Jacques Dutronc publie ses mémoires sous le titre "Et moi, et moi, et moi" aux éditions du Cherche midi. Steven Bellery l'a rencontré pour RTL.
Regardez Le débat du 16 novembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
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00:03 RTL Matin, 7h-9h
00:06 700 millions de chinois
00:09 Et moi, et moi, et moi
00:11 Avec ma vie, mon petit chénard
00:14 Jacques Dutronc est de retour, moins d'un an après la fin de sa tournée triomphale avec son fils Thomas
00:18 Il publie son autobiographie intitulée évidemment "Et moi, et moi, et moi"
00:22 C'est aux éditions du Cherchmidil, chanteur recafété cette année, ses 80 ans
00:26 a reçu Steven Bellery dans son village corse
00:28 Un entretien absolument délicieux et d'une fraîcheur exceptionnelle
00:32 Bonjour Jacques Dutronc
00:34 Bonjour
00:35 J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie, c'est la vie
00:37 C'est parce que vous avez peur d'oublier que vous avez commencé à écrire ce livre ?
00:40 Ben non, et là j'ai pas trop oublié
00:43 Ça fait assez bizarre mais j'ai raconté le plus simplement possible
00:47 Ce qui m'est arrivé ou ce que j'ai fait arriver
00:49 Moi je voulais pas du tout être chanteur, musicien peut-être à la limite
00:53 On se rend compte en lisant le livre que la musique fait partie de votre vie depuis le tout début
00:57 Notamment grâce à cet oncle qui s'appelait Jacques Dutronc
01:00 C'est la première révélation du livre
01:02 Toute la famille jouait au moins d'un instrument, déchiffrait parfaitement la musique
01:06 Tout le monde était "musicien" entre guillemets, que ce soit le chant aussi
01:10 Un autre oncle, le plus âgé, lui c'était le violoncelle, c'était sinistre
01:13 Non c'est pas très gai comme instrument
01:15 Et son truc préféré c'était bien sûr le truc de Saint-Saëns, le carnaval des animaux
01:20 C'était terrifiant, le dimanche après-midi à Montrouge, bon
01:23 Un père qui était ingénieur, mais qui était aussi balle au char
01:26 Qui tous les week-ends allait jouer comme ça dans des balles populaires
01:28 Vous l'avez beaucoup accompagné à ses balles ou pas ?
01:31 Non non, trop jeune, mais il jouait pas mal
01:33 Mon père disait de lui qu'il a jamais su jouer mais que personne s'en était aperçu
01:39 Vous en avez fait des conneries gamins, jusqu'à élever 150 souris que vous parfumiez
01:44 Vous avez même décidé de ne pas vous laver un pied pendant des mois
01:47 Ces conneries vous le faisiez pour quoi en fait Jacques ?
01:49 Pour attirer l'attention ? Vous aviez un besoin d'attention ou c'était plus profond que ça ?
01:54 J'étais peut-être sur scène pour le pied mais c'est assez drôle
01:57 Ça faisait une chaussette imperméable
01:59 Non c'est vrai d'ailleurs c'était très délicat, vous savez le reste
02:01 De toute façon c'était de gauche ou de droite je sais plus
02:04 C'était compliqué, mais c'était pas une connerie les souris
02:07 J'adorais ces animaux
02:08 Plus tard je m'en suis rendu compte, c'est que mes parents les emmenaient en vacances
02:11 Dans le train, dans une cage
02:13 Si les gens supposaient qu'il y avait une centaine de souris au-dessus, c'était terrible
02:17 A 16 ans vous tombez malade, mon rapport à la musique a complètement changé le jour où je me suis mis au lit
02:23 Vous bénissez votre rhumatisme articulaire aigu avec le recul ?
02:27 Oui, ne sachant pas quoi trop faire dans le pieu, du matin au soir
02:31 J'ai commencé à toucher la guitare, la guitare qui appartenait à mon frère Philippe
02:36 A l'instinct vous dites ?
02:38 J'aurais dû apprendre vraiment parce qu'on prend de mauvaises habitudes
02:41 Et après pour les virer c'est très difficile
02:43 Enfin maintenant je ne joue plus parce que j'ai les doigts cassés
02:46 Et tout est cassé d'ailleurs
02:48 Donc oui on disait il joue d'instinct, sans partition mais il valait mieux jouer avec une partition quand même
02:53 Enfin vu les chansons de l'époque, du twist et compagnie, les trois accords c'était redoutable
02:58 Mais c'était sympa je trouve
02:59 Ça allait direct au cerveau comme le jambon persillé ou les oeufs mayonnaise par exemple
03:05 Est-ce que vous pensez que votre allure a fait partie de votre succès au début ?
03:08 Allez savoir ce qui se passe dans la tête des gens, je sais pas même
03:11 Bientôt il y aura l'intelligence artificielle, ça va être beau
03:15 Il fallait que je reste le plus près de moi quoi
03:17 Parce que je me voyais mal faire un...
03:19 Bon c'est vrai que Johnny est passé par un tas de trucs lui
03:22 Ce qui prouve bien qu'il avait quelque chose quand même
03:24 Il pensait de Davy Crockett, après il était en Mad Max, après il était en Buffalo Bill
03:28 Enfin il a fait tous les trucs
03:29 Vous une cravate a suffi et un costume
03:31 Je n'en avais jamais eu de costume
03:35 Et donc premier achat, à part les frigidaires pour ma famille, mes amis j'ai acheté plein de frigos
03:40 Pourquoi ? Je sais pas, parce qu'on nous en manquait
03:42 Parlons de votre caractère, il y a un chapitre qui s'appelle "Désinvolte, dilettante et provocateur"
03:48 Dès le début il y a eu une ambiguïté, on vous a mal cerné à l'époque ou vous avez joué de tout cela ?
03:54 Il fallait que les gens me catalogue dans je ne sais quoi mais...
03:57 Désinvolte peut-être, alors que c'est faux
04:00 Vous pensez bien que je n'allais pas à la télévision comme ça en faisant Youpi
04:05 J'aurais bien aimé mais non non, je prenais ça quand même très au sérieux
04:08 Et le fait de bien gamberger avant et de prendre ça très au sérieux, j'arrivais tout à fait à l'aise
04:13 Vous énumérez tous les qualificatifs qu'on vous a collé
04:16 Cynique, désinvolte, dilettante, équivoque, je m'en foutiste, loufoque, paradoxal, potache, provocateur et sarcastique
04:23 C'est lequel votre préféré Jacques ?
04:24 Sarcastique ? Non non non, j'en sais pas, j'aimerais bien être tout ça, loufoque, tout ça
04:30 Non mais c'est mieux que Bachidouzou, Komoulagou, frère, non, l'ectoplasme
04:34 Vous aviez quand même une soutane, ça fait de vous un loufoque ça
04:36 Oui oui, ça me faisait marrer moi, et un pote ou deux avec moi
04:40 Et j'avais une Ferrari cabriolet et donc on partait tous les soirs à 18h de la rue de Provence et on faisait tous les embouteillages
04:46 Donc j'étais encuré, je bénissais dans les embouteillages, enfin bon c'est marré
04:50 Vous vous êtes amusé pendant 80 ans Jacques ?
04:53 Pas assez, je sais que ça va se terminer, la finive rigolote mais oui j'ai dû m'amuser de temps en temps
04:59 Mais c'est dur de s'amuser de soi-même mais les autres aussi, faut pas être égoïste dans ces cas là
05:04 Mon truc c'était de dire si j'arrive à faire sourire quelqu'un déjà ce sera beaucoup
05:08 D'ailleurs il m'est arrivé de chanter de dos, bah y'avait pas un bruit dans la salle, c'était à Berlitz ça, pas un bruit
05:13 Donc comme j'ai dit je suis mis hop, je vous entends pas, je vous vois pas, donc j'ai chanté de dos et je me suis tiré ça
05:18 C'était l'anniversaire d'Emmery Mathieu, vous vous rendez compte quelle carrière
05:21 Et je lui ai offert un cochon, un vrai, un petit cochon rose avec un énorme ruban
05:26 Il gigotait dans ses bras, je me suis marré
05:28 A quoi ressemble votre vie aujourd'hui ? Vous dites que vous êtes un demi-ermite
05:32 Un demi-ermite ? Un demi-ermite la grenouille ? Non non je sais pas, je fais pas à moitié les choses
05:38 Mais là je suis bien, y'a pas grand monde, quand y'a une mobilette par mois, les gens disent "putain y'a un bruit ici"
05:44 Mais je suis vraiment jamais seul, enfin y'a mes chats, mais ils me parlent pas, c'est bizarre
05:48 Vous avez besoin de ce silence aujourd'hui après la folie de plusieurs décennies de succès aussi ou pas ?
05:54 Ah le silence c'est très impressionnant, mais c'est une vie folle je sais pas, j'ai jamais eu de camisole
05:58 Quoique, on arrive vers la dépression rapidement, je crois, malgré soi
06:02 Vous quittez une salle de 20 000 personnes, d'un seul coup plus personne, y'a ça, y'a l'âge, la mort qui arrive, qui plane
06:09 C'est vrai qu'on va vers une espèce de dépression, ouais, c'est possible qu'on plonge un peu, c'est même sûr, je peux vous en parler
06:16 Vous dites que justement la mort, vous n'y pensiez jamais et que maintenant elle commence à rôder dans votre esprit
06:22 Je sens qu'elle affûte, ça faut, mais sinon j'y pensais jamais mais là à force
06:26 Autour de moi ça dégragole, ça fait bizarre
06:29 La dernière aventure musicale qui vous a mené sur les scènes, c'est votre tournée avec Thomas Dutronc, votre fiston
06:35 L'album Live va sortir dans quelques jours, cette tournée, elle vous a fait du bien ?
06:40 Oui, elle m'a fait du bien, mais j'étais mal, voilà
06:42 Y'a eu plein de petits détails, journaliers, j'étais pas bien, j'ai chopé l'espèce de connerie
06:47 La Covid, je crois que c'est le premier festival, Jackie, Jaco, et hop, j'ai eu 40, le chœur à 133
06:54 Mais ça fait rien, c'était une très belle expérience, j'étais auprès de mon fils et tout ça
06:59 Et puis j'ai travaillé avec des gens formidables, bons souvenirs
07:02 Bon sur le moment j'ai été un peu ronchon, j'ai été pas le seul d'ailleurs
07:05 Parce que Thomas a son caractère, son père doit avoir le même, enfin non il ressemble à sa maman quand même
07:09 Avoir vécu comme ça, ces moments, sur une même scène avec Thomas pendant plusieurs mois, ça vous a fait chaud au cœur aussi j'imagine ?
07:15 Oui, oui, bien sûr chaud au cœur, mais pas chaud dans la bagnole
07:18 Enfin si, il était, y'avait pas de crime dans la bagnole, ça a commencé par ça aussi, c'est bien
07:22 Et l'hiver bien entendu, pas de chauffage, c'était bien de voir son fils
07:26 Bon j'ai pas assez embrassé, mais pour cause, un jour j'ai foncé vers lui pour l'embrasser
07:30 Mais lui il se l'est, couvert de soeur, et c'est salé, c'était mignon, c'était charmant
07:34 Merci Jacques Dutronc
07:36 Moi aussi je vous remercie, je vous embrasse tous
07:38 Et surtout si je dis un petit mot, tu le diras à mon préféré Yves Caduilh
07:42 J'aime cet homme, que dira notre Jacques, un grand merci, effectueux tout simplement
07:46 Jacques Dutronc au micro RTL de Steven Bellery, le chanteur public, donc et moi et moi et moi
07:51 Et donc et moi et moi et moi.
07:52 Merci à tous !