ART & MARCHÉ - Immobilier : un soutien au monde de l’art contemporain

  • l’année dernière
Historiquement, l’État est le premier soutien aux artistes vivants à travers un dispositif appelé « le 1 % artistique » : il consiste à réserver 1 % du budget alloué à la construction d’un bâtiment à un projet artistique. En 2015, le secteur privé s’est fédéré autour d’un programme intitulé “1 immeuble, 1 œuvre”. Grâce à cette initiative, 650 nouvelles œuvres d’art ont été commandées et installées sur l’ensemble du territoire français.
Transcript
00:00 Le programme "Un Immeuble", une oeuvre qui place la création artistique au sein de l'espace
00:08 public a atteint le chiffre de 650 oeuvres d'art commandées et installées sur l'ensemble
00:14 du territoire français.
00:15 L'occasion pour nous de faire un point sur les liens créés entre le secteur de l'immobilier
00:20 et le monde de l'art.
00:21 Sandrine Ginzburger, qui est fondatrice de l'agence Triptic, donc spécialisée dans
00:25 la gestion de projets artistiques pour le secteur de l'immobilier, est en plateau avec
00:30 moi.
00:31 Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous.
00:32 Bonjour Sybille.
00:33 Alors avant même de parler du dispositif "Un Immeuble, une oeuvre", parlons déjà du
00:37 soutien public qui lui est assez historique.
00:41 Est-ce que vous pouvez nous expliquer quel est le dispositif public déjà mis en place
00:45 depuis un certain nombre d'années ?
00:47 Alors déjà, il faut savoir que l'art et l'immobilier ont toujours collaboré ensemble.
00:53 Il y a eu des périodes plus ou moins fastes et des périodes où il ne s'est malheureusement
00:57 rien passé, notamment je pense à la période de l'entre-deux-guerres et après la deuxième
01:02 guerre mondiale pour des raisons évidentes et économiques.
01:05 Donc il faudra attendre 1951 pour que l'État oblige les pouvoirs publics qui ont des projets
01:13 de construction, de rénovation d'immeubles, intègrent 1% du prix global de la construction
01:24 à des projets artistiques.
01:25 Donc ça, c'est pour la partie publique.
01:27 Est-ce qu'il y a des modalités particulières pour ce fonds ? Pour respecter ce 1% ?
01:35 Oui, tout à fait.
01:36 D'abord, c'est une obligation, je le rappelle.
01:39 C'est une obligation de la part des pouvoirs publics à mettre 1% de la somme des fonds
01:48 à louer pour la construction.
01:50 Et puis, ça ne doit s'adresser qu'à des artistes vivants.
01:53 L'idée, c'est vraiment de vivre avec les artistes contemporains, avec les artistes
01:59 qui marquent notre histoire.
02:00 Donc ça, c'est un soutien.
02:01 Est-ce qu'on a déjà un retour de plusieurs dizaines d'années ? Ça fonctionne bien ?
02:07 Oui, ça fonctionne bien puisqu'aujourd'hui, on compte plus de 12 500 oeuvres d'art réparties
02:16 partout dans la France et plus de 4000 artistes ont participé à ce programme.
02:24 En revanche, la question est intéressante parce qu'on peut se demander aussi si tous
02:31 les pouvoirs publics jouent le jeu.
02:32 Est-ce qu'à chaque fois qu'il y a une construction, est-ce qu'il y a un projet artistique associé ?
02:38 Et ça, on n'en a pas la transparence totale.
02:42 D'accord.
02:43 Et on ne sait pas si, du coup, aujourd'hui, avant de parler du privé, si le public serait
02:48 le principal soutien de l'oeuvre d'art en termes d'immobilier ?
02:52 Alors, aujourd'hui, oui, parce que historiquement, et le secteur privé, lui, est acteur sur
03:02 art et immobilier depuis le 2015.
03:05 Comment ça s'est passé ? Un groupement de 13 promoteurs immobiliers ont travaillé
03:11 avec la ministre de la Culture de l'époque, Fleur Pellerin, pour créer un programme qui
03:19 s'appelle "Un immeuble, une oeuvre".
03:22 Donc, le périmètre est complètement différent puisque déjà les acteurs privés, eux,
03:29 n'ont pas d'obligation.
03:30 Ils ont une incitation.
03:32 Et pour les inciter à mettre une oeuvre d'art dans leur programme de construction d'immeubles,
03:39 le gouvernement leur a accordé des avantages fiscaux.
03:44 Alors, justement, allons-y.
03:46 Quelles sont les options ?
03:48 Alors, déjà, je voudrais rappeler deux choses.
03:51 D'abord, le soutien, ce n'est pas parce qu'on dit soutien fiscal que ce sont des oeuvres
03:56 qui sont complètement défiscalisées à 100% et gratuites.
04:00 On va revenir sur le calcul après.
04:02 Et je voulais aussi vous préciser que cette fiscalité en faveur de l'achat d'art est
04:11 pour une fine aider les artistes.
04:15 Pourquoi ? Pour rappel, les artistes, contrairement aux acteurs, s'ils ne vendent pas d'oeuvres
04:24 d'art, ils n'ont pas de revenus.
04:26 Oui, parce que les acteurs peuvent faire des publicités ou autre chose, c'est ça ?
04:29 Non, je pensais plus parce que les acteurs sont intermittents du spectacle et peuvent
04:36 toucher du chômage.
04:37 Alors que les artistes ne sont pas intermittents du spectacle et à ce titre, s'ils ne vendent
04:43 pas, ils n'ont pas de revenus.
04:44 D'où ces incitations fiscales pour le privé pour favoriser l'achat d'art.
04:52 Alors, comment ça se passe pour les promoteurs quand ils ont un programme immobilier et
04:59 qu'ils mettent une oeuvre d'art ? Sur un plan fiscal, ils ont deux options.
05:03 La première option, c'est qu'ils peuvent passer la première année en charge l'ensemble
05:09 des frais.
05:10 Ça s'appelle la méthode de l'achèvement.
05:13 Donc, une fois 100% des frais ou alors, un peu similaire à l'amortissement, ils peuvent
05:20 sur cinq ans diviser en un cinquième le coût de l'oeuvre d'art mais c'est plafonné
05:28 à 10 000 euros par an ou 5 pour 1 000 du chiffre d'affaires.
05:32 Et pareil, est-ce qu'il y a des modalités spécifiques à respecter ?
05:37 Et donc, bien sûr, les artistes vivants ? Tout à fait.
05:40 Il y a d'autres éléments ? Alors, en termes d'éléments, aussi sur un
05:44 plan comptable, l'oeuvre d'art doit être enregistrée dans un compte de réserve réglementé
05:50 et au passif du bilan.
05:51 D'accord.
05:52 Et puis, plus sur… Alors, une fois qu'on a parlé de la fiscalité et de la comptabilité,
05:59 le programme doit s'appliquer uniquement auprès des artistes vivants et l'oeuvre
06:04 d'art doit être à disposition du public.
06:07 Donc, c'est un moyen formidable de faire vivre avec des oeuvres d'art les gens du
06:16 quartier ou de l'immeuble.
06:17 Même de la ville.
06:18 En tant que professionnelle, vous avez des conseils à donner ? Je ne sais pas si une
06:23 entreprise nous regarde… Oui, bien sûr, bien sûr.
06:25 En 40 secondes, ce qu'il nous reste.
06:27 Oui, en 40 secondes.
06:28 On va faire très vite.
06:29 Déjà, il faut définir ses objectifs et puis ses valeurs.
06:33 Qu'est-ce qu'on a envie de faire ? Trouver le meilleur artiste en face avec ses valeurs
06:39 et ses objectifs.
06:40 L'aider, lui donner ce cadre, faire toute la gestion de projet.
06:47 Le laisser totalement libre mais à l'intérieur du cadre parce qu'un artiste n'est pas
06:51 un illustrateur mais il doit créer à travers un cahier des charges.
06:57 Merci beaucoup Sandrine de Kinsburger.
06:59 Je rappelle que vous êtes fondatrice de l'agence Triptik spécialisée dans la gestion de projets
07:03 artistiques pour le secteur immobilier.
07:05 Et quand on n'en a qu'à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro
07:09 d'Arrêt Marché.
07:10 [Musique]

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