECH - Emission du mardi 14 novembre

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Mardi 14 novembre 2023, SMART TECH reçoit David Lacombled (Président, La villa Numeris) , Cyril Lehmann (vice-président du groupe Data, Devoteam) et Virginie Gervaise (présidente, Philips France)

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00:00 Bonjour à tous, c'est Paris qui a été choisi pour un nouveau centre mondial d'innovation
00:13 en santé. C'est le groupe Philips qui a fait ce choix et je suis ravie d'avoir aujourd'hui
00:19 en entretien, en grande interview, Virginie Gervais, la présidente de Philips France.
00:24 On parlera également dans cette édition de la réglementation autour de l'intelligence
00:28 artificielle alors que Bruxelles espère arriver à un accord d'ici à la fin de l'année.
00:33 On espère que ça arrivera évidemment mais sous quelle forme est-ce que les Etats membres
00:37 vont réussir à s'entendre ? Mais d'abord, je vous propose qu'on adresse cette question
00:42 de la transformation numérique face à l'afflux, à la multiplication des larges modèles de
00:47 langage qui donnent naissance à ces IA génératifs pas toujours faciles à aborder.
00:51 C'est trois questions A tout de suite dans Smartech.
00:55 Smartech
00:58 Les larges modèles de langage qui donnent naissance à ces IA génératifs qu'on interroge
01:03 à travers des chatbots, c'est un afflux, c'est une propagation à grande vitesse à
01:09 laquelle on assiste. Encore dernièrement, on a découvert que le laboratoire de recherche
01:13 Facebook en IA allait sélectionner cinq start-up françaises qui vont bénéficier pendant six
01:19 mois d'un mentorat avec des chercheurs de méta, leur partenaire Hugging Face, Scaleway.
01:23 On voit vraiment que c'est une grosse accélération. Bonjour Cyril Leman.
01:27 Enchanté.
01:28 Merci beaucoup d'être avec nous pour discuter de ce sujet DLLM face à la transformation
01:33 numérique. Vous êtes le vice-président du groupe Data de Devotim. Devotim qui est
01:39 une entreprise de conseil en stratégie digitale, plateforme technologique, cybersécurité.
01:45 Alors vous, comment vous voyez l'arrivée de ces larges modèles de langage à un moment
01:49 où les entreprises sont en pleine transformation numérique ? Est-ce qu'il vous semble que
01:53 c'est plutôt un avantage ou plutôt un perturbateur ?
01:57 Effectivement, vous parliez d'un afflux. On en voit partout, tout le monde en entend
02:01 parler. Comme toute disruption technologique, elle a posé des grands questionnements, beaucoup
02:06 de craintes aussi, très rapidement, que ce soit à la fois dans le monde de l'entreprise
02:10 mais aussi pour le quotidien. On se rappelle juste, on parle aujourd'hui de DLLM, d'IA
02:15 générative. On a découvert ça il y a un an avec l'avènement de Chagipiti. Il y a
02:19 une unicité dans cette disruption technologique. C'est son effet d'échelle, c'est entre
02:23 les mains de tous. Et puis c'est cette vitesse d'adoption. Donc pour répondre à votre question,
02:30 un an est passé, donc on commence à avoir l'idée un peu plus claire. Déjà pour les
02:33 entreprises, il y a un consensus. Adopter l'IA générative n'est pas une option. Si
02:37 on veut rester compétitif, on doit embrasser ce mouvement de manière proactive et ne
02:42 pas le subir.
02:43 Ce n'est pas un sujet mais ce n'est pas encore le cas.
02:45 Ce n'est pas encore le cas mais il n'y a pas d'autre choix que d'être en mouvement.
02:49 Deuxièmement, il y a eu cette crainte de ça va remplacer l'humain. Très massivement,
02:54 c'est une augmentation des compétences, la relation à la connaissance. Ça reste
03:00 une machine qui répond à une question qu'on lui pose. On doit y apporter un oeil critique
03:03 donc on parle d'augmentation des compétences et pas de remplacement.
03:06 Ça a démontré sa valeur sur des cas d'usage très divers dans le monde de la relation
03:12 client, dans le monde du SAV, dans le monde du légal. Donc ça n'est plus à démontrer
03:17 la valeur de cet IAG. Par contre, comme toute technologie est d'autant plus puissante,
03:21 elle a aussi ses risques, ses dangers. Il faut savoir l'approcher avec prudence et
03:27 c'est tout l'enjeu.
03:28 Vous avez mené une étude avec la chaire stratégie-gouvernance de l'information
03:31 de l'ESSEC Business School qui révèle que 42% des entreprises aujourd'hui n'utilisent
03:36 pas encore ce potentiel de l'intelligence artificielle. Qu'est-ce que vous avez à
03:40 leur dire quant à ces chausses-trappes ?
03:43 Effectivement, je pense qu'on peut essayer de faire deux grandes catégories. Déjà,
03:48 le premier, c'est d'avoir conscience de l'unicité de cette technologie. Je le rappelle,
03:53 l'échelle va toucher les collaborateurs de nos clients sans qu'ils aient besoin
03:56 de mettre la technologie entre les mains. La technologie, ils l'ont. On peut utiliser
03:59 du chat GPT sans que mon entreprise me le mette entre les mains. Il y a l'innovation
04:03 galopante.
04:04 Pas dans son plein potentiel. Là, il faut payer si on veut vraiment avoir un super performance.
04:06 Exactement, mais on peut déjà faire beaucoup et puis on expose ses données à l'extérieur.
04:09 Donc, il faut avoir ça en tête. L'innovation, les grands cloud providers, les grands acteurs
04:14 de la tech innovent tous les jours et donc, il faut suivre un cheval au galop. Il y a
04:19 le sujet aussi de l'éthique. On en parle souvent. L'utilisation de l'AI dans sa
04:24 dimension éthique, dans sa gouvernance, dans les problèmes de questionnement de sécurité
04:30 qu'elle pose. Et le point dans l'unicité, on en parlait, c'est la transformation,
04:35 c'est avant tout de l'humain et il y a une crainte de l'humain. Et donc, si on
04:37 ne rassure pas l'humain dans son augmentation plutôt que dans son remplacement, je pense
04:41 qu'on a une vraie crise dans la non-transformation des entreprises.
04:44 Ça, encore une fois, le sujet technologique n'enlève pas le sujet humain.
04:48 Exactement. Et c'est pour ça que c'était mon deuxième point. C'est un sujet technologique.
04:52 C'est une technologie, mais ce n'est pas un sujet technologique. Et c'est pour ça
04:55 que chez Devotim, on aborde ce sujet comme toute disruption technologique autour de trois
05:00 axes. Le premier, c'est la pleine connaissance de ces technologies. Et c'est pour ça,
05:04 en tant qu'acteur de la technologie, on forme, on certifie énormément nos collaborateurs
05:08 aux technologies, mais à la bonne utilisation de ces technologies. Et ça nous a valu notamment
05:12 d'être reconnus par nos grands partenaires du cloud comme un acteur IMI de premier ordre
05:16 sur cette expertise. Tout ce qui tourne autour de la stratégie de l'organisation, parce
05:21 que nos clients doivent choisir les cas d'usage, les déployer de manière efficace et le gouverner.
05:26 Donc, cette dimension d'organisation et de processus est importante. Et puis, bien sûr,
05:32 le people, comment on le forme, comment on l'accompagne, c'est d'être capable d'accompagner
05:36 les organisations en connaissance au plus haut niveau, mais au plus profond de l'organisation
05:40 des collaborateurs.
05:41 J'avais quand même une question prix, parce que ça y est, on commence à avoir une idée
05:44 de combien ça coûte d'intégrer ces nouveaux outils avec Copilot, qui est arrivé dans
05:48 Microsoft 365, là, ça y est, en France, avec un tarif, c'est 30 euros par utilisateur
05:55 par mois minimum pour 300 collaborateurs. Donc, ça fait un budget. À partir de quand
06:01 on peut dire oui, c'est un budget justifié ?
06:03 Donc, votre question, elle est intéressante, parce que c'est ce qu'on entend chez tous
06:07 nos clients. Déjà, je pense qu'il faut déjà se dire une chose, c'est déjà les grands
06:12 acteurs de la technologie sont en train de raffiner aussi leur modèle économique un
06:15 an. On parle d'une technologie qui a un an. Deuxièmement, je pense qu'on peut se dire
06:21 que quelle que soit la technologie, sur les mauvais cas d'usage, avec les mauvaises personnes,
06:25 mal utiliser une technologie est de fait toujours trop cher. D'accord ? Je pense que le plus
06:29 important, c'est d'accompagner nos clients à choisir les cas d'usage. C'est d'avoir
06:34 une approche très ciblée, choisir les bons sujets, éprouver par la valeur, éprouver
06:41 technologiquement la valeur produite et ensuite engager une dynamique de mise à l'échelle.
06:46 C'est comme ça qu'on aborde le sujet chez Devoteam, c'est l'approche par la valeur.
06:49 Merci beaucoup Cyril Lemaine d'avoir répondu à mes trois questions sur cette transformation
06:54 numérique face aux IA Generati. Je rappelle que vous êtes le vice-président du groupe
06:57 Tata de Devoteam. Merci pour votre accueil. Tout de suite, on va s'intéresser à l'innovation
07:01 dans le domaine de la santé.
07:02 La France et plus précisément Paris a été choisi pour un centre mondial en innovation
07:15 en santé. C'est le groupe Philips qui a fait ce choix et je suis très heureuse de recevoir
07:19 Virginie Gervais. Bonjour. Vous êtes la présidente de Philips France, Philips société néerlandaise.
07:25 Tout le monde connaît un peu ce nom mais quand on pense à Philips, on pense plutôt
07:28 au Black Friday en ce moment. Alors vous, ce n'est pas du tout votre sujet. Toute cette
07:33 partie électronique grand public, éclairage, tout ça, ce sont des Philips sous franchise,
07:40 c'est ça ? C'est l'utilisation de la marque par d'autres que vous. Vous, votre sujet,
07:45 c'est vraiment l'innovation en santé en matière… Alors vous allez nous expliquer
07:48 justement qu'est-ce que vous faites en matière d'innovation en santé ?
07:51 Alors Philips en effet, comme vous l'avez rappelé, est un groupe qui avant avait une
07:57 multitude de casquettes et à partir des années 2015-2017, il y a eu un virage significatif
08:04 sur les activités de santé qui s'est opéré au sein du groupe et qui s'est nettement
08:08 renforcé encore plus depuis le début de cette année. Et dans cette transformation,
08:15 avec cette focalisation de Philips de devenir l'acteur prioritaire en santé numérique,
08:21 clairement, il y a eu une réorganisation de la R&D au niveau mondial. Et dans cette
08:26 réorganisation, on a vu apparaître donc cinq nouveaux centres de R&D, dont un à Paris
08:33 qui a ouvert récemment, qui s'appelle le HIP, donc le Health Innovation Paris.
08:37 Alors ça c'est ce que j'annonçais, mais je voulais déjà qu'on essaye de comprendre
08:41 ce que fait Philips dans le domaine de la santé. Qu'est-ce que ça veut dire être
08:44 un expert de la santé numérique ? Alors aujourd'hui, Philips couvre l'ensemble
08:49 des besoins qu'un centre hospitalier ou un groupement de clinique privée ou un centre
08:54 de radiologie. Ce sont des machines ?
08:55 Exactement. En fait, on parle de... ça commence par des petits équipements, comme par exemple
09:02 de l'échographie, ça passe par des plus grosses machines qui servent à faire de l'IRM,
09:06 du scanner. Et également, on couvre toutes les solutions qu'on peut trouver, par exemple,
09:15 en cardiologie, en cardiologie interventionnelle, en radiologie interventionnelle. Le spectre
09:19 est extrêmement large et donc du coup, en fait, on est...
09:22 Du matériel, du logiciel aussi ?
09:24 Voilà, exactement. Du matériel et surtout du logiciel, puisque c'est vraiment la force
09:28 aujourd'hui de Philips, arriver à extraire toutes les données que ces machines sont
09:34 capables de... arriver à extraire toutes les données de ces machines pour en faire
09:39 en fait quelque chose. Et c'est ce quelque chose qui aujourd'hui est en train de donner
09:43 la vision à Philips de cette transformation, de devenir ce leader en santé numérique.
09:48 Alors j'ai noté, recherche et développement, c'est 1,9 milliard de dollars ?
09:53 Oui, quasiment 10% du chiffre d'avantage global.
09:55 L'année dernière, c'est ça ?
09:56 Oui, exactement. Et on continue dans cette mouvance-là avec la moitié de l'investissement
10:01 qui est dédié à des activités sur l'intelligence artificielle.
10:04 Alors, ce nouveau centre mondial d'innovation en santé qui va s'installer en France, à
10:10 Paris, pourquoi déjà le Choose France, ça a fonctionné ? Qu'est-ce qui fait que Paris
10:14 a été choisi pour un centre international de recherche en santé ?
10:18 Alors déjà, Philips c'est une entreprise européenne, donc il y en a quand même une
10:23 grosse prégnance en Europe et c'est très important pour le groupe de continuer dans
10:27 cette dynamique-là. Mais surtout, pourquoi Paris ? Parce que Paris, c'est là où on
10:34 trouve le plus grand nombre de start-up en intelligence artificielle notamment au niveau
10:38 européen. Et ce hub, ce HIP, Health Innovation Paris, en fait a pour ambition effectivement
10:46 de faire travailler un nombre important d'ingénieurs, à ce jour 300, mais pas de travailler uniquement
10:51 seul à l'intérieur de nous, mais d'agréger le plus possible de partenariats avec notamment
10:58 des start-up. Et donc du coup, cette localisation Paris, pourquoi Paris ? Rue Réaumur, au numéro
11:04 100 de la rue Réaumur, parce qu'on est dans le sentier, ce qu'on appelle le silicone sentier,
11:09 et donc là on va trouver des start-up, des jeunes pousses, on a aussi la possibilité
11:14 de créer du coup des partenariats avec des établissements publics et privés de façon
11:18 extrêmement facile, puisqu'on est au centre de Paris.
11:21 Mais alors pourquoi pas vous être installé directement au campus Paris Santé, qui justement
11:25 rassemble les start-up, les grands groupes et aussi la recherche publique ?
11:30 C'est un très bon commentaire parce que je sais que ça fait partie des discussions
11:36 avant que je rejoigne le groupe, mais il a été choisi pour Philips quand même de garder
11:42 notre indépendance, c'était aussi une volonté de pouvoir se positionner comme un acteur
11:48 leader et de se mettre au centre de Paris.
11:51 Et alors, innovation santé, donc vous nous avez expliqué, c'est assez large, ça part
11:55 des machines jusqu'au logiciel, avec ce focus là sur l'intelligence artificielle, c'est
12:00 le moins la mode, qu'est-ce qui va se passer en matière de la R&D en IA ?
12:05 On va faire les trois domaines d'activité qui vont être le plus travaillés dans ce
12:10 hub de l'innovation, c'est trois choses, l'interopabilité des données, la cybersécurité
12:16 et l'intelligence artificielle appliquée aux différentes lignes de produit, donc l'intelligence
12:21 artificielle que nous avons dans le scanner, dans l'IRM, dans l'échographie.
12:24 Donc il y en a déjà aujourd'hui ? Aujourd'hui, dans tous les équipements que
12:27 nous vendons, il y a déjà de l'intelligence artificielle qui est embarquée.
12:30 Et qui fait quoi ? Je vais vous donner un exemple, par exemple
12:33 aujourd'hui, les scanners que nous avons ont des logiciels qui leur permettent d'accélérer
12:41 l'examen du patient et en non-content d'accélérer l'examen du patient, ça permet en fait de
12:48 pouvoir détecter et de mieux voir des choses qu'on n'était pas capable de voir avant,
12:51 comme des micro-lésions qui sont potentiellement des micro-lésions cancéreuses et qui permettent
12:56 du coup, in fine, de diagnostiquer en avance de phase, probablement une maladie qui aurait
13:05 pu se développer beaucoup plus rapidement si on ne l'avait pas détectée de façon
13:09 précoce.
13:10 Et donc pour rendre ces IA toujours plus pertinentes, à défaut d'employer le terme
13:14 intelligent qui n'est pas toujours bien utilisé, pour qu'elles soient de plus en plus utiles
13:19 ces intelligences artificielles, on a besoin de davantage de données, c'est pour ça
13:22 que vous voulez travailler sur l'interopérabilité ?
13:24 Mais aujourd'hui, il y a aussi des travaux au niveau européen sur l'interopérabilité
13:30 dans l'espace de l'Union Européenne.
13:32 Aujourd'hui, le plan du gouvernement 2030, c'est de devenir leader dans le numérique,
13:40 le plan 2030 c'est l'innovation en santé numérique.
13:43 Aujourd'hui, ce hub de l'innovation, on est vraiment sur deux parallèles, on est
13:49 parfaitement alignés avec ce plan-là.
13:50 Et justement, par rapport à votre question sur l'interopérabilité, l'intelligence
13:56 artificielle, c'est vraiment là où nous, en tant qu'industriel, on veut se positionner
14:03 pour faire partie.
14:04 En fait, notre ambition, c'est comment nous, en tant qu'industriel, on va être
14:09 capables d'améliorer finalement l'amélioration du système au global.
14:16 Parce qu'en fait, on a tous un rôle à jouer.
14:17 Les établissements publics, les établissements privés ont un rôle à jouer, nous avons
14:22 un rôle à jouer, même le patient a un rôle à jouer, toutes les associations de patients
14:26 ont un rôle à jouer.
14:27 Et en fait, ce cercle vertueux, il doit être de plus en plus lisse.
14:32 Et on n'est pas tous séparés les uns à côté des autres.
14:34 En fait, c'est collectivement qu'on va réussir à avancer et améliorer le modèle.
14:38 Et aujourd'hui, les sujets d'interopérabilité, d'intelligence artificielle, c'est les
14:42 sujets majeurs parce que la problématique qu'on a, on le sait tous, sur le système
14:47 de santé français, on sait très bien que la densité médicale est en train de baisser
14:53 fortement.
14:54 Donc, je ne suis pas en train de dire que l'intelligence artificielle va remplacer les
14:57 médecins, je m'arrête tout de suite, je préfère, avant qu'on me pose la question,
15:01 l'intelligence artificielle est là pour aider, permettre d'aller plus vite, de soutenir
15:04 la productivité, de mieux voir ce qu'on n'était pas capable de voir avant.
15:08 Et à la fin, pour quels bénéfices ? Pour une prise en charge du patient en avance de
15:14 phase, pour un meilleur diagnostic et à la fin, un meilleur traitement et des meilleures
15:20 chances pour nous, les patients.
15:21 Alors là, ça me fait penser à une actualité que j'ai vue, qui est vraiment très récente,
15:25 c'est l'annonce par Philips que son programme, justement, en innovation en santé et d'intégration
15:31 d'intelligence artificielle dans des équipements d'échographie d'obstétrique, a trouvé
15:35 un nouveau financement auprès de la Fondation Bill et Melinda Gates.
15:40 Parce qu'on s'aperçoit qu'on a de nombreuses femmes, 800 femmes qui meurent chaque jour
15:45 dans le monde de complications, qui seraient évitables, mais que justement, on n'a pas
15:49 toujours les personnes qui sont présentes au chevet de ces femmes pour agir à temps.
15:54 Oui, tout à fait, exactement.
15:56 Et en fait, c'est un merveilleux exemple que vous citez là, puisque c'est exactement
16:02 notre mode opératoire.
16:04 Aujourd'hui, en fait, on cherche des partenariats avec des établissements publics et privés
16:09 sur lesquels on conconstruit de l'innovation, on développe ensemble de l'innovation.
16:14 Évidemment, c'est pas une mode, mais c'est la direction, l'intelligence artificielle
16:20 et l'interopérabilité soutiennent ça.
16:21 Et en fait, sur des sujets communs, on développe de l'innovation qui permet d'améliorer
16:26 à la fin la prise en charge des patients.
16:28 Je vous donne un autre exemple.
16:30 Là, vous parliez de l'obstétrique.
16:32 Et pénurie de sages-femmes dans certains pays.
16:34 Tout à fait.
16:35 Je vais vous donner un exemple lié à l'IRM.
16:39 L'IRM Mamère, en scénologie, il y a encore quelques années, en fait, un examen d'IRM,
16:45 ça peut être rapide.
16:46 Quand on fait un examen du genou, ça prend 4 minutes montre en main, hop, on sort et
16:48 on a tout de suite son diagnostic.
16:50 Une IRM Mamère, c'était, il y a encore quelques années, extrêmement long.
16:53 Ça prenait entre 25 et 30 minutes.
16:55 Aujourd'hui, grâce à l'intelligence artificielle, au fait qu'on est capable d'accélérer les
17:00 séquences, d'avoir mis du deep learning dans nos équipements, en fait, on est capable
17:05 de réduire considérablement le temps des examens.
17:07 Et quand je dis considérablement, on est passé en l'espace d'une décennie, d'un
17:11 examen de 30 minutes à moins de 10 minutes.
17:13 Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire tout simplement qu'en fait, on prend 3 femmes
17:17 dans une IRM à un moment donné où il y a encore une dizaine d'années, on ne prenait
17:20 qu'une patiente.
17:21 Et donc, qu'est-ce que ça veut dire ? On augmente la chance, on augmente les chances
17:26 de dépistage, d'avoir le bon diagnostic au bon moment, le plus tôt possible pour le
17:30 meilleur traitement.
17:31 Ça, c'est la face claire.
17:32 La face sombre, c'est les problèmes de cybersécurité.
17:35 Aujourd'hui, on a de quoi s'inquiéter en voyant la santé de plus en plus s'approprier
17:42 ce sujet des datas face à l'augmentation des cybermenaces.
17:45 Vous avez totalement raison et c'est pour ça et c'est la raison pour laquelle le pôle
17:51 cybersécurité de Philips que nous avons mis à Paris aujourd'hui n'est pas uniquement
17:56 là pour travailler sur des problématiques loco-françaises, en fait, mais va servir
18:03 tous les pôles de R&D mondial de Philips pour s'assurer que la façon dont on designe les
18:09 produits, que ce soit des appareils de monitorage, d'IRM, d'échographie, répondent bien aux
18:16 exigences qu'aujourd'hui le marché nous impose.
18:19 Parce qu'aujourd'hui, ce qu'on entend de la part des professionnels de la cybersécurité,
18:22 c'est que ces équipements qui sont dans les hôpitaux aujourd'hui ne sont pas du tout
18:25 sécurisés.
18:26 Ils ne sont pas sécurisés encore.
18:29 Déjà, ils ne sont pas tous sécurisés.
18:30 Ils n'étaient pas déjà par défaut.
18:31 Ils n'étaient pas du tout par défaut et aujourd'hui on rentre justement…
18:34 J'adore votre question puisque c'est exactement une discussion que j'ai eue avec un chef
18:41 d'établissement, un directeur d'établissement hospitalier récemment sur comment accélérer.
18:47 Parce que l'objectif aujourd'hui, ce n'est pas uniquement d'apporter une solution,
18:51 mais c'est de la déployer le plus rapidement possible.
18:53 Mais ils ne vont pas changer toutes les machines.
18:54 Non, mais en fait l'objectif, et c'est là où c'est intéressant, c'est qu'en
18:58 fait on n'a pas besoin de changer toutes les machines.
18:59 On a besoin de changer la façon dont on récupère les datas.
19:03 Puisqu'en fait l'attaque de la cybersécurité qui inquiète un centre hospitalier par exemple,
19:08 c'est comment ces datas, je les sors de l'établissement.
19:10 Ce n'est pas la data en elle-même, c'est comment je la sors de l'établissement pour
19:15 après toutes les histoires qu'on peut entendre dans la presse qui sont…
19:19 Qui sont réelles.
19:20 Exactement.
19:21 Autre sujet quand même d'inquiétude, c'est tout ce qui tourne autour de l'éthique
19:25 et de l'IA.
19:26 L'accompagnement dans la santé c'est quelque chose de très humain, de très sensible.
19:31 Les lois éthiques existent, comment les IA vont s'approprier ces règles qui fonctionnent
19:38 entre nous les humains ?
19:39 Aujourd'hui c'est un très très gros sujet et Philips fera partie de l'équation pour
19:48 avancer dans cette direction-là.
19:51 Par exemple, le 21 novembre, c'est quasiment demain, on organise une table ronde au IPE
19:58 qui est co-animée par David Cruzon qui est le CEO de EthiQIA.
20:04 Et clairement, c'est des sujets sur lesquels on va aussi se positionner pour s'assurer
20:11 qu'on avance dans cette bonne mouvance.
20:13 Mais aujourd'hui, il y a énormément d'acteurs qui sont en train… on est encore aux prémices
20:17 de comment on organise tout ça.
20:20 En fait, on sait dans quelle direction on doit aller mais pour l'instant, ce n'est
20:23 pas encore complètement organisé.
20:25 Et vous, vous avez fait toute votre carrière dans ce sujet de la santé, de l'innovation,
20:33 comment vous voyez arriver cette transformation du système de santé ? Par quel bout il faut
20:38 le prendre ? Comment est-ce qu'on peut rendre l'hôpital, la médecine, la santé plus
20:42 efficaces demain ?
20:43 Alors, je répondrai… il y a plusieurs façons de répondre à votre question.
20:51 Mais je vais répondre par ma vision qui est…
20:55 Ce n'est pas qu'un problème d'innovation ?
20:56 Ce n'est pas qu'un problème d'innovation, c'est aussi un problème de paradigme.
20:59 Aujourd'hui, on travaille… aujourd'hui, le système de santé français est très
21:04 orienté sur l'approche diagnostique.
21:07 J'ai un patient malade, je le traite, je le soigne.
21:10 Il sort de mon établissement hospitalier et il sort du suivi traditionnel.
21:13 Et en fait, la vision que moi je pense sur laquelle il faut qu'on s'oriente, c'est
21:20 comment le système de santé français devient un système plus orienté sur la prévention
21:26 et sur du prédictif.
21:27 Et en fait, en développant des technologies prédictives qui vont pouvoir permettre d'accompagner
21:32 cette transformation.
21:33 Ce sont des choses qu'on voit déjà apparaître un peu dans les pays nordiques d'Europe.
21:38 Et aujourd'hui, en fait, il y a un vrai changement de culture à opérer.
21:42 Et en fait, pourquoi il faut faire ça ? Alors, le premier bénéfice, c'est la population,
21:48 les patients qui seront moins malades ou peut-être détectés malades plus tôt et donc avec
21:53 des traitements moins lourds, moins coûteux.
21:55 Donc ça, c'est le premier bénéfice.
21:57 Et le deuxième bénéfice, et ça répond à la problématique qui est, demain, on aura
22:05 moins de médecins.
22:06 Donc comment on fait ? Si on a moins de malades qui sont traités plus rapidement, ça va
22:08 mieux.
22:09 Et ça résout partiellement, mais un peu à cette question-là.
22:13 Et puis, il y a toute la partie préventive, mais il y a aussi le suivi.
22:17 Vous me dites, quand il sort de l'hôpital, c'est terminé.
22:19 Ce n'est pas terminé pour le patient, souvent ?
22:21 Oui, non, ce n'est pas terminé.
22:22 Et souvent, il va venir.
22:24 Je ne voulais pas résumer à son parcours, à une fois qu'il a fini son traitement,
22:29 c'est terminé.
22:30 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, le patient, en fait, ça pourrait être terminé après
22:35 son traitement si la détection de sa maladie était prise en charge, même potentiellement,
22:39 quasiment, le jour où il tombe malade.
22:41 Alors, une petite question rapide, vous allez voir.
22:45 Comment est-ce qu'on fait pour créer un champion européen dans le domaine de la santé ? Parce
22:48 qu'on voit, Philips se positionne, c'est une entreprise européenne.
22:52 Vous choisissez de rester sur le territoire européen pour ce centre mondial de R&D.
22:57 Vous avez des fonds qui viennent de la fondation Gates, donc des Etats-Unis.
23:03 On se dit, bon, il y a peut-être matière aujourd'hui en Europe à créer, ces champions
23:08 du numérique.
23:09 Quelles sont les conditions pour que ça fonctionne ?
23:10 Les conditions pour que ça fonctionne ? Pourquoi on passe vraiment à l'échelle ?
23:15 En fait, il faut qu'on accélère considérablement le nombre de pilotes qu'on est en train d'opérer
23:23 aujourd'hui sur le territoire.
23:24 Clairement, quand on fait de la co-innovation, comme on a par exemple, je peux vous parler
23:29 d'un exemple qu'on a avec le Sud Rennes, où on a travaillé sur un projet d'alarme
23:36 fatigue sur les blocs de réanimation post-chirurgie, où clairement on a fait de l'innovation.
23:43 En fait, cette innovation maintenant, l'enjeu, c'est de la répondre sur le territoire.
23:48 Il ne faut pas s'arrêter, effectivement, au POC.
23:50 Non, exactement.
23:51 Merci beaucoup.
23:52 Vous n'aviez pas beaucoup de temps pour me répondre, je reconnais.
23:54 Merci Virginie Perves.
23:55 Merci à vous et merci pour cette invitation.
23:57 Avec grand plaisir, je rappelle que vous êtes la présidente de Philips France.
23:59 Allez, à suivre, on s'intéresse à l'AI Act, ce règlement pour l'intelligence artificielle
24:04 en Europe.
24:05 On termine cette édition avec David Lacomblede, le président de la Villa de Numérisme.
24:16 Bonjour David.
24:17 Bonjour.
24:18 Et on va faire un point ensemble sur l'AI Act, parce que l'intelligence artificielle,
24:21 oui, mais il faut quand même la réglementer.
24:23 L'Europe espère trouver un accord d'ici à la fin de l'année, mais où en sommes-nous
24:28 exactement ?
24:29 Oui, on va parler d'intelligence artificielle, on n'en parle pas tant que ça, finalement.
24:33 Alors, l'Europe, c'est quand même 27 États, donc c'est toujours un peu compliqué de
24:38 s'accorder, il faut bien l'avouer.
24:39 Ce n'est pas une chose facile.
24:41 Il faut voir qu'il y a une volonté d'accord rapide désormais sur le règlement européen
24:47 en matière d'intelligence artificielle, parce que la fin d'année approche, mais
24:51 surtout, la fin de la Commission européenne 2024 touche à sa fin, donc autant le mettre
24:56 au bilan, après tout.
24:58 L'organisation de l'Europe est complexe, je vous le rappelle.
25:02 Trois institutions, le Conseil européen, c'est la réunion des chefs d'État, des
25:08 chefs de gouvernement et par délégation des ministres, le Parlement européen qui
25:12 votera la loi, c'est le législatif, et la Commission européenne qui est l'exécutif
25:17 en quelque sorte, qui porte les travaux avec une volonté d'harmonisation, d'arriver
25:23 à des consensus, parce que tant qu'à faire se peut, autant faire voter cette loi, et
25:28 surtout l'appliquer ensuite.
25:30 Et c'est là que les difficultés peuvent commencer, d'où des dialogues, d'ailleurs
25:34 on appelle ça des trilogues entre les trois institutions, qui se déroulent à marche
25:39 forcée actuellement à Bruxelles.
25:41 Et en général, on sait l'heure à laquelle ça commence, mais on ne sait pas exactement
25:45 quand ça se termine, parce que ça peut se prolonger jusqu'au bout de la nuit.
25:48 Alors, c'est quand même un texte qui a été initié en 2020, ça a l'air de prendre
25:54 quand même un peu de temps, cette histoire de règlement, comment vous l'expliquez ?
25:57 Alors ça prend du temps parce qu'il y a deux éléments qui apportent de la complexité
26:02 en plus.
26:03 Le sujet est nouveau, même si le concept de l'intelligence artificielle est ancien,
26:08 le législateur n'avait jamais eu à traiter un tel sujet.
26:11 En plus, il y a quand même une volonté de l'Europe d'être parmi les premiers à sortir
26:15 le drapeau sur ce sujet pour se distinguer.
26:18 Et ensuite, il faut bien voir qu'on est sur une matière en constante évolution.
26:23 Il y a un an, on ne parlait pas d'intelligence artificielle générative.
26:27 Ce n'était pas dans le texte qui avait été écrit et le législateur a dû revoir la
26:32 réécriture de son texte un peu au dernier moment.
26:36 En mode panique.
26:37 On voit bien la difficulté à œuvrer sur quelque chose qui est en mouvement.
26:41 Et il ne faut pas oublier en plus qu'on est quand même sur une doxa européenne qui vise
26:48 à protéger ses consommateurs en s'assurant de la concurrence.
26:51 Mais la régulation, ce n'est pas un principe par défaut de réglementer pour tenter d'empêcher
26:58 des entreprises étrangères, principalement américaines, d'être les leaders hier de
27:03 la tech et demain de l'intelligence artificielle.
27:05 Alors qu'est-ce qui coince et où sont les points de convergence ?
27:10 Alors les points de convergence sont nombreux.
27:14 Il y a une approche européenne qui se porte sur les risques, risque, protection, protection,
27:21 risque, qui vont de nul à limité, puis élevé ou inacceptable.
27:27 On aurait peut-être pu gagner à aussi montrer les opportunités que cela pouvait revêtir
27:35 en matière humaine, démocratique ou économique.
27:38 D'ailleurs, il faut bien voir que la France se distingue.
27:40 C'est Bruno Le Maire, le ministre de l'économie qui était en partance pour Londres il y a
27:45 quelques jours et le sommet sur l'intelligence artificielle.
27:48 Le Royaume-Uni n'est plus en Europe, mais ce n'est pas une raison pour eux de renoncer
27:54 au fait d'être un des leaders.
27:56 Et le ministre de l'économie, rappelé que l'Union européenne doit innover avant de réguler.
28:04 D'ailleurs, il s'est attiré quelques foudres à ce sujet.
28:07 Ça me semble être la bonne approche.
28:09 Parce que si vous mettez des barrières sur un marché en mouvement, déjà vous interdisez
28:15 des choses certes aujourd'hui, mais ce que vous n'interdisez pas est autorisé par nature.
28:20 Et comme vous ne connaissez pas ce qui va devenir, c'est une première difficulté.
28:23 Et la deuxième difficulté, si vous mettez un enclos, ceux qui sont déjà à l'intérieur
28:28 vont prospérer et vous allez empêcher de faire naître des start-up, des jeunes pousses.
28:34 Et celles-ci sont européennes.
28:36 C'était David Lacomblette de la Ville annumérise.
28:38 Et puis c'était Smartech, votre émission qui ne parle pas que d'intelligence artificielle,
28:41 mais qui s'intéresse quand même beaucoup en ce moment au sujet.
28:44 A très vite.
28:45 [Musique]