Grève à la SNCF pendant les vacances de Noël : le syndicat Sud-Rail envisage une «puissante mobilisation»

  • l’année dernière

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Les auditeurs sont invités à réagir, par téléphone ou via les réseaux sociaux aux grandes thématiques développées dans l'émission du jour. Aujourd’hui, il s'intéresse à la possibilité d'un mouvement de grève à la SNCF pour les vacances de Noël.

Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
Transcript
00:00 - Europain, 11h, 13h, Pascal Praud et vous.
00:07 - Et de 11h à 13h sur Europain, vous pouvez réagir aussi en composant dès maintenant le 01 80 20 39 21.
00:13 Pascal Praud et vous sur Europain.
00:15 - Bonjour Géraldine et vous allez évidemment pouvoir interroger Fabien Ville-Lieu que vous connaissez, délégué syndicat Sudrail.
00:22 Hier, le secrétariat du Père Noël a ouvert son secrétariat. Depuis hier, on peut écrire au Père Noël et vous en avez profité de ce secrétariat ouvert
00:35 pour annoncer comme un calendrier de l'Avent le traditionnel supplice chinois que les cheminots parfois de la SNCF imaginent chaque fin d'automne
00:42 pour que nous passions de bonnes fêtes de fin d'année, y aura-t-il des trains à Noël ?
00:46 - Bon, évidemment, je peux comprendre les motivations, elles sont essentiellement financières.
00:53 Est-ce qu'il y aura, comme vous l'imaginez, c'est la phrase que vous avez écrite, ces prochaines semaines, nous sommes déterminés à construire une puissante mobilisation
01:02 exclusivement sur le sujet des salaires, a prévenu Sudrail. Bonjour, monsieur Ville-Lieu.
01:08 - Bonjour. Oui, peut-être que je vais essayer de retourner à la situation. C'est qu'aujourd'hui, le problème, ce n'est pas les grèves à la SNCF.
01:18 C'est ça le problème de la France aujourd'hui ? Non, le problème de la France, c'est le problème des salaires.
01:22 L'INSEE a expliqué que l'année dernière, les Français ont perdu en pouvoir d'achat. Cette année, on risque de perdre en pouvoir d'achat.
01:29 Enfin, le problème numéro un, ce n'est pas les grèves à la SNCF. Il faut arrêter. Ça, c'est de la flûte de pan.
01:34 Le problème numéro un, c'est l'histoire du pouvoir d'achat et qu'aujourd'hui, avec le fruit de son travail, même quand vous travaillez en horaire décalé,
01:41 vous avez du mal à faire vos courses. Pendant des années, des années, et c'est d'ailleurs ce que fait le ministre de l'Économie,
01:46 il demande gentiment aux branches professionnelles, aux patrons d'augmenter les salaires. Cela ne vient pas.
01:52 Cela ne vient tellement pas qu'une partie de la population bascule de plus en plus dans la pauvreté. Il y a deux jours, il y a un rapport du Secours catholique
01:59 qui est sorti, qui explique que 14% de la population a basculé dans la pauvreté, ce qui fait plus de 9 millions de personnes.
02:05 Donc, soit on attend gentiment que ça vienne, alors qu'il y a quand même de l'argent. Je sais que vous n'êtes pas fan à chaque fois que je dis ça,
02:11 mais il y a de l'argent. Il y a de l'argent à la SNCF. La SNCF, elle a fait un pognon de dingue en 2023. Elle a fait 2,4 milliards d'euros.
02:20 Il y a plein d'entreprises qui font de l'argent. Il y a des entreprises en difficulté, c'est vrai, mais il y a plein d'entreprises qui font de l'argent.
02:25 Il y a des problèmes d'inflation d'un côté, des entreprises qui ont de l'argent, qui ont restauré leurs marges en 2022 et en 2023.
02:31 Et surtout, il ne faudrait pas faire grève.
02:34 - Qu'est-ce que vous demandez ? Vous demandez une augmentation pour tous les salariés de la SNCF, une augmentation égale à l'inflation ?
02:45 - Non, non. Moi, je veux une augmentation supérieure à l'inflation.
02:48 - Et de combien ? Pour tous les salaires ?
02:50 - Nous, on demande pour tous les cheminots une augmentation de 400 euros brut par mois.
02:54 C'est d'ailleurs ce qui a été fait.
02:56 - Mais ce n'est pas en pourcentage, c'est 400 euros pour tout le monde.
02:58 - On préfère les augmentations uniformes parce qu'en pourcentage, plus vous avez un gros salaire, plus l'augmentation est importante.
03:04 Aujourd'hui, on se rend compte à la SNCF, mais pas seulement, il y a un problème sur les petits salaires.
03:08 - Donc, les petits salaires à la SNCF, le plus petit salaire, c'est le SMIC ?
03:12 - Oui, vous savez, aujourd'hui, la grille de rémunération des agences statutaires, il y a 25% de la grille de rémunération des agences statutaires qui est sous le SMIC.
03:22 Et c'est parce qu'ils font des horaires décalés, qu'ils arrivent au-dessus.
03:25 - Je ne comprends jamais rien à ça.
03:26 A chaque fois que vous me le dites, je ne comprends pas comment il peut exister des salaires en plus dans la fonction publique qui soient sous le SMIC.
03:34 - Parce qu'il y a les primes que vous rajoutez.
03:36 C'est les primes qui vous permettent d'être au-dessus du SMIC.
03:38 - Oui, mais j'entends bien, mais lorsqu'on signe son contrat, on signe en dessous du SMIC à ce moment-là ?
03:43 Parce qu'il n'y a pas les primes, c'est ça que je ne saisis pas à chaque fois.
03:45 - Non, ça fait des années que les gens ont signé leur contrat, il fut un moment qu'il était au-dessus du SMIC.
03:51 - Bon, peut-être ne sont-ils pas à temps plein dans ces cas-là ?
03:54 - Non, non, ils sont à temps plein.
03:55 - Bon, donc une augmentation pour tout le monde de 400 euros.
03:58 Votre interlocuteur, ce sera la direction.
04:01 - Oui.
04:02 - Bon, il y a déjà des réunions qui sont prévues ?
04:04 - Bah, nous, ce qu'on explique, c'est que là, on a un mois, en gros un gros mois, pour avoir de véritables négociations et avoir de vraies...
04:10 Je pense que ça peut faire écho, parce que les problèmes de salaire, ça ne concerne pas que les SMIC.
04:14 - Mais j'entends ce que vous dites.
04:15 - Et je vais quand même insister sur quelque chose.
04:17 L'actualité a vu que la succession, y compris le ministre de l'Écologie, a expliqué que les catastrophes naturelles, ce n'est pas derrière nous, c'est devant nous.
04:24 Il va falloir s'habituer aux catastrophes naturelles.
04:26 Il y a 20 ans, on ne savait pas que la pollution engendrait une partie de ces catastrophes naturelles.
04:31 Aujourd'hui, on le sait.
04:32 On le savait pas il y a 20 ans.
04:34 Et on sait aujourd'hui que, justement, pour décarboner les transports, on a un levier formidable, qui est le chemin de fer.
04:41 Au lieu de mettre le paquet pour justement développer le ferroviaire et aider les cheminots,
04:47 parce que le problème, c'est qu'aujourd'hui, les cheminots, le sport national des cheminots, c'est quitter la SNCF.
04:51 Alors il y en a, ils sont contents.
04:54 Ils disent "c'est pas grave, ils s'en vont, on rembauchera, même si le niveau sera pas...".
04:57 Moi, je ne m'en contenterais pas.
04:59 À chaque fois que les collègues partent de la SNCF, ce qu'il faut comprendre, c'est du matériel qui est mal entretenu,
05:03 il manque, vous imaginez, 1000 conducteurs aujourd'hui.
05:05 - J'entends bien et vous défendez toujours avec beaucoup d'oeuvre.
05:08 - À un moment donné, si on veut que les gens viennent, si on veut recréer, rappelez-vous, en 2018, on avait discuté ensemble.
05:14 Je vous avais dit quoi en 2018 ? Je vous avais dit "attention, si vous enlevez le statut, le statut, ça permet d'attirer les gens et ça les fait rester".
05:19 On a enlevé le statut, tout le monde "ah, le statut, privilège, impossible, on va le virer".
05:24 Aujourd'hui, ce que je vous ai expliqué en 2018, c'est arrivé.
05:27 C'est-à-dire que la SNCF, non seulement n'est plus attractive, mais elle ne garde plus ses bonhommes et ses bonnes femmes.
05:32 Ce qui fait que, eh bien, on a du mal à entretenir le matériel,
05:35 et régulièrement, on fait du SNCF bashing en permanence en disant "tel endroit, il manque tant de trains
05:40 parce qu'on n'est pas capable d'entretenir le matériel des TER en Pays de Loire".
05:45 "Tel endroit, il y a des trains qui sont supprimés".
05:47 - On marque une pause et vous allez pouvoir, comment dire, engager le dialogue avec les auditeurs.
05:54 Ce qui est vrai, pour vous connaître de plus longtemps, c'est que vous êtes quelqu'un d'engagé,
05:57 vous êtes quelqu'un d'authentique, de sincère, qui aimait la SNCF,
06:01 qui a envie de défendre son outil de travail, les arguments que vous veniez de dire.
06:07 Je les entends, il faut que ce soit attractif, il faut payer les gens, il faut des gens de qualité.
06:11 Tout ça, évidemment, ça peut s'entendre.
06:14 A tout de suite.
06:15 - Europe 1.
06:16 - Pascal Proévou.
06:17 - De 11h à 13h sur Eurovision, vous à côté.
06:19 Pascal Proévou, réagissez au 0 à 90, 30, 9, 21.
06:22 On vous retrouve avec votre invité, Fabien Vildieu, délégué syndicat Sudrail,
06:25 puisqu'on parle grève à la SNCF.
06:28 Une grève à la SNCF pendant les vacances de Noël.
06:31 Sudrail envisage une puissante mobilisation.
06:34 Le syndicat veut rouvrir les négociations sur le sujet des salaires
06:37 et n'exclut pas des journées d'action au moment des grands départs.
06:40 400 euros pour chaque personne.
06:43 Ça représente combien de personnes d'ailleurs ?
06:45 - Là, on est 150 000, excusez-moi.
06:49 - Donc 150 000 personnes.
06:51 - Et ça coûterait 700 millions.
06:53 - 700 millions.
06:54 - Et 400 euros d'augmentation.
06:56 - D'accord. Et vous avez donné tout à l'heure le chiffre de résultat de 2 milliards et demi.
07:00 - 2,4 milliards.
07:01 - Mais j'imagine qu'il y a de l'investissement derrière
07:04 et que ces 2 milliards et demi sont réinvestis dans l'entreprise.
07:07 Cédric est avec nous. Bonjour Cédric.
07:09 Vous habitez Bourg-Cambresse.
07:11 Vous êtes chef d'entreprise.
07:13 Que voulez-vous dire à M. Vildieu ?
07:16 - Bonjour Pascal. Et bonjour M. Vildieu.
07:19 Alors en fait, M. Vildieu, il est bien sympathique,
07:22 mais en réalité, il me fait doucement rigoler pour plusieurs raisons.
07:25 Il demande une augmentation de 400 euros.
07:28 Parce qu'il est sous couvert, il y a l'inflation,
07:32 en France on n'est pas bien, etc.
07:35 Si vous voulez, monsieur, qu'on vous soutienne,
07:37 commencez par manifester ou faire une grève
07:40 en demandant la baisse du prix des billets, par exemple.
07:43 Si vous voulez faire une grève pour qu'on vous soutienne,
07:45 faites une grève en offrant la gratuité aux passagers.
07:48 Pour la même raison, vous parlez de sous couvert d'écologie,
07:53 en fait, pour vous donner bonne conscience,
07:55 mais si, effectivement, vous avez raison,
07:57 le train c'est la façon la plus écologique de circuler dans le monde.
08:01 Et pour autant, vous faites grève au moment où les gens veulent prendre le train,
08:06 c'est-à-dire pendant les vacances.
08:08 En fait, vous êtes plus crédible.
08:10 D'abord, parce que vous avez un des C.E. les plus puissants de France,
08:14 vous payez pas vos billets de train,
08:16 vous avez des avantages pas possibles,
08:18 vous partez à la retraite plus tôt,
08:20 et vous demandez encore 400 euros.
08:22 Quand vous faites grève, vous pensez pas à cette dame de ménage
08:25 qui va faire ses ménages et qui se lève à 4h du matin,
08:28 et qui, elle, prendra sa retraite à 65 ans,
08:31 et qui, elle, a besoin de travailler.
08:33 Tout ça, vous y pensez pas.
08:35 Vous pensez qu'à vous.
08:37 En fait, vous, en tout cas, vous êtes des non-privistes, en réalité.
08:41 Vous pensez à vous.
08:42 Si vous voulez qu'on vous soutienne,
08:44 et si vous pensez que la France ne va pas bien, comme vous le dites,
08:47 eh bien, faites en sorte de faire une grève pour les Français,
08:50 pas pour vous, ok ?
08:52 Parce que ça devient ridicule, vos grèves.
08:54 Toutes les vacances, vous faites des grèves,
08:56 on sait même plus pourquoi.
08:58 - Pour 400 euros d'augmentation.
09:01 Alors, M. Viglieu va vous répondre.
09:03 D'abord, point par point, vous travaillez aujourd'hui plus, moins que les autres ?
09:07 - Non, on est aux 35 heures, comme tout le monde.
09:09 - Et vous serez en retraite à quel âge ?
09:11 - Eh bien, tous les nouveaux embauchés seront en retraite à 64 ans.
09:15 - C'est faux !
09:16 - Mais, si, si, tous les nouveaux embauchés sont contractuels,
09:19 ils sont en retraite.
09:20 Par contre, je vous ai écouté sagement, monsieur,
09:22 même si vous avez dit des choses pas très gentilles.
09:24 - Pourquoi vous dites que c'est faux, puisque M. Viglieu a dit que c'est vrai ?
09:27 Les nouveaux sont en retraite.
09:29 - Les nouveaux embauchés, c'est des contractuels, ils partent en retraite à 64 ans.
09:32 Par contre, la petite musique des privilégiés,
09:34 on l'a entendue beaucoup, je l'entends encore aujourd'hui,
09:37 mais moi, il y a un truc que je ne comprends pas.
09:39 Il y a 2000 collègues de la SNCF qui ont quitté la SNCF.
09:42 Si c'était le Club Med à la SNCF,
09:44 si effectivement on était les privilégiés de dingue,
09:46 mais ils sont sadomaso, alors comment ça se fait qu'on se barre ?
09:49 Aujourd'hui, je vous le dis, monsieur,
09:51 le sport national des collègues cheminots, c'est quoi ?
09:53 C'est regarder les embauches à droite et à gauche
09:57 pour quitter la SNCF parce que les cheminots sont en souffrance.
09:59 Ce n'est pas vrai.
10:00 Peut-être que ça a été vrai dans les années 80, dans les années 2000.
10:03 Aujourd'hui, ce n'est pas vrai.
10:05 Les salaires, d'abord, un, quand vous êtes embauché, vous n'avez pas le statut,
10:08 donc vous partez à la retraite à 64 ans.
10:10 Les salaires, eux, ils n'ont pas augmenté,
10:12 parce que justement, je ne veux pas rentrer dans un système un peu compliqué,
10:15 parce que l'État ne prend pas ses responsabilités sur le financement du réseau,
10:18 l'État compte sur la SNCF et les bénéfices de la SNCF pour financer le réseau.
10:23 Aujourd'hui, il y a une maltraitance qui est faite en permanence sur les collègues cheminots.
10:27 Moi, je ne vous laisserai pas dire,
10:29 parce que franchement, je ne vous laisserai pas dire qu'on est des privilégiés.
10:32 Vous savez, quand on fait grève, on perd de l'argent,
10:35 et perdre de l'argent, ça ne fait plaisir à personne.
10:37 Je ne vous dis pas qu'on va faire grève sur Noël ou Jour de l'An.
10:41 Je ne vous dis pas ça.
10:42 Sauf qu'aujourd'hui, il y a une négociation qui est en train de s'ouvrir avec la SNCF,
10:45 et qu'on a besoin de créer un rapport de force si la SNCF ne nous écoute pas,
10:50 et qu'à priori, en ce moment, elle ne nous écoute pas,
10:53 pour pouvoir augmenter les salaires.
10:54 Mais franchement, augmenter les salaires, tout le monde pourrait augmenter les salaires.
10:57 Il n'y a pas que les cheminots qui veulent qu'on augmente les salaires.
10:59 - Fabien Villegieux, souvent, je vous ai posé cette question,
11:01 elle est délicate et c'est compliqué toujours de donner son salaire.
11:05 Mais vous-même, vous travaillez à la SNCF depuis combien de temps ?
11:08 - Moi, ça fait 23 ans que je suis à la SNCF.
11:10 - Vous êtes conducteur.
11:11 - Je suis conducteur de train.
11:12 - Vous avez une responsabilité quand même importante.
11:14 - Oui.
11:15 - C'est une... Je veux dire, ça demande une concentration,
11:19 ça demande de la qualité technique, ça demande de la préparation,
11:24 ça demande beaucoup de qualité de conduire un train,
11:26 en plus de la responsabilité de la charge mentale, comme on dit.
11:29 - Oui.
11:30 - Je pense. Bon. Est-ce qu'après combien de temps ?
11:34 - 23 ans.
11:35 - 23 ans, vous avez quel âge, sans indiscrétion ?
11:39 - J'ai 46 ans.
11:40 - 46 ans. Combien vous gagnez par an net ?
11:44 - Par an, ça, je ne sais pas. Je suis à 3 000 euros net par mois.
11:47 - 3 000 euros net par mois. Est-ce que vous trouvez que c'est un bon salaire
11:50 ou est-ce que vous pensez que ce salaire est sous-dimensionné ?
11:54 - D'abord, un, ce n'est pas une grève des conducteurs de train.
11:57 Moi, je suis conducteur de train et c'est vrai que c'est les salaires
12:00 au collège d'exécution qui sont les plus élevés,
12:02 mais il y a beaucoup de petits salaires.
12:04 Vous prenez des agents des guichets, vous prenez des agents du matériel.
12:06 - C'est-à-dire que vous, vous ne demandez pas les 400 euros ?
12:08 - On demande pour tout le monde, mais vous savez, c'est une nomentation...
12:11 - Est-ce que vous trouvez que votre salaire...
12:13 - Je ne suis pas là pour défendre les conducteurs de train de la SNCF.
12:16 - Est-ce que votre collègue italien...
12:18 - Je suis là pour défendre tous les cheminots et je pense même,
12:21 et c'est pour ça que je viens, moi, vous savez, je viens par courtoisie ici.
12:25 Une grève à la SNCF, c'est un rapport entre la direction de la SNCF
12:28 et les syndicats. Je viens par respect des usagers pour leur expliquer pourquoi.
12:32 - Oui, et puis à l'opinion publique, ne soyons pas aussi...
12:35 - Mais vous savez...
12:36 - Vous passez plutôt bien dans les médias.
12:37 - Je vous dis, l'année dernière...
12:38 - Vous donnez plutôt une bonne image, je trouve, si monsieur Vigilot...
12:41 - L'année dernière, médiatiquement, la grève a été une catastrophe,
12:44 pour la grève des contrôleurs, et pour autant, ils ont gagné,
12:46 c'est eux qui, concrètement, ont gagné le plus.
12:48 Donc vous savez, le fait que ça soit une grève populaire,
12:51 ne fait pas que vous gagnez à la fin.
12:52 - Non, mais c'est important, l'image...
12:53 - Par courtoisie.
12:54 - Vous êtes sympathique, vous êtes courtois...
12:56 - Mais je ne suis pas que sympathique, vous me demandez à mon patron,
12:58 je ne suis pas toujours très sympathique.
12:59 - L'image que vous donnez est plutôt bonne.
13:01 Mais vous n'avez pas répondu à ma question.
13:02 Est-ce que, et après on passera à une pub,
13:05 est-ce que vous trouvez que votre salaire,
13:07 par rapport à vos collègues par exemple,
13:08 est-ce que votre collègue allemand gagne plus,
13:10 après, dans la même situation, 46 ans, 23 ans de boîte,
13:14 conducteur de train, est-ce qu'il gagne plus que vous ?
13:16 En Allemagne, en Italie, en Angleterre ?
13:18 - En Angleterre, un chauffeur de bus, en Angleterre,
13:21 gagne plus qu'un conducteur de train.
13:23 Un conducteur allemand gagne bien plus qu'un conducteur de train.
13:27 - D'accord, ça c'est important de le dire.
13:29 - Aujourd'hui, parce que je tiens à le dire,
13:31 parce que des fois, 3 000 euros,
13:32 évidemment, ça peut paraître beaucoup.
13:34 Enfin, conducteur de train, moi je conduis des trains,
13:37 il y a 1 500 personnes dedans,
13:38 j'ai des responsabilités dingues,
13:39 et je travaille 7 jours sur 7,
13:41 24 heures sur 24, pas d'affilée,
13:43 mais je peux travailler entre 3 heures et 4 heures du matin.
13:46 Donc oui, 3 000 euros,
13:48 quelqu'un qui a des responsabilités dingues,
13:50 ce n'est pas un salaire de privilégié,
13:52 comme peut-être que vous pouvez le sous-entendre.
13:54 - J'entends, ah non, moi je ne le sous-entends pas,
13:56 je trouve qu'effectivement, vous pourriez,
13:58 c'est un bon salaire,
13:59 si vous pourriez gagner plus,
14:01 effectivement, pour le travail que vous faites,
14:03 ça, ça me paraît très clair.
14:06 Bon, on marque une pause,
14:07 je n'ai même pas salué Fabrice Laffitte,
14:09 qui est là, bonjour Fabrice.
14:10 - Bonjour Pascal.
14:11 - Et je n'ai même pas salué non plus
14:13 monsieur Boubouk, qui est là aussi,
14:15 et qui est avec la page Facebook,
14:18 et qui, tout à l'heure, aura une surprise.
14:21 - Eh oui, une surprise pour nos auditeurs,
14:23 et oui, par rapport à notre page Facebook,
14:25 bien sûr, vous le savez !
14:27 - Eh oui, il parle comme Guillaume,
14:29 eh oui, la page Facebook !
14:32 Bon, et vous souvenez-vous de la "Collegial",
14:34 le petit train, la chanson ?
14:36 - Oui, "Collegiala", oui.
14:37 - Eh bien ça, j'aimerais bien qu'on revienne avec,
14:39 on rendrait hommage au train à travers des petites chansons.
14:41 - On fait un petit café, on le passe juste après.
14:43 - Voilà, et ce que vous partez en voyage aussi,
14:45 j'aime bien, est-ce que vous partez en voyage,
14:46 de Jean Sablon, vous vous souvenez de Jean Sablon ?
14:48 - Oui, absolument.
14:49 - Avec Mireille, mais c'est genre avec Dutronc,
14:50 avait chanté cette chanson.
14:51 - Avec François Zardi.
14:52 - Avec François Zardi, est-ce que vous partez en voyage ?
14:54 Peut-être pas, à tout de suite.
14:55 - Europe 1, Pascal Praud.
14:57 - 11h13h, c'est Pascal Praud et vous sur Europe 1.
14:59 0180 29 21, c'est le numéro que vous composez pour réagir,
15:02 comme Cédric, que nous avons en ligne.
15:04 - Comment ça s'appelle, ça, monsieur Fabrice ?
15:08 - Alors, le nom du groupe, c'était "Rudolfo y se tupica",
15:10 et le nom, c'est "La Coré-ria-la".
15:12 - Voilà, et puis on voyait avec les trains,
15:14 donc c'est pour ça que c'est une mémoire collective.
15:16 Bon, vous êtes chef d'entreprise, Cédric,
15:18 moi je vais vous dire quelque chose,
15:20 c'est que le salaire, c'est le nerf de la guerre.
15:23 L'argent, c'est le nerf de la guerre.
15:25 Et si vous voulez des gens de qualité,
15:27 il faut les payer.
15:28 Donc je sais pas l'entreprise que vous avez,
15:31 il faut les payer, il faut les respecter,
15:33 il faut qu'ils puissent vivre décemment,
15:35 et qu'effectivement, il faut qu'ils puissent vivre de leur salaire.
15:38 - Ah, je suis d'accord.
15:39 - Si vous êtes d'accord, on est tous d'accord.
15:42 Et c'est vrai que parfois, dans les entreprises,
15:46 les salaires ne sont pas assez élevés.
15:49 Surtout avec un coût de la vie qui a beaucoup augmenté ces derniers mois.
15:53 - Là-dessus, il n'y a pas de problème,
15:55 là-dessus je suis complètement d'accord.
15:57 Maintenant, moi je veux revenir sur une chose,
15:59 d'abord, à aucun moment je n'ai dit texteux, textuellement,
16:02 que monsieur ou que les agents de la CNCF étaient des privilégiés.
16:06 J'ai juste dit qu'ils ont certains avantages
16:09 que d'autres n'ont pas dans les entreprises.
16:11 Encore une fois, ils ont un CE, un des plus puissants de France,
16:14 ils ne payent pas leurs billets.
16:15 - Alors justement, répondez à ça.
16:16 Le CE, le comité d'entreprise,
16:18 est-ce que c'est vrai ça ?
16:19 Est-ce que vous avez des avantages en nature
16:21 qui vous permettent de partir au baléar pour rien du tout l'été,
16:24 d'aller à la neige, que sais-je, etc.
16:26 Parce que c'est des légendes.
16:27 Vrai ou faux ?
16:28 - C'est faux, c'est faux, enfin il y a des...
16:30 - Mais non, mais non !
16:31 Ma femme est dans un même CE, arrêtez !
16:34 Arrêtez !
16:36 Ma femme est dans à peu près le même CE,
16:39 j'ai des amis qui travaillent à la CNCF,
16:41 je pars en vacances avec eux, arrêtez !
16:43 - Donnez-nous un exemple précis de ce que vous considérez
16:45 comme un avantage extrêmement important,
16:47 ça m'intéresse.
16:48 - Eh bien un avantage précis.
16:50 Il y a deux ans, je pars en Vendée.
16:52 Deux semaines de vacances en Vendée.
16:54 Ça m'a coûté 5000 euros les deux semaines.
16:56 Ça a coûté 400 euros à l'âge de la CNCF.
16:59 Voilà.
17:01 - Bon, écoutez...
17:03 - Ça c'est un exemple précis.
17:04 Quand à la retraite, il dit des bêtises,
17:06 les cheminots, avec la nouvelle réforme,
17:08 ils partent maximum 62 ans, pas 64.
17:11 Et les chauffeurs, ce que je peux comprendre,
17:13 parce qu'ils ont une charge mentale,
17:14 mon grand-père était conducteur de train,
17:16 donc ils partent encore plus tôt.
17:18 Donc il ne faut pas dire n'importe quoi.
17:20 Moi, encore une fois, je veux bien qu'on prenne
17:22 l'augmentation des salaires, je veux bien qu'on soutienne
17:24 la CNCF dans leur démarche,
17:26 mais s'ils veulent qu'on les soutienne,
17:27 qu'ils arrêtent de prendre les gens en otage,
17:29 et qu'ils fassent des choses pour les gens.
17:31 - Si je peux répondre, monsieur,
17:33 on a une discussion sérieuse.
17:34 Donc les agents embauchés à la CNCF
17:36 depuis le 1er juin 2020,
17:38 sont des contractuels, ils partent à la retraite
17:40 à 64 ans, révisés.
17:42 Je sais de quoi je parle.
17:44 Vos exemples de CE...
17:46 Mais qu'est-ce que vous savez ?
17:48 400 euros, deux semaines au balaiard,
17:50 mais il faut arrêter.
17:51 Il faut arrêter toutes les entreprises...
17:53 Écoutez-moi, monsieur.
17:54 Je vous ai sagement écouté, écoutez-moi.
17:56 Toutes les entreprises de plus de 50 salariés
17:58 ont le droit, ont des comités d'entreprise,
18:01 et il y a effectivement des chèques cadeaux,
18:03 un certain nombre de mesures
18:05 qui sont mises en place à la CNCF,
18:07 comme ailleurs.
18:08 Mais arrêtez de sortir avec ces fantasmes-là
18:10 de CE astronomique,
18:12 où ça serait la fête du slip en permanence.
18:14 Mais de toute façon,
18:16 il y a une chose de simple, monsieur.
18:18 Si effectivement c'était si sympa que ça,
18:20 comment vous m'expliquez,
18:22 et je serais intéressé d'avoir votre réponse,
18:24 comment vous expliquez qu'il y avait plus de 2000 collègues
18:26 en 2022 qui ont quitté la CNCF,
18:28 si c'était si sympa que ça ? Pourquoi ?
18:30 - Eh bien je vais vous l'expliquer.
18:32 Non, non, je vais vous l'expliquer.
18:34 Je vais vous l'expliquer tout simplement.
18:35 Il y a d'autres entreprises aussi
18:36 qui ont perdu beaucoup de personnel suite au Covid.
18:38 Parce que les gens, ils voient la vie différemment.
18:41 Donc ça n'a rien à voir avec la CNCF.
18:43 Ça, pour le coup, les gens qui partent,
18:45 c'est pas parce que c'est la CNCF.
18:46 On peut faire une étude dans toutes les entreprises.
18:48 Plein de gens sont partis, s'en installent eux-mêmes,
18:50 en cherchant un meilleur confort de vie.
18:52 Parce qu'effectivement, la CNCF, il y a des horaires difficiles.
18:55 Ça, il faut le savoir et je le conçois.
18:57 Donc, quand on travaille en 3-8,
18:59 quand on travaille de nuit, etc.
19:01 - Cédric, on a compris à peu près
19:03 que vous ne serez pas d'accord,
19:05 que ces deux conceptions s'opposent.
19:07 Moi, ce qui m'intéresse,
19:09 je pense aux auditeurs qui nous écoutent
19:12 et qui sont des futurs usagers,
19:14 quand est-ce que vous avez prévu de vous voir
19:16 avec la direction, pour qu'on n'arrive pas
19:18 précisément à cette grève possible ?
19:22 Cette question, vous allez pouvoir y répondre
19:24 dans une seconde, après la pause.
19:26 - Europe 1. - Pascal Praud et vous.
19:28 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1, 11h-13h.
19:29 Vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
19:31 Pascal, on vous retrouve avec votre invité,
19:33 Fabien Vildieu, délégué syndicat Sudrail.
19:35 On parle grève, des transports, la CNCF.
19:37 - C'est bon. - C'est bizarre.
19:47 - Mais il gâche tout. - Oh, pardon.
19:49 - Moi, j'ai la nostalgie. - Moi, on m'a montré le petit bouton,
19:51 donc j'y vais. - J'ai la nostalgie,
19:53 en général, des années 70,
19:55 mais j'ai la nostalgie d'aller sur le quai
19:57 pour dire au revoir, parce qu'aujourd'hui,
19:59 on ne peut plus, pour les voyages TGV,
20:01 on ne peut plus accompagner ses enfants
20:03 ou sa grand-mère. - Ça dépend.
20:05 - À Paris, non, mais...
20:07 - Oui, moi, j'habite Paris, donc je veux bien aller
20:09 prendre le train à Saint-Brieuc, mais...
20:11 - Non, mais dans beaucoup de villes, on peut, Pascal.
20:13 - Oui, c'est possible, mais donc on ne peut plus l'accompagner
20:15 parce qu'il y a des portails automatiques.
20:17 Il n'y a plus de vitres, parce que
20:19 jadis, on se disait au revoir,
20:21 on baissait la vitre et puis on faisait passer la valise,
20:23 la dernière valise, voire le petit
20:25 qu'on faisait monter comme ça,
20:27 à même le quai, ça ne se fait plus du tout.
20:29 Mais en revanche, Fabien Vildieu,
20:31 je voudrais que vous nous parliez, parce que c'est quelque chose, souvent,
20:33 qui est mis en cause, le prix du billet.
20:35 C'est vrai que, par exemple,
20:37 pour aller, je pense, moi, je vais
20:39 souvent à Nantes ou à La Bôle,
20:41 je pense que si je veux aller
20:43 en seconde, sans
20:45 carte, sans rien du tout, je vais
20:47 payer 80 euros un aller,
20:49 je vais peut-être payer 160 euros
20:51 l'aller-retour. - Voir plus,
20:53 parfois, on ne va pas aller en Bretagne, parfois, c'est plus 100 euros.
20:55 - Et ça, on va faire en
20:57 direct, Joël, parce que moi, j'ai la petite application
20:59 qui est pas mal, d'ailleurs, la petite application.
21:01 - SMCF Connect ? - Exactement.
21:03 Il faut que je la mette à jour, manifestement, là.
21:05 Mais pourquoi c'est si cher, Fabien Vildieu ?
21:07 - Bah, tout simplement
21:09 parce que quand vous prenez votre TGV,
21:11 vous payez un péage.
21:13 Le train paye un péage, un peu comme
21:15 vous êtes en voiture et vous êtes
21:17 sur l'autoroute, voilà, il y a un péage. Et ce qu'il faut savoir,
21:19 c'est que 40% du prix du billet,
21:21 c'est le péage. Et pourquoi le péage, il est cher ?
21:23 C'est parce que c'est le modèle économique qui est comme ça,
21:25 en France, ce sont les opérateurs,
21:27 c'est-à-dire, c'est les entreprises ferroviaires, qui payent
21:29 le réseau. Ce qui n'est pas du tout le cas
21:31 de l'Italie, c'est pour ça qu'on fait des fois des comparaisons
21:33 entre le modèle italien, les prix des billets
21:35 en Italie, les prix des billets en Espagne,
21:37 en Allemagne. Le modèle n'est pas du tout le même.
21:39 En Italie, en Espagne
21:41 et en Allemagne,
21:43 c'est l'État, donc le contribuable,
21:45 qui finance le réseau. Ce qui est logique, d'ailleurs,
21:47 parce que le réseau appartient à l'État.
21:49 Donc, vu que l'État français, notamment Bercy,
21:51 ne veut pas financer le réseau,
21:53 eh bien, il demande aux opérateurs,
21:55 en l'occurrence la SNCF, et la SNCF le répercute
21:57 sur le prix du billet. Voilà pourquoi c'est cher.
21:59 Et voilà pourquoi toutes ces comparaisons internationales
22:01 n'ont aucun sens, parce que
22:03 ce n'est pas le même modèle économique
22:05 des systèmes ferroviaires européens que celui
22:07 de la France. Donc, aujourd'hui, tant que
22:09 l'État ne décide pas
22:11 de prendre à sa charge sa responsabilité
22:13 et de financer le réseau,
22:15 eh bien, vous ne pourrez pas faire baisser
22:17 le prix des billets. Donc, c'est pour ça
22:19 que ça me fait toujours marrer quand je vois Clément Beaune,
22:21 le ministre des Transports, qui dit "oui, c'est trop cher,
22:23 on va essayer de challenger la SNCF pour faire baisser
22:25 les prix", sauf que lui, il le sait pourquoi c'est cher.
22:27 Parce que si vous faites baisser
22:29 les prix des billets, eh bien, vous
22:31 ne financez plus votre réseau. - Paris-Montparnasse,
22:33 la boule, par exemple, aujourd'hui,
22:35 il y en a un à 18h51
22:37 qui arrive à 21h55,
22:39 95 euros. - Oui, c'est cher,
22:41 parce que le modèle est comme ça. - Et ce n'est
22:43 évidemment que l'aller.
22:45 Alors, on est avec Jean-Marc, et peut-être
22:47 c'est un éclairage différent, parce que
22:49 on présente à tort, bien sûr,
22:51 parfois, les salariés de la SNCF
22:53 comme des ultra-privilégiés. Et vous, Jean-Marc,
22:55 vous vouliez apporter peut-être
22:57 un angle ou une vision
22:59 différente. Bonjour.
23:01 - Bonjour. - Et merci d'être avec nous.
23:03 - C'est très gentil. Moi, je suis père
23:05 de Cheminot, mon fils
23:07 est SNCF depuis 20 ans.
23:09 Il travaille la nuit, à un horaire décalé, c'est même pas
23:11 du 2,8, du 3,8, donc c'est beaucoup plus compliqué.
23:13 Il travaille sur les voies.
23:15 En hiver, sur les voies, la nuit, il fait
23:17 très froid. Et en été,
23:19 il fait très chaud, 40 degrés avec la tenue,
23:21 au moins quelque chose.
23:23 - Il fait pas tous les jours 40 degrés l'été, quand même, mais bon.
23:25 - Je parle d'en été,
23:27 quand il a sa journée, il fait très chaud.
23:29 Je peux vous dire que
23:31 à la fin d'une journée,
23:33 c'est quelque chose. Bon, lui, il a plus de chevilles,
23:35 parce qu'à force de marcher sur le balastre, c'est
23:37 tout le temps blessé. Il a plus d'épaules
23:39 à force de...
23:41 Le salaire, quand je vois son salaire, donc c'est du conflit
23:43 familial avec la famille. - C'est votre fils, c'est ça.
23:45 - Oui. - Quel âge a votre fils ?
23:47 - Il a bientôt 40 ans.
23:49 Il est déjà cassé. Ouais, il faut le dire.
23:51 Il est déjà cassé. Entre les passe-pésoirs à décaler,
23:53 c'est compliqué. Il faut se les faire.
23:55 - Il gagne combien ?
23:57 - Avec les primes, quand il part en déplacement
23:59 à 120 km, qu'il fait les nuits
24:01 en découché, il doit être à 1800 euros net.
24:03 - Est-ce que
24:05 vous pensez qu'il pourrait gagner
24:07 dans un autre
24:09 secteur d'activité un meilleur salaire ?
24:11 - Mais je préférais qu'il soit,
24:13 excusez-moi, à 1400 euros net
24:15 par mois ou 1300,
24:17 voir ses enfants le week-end,
24:19 pouvoir dormir avec ses enfants le soir,
24:21 avoir une vie normale...
24:23 - Enfin, c'est pas tous les soirs et c'est pas tous les week-ends.
24:25 La difficulté de ces témoignages,
24:27 c'est que
24:29 vous... - Nous, on le vit.
24:31 - Oui, mais les
24:33 exemples que vous donnez, par exemple, vous dites 40°C.
24:35 Il fait pas 40°C tout l'été.
24:37 Je pense que des journées à 40°C,
24:39 y'en a pas 5 dans l'année. Donc c'est ça
24:41 que je veux vous dire. De la même manière, il couche
24:43 pas tous les soirs en dehors de chez lui.
24:45 Il est pas tous les week-ends en dehors de chez lui.
24:47 - Mais on ne dit pas que la SNCF,
24:49 y'a ceux qui travaillent dans le bâtiment, etc.,
24:51 qui travaillent en pleine chaleur, vous le voyez, quand vous les voyez
24:53 bosser sur les chantiers qu'il fait chaud, ils ont chaud.
24:55 Là, il fait froid, il fait froid.
24:57 C'est du travail qui est dehors, donc c'est du travail qui est fatigant.
24:59 Et dire qu'à la SNCF... Moi, je vais vous dire,
25:01 moi j'avais une secteur de l'assurance,
25:03 moi j'avais mes collègues au bureau qui disaient "Oh là là,
25:05 c'est Nanty de la SNCF !" Et j'ai regardé, j'ai dit
25:07 "Mais le Nanty, c'est toi !"
25:09 - C'est vrai que c'est des métiers durs, il y a des métiers durs à la SNCF,
25:11 mais j'imagine que ceux qui font ça,
25:13 aiment ce qu'ils font,
25:15 en tout cas, je l'espère qu'ils aiment ce qu'ils font.
25:17 - Oui, ils aiment,
25:19 surtout que c'est indispensable, parce que
25:21 il y a eu deux catastrophes naturelles,
25:23 deux tempêtes en l'espace de
25:25 dix jours, et plus de 2000 arbres
25:27 qui sont tombés sur les voies, et effectivement,
25:29 les collègues, ils étaient au charbon pendant la tempête.
25:31 Alors oui, c'est pas tous les jours
25:33 40 degrés. Je peux vous dire que
25:35 quand vous travaillez en pleine voie à 35 degrés,
25:37 en plein cagnard, et ça c'est la réalité
25:39 entre quasiment le mois de juin
25:41 et début septembre, l'hiver
25:43 c'est le froid, et j'en veux pour preuve qu'aujourd'hui,
25:45 l'Infra, donc c'est les collègues de l'Infra
25:47 qui bossent sur les voies, a énormément
25:49 de mal à recruter, énormément de...
25:51 Parce qu'il y a un moment donné, il y a un principe de réalité.
25:53 Si vous êtes bien, si ça se passe bien,
25:55 en gros, il y a plein de candidats, et puis
25:57 les candidats, ils restent. Voilà. Aujourd'hui,
25:59 on a du mal à recruter, et
26:01 encore plus grave, on a du mal à garder,
26:03 c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de collègues de l'Infra,
26:05 notamment quand ils arrivent à 40 ans... - Ce que vous appelez l'Infra,
26:07 c'est... - L'Infra, c'est l'infrastructure.
26:09 C'est ceux qui bossent sur les voies, les caténaires... - Vous avez parfaitement raison,
26:11 pour acquérir, il faut payer. - Et par contre, vous avez dit
26:13 quelque chose où moi je ne suis pas tout à fait d'accord.
26:15 Si vous n'êtes pas content, vous partez ailleurs.
26:17 Mais le problème, c'est que si on fait ça, ça, ça peut
26:19 marcher dans un certain nombre de métiers, je suis prêt à l'entendre.
26:21 Des métiers à forte valeur ajoutée, c'est-à-dire
26:23 un collègue de l'Infrastructure, qui est par exemple caténériste,
26:25 enfin, le caténériste, à part la SNCF, ça existe nulle part.
26:27 Voilà, donc vous mettez quasiment
26:29 deux ans à le former. Il y a du 25 000V,
26:31 donc il ne faut pas faire de bêtises.
26:33 Donc, si le collègue, il reste deux ans, trois ans,
26:35 et il n'est pas content, il s'en va,
26:37 ce n'est pas viable, ça. - Je suis d'accord.
26:39 - On a un modèle économique à la SNCF où les gens,
26:41 il faut qu'ils restent. - Je suis d'accord avec vous.
26:43 - Parce que moi, je suis conducteur de train, on peut penser ce qu'on veut quand on est conducteur de train,
26:45 c'est un an de formation.
26:47 Si au bout de dix ans, je m'en vais, économiquement,
26:49 ce n'est pas viable. Il faut que je reste.
26:51 Voilà, donc le truc de dire "vous n'êtes pas content,
26:53 vous vous barrez", ça ne peut pas marcher
26:55 dans le ferroviaire. Et d'ailleurs, toutes les entreprises
26:57 ferroviaires le comprennent
26:59 parce qu'ils font tout pour augmenter
27:01 les salaires et trouver justement ces fameuses
27:03 carottes pour que les gens restent. Et si vous ne
27:05 faites pas ça, vous avez le problème qu'aujourd'hui,
27:07 les trains sont supprimés. - Merci d'avoir
27:09 été avec nous ce matin et on espère
27:11 que vous trouverez une solution,
27:13 bien sûr, pour les usagers, mais même pour vous,
27:15 parce que ces arguments peuvent être convaincants,
27:17 c'est un métier difficile et il faut payer
27:19 bien sûr les gens qui ont de la qualité,
27:21 qui ont de l'expertise, qui ont de l'expérience
27:23 et les payer à leur juste valeur,
27:25 bien évidemment. Merci Fabien
27:27 Ville-Dieu, c'était un plaisir de
27:29 vous écouter. Merci évidemment aux auditeurs
27:31 d'être intervenus. On va marquer une pause
27:33 et on va se retrouver avec
27:35 notre ami... Vous connaissez Olivier Guenec ?
27:37 - On s'est déjà rencontrés, mais...
27:39 - C'est monsieur Boubouc !
27:41 Pourquoi monsieur Boubouc ? Parce qu'il
27:43 s'occupe de la page Facebook.
27:45 - Oui, oui, oui !
27:47 - Il est très jeune, il a
27:49 très peu d'expérience encore,
27:51 mais il est promis un grand avenir.
27:53 - C'est gentil, mais j'ai le même béret...
27:55 Non, pas béret, casquette !
27:57 - Excusez-moi, il confond
27:59 un peu les choses.
28:01 Béret, casquette,
28:03 pantalon, pull, tout ça n'est pas encore...
28:05 - Il est dur avec vous ! - Tout ça n'est pas encore
28:07 bien formé.
28:09 Mais là, il va apprendre avec nous !
28:11 - Pascal, tu as rempli moi Fabien, très belle casquette !
28:13 - Mais moi j'aime bien Fabien Veldieux.
28:15 Donc j'aime bien
28:17 l'écouter, j'aime bien l'entendre,
28:19 et je suis plutôt...
28:21 Mais je serais un très mauvais patron, parce que moi je remonterais tout le monde.
28:23 - C'est bon !
28:25 - Vous avez oublié avec moi !
28:27 - Je pense que le nerf de la guerre, c'est l'argent,
28:29 et que les gens, s'ils
28:31 gagnent mieux leur vie, ils sont plus heureux.
28:33 - Ils sont plus heureux.
28:35 - Voilà, et je serais
28:37 attentif à bien
28:39 payer les gens.
28:41 - C'est noté, aucun jour vous êtes patron !
28:43 - C'est pour ça que je ne suis pas patron, et personne
28:45 ne m'a donné
28:47 évidemment cette fonction-là !
28:49 - On a remarqué sur nos salaires !
28:51 - Voilà !
28:53 Bon, la pause et nous revenons !

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