POLICE - Après le simulacre de noyade, Fabien Bilheran est l'invité de RTL Midi

  • l’année dernière
Nous vous avons parlé de ces images choquantes sur lesquelles on voit des élèves d'une école de Police (celle de OIssel en Normandie) subir un simulacre de noyade. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a qualifié ces faits d'inacceptables. Le formateur a depuis été suspendu. Pour en parler, RTL reçoit Fabien Bilheran, ancien policier, co-auteur du livre "Police, la loi de l'omerta".
Regardez L'invité de RTL Midi du 06 décembre 2023 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
Transcript
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi.
00:05 Agnès Bonfillon, Éric Brunel.
00:07 Ah tu veux être un guerrier ?
00:08 Ah tu veux être un guerrier Jean-Denis ?
00:09 Ben montre moi que t'es un guerrier là.
00:10 Dépêche-toi.
00:11 Chante la marseillaise.
00:12 Souvenez-vous, nous avons parlé de ces vidéos dès la semaine dernière.
00:17 Images choquantes sur lesquelles on voit tout simplement des élèves d'une école de police,
00:23 celle de Hull Cell en Normandie, subir un simulacre de noyade.
00:28 Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait qualifié d'ailleurs ces faits d'inacceptables.
00:33 Bonjour Arthur Perreira.
00:34 Bonjour à toutes et à tous.
00:35 Alors si le formateur a été depuis suspendu, selon vos informations, ce n'est pas la première
00:39 fois qu'il se livrait à ce genre de pratiques.
00:41 Oui, j'ai pu lire un rapport rédigé par un ancien élève, un document adressé directement
00:46 au directeur de l'école le 1er juin dernier.
00:49 Donc la direction était au courant de ces agissements, deux pages dans lesquelles l'élève
00:53 accuse son formateur de violences physiques lors d'une évaluation.
00:57 Alors pour se rendre compte des faits, je vous donne deux exemples.
01:00 Le premier, des coups de poing à la tête et au niveau du torse, alors même que l'élève
01:04 est en position de gainage, c'est-à-dire face contre terre, les coudes posés au sol
01:08 et sur la pointe des pieds.
01:10 Deuxième exemple, cette fois-ci plus violent, l'instructeur arrive derrière l'élève,
01:14 l'étrangle avec une clé de bras, technique pourtant interdite depuis des années par la police.
01:19 Et selon nos informations, ce n'est pas les premières remontées qui visent ce même instructeur
01:23 puisque j'ai pu consulter une enquête de satisfaction écrite en 2021 par un autre élève.
01:28 En guise de sanction, le brigadier-chef nous a corrigé dans le dojo, c'est-à-dire qu'il nous a
01:32 asséné plusieurs coups de poing jusqu'à ce qu'on hurle à sur l'élève.
01:36 Mais le rapport dont vous nous parlez à l'instant, ce rapport, il est parvenu au sommet de la hiérarchie, Arthur ?
01:42 Et bien en tout cas, la police des polices a connaissance du document.
01:46 Selon une source proche du dossier, l'IGPN est en train d'analyser point par point la véracité du rapport.
01:52 Selon cette même source, ce formateur a déjà été rappelé à l'ordre par le passé.
01:57 On ne sait pas si c'était lié à ce rapport qui date, je vous le rappelle, du 1er juin dernier,
02:02 six mois avant la diffusion des vidéos dont vous parliez.
02:06 Des vidéos qui font l'objet d'une enquête ouverte la semaine dernière par la police des polices.
02:11 Merci beaucoup Arthur, restez avec nous pour aller plus loin sur ce sujet.
02:14 Nous accueillons Fabien Billerand. Bonjour, merci d'être en studio avec nous.
02:18 Bonjour.
02:19 Vous êtes ex-policier, co-auteur du livre "Police, la loi de l'OMERTA".
02:24 Est-ce que ce genre de fait dont vient de nous parler Arthur, dans une école de police, ça vous surprend ?
02:30 Malheureusement non, je ne suis pas surpris. Je dirais que ça fait partie de la culture professionnelle
02:35 de baigner dans la violence, que ce soit à l'école ou même en dehors.
02:40 Il y a une telle pression, je dirais, de la hiérarchie et aussi parfois des pairs
02:45 mis en concurrence pour la lutte aux statistiques, qui fait qu'il y a un niveau de violence
02:49 qui est déjà assez énorme au sein de l'institution, d'où le livre que nous avons publié.
02:54 Quand on regarde la vidéo qu'on a vue, on a l'impression, attention je dis bien,
02:58 on a l'impression, on a le sentiment que certains élèves acceptent de subir ça
03:06 comme si c'était un passage obligé, ma foi, c'est pas agréable, mais ça fait partie du jeu. Je me trompe ?
03:13 Je dirais que c'est une sorte de rituel d'apprentissage.
03:17 À mon époque, en 2008, quand j'étais à l'école de police de Nîmes, j'avais eu droit à d'autres pratiques,
03:22 pas aussi violentes que celles-ci en vidéo, mais à l'époque on m'avait mis à un exercice
03:27 de menotter un de mes collègues qui faisait à peu près 110 kg, donc moi je fais 70 kg,
03:33 je ne faisais pas beaucoup le poids, donc forcément je n'ai pas réussi l'exercice
03:37 et les formateurs me criaient dessus, me poussaient à bout, etc.
03:40 Je leur ai dit "mais je ne vais quand même pas leur mettre un doigt au cul pour le redonner"
03:44 et ils m'ont répondu de manière très sérieuse "ben si".
03:47 Donc voilà, ça fait partie vraiment d'une culture, c'est pour ça que je ne suis malheureusement pas surpris.
03:53 Donc vous êtes en train de nous dire que ça se passe partout ?
03:55 Moi j'étais à Nîmes, là c'est à Wassell, je ne connais pas toutes les écoles de police,
03:59 mais en tout cas dans les commissariats, dans les services, ça peut être aussi très violent.
04:04 Alors vous nous dites que ça peut être un rituel de passage,
04:06 mais est-ce que cela engendre du mal-être psychologique, physique, chez les élèves ?
04:12 Bien sûr, je veux dire, là c'est une forme de conditionnement où même les élèves qui participent
04:16 sur les vidéos aux actes de torture sont obligés de contribuer à l'exercice.
04:22 Donc je veux dire, c'est une forme de conditionnement où,
04:25 quel que soit ensuite le service ou les ordres qu'ils vont recevoir,
04:28 ils vont être obligés de se tenir à carreau et de rentrer dans le moule.
04:32 Voilà, c'est pour ça que...
04:34 J'essaie de... comment dit-on les choses ?
04:37 De penser contre moi-même.
04:39 Est-ce que finalement ce n'est pas à la hauteur, cette violence qui nous semble totalement inacceptable,
04:44 de la vraie vie, dans le vrai monde des policiers aujourd'hui ?
04:47 Les policiers se font insulter, se font dans les manifs, se font caillasser, etc.
04:53 Est-ce que finalement ce n'est pas une espèce de...
04:55 Voilà, c'est la violence qui monte dans tous les domaines,
04:57 y compris celui du fameux bizutage qui existe depuis si longtemps.
05:02 Est-ce que ce n'est pas à la hauteur de la violence de nos sociétés ?
05:06 Alors, moi je dirais que la violence qui est exercée contre les policiers, elle existe.
05:11 Mais là on est dans un engrenage parce que,
05:13 vu qu'on est dans une culture qui est violente,
05:15 qui favorise la violente, qui favorise le rapport de force,
05:18 je veux dire, moi je suis rentré gardien de la paix par force de l'ordre à la base.
05:21 On se rend compte en fait que la pratique de la violence fait partie de la culture.
05:27 Donc, je ne sais pas comment l'exprimer autrement,
05:32 mais ce n'est pas forcément la société qui est plus violente.
05:35 Je veux dire, le métier de policier, si on est professionnel,
05:38 on est censé apaiser, on est censé désescalader par rapport à la violence.
05:43 Et là, on a plutôt l'impression qu'on les forme déjà
05:46 à être de plus en plus violents dès l'école de police.
05:48 Donc en soi, je pense que c'est le serpent qui se mord la queue
05:51 et que là on est dans un cercle vicieux qui ne va pas malheureusement vers l'apaisement.
05:56 - Fabien Bilarrant, la formule est parfaite,
05:58 je suis rentré pour être gardien de la paix, pas à force de l'ordre.
06:02 Vous publiez donc "Police, la loi de l'OMERTA".
06:04 Merci beaucoup. Dans un instant RTL midi, votre vie.
06:07 Vous savez qu'on parle d'un sujet assez intéressant, des grossesses multiples.
06:11 Il y a beaucoup de changements parce que vous allez voir,
06:14 dans le monde entier, il y a de plus en plus de jumeaux.
06:18 Ça a des implications sur la vie des parents bien sûr.
06:20 A tout de suite.
06:21 Éric Brunet et Agnès Bonfillon.
06:23 RTL midi.
06:26 midi.

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