Regardez Le débat du 16 octobre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin. Il est 8h22, bienvenue Maître Leroy.
00:09 Vous êtes l'avocate de la famille de Samuel Paty. Il y a trois ans, jour pour jour, le professeur d'histoire géographie de 47 ans
00:15 a donc été, je le rappelle, assassiné en sortant de son collège de Conflans-Saint-Honorin,
00:19 poignardé, décapité par un islamiste radicalisé, un réfugié russe d'origine tchétchène. Un choc pour le monde enseignant
00:26 dont les blessures se sont rouvertes vendredi lors de l'attaque du lycée d'Arras. On ne peut pas s'empêcher de voir des similitudes
00:32 entre ces deux drames. On l'a entendu sur RTL avec le témoignage d'un des collègues d'ailleurs de Dominique Bernard.
00:37 Le tueur présumé d'Arras cherchait un professeur d'histoire, un prof d'histoire. Quelle est votre réaction ?
00:42 Ma réaction c'est celle de me dire que
00:47 les choses ont encore empiré en fait.
00:50 Pour Samuel, il y avait ce prétexte parce que
00:54 généralement il faut un prétexte de terrorisme pour frapper. Il y avait ce prétexte des caricatures du blasphème.
00:59 Là en fait on cherche un professeur parce qu'il est professeur. On n'a plus besoin de prétexte. Donc ce qui est très
01:05 préoccupant là, c'est que la figure même du professeur est attaquée parce que c'est un professeur et pas parce qu'il y a un blasphème ou
01:12 un discours politique à faire passer. C'est ça moi qui m'alerte aujourd'hui.
01:17 Avez-vous eu des contacts avec la famille de Samuel Paty depuis cette nouvelle agression ? Oui bien sûr. Moi j'ai
01:22 appelé les parents dès que j'ai appris la nouvelle
01:24 qui ont été
01:27 anéantis par ce nouvel assassinat. Et puis nous avons passé la journée de samedi ensemble
01:33 pour la remise du prix Samuel Paty. Et
01:36 c'est fou parce que
01:39 devant cette horreur il y a eu ce prix remis avec un fox
01:43 les dangers pour notre démocratie. Et on a vu des collégiens, des lycéens remettre des travaux sur la liberté d'expression, sur les libertés.
01:52 C'est ce qui cruellement fait défaut aussi aujourd'hui. Et c'est ça l'arme du terrorisme.
01:57 Ce que c'est que l'endroit de traitement, ce que c'est que la rumeur, ce que c'est que la vilaine polémique en fait et ses dangers.
02:05 Alors justement, sans doute le plus perturbant pour beaucoup de ceux qui nous écoutent ce matin et qui vous écoutent,
02:09 est ce sentiment que l'on ne peut rien faire. Y a-t-il un défaut de surveillance des fichés S en France ?
02:15 Alors on ne peut pas rien faire. Moi je me refuse à ce discours de renoncement.
02:21 On est une démocratie qui est forte. Nos droits, nos libertés, on les aime. Il faut les protéger. Donc il y a des choses à faire.
02:27 Par contre en effet, il est urgent d'agir. Là il n'est plus le temps d'attendre.
02:30 Moi je voudrais qu'au lendemain de ce nouveau drame, il y ait des états généraux qui soient organisés par le gouvernement
02:37 sur le terrorisme, sur toutes les problématiques,
02:40 sur les dysfonctionnements qu'on constate, sur les choses à améliorer. Il faut qu'il y ait une vraie réflexion pluridisciplinaire
02:46 transversale sur ce sujet.
02:48 Vous le disiez là, ce qui frappe, c'est que pour le cas de Samuel Paty, on n'avait pas du tout détecté.
02:53 Il y a une plainte. Moi j'ai posé une plainte sur ce sujet là.
02:57 Là, l'assaillant est un fiché S qui était suivi, qui était surveillé, même physiquement, et qui est quand même passé à l'acte.
03:04 On a un vrai problème
03:06 de détection pour ce qui est de Samuel Paty, là c'était le cas, mais aussi de prévention du passage à l'acte.
03:12 Il y a quand même, je le rappelle, parce qu'aujourd'hui j'entends un discours qui dit "mais on ne peut pas le faire, c'est compliqué".
03:18 Non, ce n'est pas vrai. Il y a des groupes d'évaluation départementaux de la radicalisation islamiste qui existent et qui sont là pour ça.
03:25 Quels moyens ils ont ? C'est sur ça que je voudrais attirer l'attention.
03:28 Donc vous refusez de parler d'une faiblesse des démocraties face au terrorisme ?
03:31 Oui, je refuse.
03:31 Vous pensez que nous avons des outils qui peuvent être utilisés ?
03:34 Nous avons des outils qui peuvent être utilisés, qui peuvent être améliorés, et puis sinon on a le droit de réfléchir aussi.
03:39 C'est ça que je dis.
03:40 C'est-à-dire ?
03:40 C'est-à-dire,
03:42 la radicalisation c'est un phénomène très complexe, on le sait.
03:45 Et c'est un phénomène qui mobilise plusieurs disciplines.
03:49 Ça va de l'expert psychologue,
03:51 aux politiques évidemment, à la justice, à l'éducation bien évidemment.
03:56 Je pense que tous les spécialistes de ce problème doivent se réunir d'urgence pour envisager la situation.
04:02 Cet après-midi à 14h, une minute de silence sera organisée dans toutes les classes du pays, en mémoire des victimes des attentats commis contre l'école.
04:10 La famille de Samuel Paty se prépare-t-elle ?
04:12 Oui, bien sûr. Et puis c'est une minute qui est importante.
04:14 Rebondir là-dessus, je vais vous dire, moi mon discours il est très clair.
04:19 Je trouve préoccupant et quelque part très triste
04:23 que le ministre de l'éducation nationale soit obligé de rappeler que tout mauvais comportement
04:28 ou toute dérive pendant cette minute sera sanctionnée.
04:31 On en est là.
04:32 Et ça c'est préoccupant.
04:33 Moi j'invite tout le monde, évidemment les écoliers, les collégiens, les lycéens, mais également tout le monde
04:40 à se nourrir de cette minute de silence.
04:43 Qu'attendez-vous des procès à venir ?
04:45 Vous représentez la famille de Samuel Paty, 6 adolescents vont être jugés fin novembre.
04:49 Ce sont eux qui ont désigné le professeur moyen en finances, je le rappelle.
04:52 Et puis 8 adultes plus tard pour complicité d'assassinat terroriste.
04:55 Qu'attendez-vous de ces procès ? Je rappelle que le tueur est mort lors de l'intervention policière.
04:58 Oui, tout à fait.
05:00 On attend évidemment des choses différentes du procès des mineurs et du procès des majeurs.
05:04 Le procès des mineurs, c'est celui qui va arriver en premier fin novembre.
05:07 Il sera à huit clous.
05:09 Ce sont nos lois pour la protection de l'enfance et c'est normal.
05:13 Du procès des mineurs, moi j'attends surtout de la sincérité et de l'authenticité.
05:17 C'est un choc, c'est inédit.
05:19 On a des mineurs de 13 ans qui ont été mis en examen,
05:22 d'abord pour complicité d'assassinat terroriste et maintenant sont renvoyés pour association de malfaiteurs.
05:27 En effet, vous le rappelez, c'est 300 euros, mais est-ce que c'est que ça ?
05:32 Parce qu'en fait ces mineurs, ils ont répondu sans vraiment beaucoup de résistance aux demandes du terroriste.
05:38 Alors qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
05:41 C'est-à-dire que l'idée même d'une sanction contre un professeur qui montre des caricatures et des dessins illégitimes,
05:46 qu'est-ce que ça veut dire en France sur notre territoire aujourd'hui ?
05:49 C'est ça qu'il faudra questionner et là j'attends de la sincérité.
05:51 Une toute dernière question.
05:53 Il y a cette plainte de la famille de Samuel Paty pour pointer les responsabilités des ministères de l'Intérieur et de l'Éducation Nationale.
05:58 Pourquoi ?
05:59 Elle fait écho aujourd'hui. Elle fait écho cette plainte.
06:02 Cette plainte, elle a été déposée, elle a un sens particulier, je l'avais dit à l'époque
06:08 et je le redis, le sens c'est de comprendre ce qui s'est passé.
06:11 Et pour analyser, pour trouver des solutions pour que ça ne se reproduise pas, il faut comprendre, il faut décortiquer.
06:16 Et c'est ce que j'attends moi de l'instruction qui est en cours aujourd'hui.
06:18 Les défaillances, elles sont multiples concernant l'assassinat de Samuel Paty.
06:23 Je ne sais pas ce qu'il en est sur l'assassinat de Dominique Bernard.
06:26 Mais en tout cas là, elles sont avérées, elles sont multiples.
06:29 Il faut les comprendre et il faut les traiter.
06:31 Merci beaucoup maître Virginie Leroy.
06:32 Je rappelle que la sœur de Samuel Paty par ailleurs est donc entendue demain.
06:36 !