Alors que la facilité d'utilisation des titres restaurant devait disparaître à la fin de l'année, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, a annoncé un rétropédalage pour soutenir le pouvoir d'achat des Français. Un pas en arrière du gouvernement dû à la pression des parlementaires qui y voyaient un mauvais signal en pleine période d'inflation. Pour en parler dans RTL Midi, Olivier Dauvers, journaliste spécialiste de la grande distribution.
Regardez L'invité de RTL Midi du 16 novembre 2023 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
Regardez L'invité de RTL Midi du 16 novembre 2023 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:07 Le ticket restaurant est-il en train de devenir une arme anti-inflation ?
00:12 Le gouvernement, vous le savez, a décidé de prolonger son utilisation pour acheter des produits alimentaires en supermarché.
00:18 Nous sommes avec Olivier Dauvert. Bonjour Olivier.
00:21 Bonjour.
00:22 On vous connaît bien sur RTL, on vous entend tous les matins à 5h50
00:27 aux côtés de Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
00:30 Vous êtes journaliste spécialisée de la grande distribution, Olivier.
00:34 En pleine période d'inflation, effectivement, pour de nombreux ménages,
00:38 les tickets restaurants permettent d'alléger un peu la note en caisse, on est d'accord ?
00:42 Oui, oui, c'est utilisé comme tel, c'est-à-dire que tous les consommateurs
00:46 sont dans une forme de système D aujourd'hui,
00:49 où chacun tente d'optimiser le montant de ses courses, son pouvoir d'achat, les bonnes affaires qu'il fait.
00:55 Et on s'est rendu compte depuis quelques années que le ticket resto,
00:59 ou le titre restaurant pour être précis, était utilisé comme tel.
01:02 Ça veut dire que c'est un allié au moment de payer en caisse des produits
01:08 qui n'étaient pas forcément nécessairement ceux qu'on allait manger le midi même,
01:11 mais ça permettait de faire des économies, tout simplement.
01:14 Et donc c'est aussi pour ça qu'en réalité,
01:16 revenir sur cette faculté qu'on avait donnée à titre exceptionnel pendant quelques temps
01:22 de pouvoir payer plus que des plats cuisinés,
01:24 c'était franchement une erreur politique.
01:26 Et c'est d'ailleurs pour ça que le gouvernement est revenu dessus quasiment dans la journée.
01:30 Oui, parce qu'avant le Covid, je crois, le ticket restaurant,
01:33 c'était pour les restos et pour les plats à cuisiner.
01:37 Quel est le montant autorisé maximum pour ces tickets restaurants ?
01:42 On ne peut pas payer toutes ces courses avec ?
01:45 Non, on ne peut pas dépasser 25 à 30 euros, c'est-à-dire que c'est pour une partie des courses.
01:50 Mais vous savez, quand vous êtes un consommateur qui compte ses courses à l'euro près,
01:54 on considère que la moitié des consommateurs, quand ils font leurs courses,
01:58 ils comptent à 5 euros près, Eric.
02:00 Vous imaginez, 5 euros, quand vous pouvez payer une partie de vos courses,
02:03 même si c'est 20, 25 ou 30 euros avec une aide quelconque,
02:08 vous les utilisez et quand on vous l'enlève, vous considérez que c'est un recul.
02:13 Voilà, c'est ça qui s'est passé cette semaine,
02:15 c'est qu'une partie des consommateurs qui utilisent le titre restaurant
02:19 comme une aide au moment de passer en caisse, l'ont vu comme un recul.
02:23 Et c'est pour ça que politiquement, c'était absolument inentendable.
02:26 Ça ne pouvait pas demeurer ce changement qui devait intervenir en janvier.
02:32 Ça ne pouvait pas tenir, politiquement, ça ne pouvait pas tenir.
02:35 Est-ce qu'on arrive, Olivier, à savoir exactement ce que les gens achètent
02:39 comme produits grâce au titre restaurant ?
02:43 Ce qu'on sait, c'est qu'ils ont acheté de plus en plus des produits
02:46 qu'ils utilisent ensuite à la maison, pas nécessairement pour manger
02:50 sur le temps de ce qu'on va appeler le repas professionnel.
02:52 Et c'est en ce sens que le titre restaurant est devenu quasiment du numéraire.
02:56 C'est devenu un billet supplémentaire dans votre portefeuille.
02:59 Et quand on vous l'enlève, vous dites "mais non, on n'a pas le droit de me l'enlever".
03:02 Donc, on sait que ça est utilisé parce que ça se voit en caisse.
03:05 D'ailleurs, quand vous passez votre temps en magasin comme moi,
03:07 vous voyez très bien que les consommateurs qui achetaient
03:10 et qui réglaient avec des titres restaurant,
03:12 il n'y avait pas que des plats cuisinés sur le tapis de caisse devant vous.
03:15 Vous aviez des morceaux de viande qu'il fallait poêler, qu'il fallait préparer,
03:18 des pâtes qu'il fallait faire cuire.
03:19 Vous imaginez bien que vous ne faites pas ça dans votre bureau.
03:22 Donc oui, c'était utilisé pour les courses du quotidien, pour le repas du quotidien.
03:26 - Alors bon, on a bien compris.
03:28 Donc avant, il fallait l'utiliser pour le restaurant.
03:31 Depuis le Covid, les gens ont pris des habitudes.
03:34 Est-ce que… quel est l'avenir justement ?
03:35 Est-ce que ce ticket restaurant, finalement, va vraiment se transformer en ticket caddie
03:41 avec une liste de produits élargies ou pas ?
03:45 - La probabilité que ça demeure en l'état, elle est quand même forte.
03:48 Parce que quel gouvernement peut revenir sur quelque chose qui est considéré comme un acquis ?
03:52 Parce qu'on en est là, Eric, aujourd'hui.
03:53 Pour ceux qui utilisent le titre restaurant pour alléger la note en caisse,
03:58 c'est un acquis, c'est perçu comme un acquis.
04:01 Et vous savez très bien en France que revenir sur un acquis est quand même très très difficile.
04:04 Alors, il y aurait peut-être une façon de le rendre modifiable de manière assez habile.
04:09 Ça serait par exemple de dire, tous les produits qui sont vertueux,
04:13 alors, soient vertueux pour la nutrition.
04:15 On pourrait imaginer peut-être que les produits qui sont Nutri-Score A ou B
04:19 soient plus éligibles que d'autres.
04:21 On pourrait imaginer, demain, quand il y aura ce qu'on appelle un Eco-Score
04:24 ou un Planet-Score sur les produits, pour faire simple, c'est le Nutri-Score environnemental.
04:28 On pourrait très bien imaginer que ces produits-là soient plus éligibles que d'autres.
04:32 - Vous imaginez la caissière chez Auchan ou chez Carrefour ?
04:38 - Mais ce n'est pas la caissière qui le fera.
04:40 Vous savez, on est quand même à l'ère de la donnée et de l'informatique.
04:43 Vous pouvez très bien considérer que chaque produit sera éligible ou non parce qu'on le sait.
04:48 Je veux dire, Carrefour sait très bien quels produits sont nos TA ou nos TB.
04:52 Donc, ça pourrait être une façon de modifier ce qu'on va appeler l'assiette d'utilisation
04:58 du titre "restaurant" de manière plus acceptable parce qu'on vous dirait pourquoi on le fait,
05:03 mais pas pour revenir sur votre pouvoir d'achat.
05:05 - Juste un petit point, les restaurateurs, le ticket "resto", c'était pour aller au restaurant à l'origine.
05:09 Ils sont en colère, j'imagine, eux, non ?
05:11 - Bien sûr, c'est bien pour ça que le syndicat professionnel des restaurants, en début de semaine,
05:16 il s'est frotté les mains quand ils ont vu que l'utilisation du titre "restaurant" dans les supermarchés
05:21 allait être rendue plus difficile parce que ça veut dire que par déduction,
05:25 on allait de plus en plus les réutiliser dans leurs établissements.
05:28 Donc, en fait, là, vous avez, pour être concret, une guerre de lobbying entre, d'un côté,
05:32 les restaurateurs et, de l'autre, les supermarchés.
05:34 Le titre "restaurant" qui est dépensé en supermarché ne le sera plus dans un restaurant par principe et vice-versa.
05:41 - Merci beaucoup, Olivier Devers, d'avoir été notre invité dans RTL Midi.
05:45 Je rappelle qu'on vous retrouve tous les jours sur notre antenne du lundi au jeudi à 5h50
05:50 dans "Les pourquoi de la consommation" dans RTL Petit Matin. Merci à vous.
05:54 - Dans un instant, RTL Midi, votre vie.
05:59 Vous savez que de plus en plus de Français choisissent l'épargne solidaire pour placer leur argent.
06:04 On vous explique ce que c'est tout de suite après ça.
06:07 Jusqu'à 13h, RTL Midi.
06:09 Agnès Bonfillon et Eric Brunet
06:11 [SILENCE]